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Oppidum de Tronoën

L'oppidum de Tronoën (également appelé Oppidum de Tronoan) est un complexe urbain protohistorique armoricain. Ses vestiges ont été dégagés à la fin du XIXe siècle par l'archéologue Paul du Chatellier (1833-1911)[Note 1] - [9]. Le site est localisé dans la commune de Saint-Jean-Trolimon, dans le département du Finistère, en Bretagne. Il connaît une occupation celtique dès le 1er Âge du fer, au VIIe siècle av. J.-C. (époque hallstattienne) et observe une continuité d'utilisation tout au long du 2e Âge du fer (époque laténienne)[9]. L'installation d'un nouveau site, en lieu et place de ces premières structures urbaines, voit le jour à l'époque gallo-romaine. Cependant, la seconde fondation ne se pérennise pas et subit finalement un abandon à partir du IVe siècle.

Oppidum de Tronöen
Site archéologique de Tronoën en Saint-Jean-Trolimon
Oppidum de Tronoan
Image illustrative de l’article Oppidum de Tronoën
Urne cinéraire en céramique[3][1].
Localisation
Pays Drapeau de la France France
Arrondissement Quimper
Canton Plonéour-Lanvern
Département Finistère
RĂ©gion Bretagne
Site archéologique Oppidum
CoordonnĂ©es 47° 52′ nord, 4° 17′ ouest
Altitude 56 m
Géolocalisation sur la carte : Finistère
(Voir situation sur carte : Finistère)
Oppidum de Tronöen
Oppidum de Tronöen
GĂ©olocalisation sur la carte : Bretagne
(Voir situation sur carte : Bretagne)
Oppidum de Tronöen
Oppidum de Tronöen
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Oppidum de Tronöen
Oppidum de Tronöen
GĂ©olocalisation sur la carte : Europe
(Voir situation sur carte : Europe)
Oppidum de Tronöen
Oppidum de Tronöen
Histoire
PĂ©riode hallstattienne
Période laténienne
PĂ©riode gallo-romaine
Haut Moyen Ă‚ge
Sources
[4]
[5]
[6]
[7]

Le site de Tronoën appartient au territoire (la civitas ou cité) de la tribu gauloise des Osismes.

Sur le site de l'oppidum armoricain, des pièces de monnaie gallo-romaines ont été mises en évidence. Il s'agit généralement de statères confectionnées en bronze[10]. D'autres types d'éléments numismatiques, également découverts à proximité ou dans l'enceinte de l'oppidum, ont été identifiés et répertoriés. D'époque plus ancienne, ces pièces de monnaie sont de fabrication typiquement osisme[10]. En , une monnaie attribuée aux Parisii est signalé lors d'un second chantier de recherches conduit sous le patronage de Paul du Chatellier[11]. Enfin, plus rares, quelques occurrences de monnaies de type « Jersey » et quelques-unes de frappe pictonne ont été mises en évidence lors de fouilles préventives. La présence de ces pièces au cœur du site armoricain suggère, d'après le spécialiste numismate Jean-Baptiste Colbert de Beaulieu (1905-1995), des contacts commerciaux avec les peuples pictons de la façade atlantique et d'autres tribus celtes d'outre-Manche[10].

Enfin, concernant l'existence du temple de Tronöen, et ainsi que le mettent en perspective Jean-Louis Brunaux et Patrice Arcellin, pour cette époque et pour cette zone de la Gaule Chevelue :

« Aujourd'hui, l'Armorique et ses marges se caractérisent à la fois par la relative rareté des ensembles cultuels collectifs (ceux des Sept-Perthuis à Saint-Malo et de Tronoën à Saint-Jean-Trolimon, ou encore de Nalliers et Aubigné-Racan, étant pour l'heure exceptionnels) et, parallèlement, par la multiplicité des manifestations de rituels domestiques ou à échelle locale, privés ou publics, et de vestiges commémoratifs révélés au sein de contextes domestiques ou funéraires. »

— Jean-Louis Brunaux Patrice Arcellin et al., , Cultes et sanctuaires en France à l'âge du Fer, p. 77[12].

Contexte géographique et topographique

  • Situation gĂ©ographique de l'Oppidum de Tronöen Ă  Saint-Jean-Trolimon
  • Carte figurant l'emplacement de l'Oppidum de Tronöen, Ă  Saint-Jean-Trolimon
    Carte figurant l'emplacement de l'Oppidum de Tronöen, à Saint-Jean-Trolimon
  • Id.
    Id.
  • Le territoire des Osismoi.
    Le territoire des Osismoi.

DĂ©couverte et fouilles

Le musée de Kernuz, établissement abritant la collection de Paul du Chatellier, dont, entre autres, le artéfacts que l'archéologue a découvert sur le site archéologique de Tronöen.

Vers la fin du XIXe siècle, Ă  Saint-Jean-Trolimon, et consĂ©cutif d'un signalement, effectuĂ© par les autoritĂ©s locales finistĂ©riennes, de structures antiques non-identifiĂ©es, l'archĂ©ologue breton Paul du Chatellier (1833-1911) entreprend un voyage de reconnaissance afin de rĂ©aliser des investigations de terrain[13]. Sur place, dans les soubassements de murs d'un habitat domestique protohistoriques, le membre honoraire de la SociĂ©tĂ© archĂ©ologique du Finistère parvient Ă  exhumer un linteau (architecture) de pierre fragmentĂ© sur lequel est inscrit une Ă©pigraphie Ă  destination votive[13]. Après une Ă©tude visant Ă  les transcrire, caractères de cette inscription, dont la hauteur varie de 6 Ă  7 centimètres, se rĂ©vèlent appartenir Ă  un alphabet celtophone ; plus prĂ©cisĂ©ment celui des Osismoi[Note 2], une tribu gauloise installĂ©e sur un territoire englobant l'actuel dĂ©partement du Finistère et de ses marges orientales[13].

Histoire

Période laténienne

Un sanctuaire, dont la destination confirme une tradition de culte guerrier remontant à la période hallstatienne, est fondé au début de l'époque de La Tène « A1 »[14] - [15]. Ce lieu de culte se manifeste notamment par la présence d'un gisement de restes osseux, d'origine animale, mélangés à des tessons de céramiques et d'armes[Note 3], certaines dans leur état complet, d'autres retrouvées sous forme fragmentée[14]. L'analyse taxonomique de ces dépôts rituels a mis en évidence, pour partie, des ossements d'équidés[14]. Ce type de rituel, sous la forme d'offrande et associé à un symbolisme religieux fort, est attesté dans l'ensemble de l'« écorégion » armoricaine[Note 4][14]. Ce genre de déposition est également présente au sein d'autres ensembles territoriaux gaulois, tels que le Nord de la Gaule Chevelue et la belgique et se trouve régulièrement accompagné de l'existence d'un sanctuaire, tel que celui de sanctuaire celtique de Gournay-sur-Aronde, ou encore celui de Corent[Note 5][14].

PĂ©riode gallo-romaine

La statuette en bonze d'Osiris, ci-dessous, a été retrouvée dans les réserves du Musée des Antiquités Nationales de Saint-Germain-en-Laye, avec la seule mention d'une provenance de Tronoën. Elle fut publiée en 1969 par Louis Richard, son redécouvreur, aux Annales de Bretagne. Elle provient de la Collection Paul du Chatellier, entrée au MAN en 1924.[16] [lire en ligne]

Statuette d'Osiris trouvée dans l'oppidum de Tronoën [à gauche sur la photographie].

La nécropole de Kerviltré

Une nĂ©cropole, fondĂ©e au Hallstatt « final » (« D »), est mise en Ă©vidence Ă  proximitĂ© de l'oppidum de Tronöen. Le cimetière protohistorique de KerviltrĂ© se dĂ©veloppe sur un terrain actuellement occupĂ© un champ, le « Parc-an-Menhir ». Ce lieu-dit doit son nom aux nombreuses Ă©lĂ©vations de menhirs qui occupe son aire de dĂ©ploiement. Le terrain, en forme de monticule, est dotĂ© de cinq menhirs, dont quatre ont Ă©tĂ© affaissĂ©s et partiellement dĂ©truits. Certains blocs issus de ces mĂ©galithes ont Ă©tĂ© rĂ©affectĂ©s au sein des murs d'anciennes bâtisses situĂ©es aux alentours du site funĂ©raire. L'unique menhir encore intact possède, sur l'une de ses faces, six incisions en forme de cupules. En outre, les sĂ©pultures celtes de la nĂ©cropole de KerveltrĂ© ont livrĂ© 21 urnes cinĂ©raires. Ces artefact Ă  destination funĂ©raire ont Ă©tĂ©, lors de leurs dĂ©couvertes aux environs du milieu du XIXe siècle, exhumĂ©s par le propriĂ©taire des lieux lui-mĂŞme. Après les avoir brisĂ©, ce dernier y dĂ©couvre des os fossilisĂ©s et des cendres humains. Des bracelets confectionnĂ©s en bronze accompagnent les restes des dĂ©funts. Des fouilles archĂ©ologiques, opĂ©rĂ©es en permirent de retrouver Ă  nouveau deux autres objets cinĂ©raires[17].

Le sanctuaire de Vénus anadyomène

Sculpture provenant du Sanctuaire de Vénus anadyomène et réemployé à l'extérieur de la nef de la Chapelle Notre-Dame de Tronoën, à Saint-Jean-Trolimon.

Sur l'actuel emplacement de l'Église Notre-Dame de Tronoën, chapelle bâtie au cours du XVe siècle à Saint-Jean-Trolimon, un sanctuaire protohistorique a été signalé lors d'un programme d'explorations archéologiques. Cet édifice à destination religieuse est dédié au culte de Vénus « anadyomène »[18]. Le temple, d'époque laténienne puis réemployé au cours de la romanisation de l'Armorique, a été partiellement dégagé. Parmi les rares vestiges du sanctuaire osismoi qui ont été mis au jour, les archéologues ont notamment découvert une sculpture à vocation religieuse. Cet artéfact, dont certaines parties sont manquantes, représentent un buste de « Vénus anadyomène ». L'un des côtés de l'objet a révélé une inscription de type épigraphique. Les termes de cette inscription,

« BIOV[Note 8] AV. »

— Joël Lecordec, , p. 62[19].

indiquent, selon les archéologues et épigraphistes, le nom de l'artisan-sculpteur[19]. Un autre pièce sculptée, également fragmentée, est découverte en lieu et place de l'ancien site cultuel de Tronoën. Ce second artefact[Note 9], de type zoomorphe, apparaît sous la forme d'un cheval étêté[19]. Enfin une troisième occurrence votive a été mise en évidence lors de fouilles opérées au sein des ruines du temple celto-romain de Saint-Jean-Trolimon. Cette dernière figure l'arrière-train d'un mouton[19].

Notes et références

Notes

  1. À cet égard, le préhistorien français a publié plusieurs articles et ouvrages évoquant les découvertes et fouilles opérées sur le site archéologique finistérien[8] - [4].
  2. Hormis les deux milliaires identifiés et répertoriés comme tel, la documentation archéologique concernant l'épigraphie le peuple des Osismes ne fait état, à ce jour, d'aucun autre témoignage de ce type[13].
  3. Des sondages effectués sur ce gisement cultuel ont permis de délivré un exemplaire d'une hache à douille[15].
  4. Autrement dit un territoire qui recouvre l'actuelle région de Bretagne, des Pays de la Loire et de la Normandie occidentale[14].
  5. Temple celtique situé dans un oppidum appartenant à la civitates des Arvernes, dans l'« écorégion » de la « Gaule dite des montagnes »[14].
  6. Objets archéologiques trouvés dans la nécropole gauloise de Kerviltré (dessins de Paul du Chatellier) 1.
  7. Actuellement conservée au Musée de la préhistoire finistérienne de Penmarc'h.
  8. ou
    « BIVC »

    — [19].

    .
  9. Lequel est issu de la collection de Paul du Chatellier et est actuellement conserver au Musée de la Préhistoire de Carnac dans le Finistère[19].

Références

  1. « Musée de la Préhistoire Finistérienne : Voyage à travers la Préhistoire - Penmarch, Finistère », sur Tourisme Bretagne, (consulté le ).
  2. Cet artéfact, de confection osismienne, est actuellement exposé au Musée de la Préhistoire finistérienne, à Penmarc'h, dans le Finistère[1].
  3. Cet artéfact, de confection osismienne, est actuellement exposé au Musée de la Préhistoire finistérienne, à Penmarc'h, dans le Finistère[1].
  4. Paul Du Chatellier, Oppidum de Tronoen en Saint-Jean-Trolimon (Finistère), sn, , 15 p. (lire en ligne).
  5. Armand Viré, « Commission d'étude des Enceintes préhistoriques et Fortifications anhistoriques », Bulletin de la Société préhistorique de France, vol. T. 11, no 3,‎ , p. 142-160 (lire en ligne, consulté le ).
  6. Anne Villard-le Tiec, Anne-Françoise Cherel et Elven le Goff, « Aspects de l'art celtique en Bretagne au Ve siècle avant J.-C.. », dans Villard-le Tiec Anne, Cherel Anne-Françoise et le Goff Elven, Décors, images et signes de l’âge du Fer européen, XXVIe colloque de l’AFEAF, thème spécialisé., vol. 24, Tours, Fédération pour l'édition de la Revue archéologique du Centre de la France, (lire en ligne), p. 221-236.
  7. Louis Richard, « Statuette en bronze d'Osiris provenant de Tronoën (Finistère). », Annales de Bretagne, vol. Tome 76, no 1,‎ , p. 263-273 (DOI 10.3406/abpo.1969.2517, lire en ligne, consulté le ).
  8. Paul du Chatellier, De la destination des menhirs : Oppidum de Tronoën, 1882. Extrait de la revue Matériaux pour l'histoire primitive de l'homme, 21e année, 3e série, t. IV, .
  9. P.-R. Giot, « Armoricains et Bretons : Perspectives nouvelles sur les Bretons. », Annales de Bretagne, vol. Tome 80, no 1,‎ , p. 133 (DOI 10.3406/abpo.1973.2678, lire en ligne, consulté le )
  10. Jean-Baptiste Colbert de Beaulieu, « Notices de numismatique celtique. », Annales de Bretagne, vol. Tome 62, no 1,‎ , p. 171 à 176 (DOI 10.3406/abpo.1955.1978, lire en ligne, consulté le ).
  11. Jean-Baptiste Colbert de Beaulieu, « II. Monnayage armoricain et monnayage belge », Annales de Bretagne, vol. Tome 59, no 2,‎ , p. 234 et 235 (DOI 10.3406/abpo.1952.4387, lire en ligne, consulté le ).
  12. Jean-Philippe Bouvet, Marie-Yvane Daire, Jean-Paul Le Bihan, Olivier Nillesse, Anne Villard-Le Tiec, Michael Batt, Catherine Bizien-Jaglin, Jean-Louis Brunaux (dir.) et Patrice Arcellin (dir.), « La France de l'Ouest (Bretagne, Pays de la Loire). », dans Bouvet Jean-Philippe, Daire Marie-Yvane, Le Bihan Jean-Paul, Nillesse Olivier, Villard-Le Tiec Anne, Batt Michael, Bizien-Jaglin Catherine, Patrice Arcellin (dir.) et Jean-Louis Brunaux (dir.), Gallia, vol. tome 60, (DOI 10.3406/galia.2003.3144, lire en ligne), p. 77 et 75-105.
  13. Nicolas Mathieu, « L’épigraphie dans l’Ouest armoricain : historiographie et constitution des collections locales », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, vol. 118, no 3,‎ , paragraphe 10 et notes 27, 28 et 29 (DOI 10.4000/abpo.2060, lire en ligne, consulté le ).
  14. (en) Brett Howard Lowry et Bettina Arnold, Animal Sacrifice and Feasting in Celtic Gaul : Regional Variation, Costly Signaling, and Symbolism (thèse de Master en Science de l'Anthropologie soutenue en à l'Université de Milwaukee, The University of Wisconsin-Milwaukee, , 230 p. (lire en ligne), p. 97, 228 et 229.
  15. Jean-Claude Meuret, « Le Clos-Maugendre - Visseiche (Ille-et-Vilaine) : un dépôt de currency-bars », Bulletin de l'Association Française pour l'Étude de l'Âge du Fer, vol. 24,‎ , p. 87 et 88 (lire en ligne [PDF], consulté le ).
  16. Richard Louis. Statuette en bronze d'Osiris provenant de Tronoën (Finistère). In: Annales de Bretagne. Tome 76, numéro 1, 1969. pp. 263-273
  17. Paul du Chatellier, « Exploration du cimetière gaulois de Kerviltré en Saint-Jean-Trolimon », Bulletins et mémoires, Société d'émulation des Côtes-du-Nord,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  18. Catherine Grive, « Saint-Jean-Trolimon : Chapelle Notre-Dame de Tronoën », dans Catherine Grive, Emouvantes chapelles de France, Petit futé, , 175 p. (lire en ligne), p. 38.
  19. Joël Lecornec, « Le complexe mégalithique du Petit-Mont à Arzon (Morbihan). », Revue archéologique de l'ouest, vol. tome 2,‎ , p. 62 (DOI 10.3406/rao.1985.870, lire en ligne, consulté le ).

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  • Jenny Kaurin (dir.), StĂ©phane Marion (dir.) et GĂ©rard Bataille (dir.), DĂ©crire, analyser, interprĂ©ter les pratiques de dĂ©pĂ´ts de l’âge du Fer : Actes de la table ronde de Bibracte, Centre archĂ©ologique europĂ©en (Glux-en-Glenne, 2-3 fĂ©vrier 2012)., vol. 16, Glux-en-Glenne, Centre archĂ©ologique europĂ©en, coll. « Bibracte », , 192 p. (ISBN 978-2-909668-85-7).
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Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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