Nicole Groult
Nicole Groult, née Marie Nicole Poiret le à Paris (1er arrondissement)[1] et morte le à Suresnes, est une styliste et costumière de théâtre française, promotrice de la mode « garçonne ». Elle est la mère des écrivaines féministes Benoîte Groult et Flora Groult.
Naissance | |
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Nom de naissance |
Marie Nicole Poiret |
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Fratrie |
Jeanne Boivin, Paul Poiret , Germaine Bongard |
Conjoint | |
Enfants |
Domaine |
Costumière , couturière |
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Biographie
Benjamine des quatre enfants, Jeanne (née en 1871), Paul (1879), Germaine (1885) et Nicole (1887), de la famille Poiret[2], la jeune Nicole rêve d'être chanteuse d'opérette. En 1907, à peine majeure, elle est mariée au décorateur André Groult. Le mariage ne sera pas consommé avant des années et Benoîte Groult, sa première fille, ne naîtra que treize ans plus tard.
En 1911, elle se lie d'amitié avec la maîtresse désabusée d'Apollinaire, la peintre Marie Laurencin, que Henri-Pierre Roché, son agent, a présentée au maître de son frère Paul, le mécène Jacques Doucet. Avec elle, elle fréquente à Montmartre les artistes du Bateau-Lavoir, ainsi que Jean Cocteau, Anna de Noailles et devient une figure du milieu artistique parisien[3]. Marie Laurencin deviendra la marraine de baptême de sa fille Benoîte. André Groult édite des papiers peints aux motifs imaginés par Marie Laurencin[4].
Durant la Première Guerre mondiale, André Groult est envoyé au front et Marie Laurencin, dont le mari est allemand, est retenue en exil en Espagne.
Elle commence alors à créer des robes pour ses amies[3]. La guerre finie, comme Germaine Bongard, sa sœur, au 5 rue de Penthièvre, elle crée une maison de couture au 29 de la rue d'Anjou à Paris[5].
« Femme émancipée des années 1900-1930 [...] mondaine mais créatrice, extravagante et inventive »[6], elle conduit très vite sa maison à la célébrité.
Nicole Groult mène avec son frère Paul Poiret, également couturier, et son amie Isadora Duncan une lutte sans merci, dès 1906, pour la libération de la femme, qui commence par l'abolition du corset[7] - [8]. À la fin des années 1920, ses créations comme celles de son frère Paul Poiret et de Madeleine Vionnet imposent une ligne fonctionnelle, adaptée à la fois aux femmes laborieuses émergeant dans les classes moyennes et au goût pour le charleston où le corps doit se sentir libre, aux antipodes de la silhouette en « S » qui disparaît enfin[9] - [10].
Oiseaux
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Nicole Groult à Marie Laurencin[11]. |
Durant les Années folles, son modéliste Georges Geoffroy crée les déguisements des bals costumés de Youki, la muse de Foujita[12].
Le combat pour la libération de la femme ne passe pas que par le vêtement et l'indépendance financière, mais aussi par une certaine revendication de l'amour libre et des amitiés saphiques, telle qu'on la voit en 1921 au côté son amie Marie Laurencin dans l'album de photographies constitué par Francis Poulenc[13].
Sa fille aînée Benoîte, appelée Rosie (son second prénom) raconte cette amitié particulière de façon à peine voilée dans son roman Les Trois quarts du temps. Cependant « le pouvoir des conventions sociales est plus fort que tout. La morale bourgeoise impose ses canons et Nicole Groult (...) est mariée. On peut séduire une "amie", mais l'on regagne le soir le lit conjugal[14]. »
Malgré son talent, le costume qu'elle imagine pour le ballet d'Erik Satie La Belle excentrique donné au Coliseum Theatre en 1921 n'est pas plus retenu que ceux proposés par Kees van Dongen, Jean Hugo ou Marie Laurencin.
C'est son frère, le couturier Paul Poiret, qui réalisera le projet dessiné par Jean Cocteau[15]. Elle réalise les costumes de Suzanne ou Le Passage à niveau, comédie en 3 actes de Steve Passeur créée le à la Comédie des Champs-Élysées dans une mise en scène de Louis Jouvet avec Pierre Renoir, Valentine Tessier, Michel Simon et Romain Bouquet[16].
Elle est photographiée en 1926 avec ses lévriers par Jacques Henri Lartigue pour l'album Famille, autoportraits et amis dans les années 1920[17].
À la fin de sa vie elle fut frappée "d'anémie cérébrale" ou, selon sa fille Benoîte de la maladie d'Alhzeimer.
Elle est inhumée dans la même chapelle du cimetière Montmartre que son frère, le couturier Paul Poiret, et son époux, le décorateur André Groult, et sa sœur Jeanne Poiret, épouse de René Boivin, dans la 8e division[18].
Bibliographie
- Paul Poiret et Nicole Groult : maîtres de mode Art déco, catalogue de l'exposition du au , Palais Galliera, Paris, musée de la mode et du costume, 1986, 247 p. (ISBN 2-901424-09-0)[19]
- Françoise Cloarec, J’ai un tel désir, Stock, 2018, 300 p.
Notes et références
- Son acte de naissance (n° 372) dans les registres de naissances du 1er arrondissement de Paris pour l'année 1887. Les mentions marginales donnent les dates et lieux de mariage et de décès.
- Notice de la BNF n° FRBNF14803288 (lire en ligne)
- Mon évasion, Benoîte Groult, Grasset, 2008, 336 p. (ISBN 9782246534891) (Lire en ligne)
- Bertrand Meyer-Stabley, op. cité, p. 135
- Pierre Benoit : Le romancier paradoxal, Gérard de Cortanze, Albin Michel, 2012 (ISBN 9782226270351) (Lire en ligne)
- Ainsi soient-elles, Benoîte Groult, Grasset, 2003, 210 p. (ISBN 9782246659990) (Lire en ligne)
- La Danse de l'avenir suivi de Regards sur Isadora Duncan, Isadora Duncan, Sonia Schoonejans, Éditions Complexe, 2003, p. 15 (ISBN 9782870279434) (Lire en ligne)
- L'Aventure des femmes XXe-XXIe siècle : 1912 Guerre au corset, Florence Montreynaud, Éditis, 2011 (ISBN 9782092784235) (Lire en ligne)
- Petit manuel des mamans, Joseph Vebret, Hachette, 2009, 160 p. (ISBN 9782809802726) (Lire en ligne)
- Lingerie, Klaus Carl, Parkstone International, 2011, p. 124 (ISBN 9781780421070) (Lire en ligne)
- B. Meyer Stabley, Marie Laurencin, p. 137-138, Pygmalion, Paris, 2011, (ISBN 978-2-7564-0430-1).
- Léonard Tsuguharu Foujita, Volume 1, Sylvie et Dominique Buisson, www.acr-edition.com, 2001 (ISBN 9782867701498) (Lire en ligne)
- Notice de la BNF n° FRBNF39630600 (Voir en ligne)
- Bertrand Meyer-Stabley, Marie Laurencin éd. Pygmalion, Paris, 2011, p. 147
- Musique et modernité en France : (1900-1945), Michel Duchesneau, François de Médicis, Sylvain Caron, Université de Montréal, Observatoire international de la création musicale, PUM, 2006, p. 103 (ISBN 9782760619890) (Lire en ligne)
- Notice de la BNF n° FRBNF39498314 (Voir en ligne)
- Notice de la BNF n° FRBNF38495094 (Voir en ligne)
- Bernard Beyern, Guide des tombes d'hommes célèbres, Le Cherche midi, 2011, p. 205 (ISBN 9782749121697) (Lire en ligne)
- Notice de la BNF n° FRBNF34902387 (Voir en ligne)
Liens externes
- Ressources relatives aux beaux-arts :