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Jacques Doucet (couturier)

Jacques Doucet, né le à Paris et mort le à Neuilly-sur-Seine, est un grand couturier, collectionneur et mécène français, personnalité de la vie artistique et littéraire parisienne des années 1880-1920.

Jacques Doucet
Caricature de Jacques Doucet par Leonetto Cappiello, 1903.
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Jacques Doucet
Nationalité
Activités
Père
Édouard Doucet (d)
Autres informations
A travaillé pour
Maison Doucet (d) (Ă  partir de )
Worth
Propriétaire de
Man with a Guitar (d)
Archives conservées par
Une création de Jacques Doucet dessinée par George Barbier.

Biographie

Le grand couturier

Étiquette de la maison de couture Doucet.

Propriétaire d’un magasin hérité de sa mère, rue de la Paix, Jacques Doucet fonde à Paris une des premières maisons de haute couture. Sa riche clientèle d’actrices et de femmes du monde — Réjane, Sarah Bernhardt, Liane de Pougy, la Belle Otéro — lui assure une fortune et lui permet de satisfaire ses passions d’amateur d’art et de bibliophile. Il forma Paul Poiret (1898-1901) et eut Madeleine Vionnet parmi ses assistantes.

En 1925, le financier Georges Aubert prend le contrôle de la maison Doucet et provoque un rapprochement avec la maison de Georges Dœuillet. Après la crise de 1929, la nouvelle société Dœuillet-Doucet perdure jusqu'en 1937.

  • Quelques crĂ©ations de Jacques Doucet
  • Robe, v. 1880.
    Robe, v. 1880.
  • Robe de soirĂ©e, v. 1910.
    Robe de soirée, v. 1910.
  • Robe de bal, 1898-1900.
    Robe de bal, 1898-1900.
  • Robe, 1920-1923.
    Robe, 1920-1923.

Le collectionneur et mécène

L'hôtel particulier de Jacques Doucet, 33 rue Saint-James, Neuilly-sur-Seine, 1929. Joseph Csaky conçut l'escalier, Henri Laurens la fontaine, Jacques Lipchitz le manteau de la cheminée, Eileen Gray sa table aux chars de desserte, Louis Marcoussis un tapis cubiste. Le sculpteur Gustave Miklos et d'autres ont collaboré à la décoration du studio.
Vue du Salon de M. Doucet par Pierre Gatier (gravure, 1911).

Jacques Doucet collectionneur d'art du XVIIIe siècle

Enrichi par son activité de couturier, Jacques Doucet pose les premières pierres d'une importante collection d'objets d'art consacrée au XVIIIe siècle. Il rassemble des tableaux, dessins, sculptures, œuvres d'ébénisterie et de marqueterie, des estampes et des livres. Sa collection, qui réunit des pièces de provenance prestigieuse, est ouverte aux amateurs et chercheurs qui en font la demande. Parmi les pièces remarquables, on compte les Bulles de Savon de Chardin.

En juin 1912, il vend une grande partie de cette première collection, à la suite de la mort tragique de la femme qu'il aimait en secret, Jeanne Ruaud[1], et à laquelle il destinait cet ensemble[2]. La vente publique, qui fait événement, engendre 13 884 460 francs d’adjudications, ce qui en fait la vente la plus chère de son temps. Outre les prix atteints, cette vente est remarquable en ce qu'elle donne lieu à un catalogue de vente particulièrement documenté, illustré et investi d'une dimension scientifique : il a été rédigé par des spécialistes, historiens de l'art et conservateurs de musée[3].

Collectionneur et mécène des artistes contemporains

Conseillé par Henri-Pierre Roché ou André Breton, Jacques Doucet constitue un nouvel ensemble composé de pièces modernes ou contemporaines, Manet, Constantin Brancusi Cézanne, Degas, Van Gogh, Henri Matisse, Pablo Picasso, Marie Laurencin, Joan Miro, Francis Picabia et des pièces Art déco de Marcel Coard, Joseph Csaky, Jean Dunand, Eileen Gray, Pierre Legrain, etc. En 1924, il est le premier propriétaire des Demoiselles d'Avignon de Picasso : achetées sans avoir été déroulées parce qu'elles traînaient dans un coin de l'atelier du peintre, elles seront estimées quelques mois plus tard entre deux et trois cent mille francs[4].

Une partie importante de la collection d'art du couturier est présentée en permanence au Musée Angladon-Collection Jacques Doucet à Avignon, créé par les héritiers de Doucet.

Le « passeur » d'Art Déco

C'est la vente en 1972 de la collection Doucet qui re-popularise l'Art déco auprès du grand public, avec des œuvres de Pierre Legrain, Rose Adler, Eileen Gray, Clément Rousseau ou encore Marcel Coard[5].

La bibliothèque de Jacques Doucet et le soutien à la recherche en histoire de l'art et archéologie

Mais Jacques Doucet a des visées plus vastes. Dès 1905, il finance des « cellules de recherche » sur l'histoire de l'art dans son exhaustivité. Il commande de véritables programmes de recherche, s'entourant d'éminents spécialistes. Il s'intéresse à tout et achète sans compter. Il est même l'un des premiers à comprendre la valeur des manuscrits. Constatant la pénurie documentaire dont souffre l'histoire de l'art, il constitue en 1909[6], avec l'aide de son premier bibliothécaire René-Jean, puis de nombreux spécialistes (Edouard Chavannes, Émile Espérandieu, Fernand Mazerolle, Paul Perdrizet, Henri Saladin, Noël Clément-Janin, etc.) une bibliothèque couvrant l'art de tous les temps et de tous les pays[7]. Il tient en outre à acquérir les sources elles-mêmes (lettres autographes, catalogues de ventes, journaux d'artistes), nécessaires à tout historien d'art. Outre les livres et les manuscrits, cette bibliothèque, installée dans six appartements mitoyens de la rue Spontini, comporte un important fonds de photographies documentaires et une collection d'estampes et de dessins remarquable.

Afin de faciliter le travail des historiens de l'art, Jacques Doucet initie et finance à partir de 1910 la publication du Répertoire d'Art et d'Archéologie, une bibliographie générale de tout ce qui se publie en histoire de l'art et archéologie (ouvrages, articles, catalogues de vente). Continué par la Bibliothèque d'art et d'archéologie puis par le CNRS, le Répertoire d'Art et d'Archéologie cesse de paraître en 1989[8].

En 1917, Jacques Doucet offre sa bibliothèque d'histoire de l'art à l'Université de Paris : elle deviendra la Bibliothèque d'art et d'archéologie, fondation Jacques Doucet, puis, en 2003, la bibliothèque de l'Institut national d'histoire de l'art, collection Jacques Doucet.

La bibliothèque littéraire Jacques-Doucet

Ami d'André Suarès, il collectionne ses manuscrits, s’intéresse à ceux de la génération précédente — Stendhal, Baudelaire, Verlaine, Rimbaud — et de la génération contemporaine : Apollinaire, Gide, Cocteau, Mauriac, Montherlant, Maurois, Morand, Valéry, Proust, Giraudoux. Il fait recouvrir ces manuscrits de reliures modernes avant de donner cette bibliothèque littéraire à l’université de Paris en 1929 : elle deviendra la bibliothèque littéraire Jacques-Doucet. Jacques Doucet a également eu un rôle de mécène auprès de nombreux écrivains tels que André Suarès, Max Jacob, Reverdy, André Breton, Louis Aragon, Robert Desnos.

Créations

Planches extraites de la Gazette du Bon Ton :

  • 1912-1913.
    1912-1913.
  • 1913 (dessin de H. Robert Dammy).
    1913 (dessin de H. Robert Dammy).
  • 1913.
    1913.
  • 1913.
    1913.
  • 1913.
    1913.
  • 1913.
    1913.
  • 1914.
    1914.
  • 1914 (dessin de H. Robert Dammy).
    1914 (dessin de H. Robert Dammy).

Documentation

Une collection d'archives documentant l'oeuvre de Jacques Doucet et la constitution de ses collections est déposée à l'Institut national d'histoire de l'art[9].

Ĺ’uvres

  • Jacques Doucet, Lustrales, Porrentruy : Éditions des Portes de France, 1946.
  • Jacques Doucet, La vue seconde, Paris : P. Seghers, 1950.
  • Jacques Doucet et AndrĂ© Suarès, Le condottiere et le magicien, correspondance Ă©tablie, choisie et prĂ©facĂ©e par François Chapon, Paris : Julliard, 1994.

Notes et références

  1. JĂ©rĂ´me Delatour, « Doucet chez Rothschild : La Bibliothèque d’art et d’archĂ©ologie de 1923 Ă  1935 », dans De la sphère privĂ©e Ă  la sphère publique : Les collections Rothschild dans les institutions publiques françaises, Publications de l’Institut national d’histoire de l’art, coll. « Voies de la recherche », (ISBN 978-2-917902-87-5, lire en ligne)
  2. Pierre Assouline, Le dernier des Camondo, Gallimard, 1997 (p. 213)
  3. Sébastien Quéquet, « Science politique et marché de l’art : la vente Doucet de 1912 », dans Chantal Georgel, Jacques Doucet, collectionneur et mécène, Les Arts Décoratifs : Institut national d'histoire de l'art, (ISBN 978-2-916914-67-1)
  4. Lettre du 17 janvier 1926 d'Henri-Pierre Roché à Jacques Doucet.
  5. Marine Crubilé, L’art contemporain ou le fétichisme du lucre : Thèse de doctorat en Arts et science de l'art, Université Michel de Montaigne Bordeaux III, 2018 (soutenue 2 juillet) (lire en ligne), p.120
  6. Lucie Prohin, « « A-t-on suffisamment rendu grâce à la générosité de M. Jacques Doucet ? » Récits médiatiques autour de la Bibliothèque d’art et d’archéologie dans la première moitié du XXe siècle », Balisages, no 4,‎ (ISSN 2724-7430, DOI 10.35562/balisages.901).
  7. Sur l'histoire de cette bibliothèque, voir le programme de l'Institut national d'histoire de l'art qui lui est dédié.
  8. « Répertoire d'Art et d'Archéologie », sur INHA (consulté le )
  9. « Calames » Accès libre, sur www.calames.abes.fr, (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • Vincent Bouvet, « Jacques Doucet », Beaux Arts magazine n° 21, Levallois, , pp. 58-65.
  • Germain Bazin, Histoire de l'histoire de l'art, Paris, Albin Michel, 1986, pp. 470-473.
  • Michel Ragon, « Jacques Doucet », Cimaise n° 204, Paris, janvier-, pp. 85-104.
  • Pierre Gassier (dir.), De Goya Ă  Matisse : estampes de la Collection Jacques Doucet [catalogue d'exposition], Martigny, Fondation Pierre Gianadda, 1992.
  • AndrĂ©e Doucet, Jacques Doucet et la poĂ©sie, Paris, GalilĂ©e, 2002.
  • Bernard Comment & François Chapon, Doucet de fonds en combles : TrĂ©sors d'une bibliothèque d'art, Paris, Herscher, 2004.
  • Michel Collot, Yves PeyrĂ© et Maryse Vassevière (eds.), La bibliothèque littĂ©raire Jacques Doucet : Archive de la modernitĂ©. Actes du colloque tenu en Sorbonne les 5, 6 et , Paris, Presses de la Sorbonne Nouvelle & Ed. des Cendres, 2007.
  • Édouard Graham, Les Ă©crivains de Jacques Doucet, Paris, Bibliothèque littĂ©raire Jacques Doucet, 2011.
  • Chantal Georgel (dir.), Jacques Doucet, collectionneur et mĂ©cène, Paris, Les Arts DĂ©coratifs et Institut national d'histoire de l'art, 2016.
  • AndrĂ© Breton, Lettres Ă  Jacques Doucet (1920-1926), Édition d'Étienne-Alain Hubert, Paris, Gallimard, coll. « Blanche », 2016.

Biographies

  • François Chapon, Mystère et splendeurs de Jacques Doucet 1853-1929, Paris : JC Lattès, 1983.
  • François Chapon, C'Ă©tait Jacques Doucet, Paris : Fayard, 2006.
  • Bernard Comment, François Chapon, Doucet de fonds en combles : trĂ©sors d'une bibliothèque d'art, Paris : Institut national d'histoire de l'art/Herscher, 2004.
  • Chantal Georgel (dir.), Jacques Doucet. Collectionneur et MĂ©cène, Paris : Institut national d’histoire de l’art/ Les Arts DĂ©coratifs, 2016.

Articles connexes

Liens externes

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