Nicolas-Joseph Marey
Nicolas-Joseph Marey, dit « Maret jeune » puis « Marey-Monge » ( à Nuits (province de Bourgogne, actuelle Côte-d'Or) †à Pommard, Côte-d'Or), est un homme politique français du XVIIIe siècle. Il fut député de la Côte-d'Or (suppléant) à la l'Assemblée législative et à la Convention nationale.
Nicolas-Joseph Marey-Monge | |
Fonctions | |
---|---|
Royaume de France Député suppléant de la Côte-d'Or à l'Assemblée législative | |
– | |
Élection | |
République française Député de la Côte-d'Or à la Convention nationale | |
– | |
Élection | |
Biographie | |
Nom de naissance | Nicolas-Joseph Marey |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Nuits, Bourgogne Royaume de France |
Date de décès | |
Lieu de décès | Pommard, Côte-d'Or Royaume de France |
Parti politique | Modérés |
Profession | négociant |
Liste des députés de la Côte-d'Or Liste des membres de l'Assemblée législative par département Liste des membres de la Convention nationale par département |
|
Biographie
Nicolas-Joseph, qui ne s'appelait encore que « Marey », était négociant à Nuits, quand éclata la Révolution française. D'une des familles parmi les plus honorables de la Bourgogne[1], il avait une grande instruction complétée par de nombreux voyages dans toute l'Europe[2].
Élu, le , député suppléant de la Côte-d'Or à l'Assemblée législative, il ne fut pas appelé à y siéger.
Il était en Norvège[2], lorsqu'il fut rappelé par le vœu de ses compatriotes[3], le , le 7e sur 10, pour siéger comme député de la Côte-d'Or à la Convention nationale, où il se fit remarquer par sa modération et son courage.
Lors du procès du roi, Marey répondit au 3e appel nominal[4] :
« Plus les crimes de Louis m'inspirent d'horreur, plus je dois me mettre en garde contre les effets tumultueux de l'indignation qu'ils excitent, imposer silence à tout ce qui pourrait me faire oublier mes devoirs, et renoncer en quelque sorte à moi-même pour n'écouter que le cri de ma conscience.
On peut considérer le coupable ou comme un citoyen, et sous l'aspect d'une justice rigoureuse, ou comme un roi convaincu de trahison contre sa patrie, et sous un point de vue politique. Citoyen, il doit être jugé comme tous les autres citoyens, par les tribunaux ordinaires ; il a le droit à toutes les formes dont la loi investit l'accusé pour opérer le triomphe de la justice ou celui de l'innocence : formation de jury, récusation d'une partie de ses membres, scrutin secret, etc. ; mais la Convention a pensé qu'un roi ne saurait être regardé comme un simple citoyen, par ses rapports avec ses complices nationaux et étrangers ; elle n'a donc considéré Louis que comme un roi traître à son souverain, et, à ce titre, et sous un point de vue politique, elle a pu s'ériger elle-même en jury, mais pour juger le crime, et non pour punir le criminel.
Comme membre du jury national, j'ai déclaré que je crois Louis coupable.
Toute représentation n'exerce qu'une volonté provisoire. Porter sur Louis un jugement définitif est, dans mon sens, un attentat à la volonté définitive de la nation ; prononcer la mort est une usurpation du droit du souverain. Je devais donc voter pour l'appel. Je l'ai fait. L'appel a été rejeté. J'obéis au vœu de la majorité.
La cumulation des fonctions de juré, de juge, de législateur, me paraît monstrueuse, tyrannique, subversive de tout ordre social. Mon devoir à l'égard de Louis se borne à une simple mesure de sûreté publique. Je ne veux point être juge; je ne puis ni ne dois l'être.
Mais la Convention eût-elle reçu un mandat spécial pour juger le ci-devant roi, ce n'est pas dans le code pénal qu'elle devrait chercher la peine due à ses crimes. Pourrait-elle sans violer les droits sacrés de la justice et de l'égalité, user de toute la rigueur de la loi envers le coupable, après lui avoir refusé la protection des formes conservatrices ; et l'intérêt général n'est-il d'aucun poids dans la balance des législateurs ? L'existence de la république naissante est attachée à l'existence de Louis. Si sa tête tombe, nous aurons à combattre et la fureur étrangère et la pitié nationale. Louis vivant et méprisé écarte tous les aspirants à la royauté ; gardé comme otage, sa liberté deviendrait le gage de la paix. Louis, mort et regretté, laisse une place au premier ambitieux hardi qui osera l'envahir. L'expulsion des Tarquins enfanta la république, et la mort de César le triumvirat.
Représentants du peuple, vous avez tué le despote, laissez vivre l'homme ; enseveli dans l'oubli, flétri de la réprobation nationale, assiégé par le remords, qu'il traîne dans la captivité une vie rampante et déshonorée. Je n'ai plus qu'un mot à vous dire. Vous êtes dépositaires de l'honneur français. L'Europe vous contemple, la postérité s'avance. Elle vous jugera, et sa voix perce les siècles.
Je vote, comme mesure de sûreté générale, pour la détention du ci-devant roi pendant tout le temps de la guerre, et l'expulsion un an après que les despotes coalisés contre la France auront posé les armes et reconnu la république. »
En bref, Marey avait voté :
- « Louis Capet est-il coupable de conspiration contre la liberté publique et d'attentats contre la sûreté générale de l'État, oui ou non ? » : oui ;
- « Le jugement de la Convention nationale contre Louis Capet sera-t-il soumis à la ratification du peuple, oui ou non ? » : oui ;
- « Quelle peine sera infligée à Louis ? » : détention pendant tout le temps de la guerre et expulsion un an après que les despotes aient déposé les armes et reconnu la République
- « Y aura-t-il un sursis à l'exécution du jugement de Louis Capet, oui ou non ? » : oui ;
Inscrit plus tard sur la liste des émigrés, Marey obtint sa radiation. Il épousa une fille de l'illustre Gaspard Monge, ancien ministre, fondateur de l'école polytechnique et président du sénat conservateur, et en eut sept enfants, dont six fils. De là lui vint le nom de « Marey-Monge », qu'il porta jusqu'à sa mort (1818).
Union et postérité
Nicolas-Joseph Marey était le fils cadet de Claude Marey Mony ( - Nuits-Saint-Georges †), conseiller secrétaire du roi, maire de Nuits-Saint-Georges (1758-1778), et de Claudine Lenoir (1725-1765).
On lit dans l'Histoire de Bourgogne, de Claude Courtépée (1721-1781), que Claude Marey, élu aux États généraux, ancien maire de Nuits, exerça sa générosité en sauvant de la famine la moitié des habitants de cette ville, retirés sur le haut de leurs maisons inondées, en leur faisant porter sur une barque le pain nécessaire à leur subsistance. Cette belle action retentit jusqu'à la cour, qui lui fit offrir des titres de noblesse[2].
Nicolas-Joseph épousa, le à Paris, Jeanne Charlotte Émilie Monge (1778 †- Pommard). Aînée des quatre filles de Gaspard Monge (1746-1818), comte de Péluse et de Marie-Catherine Huart (1747-1846), elle est décrite par ses contemporains[5] belle, généreuse et spirituelle. Comme sa sœur elle bénéficie d'une éducation soignée, et singulière en accompagnant son père lors de ses tournées en tant qu'examinateur de la Marine.
- Le couple eut neuf enfants, dont huit fils, autorisés, par ordonnance du , à relever le nom de leur illustre aïeul[6] :
- Guillaume Stanislas Marey-Monge ( - Nuits †- Pommard), comte de Péluse, capitaine (1826), colonel (1837), général de brigade (1843), général de division (1848), sénateur du Second Empire (), grand-croix de la Légion d'honneur, sans alliance ;
- Gaspard Louis Marey-Monge ( †), il « inspirait, par son esprit sérieux, les plus belles espérances[6] » ;
- Adolphe Marey-Monge ( †) ;
- Ferdinand Marey-Monge ( - Nuits †- Dijon), maire et président de la société de secours mutuels de Chambolle-Musigny[6], conseiller général de la Côte-d'Or, chevalier de la Légion d'honneur. Sa première épouse est décédée un mois après leur mariage. Inconsolable, il demeura veuf près de trente ans avant de convoler (en ) avec Marie Chabenat de Bonneuil (1823-1869), dont :
- Louise (1858 †1941), chanoinesse de Saint-Augustin (« Mère Saint-Louis », pour la famille : « tante Loulou ») ;
- Marie Guillemette Anne Edith Marey-Monge (1860 †1935), mariée le avec Hervé de Blic (1850-1924), dont postérité ;
- Françoise Claudine Clotilde Marey-Monge (née le ), mariée avec Jean-François Armand[7] ( - Bar-sur-Aube †- Gravières (Aube)), polytechnicien (X 1808), ingénieur des Ponts-et-Chaussées, député de l'Aube (1837-1848), dont postérité ;
- Louis Edmond Edouard Marey-Monge ( - Nuits †- Paris), polytechnicien ;
- Ernest Marey-Monge ( - Nuits †1852), « le quatrième, enfin, […] était, à Nuits, le modèle du philosophe intelligent et pratique, du bon citoyen, du père de famille, consacré à toutes les joies du foyer[6] », ancien officier d'artillerie, capitaine des sapeurs-pompiers et conseiller municipal de la ville de Nuits, membre de la commission départementale des Antiquités de la Côte-d'Or[6], marié le avec sa cousine Sophie « Marey de Gassendi » (1816-1893), dont :
- Marie Paul Marey-Monge ( - Nuits-Saint-Georges †), saint-cyrien (promotion de Solférino : 1858-1860), lieutenant d'infanterie, démissionnaire en 1865, chef de bataillon, chevalier de la Légion d'honneur ([8]), marié, le à Paris, avec Marinette (1846-1934), fille de Marc Jacobé de Haut de Sigy (1814-1900), dont
- Marie Marc Charles Claude Ernest Marey-Monge[9] ( - Nuits-Saint-Georges †1960), général de brigade, commandeur de la Légion d'honneur ([10]), marié deux fois, dont :
- postérité ;
- Marie Marc Charles Claude Ernest Marey-Monge[9] ( - Nuits-Saint-Georges †1960), général de brigade, commandeur de la Légion d'honneur ([10]), marié deux fois, dont :
- Jeanne Marey-Monge ( - Nuits-Saint-Georges †), mariée, le à Nuits Saint-Georges, avec Paul Eugène Dupont (1829-1883), dont postérité ;
- Marie Paul Marey-Monge ( - Nuits-Saint-Georges †), saint-cyrien (promotion de Solférino : 1858-1860), lieutenant d'infanterie, démissionnaire en 1865, chef de bataillon, chevalier de la Légion d'honneur ([8]), marié, le à Paris, avec Marinette (1846-1934), fille de Marc Jacobé de Haut de Sigy (1814-1900), dont
- Nicolas Pierre Alfred Marey-Monge ( - Nuits †périt tragiquement en mer, à bord du Papin[11], le ), diplomate, consul de France, chevalier de la Légion d'honneur[12], « le troisième, qui, suivait avec éclat la carrière des consulats ; décoré, dès 1844, il aurait ajouté un nouveau lustre à sa famille[6] »
- Guillaume Félix Alphonse Marey-Monge ( - Pommard †- Pommard), maire de Pommard, député de la Côte-d'Or (1861-1870), conseiller général, officier de la Légion d'honneur[13], marié avec Jeanne Noël Marie Delphine Le Mire (1825 †- Dijon), dont :
- Roger Marey-Monge, avocat ;
- Berthe Marey-Monge (1847-1924), mariée avec Edmond Détourbet (1840-1926), dont postérité ;
Tous les fils Marey-Monge étaient oncles d'Arthur Marey, tombé, à Nuits, le , victime des passions révolutionnaires[6].
Armoiries
Notes et références
- Le général-comte de Gassendi (arrière-petit-neveu du philosophe Gassendi), pair de France, ancien conseiller d'État et sénateur, maria sa fille unique à M. « Marey de Gassendi », chevalier de la Légion d'honneur, ancien maire de Nuits, ancien membre du conseil général de la Côte-d'Or, et sa petite fille à M. Ernest Marby-Monge, ancien officier d'artillerie ; le premier, cousin germain ; et le deuxième, frère du général Marey-Monge.
- Annuaire historique et biographique des souverains, des chefs et membres des maisons princières, des autres maisons nobles, et des anciennes familles, et principalement des hommes d'État, des membres des chambres législatives, du clergé, des hommes de guerre, des magistrats et des hommes de science de toutes les nations, vol. 1, Direction, (lire en ligne)
- Par 303 voix (500 votants).
- « Quelle peine sera infligée à Louis ? »
- « Émilie Monge », sur roglo.eu (consulté le )
- Bard 1854, p. 227
- « Armand (Jean-François) », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition] [texte sur Sycomore]
- « Cote LH/1736/78 », base Léonore, ministère français de la Culture
- Description physique : Cheveux blonds : - Front large ; - Nez moyen - Yeux bleus - Bouche moyenne - Menton rond - Visage ovale - Taille 163 -
- Source
- « M Marc Charles Claude Ernest MAREY-MONGE », sur gw1.geneanet.org (consulté le )
- « Cote 19800035/0327/44069 », base Léonore, ministère français de la Culture
-
- Naufrage du bateau à vapeur le Papin le samedi 6 décembre 1845
- À 11 h du soir le navire fit côte au nord, de Mazagan sur un banc de sable à 2 ou 3 encablures de la terre sa cheminée en tombant écrasa plusieurs hommes de l'équipage le bâtiment fut coupé en deux à l'arrière des chaudières et de 151 personnes qui montaient le bateau à vapeur 75 seulement purent être sauvés tout le reste s'engloutit dans les flots en fureur dans la nuit du 6 au 7 décembre le dessin représente la situation du Papin le 6 décembre à 5 heures du matin
- Dessin de Auguste Mayer
- Source
- « Auguste étienne françois Mayer, peintre de marine », sur historic-marine-france.com (consulté le )
- « Cote LH/1736/75 », base Léonore, ministère français de la Culture
- « Cote LH/1736/76 », base Léonore, ministère français de la Culture
- Jean-Baptiste Rietstap, Armorial général, t. 1 et 2, Gouda, G.B. van Goor zonen, 1884-1887
Voir aussi
Bibliographie
- « Marey-Monge (Nicolas-Joseph) », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition] [texte sur Sycomore]
- Emmanuel de Blic, La Famille Marey-Monge: ascendances et postérités, branches collatérales, 1951
- Joseph Bard, L'Algérie en 1854 : itinéraire général de Tunis à Tanger ; colonisation -- paysages -- monuments -- culte -- agriculture -- statistique -- hygiène -- industrie -- commerce -- avenir, L. Maison, , 251 p. (lire en ligne).
- Annuaire historique et biographique des souverains, des chefs et membres des maisons princières, des autres maisons nobles, et des anciennes familles, et principalement des hommes d'État, des membres des chambres législatives, du clergé, des hommes de guerre, des magistrats et des hommes de science de toutes les nations, vol. 1, Direction, (lire en ligne).
Articles connexes
Liens externes
- Ressource relative Ă la vie publique :
- « Nicolas-Joseph Marey », sur roglo.eu (consulté le ) ;
- « Nicolas Joseph MAREY », sur gw1.geneanet.org (consulté le ) ;