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Groupes ethniques de Chine

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La constitution de la rĂ©publique populaire de Chine reconnaĂźt la « citoyennetĂ© chinoise » pour tous ses habitants selon le droit du sol, ainsi que le droit du sang pour sa population rĂ©pertoriĂ©e en 56 « ethnies » (en chinois : 民族, mĂ­nzĂș : « clan », « peuple », « ethnie », « tribu » ; en anglais : nationality)[1], composant officiellement les groupes ethniques de Chine.

Les Hans, qui reprĂ©sentent 92 % de la population, soit plus de 1 300 millions de personnes, sont l'ethnie majoritaire de Chine, connaissant eux-mĂȘmes une diversitĂ© linguistique, avec plusieurs variantes rĂ©gionales des langues chinoises (han). Bien que les 56 ethnies reprĂ©sentent ensemble la nation chinoise, les Hans constituent principalement par leur majoritĂ©, l'essence de la culture chinoise et des notions que l'on attribue au terme "chinois". Les 55 autres ethnies composent ainsi les ethnies minoritaires, qui prĂ©sentent souvent leurs propres spĂ©cificitĂ©s culturelles et linguistiques.

Sur la carte d'identité chinoise, l'identité ethnique est mentionnée et permet selon le gouvernement chinois, d'appliquer une « discrimination positive » afin de préserver la culture et la langue des peuples « non-Han ».

Notion d'ethnie en Chine

En mandarin, on utilise le terme ć°‘æ•°æ°‘æ—, shǎoshĂč mĂ­nzĂș pour dĂ©signer les minoritĂ©s ethniques. Il est composĂ© de ć°‘æ•°, shǎoshĂč, « petit nombre » « minorité » et de 民族, mĂ­nzĂș, souvent rendu en anglais par le mot nationality, « ethnie », lui-mĂȘme composĂ© de 民, mĂ­n, « peuple ou gens » et de 族, zĂș, « clan » pouvant signifier « clan », « groupe », « peuple », « ethnie », « tribu », « famille »). Le terme 族, zĂș est lui-mĂȘme composĂ© de la clĂ© (?, yǎn) de la banniĂšre au vent (version modifiĂ©e de 谊 / èȘŒ, yĂŹ, « amitié »), Ă©galement utilisĂ©e pour la banniĂšre 旗, qĂ­) et de la flĂšche (怱, shǐ, symbolisant l'unitĂ© du clan[2].

La traduction du terme 民族, mĂ­nzĂș dans les documents officiels chinois (RĂ©publique de Chine et RĂ©publique populaire de Chine) est « ethnie» en français, et nationality en anglais. Lorsqu'on ne parle que des groupes minoritaires, on parle de ć°‘æ•°æ°‘æ—, shǎoshĂč mĂ­nzĂș, « ethnies minoritaires ». Les noms de ces minoritĂ©s en chinois et leur Ă©quivalent en anglais sont standardisĂ©s par la norme GB/T 3304-1991[3].

Cette notion n'est pas typiquement chinoise (Chine continentale + Taïwan) et s'inspire directement du droit du sang, appliqué jadis en Europe centrale et, plus tard, en URSS. Le terme « nation » parfois utilisé est ainsi à prendre au sens d'ethnie selon le droit du sang, et non de citoyenneté selon le droit du sol : les deux significations y sont distinguées. Le faux ami « nationalité » correspond donc non pas à une citoyenneté, mais à une ethnie, un peuple défini par une histoire, une culture, une langue, une religion ou des traditions propres, bien que cette définition soit parfois vague, selon les critÚres considérés (langue, religion, géographie ou coutumes) : ainsi, seule la religion (musulmane) distingue les Hui des Han.

L'ethnie Han constitue la majorité (plus de 92 % de la population) et occupe 40 % du territoire. Les 55 autres sont appelées des « ethnies minoritaires» et occupent 60 % du territoire.

Chaque Chinois ayant une certaine filiation (un grand-pĂšre) avec l'une de ces 55 « ethnies » peut demander d'appartenir Ă  cette minoritĂ©. Cette identitĂ© permet Ă  certaines minoritĂ©s d'avoir deux enfants, un bonus de points au concours national (handicap de la langue, Ă  l'Ă©quivalent du baccalaurĂ©at en France). Les rĂ©gions ou villes autonomes (c’est-Ă -dire d'une minoritĂ©) ont des quotas de fonctionnaires et de conseillers municipaux (PCC) de leur ethnie dans la mairie.

Parmi les 55 ethnies minoritaires, Ă  l'exception des Hui et des Mandchous qui utilisent les dialectes chinois, 53 ont leur propre langue, 21 possĂšdent leur propre Ă©criture et utilisent 27 systĂšmes d'Ă©criture. On appelle hanyu l'ensemble des groupes de langues chinoises et ses dialectes. Certaines minoritĂ©s parlent le hanyu de nos jours, car leur langue a disparu ou est en cours de disparition. C’est le cas des Hui, dont on ne connaĂźt la langue originelle, des Ban notamment, qui ont perdu la totalitĂ© de leur langue, mais aussi des Bai du Yunnan qui l’ont perdue en majoritĂ©.

Cependant, toutes les langues minoritaires n’ont pas disparu : le mandchou par exemple n’est pas une langue morte, car l’ethnie Xibe au Xinjiang la parle toujours.

Les ethnies du nord, c’est-Ă -dire, les Mongols, les CorĂ©ens, les TibĂ©tains et les Ouigours ont prĂ©servĂ© leur Ă©criture traditionnelle : les Xibe, les Kazakhs, les Russes ont aussi leur Ă©criture.

Mais les multitudes d’autres plus petites minoritĂ©s au Nord, ont des difficultĂ©s Ă  rĂ©sister et Ă  survivre culturellement, car elles sont petit Ă  petit grignotĂ©es par les Han, ou les minoritĂ©s les plus imposantes, comme celle des OuĂŻgours.

Au sud, les ethnies sont plus nombreuses et dispersĂ©es. Elles peuvent ĂȘtre plus difficiles d’accĂšs pour les Han. Les Yi au Sichuan par exemple, n’ont Ă©tĂ© conquis par les Han qu'au dĂ©but du XXe siĂšcle, Ă  cause des monts froids qui les entourent, et qui sont difficiles d’accĂšs. Ces Yi ont leurs Ă©coles, lycĂ©es et universitĂ©s Ă  Xide. Les autres Yi vivent au Yunnan, parlent cinq autres langues, et appartiennent au groupe linguistique lolo-birman.

Deux autres ethnies sont importantes au Sud : les Zhuang au Guangxi et les Miao au Guizhou et au Yunnan. Ce sont des ethnies peu sinisées certainement en raison de leur nombre.

Cependant, certaines sont aussi peu sinisĂ©es malgrĂ© une faible population : en effet, l’éloignement gĂ©ographique freine l’évolution de majoritĂ©s. Les Dulong (ou Drong) par exemple vivent dans des montagnes difficiles d’accĂšs au Yunnan, ce qui leur a permis de conserver intacts leur mƓurs et leur langue traditionnelle.

Sur 55 langues recensées, vingt-deux possÚdent leur propre écriture : les Han, les Mongols, les Tibétains, les Ouïgours, les Kazakhs, les Xibes, les Russes, les Dai, les Yi, les Jingpo, les Jahu, les Lisu, les Miao, les Zhuang, les Huyi, les Dong, les Wa, les Naxi, les Hani et les Li.

Certaines de ces ethnies ont mĂȘme parfois plusieurs Ă©critures, comme les Yi qui en ont trois, les Miao quatre, et les Da, deux. Elles possĂšdent souvent des institutions scolaires, parfois jusqu'Ă  l’universitĂ©, et dans certaines provinces, des instituts de minoritĂ©s ethniques ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©s, par exemple Ă  Lanzhou, Ă  Wuhan, Ă  Chengdu, Ă  Kunming.

Les autres ethnies utilisent l’écriture Hanzi dominante. La conservation de la langue est trĂšs importante pour la conservation et l’intĂ©gritĂ© d’une ethnie.

En ce qui concerne les religions, les populations suivantes sont de confession musulmane : Hui, Ouzbeks, OuĂŻgours, Kazakhs, Kirghiz, Tatars, Tajiks (chiites), Dongxiang, Salar et Bao’an, soit au total 24 millions de personnes, mais il y a aussi des membres de l'ethnie Han qui sont musulmans. Les bouddhistes en Chine sont les Han (pour partie), les Mongols, les TibĂ©tains, les Mandchous et les Dai. Cependant, la Chine ne publie pas de statistiques Ă  ce sujet.

Liste des ethnies reconnues officiellement par la RĂ©publique populaire de Chine

Le gouvernement de la Chine reconnaßt officiellement 56 ethnies différentes en Chine continentale. En voici la liste exhaustive, dans laquelle les ethnies sont classées par ordre de population[4]. Cette liste utilise les noms couramment admis en français. La liste officielle utilise « Yugur » et non pas « Ouigours », « Uzbek » et non pas « Ouzbeks », « Kirgiz » et non pas « Kirghizes », « Mulam » et non pas « Mulao », « Primi » et non pas « Pumi ».

Ethnie Pinyin Sinogramme simplifié Sinogramme traditionnel Population
Han hĂ n zĂș 汉族 æŒąæ— 1 230 117 207
Zhuang zhuĂ ng zĂș ćŁźæ— ćŁŻæ— 16 178 811
Mandchous mǎn zĂș æ»Ąæ— æ»żæ— 10 682 263
Hui1 huĂ­ zĂș ć›žæ— ć›žæ— 9 816 802
Miao2 miĂĄo zĂș 苗族 苗族 8 940 116
OuĂŻghours wĂ©iwĂșěr zĂș ç»ŽćŸć°”æ— ç¶­ćŸçˆŸæ— 8 399 393
Tujias tǔjiā zĂș ćœŸćź¶æ— ćœŸćź¶æ— 8 028 133
Yi yĂ­ zĂș ćœæ— ćœæ— 7 762 286
Mongols měnggǔ zĂș è’™ć€æ— è’™ć€æ— 5 813 947
TibĂ©tains3 zĂ ng zĂș 藏族 藏族 5 416 021
Bouyei bĂčyÄ« zĂș ćžƒäŸæ— ćžƒäŸæ— 2 971 460
Dong dĂČng zĂș 䟗族 䟗族 2 960 293
Yao yĂĄo zĂș 瑶族 瑀族 2 637 421
CorĂ©ens chĂĄoxiǎn zĂș 朝éČœæ— æœéźźæ— 1 923 842
Bai bĂĄi zĂș 癜族 癜族 1 858 063
Hani hānĂ­ zĂș ć“ˆć°Œæ— ć“ˆć°Œæ— 1 439 673
Kazakhs hāsĂ kĂš zĂș ć“ˆèšć…‹æ— ć“ˆè–©ć…‹æ— 1 250 458
Li lĂ­ zĂș 黎族 黎族 1 247 814
Dai4 dǎi zĂș ć‚Łæ— ć‚Łæ— 1 158 989
She shē zĂș ç•Č族 ç•Č族 709 592
Lisu lĂŹsĂč zĂș ć‚ˆćƒłæ— ć‚ˆćƒłæ— 634 912
Gelao gēlǎo zĂș ä»ĄäœŹæ— ä»ĄäœŹæ— 579 357
Dongxiang dƍngxiāng zĂș 侜äčĄæ— 東鄉族 513 805
Gaoshan5 gāoshān zĂș é«˜ć±±æ— é«˜ć±±æ— 458 000
Lahu lāhĂč zĂș 拉焜族 拉焜族 453 705
Sui shuǐ zĂș 氎族 氎族 406 902
Va wǎ zĂș 䜀族 䜀族 396 610
Naxi6 nĂ xÄ« zĂș çșłè„żæ— çŽè„żæ— 308 839
Qiangs qiāng zĂș 矌族 矌族 306 072
Tu tǔ zĂș ćœŸæ— ćœŸæ— 241 198
Mulao mĂčlǎo zĂș ä»«äœŹæ— ä»«äœŹæ— 207 352
Xibe xĂ­bĂł zĂș é”ĄäŒŻæ— éŒ«äŒŻæ— 188 824
Kirghizes kēěrkĂšzÄ« zĂș æŸŻć°”ć…‹ć­œæ— æŸŻçˆŸć…‹ć­œæ— 160 823
Daur dĂĄwĂČěr zĂș èŸŸæ–Ąć°”æ— é”æ–ĄçˆŸæ— 132 394
Jingpo jǐngpƍ zĂș æ™Żéą‡æ— æ™Żé —æ— 132 143
Maonan mĂ onĂĄn zĂș æŻ›ć—æ— æŻ›ć—æ— 107 166
Salar sǎlĂĄ zĂș 撒拉族 撒拉族 104 503
Blang bĂčlǎng zĂș ćžƒæœ—æ— ćžƒæœ—æ— 91 882
Tadjiks tǎjĂ­kĂš zĂș ćĄ”ć‰ć…‹æ— ćĄ”ć‰ć…‹æ— 41 028
Achang āchāng zĂș é˜żæ˜Œæ— é˜żæ˜Œæ— 33 936
Pumi pǔmǐ zĂș æ™źç±łæ— æ™źç±łæ— 33 600
Ewenki ĂšwēnkĂš zĂș é„‚æž©ć…‹æ— é„‚æž©ć…‹æ— 30 505
Nu nĂč zĂș 怒族 怒族 28 759
Gin7 jÄ«ng zĂș äșŹæ— äșŹæ— 22 517
Jino jÄ«nuĂČ zĂș ćŸșèŻș族 ćŸș諟族 20 899
De'ang dĂ©ĂĄng zĂș ćŸ·æ˜‚æ— ćŸ·æ˜‚æ— 17 935
Bonan bǎoān zĂș äżćź‰æ— äżćź‰æ— 16 505
Russes Ă©luƍsÄ« zĂș äż„çœ—æ–Żæ— äż„çŸ…æ–Żæ— 15 609
Yugurs yĂčgĂč zĂș èŁ•ć›ș族 èŁ•ć›ș族 13 719
Ouzbeks wĆ«zÄ«biĂ©kĂš zĂș äčŒć­œćˆ«ć…‹æ— çƒć­œćˆ«ć…‹æ— 12 370
Monba mĂ©nbā zĂș é—šć·Žæ— é–€ć·Žæ— 8 923
Oroqen ĂšlĂșnchĆ«n zĂș 鄂䌊昄族 é„‚ć€«æ˜„æ— 8 196
Derung dĂșlĂłng zĂș ç‹ŹéŸ™æ— 獚韍族 7 426
Tatars tǎtǎěr zĂș ćĄ”ćĄ”ć°”æ— ćĄ”ćĄ”çˆŸæ— 4 890
Hezhen8 hĂšzhĂ© zĂș 蔫ć“Č族 蔫ć“Č族 4 640
Lhoba luĂČbā zĂș çžć·Žæ— çžć·Žæ— 2 965

1Comprend parfois les Utsuls de Hainan, descendants des réfugiés Cham
2Les Miao regroupent différentes ethnies dont les Hmong
3Comprenant les Amdo, et les Khambas
4Cette catégorie comprend différents groupes parlant historiquement thaï et appelés Bai-yi
5Un nom collectif pour tous les groupes aborigĂšnes de TaĂŻwan, TaĂŻwan distingue mĂȘme 14 minoritĂ©s (aborigĂšnes) de l'Ăźle[5].
6Comprend Ă©galement les Moso
7Le mĂȘme groupe que les Vietnamiens ou Kinh en vietnamien et historiquement appelĂ©s 越 Yue, ou Sino-Vietnamiens.
8Le mĂȘme groupe que NanaĂŻs du cĂŽtĂ© russe de la frontiĂšre.

Origines de ces nationalités

Les Han sont aujourd'hui la nationalitĂ© la plus nombreuse de Chine. Ce sont de multiples et divers peuples, que l’histoire a rĂ©unis. Ils proviennent de la dynastie impĂ©riale, qui a rĂ©gnĂ© de 206 avant JĂ©sus-Christ jusqu'Ă  220 aprĂšs JĂ©sus-Christ. Leur extension est due Ă  l’impĂ©rialisme de la dynastie, c’est-Ă -dire Ă  ses conquĂȘtes militaires et expansions politiques sur les autres ethnies, mais aussi grĂące Ă  l’arrivĂ©e de paysans et de pionniers.

Leur densité a engendré la disparition de langues et cultures de populations allogÚnes, tel que le les Quiang, les Di, les Xiong nu, les Xian bei.

Lors de la révolution chinoise de 1911, les délégués ont choisi le drapeau à cinq couleurs représentant les cinq principaux groupes ethniques peuplant le pays : les Hans en rouge, les Mandchous en jaune, les Mongols en bleu, les Huis en blanc et les Tibétains en noir.

Depuis la proclamation de la RĂ©publique populaire de Chine en 1949, plusieurs politiques sont menĂ©es Ă  l’égard des minoritĂ©s. Mais c’est Ă  partir de 1947 que s'exercent des pressions religieuses, culturelles et administratives.

  • En 1950, l’armĂ©e chinoise entre au Tibet : il y a 9 000 victimes dans la rĂ©sistance tibĂ©taine. Neuf ans plus tard, 17 000 TibĂ©tains aprĂšs la rĂ©volte des Kappas et l’insurrection gĂ©nĂ©rale meurent sous les coups de la rĂ©pression.
  • En 1958, Mao Zedong, Ă©tablit la politique du « grand bond en avant », et les consĂ©quences sont lourdes : la Chine connait trois annĂ©es de famine, et plus de 20 millions de morts entre 1959 et 1961. Cette pĂ©riode marque des conflits entre les cadres chinois, qui veulent battre les diffĂ©rentes rĂ©sistances minoritaires.

En cette mĂȘme annĂ©e de 1958, les journaux de PĂ©kin dĂ©clarent la guerre aux usages et coutumes des minoritĂ©s, car ils freinent le dĂ©veloppement de la production. Des luttes sont engagĂ©es pour faire disparaĂźtre certaines fĂȘtes religieuses ou coutumes ancestrales, chez les Tongs, les Yaos, les Miaos, les Tujias dans la province du Yunnan, chez les Lis, sur l’üle de HaĂŻnan, chez les Yis dans la province du Guangxi, chez les Dais au Yunnan, et les Miaos au Guizhou.

Le Turkestan chinois, aprĂšs la perte de son autonomie en 1878, passe sous l’administration de PĂ©kin, et devient en 1885 une nouvelle province, le Xinjiang (ou « les nouveaux territoires »). Beaucoup de minoritĂ©s y vivent, comme les OuĂŻghours, les Kazakhs, les Kirghizes, ou les Ouzbeks. Ces minoritĂ©s se sentent solidaires de leurs frĂšres de mĂȘme ethnie en URSS, qui semblent profiter d’une plus grande libertĂ© qu'en Chine. L’Union soviĂ©tique exploite ainsi les tensions entre la RĂ©publique Populaire de Chine et ses minoritĂ©s. En , pour calmer l’amertume de ses minoritĂ©s, la Chine tente une opĂ©ration de sĂ©duction sur les citoyens de la RĂ©publique Populaire de Mongolie, a l'occasion du 800e anniversaire de la naissance de Gengis Kahn, fondateur de l’empire Mongol. Mais les Russes, par le biais d’un « panmongolisme », veulent unir Mongols extĂ©rieurs Ă  l’URSS et les Mongols Bouriates d’URSS. En 1963, les Mongols russes et les Mongols de Mongolie fĂȘtent le 70e anniversaire de la naissance de Sukebatur, un rĂ©volutionnaire prosoviĂ©tique et antichinois.

La Chine populaire, rĂ©ticente Ă  toute forme de sĂ©paratisme, accentue sa politique d’intĂ©gration de plusieurs maniĂšres, notamment avec la crĂ©ation de cinq « rĂ©gions autonomes » : la Mongolie-IntĂ©rieure en 1947, le Xinjiang en 1955, le Ningxia en 1957, le Guangxi en 1958, et le Xizang (Tibet) en 1965. Vingt-neuf « districts autonomes » et « banniĂšres mongoles » sont mises en place.

Ces mesures divisent les minorités nationales et réduisent leur importance numérique, car elles sont réparties sur plusieurs territoires administrativement distincts. Souvent, certaines populations de langue et de culture non chinoise sont déplacées vers des territoires à dominance Han.

Selon les données du recensement de 2010, en Mongolie-Intérieure, l'ethnie mongole représente 17 % de la population. Dans la région autonome du Tibet, l'ethnie tibétaine représente 90 % de la population. Au Xinjiang, les Han représentent 40 % de la population[6].

Pour l’application de sa politique, le gouvernement place dans certaines capitales de provinces, comme Ă  Chengdu (la capitale su Sichuan), ou Ă  Lanzhou (la capitale de Gansu) des instituts de minoritĂ©s nationales formant des cadres, des chercheurs, ou des administrateurs par exemple. Ces Ă©tudiants reçoivent une formation politique, mais aussi idĂ©ologique afin que les consignes du gouvernement concernant les minoritĂ©s soient bien mises en place. Ils travaillent sur l’histoire des minoritĂ©s nationales, leur langue, leur organisation sociale, leurs diffĂ©rents problĂšmes Ă©conomiques. Ils crĂ©ent aussi des alphabets pour ceux qui n’ont pas de langue Ă©crite. Cette initiative relĂšve de la commission gouvernementale des minoritĂ©s nationales dirigĂ©e par Ulanfu avant la rĂ©volution culturelle. Li Wei-han Ă©tait le dirigeant du dĂ©partement du Front uni.

Mais Ă  partir de 1966, la rĂ©volution culturelle stoppe le dĂ©but du respect et de la tolĂ©rance envers les minoritĂ©s, et des tensions apparaĂźssent entre les responsables de la politique officielle et les peuples allogĂšnes, mais aussi avec la population Han. En effet, le peuple Han fait preuve de « chauvinisme grand Han », c’est-Ă -dire d’un patriotisme et nationalisme exagĂ©rĂ©s.

Les maoĂŻstes reprochent Ă  Li Wei-han de freiner le progrĂšs avec sa politique de tolĂ©rance et d’acceptation des coutumes, religions et singularitĂ©s des diffĂ©rentes ethnies, et de ne pas suffisamment rĂ©pandre la langue chinoise au sein de ces minoritĂ©s et donc de ne pas faciliter la lecture des Ɠuvres de Mao Zedong.

Ulanhu, qui Ă©tait le seul membre non han du parti, est accusĂ© en 1967 de « promouvoir le sĂ©paratisme » et de « briser l’unitĂ© nationale », de rĂ©tablir le capitalisme en Mongolie, de soutenir les anti maoĂŻstes, mais aussi d’avoir revendiquĂ© la Mongolie pour les Mongols, en recommandant l’étude de la langue mongole et de l’hĂ©ritage culturel du Mongol. Il est remplacĂ© dans ses fonctions par un dirigeant han et disparait aprĂšs la rĂ©volution culturelle.

De mĂȘme que les revues consacrĂ©es Ă  la solidaritĂ© des nationalitĂ©s Ă©galement sont Ă©galement supprimĂ©es tandis que les dirigeants religieux ou sociaux des minoritĂ©s sont aussi Ă©vincĂ©s au Tibet, au Gansu et au Qinghai.

Les OuĂŻgours sont contraints pendant un certain temps d’utiliser de Ă©critures alphabĂ©tiques latines, mais en 1976, ils reviennent Ă  leur Ă©criture traditionnelle.

Les Lamas, bouddhistes, devinrent laĂŻques, et furent condamnĂ©s au travail forcĂ©. Leurs temples sont pillĂ©s, dĂ©truits, ainsi que leurs Ɠuvres d’art. Leurs monastĂšres sont transformĂ©s en Ă©coles ou fermĂ©s, et leur pratique religieuse publique interdite.

Les mosquĂ©es des musulmans au Xinjiang, au Ningxia, au Gansu, au Yunnan, au Henan, au Hebei, au Qinghai et d’autre encore ferment. Les musulmans du Xinjiang sont contraints d’élever des porcs, et interdits de porter leur bonnet blanc. Le coran est brĂ»lĂ©, et leurs rites ne sont pas respectĂ©s. Ils sont par exemple obligĂ©s de brĂ»ler les corps de leurs dĂ©funts, au lieu de les enterrer comme dans leur tradition.

Les chrĂ©tiens des minoritĂ©s nationales, comme les Liaos, les Yaos ou les Yis, sont interdits de culte, leurs Ă©glises fermĂ©es. Les prĂȘtres sont emprisonnĂ©s, condamnĂ©s ou dĂ©portĂ©s.

  • Au Tibet, une politique agricole est imposĂ©e : le chinook traditionnel, qui est une sorte d’orge, est remplacĂ© par du blĂ©.
  • En Mongolie, 95 % du territoire est propice Ă  l’élevage, mais les habitants sont contraints de cultiver des cĂ©rĂ©ales. Les rĂ©pressions sont violentes : 20 000 Mongols meurent dans des « incidents rĂ©volutionnaires ». Les ultra gauchistes torturent les habitants, les consĂ©quences sont dures : plus d’un million de victimes Ă  cause de brutalitĂ©s physiques. EncouragĂ© par Mao Zedong au dĂ©part, l’excĂšs de violence devient si important qu’il envoie les jeunes ultra gauchistes se faire rĂ©Ă©duquer en .
  • À Canton, il y a 70 000 victimes.
  • Dans la province du Sichuan, il y a 90 000 morts, dont des Yis, des Miaos, des TibĂ©tains, et des Qiangs.
  • En 1969, il reste encore environ 50 000 Russes en Chine, surtout concentrĂ©s vers le fleuve Amour, et Port-Arthur. Avec les incidents de 1969 entre Chinois et SoviĂ©tiques (Russes), qui dĂ©bouchent sur une guerre rapide, de nombreux Russes doivent partir, d'autant plus que le dĂ©but des annĂ©es 1960 est marquĂ© par une rupture entre la Chine de Mao, et l'URSS post-stalinienne, qui dĂ©nonçait les crimes de Staline (rapport Khroutchev). De nos jours, les Russes comptent 15 000 personnes en Chine, et restent l'une des 56 ethnies reconnues.

État multiethnique

La RĂ©publique populaire de Chine se dĂ©finit elle-mĂȘme comme un État multiethnique donnant une autonomie ethnique par le systĂšme d’entitĂ©s administratives autonomes, en accord avec la section 6 du chapitre 3 (articles 111-112) de la Constitution de la RĂ©publique populaire de Chine dĂ©taillĂ©e dans la Loi sur l’Autonomie ethnique rĂ©gionale. La RPC accorde aux ethnies minoritaires dans leurs rĂ©gions des avantages tels que la non-limitation du nombre de naissances, et des quotas rĂ©servĂ©s dans les Ă©coles, les universitĂ©s, et dans le gouvernement et dans l'armĂ©e.

Dans la constitution de 1978, l’article 4 stipule: « Toute discrimination et oppression Ă  l’égard d’une nationalitĂ© et tout acte visant Ă  saper l’union des nationalitĂ©s sont interdits. Le chauvinisme de grande nationalitĂ© et le chauvinisme local sont Ă  combattre. Toutes les nationalitĂ©s jouissent de la libertĂ© d’utiliser de dĂ©velopper leurs langues et leurs Ă©critures, de conserver ou de rĂ©former leurs usages et coutumes. L’autonomie rĂ©gionale est appliquĂ©e lĂ  oĂč les minoritĂ©s nationales vivent en groupes compacts. Toutes les rĂ©gions autonomes sont partie insĂ©parable de la rĂ©publique populaire de Chine. »

Le chauvinisme Han est officiellement condamnĂ© et les 55 minoritĂ©s disposent d'un statut officiel Ă©gal Ă  celui de l'ethnie majoritaire Han, auquel sont ajoutĂ©s quelques avantages (plusieurs enfants, etc.). L'ensemble des 56 ethnies constitue la Nation chinoise (äž­ćŽæ°‘æ— / äž­èŻæ°‘æ—, zhƍnghuĂĄ mĂ­nzĂș). Certains, en Chine ou en dehors, considĂšrent que cette politique envers les minoritĂ©s satisfait lĂ©gitimement leurs revendications en leur donnant un rĂŽle actif dans la RPC, d’autres la critiquent pour des raisons diverses.

Revendications indépendantistes

La RPC doit faire face à des mouvements indépendantistes au Tibet, au Xinjiang et, dans une moindre mesure, en Mongolie-Intérieure. Les indépendantistes tibétains et ouïghours considÚrent leur territoire respectif comme leur pays et ressentent la loi chinoise comme l'expression d'un colonialisme. Le 14e dalaï-lama demande officiellement non pas l'indépendance du Tibet mais une « autonomie réelle » ou « véritable autonomie »[7]; celle-ci est néanmoins perçue par les responsables chinois comme constituant une indépendance de facto, car seules la défense des frontiÚres (l'armée chinoise étant expulsée du Tibet) et la diplomatie resteraient des prérogatives du gouvernement chinois[8]. Le cas de Taïwan est particulier, voir Statut de Taïwan.

Groupes ethniques et sous-groupes

Le mot chinois Â«Â æ°‘çł», mĂ­nxÏ » pouvant ĂȘtre traduit par « sous-ethnie » ou « sous-groupe », dĂ©signe les diffĂ©rents ensembles culturels existant au sein d'un mĂȘme « groupe ethnique » (ć°‘æ•°æ°‘æ—, shǎoshĂč mĂ­nzĂș).

Ainsi l'ethnie majoritaire chinoise – les Han – reprĂ©sente une population de plus d'un milliard de personnes, au sein de laquelle l'on trouve des diffĂ©rences culturelles et linguistiques considĂ©rables. Les Chinois du nord parlent le mandarin du Nord-Est ou du Nord-Ouest ; ceux des provinces du Zhejiang, Jiangsu et municipalitĂ© de Shanghai parlent le Wu, sur la municipalitĂ© de Shanghai, plus particuliĂšrement le dialecte shanghaĂŻen des langues wu ; au sud du Yangzi Jiang, on parle entre autres, les mandarin du Sud-Ouest (Hubei, Hunan, nord du Guizhou, nord-est du Yunnan) ou mandarin du Sud-Est. Dans la province de Fujian, Ă  l'Est du Guangdong et Ă  TaĂŻwan, on parle la langue é–©ć— incluse dans le plus large groupe des langues min ; dans la province du Hunan la langue xiang, et plus gĂ©nĂ©ralement dans les provinces mĂ©ridionales les langues gan, hakka (Fujian), cantonaise (yue, Guangdong, Guangxi)


Il y a neuf groupes de minoritĂ©s importants en Chine d’environ 5 millions de reprĂ©sentants chacun : les Zhuangs, les OuĂŻghours, les Hui, les Mandchous, les Yi, les Mongols, et les TibĂ©tains. Mais il y a aussi beaucoup d’ethnies de petit groupe de dizaine ou centaine de milliers.

Dans certaines ethnies minoritaires aussi, des sous-groupes sont définis. Par exemple :

  • chez les TibĂ©tains appelĂ©s Zang en Chine, les trois sub-ethnies sont les Khampa (du Kham, Ă  l'est, Ă  cheval sur la rĂ©gion autonome du Tibet et la province du Sichuan), les habitants de l'Ü-Tsang (au nord-ouest) et les Amdowa (de l'Amdo, nom tibĂ©tain de la province du Qinghai) : cette dĂ©finition correspond aux trois dialectes tibĂ©tains ;
  • les Zhuang sont environ 5 millions en Chine: ils sont aussi groupĂ©s selon leurs deux dialectes : Zhuang du Nord et Zhuang du Sud ;
  • Ă  cheval sur la RĂ©publique de Mongolie et la rĂ©gion autonome chinoise de Mongolie-IntĂ©rieure, les Mongols se partagent, d'ouest en est, entre Ölöts (ou OĂŻrats), Khalkhas (majoritaires), Dariangs et Horshens ; en outre, au sud vivent les Ordos qui ne sont prĂ©sents qu'en Mongolie-IntĂ©rieure chinoise.

Notes et références

  1. La liste figure dans les annexes des dictionnaires chinois-français, avec la liste des provinces : voir Wen Zongfu Petit dictionnaire chinois-français.
  2. (en) « 族 zĂș », dictionnaire Ă©tymologique zhongwen.com (consultĂ© le ).
  3. (zh) « GB/T 3304-1991 äž­ć›œć„æ°‘æ—ćç§°çš„çœ—é©Źć­—æŻæ‹Œć†™æł•ć’Œä»Łç Â Â»
  4. « Un Etat multiethnique unifié », mercredi 15 août 2001 à 10:37:54 (consulté le )
  5. « Les Sediq sont reconnus comme la 14e tribu aborigÚne », taiwaninfo.nat.gov.tw, (consulté le )
  6. (en) « 1-6 Population by sex, nationality and region », sur www.stats.gov.cn, (consulté le )
  7. Mémorandum sur une autonomie réelle pour le peuple tibétain.
  8. Un spécialiste chinois déclare que « la véritable autonomie » du dalaï lama prÎne « l'indépendance du Tibet ».

Annexes

Bibliographie

  • Pierre Gentelle, Chine, Peuples et civilisation, Paris, la DĂ©couverte,
  • Owen Lattimore et ÉlĂ©anore Lattimore, La GenĂšse de la Chine moderne : le pays et le peuple, qui sont les chinois ? Les pays limitrophes, la plus vielle civilisation du monde, la naissance de la Chine, l'empire chinois, la Chine de l'Occident, la rĂ©volution chinoise, la guerre, la Chine contemporaine, la paix et l'avenir, Paris, Payot, .
  • (en) James S. Olson, An ethnohistorical dictionary of China, Westport, Greenwood Press, , 434 p. (ISBN 0-313-28853-4)

Articles connexes

Liens externes