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Natalité en France

En 2022, selon le bilan dĂ©mographique de l'INSEE[1], 723 000 bĂ©bĂ©s sont nĂ©s en France. Ce nombre correspond Ă  un taux de fĂ©conditĂ© de 1,80, soit lĂ©gĂšrement en dessous du seuil de renouvellement des gĂ©nĂ©rations[2]. Le solde naturel (diffĂ©rence entre les naissances et les dĂ©cĂšs) s’établit Ă  56 000 personnes, auquel s'ajoute le solde migratoire, Ă©galement positif (161 000 personnes) pour obtenir l'augmentation gĂ©nĂ©rale de la population en France.

Le nombre de naissances et le taux de fécondité ont tendance à baisser depuis plusieurs années (en 2014 le nombre de naissances était de 818 600 et le taux de fécondité était de 2,00). Le solde naturel est au plus bas depuis quarante ans.

Concernant la France métropolitaine, les chiffres et tendances sont similaires avec un taux de fécondité de 1,76 en 2022 et 1,97 en 2014[3] - [4] - [5].

Sur la base des statistiques 2020, le taux de fécondité reste cependant le plus élevé de l'Union européenne devant celui de la Roumanie (1,80) et de la Tchéquie (1,71).

En 2016, 84,8 % des nouveau-nés en France métropolitaine ont au moins un parent né en France (90,9 % en 2000), 69,6 % ont les deux parents nés en France (77,6 % en 2000), 30,4 % ont au moins un parent né à l'étranger (22,4 % en 2000), quelle que soit sa nationalité, dont 26,5 % un parent né hors de l'Europe des Vingt-Huit (18,3 % en 2000)[6] et 2,5 % ont au moins un parent né dans un DOM-COM[6] - [7].

Évolution

L'évolution de la natalité en France au cours du XXe siÚcle se résume de la maniÚre suivante :

  • baisse de la proportion des mĂšres ayant eu trois enfants et plus parmi l'ensemble des femmes françaises ;
  • augmentation de la proportion de femmes ayant enfantĂ© au moins une fois.

Autre paramÚtre : l'ùge moyen de la mÚre au moment de la premiÚre grossesse. Celui-ci est passé de 24 ans en 1970 à 28-29 ans depuis 2001[8].

Le nombre de naissances de 2019 est ramenĂ© au point le plus bas de 1994. Cette baisse s'explique principalement par la diminution de la population fĂ©minine en Ăąge de procrĂ©er. Les femmes ĂągĂ©es de 20 Ă  40 ans, les plus fĂ©condes, sont de moins en moins nombreuses depuis le milieu des annĂ©es 1990 (8,4 millions en 2016, contre 9,2 millions en 1996). L'impact nĂ©gatif des changements de politique familiale des derniĂšres annĂ©es est Ă©galement avancĂ©[9], en s'appuyant sur une enquĂȘte de l'Ifop de 2016 : 44% des foyers se dĂ©claraient concernĂ©s par une ou plusieurs mesures d'Ă©conomie rĂ©alisĂ©es ; et pour 51% des Français, ces mesures Ă©taient de nature Ă  conduire de futurs parents Ă  diffĂ©rer une naissance (dont 62% parmi les foyers ayant dĂ©jĂ  au moins deux enfants).

Taux de natalité

En 2011, c'est en Île-de-France que le taux de natalitĂ© est le plus Ă©levĂ© en France mĂ©tropolitaine. Celui-ci s'Ă©lĂšve Ă  15,3 â€° quand il atteint 12,5 â€° en France mĂ©tropolitaine. Viennent ensuite le Nord-Pas-de-Calais (13,9 â€°), la Picardie, RhĂŽne-Alpes (13 â€°), la Haute-Normandie (12,9 â€°), les Pays de la Loire (12,5 â€°), Provence-Alpes-CĂŽte d'Azur (12 â€°), le Centre (11,7 â€°). Les rĂ©gions mĂ©tropolitaines les moins dynamiques sont le Limousin (9,5 â€°) et la Corse (9,8 â€°), l'Auvergne (10 â€°), Poitou-Charentes (10,5 â€°) et l'Aquitaine (10,5 â€°).

Saisonnalité

Selon l'INED, « Les naissances ne sont pas rĂ©parties de façon homogĂšne tout au long de l’annĂ©e. Elles sont plus nombreuses Ă  certaines pĂ©riodes qu’à d’autres. Ce phĂ©nomĂšne a toujours existĂ©, mais a Ă©voluĂ© avec le temps. »[10] À partir des annĂ©es 1970, le pic de naissances s'est peu Ă  peu dĂ©placĂ© de mai Ă  septembre en France : il est dĂ©sormais centrĂ© sur le 23 ou le 24 septembre[11]. Ce phĂ©nomĂšne est observĂ© dans beaucoup d’autres pays. Il correspondrait Ă  une augmentation des conceptions Ă  l'occasion de la Saint-Sylvestre.

Natalité selon le lieu de naissance des parents

Entre 2006 et 2008, sur trois générations, prÚs de 40 % des nouveau-nés ont au moins un grand-parent immigré dont 27 % au moins un grand-parent immigré né hors de l'Union européenne (16 % au moins un grand-parent immigré originaire du Maghreb). La moitié sont nés de couples mixtes[12]. Ces 39 % se subdivisent selon :

  • l'origine du ou des grands-parents immigrĂ©s : 11 % (des nouveau-nĂ©s entre 2006 et 2008) ont au moins un grand-parent immigrĂ© nĂ© dans l'Union EuropĂ©enne, 16 % au moins un grand-parent nĂ© au Maghreb et 11 % au moins un grand-parent nĂ© dans une autre rĂ©gion du monde ;
  • le nombre de grands-parents immigrĂ©s : 15 % (des nouveau-nĂ©s entre 2006 et 2008) ont quatre grands-parents nĂ©s Ă©trangers Ă  l’étranger, 3 % en ont trois, 14 % en ont deux et 8 % ont un seul grand-parent nĂ© Ă©tranger Ă  l’étranger.

Une part importante de ces naissances est donc issue d'unions mixtes. Si l’immigration est de l’Union europĂ©enne, pour 75 % des naissances d’un parent immigrĂ© ou descendant d’immigrĂ©, l’autre parent n’est ni immigrĂ©, ni descendant d’immigrĂ© ; cette part est de 45 % si elle est d’un pays hors Union europĂ©enne[12].

En 2016, 84,8 % des nouveau-nés en France métropolitaine ont au moins un parent né en France (90,9 % en 2000), 69,6 % ont les deux parents nés en France (77,6 % en 2000), 30,4 % ont au moins un parent né à l'étranger (22,4 % en 2000), dont 26,5 % un parent né hors de l'Union européenne (18,3 % en 2000)[6] et 2,5 % ont au moins un parent né dans un DOM-COM[6] - [7].

Politique de gestion des naissances

Histoire

La natalitĂ© semble avoir Ă©tĂ© dans le passĂ© fortement marquĂ©e par des facteurs environnementaux (glaciations/Ă©pisodes interglaciaires
) puis par les contextes socio-Ă©conomiques et politiques et surtout par les Ă©pisodes de guerre et d'Ă©pidĂ©mies ou pandĂ©mies[13]. Globalement, la population n'a cessĂ© de croĂźtre, de la PrĂ©histoire Ă  nos jours, avec une forte accĂ©lĂ©ration dĂ©mographique dans les derniers siĂšcles (courbe de type exponentielle). La natalitĂ© française semble avoir eu des relations complexes avec les religions (catholicisme, protestantisme pour l'essentiel), les contextes familiaux, sanitaires, socio-Ă©conomiques et politiques, variant selon les Ă©poques et encore mal comprises.

XIXe siĂšcle

En 1896 une association familiale (l'Alliance nouvelle contre la dĂ©population) est crĂ©Ă©e, qui deviendra l'Alliance nationale pour l'accroissement de la population française, par Jacques Bertillon, AndrĂ© Honnorat, Émile Javal et Charles Richet.
En France beaucoup s'inquiétaient du déséquilibre croissant entre une Allemagne féconde et menaçante, dont la population s'accroissait, et une France menacée de dépopulation aprÚs un siÚcle de dénatalité.

XXe siĂšcle

Le 27 juillet 1944, cĂ©rĂ©monie de baptĂȘme de plusieurs bĂ©bĂ©s nĂ©s Ă  la maternitĂ© de la maison maternelle dĂ©partementale du Calvados, crĂ©Ă©e en 1927 et installĂ©e au chĂąteau de BĂ©nouville.
Le , cĂ©rĂ©monie de baptĂȘme de plusieurs bĂ©bĂ©s nĂ©s Ă  la maternitĂ© de la maison maternelle dĂ©partementale du Calvados, crĂ©Ă©e en 1927 et installĂ©e au chĂąteau de BĂ©nouville.

Tout au long du XIXe siĂšcle et jusqu'en 1913, l'idĂ©e prĂ©valait que les enfants ne pouvaient ĂȘtre qu'Ă  charge de leurs parents, mĂȘme si ceux-ci les avaient mis imprudemment au monde. La misĂšre des petits n'Ă©tait que le rĂ©sultat d'une imprudence des parents. En une loi sur l'assistance aux familles nombreuses nĂ©cessiteuses est promulguĂ©e, prĂ©voyant le versement d'une allocation Ă  tout chef de famille d'au moins quatre enfants de moins de 13 ans et ne disposant pas de ressources suffisantes. Cette loi rompait avec la logique prĂ©cĂ©dente et inaugure plus d'un siĂšcle de politiques familiales qui Ă©volueront dans le temps et selon les rĂ©gions (territoires d'Outre-mer y compris)[14].

À la fin de la PremiĂšre Guerre mondiale, de premiĂšres caisses d'allocations familiales furent crĂ©Ă©es (en ). La dĂ©mographie tend Ă  compenser le grand nombre de morts de la guerre et de la pandĂ©mie grippale de 1917, avec d'importantes diffĂ©rences gĂ©ographiques (effet « familles nombreuses » marquĂ© dans certaines rĂ©gions, dont nord de la France) ou selon les milieux[15].

La Seconde Guerre mondiale est suivie d'une nouvelle politique nataliste ; « au nom d’un idĂ©al de puissance nationale, visait Ă  peser au sein de l’État, les associations familiales se sont assurĂ©es une reprĂ©sentation lĂ©gitime Ă©bauchĂ©e par Vichy et consacrĂ©e Ă  la LibĂ©ration par la crĂ©ation de l'Union nationale des associations familiales (UNAF). Il s'ensuit, parallĂšlement Ă  la reconstruction une forte hausse de la natalitĂ© dite « baby boom », lui-mĂȘme suivi d'un « aprĂšs baby-boom » durant environ 25 ans (stabilitĂ© du nombre de naissances et de l'indicateur conjoncturel de fĂ©conditĂ© »[16]. Une diminution de la fĂ©conditĂ© a Ă©tĂ© durant cette pĂ©riode enregistrĂ©e avant l'Ăąge de 28 ans, compensĂ©e par une augmentation de fĂ©conditĂ© aprĂšs 28 ans. Alors que la durĂ©e des Ă©tudes scolaires augmente, dans la famille, la premiĂšre naissance tend Ă  ĂȘtre de plus en plus tardive, de mĂȘme donc que les naissances suivantes[16]. Pour les femmes nĂ©es dans les annĂ©es 1950, la gĂ©nĂ©ration est renouvelĂ©e avec 2,1 enfants en moyenne, avec une tendance Ă  la famille Ă  deux enfants, avec un nombre de naissances constant impliquant une hausse de l’ICF, et avec une petite hausse de l'infĂ©conditĂ© dans les gĂ©nĂ©rations[16].

En 1938, sous l'impulsion du courant nataliste lié surtout à la droite nationaliste, et d'autre part du courant social lié aux principes de justice sociale de la gauche, se met en place pour la premiÚre fois une véritable politique de la famille à objectif principalement « nataliste ». Ceci aboutit l'an suivant () à la promulgation du Code de la Famille[17] (gouvernement Daladier).

En 1973, la natalitĂ© semble diminuer, mais les analyses rĂ©trospectives montreront que cela Ă©tait en grande partie dĂ» au changement du « calendrier de la fĂ©conditĂ© »[18], et en l’occurrence au fait que les femmes font leur premier enfant plus tard[16].

Trois ans plus tard (1976), les démographes observent en France une stabilisation démographique (fin de la parenthÚse du baby-boom[19]). Le nombre de naissances est alors presque stable[16] - [20]. Alors qu'une crise des retraites est réguliÚrement évoquée (c'est aussi une des suites du baby-boom), l'objectif d'un taux d'accroissement constant reste celui des gouvernants qui se succÚdent, en s'appuyant sur divers scénarios de projections démographiques prospectives[21].

Au dĂ©but des annĂ©es 1990, dans le contexte d'une histoire familiale qui Ă©volue (moindre importance du mariage, divorces plus frĂ©quents, familles recomposĂ©es, etc.)[22] en s'inscrivant probablement dans un contexte plus gĂ©nĂ©ral (europĂ©en, mondial) de transition dĂ©mographique[23] et d'une moindre fĂ©conditĂ© (dĂ©lĂ©tion de la spermatogenĂšse, problĂšmes de santĂ© reproductive)[24], la natalitĂ© diminue lĂ©gĂšrement, puis rĂ©augmente Ă  partir de 1995, bien que le nombre de personnes en Ăąge d'ĂȘtre parents diminue (phĂ©nomĂšne correspondant Ă  l'Ăąge de la premiĂšre gĂ©nĂ©ration nĂ©e du baby-boom ; ces derniers ont eu en moyenne 2,1 enfants en moyenne par femme).
À la fin des annĂ©es 1990, la situation nationale reste relativement stable, avec des variations rĂ©gionales[25] - [26].

XXIe siĂšcle

L'effondrement démographique réguliÚrement prédit ou craint depuis plusieurs siÚcles[27] par certains n'est pas arrivé. La population française a continué à croßtre, en partie en raison de l'allongement de la durée de vie, des progrÚs de la médecine de la reproduction et de la fécondité plus élevée des populations immigrées intégrées dans le pays. Cependant la structure et la nature des relations de couple ont beaucoup évolué (moindre vie en couple notamment[28]), et le pays, comme d'autres en Europe, doit se préparer à une phase inéluctable de vieillissement de quelques décennies (conséquence du baby-boom)[29] - [30]. Il est difficile d'évaluer l'impact de ces circonstances sur la natalité, notamment dans le contexte des crises économiques, sociales et écologiques qui semblent marquer le début de ce siÚcle.

Les dĂ©bats entamĂ©s Ă  la suite des mouvements de libĂ©ration de la femme, de mai 1968 ou dĂ©fendant les droits des homosexuels, se poursuivent au XXIe siĂšcle, aprĂšs avoir, concernant la natalitĂ©, mieux formalisĂ© dans les annĂ©es 1990[31] puis 2000-2010. Ils comprennent des dĂ©bats rĂ©currents sur la fĂ©condation assistĂ©e, l'adoption, la gestation pour autrui, et le mariage homosexuel et sur la possibilitĂ© lĂ©galement dĂ©finie d'Ă©lever et adopter des enfants pour ces couples[32], autant d'Ă©lĂ©ments qui pourraient peut-ĂȘtre modestement influer sur la natalitĂ© du pays.

Mesures actuelles de soutien aux naissances

Notons d'abord que les mesures d'aide à la famille ne font aucune différence entre familles françaises et étrangÚres résidant en France.

La Prestation d'accueil du jeune enfant (PAJE) a été mise en place en janvier 2004 (gouvernement Jean-Pierre Raffarin) et s'applique aux enfants nés ou adoptés à partir de cette date. Les montants repris ci-aprÚs s'entendent à la date du .

Cette prestation comporte :

  • La prime Ă  la naissance, versĂ©e en une seule fois, au cours du septiĂšme mois de grossesse : montant 855,25 â‚Ź (Ă  partir de ). Pour les enfants adoptĂ©s, elle est remplacĂ©e par la prime Ă  l'adoption. Celle-ci s'Ă©lĂšve Ă  1 710,49 € Ă  partir du .
  • L’allocation de base. D’un montant de 171,06 â‚Ź par mois, elle est versĂ©e Ă  partir de la naissance, jusqu’au troisiĂšme anniversaire de l'enfant. Tant la prime Ă  la naissance que l'allocation de base sont versĂ©es sous conditions de ressources (plafond de 25 430 € pour une famille avec un enfant, 30 516 € pour deux enfants, 36 619 € pour trois enfants et 6 103 € de plus pour chaque enfant supplĂ©mentaire). Ce montant ne se cumule pas : il est fixe, quel que soit le nombre d'enfants de moins de 36 mois (par exemple un enfant de six mois et un autre de deux ans ne donnent droit qu'Ă  une seule prime de 171,06 euros par mois).
  • Le complĂ©ment de libre choix d’activitĂ© : est attribuĂ© au cas oĂč le parent cesserait partiellement ou totalement son activitĂ© professionnelle pour s'occuper de son enfant, sous condition d'avoir exercĂ© cette activitĂ© durant un certain temps. Ce complĂ©ment est attribuable pendant six mois pour le premier enfant, et jusqu'au troisiĂšme anniversaire du plus jeune, au cas oĂč il y a plus d'un enfant. Le montant maximal est de 359,67 â‚Ź Ă  taux plein (cessation totale d'activitĂ©). Ces montants sont majorĂ©s pour les mĂ©nages n'ayant pas droit Ă  l'allocation de base (530,72 â‚Ź Ă  taux plein).
  • Le complĂ©ment optionnel de libre choix d'activitĂ© (Colca) : Nouveau congĂ© parental d'une durĂ©e d'un an maximum attribuĂ© pour la naissance ou l'adoption du troisiĂšme enfant. Il est entrĂ© en vigueur le . RĂ©munĂ©rĂ© 587,90 â‚Ź par mois pour les personnes bĂ©nĂ©ficiant de l'allocation de base de la Paje, et 758,95 â‚Ź par mois dans le cas contraire. La cessation d'activitĂ© doit ĂȘtre totale et s'applique au parent ayant travaillĂ© au moins deux ans.
  • Le complĂ©ment de libre choix du mode de garde : Il s'applique aux enfants de moins de six ans nĂ©s aprĂšs le . Il est destinĂ© Ă  compenser les frais de garde des enfants, soit Ă  domicile, soit dans une institution.

La Prestation d'accueil du jeune enfant est une mesure typiquement nataliste en ce sens qu'elle vise la naissance et les premiÚres années de l'enfant et que son importance augmente avec le rang de celui-ci (mesure destinée à multiplier les familles nombreuses)[33].

Autres mesures :

Impact de la pandémie de Covid-19 sur la natalité

En réponse à la pandémie de Covid-19 (coronavirus), la France met en place à deux reprises un confinement de sa population : la premiÚre fois du jusqu'au et la deuxiÚme fois du jusqu'au .

Les effets de ces confinements et de la crise sanitaire en général sur la natalité ne seront connus qu'au cours de l'année 2021. Des chercheurs s'attendent toutefois à une baisse significative du nombre de naissances dans les pays développés[36].

Pour le mois de décembre 2020, soit environ neuf mois aprÚs le premier confinement, les naissances diminuent de 7,3 % en France par rapport à l'année précédente[37].

Taux de fécondité

Le taux de fĂ©conditĂ© est le nombre moyen d'enfants mis au monde par l'ensemble des femmes d'une population, calculĂ© d'aprĂšs les donnĂ©es de natalitĂ©. Pour assurer le simple remplacement des gĂ©nĂ©rations, un taux de fĂ©conditĂ© minimum de 2,07 est nĂ©cessaire, dans les conditions de mortalitĂ© rĂ©gnant aujourd'hui en France. C’est-Ă -dire que chaque femme doit avoir en moyenne 2,07 enfants au cours de sa vie, nombre nĂ©cessaire pour qu'en moyenne 100 femmes soient remplacĂ©es par 100 filles. Il faut en effet tenir compte du fait qu'il naĂźt approximativement 105 garçons pour 100 filles, et que tous les bĂ©bĂ©s n'arriveront pas Ă  l'Ăąge de la reproduction, puisqu'il en meurt un certain nombre avant la pubertĂ© (surtout au cours de la premiĂšre annĂ©e ; en 2013, la mortalitĂ© infantile est de 3,5 pour mille[38]).

Évolution de la fĂ©conditĂ©

Les chiffres suivants sont fournis par l'Insee et concernent à la fois la France entiÚre (c'est-à-dire la France y compris les DROM) et la France métropolitaine[39] - [40] :

AnnéeFrance entiÚreFrance métropolitaineDROM
19941,681,66
19951,731,71
19961,751,73
19971,751,73
19981,781,76
19991,811,792,32
20001,891,872,45
20011,901,882,42
20021,881,862,35
20031,891,872,38
20041,921,902,40
20051,941,922,46
20062,001,982,48
20071,981,962,48
20082,011,992,46
20092,001,992,42
20102,032,022,39
20112,012,002,40
20122,011,992,48
20131,991,972,44
20142,001,972,69
20151,961,932,78
20161,921,892,83
20171,891,862,86
20181,871,842,82
20191,861,832,85
20201,821,792,79
20211,841,80
20221,801,76
AnnéeFrance entiÚreFrance métropolitaineDROM

En 1975, le taux de fécondité est passé sous le seuil de remplacement des générations (2,07), puis a continué à décroßtre jusqu'en 1993-1994 (1,66). Depuis ce minimum, le taux de fécondité est remonté et a atteint en 2006 la valeur de 2. Bien que plus élevé que la moyenne européenne, ce niveau n'est pas suffisant pour assurer la reproduction de la population : un taux de fécondité d'au moins 2,07 est nécessaire pour cela.

Le taux de fécondité de 1,98 observé en 2006 en France métropolitaine correspond à un taux net de reproduction de 0,96.

À noter l'alternance de pĂ©riodes de haute et de basse fĂ©conditĂ© depuis au moins le dĂ©but du XXe siĂšcle, chacune d'Ă  peu prĂšs 30 ans, c’est-Ă -dire de la durĂ©e approximative d'une gĂ©nĂ©ration :

  • 1914-1943 : basse fĂ©conditĂ© et effondrement du nombre des naissances (aggravĂ© par la perte de nombreux hommes jeunes lors de la PremiĂšre Guerre mondiale).
  • 1944-1974 : haute fĂ©conditĂ© et baby-boom.
  • 1975-2005 : basse fĂ©conditĂ©, mais partiellement compensĂ©e par la baisse de la mortalitĂ© infantile et par l'apport migratoire, avec nette remontĂ©e dans les derniĂšres annĂ©es.

Fécondité des régions

En 2022, la fécondité varie de 1,37 en Corse à 4,66 à Mayotte.

Fécondité des femmes immigrées

Dans une étude publiée en 2004, et analysant en détail l'impact de l'immigration sur la population de la France métropolitaine, le chercheur démographe français de l'INED, Laurent Toulemon, est parvenu à cerner de prÚs les effets de l'immigration sur la fécondité et la natalité en France dans les années 1990-1998[41].

Il apparait que durant cette période 17,1 % des naissances, soit plus d'un sixiÚme, sont dues à au moins un parent immigré. La moitié d'entre ces naissances étaient issues de deux parents immigrés (8,6 % du total des naissances de France métropolitaine), le reste, soit 8,5 %, étant dû pour moitié à un pÚre immigré et à une mÚre française (4,2 %) et pour moitié à une mÚre immigrée et à un pÚre français (4,3 %).

Laurent Toulemon est aussi parvenu à déterminer les taux de fécondité des femmes françaises nées en France, ainsi que de toutes les communautés principales d'immigrantes en France, d'aprÚs leur pays d'origine :

Taux de fécondité
en France (1990-98)
Taux de fécondité
du pays d'origine (1990-98)
Ensemble des femmes 1,74
Françaises nées en métropole 1,70
Immigrées 2,16
Françaises nées hors métropole
(DOM-TOM et Ă©tranger)
1,86
Pays d'origine
Espagne 1,52 1,23
Italie 1,60 1,24
Portugal 1,96 1,49
Autre pays de l'UE 1,66 1,44
Autre pays d'Europe 1,68 1,41
Algérie 2,57 3,64
Maroc 2,97 3,28
Tunisie 2,90 2,73
Autre pays d'Afrique 2,86 5,89
Turquie 3,21 2,90
Autre pays d'Asie 1,77 2,85
Amérique et Océanie 2,00 2,54

On constate qu'en général les femmes issues des pays à faible fécondité (toute l'Europe, plus la Tunisie et la Turquie) ont plus d'enfants en France que dans leur ancien pays. Et c'est le contraire pour les femmes originaire d'un pays à haute fécondité (essentiellement l'ensemble des pays d'Afrique y compris le Maroc et l'Algérie). L'ensemble des originaires des pays d'Asie (sauf la Turquie), d'Amérique et d'Océanie ont également une fécondité nettement plus faible en France que dans leur pays de naissance.

Augmentation récente de la fécondité (1999-2004)

L'augmentation récente de la fécondité en France métropolitaine, observée parmi les femmes françaises, étrangÚres, naturalisées et immigrées, a fait l'objet d'une intéressante publication de l'INED sous la plume des démographes François Héran et Gilles Pison[42]. Le petit tableau ci-dessous résume la croissance observée entre 1999 et 2004, au sein des divers groupes de femmes, réparties par origine, et résidant en France. Notons qu'en 2004, les étrangÚres et les immigrées constituaient respectivement 7 % et un peu plus de 10 % de la totalité des femmes en ùge de procréer.

Taux de fécondité
en 1999
Taux de fécondité
en 2004
Ensemble des femmes 1,79 1,90
Françaises de naissance 1,7 1,8
Immigrées 2,6
Françaises par acquisition 2,1
Étrangùres 2,8 3,3

Ces chiffres sont trĂšs significatifs et l'on peut en tirer plusieurs enseignements :

Primo, la fĂ©conditĂ© a augmentĂ© pour toutes les femmes, françaises de naissance incluses. Il est vrai que la hausse est particuliĂšrement Ă©levĂ©e pour les femmes Ă©trangĂšres, mais ceci est en relation avec la forte augmentation depuis 1999 du nombre de femmes originaires de pays asiatiques et surtout africains, Ă  haute fĂ©conditĂ©. En d'autres mots, la composition de la population Ă©trangĂšre a Ă©tĂ© fortement modifiĂ©e, Ă  la suite de la vague d'immigration constatĂ©e depuis 1999. Ainsi le nombre de naissances de mĂšre originaire d'Afrique noire est passĂ© de 14 861 en 1999 Ă  21 452 en 2004, soit une augmentation de plus de 44 % en 5 ans.

Ensuite la fécondité des femmes immigrées, naturalisées et étrangÚres incluses, est déjà nettement moindre avec 2,6 enfants par femme. Ceci est dû au fait que les femmes ayant acquis la nationalité française, ont un taux de fécondité à peine supérieur à celui des femmes nées françaises (2,1 contre 1,8).

Enfin, il est remarquable, dans le contexte européen actuel, de constater que la fécondité des femmes françaises de naissance qui constituent 90 % des femmes en ùge de procréer, ait atteint le niveau de 1,8 enfant par femme, ceci en franche opposition avec tous les pays voisins. On a calculé qu'en Suisse la fécondité des Suissesses de naissance n'est que de 1,2 par exemple. Pour l'Allemagne, l'Espagne et l'Italie, le taux de fécondité est à peu prÚs aussi bas, voire plus bas (Italie).

François Héran et Gilles Pison estiment que c'est avant tout la fécondité des Françaises qu'il faut expliquer, et non pas celle des étrangÚres, et qu'il est impossible de le faire sans souligner la politique de soutien à la famille et à l'enfance pratiquée continuellement en France depuis la DeuxiÚme Guerre mondiale et qui bénéficie d'un large consensus dans le pays.

Il paraĂźt donc vraisemblable que la hausse de la fĂ©conditĂ©, plus importante encore, constatĂ©e en 2005 et surtout en 2006, soit en relation avec les nouvelles dispositions de la PAJE ou Prestations d'accueil du jeune enfant, mise en Ɠuvre en 2004 et constituant un soutien toujours plus important Ă  l'accroissement du nombre des naissances (voir plus haut le paragraphe intitulĂ© « Mesures actuelles de soutien aux naissances »).

Nombre d'enfants par famille

Note : notions de ménages et de familles
MĂ©nage : C'est l'ensemble des occupants d'un mĂȘme logement, quels que soient les liens qui les unissent. Il peut n'y avoir aucun lien de parentĂ© entre eux. Un mĂ©nage peut se rĂ©duire Ă  une seule personne.
Famille : C'est un ensemble d'au moins deux personnes du mĂȘme mĂ©nage, constituĂ©
- soit d'un couple marié ou non, et, éventuellement de ses enfants célibataires sans enfant
- soit d'un parent avec ses enfants (famille monoparentale).
Un ménage peut comporter plusieurs familles, comme ce fut et c'est encore souvent le cas chez certains agriculteurs.
Les membres d'un ménage n'appartenant pas à une famille sont appelés « personnes isolées » ou « isolés » tout simplement.

Pourcentage des familles en 1999, en Aquitaine, suivant le nombre d'enfants de moins de 25 ans vivant sous leur toit :

Nombre d'enfants Familles immigrées
en France
Toutes les familles
en France
Pas d'enfants 38,7 46,5
Un enfant 21,0 22,5
Deux enfants 20,4 20,2
Trois enfants 11,3 7,9
Quatre enfants et plus 8,6 2,9
Total 100,0 100,0

Source : Insee[43].

Procréation médicalement assistée

Voir aussi : procréation médicalement assistée

En France, il y a, en 2009, 119 649 tentatives d'AMP par an[44], dont 54 179 insĂ©minations artificielles et 65 413 cycles de fĂ©condation in vitro (FIV, ICSI et TEC) par an[44]. 3 % de ces fĂ©condations in vitro sont rĂ©alisĂ©es avec les gamĂštes d'un donneur[44]. 238 000 embryons sont conçus par an dans le cadre de l'AMP ; ils sont par la suite soit implantĂ©s, soit congelĂ©s, soit dĂ©truits. Ils donnent lieu Ă  7 350 accouchements[44] (soit un peu moins de 1 % des naissances).

Notes et références

  1. INSEE, « Bilan démographique 2022 », sur INSEE (consulté le )
  2. « NatalitĂ© - FĂ©conditĂ© − Tableaux de l'Ă©conomie française | Insee », sur www.insee.fr (consultĂ© le )
  3. « Bilan démographique 2016 », sur Insee,
  4. (en)Eurostat - Total fertility rate
  5. FĂ©conditĂ© : la France toujours en tĂȘte des pays d'Europe, Les Echos, 8 mars 2017
  6. Insee, « Tableau T37quater - Nés vivants selon le pays de naissance des parents (Union européenne à 28 ou non) », sur Insee.fr, (consulté le )
  7. État civil : naissances et dĂ©cĂšs en 2016, Insee, octobre 2016
  8. (fr) Le nombre de cancers du sein est en diminution en France depuis 2005, Le Monde le 19.02.08.
  9. Paul Sugy, « JérÎme Fourquet: «Il y a concomitance des atteintes aux politiques familiales avec le déclin des naissances» », sur Le Figaro.fr, (consulté le )
  10. Arnaud RĂ©gnier-Loilier et Jean-Marc Rohrbasser, « Y a-t-il une saison pour faire des enfants ? », Population & SociĂ©tĂ©s, INED, no NumĂ©ro 474,‎ (ISSN 0184-7783, lire en ligne)
  11. Arnaud RĂ©gnier-Loilier, « Les naissances « au fil des saisons » », Revue europĂ©enne des sciences sociales. European Journal of Social Sciences, no XLII-129,‎ , p. 293–305 (ISSN 0048-8046, DOI 10.4000/ress.431, lire en ligne, consultĂ© le )
  12. Les immigrés, les descendants d'immigrés et leurs enfants, Pascale Breuil-Genier, Catherine Borrel, Bertrand Lhommeau, Insee 2011
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  14. Paul-André Rosental (2010), Politique familiale et natalité en France: un siÚcle de mutations d'une question sociétale ; Santé, Société et Solidarité, Dossier Politiques familiales et fécondité, vol. 9 no 2, p. 17-25
  15. Daguet F., 2000, « L'évolution de la fécondité des générations nées de 1917 à 1949 : analyse par rang de naissance et niveau de diplÎme », Population, 55 (6), p. 1021-1034.
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  17. « De nouvelles prioritĂ©s pour un État arbitre ? », sur Vie-publique.fr,
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  22. Mazuy M., Toulemon L., 2001, Étude de l'histoire familiale. Premiers rĂ©sultats de l'enquĂȘte en mĂ©nages, Ined, Coll. Dossiers et recherches de l'Ined, no 93, 86 p.
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  28. F. Prioux L'évolution démographique récente en France: les adultes vivent moins souvent en couple ; Population, 2011 ; cairn.info
  29. Dinh QC (1994), La population de la France à l'horizon 2050 ; Économie et statistique, no 274, p. 7-32
  30. Évolution dĂ©mographique en France et en Europe: Vers un accroissement inĂ©luctable de la population ĂągĂ©e ; Personnes ĂągĂ©es et rĂ©animation, 2012 - Springer
  31. R Sander Halvorsen, A Prieur (1996), « Le droit à l'indifférence: le mariage homosexuel » Actes de la recherche en sciences sociales
  32. D Borrillo, E Fassin, M Iacub (2001), Au-delà du PaCS: L'expertise familiale à l'épreuve de l'homosexualité ; Revue Le Banquet
  33. INED - Flux et reflux du natalisme par Michel-Louis Lévy (Population et Sociétés no 251) [PDF]
  34. « Complément de libre choix du mode de garde (Cmg) - Assistante maternelle »
  35. « Médaille de la famille »
  36. Coronavirus aux États-Unis : 500.000 bĂ©bĂ©s en moins en 2021 ?
  37. Insee - DĂ©mographie - Nombre de naissances vivantes - France
  38. « La mortalité infantile en France - Focus - Les mémos de la démo », sur INED
  39. « Bilan démographique 2022 », sur Insee,
  40. Insee - La situation démographique en 2020
  41. INED - Population et Société - La fécondité des immigrées, nouvelles données, nouvelle approche (avril 2004) [PDF]
  42. « Ined - Institut national d’études dĂ©mographiques »
  43. Insee Aquitaine - Le dossier - Les populations immigrées en Aquitaine (avril 2004) [PDF]
  44. Les chiffres clés, encadré complémentaire de Embryons congelés : le choix délicat des parents, Le Figaro, 12 mai 2009, p. 12.

Voir aussi

Bibliographie

  • L Toulemon (Institut national d'Ă©tudes dĂ©mographiques), M Mazuy, Les naissances sont retardĂ©es mais la fĂ©conditĂ© est stable ; Population, 2001 (rĂ©sumĂ© avec cairn.info)

Articles connexes

Liens externes

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