Micrognathie
La micrognathie ou micrognathisme est une hypoplasie de la mùchoire inférieure ou mandibule[1]. D'autres définitions impliquent les deux mùchoires[2] et considÚrent que lorsque la malformation n'atteint que le maxillaire inférieur, le patient est rétrognathe[3] - [Note 1].
Ătymologie
Micrognathie est formĂ© Ă partir du grec ancien ÎŒÎčÎșÏÏÏ / micros, petit et ÎłÎœÎŹÎžÎżÏ / gnathos, mĂąchoire.
ĂpidĂ©miologie
Sur une Ă©tude rĂ©trospective d'avril 1990 Ă aoĂ»t 2001, 58 fĆtus porteurs du diagnostic de micrognathie ont Ă©tĂ© identifiĂ©s. Quinze d'entre eux (26 %) prĂ©sentaient une micrognathie isolĂ©e Ă l'Ă©chographie. AprĂšs examen nĂ©o-natal, 14 des 15 fĆtus Ă©taient porteurs d'une anomalie supplĂ©mentaire. Onze avaient une fissure au niveau du palais mou et/ou dur. Sept des 13 enfants vivants Ă la naissance avaient une obstruction des voies aĂ©riennes supĂ©rieures moyenne Ă sĂ©vĂšre ayant nĂ©cessitĂ© une intervention. Quatre des 13 ont prĂ©sentĂ© des difficultĂ©s Ă s'alimenter de durĂ©e variable. Ces enfants ont Ă©tĂ© suivis de 1 Ă 10 ans aprĂšs leur naissance. Huit des 13 enfants vivants sont en bonne santĂ© et 5 ont prĂ©sentĂ© des retards de croissance moyens Ă sĂ©vĂšres[4].
Causes
- Une micrognathie peut ĂȘtre congĂ©nitale par arrĂȘt du dĂ©veloppement embryonnaire de cause hĂ©rĂ©ditaire[Note 2], infectieuse[5], mĂ©canique (flexion embryonnaire excessive[6]), toxique (syndrome d'alcoolisation fĆtale).
- Une micrognathie peut ĂȘtre acquise aprĂšs la naissance : traumatisme obstĂ©trical, processus inflammatoire de l'articulation temporo-maxillaire durant la prime enfance[7].
Formes cliniques
Elle peut ĂȘtre isolĂ©e ou associĂ©e Ă d'autres dysplasies crĂąnio-faciales voire d'autres anomalies plus gĂ©nĂ©rales (syndrome de Carey-Fineman-Ziter par exemple).
La micrognathie se retrouve dans :
- Le syndrome d'alcoolisation fĆtal
- Le syndrome de Gregg, consécutif à la contraction par la mÚre d'une rubéole lors d'une grossesse
- Le syndrome de DiGeorge ou microdélétion 22q11
- Le syndrome d'Ehlers-Danlos
- Le syndrome de Pierre Robin
- Le syndrome de Hallermann-Streiff
- La trisomie 13 ou syndrome de Patau
- La trisomie 18 ou syndrome d'Edwards
- Le syndrome de Turner
- Le syndrome de Noonan
- La progéria
- Le syndrome de Treacher Collins
- Le syndrome de Smith-Lemli-Opitz
- Le syndrome de Coffin-Lowry
- Le syndrome de Silver-Russel
- L'arthrite chronique juvénile
- Le syndrome du cri du chat
- Le syndrome de Bloom
- Le syndrome de Marfan
- Le syndrome de Goldenhar
- Le syndrome de Wolf-Hirschhorn
Diagnostic
- In utero, l'imagerie fĆtale, en particulier lâĂ©chographie 3D quand elle est possible, est importante dans le cadre d'une Ă©quipe bien entrainĂ©e et si possible pluri-disciplinaire[8].
- « Lorsquâune anomalie structurelle fĆtale est identifiĂ©e par Ă©chographie 2-D, le recours Ă dâautres techniques dâimagerie (telles que lâĂ©chocardiographie fĆtale, lâĂ©chographie obstĂ©tricale 3-D, lâIRM fĆtale ultra-rapide et, Ă lâoccasion, la radiographie fĆtale et la tomodensitomĂ©trie fĆtale peut sâavĂ©rer utile dans certains cas particuliers.
- Le dĂ©pistage gĂ©nĂ©tique parental visant des troubles dominants, rĂ©cessifs ou liĂ©s au chromosome X autosomiques particuliers peut sâavĂ©rer utile lorsque la prĂ©sence dâun tel diagnostic est soupçonnĂ©e chez le fĆtus.
- Le caryotype fĆtal, par lâintermĂ©diaire dâun prĂ©lĂšvement de villositĂ©s choriales ou dâune biopsie placentaire, dâune amniocentĂšse ou dâun prĂ©lĂšvement de sang fĆtal (cordocentĂšse) »[9].
Complications
- DifficultĂ©s respiratoires : Ă la naissance, l'intubation trachĂ©ale peut ĂȘtre nĂ©cessaire en cas de dĂ©tresse respiratoire[10]. Plus tard, la micrognathie peut induire des apnĂ©es du sommeil.
- DifficultĂ©s Ă la nutrition : la petite taille de la mĂąchoire interfĂšre avec l'alimentation du nourrisson : des tĂ©tines et des systĂšmes particuliers d'alimentation peuvent ĂȘtre utilisĂ©s afin d'Ă©viter des retards de croissance[11].
- ProblĂšmes dentaires : la diminution de la surface des mĂąchoires induit des malpositions dentaires. Dans les cas les moins sĂ©vĂšres, la micrognathie se corrige souvent d'elle-mĂȘme au cours de la croissance, surtout Ă la pubertĂ© lorsque la mĂąchoire se dĂ©veloppe. Cependant chez l'enfant, lorsque le diagnostic est suffisamment prĂ©coce, « l'extraction d'un groupe de dents (prĂ©molaires, germes des dents de sagesse), suivie du port, pendant une pĂ©riode de 2 Ă 3 ans, d'un appareil dentaire visant Ă dĂ©placer les dents par pression ou par traction, permet gĂ©nĂ©ralement d'obtenir un dĂ©veloppement correct des maxillaires et donc un bon alignement des dents. Chez l'adulte, le traitement de la micrognathie consiste Ă corriger chirurgicalement le maxillaire puis Ă rĂ©aligner les dents Ă l'aide d'un appareil orthodontique »[3].
- La micrognathie est parfois impliquée dans la mort subite du nourrisson[12].
Notes et références
Notes
- Du latin retro, en arriĂšre et du grec ancien ÎłÎœÎŹÎžÎżÏ/gnathos
- En 2004, John C. Carey suggĂšre que les Ă©quivalents humains des gĂšnes murins Hoxb1 et Cacna1s peuvent ĂȘtre en cause dans le dĂ©veloppement du syndrome de Carey-Fineman-Ziter
Références
- Dictionnaire de l'Académie de Médecine
- Emile Littré et A. Gilbert, Dictionnaire de médecine, chirurgie, 21e éd., Paris, BailliÚre, 1908
- Encyclopédie Larousse
- (en) I.M. Vettraino et al., « Clinical outcome of fetuses with sonographic diagnosis of isolated micrognathia », Obstetrics and gynecology, Lippincott Williams & Wilkins, vol. 102, no 4,â , p. 802-805 (ISSN 0029-7844, rĂ©sumĂ©)
- (en) T. Jaskoll et al., « Cytomegalovirus induces abnormal chondrogenesis and osteogenesis during embryonic mandibular development », BMC Developmental Biology, vol. 8, no 33,â (ISSN 1471-213X, lire en ligne)
- (en) J.W. Hanson et D.W. Smith, « U-shaped palatal defect in the Robin anomaly : developmental and clinical relevance », The Journal of Pediatrics, Elsevier, vol. 87,â , p. 30-33 (ISSN 0022-3476)
- (it) A. Martini, « Lâartrite cronica giovanile », dans Reumatologia pediatrica, Torino, Martini A ed., , p. 38-68
- N. Philip et al., « Approche de la dysmorphologie fĆtale in utero », GynĂ©cologie ObstĂ©trique & FertilitĂ©, Elsevier Masson SAS, vol. 38, no 11,â , p. 677-685 (ISSN 1297-9589)
- [PDF]Opinion de la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada
- Lâintubation difficile chez lâenfant : mythe ou rĂ©alitĂ© ?
- Tom , Lissauer et Graham Clayden, Pédiatrie: manuel illustré, De Boeck, , 330 p. (présentation en ligne)
- J.-P. Praud, « La mort subite du nourrisson : « Dodo sur le dos » ... et aprĂšs ? », Revue des Maladies Respiratoires, Elsevier Masson SAS, vol. 3, no 3-C1,â , p. 323-326 (ISSN 0761-8425, lire en ligne)