Syndrome de Turner
Le syndrome de Turner est une maladie génétique rare caractérisée par l'absence totale (monosomie) ou partielle (délétion) du second chromosome (le chromosome X chez les femmes), de la 23Úme paire dite « des chromosomes sexuels », qui diffÚre chez les filles XX, et les garçons XY. Avec donc typiquement un caryotype 45X0 chez un individu de sexe féminin, occasionnant notamment un retard de croissance, un problÚme de fertilité. Il est accompagné d'un risque plus élevé de présenter des malformations congénitales et des anomalies de type cardiovasculaires, rénales, osseuses, ORL ou endocriniennes. Dans le syndrome de Turner, on ne note pas de retard intellectuel mais plus souvent quelques difficultés en terme logico-mathématique et visuospatial.
Spécialité | Génétique médicale |
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CIM-10 | Q96 |
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CIM-9 | 758.6 |
DiseasesDB | 13461 |
MedlinePlus | 000379 |
eMedicine | 949681 |
MeSH | D014424 |
Patient UK | Turner-syndrome |
Mise en garde médicale
Prévalence
La fréquence de ce syndrome est d'une naissance de sexe féminin sur 2 500 soit 1 naissance (tous sexes confondus) sur 5 000[1]. Le syndrome de Turner est donc considéré comme une maladie rare touchant des individus de sexe féminin. Cette rareté est également liée à la fragilité des embryons atteints par le syndrome : 98 % des grossesses concernées aboutissent à une fausse couche précoce[2].
Origine et transmission
Le syndrome de Turner n'est gĂ©nĂ©ralement pas hĂ©rĂ©ditaire. Il se produit plutĂŽt lors de la formation des cellules reproductrices chez un des parents, ou alors trĂšs tĂŽt au cours du dĂ©veloppement embryonnaire, câest-Ă -dire au dĂ©but de la division cellulaire. LâĂąge de la mĂšre au moment de la grossesse nâest pas en cause dans le syndrome de Turner. On ne retrouve pas non plus de causes environnementales. Dans le syndrome de Turner, peuvent se retrouver plusieurs types de caryotypes : le caryotype avec un syndrome de Turner complet 45X0, le caryotype avec un syndrome de Turner en mosaĂŻque et le caryotype avec prĂ©sence dâune dĂ©lĂ©tion du second chromosome X. Dans le cas du caryotype 45 X0, aucune des cellules de l'organisme n'a de second chromosome X, ce qui reprĂ©sente environ 50 % des cas. Dans le cas du syndrome de Turner dit en mosaĂŻque, certaines cellules disposent des deux chromosomes sexuels X (cellules 46, XX) alors que d'autres non (cellules 45 X0). Le caryotype est alors de phĂ©notype fĂ©minin. Certains cas rares peuvent ĂȘtre liĂ©s Ă une anomalie de structure du chromosome X, ce qu'on appelle monosomies partielles (ou dĂ©lĂ©tions).
SymptĂŽmes
Le syndrome de Turner se caractĂ©rise quasi-systĂ©matiquement par une petite taille et par d'autres signes prĂ©sents de maniĂšre variable chez les patientes : prĂ©sence d'un grand nombre de nĂŠvi (grains de beautĂ©), d'un lymphĆdĂšme des mains et des pieds Ă la naissance, etc. Certains problĂšmes cardiaques, rĂ©naux ou auditifs peuvent aussi apparaĂźtre. Dans environ 15 % des cas[1], des rĂšgles spontanĂ©es peuvent survenir (principalement dans le cas du syndrome de Turner en mosaĂŻque).
Le syndrome de Turner est caractérisé par la présence d'un ou plusieurs symptÎmes.
- à la naissance, il se manifeste par une taille réduite, et, en général, un gonflement du dos, des mains et des pieds ainsi qu'un cou à l'aspect palmé caractéristique (pterygium colli) mais le nouveau-né peut ne pas présenter de symptÎme visible.
- un syndrome d'infantilisme quasi constant : petite taille (-3 à -4 écarts-types) soit une perte d'environ 20 cm par rapport à la taille attendue à l'ùge adulte et impubérisme ou dysgénésie gonadique ;
- une dysmorphie craniofaciale : visage triangulaire, hypoplasie du maxillaire inférieur, rétrognatie, oreilles basses ;
- des cheveux implantés bas, un cou court, un thorax large « en bouclier » (pectus excavatum), un écartement mamelonnaire ;
- absence de menstruation, il y a présence d'utérus mais aucun ovule ;
- un risque accru de malformations cardiaques ou rénales, en particulier bicuspidie aortique, anévrisme de l'aorte ascendante[3] pouvant se compliquer de dissection[4] ;
- un risque accru d'atteintes de la thyroĂŻde ;
- un risque accru d'atteintes ORL, notamment d'otites à répétition durant la petite enfance pouvant entrainer une perte d'audition plus ou moins sévÚre.
Diagnostic
La suspicion et le diagnostic du syndrome de Turner peut arriver pendant la grossesse, lors des diffĂ©rentes Ă©chographies (signes de retard de croissance fĆtale, clartĂ© nucale, certaines malformations cardiaques ou rĂ©nales, etc.). Mais le syndrome de Turner est le plus souvent dĂ©tectĂ© pendant l'enfance (devant un retard de croissance chez une petite fille, accompagnĂ© ou non de malformations caractĂ©ristiques ORL, cardiovasculaires, rĂ©nalesâŠ), ou Ă l'adolescence lorsque la pubertĂ©, et les rĂšgles ne surviennent pas. L'Ă©tude du caryotype permet de confirmer le diagnostic. Pendant la grossesse grĂące Ă une amniocentĂšse ou une choriocentĂšse (pendant la pĂ©riode prĂ©natale). Voir plus tard dans lâenfance ou lâĂąge adulte avec une prise de sang et/ou salivaire spĂ©cifique.
Prise en charge
Traitements
Il n'existe pas de traitement au syndrome de Turner. Cependant, il est possible de minimiser certains symptÎmes, à travers la prise d'hormone de croissance et d'un traitement hormonal substitutif[5] ainsi que par la prise en charge des affections associées. En France, la Haute autorité de santé recommande un suivi pluridisciplinaire[6].
La prise d'hormone de croissance a lieu durant l'enfance et l'adolescence, jusqu'à ce que la taille maximale soit atteinte, en général jusqu'à 18 ans. L'ùge osseux est suivi jusqu'à l'ùge adulte[6].
Un traitement hormonal substitutif en ĆstrogĂšnes et progestĂ©rone peut ĂȘtre mis en place pour contrer l'insuffisance ovarienne qui touche plus de 95 % des patientes. Il permet soit de provoquer une pubertĂ© soit de maintenir la survenue d'une pubertĂ© dĂ©butĂ©e spontanĂ©ment (30 % des cas), mais qui a tendance Ă s'interrompre rapidement. L'administration d'hormones peut dĂ©buter Ă partir de 12 ou 13 ans, ou dĂšs que l'Ăąge osseux est supĂ©rieur Ă 11 ans. Seul lâĆstrogĂšne est administrĂ© dans un premier temps, suivi environ deux ans aprĂšs par la progestĂ©rone. L'hormonothĂ©rapie se poursuit durant l'Ăąge adulte[6].
D'autres traitements non spĂ©cifiques peuvent ĂȘtre mis en place selon les autres affections de la personne, comme un rĂ©gime alimentaire adaptĂ©, une prise en charge kinĂ©sithĂ©rapique, voire des interventions chirurgicales[6].
La HAS recommande Ă©galement une Ă©ducation de la patiente et de sa famille.
Suivi
à l'ùge adulte, un suivi pluridisciplinaire est fortement recommandé par des équipes spécialisées (avec endocrinologues-gynécologues, cardiologues en premier lieu, ORL, gastroentérologues, si les antécédents le nécessitent)[6].
En endocrinologie, afin de permettre la poursuite dâun traitement hormonal substitutif (ĆstrogĂšnes et progestĂ©rone) qui est fondamental pour le bien-ĂȘtre de la jeune femme. Et bien sĂ»r pour Ă©valuer les antĂ©cĂ©dents gynĂ©cologiques ou les souhaits de grossesse de la jeune femme. Un suivi thyroĂŻdien rĂ©gulier est Ă©galement trĂšs important pour toutes les jeunes femmes turnĂ©riennes, au moins une fois par an.
En cardiologie avec des cardiologues spécialistes des cardiopathies congénitales, avec une échographie cardiaque recommandée tous les 3 à 5 ans, au moment d'un souhait de grossesse, ou plus fréquemment si des antécédents cardiologiques de la jeune femme le nécessitent[6].
Fertilité et grossesse
Avec les avancĂ©es des sciences de la reproduction, les jeunes filles Turner ont maintenant des possibilitĂ©s de grossesse. Elles peuvent ĂȘtre spontanĂ©es dans moins de 2 % des cas ou par don d'ovocytes pour la majoritĂ© d'entre elles. Il est Ă noter que deux dĂ©cĂšs de patientes Turner (en France) Ă la suite d'une dissection aortique survenue durant (ou peu aprĂšs) une grossesse ont Ă©tĂ© relevĂ©s en 2007 et 2008. Ă la suite de ces dĂ©cĂšs, un groupe de travail multidisciplinaire (gynĂ©cologues-obstĂ©triciens, cardiologues, endocrinologues) a Ă©tabli un protocole de suivi des patientes Turner en cas de grossesse afin d'Ă©carter tout risque cardiologique.
Histoire
Le syndrome a été découvert par Henri Turner, un médecin américain qui a décrit, en 1938, un syndrome associant notamment, chez une femme de petite taille, un impubérisme sans caractÚres sexuels secondaires (seins et pilosité), et la présence fréquente d'un pli cutané latéral du cou.
Ă l'Ă©poque, la description Ă©tait purement clinique, car on ne dĂ©terminait pas encore les caryotypes. Les premiers caryotypes datent de 1959. L'annĂ©e suivante, Charles E. Ford dĂ©crivait l'existence de la monosomie X, câest-Ă -dire l'absence d'un chromosome X, qui caractĂ©rise les syndromes de Turner les plus frĂ©quents.
Les anomalies du chromosome X ont été décrites pour la premiÚre fois en 1965. Les premiers traitements de la petite taille du syndrome de Turner par l'hormone de croissance, datent des années 1990 (1986, autorisation de mise sur le marché sous protocole).
Notes et références
- « Le syndrome de turner (Orphanet - Mars 2011) », sur www.orpha.net, (consulté le )
- « Expectant Parents | Turner Syndrome Society of the United States s », sur www.turnersyndrome.org (consulté le )
- Donadille B, Tuffet S, Cholet C et al. Prevalence and progression of aortic dilatation in adult patients with Turner syndrome: a cohort study, Eur J Endocrinol, 2020;183:463-470
- Silberbach M, Roos-Hesselink JW, Andersen NH et al. Cardiovascular health in Turner syndrome: a scientific statement from the American Heart Association, Circ Genomic Precis Med, 2018;11:e000048
- (en) « Eunice Kennedy Shriver National Institute of Child Health and Human Development - NICHD », sur www.nichd.nih.gov (consulté le )
- « Haute Autorité de Santé 2008 »
Sources
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Ressources relatives à la santé :
- ICD9Data.com
- MalaCards
- Orphanet
- SjukvÄrdsrÄdgivningen
- (en) Diseases Ontology
- (en) DiseasesDB
- (en + es) Genetic and Rare Diseases Information Center
- (en) ICD-10 Version:2016
- (en) Medical Subject Headings
- (en + es) MedlinePlus
- (en) NCI Thesaurus
- (en) PatientLikeMe
- (cs + sk) WikiSkripta
Bibliographie
- Bost M (1995). Les enjeux de la féminisation dans le syndrome de Turner.
- Cabrol S (2007) Le syndrome de Turner. In Annales d'endocrinologie (FĂ©vrier, Vol. 68, No. 1, pp. 2-9). Elsevier Masson.
- Cabrol S, Saab C, Gourmelen M, Raux-Demay M.C & Le Bouc Y (1996) Syndrome de Turner: croissance staturopondérale et maturation osseuse spontanées. Archives de pédiatrie, 3(4), 313-318|résumé.
- LARBI, O. (2016). Syndrome de Turner (Doctoral dissertation).
- Mathisen B, Reilly S & Skuse D (1992) Oralâmotor dysfunction and feeding disorders of infants with Turner syndrome. Developmental Medicine & Child Neurology, 34(2), 141-149.