Syndrome de Pierre Robin
Le syndrome de Pierre Robin se caractérise par des malformations du menton et du palais, associées à des difficultés alimentaires et respiratoires chez le nouveau-né, parfois incluses dans un tableau syndromique plus large.
SymptĂŽmes | Glossoptose (en) |
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Spécialité | Génétique médicale |
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CIM-10 | Q87.0 |
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CIM-9 | 756.0 |
OMIM | 261800 |
DiseasesDB | 29413 |
MedlinePlus | 001607 |
eMedicine |
ped/2680 ent/150 |
MeSH | D010855 |
Patient UK | Pierre-robin-sequence |
Mise en garde médicale
Anomalies anatomiques
Le syndrome de Pierre Robin, ou plus précisément séquence de Pierre Robin (SPR), se caractérise par la présence chez un nouveau-né de la triade oro-faciale suivante :
- rétrognathisme et micrognathisme (menton en retrait et de petite taille) ;
- fente vélo-palatine postérieure médiane (le voile du palais est fendu) ;
- glossoptose (la langue part en arriĂšre dans la gorge).
Diagnostic
La prĂ©valence est d'environ un nouveau-nĂ© sur 8 000 Ă 10 000[1]. Dans certains cas, la sĂ©quence de Pierre Robin peut ĂȘtre dĂ©tectĂ©e en antĂ©-natal par Ă©chographie, orientant alors vers un accouchement en maternitĂ© de niveau 3.
Une origine embryonnaire
On parle de « sĂ©quence » car ces anomalies semblent ĂȘtre les consĂ©quences les unes des autres lors du dĂ©veloppement embryonnaire. La fente palatine postĂ©rieure est vraisemblablement la consĂ©quence d'un dĂ©faut de fermeture du palais secondaire (vers 45 jours de gestation), liĂ© Ă la persistance de la langue en position verticale, du fait d'un dĂ©faut de dĂ©veloppement de la mandibule, le tout pouvant ĂȘtre causĂ© par une hypo-mobilitĂ© oro-faciale associĂ©e Ă un dĂ©faut de fonctionnement du tronc cĂ©rĂ©bral. Ainsi, les progrĂšs en embryologie ont permis de remettre en cause la vision qui prĂ©dominait jusque dans les annĂ©es 1980 : ce n'est pas parce que les enfants SPR ont une fente qu'ils ne tĂȘtent pas, c'est parce qu'ils ne tĂȘtent pas qu'ils ont une fente.
Troubles fonctionnels
Le tableau clinique comprend essentiellement des troubles fonctionnels de succion-déglutition-ventilation, dont la gravité varie d'un enfant à l'autre (du stade 1 au stade 3 plus grave) et n'est pas directement corrélée à l'ampleur des malformations (taille de la fente par exemple) :
- L'alimentation du nouveau-nĂ© est compliquĂ©e, entre impossibilitĂ© de faire le vide pour tĂ©ter, fausses routes, passage des aliments dans les voies nasales et/ou troubles de l'oralitĂ©. Dans tous les cas, l'enfant ne peut pas ĂȘtre nourri au sein, et la prise de biberon est trĂšs longue. Dans les cas les plus sĂ©vĂšres, l'alimentation se fait par sonde naso-gastrique pendant plusieurs mois.
- Les voies respiratoires peuvent ĂȘtre obstruĂ©es par la langue, d'oĂč la nĂ©cessitĂ© d'adopter un couchage ventral pour limiter apnĂ©es du sommeil et ronflements. Dans les cas les plus sĂ©vĂšres, un systĂšme de ventilation non-invasive par masque (VNI) assure la bonne oxygĂ©nation de l'enfant, et une labioglossopexie (fixation provisoire de l'avant de la langue sur la lĂšvre) peut ĂȘtre envisagĂ©e pour empĂȘcher la langue d'obstruer les voies respiratoires.
- La faiblesse des muscles du palais peut entraßner (par défaut de vidange des trompes d'Eustache) de fréquentes otites séreuses et/ou une surdité de transmission (nécessitant souvent la pose d'aérateurs trans-tympaniques) ainsi que des troubles de la phonation de type rhinolalie (nécessitant un suivi orthophonique).
Prise en charge chirurgicale
La fermeture chirurgicale de la fente vĂ©laire a souvent lieu en deux temps (entre 6 mois et un an, puis vers 18 mois). Les troubles fonctionnels (alimentaires et respiratoires) ne cessent pas immĂ©diatement avec la vĂ©loplastie, mais s'amĂ©liorent gĂ©nĂ©ralement au cours des deux premiĂšres annĂ©es de vie. Pour autant, les enfants SPR ont un suivi pluridisciplinaire rĂ©gulier associant pĂ©diatrie, pneumologie, chirurgie maxillo-faciale, ORL, audiomĂ©trie, orthophonie, orthodontie. Si le rĂ©trognatisme persiste, une opĂ©ration chirurgicale de distraction mandibulaire peut ĂȘtre envisagĂ©e en fin de croissance (vers 20 ans).
SPR associés
La sĂ©quence de Pierre Robin peut ĂȘtre isolĂ©e (dans environ 50 % des cas) ou incluse dans un tableau syndromique, souvent d'origine gĂ©nĂ©tique[1]. Des examens radiologiques, Ă©chographiques, d'orthopsie ou d'ophtalmologie visent Ă rechercher d'autres symptĂŽmes, notamment ceux de cardiopathies ou de collagĂ©nopathies (syndrome de Stickler par exemple).
Causes génétiques
MĂȘme pour les cas sporadiques, une prise en charge en consultation de gĂ©nĂ©tique est conseillĂ©e et s'accompagne d'analyses gĂ©nĂ©tiques : caryotype haute rĂ©solution (CGH), FISH (pour recherche de la microdĂ©lĂ©tion 22q11 par exemple), voire puce Ă ADN pour certains gĂšnes candidats. Un diagnostic antĂ©natal sera systĂ©matiquement mis en place en cas de nouvelle grossesse dans la famille.
Ressources
Pour la France, le centre de référence Maladies Rares est basé à l'hÎpital Necker-Enfants malades. L'association Tremplin SPR vise à informer les familles touchées par la séquence de Pierre Robin ou les syndromes associés.
Notes et références
- « Isolated Pierre Robin syndrome », sur Orphanet (consulté le )