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Maurice Kriegel-Valrimont

Maurice Kriegel-Valrimont, né le à Strasbourg et mort le à Paris 4e, est un militant communiste qui prit part à la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale et devint député après-guerre.

Il avait reçu avec le général Leclerc et Henri Rol-Tanguy la reddition de von Choltitz à la libération de Paris.

Biographie

Famille

Issu d'une famille juive ayant fui la double monarchie austro-hongroise pour l'Alsace alors allemande, Benjamin Maurice Kriegel-Valrimont nait Ă  Strasbourg en 1914[1].

Il est d'abord l'époux de Mala Ehrlischster, résistante tuée par les Allemands à Marseille, puis de Paulette Lesouëf de Brévillier (1915-2015), le père de la philosophe Blandine Kriegel et de l'architecte-paysagiste Anne Kriegel, le beau-père du journaliste Alexandre Adler et de l'architecte Bruno Fortier, et le beau-frère de l'historienne Annie Kriegel et l'oncle de la journaliste et écrivaine Danièle Kriegel.

Les années 1930 et la guerre

Maurice Kriegel-Valrimont a été militant à la CGT et aux Jeunesses communistes en 1936. Engagé dans la lutte antifasciste dès avant le , il arrive à Paris avec un diplôme de droit et travaille dans une compagnie d'assurances où il devient responsable syndical. Participant au Front populaire en 1936-1938, il est contraint à la clandestinité sous Vichy, et rencontre Jean-Pierre Vernant et Pierre Hervé à Toulouse. Arrêté une première fois, il s'évade et prend une part active dans l'organisation des Mouvements unis de la Résistance (MUR). En effet, en 1942, Raymond Aubrac lui propose d'organiser la branche militaire du mouvement Libération en zone sud. Il aurait voulu par dérision prendre comme nom de guerre Warlimont, par analogie au général de la Wehrmacht qui s’appelait ainsi, mais une erreur de graphie lui valut de passer dans l’histoire sous le nom de Valrimont[2](ajout officiel à son nom Kriegel le 15 juin 1979). Au printemps 1944, avec Pierre Villon et Jean de Vogüé[3], il est l'un des trois dirigeants du comité d'action militaire (COMAC) créé par le Conseil national de la Résistance (CNR).

À la fin du conflit, il reçoit le , avec Henri Rol-Tanguy et le général Leclerc la reddition du général von Choltitz, chef de la garnison allemande de Paris. En 1945, il est membre de l'Assemblée consultative, et dirige Action, grand hebdomadaire politique dans lequel on retrouve les signatures de Claude Roy, Vercors, Roger Vailland, etc.

Il est un des rouages essentiels de l’application du programme du Conseil national de la Résistance, notamment pour la fondation de la Sécurité sociale aux côtés de Pierre Laroque, Ambroise Croizat, Georges Buisson, Henri Raynaud, Maître Willard et de Francis Netter. Il se mobilise pour faire reconnaître le principe de solidarité, qui prendra forme avec les ordonnances des 4 et 19 octobre 1945, les lois du 22 mai, du 22 août et du 30 octobre 1946[4].

Il est élu député de Meurthe-et-Moselle en 1946, alors qu'il est toujours membre de l'Union républicaine et résistante. De plus, il est vice-président de la Haute Cour de justice (1946) qui juge les dirigeants collaborationnistes. Maurice Thorez lui propose alors de devenir un élu du PCF, qui fait alors 28,6 % des voix. Kriegel-Valrimont accepte la proposition, intègre le comité central en 1947, et reste donc député communiste de Meurthe-et-Moselle jusqu'en 1958. Il devient chargé du bureau de presse du PCF jusqu'à la fin des années 1950. Celui-ci chapeaute alors L'Humanité (500 000 exemplaires), Ce Soir et des quotidiens régionaux (tandis que la SFIO détient Le Populaire). Il fait également partie du Mouvement de la paix, où il côtoie en particulier Laurent Casanova.

Des rapports conflictuels avec le PCF

André Marty et Charles Tillon sont exclus de la direction du PCF en 1952 ; Maurice Kriegel-Valrimont vote alors leur exclusion. Il écrira dans ses mémoires : « Quand je me pose des questions sur ma vie, c'est le seul point où je ne me trouve pas d'excuses. » Les rapports avec la direction du parti se tendent cependant après le XXe Congrès du PCUS (1956). Alors que la direction du PCF nie dans un premier temps l'existence du rapport Khrouchtchev dénonçant les crimes du stalinisme et le culte de la personnalité, Maurice Kriegel, aux côtés de Laurent Casanova et de Marcel Servin, appuie la déstalinisation[5]. Il est alors écarté, le Comité central prenant prétexte de son refus d'affirmer que de Gaulle s'alignait sur l'impérialisme américain. Avec Servin et Casanova, il est accusé par la direction d'activités « fractionnistes » (et officieusement de « khrouchtchévisme »), et définitivement exclu de la direction du parti en mai 1961, à l'occasion du XVIe Congrès du PCF, au cours de l'« affaire Servin-Casanova ».

S'il n'a jamais repris sa carte au parti, travaillant comme employé de la Sécurité sociale, il participa à la fin des années 1980 à des tentatives de rénovation du parti, soutenant Pierre Juquin. Auparavant, il rompit le silence en signant, le , avec Charles Tillon, Roger Garaudy et Jean Pronteau une tribune condamnant l'intervention soviétique de 1968 contre le Printemps de Prague[6].

À quatre-vingt-cinq ans, il accepta néanmoins d'être candidat sur la liste menée par Robert Hue aux élections européennes de 1999, après avoir été réhabilité, avec l'ensemble des exclus du parti, par la direction en janvier 1998[6]. Robert Hue déclarait alors, devant quatre cents personnes à Longlaville, en Meurthe-et-Moselle : « Oui, le Parti communiste a été marqué, profondément et pendant longtemps, par le stalinisme […] Je veux exprimer toute ma satisfaction de la présence parmi nous de Maurice Kriegel-Valrimont, dont toute la vie témoigne de la force de son engagement à gauche et de la fidélité à ses convictions. »

Dernier combat

Maurice Kriegel-Valrimont a signé l'appel collectif de résistants de la première heure à la commémoration du 60e anniversaire du Programme du Conseil national de la Résistance du . Ce texte enjoint notamment aux « jeunes générations à faire vivre et retransmettre l'héritage de la Résistance et ses idéaux toujours actuels de démocratie économique, sociale et culturelle. »

Il a été inhumé au cimetière du Montparnasse (10e division, en bordure de l'allée principale).

Hommage et distinctions

DĂ©corations

Hommage

En septembre 2006, le Conseil de Paris décide, répondant au vœu des élus communistes visant à attribuer à une place ou à une rue de Paris le nom de Maurice Kriegel-Valrimont, de donner son nom au jardin public au centre du square de Clignancourt, situé dans le 18e arrondissement, où il vécut au no 15. Le square Maurice-Kriegel-Valrimont est inauguré par Bertrand Delanoë, maire de Paris, le 24 août 2007, en présence de nombreuses personnalités.

Publication

  • La LibĂ©ration : Les Archives du Comac, mai-aoĂ»t 1944, Éditions de Minuit, 1964.
  • MĂ©moires rebelles, avec Olivier Biffaud, Ă©d. Odile Jacob, 1999.
  • Ils nous ont dit : Vous ĂŞtes fous !, avec François Ruffin, Ă©d. Fakir, 2013.

Notes et références

  1. Maurice Kriegel-Valrimont « Quand tout est à refuser, il faut dire non », Michel Boissard (historien), l'Humanité du 9 juillet 2010.
  2. Olivier Wieviorka, Histoire de la résistance : 1940-1945, Paris, Perrin, , 574 p. (ISBN 978-2-262-02799-5), p. 131 [lire en ligne].
  3. Éloge de l’engagement : Maurice Kriegel-Valrimont, 11 décembre 2008, rediffusion d'un reportage de François Ruffin du 2 mars 2006, sur la-bas.org, consulté le 14 décembre 2008.
  4. Olivier Biffaud, Mémoires rebelles, Éditions Odile Jacob, 288 pages.
  5. « Maurice Kriegel-Valrimont »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?).
  6. Biographie de Maurice Kriegel-Valrimont sur le site de l'Assemblée nationale.
  7. Biographie sur le site du Who's Who.

Bibliographie

Liens externes

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