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Maud Allan

Maud Allan, née Beulah Maude Durrant ou Ulah Maud Alma Durrant, le à Toronto et morte le à Los Angeles, est une chorégraphe, danseuse étoile, pianiste et compositrice canado-américaine, principalement connue pour son interprétation de la « danse des sept voiles » dans La Vision de Salomé.

Maud Allan
Maud Allan vers 1910.
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  83 ans)
Los Angeles
Nationalité
Activités
Fratrie
Theodore Durrant (en)
Autres informations
Archives conservées par
UCLA Library Special Collections (d) (2038)

À la fin de la Première Guerre mondiale, elle a été calomniée et accusée d’espionnage, puis a intenté une action en justice sans succès pour diffamation.

Biographie

Jeunesse et formation

Maud Allan est le deuxième enfant du cordonnier itinérant William Durrant et de son épouse Isabelle, fille adoptive de Mme Dredger, ayant vécue à Toronto[1]. Elles est la sœur cadette de Theodore Durrant (1871-1898).

Jeune, Maud aimait le piano et était très doué musicalement. Son professeur était Mlle Lichenstein, une professeure de piano bien connue à Toronto et à Montréal à l’époque[1].

En , alors qu'elle a cinq ans, la famille part pour San Francisco, en Californie, Ă  la recherche de meilleures possibilitĂ©s de travail. Ă€ San Francisco, Maud et son frère Ă©tudient Ă  la Lincoln High School puis au Cogswell Technical Institute oĂą elle suit des cours de sculpture sur bois et se perfectionne au piano dans le but de devenir pianiste concertiste. En mĂŞme temps, Maud pratique et enseigne le piano[1]. Elle donne Ă©galement des concerts privĂ©s pour des personnes aisĂ©es vivant Ă  San Francisco comme Adolph Sutro. Selon la rumeur, Sutro serait son grand-père et le père biologique de sa mère, il y a suffisamment de preuves pour supposer que cela est vrai car la famille avait peu d’argent, mais ils ont pu envoyer son frère Theo dans un pensionnat privĂ© et s’offrir une maison dans un quartier aisĂ© de San Francisco appartenant Ă  Sutro[1].

La famille Durrant Ă©tait Ă©galement activement engagĂ©e dans l’Église baptiste Emmanuel, en particulier son frère Theo qui Ă©tait le surintendant adjoint de l’école du dimanche dans l’église[1]. Theo Ă©tait inscrit Ă  l’école de mĂ©decine du Cooper Medical College. Le professeur de piano de Maud, Eugene Bonelli, directeur de la San Francisco Grand Academy of Music, lui recommande de poursuivre ses Ă©tudes Ă  Berlin, en Allemagne, Ă  la Hochschule fur Musik. MĂŞme si sa famille semble en difficultĂ© financière, Isabelle, sa mère, la pousse pour qu’elle aille en Europe afin de poursuivre ses Ă©tudes[1]. Isabelle et Theo prĂ©voyaient de la retrouver en Allemagne et de voyager Ă  travers l’Europe avec elle ; Theo envisageait de poursuivre des Ă©tudes de mĂ©decine de troisième cycle en Europe Ă©galement[1].

En , Maud continue sa formation à la Königliche Akademische Hochschule für Musik de Berlin. Fin avril , son frère Theodore Durrant (en), étudiant en médecine, est arrêté pour le meurtre de deux jeunes femmes dans une église ; surnommé par la presse The Demon of the Belfry, il est condamné à mort, puis pendu le à la prison d'État de San Quentin alors que Maud vivait encore à Berlin. On suppose alors que Maud, face à ce scandale, changea son nom de famille, Durrant, pour « Allan », lui permettant ainsi d’accomplir sa carrière[2].

Carrière

Maud Allan en Salomé (illustration de presse, avant 1923).

Pour financer son séjour en Allemagne, Maud prend différents emplois, entre autres elle travaille comme modèle pour des produits cosmétiques, fait des travaux de couture et conçoit des corsages. En 1900, pour se faire un peu d'argent, on suppose qu'elle produit un travail de commande, des dessins pour un manuel de sexualité destiné aux femmes publié sous le titre Illustriertes Konversations-Lexikon der Frau.

Elle commence sa carrière de danseuse en faisant ses débuts au Conservatoire de Vienne le . Le critique musical belge Marcel Remy devient son mentor et lui compose la musique destinée à The Vision of Salome, qui fut son chef-d'œuvre. La mise en scène du Salomé d'Oscar Wilde par Max Reinhardt créée en 1903 au Theater am Schiffbauerdamm, influença sans doute les interprétations de Maud Allan.

Suivirent de nombreux concerts entre autres à Bruxelles (1904), à Liège (1905) et à Berlin (1905-1906). Elle décida d'abandonner ses études de musique. Une autre représentation de The Vision of Salome eut lieu le au Carltheater (Vienne). Sa performance ne fut pas regardée comme une simple imitation d'Isadora Duncan, même si certainement elle avait subi son influence et celle de quelques autres danseuses étoiles.

En raison de la censure qui sévissait alors, un engagement à la Schauspielhaus de Munich n'aboutit qu'à une représentation privée. La chorégraphie de Maud Allan suggéraient une indéniable sensualité, ainsi que ses poses et ses costumes. Le , elle se produit au Théâtre des Variétés à Paris, un jour avant la première française de l'opéra de Richard Strauss, Salomé (Théâtre du Châtelet). Elle devient membre temporaire de la Loïe Fuller Company.

À Marienbad, elle danse devant le roi Édouard VII, qui la recommande au Palace Theatre de Londres. La première, le , est un succès triomphal. Sa tournée s'achève en 1909, devenant le symbole de l'époque édouardienne. L'année précédente, elle avait publié son autobiographie, My Life and Dancing.

Elle obtient moins de succès en se produisant à Saint-Pétersbourg et à Moscou en 1910 à la suite d'une tournée en Amérique. En septembre 1910, elle commande à Claude Debussy une partition pour son ballet oriental Khamma (Isis en fut le titre de travail), mais le compositeur, excédé, ne l'acheva pas. En , elle entreprend une tournée en Afrique du Sud et, à Johannesbourg, et fait connaissance avec le Trio Cherniavsky (Leo, Jan, et Mischel, trois jeunes prodiges originaires d'Odessa). Ensemble, ils entreprennent entre 1913 et 1915 une tournée en Inde, en Australie et en Asie.

En 1916, elle revient Ă  Londres, oĂą elle veut reprendre sa carrière après deux ans d'absence. Involontairement, elle devient le personnage principal impliquĂ© dans un scandale de presse. Le le Britannique Noel Pemberton Billing, journaliste et dĂ©putĂ© ultra-conservateur, affirme dans le quotidien qu'il dirige, Vigilante, rĂ©putĂ© pour son caractère xĂ©nophobe et homophobe, qu'il existerait un Black Book (un « carnet secret » provenant des Allemands), dans lequel aurait Ă©tĂ© trouvĂ©s les noms de 47 000 homosexuels britanniques. DĂ©but fĂ©vrier suivant, J. T. Grein organise deux reprĂ©sentations privĂ©es, oĂą elle se produit en SalomĂ©, d'après Oscar Wilde, avec l'Independent Theatre Society. William Mansfield, lord-chambellan, veille alors Ă  ce que son apparition en public soit totalement interdite. Le , Pemberton-Billing poursuit sa harangue, et commente les reprĂ©sentations privĂ©es de Maud Allan toujours dans Vigilante avec un article intitulĂ© « Cult of the clitoris » : il y accuse Maud Allan d'ĂŞtre lesbienne et de figurer dans ce Black Book, de saper le moral des troupes avec ses spectacles pervers inspirĂ©s d'un homosexuel notoire, Oscar Wilde, et enfin, dĂ©voile le lien entre Maud et son frère Theo. Le lesbianisme n'est pas alors considĂ©rĂ© en Grande-Bretagne comme relevant d'un crime de droit commun. Cependant, la coupe est pleine, Maud Allan attaque le journaliste en diffamation entre autres pour avoir Ă©tĂ© assimilĂ©e Ă  une espionne. Après le procès contre le journaliste au bout duquel il fut acquittĂ©[3], Maud demeure encore un peu de temps Ă  Londres. Comme le scandale avait sali sa rĂ©putation et affectĂ© sa popularitĂ©, elle dĂ©cide alors de rentrer Ă  Los Angeles.

En Californie, elle avait en 1915 décroché le rôle principal dans le film The Rug Maker's Daughter d'Oscar Apfel. Avec le ballet Nair the Slave en 1916 elle avait entrepris une tournée aux États-Unis, sous la direction d'Ernest Bloch. D'autres tournées l'amènent de nouveau en Afrique du Sud en 1920 avec le trio Cherniavsky, puis en 1928, en Égypte et à Malte.

En 1928, elle prend en charge avec elle sa mère à Londres, jusqu'à sa mort en 1930. Puis Maud décide de fonder une école de danse dans sa résidence londonienne, appelée la West Wing School of Dancing, ouverte aux enfants issus de familles ouvrières. Elle ne parvient pas à trouver des subventions et devra fermer son école peu après le début de la Seconde Guerre mondiale.

En 1932, elle est prise pour un petit rôle dans une production de Max Reinhardt, The Miracle. En 1938 eut lieu sa dernière apparition sur la scène, à la Redlands Community Music Association de Los Angeles.

Alors que son appartement londonien est endommagé durant le Blitz, en juin 1941, elle décide de rejoindre la Croix Rouge comme ambulancière bénévole. En 1943, elle revient vivre définitivement à Los Angeles, et travaille comme dessinatrice pour la société Macdonald Aircraft.

Elle meurt le 7 octobre 1956 à Los Angeles, âgée de 83 ans.

Vie privée

Maud Allan fut longtemps en couple avec sa secrétaire Verna Aldrich, ce qui n'était pas un secret, relation qui se termina en 1943. Elle avait eu également une liaison avec la comtesse Margot Asquith, qui paya la location de son appartement londonien sur Regent's Park de 1916 à 1928[4].

Ĺ’uvre

  • [Anonyme], Illustriertes Konversations - Lexikon der Frau, dessinatrice [?], 2 tomes, Berlin, Verlag Martin Oldenbourg, 1900.
  • My Life and Dancing. Autobiography, Londres, Everett, 1908.
  • The Vision of SalomĂ©, chorĂ©graphie sur une musique de Marcel Remy, crĂ©Ă©e Ă  Londres au Charles Morton's Palace Theater, 1908-1909.
  • Isis, livret d'une lĂ©gende dansĂ©e, avec William Leonard Courtney (en), 1910-1911 — cf. Khamma.
  • The Song of Songs, produit par A. H. Woods, livret d'Edward Sheldon d'après Hermann Sudermann, crĂ©Ă©e au Eltinge 42nd Street Theatre (New York) le 22 dĂ©cembre 1914.
  • « Princess Yashda » dans The Hindu, de John Harwood, Ă©crit par Gordon Kean et Carl Mason, crĂ©Ă©e au Broadway Comedy Theatre (New York) le 21 mars 1922.
  • « Etta Hallam », dans Another Language d'Arthur J. Beckhard, Ă©crit par Rose Franken, crĂ©Ă©e au Booth Theatre (New York) le 25 avril 1932.

Notes et références

  1. (en) Cherniavsky, Felix, The Salome dancer : the life and times of Maud Allan, Toronto, Ontario, M & S (ISBN 9780771019579, lire en ligne)
  2. (en) Lacy McDearmon, « Maud Allan: The public record », Dance Chronicle,‎ , p. 85-105 (lire en ligne Accès libre)
  3. (en) « That English Trial », in: Hartford Courant [Connecticut], 14 juin 1918, p. 14.
  4. (en) The extraordinary life of Maud Allen: Seductive US dancing girl who was sued for being too lewd, outed as a lesbian and fled London after being branded a German spy who was sleeping with prime minister's wife

Bibliographie

  • (en) Felix Cherniavsky : Maud Allan and her Art, Dance Collection Press, Toronto 1998, (ISBN 0-929003-35-7)
  • (en) Felix Cherniavsky : The Salome Dancer. The life and times of Maud Allan, McClelland & Stewart, Toronto 1999, (ISBN 0-7710-1957-2)
  • (de) Brygida M. Ochaim, Claudia Balk : VarietĂ©-Tänzerinnen um 1900. Vom Sinnenrausch zur Tanzmoderne, Ausstellung des Deutschen Theatermuseum MĂĽnchens 23.10.1998 - 17.1.1999, Stroemfeld, Basel 1998, (ISBN 3-87877-745-0)
  • (en) Toni Bentley, Sisters of Salome, Yale University Press, 2002.

Liens externes

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