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Marshal Law

«Marshal Law» est une bande dessinée créée par le scénariste britannique Pat Mills et le dessinateur américain Kevin O'Neill. La série a été publiée pour la premiÚre fois par Epic Comics, une filiale de Marvel Comics, en 1987.

Marshal Law
Personnage de fiction apparaissant dans
Marshal Law.

Alias Joe Gilmore
Origine San Futuro (San Francisco)
Activité Policier
Pouvoirs GĂ©nĂ©tiquement modifiĂ© pour ĂȘtre insensible Ă  la douleur. A une force, une endurance et une agilitĂ© supĂ©rieure Ă  la normale.
Affiliation Ex Screaming Eagle (vétéran de La Zone)

Créé par Pat Mills
Kevin O'Neill
PremiĂšre apparition Marshal Law (vol. 1) #1 (Epic Comics, octobre 1987)
Éditeurs Epic Comics, Apocalypse Ltd, Dark Horse Comics, Image Comics, Titan Books et Top Shelf en 2009.

L'histoire se dĂ©roule dans un monde de super-hĂ©ros, oĂč le personnage principal, Marshal Law, est un ancien soldat qui a Ă©tĂ© transformĂ© en justicier pour traquer et Ă©liminer les super-hĂ©ros corrompus ou qui abusent de leurs pouvoirs. Marshal Law est un personnage sombre et violent, qui n'hĂ©site pas Ă  utiliser la force pour atteindre ses objectifs.

La sĂ©rie a Ă©tĂ© saluĂ©e pour sa critique acerbe de l'industrie des super-hĂ©ros et de la sociĂ©tĂ© dans son ensemble. Elle explore des thĂšmes tels que la violence, le fascisme, la cĂ©lĂ©britĂ©, la politique et la nature de la justice dans un monde oĂč les super-pouvoirs sont monnaie courante. Les dessins de Kevin O'Neill sont Ă©galement connus pour leur style brutal et grotesque, qui complĂšte parfaitement l'atmosphĂšre de la sĂ©rie.

«Marshal Law» a connu plusieurs sĂ©ries limitĂ©es et spin-offs au fil des ans, ainsi que des adaptations pour la tĂ©lĂ©vision et les jeux vidĂ©os. Elle est souvent considĂ©rĂ©e comme une Ɠuvre importante du genre de la bande dessinĂ©e de super-hĂ©ros, en particulier pour son approche satirique et subversive.

Le personnage

Marshal Law, a pour identitĂ© civile Joe Gilmore, vĂ©tĂ©ran de La Zone (Panama, Équateur, BrĂ©sil et Venezuela) au chĂŽmage. Comme tous les Screaming Eagles employĂ©s par le gouvernement pour sa guĂ©rilla anticommuniste sud amĂ©ricaine, on a fait de lui un super-hĂ©ros. On l’a gĂ©nĂ©tiquement modifiĂ© afin que son systĂšme nerveux gĂ©nĂšre un feedback Ă©lectrique qui a pour effet de bloquer toute information nerveuse relative Ă  la douleur. Il ne ressent donc plus la douleur (symbolisme du barbelĂ© autour du bras), ce qui explique principalement sa psychĂ© dĂ©calĂ©e (et qui nourrira beaucoup l’évolution du personnage). En tout cas, il a aussi une force, une endurance et une agilitĂ© supĂ©rieure Ă  la normale (voir aussi Darkman de Sam Raimi, 1990). Est-ce liĂ© Ă  cette absence de ressenti ? Marshal Law est officiellement un policier, employĂ© par le gouvernement pour « gĂ©rer » les gangs de super hĂ©ros (souvent des vĂ©tĂ©rans de la zone) dans le quartier le plus dangereux de San Futuro (San Francisco aprĂšs un sĂ©isme qui a ravagĂ© la ville). Son supĂ©rieur direct est le commissaire Mac Gland (lui aussi un super hĂ©ros au pouvoir naturel : il est super menteur).

Les histoires

Publications

Premier arc de 6 numĂ©ros de 28 pages sortis aux États-Unis chez Epic Comics (filiale adulte en creator own de Marvel Comics) entre et , arc titrĂ© a posteriori pour le paperback amĂ©ricain Fear and Loathing () et traduit en français par Zenda en 3 tomes ( Ă  ).

  • Pour les 6 comics d’origine : la qualitĂ© est supĂ©rieure au tout venant de l’époque (papier glacĂ©), et Kevin O'Neill utilise la peinture directe pour cette premiĂšre histoire.
  • Pour l’édition française, les couvertures, ainsi que les 2e, 3e et 5e de couverture sont exclusives Ă  l’édition, et le format agrandi (A4) permet une meilleure qualitĂ© de lecture (nĂ©anmoins certaines planches prĂ©sentent de lĂ©gers dĂ©doublements). Le papier est bien sĂ»r d’une qualitĂ© supĂ©rieure (en Ă©paisseur notamment). Toutes les couvertures originales sont reprises. Toutefois, les citations ouvrant chacune des 6 parties de l’histoire (encadrĂ©es par des rideaux de thĂ©Ăątres) Ă©taient originellement sur un fond constituĂ© d’une photo noir et blanc trĂšs peu contrastĂ©e. Ces photos n’ont pas Ă©tĂ© imprimĂ©es dans l’édition française, et sont mĂȘme parfois lĂ©gĂšrement diffĂ©rentes dans le paperback anglais (Ă©pisode 1 et 4).
  • Pour le paperback amĂ©ricain : il est au mĂȘme format et dans la mĂȘme qualitĂ© que les comics d’origine. Toutes les couvertures originales sont reprises. ExclusivitĂ© importante : il inclut 8 pages de prologue inĂ©dites, rĂ©alisĂ©es afin de mieux dĂ©finir le monde dans lequel Ă©volue le hĂ©ros, ainsi que sa genĂšse (on y retrouve une version rajeunie du commissaire Mac Gland et la premiĂšre apparition du Private Eye qui aura son propre arc : Kingdom of the Blind la mĂȘme annĂ©e de parution que ce paperback). La derniĂšre de ces 8 pages inĂ©dites, a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e afin de pouvoir s’enchaĂźner avec la couverture du premier Ă©pisode. À noter que ce prologue sera aussi proposĂ© aux lecteurs britanniques du magazine Toxic! (#14 et 15 : titrĂ© pour l’occasion Rites of passage), mais dans une autre configuration puisqu’il servira de flash back entre The Hateful Dead et Super Babylon, en Ă©tant accompagnĂ© de 2 nouvelles pages inĂ©dites rĂ©alisĂ©es afin de coller Ă  cette histoire en particulier.
  • En 1990, le magazine anglais bimensuel Strip (Marvel UK), a publiĂ© cette premiĂšre histoire Ă  raison de 2 numĂ©ros pour un comics d’origine (du numĂ©ro 1 au 12 inclus). L’intĂ©rĂȘt de cette version, est qu’elle est au format magazine (A4), et imprimĂ©e sur du papier de qualitĂ© supĂ©rieure (glacĂ©).
  • L’édition Graphitti Designs limitĂ©e Ă  1500 exemplaires signĂ©s par les auteurs, sortie aux États-Unis en 1990 reprend la totalitĂ© du contenu du paperback d'Epic Comics plus l’histoire Marshal Law Takes Manhattan (simplement titrĂ©e ici Crime and Punishment). De plus, cette magnifique Ă©dition en hardcover simili cuir avec sur couverture, contient 16 pages de matĂ©riel Ă©ditorial incluant entre autres des croquis prĂ©paratoires et l’intĂ©gralitĂ© du matĂ©riel exclusif Ă  l’édition française.
  • Quant au paperback anglais, sorti chez Titan Books en 2002, il reprend l’intĂ©gralitĂ© du contenu du paperback amĂ©ricain, prologue inclus (Ă  l'exception de la prĂ©face de Clive Barker qui a Ă©tĂ© remplacĂ©e par une prĂ©face de Pat Mills). Par contre, la couverture diffĂšre (visuel du premier tome de l’édition française), et il possĂšde des illustrations bonus d’O'Neill datĂ©es de 1995, initialement prĂ©vues pour un projet de film finalement abandonnĂ©.

RĂ©sumĂ© de l’histoire

Un mystĂ©rieux super hĂ©ros volant, le Marchand de Sable, assassine des femmes ayant revĂȘtu le costume de CĂ©leste, super hĂ©roĂŻne aux pouvoirs de sĂ©duction dĂ©cuplĂ©s. L’enquĂȘte de Marshal Law, l’amĂšne Ă  soupçonner le Super Patriote (que par ailleurs, il dĂ©teste cordialement), hĂ©ros de la nation, enfant chĂ©ri du peuple et accessoirement compagnon de CĂ©leste.

ThÚmes abordés

Le propos principal de cette premiĂšre histoire est d’évoquer le dĂ©voiement du rĂȘve amĂ©ricain au travers de l’exaltation patriotique glorifiant aux yeux du public les guerres ou autres missions moralement douteuses. Et donc, la cible principale ici, est l’image vĂ©hiculĂ©e par le hĂ©ros et enfant chĂ©ri de la nation : le Super Patriote (au look trĂšs Supermanien). Cette premiĂšre aventure va mĂȘme thĂ©oriser et prophĂ©tiser le changement de ton que connaĂźtra l’industrie des comics dans la dĂ©cennie suivante (des univers plus cynique et une multitude de crĂ©ation de personnages au « cĂŽtĂ© sombre » trĂšs marquĂ©) en prĂ©sentant le passage de flambeau entre 2 modĂšles de Super HĂ©ros (illustrĂ©es par le fils du Super Patriote, qui va finalement choisir Marshal Law comme figure paternelle).

Traduction française

La traduction, de grande qualitĂ©, est assurĂ©e par StĂ©phane Salvetti et le lettrage par Martine Segard. Le traducteur a , par exemple, eu la lourde tĂąche de trouver des Ă©quivalents français Ă  la multitude de noms de super hĂ©ros, et s’assurer qu’ils restent accrocheurs, sans trop trahir le sens original. Le Marchand de Sable, est par exemple, une bonne traduction pour The Sleepman (en v.o.), bien que son sens ne soit pas forcĂ©ment trĂšs connu du lectorat actuel (et mĂȘme de l’époque). Et aussi, cette appellation ne permet pas d’insister autant sur l’ironie poĂ©tique de la toute derniĂšre case de l’épisode 5, oĂč le Sleepman mourant « 
 can sleep forever ». L’autre choix aurait Ă©tĂ© de laisser tels quels les noms des personnages, mais saluons ici l’effort de ne pas avoir choisi cette solution de facilitĂ© (Ă  de rares exceptions prĂšs, par exemple, le titre intraduisible du second Ă©pisode « Evilution », qui est en anglais la contraction des mots evil et evolution). La comparaison des 2 versions, ne rĂ©vĂšle aucun contre-sens. On peut nĂ©anmoins signaler quelques points :

  • À la planche 22 de l’épisode 6, il manque dans la case 2 (panneau noir), la fin de la phrase : « Il ne doit jamais manifester de faiblesses honteuses, jamais s’effondrer en larmes.» Ce n’est pas anecdotique, car cette attitude du Marshal pleurant (contredisant le profil psychologique des super-hĂ©ros qui est fait parallĂšlement dans la narration), peut alors faire Ă©cho Ă  la troisiĂšme case de la planche 26, oĂč Ă  nouveau ce type de narration est utilisĂ© (accentuant le fait que Marshal Law, n’est pas un personnage unidimensionnel).
  • À la planche 27 de l’épisode 5, dans la troisiĂšme case, le mot « midi », est la traduction de high noon dans la v.o.. High Noon est en fait le titre original de Le Train sifflera trois fois, une des rĂ©fĂ©rences de Western lorsqu’il est question de duels Ă©piques.
  • Plus embĂȘtant, sans ĂȘtre un problĂšme de traduction, il y a eu inversion entre le texte des 2 premiĂšres cases des planches 22 et 24 de l’épisode 6.
  • Plus anecdotique, souvent les assertions psychologiques issues de la thĂšse de Lynn sont directement Ă©crites sur le dessin (pas de cadre) dans la v.o.. Pour l’édition française, la traduction de ces textes a obligĂ© l’éditeur Ă  utiliser des cadres Ă  fond noir, ce qui Ă©limine une petite partie du dessin Ă  chaque fois.

Références utilisées et autres remarques

  • Les rĂ©fĂ©rences aux personnages de comics : il y en a finalement assez peu dans ce premier arc, qui s’attaque surtout au symbole que reprĂ©sente Superman (=Super Patriote) par rapport au rĂȘve amĂ©ricain. Des rĂ©fĂ©rences explicites aux univers des supers hĂ©ros de Marvel et DC en particulier, seront beaucoup plus nombreuses dans les histoires suivantes. Pour cette premiĂšre aventure, la plupart des hĂ©ros costumĂ©s sont des crĂ©ations non rĂ©fĂ©rentielles des auteurs.
    • Planche 1 et 2 du premier Ă©pisode, on peut croiser le Shadow, personnage crĂ©Ă© par Walter Gibson.
    • Planche 2 du troisiĂšme Ă©pisode : rĂ©fĂ©rence au meurtre des parents de Bruce Wayne, Ă©vĂšnement fondateur qui fera de celui-ci le Batman. La rue dans laquelle a eu lieu l’assassinat a Ă©tĂ© baptisĂ©e « Crime Alley » (planche 7, case 2 de ce mĂȘme Ă©pisode).
    • Un Spider-man, Plastic Man et quelques Batman, planche 23 de l’épisode 4.
    • Quelques Aquaman/Submariner Ă  la planche 26 de l’épisode 4
  • Les rĂ©fĂ©rences bibliques et mythologiques, textuelles et visuelles : elles sont quant Ă  elles trĂšs nombreuses dans cette premiĂšre histoire (Pat Mills, enfant, a Ă©tĂ© dans une Ă©cole catholique, et c’est une expĂ©rience qu’il a fort peu apprĂ©ciĂ©e).
    • Virago : mot latin qui dans la Bible signifie « femme », c’est le nom qu’Adam donnera Ă  la premiĂšre femme sortie de sa cĂŽte, nom qui sera plus tard traduit par « Ève ». Virago dans Marshal Law, avec le Super Patriote, sont les 2 premiers super hĂ©ros issus des expĂ©riences menĂ©es par le docteur Shocc.
    • Le nom civil du Super Patriote est Buck Caine. CaĂŻn dans la Bible, est un des 3 fils d’Adam et Ève, celui qui tuera son frĂšre Abel dans un accĂšs de jalousie. Il sera banni et marquĂ© par Dieu (la marque de CaĂŻn, titre du chapitre 5). Symboliquement, CaĂŻn, par son meurtre, rĂ©vĂšle la haine qui habite le cƓur de l’homme. Le Super Patriote est aussi souvent comparĂ© au nouveau messie tout au long de la BD.
    • À l’épisode 5, l’enfance du Marchand de Sable est racontĂ©e dans un style visuel qui tranche avec l’ambiance gĂ©nĂ©rale de la BD (planches 1, 7 et case 5 de la planche 12). On y trouve aussi beaucoup de symboles christiques : aurĂ©oles pour la plupart et crucifix (planches 1, 6, 7, 8, 9, 11, 16).
    • NĂ©mĂ©sis est la dĂ©esse de la vengeance. Ce nom est aussi associĂ© Ă  la colĂšre (« rage » et « revenge » apparaissent sur le costume de Marshal Law = NĂ©mĂ©sis, Ă  l’avant-derniĂšre planche du chapitre 6). NĂ©mĂ©sis peut aussi ĂȘtre associĂ©e Ă  une personne : un punisseur de torts ou un vengeur. C’est aussi bien sĂ»r l’étoile noire de quelqu’un (ici le Super Patriote), son double malĂ©fique qui cherche Ă  provoquer sa perte. À cet effet, le Marshal est clairement le nĂ©gatif du Super Patriote, puisque leurs costumes respectifs symbolisent l’opposĂ© de ce qu’ils sont rĂ©ellement, et ce, de maniĂšre inversĂ©e. On pourra aussi parler de l’image d’AntĂ©christ (croix renversĂ©e rouge qui orne le masque de Marshal Law), opposĂ© au nouveau Messie.
    • Le personnage de Judas Iscariote (sans commentaires).
    • La planche d’ouverture du troisiĂšme Ă©pisode (il y a « ce qui » bombarde, et « ce qui est » bombardĂ©).
    • Épisode 3, planche 22, Ă©pisode 4, planche 13 et 14 (sans commentaires).
  • Autres rĂ©fĂ©rences : le nom du crĂ©ateur de super hĂ©ros, le Docteur Shock, fait rĂ©fĂ©rence aux traitements de choc (Ă©lectrochocs) mis au point en milieu psychiatrique, dont les rĂ©sultats et les perspectives vont grandement intĂ©resser la CIA pour ses techniques de contre-interrogatoire (thĂšme beaucoup plus dĂ©veloppĂ© dans l’histoire suivante).

Quelques citations

  • Les premiĂšres paroles de Marshal Law dans le premier Ă©pisode : « Je suis chasseur de hĂ©ros
 je chasse les hĂ©ros
 en ai pas encore trouvĂ© », et leur miroir Ă  la fin du dernier Ă©pisode : « Je suis chasseur de hĂ©ros
 . Je chasse les hĂ©ros
 en ai pas encore trouvé  mais je sais oĂč ils sont » (au cimetiĂšre).
  • « Beaucoup de gens disent que je hais les super hĂ©ros
 ce n’est pas vrai, vous savez
 bon, enfin, c’est en partie vrai
 OK, c’est vrai. », et son miroir lors du tabassage du Super Patriote : « Je ne pourrais pas m’imaginer frapper un homme Ă  genoux
 c’est vrai vous savez
 bon, d’accord, c’est qu’à moitiĂ© vrai
OK, c’est un mensonge ».
  • « Super Patriote
 si c’est toi le nouveau Messie
 je serai celui qui enfoncera les clous ».
  • « Si ça peut vous consoler, j’en ai explosĂ© dix ! », et « Souris quand tu me traite de connard ! ».
  • À propos de l’article de Lynn et sa thĂšse sur le Super Patriote en tant que symbole phallique : « Je n’ai pas tout compris de l’article -ça vient sĂ»rement de la forme de mon front mais j’en ai compris l’idĂ©e gĂ©nĂ©rale. À vrai dire, cela cadrait avec ma thĂ©orie personnelle
 ça faisait pas mal de temps que je soupçonnais le plus grand hĂ©ros d’AmĂ©rique d’ĂȘtre une tĂȘte de nƓud ».

Publications

  • PremiĂšre publication : aux États-Unis, en 1989, sous forme d’un one shot de 48 pages au format comics (couverture cartonnĂ©e), sur un papier de bonne Ă©paisseur, mais non glacĂ©. On revient par contre Ă  une colorisation plus classique.
  • En 1990, l’éditeur anglais Apocalypse Ltd rĂ©cupĂšre Marshal Law par le biais d’une offre financiĂšre plus avantageuse pour les 2 auteurs. Il rĂ©Ă©ditera Ă  cet effet Marshal Law Takes Manhattan (en supprimant au passage le prĂ©-titre Crime & Punishment) le mois du lancement de l’hebdomadaire Toxic! en . Cette rĂ©Ă©dition se fera au format magazine (Marshal Law #2, qui constitue probablement aussi le Apocalypse presents #2) mais sur un papier de qualitĂ© mĂ©diocre (papier journal, donc jaunissement rapide). La couverture, ainsi que la deuxiĂšme, avant derniĂšre et derniĂšre de couverture n’ont pas Ă©tĂ© reprises. On y trouve toutefois une nouvelle couverture, et une deuxiĂšme et avant derniĂšre de couverture inĂ©dite (une publicitĂ© pour le lancement de Toxix!).
  • Paperback Fear Asylum, Titan Books, : dans ce recueil, l’histoire est rĂ©Ă©ditĂ©e en format comics, mais avec une qualitĂ© de papier supĂ©rieure aux 2 autres Ă©ditions (papier glacĂ©). À l’exception de la deuxiĂšme de couverture (montrant le Marshal tenant une bombe insecticide sous un Spider-man), tout le matĂ©riel de la premiĂšre publication de 1989 a Ă©tĂ© repris (avec mĂȘme une citation du Marshal inĂ©dite : « Super groups, the bland leading the bland!»). La couverture de la version magazine de 1990 est Ă©galement reprise. Ce paperback inclut en plus une illustration inĂ©dite mettant en scĂšne tous les vilains de Fear and Loathing et Takes Manhattan.

Résumé de l'histoire

Dans une interview[1] rĂ©alisĂ©e par Dark Horse Comics pour la sortie de The mask/Marshal Law, les auteurs racontaient que leur inspiration ne venait pas forcĂ©ment des comics de super hĂ©ros, mais qu’elle pouvait venir de n’importe oĂč, d’un film par exemple. Dans cet ordre d’idĂ©e, Marshal Law Takes Manhattan pourrait se rĂ©sumer par Vol au-dessus d'un nid de coucou[2] chez les super-hĂ©ros. L’action se passe dans un asile psychiatrique pour super hĂ©ros situĂ© sur l’üle de Manhattan. Cet asile constitue en rĂ©alitĂ© une alternative Ă  la prison, offerte aux super hĂ©ros coupables d’actions rĂ©prĂ©hensibles, exactions qui ne doivent surtout pas arriver aux oreilles du grand public. Un nouveau postulant, le Persecutor, s’y prĂ©sente, alors que le Marshal est chargĂ© d’aller sur place pour le prendre en charge en cas de refus d’admission.

ThÚmes abordés

Au travers de l’histoire du Persecutor et de cet asile peu commun, les auteurs abordent la mĂ©moire sĂ©lective des pays colonialistes (page 14, cases 8 et 9), le contrĂŽle par les autoritĂ©s amĂ©ricaines de l’image publique de ses hĂ©ros et les exactions de la CIA lors des conflits sud-amĂ©ricains. En particulier, on y prĂ©sente comment l’art de la torture est « inconsciemment enseignĂ© aux jeunes recrues ; pour leur expliquer comment rĂ©agir Ă  la torture, on leur dĂ©taille de quelles façons sont pratiquĂ©es ces tortures. Il est Ă©vident que Pat Mills partage les mĂȘmes sources documentaires historiques citĂ©es sur le site de Naomi Klein[3] (ne pas hĂ©siter Ă  visualiser le court mĂ©trage rĂ©alisĂ© par Alfonso Cuaron).

On retrouve aussi le questionnement des auteurs sur ce qui constitue l'essence super hĂ©roĂŻque d’un personnage (car seuls de « vrais » super hĂ©ros peuvent ĂȘtre admis dans cet asile). Enfin, certaines attitudes iconiques des super hĂ©ros, sont tournĂ©es en dĂ©rision par les auteurs en les mettant en parallĂšle avec des profils de pathologie psychiatrique ; par exemple, l’équivalent de Thor dans cette histoire, est atteint de « paranoĂŻa schizophrĂšne », caractĂ©risĂ©e par une propension Ă  la grandiloquence et Ă  se sentir l’égal d’un Dieu. Marshal Law n’échappe pas Ă  cette double lecture.

Références aux personnages de comics

cette fois-ci, elles sont lĂ©gion et trĂšs facilement identifiables. Les hĂ©ros du silver age de la Marvel Ă©tant rĂ©putĂ©s pour ĂȘtre des personnages plus nĂ©vrosĂ©s et moins monolithiques que leurs homologues de DC, ce sont tout naturellement eux qui vont peupler cet asile.

    • Le Persecutor tout d’abord qui est une variation Ă©vidente du personnage du Punisher. Ancien tortionnaire pour le compte de la C.I.A., le Persecutor assiste au dĂ©cĂšs des membres de sa famille, alors que ces derniers sont pris dans le feu croisĂ© de deux bandes de guĂ©rilleros brĂ©siliens et uruguayens venus se venger du Persecutor (la famille du Punisher a Ă©tĂ© dĂ©cimĂ©e dans des circonstances similaires par des gangs mafieux).
    • Planche 2, on reconnaĂźtra sans peine des Ă©quivalents Ă  Thor, Spider-Man, le Surfer d'Argent, ƒil-de-Faucon, Mister Fantastique, Submariner, Captain America, Daredevil, Docteur Strange et Ant Man. D’autres super hĂ©ros (La Torche Humaine) apparaĂźtront aussi l’espace de quelques cases dans cette histoire.

Quelques citations

  • Du Marshal apprenant qu’il existe un asile pour super hĂ©ros : « How big is this place ? »
  • Du Persecutor Ă  qui l'on reproche de n’avoir aucun super pouvoir et dĂ©signant ƒil-de-Faucon : « I wouldn't call having a bow a super power ».
  • Sans dialogue : le Marshal invente le piercing de nez avec des menottes pour ramener son prisonnier.

Publications

  • PremiĂšres publications du Marshal par Apocalypse en 1990, cette histoire en un seul tome va connaĂźtre 2 formats de lancement. En Angleterre, c’est le format magazine qui sera privilĂ©giĂ© (Toxic ! presents #1, sur un papier de type « journal »), alors que l’édition amĂ©ricaine conservera le format comics de base (mais papier glacĂ©). En dehors de la qualitĂ© du papier et du format, les diffĂ©rences de contenu entre ces 2 Ă©ditions sont trĂšs minimes : pas de troisiĂšme et quatriĂšme plat dĂ©diĂ© au Marshal pour l’édition anglaise, mais 2 petites vignettes supplĂ©mentaires au niveau du deuxiĂšme plat.
  • Cette histoire est reprise dans le paperback amĂ©ricain Blood, Sweat, and Tears (1993, Dark Horse Comics, (ISBN 1-878574-95-7)) qui reprendra la totalitĂ© de l'Ă©dition amĂ©ricaine (le quatriĂšme plat de cette derniĂšre changeant de colorisation au passage). Papier glacĂ© et mini introduction d'Alan Grant.
  • En 2003, Titan Books republiera ce paperback (mĂȘme titre) sur le marchĂ© anglais (ISBN 1-84023-526-8). Si la couverture des 2 paperback diffĂšre, Titan va reproduire dans les pages intĂ©rieures la couverture du recueil de Dark Horse, ainsi qu'une bien meilleure reproduction de la couverture du comics original. Par rapport Ă  ce dernier, on ne retrouvera pas par contre le troisiĂšme et quatriĂšme plat. Papier glacĂ©, colorisation lĂ©gĂšrement plus claire (d'excellente qualitĂ©) et introduction d'une page d'Howard Chaykin.

RĂ©sumĂ© de l’histoire

Dans cette histoire, notre policier psychotique prĂ©fĂ©rĂ© est confrontĂ© Ă  un vigilant de type Batmanien : Scott Brennan, milliardaire touche Ă  tout le jour et The Private Eye, « chirurgien de la racaille » la nuit. L’inexorable affrontement entre ces 2 personnalitĂ©s ne sera retardĂ© que par une certaine tolĂ©rance de la part du Marshal envers les actions du Private Eye (avant de payer trĂšs cher son admiration pour cet ersatz de justicier au passĂ© compromettant).

ThÚmes abordés

Il y a un personnage central et rĂ©current dans l’Ɠuvre de Mills, c’est Torquemada l’inquisiteur, et les diffĂ©rentes incarnations que celui-ci lui prĂȘte dans plusieurs de ses sĂ©ries (Nemesis the Warlock, Sha, Requiem, Chevalier Vampire, The Reedemer, etc.) et qui lui permet de rĂ©gler ses comptes avec les autoritĂ©s religieuses et fanatiques. On retrouve beaucoup d'aspects de Torquemada dans la personnalitĂ© du Private Eye : une droiture mystique Ă  la morale douteuse, une volontĂ© inĂ©branlable de punir les « pĂȘcheurs » et le dĂ©sir d’immortalitĂ© pour mener Ă  son terme une Ɠuvre de purification (accompagnĂ©e d'une tendance Ă  se prendre pour Dieu).

Ce personnage permet aussi aux auteurs d'aborder les thĂšmes de l'argent derriĂšre le pouvoir des mĂ©dias, de l'utilitĂ© relative des aggravations de peine et l'admiration du public pour les hĂ©ros exerçant une justice personnelle (les vigilants). Les discussions et points de vue autour de certains de ces thĂšmes sont astucieusement inclus au rĂ©cit, sous la forme d'un dialogue rĂ©current entre le Marshal et son adjoint Killoton. Il est d’ailleurs Ă©tonnant de constater que le porte-parole des auteurs n’est pas forcĂ©ment celui que l'on attendait.

Quant Ă  l’évolution de Marshal Law dans cette histoire, elle est nourrie de l’effet de symĂ©trie suggĂ©rĂ© par le personnage du Private Eye. Tous deux sont considĂ©rĂ©s comme des vigilants Ă  la justice sommaire (c’est l’opinion qu’a la majoritĂ© de la critique envers la sĂ©rie), et les auteurs multiplient au long de l’histoire des points communs, comme le fait d’occuper une Batcave entretenue par un assistant/majordome. Croyant reconnaĂźtre un pair chez Scott Brennan, le Marshal Ă  qui on aura enfin « ouvert les (2) yeux », sera contraint Ă  l’autocritique Ă  travers ce qu’il aura dĂ©couvert du Private Eye. Il ne s’en haĂŻra que d’autant plus.

On notera enfin, au travers de l’évocation des parents de Scott Brennan, une critique du milieu scientifique et de la science aveugle, lorsque celle-ci est dĂ©connectĂ©e de toute Ă©thique (critique que l’on retrouvera quasiment Ă  l’identique dans les Khroniques du Khaos des ABC Warriors, et sous une autre forme dans Requiem, Chevalier Vampire).

Références utilisées et autres remarques

  • Les rĂ©fĂ©rences aux personnages de comics : c’est tout naturellement Ă  partir du Batman de la fin des annĂ©es 1990 que les auteurs vont greffer leur incarnation de Torquemada, rĂ©utilisant le jusqu’au-boutisme, la psychorigiditĂ© et l’aspect missionnaire du vigilant sacralisĂ© par le Dark Knight Returns de Frank Miller (aussi, Ă  l’instar du chevalier noir de DC, le Private Eye se targue d’un code de conduite moral lui interdisant d’aller jusqu’à l’assassinat pour rendre sa justice, mais les mĂ©thodes alternatives qu’il utilise pervertissent radicalement l’idĂ©e de base). The Private Eye peut d’ailleurs ĂȘtre traduit par Le DĂ©tective, qui est un des surnoms de Batman. On retrouve la mythologie classique associĂ©e Ă  Bruce Wayne, milliardaire ayant assistĂ© au meurtre de ses parents, Ă©levĂ© par le majordome et sillonnant les rues de San Futuro au volant de sa Private Eye-mobile. Il est mĂȘme apportĂ© une explication toute particuliĂšre Ă  la succession des « Robin » qu’a connu la BD originale. Les auteurs poussent mĂȘme le vice jusqu’à souhaiter leur propre « joyeux cinquantiĂšme anniversaire » au personnage (anniversaire cĂ©lĂ©brĂ© par DC Comics Ă  l’époque de parution de cette histoire).
  • Le Private Eye est aussi souvent associĂ© Ă  un vampirisme renvoyant tout autant Ă  Dracula (Scott Brennan ne devient le Private Eye que la nuit, au sortir d'un cercueil), et Ă  la comtesse Bathory (le dĂ©sir d’immortalitĂ© et donc le sort rĂ©servĂ© aux boy wonder).
  • Le symbole du Private Eye est flanquĂ© d’un Ɠil unique (l’équivalent de la chauve-souris stylisĂ©e de Batman) dont l’imagerie omniprĂ©sente dans la BD renvoie immĂ©diatement Ă  la supposĂ©e conscience de Dieu (qui poursuit CaĂŻn) et au Big Brother omniscient du roman de George Orwell, 1984 (rĂ©fĂ©rence littĂ©rale dans la BD). Autre rĂ©fĂ©rence littĂ©rale associĂ©e Ă  cet Ɠil unique, la citation de Machiavel qui donne son titre Ă  l’histoire : « Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois » (citation qui renvoie Ă  l’admiration qui peut ĂȘtre portĂ©e envers ceux qui se font justice eux-mĂȘmes au nom d’un droit moral populiste).
  • On pourra aussi dĂ©tecter un petit clin d’Ɠil Ă  la sĂ©rie de films La PanthĂšre Rose (Blake Edwards), Scott Brennan entretenant les mĂȘmes rapports avec son majordome que l’Inspecteur Clouzot avec son serviteur Cato (les attaques surprises de ce dernier Ă  chaque fois que Clouzot rentre dans son appartement).

Quelques citations

  • Une publicitĂ© du journal de Scott Brennan (The Public Eye) titre : « Public Spirit seen with Elvis! ».
  • Du Private Eye depuis le sommet de son mausolĂ©e surplombant la ville : « Yes, I've pissed on you all... And told you it is raining ».
  • Une petite introduction au paperback amĂ©ricain par Alan Grant : « I'm trully shocked. I know Mills and O'Neill personally, and I always thought they were decent, God-fearing boys. This celebratory feast of depraved and disgusting ultra-violence shows just how wrong you can be. In a more enlighted society, what they've done to my own personal hero, The Batman, would be illegal!».

Publications

  • Cette histoire, qui constitue la premiĂšre partie d’un tout dont Super Babylon est la conclusion, a Ă©tĂ© d’abord prĂ©publiĂ©e dans le magazine anglais hebdomadaire Toxic!, du #1 au #8 chez Apocalypse Ltd, entre le et le (format A4 donc, et bonne qualitĂ© de papier). Cette revue, crĂ©Ă©e par Mills, utilise en fait le Marshal comme tĂȘte d’affiche pour son lancement. Le logo de la revue sera d’ailleurs mĂȘme utilisĂ© dans l’histoire de Marshal Law sans qu’il soit possible de savoir qui a inspirĂ© l’autre. On retrouvera le Marshal en couverture des numĂ©ros 1, 5 et 14. Il semble que les auteurs se soient donnĂ©s comme rythme environ 8 pages par semaine, ce qui sera le cas pour les 3 premiers numĂ©ros. À partir du #4 et jusqu’au #8, on tombera entre 4 et 6 planches, et on ne reverra quasiment plus ensuite de matĂ©riel inĂ©dit de Marshal Law dans le magazine. Pour faire patienter les lecteurs anglais, les numĂ©ros 14 et 15 de Toxic! vont reprendre le prologue de 8 pages rĂ©alisĂ© l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente pour le paperback amĂ©ricain Fear & Loathing (Epic Comics). À cette occasion, ce prologue se voit retitrĂ© Rites of Passage, et sera agrĂ©mentĂ© de 2 nouvelles planches inĂ©dites (dont une permettant de faire le lien avec la derniĂšre planche de The Hateful Dead). On retrouvera ces 2 planches dans la section bonus du paperback amĂ©ricain Blood, Sweat, and Tears publiĂ© par Dark Horse Comics en 1993 (attention, le paperback anglais du mĂȘme nom, sorti chez Titan Books en 2003, ne les inclut pas). La premiĂšre de ces 2 pages inĂ©dites (ainsi que la couverture du Toxic! #14) a Ă©galement Ă©tĂ© incluse dans les bonus du paperback anglais Fear Asylum (Titan Books, 2003). Remarque : le #6 prĂ©sente une particularitĂ© en premiĂšre page (planche 35 du paperback), oĂč le fond des bulles de pensĂ©es de Black Scarab sont rouges au lieu d’ĂȘtre ocre jaune (cf Toxic! #7). Cela fut rectifiĂ© pour la sortie du paperback. De mĂȘme, le logo du Marshal utilisĂ© dans chaque premiĂšres pages de la prĂ©publication a Ă©tĂ© supprimĂ© pour les paperback.
  • Le paperback anglo-amĂ©ricain sort dans la foulĂ©e de la prĂ©publication, en 1991 sous la banniĂšre d’Apocalypse Ltd. Il est au format comics normal, et il reprend en couverture celle du Toxic! #5, la couverture du Toxic! #1 se retrouvant au dos. TrĂšs bonne qualitĂ© de papier et d’impression.
  • En 1993, sort le recueil Blood, Sweat, and Tears publiĂ© par Dark Horse Comics, contenant entre autres cette histoire. TrĂšs bonne qualitĂ© de papier mais les couleurs sont lĂ©gĂšrement moins vives qu’à l’origine.
  • Enfin, le recueil prĂ©cĂ©dent se verra rĂ©Ă©ditĂ© en Angleterre par Titan Books en 2003, avec une couverture diffĂ©rente et le tout petit souci de couleur rectifiĂ©.
  • Le personnage sous la plume de Kevin O’Neill, est de plus en plus Ă©lĂ©gant et stylisĂ© (la croix renversĂ©e du masque va d’ailleurs peu Ă  peu disparaĂźtre pendant cette aventure). Graphiquement, on commence Ă  ĂȘtre beaucoup plus proche de ses derniers travaux (La Ligue des gentlemen extraordinaires, que de ses dĂ©buts dans 2000 AD. On remarquera aussi une mĂąchoire davantage proĂ©minente pour le Marshal, alors que son alter ego ne la possĂšde pas (ce qui rajoute au cĂŽtĂ© schizophrĂšne du personnage). Enfin, la subdivision originale en mini chapitres, fait de cette histoire une des plus rythmĂ©es du hĂ©ros.

RĂ©sumĂ© de l’histoire

Des dĂ©chets toxiques rĂ©animent les super hĂ©ros enterrĂ©s au cimetiĂšre de San Futuro (la plupart devant leur prĂ©sence en ces lieux aux mĂ©thodes pour le moins expĂ©ditives du Marshal) et les transforment en Zombies. Marshal Law est nĂ©anmoins prĂȘt Ă  faire le « travail » une seconde fois.

ThÚmes abordés

  • Nouveau dĂ©part oblige (le personnage est maintenant publiĂ© en Angleterre par Apocalypse Ltd et sert de fer de lance Ă  un nouveau magazine hebdomadaire), le Marshal est remis au cƓur de l’histoire et les Ă©lĂ©ments clĂ©s de son background sont rappelĂ©s dans les premiĂšres pages (San Futuro, la guerre de « la zone », le tremblement de Terre). Le grand absent de ce rĂ©cit restera son alter ego Ă  la ville, Joe Gilmore, qui n’apparaĂźtra que dans les 2 derniĂšres planches, littĂ©ralement cannibalisĂ© par son alter ego costumĂ© (on a mĂȘme l’impression que ses parents sont plus ceux du Marshal que les siens). Cette inhumanitĂ© est renforcĂ©e au dĂ©but par les auteurs qui rĂ©introduisent le personnage par l'unique biais de sa fonction policiĂšre (ses routines, ses horaires). On comprendra que le fil tĂ©nu qui le reliait Ă  des sentiments de compassion s’est brisĂ© lorsque Lynn Evans a Ă©tĂ© tuĂ©e (le Marshal est quelque part « mort en dedans »). Et ce n’est qu’en sa prĂ©sence que Joe Gilmore va enfin rĂ©apparaĂźtre. L’évolution du personnage va ĂȘtre en fait le principal thĂšme abordĂ©. Dans cette histoire il est question de personnalitĂ©s en souffrance de ne pas « suivrent le courant » (Razorhead, Marshal Law), le dĂ©sormais cĂ©lĂšbre « Go with The flow !» martelĂ© par les Zombies. Car tout chasseur de capes qu’il est, il n’est rien d’autre lui-mĂȘme qu’un super hĂ©ros, pas si diffĂ©rent des autres (ce qui est suggĂ©rĂ© Ă  la planche 20, lorsque le Marshal a recours aux services d’une prostituĂ©e costumĂ©e). Au-delĂ  de la haine qu’éprouve le Marshal pour ses congĂ©nĂšres, on commence Ă  davantage ressentir la haine qu’il Ă©prouve pour lui-mĂȘme, et qui va le conduire jusqu’au geste fatal de la derniĂšre case. C’est finalement, un hĂ©ros en proie au doute (donc humain Ă  nouveau) qui va accompagner la fin de l’histoire (pour la premiĂšre fois, il fera mĂȘme preuve de clĂ©mence envers un autre super hĂ©ros).
  • Quoi de mieux pour un hĂ©ros « mort vivant » que le genre zombiesque. Si dans la prĂ©sentation de l’histoire on est trĂšs proche du film Le Retour des morts-vivants de Dan O'Bannon (1985) et de ses suites, c’est vers l’approche mĂ©taphorique au genre utilisĂ©e dans la quadrilogie de George Romero qu’il faut se tourner. Car contrairement aux trĂšs rĂ©cents Marvel Zombies qui n’utilisent que le concept, les auteurs, 17 ans avant tout le monde, se servent des idĂ©es inhĂ©rentes derriĂšre le concept pour creuser davantage la psychĂ© de leur personnage (les Zombies de Mills et O’Neil, mĂȘme s’ils partagent le goĂ»t de la chair humaine avec tous leurs homologues, ont en plus la particularitĂ© d’avoir gardĂ© leur esprit critique !).
  • Enfin, la premiĂšre partie de l’histoire, qui explore certains bas-fonds de San Futuro oĂč les hĂ©ros costumĂ©s marchandent leurs pouvoirs (humiliations sado-masochistes, prostitution) peut ĂȘtre mise en parallĂšle avec La Chasse (Cruising) de William Friedkin (1980). On y assiste aussi Ă  une infiltration d’un policier dans un groupe sociologique particulier (le milieu homosexuel SM de New York pour le film), afin d’enquĂȘter sur une sĂ©rie de meurtres (dans la BD le cas Razorhead) et qui aura Ă  se poser des questions existentielles sur son assimilation Ă  ce mĂȘme milieu (« Go with the flow » ou non ?).

Références utilisées et autres remarques

  • Les rĂ©fĂ©rences aux personnages de comics : sĂ»rement plus nombreuses que celles Ă©noncĂ©es ci-aprĂšs, elles ne sont pas forcĂ©ment utilisĂ©es pour leur portĂ©e symbolique comme c’était le cas dans les deux prĂ©cĂ©dents Ă©pisodes. Au fil de l’histoire, on reconnaĂźtra donc quelques Superman (planche d’ouverture et planche 46), plusieurs Robin (Batman) (planche 11 et bien sĂ»r le personnage d’Everest), un Captain Marvel ainsi qu'un Mr. Freeze Ă  la planche 2, sans oublier une savoureuse Kitty Pryde (pouvoir compris) Ă  la planche 6. Quant au grand mĂ©chant de cette aventure, Black Scarab, il est un dĂ©marquage Ă©vident du Blue Beetle, hĂ©ros de la Charlton Comics du Golden Age (cette rĂ©fĂ©rence aura beaucoup plus d’importance dans la conclusion de l’histoire : Super Babylon) cĂ©dĂ© par la suite Ă  DC Comics (dans l’appellation, on n'est pas loin non plus du Green Hornet). Cela Ă©tant dit, les auteurs lui ont donnĂ© un look franchement Batmanien afin d'accentuer peut-ĂȘtre le cĂŽtĂ© Batman & Robin du couple Black Scarab/Everest.
  • Le titre lui-mĂȘme The Hateful Dead, est un clin d’Ɠil au groupe de southern rock The Grateful Dead, en inversant au passage la signification de leur nom.
  • Le lien avec la revue Toxic! est prĂ©gnant tout au long de l'histoire : le logo du magazine est en effet, constituĂ© d'un fĂ»t de substance toxique verte fluo se dĂ©versant sur le titre. Ce sont ces mĂȘmes fĂ»ts (affublĂ©s du logo de la revue) et cette mĂȘme substance que l'on retrouve Ă  l'origine du « rĂ©veil » des morts dans la BD. De mĂȘme, le slogan utilisĂ© par les morts-vivants « Go with the flow », sera souvent utilisĂ© dans la revue lorsque les Ă©diteurs auront envie de s'adresser aux lecteurs.
  • Les rĂ©fĂ©rences cinĂ©matographiques sont explicitĂ©es dans les thĂšmes.
  • Avez-vous remarquĂ© ? en dehors bien sĂ»r des multiples inscriptions dissĂ©minĂ©es çà et lĂ  par O'Neil.
    • Planche 4, la trace de botte du Marshal sur le pantalon du Captain Marvel (Shazam).
    • Planche 8, ce que peut attraper le papier tue mouche dans ce monde alternatif.
    • Sur la mĂȘme case oĂč les auteurs expliquent, par la bouche du Marshal, que les embaumeurs utilisent des globes en plastiques pour remplacer les yeux des morts (planche 19), un Black Scarab fraĂźchement ressuscitĂ© se prend en pleine face et avec fracas (KLANG !) le panneau d’entrĂ©e du cimetiĂšre en sortant de sa tombe.
    • Planche 46, l'allusion Ă  l’effet de la Kryptonite verte sur Superman.

Quelques citations

  • Planche 9, Ă  propos d’un super hĂ©ros ayant des pouvoirs de prĂ©monition : « They say he’s so far sighted, he wipes his ass before he craps ».
  • Planche 12, une petite pensĂ©e mĂ©taphysique du Marshal : « I don’t like being a bastard
But they leave me no choice. That’s probably what god says ».
  • Planche 30, Ă  propos d’un super vilain qui ne supporte que les nombres pairs : « He cut off his thumbs and big toes because he hated odd numbers 
(That, too). Naturally I shot him three times ».
  • Et enfin une certaine philosophie Marshalienne de la vie aprĂšs la mort : « And if this slime is right and there is no punishment in the hereafter 
I’ll just have to give you your punishment now ! ».

Publications

Dessins, encrage et couleurs par Kevin O’Neill. Lettrage : Steve Potter.

  • Cette histoire, qui constitue la conclusion de The Hateful Dead (initialement titrĂ©e City of the Zombies) ne sortira finalement qu’en 1992 et aux États-Unis, sous la banniĂšre Dark Horse Comics. Format comics, couverture cartonnĂ©e et papier glacĂ©.
  • L’annĂ©e suivante (1993), Dark Horse Comics compilera cette histoire avec les deux prĂ©cĂ©dentes dans le recueil Blood, Sweat, and Fears. Le deuxiĂšme, troisiĂšme et quatriĂšme plat du one shot de 1992 sont intĂ©gralement repris dans cette Ă©dition.
  • En 2003, le paperback prĂ©cĂ©dent sera rĂ©Ă©ditĂ© par Titan Books en Angleterre avec le mĂȘme titre (couverture diffĂ©rente). Si le deuxiĂšme, troisiĂšme et quatriĂšme plat du one shot de 1992 sont Ă©galement repris, le deuxiĂšme plat inclut une fausse publicitĂ© supplĂ©mentaire en lieu et place du rĂ©sumĂ© de The Hateful Dead et des crĂ©dits artistiques.

RĂ©sumĂ© de l’histoire

AprĂšs ceux du cimetiĂšre, ce sont les super hĂ©ros du Âge d'or des comics « conservĂ©s » au Victory Museum qui se voient ressuscitĂ©s par Black Scarab et son fluide toxique. Ils vont vouloir s’en prendre Ă  Marshal Law qu’ils prennent pour un super soldat Nazi, alors que celui-ci a dĂ©jĂ  fort Ă  faire avec une petite amie « morte vivante ».

ThÚmes abordés

  • On retrouve le thĂšme de l’utilisation des figures super hĂ©roĂŻques pour masquer la rĂ©alitĂ© des conflits armĂ©s, thĂšme dĂ©jĂ  abordĂ© pour les guerres panamĂ©ricaine, et qui va ĂȘtre ici dĂ©veloppĂ© dans le contexte de la seconde guerre mondiale. À cet effet, les auteurs vont utiliser les hĂ©ros du Golden Age (Âge d'or des comics) qui ont pour certains combattu nombre de super nazis ou autres reprĂ©sentants des forces de l'Axe pendant cette pĂ©riode.
    • Pat Mills n’était pas un grand connaisseur de l’univers des super hĂ©ros au moment de la crĂ©ation du personnage. Par la force des choses, il s’est penchĂ© sur la question et, si la piĂštre opinion qu’il se fait des comics transparaĂźt dĂšs la premiĂšre histoire, son analyse trĂšs nĂ©gative du genre atteint son paroxysme avec Super Babylon. Certains clins d’Ɠil (Mary Miracle, dĂ©marquage de Mary Marvel, est prĂ©sentĂ©e comme l’épouse d’un certain dentiste - S. Elvana sur la boĂźte aux lettres de la planche 23 - qui fait rĂ©fĂ©rence Ă  l’ennemi jurĂ© de la famille Marvel, Silvana, inspirĂ© du pharmacien de C. C. Beck), montrent que les recherches effectuĂ©es par les auteurs sont loin d’ĂȘtre superficielles, et qu’ils ont Ă©tudiĂ© la question de trĂšs prĂšs. Et Ă  partir de la planche 22, ce sont littĂ©ralement ces derniers qui parlent Ă  travers la bouche de Marshal Law, et qui analysent l’utilisation du comic book dans l’exaltation patriotique amĂ©ricaine Ă  partir de 1941.
    • Il est Ă  noter ici que la haine de Pat Mills/Marshal Law envers les super hĂ©ros frise l’écƓurement, et n’est contrebalancĂ©e qu’une seule fois, dans une case ou un super hĂ©ros du Golden Age a cette rĂ©flexion en rĂ©ponse Ă  la litanie vomie par le Marshal : « Ecoutez, je crois que vous nous prenez bien trop au sĂ©rieux », ce qui n’est pas faux. D’ailleurs, cette simple remarque place Ă  ce moment de l’histoire le Marshal dans la position des censeurs qui allaient sĂ©vir Ă  la fin du Golden Age (position qui sera accentuĂ©e Ă  la fin de l’album). L’opinion des auteurs contraste donc grandement avec l’image gentiment rĂ©tro et colorĂ©e que l’on peut se faire de cette Ă©poque des comics (pĂ©riode 1939 –crĂ©ation de Superman- fin de la seconde guerre mondiale), Ă©poque qui sera ressuscitĂ©e par Alan Moore dans 1963, Supreme ou Tom Strong par exemple (en accentuant lui le cĂŽtĂ© merveilleusement imaginatif et dĂ©suet de ces BD).
    • Les attaques sont encore une fois tellement frontales et littĂ©rales, qu’il suffit de lire le discours tenu par le hĂ©ros tel quel pour comprendre que Pat Mills a plus envie de rĂ©veiller son lectorat que de jouer avec des costumes bariolĂ©s. Les planches 36 et 37 (la rĂ©cupĂ©ration des scientifiques japonais ou nazis et de leurs travaux plus que contraires Ă  l’éthique, le comportement des corporations amĂ©ricaines qui ont profitĂ© de l’effort de guerre des deux cĂŽtĂ©s) sont Ă  cet Ă©gard exemplaires de ses convictions et de sa volontĂ© d’éveiller les consciences. Et la multiplication de pleines pages apocalyptiques exĂ©cutĂ©es par Kevin O’Neill, donne l’impression que cette histoire lui sert Ă  lui aussi d’exutoire. Finalement, on se retrouve avec une BD d’action extrĂȘmement brutale, entrecoupĂ©e de nombreux discours pamphlĂ©taires (d’une grande justesse du reste), qui pourront dĂ©stabiliser le lecteur ne venant chercher qu’un peu de distraction.
  • Mills et O’Neill vont finir de dĂ©velopper la dualitĂ© inhĂ©rente Ă  leur personnage, qui en mĂȘme temps qu’il crache sa haine sur les super hĂ©ros, est de plus en plus stigmatisĂ© comme reprĂ©sentant d’un certain ordre moral amĂ©ricain.
    • L’évolution du personnage, est une nouvelle fois liĂ©e au personnage de Lynn Evans (petite amie de Joe Gilmore tuĂ©e par le Marchand de Sable). Lorsque celle-ci va prendre la parole Ă  la fin de l’histoire (planches 40 et 41, prenant le relais du discours de Black Scarab Ă  la planche 4), elle va stigmatiser la figure symbolique du Marshal en tant que reprĂ©sentant d’un certain ordre (moral, religieux, familial et social). Comme ils l’avaient fait avec Killoton dans Kingdom of the Blind, les auteurs vont Ă  nouveau changer de porte-parole en cours de route pour mieux isoler leur hĂ©ros dans ses contradictions. Marshal Law est le reprĂ©sentant de l’oppression morale du systĂšme qu’a subi l’hĂ©roĂŻne durant son enfance, et c’est paradoxalement Joe Gilmore qui l’en a sauvĂ©.
    • L’iconisation fascisante utilisĂ©e pour dĂ©crire le Marshal tout au long du rĂ©cit prend ici toute son ampleur face aux aspirations libertaires de Black Scarab et sa bande (qui finalement peuvent attirer la sympathie du lecteur). L’évolution du personnage va atteindre un point culminant Ă  l’issue de cette histoire oĂč la sĂ©paration totale des deux personnalitĂ©s va se rĂ©aliser alors que les derniers souvenirs heureux qui maintenaient « en vie » Joe Gilmore seront annihilĂ©s au sens propre comme au sens figurĂ© (planches 44 et 45). Si Marshal Law ne ressentait pas la douleur physique, il en est dĂ©sormais de mĂȘme pour la douleur Ă©motionnelle.

Références utilisées et autres remarques

  • Les rĂ©fĂ©rences aux personnages de comics : extrĂȘmement nombreuses et prĂ©cises, elles englobent la majeure partie des hĂ©ros du Golden Age en se focalisant particuliĂšrement sur la JSA (Justice Society of America, rebaptisĂ©e ici Jesus Society of America). CrĂ©e en 1940 dans All-Star Comics #3, cette Ă©quipe se retrouve ĂȘtre une rĂ©union de second couteaux, n’ayant pas leur propre publication (lorsque The Flash et Green Lantern auront la leur, ils disparaĂźtront de l’équipe). Le dĂ©tournement du titre en No Star Comics Ă  la planche d’ouverture, appuie volontairement cet Ă©tat de fait. Pour davantage d’informations sur ces hĂ©ros, on pourra consulter les livres de Jean-Paul Jennequin sur l’Histoire du Comic Book (tome 1, Des origines Ă  1954, qui couvre entre autres la pĂ©riode de l’ñge d’or des Comics jusqu’à l’adoption du comics code, , Vertige Graphic) ainsi que le Golden Age Heroes Directory de Jesse Nevins[4].
    • On commence par la planche 11, qui parodie la trĂšs cĂ©lĂšbre couverture d’All-Star Comics #3 (l’annĂ©e lorsqu’elle est indiquĂ©e est celle de la crĂ©ation du personnage).
      • De gauche Ă  droite autour de la table : reconnaissable Ă  son masque Ă  gaz The Sandman (comics) (1939, nom inconnu dans la BD), Wild Cat (1941, Tomcat), The Spectre (1940, The Spook), The Flash (1940, Lightning Streaker), Hawkman (1939, Carrion Crow), Dr Fate (1940, Doc Weird), Green Lantern (1940, Blue Battery), The Hourman (1939, Hyperman, la pilule Miraclo ayant Ă©tĂ© remplacĂ©e par un shoot Ă  la seringue).
      • En haut Ă  droite de la table un Uncle Sam (crĂ©ation de Will Eisner) et une Mary Marvel (1943, Mary Miracle).
      • À cheval sur les canons et de droite Ă  gauche : Wonder Woman (1941, Victory Girl), Captain America and Bucky (Public Spirit et Private Dick).
    • Non prĂ©sent sur la planche 11 : Plastic Man (1941, Devil’s Tool, planche 13), le Captain Marvel du Golden Age (1940, reprĂ©sentĂ© par le personnage cherchant en vain sa formule magique Shazam), CrĂąne Rouge et Fu Manchu planche 14, The Human Torch du Golden Age (1939, planche 22), Starman (G-Man) et Black Canary (Black Suspenda) Ă  la planche 23, Aquaman (1941, H2O-Man, planche 24), page 26 entre autres une Madam Fatal (Femme Fatale qui partage le mĂȘme goĂ»t pour le transformisme) et un Spirit of 76/Fighting Yank, un Ibis The Invincible croisĂ© avec Zatara (reconnaissable Ă  ses incantations inversĂ©es) et un Green Arrow/The Arrow planche 27, The Vigilante (le cow-boy masquĂ©) planche 34 et juste en dessous The Atom (alias the Mighty-Mite), The Doll Man (1939, Toy Boy) est Ă©voquĂ© au quatriĂšme plat, et bien sĂ»r le Blue Beetle (1941, Black Scarab) dĂ©jĂ  prĂ©sentĂ© dans l’histoire prĂ©cĂ©dente.
    • Reste Ă  faire le tri dans la multitude de hĂ©ros dĂ©cimĂ©s Ă  la planche 26 (Hoppy the Captain Marvel Bunny, The Black Terror, Adam Strange/Ultra-Man ?) et ceux qui accompagnent Black Scarab Ă  la planche 39, avec entre autres Dr Mid-Nite et Sheena (Doctor Night-Eyes et Shaggar).
    • On peut aussi signaler un Iron Man Ă  la planche 3 (juste en dessous d’une trĂšs fine allusion Ă  l’anatomie de Joe Gilmore). C’est une rĂ©fĂ©rence hors Golden Age, mais les origines du personnages sont elles aussi liĂ©es Ă  un effort de guerre (Tony Stark est un marchand d’armes).
    • Quelques remarques :
      • Wonder Woman crĂ©Ă©e pour ĂȘtre un archĂ©type de la femme moderne, forte et Ă©mancipĂ©e, se retrouvera quand mĂȘme avec la fonction de secrĂ©taire d’un groupe (la JSA, au #8) dont elle est un des membres les plus puissants. Et donc, Victory Girl arbore des entraves de chaĂźnes aux poignets, et le Public Spirit la somme de prendre des notes Ă  la planche 31. Son allusion Ă  Mars (mythologie) Ă  la planche 14, n’est pas anodine dans le thĂšme principal exposĂ© par les auteurs puisque pendant la pĂ©riode de la guerre 39-45, c’était Mars (mythologie) qui dirigeait les forces de l’axe dans le propre titre de Wonder Woman.
      • Planche 26 et 29, les pouvoirs de Blue Battery, Ă  l’instar de ceux de Green Lantern, n’ont pas d’emprise sur le bois.
      • Le Blue Beetle de 1941 utilise un fortifiant dans sa lutte contre le crime, alors que Black Scarab est imprĂ©gnĂ© de fluide toxic.
      • Depuis Kingdom of the Blind les sidekicks et autres Boy Wonders (Robin, Bucky, etc.) ne sont pas Ă  la fĂȘte dans Marshal Law (utilisĂ©s pour leurs organes ou pour leurs faveurs sexuelles). Le livre de Jean-Paul Jennequin pose justement la question de l’utilitĂ© de ces versions enfantines des hĂ©ros, forcĂ©ment mises en danger par leurs tuteurs, et auxquelles les jeunes lecteurs ne semblent jamais s’identifier. Mills et O’Neill ont trouvĂ© des raisons Ă  leur existence presque plus plausibles !
  • Autres rĂ©fĂ©rences
    • Le titre Super Babylon bien sĂ»r, et voilĂ  ce que l’on trouve sur la page Wikipedia consacrĂ©e Ă  Babylone : « Babylone reprĂ©sente symboliquement, dans le livre de l’Apocalypse, la sociĂ©tĂ© occidentale mercantile, dĂ©cadente, dĂ©shumanisĂ©e et pervertie, le systĂšme rĂ©pressif, toute forme d’autoritĂ© oppressive (police, armĂ©e, pouvoir financier, pouvoir politique, etc.). NĂ©anmoins, la Bible, qui en fera le symbole de la corruption et de la dĂ©cadence, nous en transmettra le souvenir et le prestige qui survĂ©curent Ă  sa chute ». On peut donc voir dans ce titre une allĂ©gorie Ă©vidente Ă  notre sociĂ©tĂ© contemporaine (« dĂ©cadente, dĂ©shumanisĂ©e et pervertie »), une allusion Ă  la figure que reprĂ©sente le Marshal (« autoritĂ© oppressive ») et au souvenir que nous laissera un certain Ăąge d’or en plein dĂ©clin (« le prestige qui survĂ©curent Ă  sa chute »).
    • Planche 24 et 25 : il est fait rĂ©fĂ©rence aux auditions de l’HUAC (House Un-American Activities Committee(Commission de la chambre sur les activitĂ©s non amĂ©ricaines), mise en place peu avant la seconde guerre mondiale pour combattre les influences nazie, fasciste et communiste aux États-Unis, et qui s’attaqua au milieu Hollywoodien en 1947 (avant mĂȘme le Maccarthisme).
  • Avez-vous remarquez ?
    • Deux microscopiques indices visuels (aux planches 45 et 47) permettent de subodorer que les auteurs n’en ont pas fini avec l’un de leurs personnages rĂ©currents : Lynn Evans/Vindicta (c’est Pat Mills lui-mĂȘme qui dans la section Ă©ditorial du #2 de The Savage Dragon/Marshal Law Ă©voque sa survie).

Quelques citations

  • Planche 7, ou comment adapter ses insultes face Ă  des morts vivants : « Eat shit and live, asshole ! ».
  • Planche 15, un certain Ă©tat d’esprit rĂ©actionnaire des hĂ©ros combattant les forces de l’axe : « And remember 
 If it moves, it’s a Jap ! If it doesn’t, it’s a crafty Jap ! » (crafty = rusĂ©).
  • Planche 47, Carrion Crow (le super poulet), se voit saisir les deux jambes par deux anciens combattants zombifiĂ©s qui vont tirer chacun de leur cĂŽtĂ© (« Make a wish ! »).
  • Planche 27, Marshal Law en rĂ©ponse Ă  un Billy Batson (Captain Marvel) qui ne veut pas croire qu’un policier puisse jurer ou user de violence gratuite : « Wich earth are you from ? ». Cette rĂ©ponse se double d’un clin d’Ɠil aux multitudes de mondes parallĂšles qui encombrent les univers de super hĂ©ros.
  • Planche 33, aprĂšs le Golden Age et le Silver Age, le Marshal se veut le hĂ©raut d’un nouvel Ăąge : « Welcome to the lead age! »(lead = plomb).
  • Et pour finir, un archivage de musĂ©e un peu particulier Ă  la planche 38, ou par exemple on peut chercher dans de grands casiers tous les hĂ©ros dĂ©rivĂ©s d’oiseaux (« Albatross to Blackbird » etc.). Il en est de mĂȘme pour les « Captains » (« Action to Courage, Dauntless to Fearless », etc.) ou les « Hornets » (« Black, Blue, Gold, Red », etc.) par exemple.

Publications

Dessins et encrages Kevin O'Neill, couleurs Steve Buccellato (souvent de simples aplats, pas le plus beau rendu de la série) et lettrages Janice Chiang.

  • Sorti en 2 numĂ©ros chez Epic Comics (fin 1993) avec couvertures en relief (#1 Hell for Leather, #2 Hell to Pay). Le scĂ©nario a Ă©tĂ© entiĂšrement Ă©crit par Pat Mills, Clive Barker n’étant crĂ©ditĂ© que comme crĂ©ateur de Pinhead.
  • Cette histoire n’a pour l’instant pas Ă©tĂ© reprise dans un recueil.

RĂ©sumĂ© de l’histoire

Dans cette histoire, Marshal Law s’est enfin trouvĂ© une nouvelle (super) petite amie qui le convie Ă  une thĂ©rapie de groupe « festive » animĂ©e par Seraph, un ange prĂ©tendument venu du paradis. Ce paradis se rĂ©vĂšle ĂȘtre en fait un monde dĂ©moniaque dĂ©diĂ© Ă  l’expression de la douleur et du sado-masochisme extrĂȘme. Le Marshal va devoir composer avec le haut prĂȘtre de cet enfer (pour le compte du seigneur Leviathan) : Pinhead, leader des cĂ©nobites, des dĂ©mons passĂ©s maĂźtres dans l’art de la souffrance infligĂ©e.

Introduction à l’univers de Pinhead

  • Pinhead (littĂ©ralement et physiquement « tĂȘte d’épingles ») est un personnage issu de l’imagination de l’écrivain anglais Clive Barker. Apparu aux yeux du grand public dans le film, Ă©crit et rĂ©alisĂ© par Barker en 1988, Le Pacte (Hellraiser), Pinhead (pas encore crĂ©ditĂ© comme tel au gĂ©nĂ©rique) est prĂ©sentĂ© comme le chef des cĂ©nobites, des dĂ©mons dirigeants un univers alternatif, une sorte d’enfer consacrĂ© aux plaisirs sado-masochistes ultimes dont l’accĂšs est contrĂŽlĂ© par un artefact magique (un cube puzzle dont il faut rĂ©soudre les Ă©nigmes). Dans cette rĂ©alitĂ© dĂ©moniaque, les utilisateurs du cube se voient obligĂ©s (qu’ils soient demandeurs ou non) de subir les pires tortures imaginables (Ă©corchĂ©s vivants, dĂ©membrĂ©s, vidĂ©s de leur sang, etc.) infligĂ©es par les cĂ©nobites (qui n’occupent que trĂšs peu l’écran lors de ce premier Ă©pisode).
  • Dans le second volet sorti en 1988, Hellraiser 2 (Hellraiser : Hellbound en anglais, seulement scĂ©narisĂ© par Clive Barker, rĂ©alisĂ© par Tony Randel), on en apprend un peu plus sur Pinhead qui semble avoir une origine humaine : l’officier de l’armĂ©e britannique Elliot Spencer. Ce dernier, dont l’existence remonte Ă  l’époque coloniale, a eu la mauvaise idĂ©e de vouloir jouer avec la boĂźte puzzle (mais il fait partie des consentants) et s’est retrouvĂ© transformĂ© en cĂ©nobites sous les ordres du seigneur LĂ©viathan.
  • Enfin, dans Hellraiser 3 (Hell on Earth, 1992, rĂ©alisĂ© par Anthony Hickox, Ă©crit par Peter Atkins et derniĂšre suite ayant l’aval de Barker), l’acteur Doug Bradley qui endosse le double rĂŽle Pinhead/Spencer gagne du gallon (deuxiĂšme au gĂ©nĂ©rique) et une prĂ©sence plus importante Ă  l'Ă©cran. L’alter ego humain de Pinhead se voit ainsi dotĂ© d’un background plus dĂ©taillĂ© et Pinhead devient la menace principale du film (ce qui n’était pas le cas dans les deux premiers volets). C’est aussi dans cet Ă©pisode (le dernier avant la parution de ce team up avec le Marshal) qu’il est fait mention de la grande guerre dans le passĂ© du Capitaine Elliot Spencer. On comprendra que ce sont les atrocitĂ©s auxquelles il a Ă©tĂ© confrontĂ© durant la premiĂšre guerre mondiale qui sont Ă  l’origine de son tragique destin.
  • Pour conclure cette introduction, un petit dĂ©tail amusant : dans les crĂ©dits du premier film on peut repĂ©rer un certain Joe Gilmore (nom civil du Marshal) comme assistant dubbing editor.

ThÚmes abordés

  • Cette rencontre avec Pinhead est une occasion supplĂ©mentaire de dĂ©noncer la propagande relative aux conflits armĂ©s. En mĂȘme temps que les personnages seront mis graphiquement en parallĂšle (sur les deux couvertures, ainsi que bien sĂ»r un Marshal Law cĂ©nobite en ouverture du #1), leurs passĂ©s respectifs de vĂ©tĂ©ran de guerre (premiĂšre guerre mondiale pour Pinhead, La Zone –le ViĂȘt Nam en quelque sorte- pour le Marshal) seront Ă©voquĂ©s afin de permettre aux auteurs de continuer Ă  informer leur lectorat.
  • Le thĂšme de la glamourisation de la guerre pourrait bien sĂ»r ĂȘtre redondant, mais les nouveaux dĂ©tails documentaires dont se servent les auteurs ne cessent d’ĂȘtre pertinents.
    • Ainsi, aux planches 28 Ă  30 du #1, on a droit Ă  un exposĂ© Ă©difiant sur les termes utilisĂ©s pendant les guerres pour amoindrir l’effet des atrocitĂ©s commises et dĂ©sensibiliser l’opinion publique (comme dirait Pinhead Ă  l’avant derniĂšre planche du premier numĂ©ro : « le langage de la douleur n’est qu’une question de dĂ©ni »). PlutĂŽt que de parler de Napalm, on prĂ©fĂ©rera donc utilisĂ© la dĂ©nomination moins lourde de sens d’« incendigel » ou « artillerie lĂ©gĂšre » (et on prĂ©fĂšrera parler de « blessures thermiques » pour Ă©voquer des brĂ»lures intenses). Les grenades Ă  fragmentation sont renommĂ©es « armes d’empĂȘchement d’accĂšs Ă  une zone », et les gaz toxiques ne produiront que des « embarras respiratoire ». Quant Ă  la barbare amputation, elle est remplacĂ©e par une simple « procĂ©dure de modification d’un membre ». AprĂšs un tel rĂ©quisitoire, il n’est nul besoin d’ĂȘtre un grand devin pour avoir le mot « torture » Ă  l’esprit, lorsqu’à la derniĂšre planche du #1 Pinhead parle « d’opĂ©ration chirurgicale ».
    • Un peu comme une catharsis, on sent que Mills et O’Neill se font plaisir en confrontant alors leurs propres reprĂ©sentants de la glamourisation (les super hĂ©ros) aux horreurs des tranchĂ©es auxquelles il ne survivent pas plus longtemps (voire moins) que le militaire lambda (planches 25 et 26 du #2).
    • Outre les mĂ©thodes utilisĂ©es en direction de l’opinion publique, les auteurs essayent d'identifier celles qui sont employĂ©es en direction des soldats qui serviront soit de chair Ă  canon, soit d’exĂ©cuteurs anesthĂ©siĂ©s. Des mĂ©thodes qui peuvent se rĂ©sumer Ă  la peur et l’ordre comme garants d’une sociĂ©tĂ© docile, deux thĂšmes qui vont ĂȘtre abondamment explorĂ©s dans ces deux numĂ©ros Ă  travers les diffĂ©rents discours de Pinhead. Bien sĂ»r, au passage, le Marshal sera Ă  nouveau, et fort justement, accusĂ© d’ĂȘtre un reprĂ©sentant de cet ordre suprĂȘme.
  • L’incontournable thĂšme de la haine de soi a Ă©videmment une place prĂ©pondĂ©rante dans cette histoire, d’autant plus que les obsessions de Marshal Law trouveront une rĂ©sonance toute particuliĂšre en la personne de Pinhead.
    • La double face des deux personnages sera Ă©voquĂ©e durant toute l’histoire par une utilisation rĂ©pĂ©tĂ©e de jeux d’ombres qui culminera aux planches 12 et 13 du #2. Et encore une fois, ce n’est pas forcĂ©ment le hĂ©ros de cette BD qui sera prĂȘt Ă  reconnaĂźtre et accepter sa propre part d’ombre (planche 26 du #1, ce n’est que l’ombre du Marshal qui pleure vraiment).
    • Nous avions laissĂ© le Marshal totalement dĂ©sensibilisĂ© physiquement et psychiquement Ă  la fin de l’histoire prĂ©cĂ©dente, il n’est donc finalement pas Ă©tonnant que les auteurs le confrontent au grand prĂȘtre Ăšs souffrances. Les deux comics s’ouvrent d’ailleurs par une profession de foi concernant notre hĂ©ros : « Par-dessus tout, Marshal Law veut ressentir Ă  nouveau la douleur » (Ă  l’introduction des personnages au deuxiĂšme plat).
    • MalgrĂ© ce que le Marshal prĂ©tend Ă  la troisiĂšme planche du #1 (« Mais d’abord et avant tout, je suis un homme »), il n’a d’humain que ses dĂ©sirs primaires (ici sexuels). La recherche de l’humanitĂ© de Pinhead dont il va ĂȘtre question dans l'histoire va ĂȘtre traitĂ© comme une mise en abyme du chemin que le Marshal devra lui-mĂȘme parcourir pour retrouver sa « moitiĂ© manquante » (cf discours de Super Nova Ă  la planche 5 du #1 sur la supposĂ©e propension Ă  l’autodestruction des cĂ©nobites). MĂȘme si ce dernier n’est pas encore prĂȘt Ă  appliquer ses propres conseils de bon sens Ă  lui-mĂȘme (planche 17 du #2, le Marshal dĂ©clare en regardant le lecteur/miroir droit dans les yeux : « Si nous pouvions atteindre ce qu’il reste d’humain en lui 
 »), il fait preuve d’une redoutable conscience de son Ă©tat pathologique aux planches 23 et 24 du #1 lorsqu’il Ă©voque son passĂ© de Screaming Eagle : « Si vous ne ressentez pas la douleur, vous voulez l’infliger 
 pour voir ce que vous manquez. Nous Ă©tions totalement dĂ©sensibilisĂ©s 
 L’incarnation du mal. Nous n’avions pas peur de mourir 
car nous Ă©tions dĂ©jĂ  mort ». Et l’acceptation de soi (idĂ©e renforcĂ©e Ă  la derniĂšre planche de l’histoire) n’est elle pas la premiĂšre Ă©tape de toute bonne thĂ©rapie qui se respecte ?

Références utilisées et autres remarques

  • Les rĂ©fĂ©rences aux personnages de comics : beaucoup moins directes que dans l’épisode prĂ©cĂ©dent, on retrouve quand mĂȘme, en plus de crĂ©ations originales et de rĂ©fĂ©rences aux personnages « maison », des clins d’Ɠil plus ou moins Ă©vidents aux super hĂ©ros mainstream (la liste qui suit n’étant pas exhaustive).
    • Pour le #1 :
    • Pour le #2 :
      • Page 6 et 7 : un des super hĂ©ros qui va s’engager dans le cube a un aspect qui rappelle beaucoup le FlĂšche Noire du groupe Les Inhumains.
      • Page 8 : Fearless fait furieusement pensĂ© au Daredevil de la Marvel Comics (mais il ne semble pas ĂȘtre aveugle).
      • Page 29 : outre un Hulk et un Wolverine, on peut apercevoir Ă  la case 2 un Ravage (comics) (en) (le personnage borgne Ă  gauche) qui est une rĂ©fĂ©rence trĂšs subtile. En effet, Ravage (de sa propre sĂ©rie Ravage 2099) a Ă©tĂ© crĂ©Ă© quelques mois auparavant par Stan Lee et Paul Ryan avant d’ĂȘtre pris en main Ă  partir du #8 par un certain Pat Mills, en association scĂ©naristique avec Tony Skinner (qui est le principal contributeur de l’association pour cette sĂ©rie, dixit Mills lui-mĂȘme).
      • Page 30 : un Lobo (comics), alors scĂ©narisĂ© par un compatriote anglais des auteurs, Alan Grant.
    • En dehors des rĂ©fĂ©rences visuelles prĂ©cĂ©dentes, Mills et O’Neill continuent de ridiculiser les clichĂ©s du langage des super hĂ©ros (entreprise commencĂ©e avec les hĂ©ros du Golden Age dans l’épisode prĂ©cĂ©dent) :
      • À la page 12 du #1 : le mode de manipulation du cube permettant d’ouvrir les portes de l’enfer est adaptĂ© Ă  cette bande dessinĂ©e dans un savoureux charabia super hĂ©roĂŻque.
      • Page 6 et 7 du #2 : sans commentaires puisque la rĂ©fĂ©rence est ouvertement prĂ©sentĂ©e.
  • Les rĂ©fĂ©rences aux films
    • Il y a dĂ©jĂ  la trame de base de chacun des 3 films qui est reprise, c’est-Ă -dire que pour espĂ©rer se sortir des griffes des cĂ©nobites, il faut passer un marchĂ© avec eux.
    • Page 11 et 12 du #1 : on a droit aux premiĂšres apparitions de Leviathan et du cube mystique, Ă  l’image de ce qu’ils sont dans les films.
    • La page d’ouverture du #2, comprend une rĂ©fĂ©rence Ă  un cĂ©nobite apparu dans les deux premiers films (on y aperçoit aussi Leviathan).
    • Et puis bien sĂ»r l’origine humaine de Pinhead telle qu’elle est Ă©voquĂ©e dans le second et le troisiĂšme film est reprise et Ă©toffĂ©e par Pat Mills.
  • Autres rĂ©fĂ©rences
    • RĂ©fĂ©rences religieuses :
      • LĂ©viathan est une rĂ©fĂ©rence issue de l’univers original de Clive Barker (monstre mythique dont on ignore la forme, capable d'anĂ©antir le monde).
      • Entre la page 6 et 11 les protagonistes entament une « descente aux enfers » en prenant un ascenseur qui les mĂšne de l’étage 97 jusqu'au 66e (via le 94 et surtout le 69 oĂč a lieu l’orgie).
      • Seraph = SĂ©raphin (Bible): reprĂ©sentant Ă  forme humaine du plus haut rang dans la catĂ©gorisation des anges, c’est-Ă -dire les plus proches de Dieu (ceux chargĂ©s de veiller sur son trĂŽne).
      • Page 17 du #2 : les archives akashiques ne sont pas des crĂ©ations des auteurs.
      • Page 25 du #2 : Ă©vocations des stigmates de la rĂ©incarnation (le corps et la psychĂ© se souvenant des vies passĂ©es).
      • Il est enfin difficile de ne pas penser dans cette histoire Ă  la scientologie ou tout autres activitĂ©s gouroutisantes, en considĂ©rant les « california stuff » qui y sont dĂ©crites.
    • RĂ©fĂ©rences Ă  la Grande Guerre :
      • L’utilisation des atrocitĂ©s de la Grande Guerre comme Ă©lĂ©ment fondateur de la psychĂ© de Pinhead est du pain bĂ©nit pour Pat Mills. À travers sa propre sĂ©rie sur la premiĂšre guerre mondiale, Charley's War (parue entre dans le magazine Battle Weekly en 1979), il a dĂ©jĂ  pu gratter le vernis derriĂšre la vĂ©ritĂ© officielle de ce conflit. Battle Weekly Ă©tant une revue d’histoires de guerre grand public soumise Ă  l’approbation d’éditeurs tierces, ses attaques n’étaient pas aussi frontales qu’elles le sont dans cette histoire. NĂ©anmoins, la prĂ©cision avec laquelle les aventures de Charley Bourne Ă©tait contĂ©es (le strip Ă©tait extrĂȘmement bien documentĂ©) a permis Ă  Mills de marquer durablement les esprits et d’éveiller la conscience de son lectorat de l’époque.
      • Page 20 et 21 du #1 : la bataille de la Somme a Ă©tĂ© Ă©voquĂ©e dans Charley's War, tout ce qui est Ă©voquĂ© ici est historiquement vrai. Page 22 de ce mĂȘme numĂ©ro, Ă  la case 5, la citation de Pinhead (« Eye-deep in hell ») est trĂšs probablement issue d’un poĂšme de Ezra Pound, poĂšme inscrit sur une Ă©pitaphe commĂ©morant la premiĂšre guerre mondiale.
    • Autres remarques
      • Super Nova : les auteurs utilisent une hĂ©roĂŻne dont le nom symbolise le stade le plus brillant d’une Ă©toile et l’associe Ă  une Ă©toile noire (Marshal Law = NĂ©mĂ©sis) dans sa recherche d'une figure paternelle.
      • On peut dĂ©celer dans le #1, page 26, case 3, un petit clin d’Ɠil Ă  une situation iconique de l’art de Frank Frazetta. Et page 27, avec l’histoire prĂ©cĂ©dente, c’est le deuxiĂšme tank gĂ©ant surarmĂ© que Kevin O’Neill semble prendre plaisir Ă  mettre en scĂšne.

Quelques citations

  • Page 13 du #1 : Ă  propos de l’ange Seraph « He wouldn’t lie 
 He’s a good guy, he’s got wings ».
  • Page 8 et 9 du #2 : une rĂ©flexion d’un cĂ©nobite Ă  propos de Fearless, le hĂ©ros sans peur, alors qu’il est suspendu Ă  des crochets de boucher en affirmant que tout va bien : « H’mm 
 Perhaps the hero without the vocabulary to express fear! ».

Publications

Dessins, encrage et couleurs par Kevin O’Neill, lettrage de Bill Oakley.

  • PubliĂ©e d’abord aux États-Unis en deux numĂ©ros (# et #) par Dark Horse en format comics normal. Les dos des couvertures de chaque numĂ©ro forment une seule et mĂȘme image avec la couverture elle-mĂȘme. Attention : dans le #2, les bulles des planches 27 et 28 ont Ă©tĂ© inversĂ©es.
  • Cette erreur a Ă©tĂ© corrigĂ©e lors de la rĂ©Ă©dition en Angleterre en 2003 (Titan, recueil Fear Asylum, (ISBN 1-84023-699-X)).

Résumé de l'histoire

Difficile de situer chronologiquement cette histoire, qui semble suivre immĂ©diatement Super Babylon (cf planche 8 du #1), alors que Law in Hell a pourtant Ă©tĂ© publiĂ©e entre-temps. On peut quand mĂȘme remarquer que le scĂ©nario de Secret Tribunal tranche radicalement avec les rĂ©cits prĂ©cĂ©dents en ne reprenant pas les thĂšmes rĂ©currents abordĂ©s jusqu’ici (comme la perception des conflits armĂ©s du XXe siĂšcle). De plus, depuis Marshal Law Takes Manhattan, on assiste Ă  la dĂ©shumanisation progressive du hĂ©ros qui culminera Ă  la fin de Super Babylon. Ensuite, le Marshal prend conscience de son Ă©tat psychique durant sa confrontation avec Pinhead. L’humanitĂ© dont va Ă  nouveau faire preuve le hĂ©ros dans ce nouvel Ă©pisode engage Ă  penser que Secret Tribunal est bien Ă  placer aprĂšs Law in Hell.

L’histoire reprend ouvertement la trame du chef-d’Ɠuvre de James Cameron, Aliens le retour (1986). On y retrouve donc Marshal Law Ă  la tĂȘte d’un commando de super hĂ©ros mutants, le Secret Tribunal du titre, qui a pour mission de dĂ©barrasser une plateforme orbitale (un centre de formation –dans tous les sens du termes- d’apprentis super hĂ©ros) de ses parasites extra terrestres, les Incubus. À l’instar du personnage d'Ellen Ripley, ils finiront par affronter une reine mĂšre dans un combat dont l’enjeu est la protection de leur progĂ©niture respective.

ThÚmes abordés

  • Les auteurs vont guider le lecteur dans cette histoire Ă  travers l’éveil Ă  la sexualitĂ© et les transformations liĂ©es Ă  la pubertĂ© des jeunes hĂ©ros du centre de formation. ParallĂšlement Ă  la rĂ©humanisation progressive de leur personnage, ils vont aussi s’évertuer Ă  lui confĂ©rer un aspect hĂ©roĂŻque, prĂ©parant par la mĂȘme, le revirement de mentalitĂ© futur du Marshal (ne plus haĂŻr les hĂ©ros).
  • S’il n’y avait la prĂ©sence lĂ©tale de l’Incubus (et encore, l’Incube est une rĂ©fĂ©rence Ă  un dĂ©mon mĂąle qui prend forme humaine pour avoir des relations sexuelles avec des femmes), le sexe serait le principal objet de prĂ©occupation des personnages de cette BD (mĂȘme le commissaire Mc Gland n'Ă©chappe pas Ă  cette frĂ©nĂ©sie sexuelle).
    • À commencer par les jeunes postulants Ă  la League of Heroes, dont le temps de l’initiation coĂŻncide avec les changements physiques et de la pubertĂ©s (et les frustrations qui leur sont associĂ©es), symbolisĂ©s par l’apparition de pouvoirs encore incontrĂŽlables (sans mĂȘme parler de leur noms : Growing Boy, Super Sensitive Girl). Bien sĂ»r, on pourrait penser que Mills et O’Neill traitent de la perte de la virginitĂ© comme 99 % des fictions en tuant un des deux partenaires peu aprĂšs l’acte (le sexe devant forcĂ©ment ĂȘtre traitĂ© comme dramatiquement sĂ©rieux et pas sans consĂ©quence). Mais, en y regardant de plus prĂšs, cet acte a un cĂŽtĂ© franchement libĂ©rateur pour le deuxiĂšme partenaire qui pourra se rĂ©aliser pleinement Ă  la fin de l’histoire (sans compter que Super Sensitive Girl n’en Ă©tait visiblement pas Ă  son coup d’essai).
    • Le Marshal (pour qui le sexe est trĂšs dĂ©tendu et sans consĂ©quence dramatique) ne sera pas en reste, puisque 4 planche du #2 seront consacrĂ©es Ă  ses Ă©bats humoristico sexuels, les auteurs Ă©gratignant au passage la thĂ©orie de l’inner self (le plaisir simplement physique qui n’existerait pas chez la femme, voir citation de Breathless).
    • Graphiquement, ce thĂšme est lourdement appuyĂ© par une quantitĂ© non nĂ©gligeable de nuditĂ© frontale et d’iconographie sexuelle explicite (on est clairement plus tout dans le symbolisme avec l’illustration du Life Lab de la planche 3 du #1), fait rare mĂȘme chez Dark Horse Comics.
  • Face Ă  l’eugĂ©nisme rampant dont vont faire preuve la plupart des personnages reprĂ©sentĂ©s ici (les membres du Secret Tribunal et de la League Of Heroes, les scientifiques), les auteurs vont pouvoir faire ressortir les qualitĂ©s humaines de Marshal Law. Mais il ne sera pas le seul rempart face Ă  l’éthique douteuse des protagonistes de l’histoire. En effet, une grande partie du rĂ©cit est narrĂ©e (par l’intermĂ©diaire d’un journal intime) du point de vue d’un jeune super hĂ©ros, Growing Boy, qui va contraster avec les super hĂ©ros gĂ©nĂ©ralement mis en scĂšne par Mills et O’Neill, par son humilitĂ©, son sens des responsabilitĂ©s, et la luciditĂ© avec laquelle il va reconnaĂźtre ses faiblesses.
  • L’histoire va donc ĂȘtre trĂšs favorable Ă  la figure hĂ©roĂŻque que reprĂ©sente le Marshal. Il va littĂ©ralement prendre la dĂ©fense de l’orphelin face Ă  une menace qui ne concerne qu’eux (et comme ce sont des produits de laboratoire, ils sont dispensables). Cet aspect hĂ©roĂŻque est renforcĂ© graphiquement par des postures iconiques du Marshal (derniĂšre planche du #1) ainsi que sa prĂ©sence au sein d’une Ă©quipe de 7 personnages renvoyant inconsciemment au mythe que sont devenus les 7 mercenaires/samouraĂŻ. On pourra remarquĂ© que c’est une habitude chez Mills de reprendre cette configuration de groupe hĂ©roĂŻque, configuration qu’il a dĂ©jĂ  bien exploitĂ© au sein de son autre sĂ©rie les ABC Warriors (alias The Meknificient Seven).
  • La critique des milieux de la recherche, dĂ©jĂ  prĂ©sente en filigrane depuis l’origine de Marshal Law (particuliĂšrement dans Kingdom of the Blind), ne sera pas en reste avec ces scientifiques qui utilisent des techniques Ă  base d’élevage industriel (leur cobayes Ă©tant nommĂ©s par numĂ©ro et ordre alphabĂ©tique) et de lavage de cerveau pour donner naissance aux super hĂ©ros du futur. Ils seront mĂȘme perçus comme Ă©tant pires que les super_hĂ©ros eux-mĂȘmes (par comparaison, les membres du Secret Tribunal feront finalement preuve de compassion). Pour les scientifiques de Mills, toutes les situations inĂ©dites, y compris les menaces mortelles qui pĂšsent sur leur progĂ©niture, doivent ĂȘtre traitĂ©e du point de vue de l’observation distanciĂ©e sans que jamais interviennent des considĂ©rations morales. Il est d’ailleurs amusant de retrouver des Ă©chos de ce thĂšme dans le quatriĂšme volet d’Alien : Alien, la rĂ©surrection Alien Resurrection, 1997, scĂ©nario de Joss Whedon, fan ultime de comics s’il en est).

Références utilisées et autres remarques

  • Les rĂ©fĂ©rences aux personnages de comics :
    • Impossible de ne pas penser aux X-Men en considĂ©rant les membres du Secret Tribunal. S’il est difficile de trouver une correspondance entre les personnages de Mills et O’Neill et ceux de la Marvel Comics (si ce n’est un Ragnarok qui Ă  l’instar de Wolverine fume le cigare), beaucoup d’indices viennent mettre la puce Ă  l’oreille. À commencer par la prĂ©sence d’un (ancien) leader en chaise roulante, le professeur Zeitgeist, puis les termes « homosuperiors » et « mutants » qui sont utilisĂ©s par les membres du Secret Tribunal. Au vu du sort qui est rĂ©servĂ© Ă  cette Ă©quipe, on pourrait penser que les auteurs ont plus de sympathie pour ces super hĂ©ros mutants, peut ĂȘtre Ă  cause de leur statut historique de parias.
    • Pour en finir avec les membres du Secret Tribunal, et sans grande conviction, Ragnarok a un petit cĂŽtĂ© Deadlock (membre des ABC Warriors et aussi incarnation robotique de Nemesis the Warlock dont le vaisseau –Blitzspear- porte le mĂȘme type de dĂ©coration que le costume de Ragnarok), tandis que Rune a un look trĂšs Suicidal Tendencies (S.T.), groupe de mĂ©tal fusion amĂ©ricain.
    • Beaucoup plus explicites sont les rĂ©fĂ©rences Ă  la LĂ©gion des Super-HĂ©ros. Pour beaucoup, les X-Men de Marvel doivent beaucoup Ă  une autre Ă©quipe de super hĂ©ros crĂ©Ă©e au sein de DC en 1958 (Adventure Comics #247) : la LĂ©gion des Super-HĂ©ros. Super Ă©quipe constituĂ©e par de jeunes hĂ©ros venus du futur, la LSH est dotĂ©e d'une mĂ©thode de recrutement analogue Ă  celle dĂ©crite dans Secret Tribunal. La League of Heroese de Mills et O'Neill est bien sĂ»r constituĂ©e de dĂ©marcation des personnages de DC (Public Spirit Junior = Superboy, Camouflage Kid = Chameleon Boy, etc.).
  • Les rĂ©fĂ©rences cinĂ©matographiques
    • L’univers d’Alien (1979, Ridley Scott) et d’Aliens (1986, James Cameron) est abondamment rĂ©fĂ©rencĂ© dans cette histoire. Les cocons, l’incubation dans un hĂŽte humain, le design gĂ©nĂ©ral de l’Incubus, la reine mĂšre protĂ©geant sa progĂ©niture, l'Incubus accrochĂ© Ă  la navette de secours, jusqu’à l’accroche du film dĂ©tournĂ©e sur la ceinture de Lichenstein (« In space no one can ear you ream »).
    • Le surnom du vaisseau du Super Patriot, Cape Fear, (le cap de la peur) peut aussi bien faire rĂ©fĂ©rence au lieu gĂ©ographique situĂ© en Caroline du Nord du mĂȘme nom, qu’au film Les Nerfs Ă  vif remakĂ© par Martin Scorsese en 1991.
    • Enfin, les rĂ©fĂ©rences aux films Orange mĂ©canique et Les Sept Mercenaires/Les Sept SamouraĂŻs sont illustrĂ©es dans la partie consacrĂ©e aux thĂšmes.
  • Autres rĂ©fĂ©rences
    • Le nom du super groupe The Secret Tribunal est une rĂ©fĂ©rence littĂ©rale au mode d’agissement de ces hĂ©ros et l’utilisation officieuse que peut en faire un gouvernement.
    • La phrase prononcĂ©e par le Marshal Ă  la planche 2 du #2 « Give me a child for the first four years of his life
 and he’s mine forever », fait Ă©cho Ă  un prĂ©cepte d’éducation JĂ©suite « Give me a child untill he is seven, and I will give you the man » (que doit fort bien connaĂźtre Pat Mills puisqu’il a Ă©tĂ© dans un collĂšge de cette confession).
  • Autres remarques
    • Avez-vous remarquĂ© l’Incubus accrochĂ© Ă  la navette de la case 6 de la planche 7 du #1 ?

Quelques citations

  • À la planche 10 du #1, lorsque le Marshal est invitĂ© Ă  devenir chasseur d’alien : « But I don’t hate aliens 
 ».
  • Planche 2 du #2 : Ă  la remarque faite par le Marshal Ă  propose des incubateurs de super hĂ©ros : « Give me a child for the first four years of his life
 and he’s mine forever », Dave, le scientifique en chef a cette rĂ©ponse savoureuse : « Four hours actually Marshal. And six for a heroine.. because we have to inhibit her female intuition ».
  • De Breathless, expliquant au Marshal sa vision du sexe Ă  la planche 14 du #2 : « 
Sex is different for a woman 
 It’s just not physical relief. There has to be a meeting of minds
 of souls 
It’s the only way to achieve real intimacy. It turns making love into a truly spiritual experience. ». Et la rĂ©ponse sitcomesque du Marshal : « Yeah 
er
have we got time for a quick one ? » Ă  une Breathless peu en reste : « Oh, Baby..I thought you’d never ask! ».
  • Et cela se corse encore Ă  la page suivante oĂč Breathless prĂ©vient notre hĂ©ros : « Do what you like. I’m just going to lie here rigid », qui en fait de mĂȘme: « No..leave that to me.. ».

Publications

ScĂ©nario de Pat Mills (Erik Larsen n’est citĂ© que comme crĂ©ateur du Savage Dragon), dessins et encrage de Kevin O’Neill (noir et blanc) et lettrage de Chris Eliopoulos.

  • Sorti en deux comics de 22 pages chez Image Comics en 1997, le titre choisi par Pat Mills Ten, n’apparaĂźt que dans les pages Ă©ditoriales signĂ©es par ce dernier (2 dans chaque numĂ©ro). Il pourra nĂ©anmoins ĂȘtre utilisĂ© dans ces lignes pour dĂ©signer cette histoire.
  • À la date de publication de cet article, aucun recueil ne compile cette histoire qui n'existe donc que sous la forme des deux comics ci-dessus.

Résumé de l'histoire

On peut dire que ce rĂ©cit est la conjonction de deux idĂ©es : cĂ©lĂ©brer les 10 ans de publication du personnage, et adapter la trame du film Seven (1995, David Fincher, traitant des sept pĂȘchĂ©s capitaux) aux 10 commandements catholiques. L’histoire est vĂ©cue du point de vue du Savage Dragon qui se retrouve projetĂ© dans un futur proche (celui de Marshal Law) afin de prĂȘter main-forte au Marshal pour stopper les exactions d’un serial killer. Ce dernier assassine mĂ©thodiquement des super hĂ©ros/mutants, en chĂątiment de leur supposĂ© Ă©carts aux dix commandements catholiques (explicitĂ©s ici dans la partie consacrĂ©e aux rĂ©fĂ©rences).

Introduction Ă  l'univers du Savage Dragon

Pour un historique dĂ©taillĂ© voir la page du personnage, mais pour justifier l’idĂ©e du Team Up, on peut quand mĂȘme souligner les points communs Ă©vidents entre les deux hĂ©ros. Ce sont tous deux des policiers possĂ©dant des pouvoirs surhumain, qui sont employĂ©s Ă  l’origine par le gouvernement pour contenir pour l’un, des gangs de super hĂ©ros laissĂ©s pour compte Ă  San Futuro (San Francisco), pour l’autre, des mutants criminels qui sĂ©vissent dans une Chicago elle aussi uchronique.

ThÚmes abordés

  • AprĂšs une interruption de prĂšs de 4 annĂ©es, les aventures du Marshal retrouve les prĂ©sentoirs de comics par le biais d’une publication chez un nouvel Ă©diteur amĂ©ricain : Image Comics. On comprendra alors aisĂ©ment que Mills et O’Neill aient Ă  nouveau eu le besoin de prĂ©senter leur personnage aux lecteurs et on retrouvera donc un condensĂ© des thĂšmes classiques associĂ©s au policier de San Futuro comme la haine des super hĂ©ros ou la haine de soi. À travers le regard beaucoup moins cynique du Savage Dragon, les nouveaux venus seront introduits Ă  l’univers Marshalien via une visite guidĂ©e littĂ©rale (vue aĂ©rienne de la ville sur une double page) qui prend soin de nous remettre en mĂ©moire les principaux protagonistes de la sĂ©rie (Mc Gland, Sorry, Suicida, Public Spirit). Des pages Ă©ditoriales comportant des rĂ©sumĂ©s dĂ©taillĂ©s de toutes les histoires prĂ©cĂ©dentes ainsi que des pistes pour le futur viennent conforter cette impression de nouveau dĂ©part (le changement de costume de notre hĂ©ros n’étant pas Ă©tranger Ă  ce sentiment).
  • Cela dit, le personnage va connaĂźtre une Ă©volution importante Ă  l’issue de Ten puisqu’il va quelque peu faire la paix avec lui-mĂȘme : en dĂ©cidant de ne plus haĂŻr les super hĂ©ros, Marshal Law est amenĂ© Ă  ne plus se dĂ©tester. Symboliquement, cette rĂ©union des 2 personnalitĂ©s du hĂ©ros, est illustrĂ©e par un mĂȘme dialogue commencĂ© sous l’apparence de Joe Gilmore (#2, planche 13 et 14) et terminĂ© par son alter ego costumĂ©, en posture graphique de quelqu’un ayant enfin « u la lumiĂšre » Marshal Law ne sera d'ailleurs pas le seul personnage Ă  avoir une rĂ©vĂ©lation dans Ten (Suicida et Sorry). De gimmick presque banal, l’utilisation des 10 commandements par un mĂ©chant miroir du Marshal (double personnalitĂ©, haine de soi -le bad guy arbore un mĂ©daillon oĂč on peut lire « pour l’amour de Dieu tuez-moi »-, actions dĂ©clenchĂ©es par une rĂ©vĂ©lation divine) prend un sens beaucoup plus profond en regard de ce qu’il va devenir. En ajoutant d'une certaine maniĂšre un onziĂšme commandement Ă  leur mythologie (« Tu ne haĂŻras point ton prochain »), les auteurs accordent plus de libertĂ© Ă  leur hĂ©ros (planche finale) et Ă  eux-mĂȘmes, pour le dĂ©veloppement de ses futures aventures.

Références utilisées et autres remarques

  • Les rĂ©fĂ©rences aux super hĂ©ros : tous les personnages intervenants dans cette histoire sont issus des univers respectifs du Savage Dragon (Mako, Star, Cesspool, Horridus, Ragging Woody, Mightyman/Anne Stevens, Justice, Superpatriot, Overlord) et de Marshal Law (Suicida, Public Spirit Junior, Commissioner McGland, Breathless, Ragnarok, Growing Boy, Sorry The Nearly Man, Flyboy, Rubber Johnny, Elemental Man, The Punished, Hellborn, The Watchlord, Ammo-Zone, Victory Girl, G-Man et quelques restes des super hĂ©ros du Golden Age dans les ruines du Victory Museum de Super Babylon). Pour ce dernier, les Ă©ventuelles rĂ©fĂ©rences Ă  des super hĂ©ros prĂ©existants ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© Ă©voquĂ©es plus haut, sinon on a affaire Ă  quelques nouveaux personnages non rĂ©fĂ©rentiels. La liste complĂšte des intervenants est reprise des bas de page de crĂ©dits de chacun des 2 numĂ©ros.
  • Les rĂ©fĂ©rences religieuses :
    • la version catholique actuelle des dix commandements est la suivante :
      • Premier commandement: Je suis le Seigneur ton Dieu.
      • DeuxiĂšme commandement : Tu ne prononceras pas le nom de Dieu en vain.
      • TroisiĂšme commandement : Se souvenir de sanctifier les jours festifs.
      • QuatriĂšme commandement : Honore ton pĂšre et ta mĂšre.
      • CinquiĂšme commandement : Tu ne tueras point.
      • SixiĂšme commandement : Tu ne commettras pas d’adultĂšre.
      • SeptiĂšme commandement : Tu ne voleras pas.
      • HuitiĂšme commandement : Tu ne feras pas de faux tĂ©moignages.
      • NeuviĂšme commandement : Tu ne dĂ©sireras pas la femme de ton prochain.
      • DixiĂšme commandement : Tu ne convoiteras pas le bien du prochain.
    • L'ordre est lĂ©gĂšrement diffĂ©rent dans l’histoire :
      • 1°: « False God » (commandement associĂ© au Savage Dragon)
      • 2°: « Idols »
      • 3°: « Blasphemy »
      • 4°: « Black Sabbath »
      • 5°: « Honour thy father and mother »
      • 6°: « Murder » (commandement associĂ© au personnage de Marshal Law)
      • 7°: « Adultery »
      • 8°: « Stealing »
      • 9°: « False Witness »
      • 10°: « Thou shalt not covet »
  • Les rĂ©fĂ©rences cinĂ©matographiques :
    • L’emprunt est tellement Ă©norme que l’on pourra difficilement parler de plagiat dĂ©guisĂ© lorsqu’on compare Ten au Se7en de David Fincher (scĂ©nario de Andrew Kevin Walker). Rappelons seulement que dans ce film, 2 policiers enquĂȘtent sur des meurtres ritualisĂ©s selon les sept pĂȘchĂ©s capitaux.
  • Autres rĂ©fĂ©rences :
    • Dans le #2 Ă  la planche 17, on pourra remarquer une troublante similitude entre la tour mĂ©tallique dĂ©peinte, et celle qui sera utilisĂ©e dans le final de la saison 5 de Buffy contre les vampires (si emprunt il y a, c’est alors dans le sens inverse qu’il faut le considĂ©rer puisque la sĂ©rie TV date de 2001).

Quelques citations

  • Une seule, en planche final du premier numĂ©ro et illustrant le onziĂšme commandement de Mills et O’Neill : « Thou shalt not piss off Marshal Law ».

Publications

ScĂ©nario de Pat Mills (Mike Richardson n'est citĂ© que comme crĂ©ateur de The Mask), dessins et encrage Kevin O’Neill, couleur Dave Stewart et lettrage Ellie Deville.

  • PubliĂ© en 2 comics de 22 pages, entre fĂ©vrier et chez l'Ă©diteur amĂ©ricain Dark Horse Comics.
  • Cette histoire a connu une rĂ©Ă©dition en chez l'Ă©diteur anglais Titan Books, dans le recueil Fear Asylum.

RĂ©sumĂ© de l’histoire

Maintenant que Marshal Law n’éprouve plus de haine pour les super hĂ©ros, il est bien dĂ©cidĂ© Ă  donner sa dĂ©mission tout en prĂ©parant sa succession. Mais c’est sans compter avec l’équipe de savants du docteur SHOCC, qui tentent par tous les moyens de faire sortir le Sleepman de son coma, allant mĂȘme jusqu’à tester sur ce dernier un mystĂ©rieux artefact (le fameux Mask du titre).

Introduction Ă  l'univers de The Mask

The Mask est un personnage crĂ©Ă© par John Arcudi et Doug Mahnke (Ă  partir d’un concept original de Mike Richardson). La sĂ©rie met en scĂšne un masque magique qui transmet le pouvoir de remodeler la rĂ©alitĂ© (dans un style souvent cartoony) Ă  celui qui le revĂȘt, tout en rendant celui-ci totalement invulnĂ©rable. En outre, le masque altĂšre le physique de son porteur (une tĂȘte verte barrĂ©e d’un large sourire), ainsi que sa personnalitĂ© en supprimant ses barriĂšres psychologiques inhibitrices. C’est d’ailleurs cette derniĂšre capacitĂ© qui peut suffire Ă  justifier un cross-over entre les 2 personnages, puisqu’elle va servir Ă  nourrir l’évolution du hĂ©ros.

ThÚmes abordés

  • On peut trouver la note d’intention suivante (signĂ©e de la main de Pat Mills), dans le courrier des lecteurs du premier numĂ©ro de cette histoire : « [
] the character has to develop and change if he isn’t going to end up as a tired comic-book formula. This process of development opens up new and even more satirical and savage possibilities [
] ». Cette note rĂ©sume Ă  elle seule le thĂšme principal de ce rĂ©cit, thĂšme qui sera centrĂ© sur la dualitĂ© Marshal Law/Joe Gilmore. Si la personnalitĂ© civile de Law avait enfin repris le dessus dans la prĂ©cĂ©dente aventure, Mills et O’Neill vont Ă  l’issue de ce team-up, entĂ©riner la sĂ©paration psychique et physique entre Joe Gilmore et son alter-ego. L’introduction au courrier des lecteurs du second numĂ©ro est Ă  ce sujet sans ambiguĂŻtĂ© : « [
] Joe may not hate superheroes any more ; but his dark alter-ego still does ! These are the first major indications of a split personality that is gonna get worse in future issues ». L’homme derriĂšre le masque n’est donc pas celui que l’on croyait.
  • On peut Ă©galement Ă©tablir un parallĂšle entre le Marshal et son crĂ©ateur lorsque l’on dĂ©couvre au dĂ©but de l’histoire notre policier dĂ©clarer qu’il est quelque peu blasĂ© par l’exercice de son mĂ©tier (c'est-Ă -dire « fracasser » du super hĂ©ros), et souligner qu’il arrive un moment oĂč l’on se lasse des hommes en collants. Mais le remĂšde Ă  la routine ne sera pas la soi-disant retraite anticipĂ©e du Marshal, mais la mise au placard de la personnalitĂ© devenue trop timorĂ©e de Joe Gilmore. Les auteurs vont choisir de pousser encore plus loin leur concept de dĂ©part (« plus c’est excessif, plus cela nous fait rire et nous enclins Ă  poursuivre dans cette voie » dĂ©clarait rĂ©cemment Kevin O’Neill dans une interview pour Timesonline par Owen Vaughan) vers une haine obsessionnelle quasi jouissive, qui culmine dans un case finale aussi logique que suicidaire. Et ce constat rĂ©duit par la mĂȘme Ă  nĂ©ant tout effort de rationalisation de leur Ɠuvre (ce que pourtant cet article s’efforce Ă  faire).
  • Contentons nous alors pour finir, d'Ă©voquer succinctement la symbolique Ă©vidente du masque, ce que peuvent cacher certaines actions soi-disant hĂ©roĂŻques (hilarantes planches 2 et 3 du #2), les jeux d’ombres particuliĂšrement nombreux qui parsĂšment la mise en image de Kevin O’Neill et cette attaque supplĂ©mentaire de l’arrogance des milieux scientifiques.

Références utilisées et autres remarques

  • RĂ©fĂ©rences aux super hĂ©ros : mis Ă  part une utilisation humoristique du Bat Signal au derniĂšres planches du #1, les diffĂ©rents protagonistes de ce rĂ©cit sont soit des nouveaux personnages (non rĂ©fĂ©rentiels), soit des protagonistes propres Ă  l’univers de Marshal Law (McGland, Sorry, Suicida/The Mask).
  • Autres rĂ©fĂ©rences : il y en a probablement Ă  travers les diffĂ©rentes incarnations utilisĂ©es par The Mask.
  • Autres remarques : dans l’interview pour Timesonline dont il est question prĂ©cĂ©demment, Kevin O’Neill nous apprend que la censure est Ă©tonnement intervenue Ă  la premiĂšre case de la planche 7 du #2. On a en effet demandĂ© aux auteurs de remplacer le mot « Pussy » de « Pussy Palace » par « Pushy » sur le nĂ©on en haut Ă  droite. Étonnement car si on regarde minutieusement tous ce qui est montrĂ© dans cette illustration, « Pussy » aurait dĂ» ĂȘtre le cadet de leurs soucis.

Quelques citations

  • Page 2 du #1, le Marshal a du vague Ă  l’ñme : « More teeth on my glove. More blood on my boots. More paperwork ».
  • Un extrait du journal de bord de feu, le Public Spirit, Ă  la page 2 du #2 :« Monday-5th, Opened new wing of hospital dedicated to me. Tuesday-6th, Rescued cat. Wednesday -7th, Day off. Thursday -8th, Off sick with cat fur allergy ».

Publications

Illustrations encrage et couleurs sont de la seule main de Kevin O'Neill.

  • Cette histoire, Ă  l’origine visible sur le dĂ©funt site web Cool Beans World, a connu sa premiĂšre publication couleur papier chez l’éditeur britannique Titan Books, en . C’est sous la forme d’une nouvelle illustrĂ©e de prĂšs de 90 pages que se prĂ©sente l’objet, imprimĂ© au format comics mais avec une orientation « Ă  l’italienne » (c’est-Ă -dire Ă  lire dans le sens de la largeur).
  • Cette nouvelle a connu une rĂ©Ă©dition sous forme de livre de poche en chez le mĂȘme Ă©diteur, dans le recueil Marshal Law Origins. Par contre, les illustrations se sont retrouvĂ©es en N&B et lĂ©gĂšrement tronquĂ©es Ă  cause de la rĂ©duction de format.

RĂ©sumĂ© de l’histoire

Marshal Law est sur les traces d’un ex Screaming Eagle (un super soldat gĂ©nĂ©tiquement dĂ©livrĂ© de toute sensation liĂ©e Ă  la douleur), vĂ©tĂ©ran de la zone, et ancien camarade d’unitĂ© de Joe Gilmore. C’est l’occasion pour ce dernier de se remĂ©morer l’évĂ©nement tragique Ă  l’origine de la naissance du chasseur de hĂ©ros, lors de la cĂ©lĂ©bration du « Jour des Morts ».

ThÚmes abordés

  • Si le contexte de The Day of the Dead a un fort parfum d’aprĂšs guerre (San Francisco/Futuro aprĂšs le Big One, l’évocation d’un conflit ayant pris place dans un pays sud amĂ©ricain), c’est parce que l’histoire s’inspire d’un voyage de Pat Mills Ă  Sarajevo en 2000, dans une ex Yougoslavie se remettant Ă  peine d’un conflit dĂ©vastateur. On peut Ă  cet Ă©gard facilement imaginer l’auteur en lieu et place de son hĂ©ros, dans le chapitre 2, alors que celui-ci traverse les dĂ©combres de San Futuro dans le Taxi qui l’a amenĂ© depuis l’aĂ©roport. Pas Ă©tonnant donc de s’apercevoir que le thĂšme principal du rĂ©cit sera celui des traumatismes de guerre, et leur empreinte indĂ©lĂ©bile sur la psychĂ© de ses protagonistes principaux (Dough Face et Marshal Law).
  • Difficile d’enchaĂźner aprĂšs ce monument de nihilisme qu’est la fin de The Mask/Marshal Law. Il serait d’ailleurs hasardeux de situer cette histoire dans la lignĂ©e de la chronologie suivie jusqu’ici (qu’est-il advenu de Razorhead ? Gale Force ?). Notre hĂ©ros se trouve nĂ©anmoins initialement dans l’état d’esprit du rĂ©cit prĂ©cĂ©dent, avec une volontĂ© sincĂšre de faire prendre une retraite dĂ©finitive au policier violent. À ce stade de l’évolution de la double personnalitĂ© du personnage, l’indĂ©pendance entre les 2 entitĂ©s est totale : « But now Joe had nothing more to do with Marshal Law. They were separate beings. » (page 22). Les auteurs poussent l’idĂ©e jusqu’à offrir Ă  Joe Gilmore/Marshal Law deux petites amies diffĂ©rentes dont il va devoir s’occuper alternativement durant la mĂȘme soirĂ©e. Le dernier chapitre Law Unmasked est entiĂšrement consacrĂ© Ă  un dialogue intĂ©rieur entre les 2 alter-ego, qui se conclut par une acceptation mutuelle rĂ©signĂ©e. L’idĂ©e d’une retraite anticipĂ©e est abandonnĂ©e, la mission/travail du chasseur de hĂ©ros devra ĂȘtre dĂ©sormais menĂ©e sans entrave.

Références utilisées et autres remarques

  • RĂ©fĂ©rences aux super hĂ©ros

Si des rĂ©fĂ©rences explicites aux personnages de DC Comics et Marvel Comics pouvaient servir initialement de terreau de base aux histoires de Marshal Law, ce n’est plus le cas dans ses derniĂšres aventures (le Hellfire Club apparaĂźt bien dans les X-Men, mais il faut chercher la rĂ©fĂ©rence ailleurs). Les auteurs semblent plutĂŽt chercher Ă  dĂ©velopper leur univers Ă  partir de leurs propres crĂ©ations, avec des attributs (nom, pouvoir) immĂ©diatement liĂ©s Ă  leur fonction dans le rĂ©cit. On pourra nĂ©anmoins encore trouver dans les illustrations de Kevin O’Neill (page 37 et 79), des clins d’Ɠil Ă  des super hĂ©ros existants, pour la plupart dĂ©jĂ  rĂ©fĂ©rencĂ©s plus haut.

  • Autres rĂ©fĂ©rences
    • Le Hellfire Club : l’origine de cette sociĂ©tĂ© secrĂšte est dĂ©taillĂ©e sur la page anglaise de Wikipedia correspondante. Ce club pourrait davantage ĂȘtre illustrĂ©e par le groupuscule d’influence formĂ© par les 13 Secret Chiefs de l’histoire suivante (Cloak of Evil). On est ici au cƓur des centres d’intĂ©rĂȘts de Mills, et en particulier l’études des sociĂ©tĂ©s occultes britanniques, et les liens entre le paganisme ancestral et le satanisme prĂŽnĂ© par Aleister Crowley. Les fruits de ses recherches sont pour beaucoup utilisĂ©es dans sa sĂ©rie française Requiem, Chevalier Vampire, dont le tome 5 porte justement le titre Hellfire Club.
    • Page 18 : « War! What is it good for? Absolutely nothing » est le refrain d’une chanson du groupe anglais Frankie Goes to Hollywood (1984).
    • Page 19 : le porte avion John Paul Jones Ă©chouĂ© dans les dĂ©combres de San Futuro, fait logiquement rĂ©fĂ©rence au premier officier de la marine amĂ©ricaine s’étant distinguĂ© pendant la guerre d’indĂ©pendance. On ne peut nĂ©anmoins exclure un clin d’Ɠil au bassiste de Led Zeppelin.
    • Page 21 : « The day of the dead », littĂ©ralement « le jour des morts », est une fĂȘte mexicaine (« dia de los muertos ») d’origine prĂ©colombienne. CĂ©lĂ©brĂ©es de façon bien plus festive que la Toussaint chrĂ©tienne, les cĂ©rĂ©monies comportent l’accompagnement des dĂ©funts vers leur ancienne demeure via des chemins tapissĂ©s de fleurs et ornĂ©s de reprĂ©sentation iconiques de la mort (le masque du Marshal en Ă©tant une).

Quelques citations

Comme citations cette fois-ci, 2 variantes de phrases emblématiques prononcées par Marshal Law :

  • Page 38 : « My gun fires six different shades shit. What’s your favourite colour, punk ? Yeah. Yellow. Figures » (Yellow = jaune, mais aussi « foie jaune »)
  • Page 66 : « I’m a super hero hunter. I hunt super heroes
 because I hate them. »

RĂ©sumĂ© de l’histoire

Marshal Law se retrouve Ă  enquĂȘter sur un meurtre liĂ© Ă  un scandale politique mĂȘlant rĂ©unions libertines, espionnage international et cĂ©rĂ©monies occultes. Son affaire l’amĂšnera Ă  se confronter aux Secret Chiefs, un club trĂšs fermĂ© de personnalitĂ©s haut placĂ©es, protĂ©gĂ©es par un redoutable et trĂšs discret homme de main : The Cloak. Comme si cela ne suffisait pas, le Marshal sera aussi confrontĂ© Ă  deux des plus puissants hĂ©ros de l’ex Union soviĂ©tique : Iron Wolf et la fatale Black Madonna.

ThÚmes abordés

  • Le recueil dans lequel est publiĂ© cette histoire a pour titre Origins. The Day of the Dead traite justement de la naissance de Marshal Law, et de son existence en tant que personnalitĂ© indĂ©pendante de Joe Gilmore. Pat Mills va mĂȘme jusqu’à Ă©voquer l’idĂ©e d’une possession de Joe Gilmore par des Ăąmes de dĂ©funts, reprĂ©sentĂ©es par un masque mortuaire qui deviendra le visuel principal du costume du hĂ©ros. Marshal Law serait en rĂ©alitĂ© la manifestation des victimes de la guerre en AmĂ©rique centrale, les Zones Roses, exprimant Ă  travers le policier, leur haine des super hĂ©ros qui ont abusĂ© de leurs pouvoirs. Marshal Law peut alors ĂȘtre considĂ©rĂ© comme l’incarnation vengeresse de ces esprits, leur exĂ©cuteur testamentaire. Tout au long de ce second rĂ©cit, Cloak of Evil, les auteurs font rĂ©fĂ©rence Ă  cette idĂ©e de personnalitĂ©s indĂ©pendantes. Cette sĂ©paration d’esprit est mĂȘme physiquement ressentie par le vilain de l’histoire, The Cloak of Evil, qui n’arrive pas Ă  faire pas le lien entre Marshal Law et Joe Gilmore (« the cloak of innocence » p. 158). Ce thĂšme de la pĂ©rennisation de l’ñme Ă  travers les Ăąges, pĂ©rennisation assurĂ©e par un besoin d’assouvir une vengeance, est un thĂšme cher au cƓur de Pat Mills, et que l’on retrouve dans bon nombre de ses Ɠuvres majeures Ă  travers des personnages comme Torquemada, Sha ou SlĂĄine.
  • On retrouve aussi un autre thĂšme rĂ©current dans l’Ɠuvre de Pat Mills au travers de l’évocation de sociĂ©tĂ©s secrĂštes ou occultes. Si dans The Day of the Dead ce thĂšme Ă©tait illustrĂ© par le Hell Fire Club (qui sĂ©vit aussi dans Requiem, Chevalier Vampire), ce mĂȘme Hell Fire Club porte le nom de Secret Chiefs dans Cloak of Evil. Les rites pratiquĂ©s par les membres de ce culte sont d’ailleurs Ă  nouveau ouvertement associĂ©s aux prĂ©ceptes d’Aleister Crowley (une messe noire oĂč un hĂŽte serait profanĂ©, une secte formĂ©e de 13 membres).

Références utilisées et autres remarques

  • RĂ©fĂ©rences aux super hĂ©ros : Cela fait maintenant quelques histoires qu’il est clair que les auteurs ne manifestent plus l’envie d’associer leur personnage Ă  une simple satire de comics de super hĂ©ros. Aussi, et sauf erreur, les protagonistes costumĂ©s de ce rĂ©cit sont des crĂ©ations propres, si ce n'est le personnage de Black Madonna dans lequel on peut voir la Veuve Noire (comics) de Marvel (Black Widow en version originale).
  • Autres rĂ©fĂ©rences :
    • ExpĂ©dions rapidement la rĂ©fĂ©rence aux histoires types M. I. A. (Missing In Action c'est-Ă -dire « portĂ© disparu »), qui voit le Marshal former un commando afin d’aller porter secours Ă  des prisonniers de guerres « oubliĂ©s » par les autoritĂ©s. Cette partie de l’histoire a Ă©tĂ© inspirĂ©e aux auteurs par un voyage en Russie et en Estonie, avec notamment des prises de notes au sujet d’une Ă©glise reconvertie en prison.
    • La rĂ©fĂ©rence principale de cette histoire se trouve ĂȘtre le scandale Profumo, qui a profondĂ©ment bousculĂ© le Royaume-Uni au dĂ©but des annĂ©es 1960. Plus qu’une rĂ©fĂ©rence, c’est mĂȘme le synopsis tout entier qui va suivre quasiment Ă  la lettre les remous de ce scandale, oĂč le secrĂ©taire d’état Ă  la guerre, John Profumo, devra rĂ©pondre de ses liens avec une Call Girl, Christine Keeler, qui compte un attachĂ© de l’ambassade soviĂ©tique au nombre de ses amants. Le rĂ©cit dĂ©taillĂ© de cette affaire est exposĂ© ici, et les alter ego de ses principaux protagonistes sont listĂ©s ci-aprĂšs : Kassie Kelly/Christine Keller, Steffi Riley-Davey/Mandy Rice-Davies, The Edge/Johnnie Edgecombe, The Rack/Peter Rachman, Dan Powers alias The Undertaker/John Profumo, Lord Chantry alias The Black Monocle/Vicomte Astor, Serge Kovalchuck alias KGBH/Yevgeny “Eugene” Ivanov et Lexden Kaye/Stephen Ward. On retrouve dans le rĂ©cit de Pat Mills les occupations de chacun (The Rack/John Rachman est un tenanciers peu scrupuleux, Lexden Kaye/Stephen Ward est ostĂ©opathe) ainsi que leurs destinĂ©s respectives (suicide de Stephen Ward, repentance de John Profumo). Pat Mills va mĂȘme jusqu’à utiliser mot pour mot les dĂ©clarations officielles de John Profumo dans son histoire, et faire rĂ©fĂ©rence Ă  un portrait extrĂȘmement connue de Christeen Keeler (p. 164), qui a Ă©tĂ© dĂ©jĂ  imitĂ© pour l’affiche de l’adaptation cinĂ©matographique de l’affaire (Scandal, Michael Caton-Jones, 1989).
  • Autres remarques :
    • Le premier chapitre de l’histoire a de forts relents du Strange Days de Kathryn Bigelow et James Cameron (1995).
    • Les mĂ©thodes de The Cloak sont trĂšs similaires Ă  un autre hĂ©ros de Pat Mills, Accident Man, et The Great Beast invoquĂ©e Ă  la fin de l’histoire possĂšde quelques ressemblances avec Cthulhu.

Quelques citations

  • Page 137, aprĂšs que le poing du Marshal a rencontrĂ© pour la premiĂšre fois la figure de Dan Powers « Please, survive this blow – so I can deal you another one. »
  • Christine Keeler n’était pas rĂ©putĂ©e pour avoir inventĂ© l’eau chaude. Son alter ego Kassie Kelly atteint elle des sommets de candeur naĂŻve page 141 : « Often, when she talked to him during the daytime, he’d fall asleep in mid-conversation. He had told her it was a medical disorder he suffered from. Many people she talked to seemed to suffer from the same complaint », page 142 « She wished she’d asked for more money [
], but her biscuit tin wasn’t big enough to keep all the money in. If only she had a bigger biscuit tin » et 143 : « She knew he was intellectual, but she was into shopping – she never did find out what `lectual`was. »
  • Page 151, un sommet de non-sens pour Marshal Law : « Law was appalled by his lack of control. He would have to file a complaint against himself for police brutality ».

Marshal Law : Origins

Compile les deux nouvelles illustrées ci-dessus (mais en N&B), au format livre (13x20), Titan Books, 2008, (ISBN 9781845769437).

Notes et références

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