Luis Arce
Luis Alberto Arce Catacora ([ˈlwis alˈβɛɾto ˈaɾse kataˈkoɾa]), parfois surnommé Lucho Arce, né le à La Paz, est un économiste et homme d'État bolivien. Il est membre du Mouvement vers le socialisme (MAS) et président de l'État plurinational de Bolivie depuis 2020.
Luis Arce | ||
Luis Arce en 2021 | ||
Fonctions | ||
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Président de l'État plurinational de Bolivie | ||
En fonction depuis le (2 ans, 7 mois et 24 jours) |
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Élection | 18 octobre 2020 | |
Vice-président | David Choquehuanca | |
Gouvernement | Arce | |
Prédécesseur | Jeanine Áñez | |
Ministre bolivien de l'Économie et des Finances publiques | ||
– (9 mois et 18 jours) |
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Président | Evo Morales | |
Prédécesseur | Mario Guillén | |
Successeur | José Luis Parada Rivero | |
[alpha 1] – (11 ans, 5 mois et 1 jour) |
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Président | Evo Morales | |
Prédécesseur | Luis Carlos Jemio | |
Successeur | Mario Guillén | |
Biographie | ||
Nom de naissance | Luis Alberto Arce Catacora | |
Date de naissance | ||
Lieu de naissance | La Paz (Bolivie) | |
Nationalité | Bolivienne | |
Parti politique | MAS | |
Profession | Économiste | |
Résidence | Casa Grande del Pueblo La Paz (Bolivie) |
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Présidents de l'État plurinational de Bolivie | ||
Il est ministre de l'Économie et des Finances publiques entre 2006 et 2017, puis en 2019, sous la plupart des mandats d'Evo Morales. Lors de l'élection présidentielle de 2020, il est le candidat du MAS, et remporte le scrutin avec 55,1 % des voix au premier tour.
Situation personnelle
Luis Arce Catacora naît le 28 septembre 1963 dans la ville de La Paz. Issu d'une famille d'origine mestizo[1] - [2] de la classe moyenne, il est le fils de Carlos Arce Gonzales et Olga Catacora, tous deux enseignants.
Il est diplômé en économie de l'université supérieure San Andrés (UMSA) de La Paz. Entre 1996 et 1997, il fréquente l'université de Warwick à Coventry au Royaume-Uni d'où il sort avec une maîtrise en science économique. Il travaille à la Banque centrale bolivienne de 1987 à 2005[3] - [4].
Marié, il est père de trois enfants[5].
Ascension politique
Ministre de l'Économie
Il est ministre de l'Économie et des Finances publiques sous la présidence d'Evo Morales entre et et de nouveau de janvier à . À ce titre, il est parfois qualifié de « père du miracle économique » bolivien en raison de la nationalisation du secteur des hydrocarbures en 2006, qui a permis de multiplier le PIB par quatre, et de réduire le taux de pauvreté de 60 % à 37 % en un peu plus de dix ans[6] - [7].
Élection présidentielle de 2020
De à , il est en exil au Mexique[8]. Le , il est désigné par son parti, le Mouvement vers le socialisme (MAS), comme candidat à l'élection présidentielle fixée au , avec David Choquehuanca comme colistier[9]. Ce dernier, issu d'une communauté indigène, a d'abord été annoncé comme précandidat[10], alors que le jeune syndicaliste Andrónico Rodríguez avait les faveurs de l'ancien président Morales[6]. Le , le Tribunal suprême électoral donne deux jours à Arce pour compléter son dossier de candidature, sous peine d'être empêché de participer au scrutin. Le MAS propose la présidente du Sénat, Eva Copa, pour le remplacer dans ce cas de figure[11]. Le , sa candidature est validée[12].
Le , à l'appel d'Arce, des milliers de sympathisants du MAS manifestent pour s'opposer à un nouveau report du scrutin prévu par le gouvernement, qu'ils estiment lié à la possibilité pour leur candidat de le remporter[13]. Le , le Tribunal suprême électoral adopte une résolution empêchant tout nouveau report[14].
Le pouvoir bolivien annonce, le , entreprendre des poursuites judiciaires contre Luis Arce pour des « dommages financiers » qu'il aurait causés à l’État lorsqu’il était ministre de l’Économie et des Finances publiques[15]. Une autre enquête est ouverte contre lui début octobre concernant sa participation à la « fraude électorale » de 2019, puis une troisième le 9 octobre, à neuf jours du scrutin, pour « enrichissement illicite »[16].
L’alliance politique Creemos, de son adversaire d’extrême droite Luis Fernando Camacho, dépose en juillet une demande formelle d’interdiction du MAS devant les autorités électorales. La sénatrice conservatrice Carmen Eva González présente également un recours demandant l'interdiction du MAS, l'accusant d'avoir commenté des sondages hors des périodes autorisées[16].
Président de la Bolivie
Transition et investiture
D'après un premier sondage à la sortie des urnes, commandé par la chaîne privée Unitel, Arce est donné vainqueur au premier tour de l'élection présidentielle, avec une première estimation à 52,4 % des suffrages, devançant Carlos Mesa, son principal concurrent, de plus de 20 points (31,5 % des suffrages selon les premières estimations)[17]. Il est félicité dans la foulée par la présidente sortante, Jeanine Áñez[18]. Le décompte final lui donne 55,10 % des suffrages[19], contre 28,83 % pour le second Carlos Mesa. Il hérite alors d’une situation économique extrêmement mauvaise après une année d’administration du gouvernement intérimaire de Jeanine Añez, et en particulier sa gestion de la pandémie de Covid-19[20].
Le , des manifestations et des blocages de route ont lieu dans tout le pays à l'appel d'un groupe d'extrême droite, le Comité civique pro-Santa Cruz, qui conteste les résultats des élections générales gagnées par la gauche. Orlando Gutiérrez, le leader de la Fédération unitaire des travailleurs des mines de Bolivie, pressenti pour devenir ministre, est tué par des manifestants[21]. Le quartier général de campagne d'Arce à La Paz est visé par un attentat à la dynamite alors qu'il y rencontrait le chef du MAS, Sebastián Michel. La tentative d'assassinat ne fait toutefois pas de blessés[22] - [23]. Le ministre de la Défense du gouvernement Áñez, Luis Fernando Lopez, et des officiers boliviens ont envisagé un coup d’État afin d’empêcher l'investiture de Luis Arce et faire annuler les élections, cherchant notamment à recruter des mercenaires américains, selon des enregistrements divulgués en 2021 par le site d'investigation The Intercept[24].
Le , Luis Arce prête serment devant l'Assemblée législative plurinationale et entre en fonction[25] - [26].
Exercice du pouvoir
Sa première mesure est de mettre en place un « bon contre la faim » pour tous les Boliviens âgés de plus de 18 ans qui ne reçoivent plus de revenus[27]. Cette mesure est financée par l'introduction d'un impôt sur les grandes fortunes[28].
Le gouvernement rétablit les relations diplomatiques avec le Venezuela et Cuba et réintègre l’Alliance bolivarienne pour les Amériques (ALBA), l’Union des nations sud-américaines (Unasur) et la Communauté des États latino-américains et Caraïbes (Celac). Il rétablit par ailleurs le ministère de la Culture et abroge le décret promulgué par la présidente par intérim autorisant de nouveaux OGM[28].
Ses interventions à l'approche des élections régionales et municipales de 2021 font face aux critiques de l’opposition, qui les considère comme du « chantage »[29] : dans quatre départements, lors d'inaugurations d'infrastructures publiques ou de livraisons de vaccins contre la Covid-19, le président incite en effet les électeurs à choisir des autorités départementales et municipales avec lesquelles le gouvernement central pourra se coordonner et travailler[30] - [31]. Intervenant moins de cinq mois après l’élection présidentielle, ces scrutins locaux sont marqués par un recul du MAS au pouvoir, qui est défait par l’opposition de la droite et du centre dans les principales villes du pays : La Paz, El Alto, Santa Cruz de la Sierra ou encore Cochabamba, le fief d'Evo Morales[32]. Néanmoins, encore largement majoritaire dans les campagnes, le MAS remporte 240 municipalités sur 336[33].
Le Sénat et la Chambre des députés approuvent le 30 octobre 2020 un rapport demandant des poursuites contre Jeanine Áñez et onze de ses ministres pour leur responsabilité dans les massacres qui avaient suivi la chute d'Evo Morales un an auparavant[34]. Le 2021, l’ancienne présidente Jeanine Áñez, plusieurs membres de son gouvernement ainsi que des dirigeants des forces de l'ordre sont arrêtés pour « sédition » et « terrorisme » lors du changement de gouvernement de 2019[35] - [36]. Dans les jours qui suivent, ces arrestations fracturent à nouveau la société bolivienne et conduisent des dizaines de milliers de personnes à manifester[37] - [38]. Sans toutefois fournir de preuves, l’opposition accuse le nouveau pouvoir de persécution politique et de s'immiscer dans le processus judiciaire[39] - [40]. L’ONG Amnesty International exprime alors ses doutes sur l’indépendance de la justice en Bolivie, indiquant que « la détention de Jeanine Añez et d’autres ex-fonctionnaires semble suivre un modèle habituel : un usage partial de la justice »[41].
Le gouvernement Arce crée en 2022 un fonds pour indemniser les victimes des dictatures qui ont ensanglanté le pays de 1964 à 1982[42].
Protestations contre le gouvernement
En dépit d'une confortable victoire électorale en octobre 2020 le gouvernement de Luis Arce se révèle fragile. Il bénéficie d'un large soutien dans les secteurs subalternes de la population, comme les paysans ou les mineurs, mais est contesté par la plus grande partie de la classe moyenne urbaine ainsi que par la quasi totalité des catégories supérieures. L'opposition comprend ainsi la plupart des pouvoirs de facto du pays : l'élite économique, les églises, les universités, les associations professionnelles et les grands médias[43] - [44].
En octobre 2021, l'opposition convoque de grandes manifestations pour s'opposer au projet de loi visant à lutter contre le financement des activités illégales et le blanchiment d'argent. Celui-ci inquiète le secteur des travailleurs informels, qui emploie plus de la moitié de la population active, qui craignent que la loi soit le prétexte à un contrôle accru de leurs activités économiques, tandis que les médias évoquent le risque de basculement du gouvernement dans la dictature. À partir du 8 novembre, l'opposition décrète un blocage illimité des principaux axes de transport afin de déstabiliser l'économie. La grève s'enracine en particulier dans le département de Santa Cruz, où le Comité civique pro-Santa Cruz, qui regroupe les élites économiques locales, organise le blocage de la capitale départementale. Dans le département de Potosí, les blocages organisés par le Comité civique de Potosi, organisation similaire au Comité civique de Santa Cruz, finissent en affrontements avec des sympathisants du MAS et provoquent la mort de l'un d'entre eux. Face à une situation qui se détériore, le gouvernement renonce à son projet de loi[44].
En octobre et novembre 2022, le Comité civique pro-Santa Cruz et le gouverneur Luis Fernando Camacho organisent à nouveau des grèves et manifestations dans le département pour exiger du gouvernement qu'il anticipe d'un an le recensement de la population, dont l'enjeu est la répartition des sièges au Parlement. La forte croissance démographique du département devrait lui permettre de gagner plusieurs sièges, le dernier recensement remontant à 2012. Le mouvement s'étend à d'autres revendications comme l'autonomie régionale, réclamée par le chef du comité, Romulo Castro. Le département avait déjà connu des troubles sécessionnistes en 2008 qui avaient généré des dizaines de morts[45].
Le blocage provoque des pertes économiques estimées à 1 milliard de dollars et les affrontements entre grévistes et non-grévistes font au moins quatre morts et plus de 170 blessés. L'ONU a condamné les violences « inacceptables », des actes de racisme envers des femmes autochtones ayoreo qui tentaient de lever un piquet de grève dans l'est du pays, un cas de viol collectif, et les attaques contre des organisations sociales paysannes et ouvrières favorables au gouvernement[45].
Notes et références
Notes
- Ministre des Finances jusqu'en 2009.
Références
- (es) Itzamná Ollantay, « Bolivia, elecciones 2020, ¿Por qué el MAS opta por Arce y Choquehuanca? », sur telesurtv.net, (consulté le ).
- (ar) « Luis Arce will be the next president of Bolivia with the... », sur alkhaleejtoday.co, (consulté le ).
- (en) « Luis Alberto Arce », sur live.worldbank.org, (consulté le ).
- « ¿Quiénes son los candidatos a la Presidencia de Bolivia? », sur telesurtv.net,
- « Luis Arce, l’artisan du "miracle économique bolivien" », sur lalibre.be, (consulté le ).
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Liens externes
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