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Louis Albert Guislain Bacler d'Albe

Le général Louis-Albert-Guislain Bacler d’Albe, né le à Saint-Pol-sur-Ternoise, mort à Sèvres le , est un général, cartographe et peintre français de la Révolution et de l’Empire.

Louis-Albert-Guislain Bacler d’Albe
Louis Albert Guislain Bacler d'Albe
Louis-Albert Ghislain Bacler d'Albe (1761-1824), ancien directeur du DĂ©pĂ´t de la Guerre (1814), Godefroy Engelmann (1788-1839), Charles-Etienne Leguay (1762-1846)

Naissance
Saint-Pol-sur-Ternoise (Pas-de-Calais)
DĂ©cès (Ă  62 ans)
Sèvres (Yvelines)
Origine Drapeau de la France France
Allégeance Drapeau de la France République française
Drapeau de l'Empire français Empire français
Royaume de France Royaume de France
Drapeau de l'Empire français pendant les Cent-Jours Empire français (Cent-Jours)
Arme Artillerie
Grade Général de brigade
Années de service 1793 – 1815
Commandement Directeur du DĂ©pĂ´t de la Guerre
Conflits Guerres révolutionnaires
Guerres napoléoniennes
Distinctions Baron de l'Empire
Officier de la LĂ©gion d'honneur
Chevalier de Saint-Louis
Autres fonctions Cartographe
Topographe
Peintre
Famille Père de Louis Marc Bacler d'Albe
Écartelé : aux 1er et 4e, d'azur au chevron d'argent, accompagné de trois trèfles du même ; au 2e, des barons militaires ; au 3e, de sable au globe terrestre d'or sommé d'un compas ouvert d'or, les pointes basses d'argent.

Il joue un rĂ´le historique dans deux domaines : la cartographie et la peinture de bataille. Par ailleurs, Ă  partir de 1804, il est en charge de la documentation cartographique au service de l'empereur.

Bacler d'Albe est l'un des plus anciens compagnons de Napoléon Ier : artilleur comme lui au siège de Toulon en 1793, il fait encore partie des quelques noms cités dans le testament de Napoléon, rédigé à Sainte-Hélène en 1821, pour l'éducation de son fils. En tant que chef de son cabinet topographique personnel de 1804 à 1814, il fournit à Napoléon toutes les cartes disponibles nécessaires aux prises de décision stratégiques pendant les campagnes (il est à sa disposition de jour comme de nuit).

Géographe, il est considéré comme l'un des meilleurs cartographes de son temps, il a perfectionné la représentation du relief par jeux d'ombres, dirigé le Dépôt de la Guerre (ancêtre de l'actuel Institut national de l'information géographique et forestière) et réalisé les premières cartes homogènes d'Italie puis d'Europe (exemplaire unique appelée « carte de l'empereur », perdue pendant la retraite de Russie à part la feuille de Bavière).

Artiste, il est considéré comme un rénovateur du genre des peintures de bataille (en apportant à la fois vue d'ensemble topographique et sens du détail humain) et un bon graveur (vues de Savoie et vues prises à travers l'Europe pendant les campagnes de l'Empire).

Son fils Joseph, participe à la guerre d'indépendance du Chili, en formant les premières générations d’ingénieurs militaires et en dressant les plans des batailles[1].

Biographie

Louis Albert Guislain Bacler d'Albe est né en Artois en 1761. Son père est un ancien trésorier du régiment de Toul. Il faut noter que de nombreuses erreurs existent dans les biographies à cause des déclarations de Louis Bacler aux autorités militaires (cf. "Vérités sur les origines et la jeunesse de Louis-Albert BACLER, cartographe de Bonaparte", (ISBN 979-8488495579), 2021, L. Benosa).

Il part vers le Sud à 24 ans, avec sa jeune amie (qu'il n'épousera qu'en 1808), et devient un peintre à succès dans la région du Mont-Blanc entre 1785 et 1793. Il vit à Sallanches (Haute-Savoie), où naissent deux fils Joseph Albert le et Marie Louis François le , avant François Auguste Laurent (02/07/1795 ) à Nice, puis Alexandrine Julie Joséphine (24/12/1799) et enfin Louis Marc à Issy (28/10/1805).

Engagé volontaire pour défendre la République en 1793, il participe au siège de Lyon et au siège de Toulon et est élu capitaine d'artillerie par ses camarades de régiment sans avoir suivi de formation militaire.

Il est ensuite affecté à l’armée d'Italie (1794-1797). Il y devient officier géographe et cartographe officiel de l’armée d'Italie en raison de ses talents artistiques. Il participe à la première campagne d’Italie sous les ordres de Napoléon Bonaparte. Bonaparte le choisit comme dessinateur et peintre afin de populariser ses victoires auprès des Français. Bacler d'Albe réalise à cette occasion à Milan en l’An V l’un des premiers portraits de Napoléon Bonaparte, s'inspirant du travail d'Antoine Gros. Nommé par Bonaparte chef du Dépôt de la Guerre de la République cisalpine, il cartographie l'Italie entre 1797 et 1799, alors que Bonaparte est revenu en France.

Il entre de nouveau au service personnel de Bonaparte à partir 1799. À partir de cette date jusqu'à la chute de l’Empire, sa vie est entièrement dévouée au service de celui-ci. Chef des ingénieurs du Dépôt de la Guerre à Paris dans les années 1799-1804, il participe à la normalisation de la cartographie française (commissions de 1802-1803). Il poursuit dans le même temps son œuvre d'artiste. Chef du bureau topographique de l'Empereur de 1804 à , il le suit partout en temps de paix comme en campagnes et est son plus proche collaborateur sur le plan de la stratégie. Il réalise la Carte de l'Empereur, première carte homogène de l'Europe (au 1:100.000).

Directeur du Dépôt de la Guerre en 1814-1815, il sauve du pillage des occupants, les cuivres de la carte de Cassini, seule carte de France existant à l'époque. Privé de son emploi par la chute définitive du Premier Empire et surveillé par la monarchie, il se retire dans sa maison de Sèvres, où il vit comme artiste lithographe. Il réalise des centaines de gravures à partir des dessins réalisés tout au long de ses campagnes à travers l'Europe. Il meurt à Sèvres en 1824.

Le collaborateur stratégique de l'empereur

Bacler d'Albe aura une place privilégiée parmi les collaborateurs de Napoléon. Il se distingue en particulier par sa longévité, sa proximité et le caractère essentiel de son rôle.

Bacler d'Albe a une longévité exceptionnelle auprès de Napoléon : présent comme lui au siège de Toulon en 1793, il travaille directement sous ses ordres de 1804 à . Il est du petit cercle d'intime de son "cabinet intérieur". À la veille de sa mort, Napoléon se souvient de lui et cite plusieurs fois ses œuvres cartographiques dans son testament pour l'éducation de son fils, le Roi de Rome[2] - [3].

Bacler d'Albe est le cartographe personnel de Napoléon de 1804 à 1814. Il synthétise toutes les informations géographiques et militaires sur la carte qu'il tient à jour pour l'Empereur, en temps de paix comme en temps de guerre, ce qui en fait le plus proche collaborateur de Napoléon.

Concrètement,

  • il est le seul Ă  prĂ©parer les dĂ©cisions stratĂ©giques de NapolĂ©on, travaillant sous sa tente, les veilles de batailles, pour rĂ©pondre Ă  ses questions cartographiques. NĂ©anmoins, l'absence de formation militaire de Louis Baler ne lui permet pas de conseiller NapolĂ©on en matière de stratĂ©gie.
  • il rend concret devant ses yeux le terrain de campagne. L'historien FrĂ©dĂ©ric Masson Ă©crit : "DouĂ© d'une facilitĂ© prestigieuse, d'Albe Ă©tait capable de figurer uniquement d'après la carte et sans se tromper d'une ligne le panorama des lieux oĂą l'Empereur comptait livrer bataille. Sur ces hachures, ces courbes, ces points noirs ou blancs, il voyait et faisait voir, existant et tel que dans la nature, non pas le terrain abstrait, mais en quelques sorte le terrain concret des campagnes futures" [4],
  • il planifie les marches, calcule les tirs[5].

Pour sa part, l'État-Major commandé par le maréchal Berthier transmet et précise les ordres de Napoléon, mais sans prendre part aux décisions. Selon le colonel Vachée, "Aucun autre officier, y compris Berthier, ne nous semble avoir été associé d'une façon si intime au travail de pensée de Napoléon. À ce titre, Bacler d'Albe a tenu dans l'État-Major impérial une situation unique : seul, il a rempli auprès de Napoléon celles des fonctions d'État-Major qu'on doit considérer comme les plus élevées et qui consistent à préparer la décision du Chef... "[6]. Par conséquent, l'historien militaire Ronald Pawly considère que "Pendant les campagnes, Bacler d'Albe était la seconde personne la plus importante du Quartier-général impérial"[7].

Le bureau de Bacler d'Albe est donc considéré par les historiens comme "le laboratoire où germaient les idées de Napoléon" (pour le général Bonnal)[8], "le point de départ de toute préparation initiale des campagnes" (pour Ronald Pawly)[9], "Le centre nerveux le plus secret du Sanctuaire du génie " (pour la Napoleonic Society)[10]. Bacler d'Albe est pour Napoléon "indispensable" [11] et d'une "valeur inestimable" [12].

Par ailleurs, on loue son « indépendance d'esprit, qualité rare autour de Napoléon » [13] et le fait qu'il soit l'un des membres les plus intelligents et érudits de l'entourage de Napoléon[14].

Bacler d'Albe est donc naturellement, matériellement,un proche collaborateur de Napoléon : aux Tuileries son cabinet de travail donne sur la chambre de l'Empereur. En campagne, sa tente est voisine de la sienne[15], son cabinet de travail se trouve sous la tente même de l'Empereur [16] - [17] ; il est le plus souvent appelé de jour comme de nuit, car considéré comme "indispensable" [18]. Le baron Fain, secrétaire de Napoléon, décrit ainsi le travail des deux hommes : "Souvent la grande dimension des cartes forçait l'Empereur à s'étendre de tout son long sur la table et d'Albe d'y monter aussitôt pour rester maître de son terrain ; je les ai vu plus d'une fois tous deux sur cette grande table et s'interrompant par une brusque exclamation, au plus fort de leur travail, quand la tête de l'un venait heurter trop rudement la tête de l'autre." [19].

Ce travail sans fin pour un maître exigeant lui vaut des honneurs, puisqu’il est promu colonel en 1807, puis général de brigade en 1813. Il est fait baron d'Empire en 1808.

Le cartographe

Bacler d'Albe est une figure marquante de la cartographie française de son temps. Le conservateur de la bibliothèque du Commandement de la doctrine et de l'enseignement militaire supérieur de l'armée de terre écrit en 2001 qu'en termes de cartographie, "L'époque impériale est dominée par la personnalité de Bacler d'Albe" [20].

Son biographe Marc Troude résume ainsi ses années de travail : "Bacler d'Albe, travailleur infatigable, n'a cessé, depuis 1793 jusqu'en 1815, de se consacrer à la topographie, de donner satisfaction aux ordres de l'Empereur, il a veillé de façon assidue à l'étude du terrain, à l'organisation du service, à la gravure des cartes, à l'instruction du personnel, au perfectionnement de la technique. À l'occasion de chaque campagne, il préparait la documentation nécessaire et ordonnait des reconnaissances quand elles étaient possibles"[21].

Ses principales Ĺ“uvres topographiques

Sa première grande Ĺ“uvre est la rĂ©alisation de la première carte complète de toute l'Italie (1797-1802) au 1:256 000 (en 52[22] ou 56 feuilles) appelĂ©e Carte du théâtre des campagnes de Bonaparte en Italie. En 1797, Bacler d'Albe est nommĂ© par Bonaparte directeur du DĂ©pĂ´t de la Guerre de la RĂ©publique cisalpine afin de rĂ©aliser cette carte.

Son autre grande Ĺ“uvre est la première carte homogène de l'Europe (au 1:100 000), dite "carte de l'Empereur" (1809-1812), dont il est le maĂ®tre d'Ĺ“uvre. Il intègre dans cet ambitieux projet des cartes qu'il a rĂ©alisĂ© antĂ©rieurement. Cette carte, rĂ©alisĂ©e en un seul exemplaire pour accompagner NapolĂ©on dans sa conquĂŞte de l'Europe, est en partie dĂ©truite pendant la retraite de Russie[23].

Son apport Ă  la science topographique

Chef des ingénieurs géographes du Dépôt de la Guerre en 1799-1804, Bacler d'Albe participe à la normalisation de la cartographie française[24]. En particulier, il obtient en 1802 l'abandon de l'ancienne représentation du relief en semi-perspective et l'adoption du "procédé des plus grandes pentes"[25]. Il perfectionne la technique de la plus grande pente avec la méthode des ombres[26], apport d'un artiste à la science cartographique. Bacler d'Albe est également le promoteur et le président de la commission (ou de sous-commissions) qui uniformisent les signes et conventions en usage dans les cartes françaises[27], ainsi que les procédés de gravure et d'impression des cartes[15]. Les commissions de 1802-1803 établissent les normes (système métrique, altitudes par rapport au niveau de la mer, échelle des cartes, établissement du cadastre, lancement de la réalisation d'une nouvelle carte de France) encore en usage de nos jours[28].

Chargé de la formation des ingénieurs-géographes du Dépôt de la Guerre, Bacler d'Albe participe au mouvement de professionnalisation du métier qui intervient à cette époque[29].

Enfin, directeur du Dépôt de la Guerre en 1814-1815, Bacler d'Albe sauve à deux reprises les cuivres de la fameuse carte de Cassini, seule carte de France de l'époque, du pillage des armées "Alliées"[30]. Le Dépôt de la Guerre, rebaptisé Service géographique de l'armée (SGA), est devenu en 1940 l'Institut géographique national (IGN).

L'artiste

Malgré son travail harassant qui fait de lui un des meilleurs cartographe de son époque, Bacler d’Albe est selon le Dictionnaire Bouillet aussi un excellent peintre de bataille et de paysage et un graveur prolifique dont la qualité des œuvres le place au même rang que ses contemporains plus connus comme Antoine-Jean Gros.

Un biographe résume : "L'œuvre artistique de Bacler d'Albe est considérable. Le nombre de ses tableaux s'élève à plus de 500 et comprend des toiles, des aquarelles, des gouaches, des gravures et des lithographies."[31]. L'œuvre artistique de Bacler d'Albe peut se diviser en trois grandes parties : les vues des Alpes ; la peinture au service de Bonaparte ; et la réalisation de gravures à partir surtout des souvenirs de ses campagnes à travers l'Europe.

Jeune dessinateur à succès dans les Alpes (1785-1793)

Jacques Balmat Ă  l'ascension du mont Blanc en 1786.

Installé dans les Alpes en 1785-1793, Bacler d'Albe dessine de nombreux paysages de la région du Mont-Blanc à l'époque où un public préromantique commence à s'intéresser à la beauté et au pittoresque des montagnes. Un spécialiste estime que "Entre 1785 et 1800, l'artiste qui se vendait le plus, en Savoie et en Suisse, était Bacler d'Albe, sans cesse en excursion dans le pays pour prendre de nouvelles vues, sans cesse visité par les voyageurs illustres." [32].

Parmi les principales œuvres de cette période, son biographe Despax cite notamment[33] :

  • en 1788, il a dĂ©jĂ  publiĂ© 48 planches enluminĂ©es du Haut-Faucigny et du Mont-Blanc (la rĂ©gion de Sallanches). La revue sarde Bibliotheca Oltramontana popularise son Ĺ“uvre auprès du grand public.
  • des tableaux, dont certaines Ă©taient exposĂ©s (en 1954) Ă  la mairie de Sallanches.
  • quelques portraits, dont ceux - cĂ©lèbres - des deux premiers hommes Ă  avoir vaincu le Mont-Blanc en 1786, Paccard et Balmat[34].
  • des carnets de croquis qui seront utilisĂ©s beaucoup plus tard pour les lithographies des Souvenirs pittoresques (en 1818).

Un rénovateur de la peinture militaire (1797-1809)

À partir de 1796-1797, Bacler d'Albe est embauché par Bonaparte pour réaliser des tableaux de sa campagne d'Italie. Bacler d'Albe peint notamment de grandes toiles (batailles d'Arcole, Rivoli, Lodi, passages du Pô dont celui à Plaisance) et, plus tard, la veillée d'Austerlitz (1805) et le bombardement de Vienne de 1809. Plusieurs de ces tableaux sont exposés à Versailles. Des historiens citent en particulier deux tableaux, la bataille d'Arcole et la veille d'Austerlitz auxquelles il avait assisté. Le premier de ces tableaux se voyait à Trianon et le second dans la galerie de Diane aux Tuileries à Paris.

Cette œuvre présente un double intérêt à la fois pour l'histoire de l'art (le renouvellement du genre de la peinture militaire) et pour l'histoire politique (elle est l'un des éléments de la formation du mythe de Bonaparte dans l'esprit des Français).

Sur le plan artistique, les tableaux militaires de Bacler d'Albe constituent une œuvre novatrice appelée à faire école. Ses toiles de la campagne d'Italie introduisent notamment la précision topographique dans la peinture militaire. Un historien d'art juge ainsi que "La peinture militaire de ce temps a modifié la manière traditionnelle dans le sens de l'exactitude topographique et de la fidélité narrative" et cite Carle Vernet, Thévenin, Bacler d'Albe, Lejeune[35] - [36]. Bacler d'Albe, à la fois artiste et topographe, est particulièrement bien placé pour réaliser cette synthèse.

En même temps, Bacler d'Albe ne néglige pour autant la représentation de l'humain. Un historien spécialisé écrit : "Le dessinateur, fort des connaissances militaires de l'officier, place l'homme au premier plan de ses œuvres. C'est l'apport original de Bacler qui décrit toujours les actions des combattants alors que les autres artistes peignent les paysages dans lesquels se sont passés les événements. De là l'atmosphère unique qui émane de ses gouaches. Enfant des Lumières, Bacler est un humaniste pour lequel l'homme au centre de la Création est la mesure de toutes choses"[37].

Ces nouveautés renouvelleront ce genre artistique et seront un peu un "prototype" copié par les plus grands, y compris Giuseppe Pietro Bagetti[38], Lejeune ou Carle Vernet[39], Antoine-Jean Gros[40].

Au-delà de ses qualités artistiques, l'œuvre de Bacler d'Albe (comme celle d'un Bagetti par exemple) jouera un grand rôle historique : elle concourt, à la demande de Bonaparte, à créer le mythe du général Bonaparte dans l'esprit des Français, préparant ainsi l'accession au pouvoir de son chef. Bacler d'Albe réalise ainsi en 1797 le premier portrait de Bonaparte (probablement avant celui réalisé par Gros).

Notons qu'à l'époque impériale, Bacler d'Albe réalise également quelques tableaux mythologiques qui semblent avoir disparu[41] :

  • Paris expirant sur le mont Ida (exposĂ© au Salon de 1806) ;
  • Ĺ’dipe errant dans la Grèce (au Salon de 1819) ;
  • La rĂ©crĂ©ation des bergers (au Salon de 1819) ;
  • Pâris chez Ĺ’none (ornait la galerie du château de Malmaison).

Une œuvre abondante après 1815

Après la chute définitive de l'Empire en 1815, ruiné et privé de tout emploi public, Bacler d'Albe réalise des centaines de gravures à partir des dessins ramenés des campagnes menées à travers l'Europe de 1793 à 1814 (Italie, Allemagne, Europe centrale, Espagne, Paris et la région parisienne). Il est l'un de ceux qui lancent la mode de la lithographie (gravure sur pierre, en couleur). Son biographe écrit : "À cette époque, la lithographie, sous l'influence de deux imprimeurs, Engelmann, en 1815 et de Lasteyrie en 1816, commençait à acquérir une grande vogue parmi le public. Bacler d'Albe en fût l'animateur : il créa à Sèvres un groupement artistique pour la propagande de ce nouveau procédé de reproduction artistique, les peintres de Sèvres."[42].

Celui qui fut, selon certains, le deuxième personnage le plus important du quartier-général[43] impérial, travaille également anonymement comme peintre d'assiettes, tasses, soucoupes et autres vases à la manufacture de porcelaine de Sèvres, voisine de sa maison[44].

Il publie pendant cette période[45] :

  • Souvenirs pittoresques des Alpes et du Valais de Savoie et d'Italie (1818) (100 planches).
  • Souvenirs pittoresques de la campagne d'Espagne (1824) (17 fois 6 planches).
  • Une MacĂ©doine lithographique, suite des souvenirs pittoresques d'Europe, montrant notamment le Danube, Venise, la Pologne, la Russie, l'Allemagne (trois livraisons de 6 feuilles) (vers 1823-1824, par le gĂ©nĂ©ral et son fils) [46].
  • Promenades pittoresques et lithographiques dans Paris et ses environs (Ă  partir de 1822) (48 planches agrĂ©mentĂ©es de petits textes).
  • en 1820, deux grandes pièces (des lithographies ?) : Les Enfants de Paris (en mĂ©moire du capitaine Gueyard et de ses hommes Ă  Witepsk) et A moi conscrits ! (souvenir de la redoute de Pastrengo devant VĂ©rone) (exposĂ©s au Salon de 1819).
  • des lithographies dans diverses revues en particulier dans les fascicules collectifs des Caprices des peintres de Sèvres de 1820 Ă  1823.

Il est le père de l'artiste Louis Marc Bacler d'Albe.

Ĺ’uvres

Galerie de photos

Vues de Savoie (avant 1793)

(à compléter)

Vues de la campagne d'Italie (1796-1797)

Vues des campagnes de l'Empire

Armoiries

Figure Blasonnement
Armes du baron Bacler d'Albe et de l'Empire (décret du , lettres patentes du (Paris))

Écartelé au premier et quatrième d'azur au chevron d'argent, accompagné de trois trèfles du même ; au deuxième des barons tirés de l'armée ; au troisième de sable au globe terrestre d'or, sommé d'un compas ouvert, les pointes basses d'argent.[47] - [48] - [49]

Livrées : bleu, jaune, noir, blanc[50].

Notes et références

  1. « Une chronique de Patrick Puigmal : Plus de 300 militaires napoléoniens luttèrent pour l’indépendance du Chili », sur napoleon.org (consulté le )
  2. Napoléon Bonaparte, Instructions pour les exécuteurs testamentaires, articles 14, 25, 26
  3. Journal du général Bertrand, Cahiers de Sainte-Hélène, Janvier 1821-Mai 1821, pp 262 et 268, cité par Troude p.94 : "Probablement, on cherchera à fausser ses idées. Il faudra lui envoyer des voyageurs comme Méneval, Fain, d'Albe, qui l'entretiendront naturellement de ce qu'ils ont vu et su..." (Journal du général Bertrand, Cahiers de Sainte-Hélène, Janvier 1821-Mai 1821
  4. Frédéric Masson (1847-1923), Napoléon chez lui ou Napoléon en campagne, cité par Despax page 45 et Troude page 40
  5. Baron d'Odeleben (1777-1833), officier d'État-Major de Napoléon en 1813, probablement dans La Campagne des Français en Saxe en 1813, cité par Troude, p.37; et M. de Leffe
  6. Colonel Vachée, Napoléon en campagne, Berger-Levrault, 1913, cité par Alferd Lartigue, cité par Troude page 41 ; et Despax page 48. Le Napoléon en campagne de Jean-Baptiste Vachée a été réédité en 2003 par Bernard Giovanangeli
  7. Ronald Pawly
  8. Général Bonnal, article sur le Quartier-général impérial, cité par Despax, page 47.
  9. Ronald Pawly, Napoleon's imperial headquarters, Osprey Publishing, 2004
  10. Napoleonic Society (Londres), Napoleon Command System, sur www.smartgroups.com/vault/napoleon/Napoleonic_Command_System.htm, consulté en décembre 12/2002
  11. colonel Vachée ; Sheperd Paine, directeur de la Napoleonic Alliance
  12. Napoleonic Society
  13. Marquis de Castellane (1768-1837) (le préfet et conseiller d'État ?), cité par Alfred Lartigue, lui-même cité par Troude page 38
  14. Marc Troude, Bacler d'Albe, Saint-Pol-sur-Ternoise, 1954, page ??
  15. Despax, page 37
  16. Despax, page 41
  17. Ronald Pawly (historien né en 1956 à Anvers), Napoleon's imperial headquarters, Osprey Publishing, 2004, sur
  18. Baron d'Odeleben (1777-1833), officier d'État-Major de Napoléon en 1813, probablement dans La Campagne des Français en Saxe en 1813, cité par Troude, p.37
  19. Baron Fain (1778-1837), secrétaire de Napoléon, cité par Marc Troude page 39
  20. M. de Leffe, La cartographie militaire, in Objectif Doctrine n° 21, janvier 2001, revue du CDES (Commandement de la doctrine et de l'enseignement militaire supérieur de l'armée de terre).
  21. Troude, page 43
  22. Troude pp 58-65
  23. Troude, page 48 et Hanspeter Fischer in Cartographica Helvetica no 31 (2005) « http://www.stub.unibe.ch/dach/ch/ch/summaries/e31b.html »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?) (consulté le )
  24. Despax, pp 32-34
  25. Troude p.55, d'après Brochure du Service géographique de l'Armée en 1938
  26. « Par exemple étude de la Queens university, Ontario Canada »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?) (consulté le )
  27. Troude p.55 et 57, d'après brochure du SGA de 1938
  28. La cartographie, bref survol, brochure de l'IGN, consultée sur Internet en 2005
  29. Patrice Bret, Le Dépôt général de la guerre et la formation scientifique des ingénieurs géographes militaires en France (1789-1830), 1989
  30. Despax idem, page 94
  31. Troude, page 71
  32. John Grand-Carteret, La Montagne à travers les âges, 1903, tome II, page 526, cité par Despax p.10 et Troude p.79
  33. Despax, page 10
  34. Troude page 79, l'un d'eux est au Cabinet des estampes de la Bibliothèque nationale
  35. François Benoît, L'Art français sous la Révolution et l'Empire, 1897, page 408, cité par Troude page 72
  36. Général-baron Lejeune et Jérémie Benoît, La bataille de Marengo. La présentation du livre dit que "Lejeune, membre de l'équipe de Berthier, était en relation étroite avec le peintre militaire Bacler d'Albe, lui-même futur général. Leur relation eu beaucoup à voir avec la naissance d'un nouveau genre de peinture qui était une extension de la peinture militaire topographique." cité sur www.napoleonic-literature.com/revue/No008.htm, site consulté en 2002 mais n'existant plus en 2008
  37. (Isabelle Bruller (conservatrice au SHAT) et lieutenant-colonel Christian Benoît (chef de division au SHAT), La Liberté en Italie vue par les artistes du Dépôt de la guerre, 1996 ).
  38. Lire notamment l'étude du Service Historique de l'Armée de Terre (Isabelle Bruller (conservatrice au SHAT) et lieutenant-colonel Christian Benoît (chef de division au SHAT)), La liberté en Italie, 1996 : "Le travail de Bacler ouvre la voie à celui des Bagetti, Pasquier et autre Gautier, il en est la préfiguration, le prototype possible, l'avant-goût de la série commencée en 1800" et sur .
  39. qui s'inspirent de sa bataille de Lodi, Ă©tude du SHAT 1996, idem
  40. pour le visage de son Bonaparte au Pont d'Arcole
  41. Troude pp 73-74
  42. Troude p.29 et aussi pp 82-83
  43. référence à venir
  44. Despax pp 96-97
  45. Despax pp 98-100 et Troude page 81 et suivantes
  46. Despax page 100
  47. Armorial de J.B. RIETSTAP - et ses Compléments
  48. La noblesse d'Empire sur http://thierry.pouliquen.free.fr
  49. Tout sur l'héraldique : dessin de blasons et d'armoiries sur toutsurlheraldique.blogspot.com
  50. PLEADE (C.H.A.N. : Centre historique des Archives nationales (France)).

Voir aussi

Biographies de Bacler d'Albe

  • Marcelle Despax, Le gĂ©nĂ©ral Bacler d'Albe et son fils, Ed. Jean-Lacoste, Mont-de-Marsans, 1954.
  • Marc Troude, Le baron Bacler d'Albe, marĂ©chal de camp, Imp. Pierre Dubois, Saint-Pol-sur-Ternoise, 1954.
  • Edmond Edmont, Le gĂ©nĂ©ral Bacler d'Albe, in Galerie TernĂ©sienne, p. 16, Ed. Jean Dubois, 1910 (citĂ© par Troude).
  • Alfred Lartigue, Bacler d'Albe (1761-1824), in Bulletin de la SociĂ©tĂ© des Amis de Meudon-Bellevue, n°4, , page 83 (citĂ© par Troude).
  • Laurent Benosa,VĂ©ritĂ©s sur les origines et la jeunesse de Louis-Albert BACLER, cartographe de Bonaparte, (ISBN 979-8488495579), 2021 (LabellisĂ© par la Fondation NapolĂ©on)

Bacler d'Albe dans le témoignages de contemporains

  • GĂ©nĂ©ral Bertrand, Journal du GĂ©nĂ©ral Bertrand : Cahiers de Sainte-HĂ©lène, janvier-, p. 262 et 268 (citĂ© par Troude : Bertrand cite des dernières volontĂ©s de NapolĂ©on mentionnant d'Albe).
  • Marquis de Castellane (1768-1837) (citĂ© par Troude).
  • Chevalier de Courcelles, Dictionnaire historique et biographique des gĂ©nĂ©raux français, T1 p. 168 ou 268, Paris, 1820 (citĂ© par Troude).
  • Alexis Donnet, SĂ©ance de commission centrale de la SociĂ©tĂ© de gĂ©ographie du , in Bulletin de la SociĂ©tĂ© de gĂ©ographie, T.II, n°18, p. 200-203 (citĂ© par Troude).
  • Baron Fain (1778-1837) (secrĂ©taire de NapolĂ©on), Souvenirs, Manuscrits de l'An III, de 1812, 1813, 1814 (citĂ© par Troude et Despax). Et MĂ©moires, rĂ©Ă©ditĂ©es notamment par ArlĂ©a, 272 pages, 2001, (ISBN 2-86959-532-8).
  • Baron MĂ©neval (secrĂ©taire de NapolĂ©on) (citĂ© par Troude).
  • Baron d'Odeleben (1777-1833, aide de camp de NapolĂ©on en 1813), probablement dans La Campagne des Français en Saxe en 1813 (citĂ© par Troude et Despax).
  • et aussi : MĂ©moires de Louis Antoine Fauvelet de Bourrienne(secrĂ©taire de NapolĂ©on) et de Constant (valet de NapolĂ©on).

Le rôle stratégique de Bacler d'Albe

  • GĂ©nĂ©ral Bonnal, article sur Le Quartier-gĂ©nĂ©ral impĂ©rial, 1918 (citĂ© par Despax).
  • FrĂ©dĂ©ric Masson, NapolĂ©on chez lui. La journĂ©e de l'Empereur aux Tuileries, page 154 (citĂ© par Troude et Despax).
  • Colonel Jean-Baptiste VachĂ©e, NapolĂ©on en campagne, Annexe I page 211, Paris-Nancy, Berger-Levrault, 1913 (citĂ© par Troude et Despax). RĂ©Ă©ditĂ© en 2003 aux Ed. Bernard Giovanangeli, (ISBN 2-909034-34-8).
  • Napoleonic Society (Londres), Napoleon Command System, sur (consultĂ© en 12/2002).
  • Sheperd Paine (officier amĂ©ricain et directeur de la Napoleonic Alliance), A day in the life of Napoleon, continued, The Imperial Study, 1998-1999 sur [www.napoleonic-alliance.com/articles/dayinlife2.htm] (consultĂ© vers 2002).
  • Ronald Pawly (historien militaire nĂ© en 1956 Ă  Anvers), Napoleon's imperial headquarters, volume 1, Osprey Publishing, 2004, (ISBN 1-84176-793-X), sur (consultĂ© vers 2002).
  • Ben Weider (prĂ©sident de la SociĂ©tĂ© napolĂ©onienne internationale), "Au travail avec l'empereur", sur (consultĂ© vers 2002).

Bacler d'Albe géographe

  • Colonel Henri Berthaut, Les ingĂ©nieurs-gĂ©ographes militaires, 1624-1831 : Étude historique, 2 volumes, SGA, Paris, 1898-1902 (citĂ© par Troude, Despax, des sites Internet) (ouvrage de rĂ©fĂ©rence).
  • Patrice Bret, Le dĂ©pĂ´t gĂ©nĂ©ral de la guerre et la formation scientifique des ingĂ©nieurs gĂ©ographes militaires en France (1789-1830), 1989. Sur .
  • M. de Leffe (conservateur de la bibliothèque Commandement de la Doctrine et de l'enseignement militaire supĂ©rieur de l'ArmĂ©e de Terre (CDES devenu CDEF en 2004)), La cartographie militaire, in la revue Objectif Doctrine n°21, 01/2001 et sur « http://www.cdes.terre.defense.gouv.fr/sitefr/ObjDoc/Numeros/jan_2001/art06.pdf »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?) (consultĂ© le ).
  • Queens University (Kingston, Ontario, Canada), Ă©tude sur la cartographie napolĂ©onienne en Italie, sur « http://geo.queensu.ca/napoleonatlas/ »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?) (consultĂ© le ).
  • Le service gĂ©ographique de l'ArmĂ©e. Son histoire. Son organisation. Ses travaux, Imp. du ministère de la Guerre, 1938 (citĂ© par Troude).

Bacler d'Albe artiste

  • Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang (dir.), « Louis Albert Guislain Bacler d'Albe » dans Dictionnaire universel d’histoire et de gĂ©ographie, (lire sur Wikisource)
  • « Louis Albert Guislain Bacler d'Albe », dans Charles MulliĂ©, Biographie des cĂ©lĂ©britĂ©s militaires des armĂ©es de terre et de mer de 1789 Ă  1850, [dĂ©tail de l’édition]
  • Le dictionnaire BĂ©nĂ©zit, Ă©ditions GrĂĽnd.
  • Isabelle Bruller (conservatrice au SHAT) et lieutenant-colonel Christian BenoĂ®t (chef de division au SHAT), L'art pendant la campagne d'Italie : La LibertĂ© en Italie vue par les artistes du DĂ©pĂ´t de la guerre, 1996, sur .
  • François BenoĂ®t, L'Art français sous la RĂ©volution et l'Empire, page 408, 1897 (citĂ© par Troude).
  • John Grand Carteret, La montagne Ă  travers les âges, pp 450, 452, 519 ; 1903 (citĂ© par Troude).
  • G. Chapier, "Le GĂ©nĂ©ral Bacler d'Albe et la Savoie", in La Revue Savoisienne (AcadĂ©mie florimontane d'Annecy), 3e et 4e trimestre 1955.

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