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Ligne

La notion de ligne dĂ©rive de l'instrument qui la matĂ©rialise : cordeau, fil Ă  plomb ; dans la marine, une ligne reste un cĂąble de trĂšs faible diamĂštre. Une ligne relie deux objets. La marine a probablement lĂ©guĂ© au tĂ©lĂ©graphe le nom de la ligne tendue entre des poteaux par oĂč passe le signal Ă©lectrique, d'oĂč dĂ©rive la thĂ©orie de la ligne de transmission.

La géométrie définit par abstraction depuis l'Antiquité la ligne comme une longueur dépourvue de largeur, ce qui permet de caractériser numériquement chaque ligne par une équation dans un repÚre cartésien.

L'usage artistique donne à la ligne un double sens. Elle peut se confondre avec le trait, obtenu avec un instrument comme le crayon, le pinceau, ou le tire-ligne ; en d'autre occasions, elle a un sens abstrait, comme le contour en dessin et les nombreuses lignes que définit l'architecture. La critique d'art peut appeler « ligne », par synecdoque, un style graphique comme la ligne claire.

L'écriture sur un tableau vertical donne une opposition entre ligne horizontale et colonne verticale. Dans l'usage militaire et dans un plan horizontal, la ligne est transversale alors que la colonne est pénétrante.

Lignes matérielles

La notion de ligne dérive des instruments matériels qui déterminent des lignes[1].

Une ligne, dans la marine, est un petit cordage : ligne d'amarrage, de loch, de pĂȘche[2]. Cet usage n'est pas spĂ©cifique ; les rapports du cordeau et du fil Ă  plomb avec la ligne droite datent de l'AntiquitĂ©.

Géométrie

En géométrie, Euclide définit la ligne comme « une longueur sans largeur »[3]. En géométrie, on ne s'intéresse en général qu'à des lignes susceptibles d'une définition abstraite comme :

Géométrie analytique

La géométrie analytique étudie les lignes définies par une équation entre les coordonnées de leurs point. Une ligne se définit par une fonction f : un point de coordonnées P fait partie de la ligne si f(P) = 0. Les méthodes de l'algÚbre peuvent dÚs lors s'appliquer à la géométrie.

Exemple : droite d'un plan :

Une ligne droite d'un plan se dĂ©finit dans un repĂšre cartĂ©sien par la fonction du premier degrĂ© , oĂč x et y sont les coordonnĂ©es.

La ligne peut se définir, par analogie avec le dessin, comme le lieu géométrique du déplacement d'un point. Cette conception engendre la définition de la courbe par une équation paramétrique dans l'espace muni d'un repÚre cartésien. L'idée de déplacement d'un point implique la notion de temps dans la définition de la ligne. On définit la courbe par la trajectoire d'un point en fonction d'un paramÚtre t.

Exemple: Équation paramĂ©trique d'un cercle :

Connaissant les coordonnées du centre, xC et yC et le rayon r, l'équation paramétrique en t du cercle dans un plan est

Des applications techniques comme la courbe de Bézier permettent d'étendre la méthode à toute sorte de ligne, en deux ou trois dimensions.

Exemple : équation paramétrique d'une courbe de Bézier :

Une courbe de Bézier du troisiÚme degré définit une courbe avec quatre points de contrÎle P0, P1, P2, P3. Les coordonnées d'un point P de la courbe pour une valeur du paramÚtre t s'obtiennent par application de la fonction à chacune des coordonnées homologues, x, y
 des points de contrÎle :

Pour t = 0, P = P0 et pour t = 1, P = P3. Les deux autres points dĂ©terminent la direction de la courbe au point extrĂȘme le plus proche et la persistance de cette direction avec la variation de t.

La définition paramétrique crée implicitement une « vitesse » de la courbe, écart entre deux points rapporté à une variation infinitésimale du paramÚtre, qui n'a généralement pas d'utilité.

En physique et en technologie on appelle linĂ©aire les relations oĂč les fonctions sont du premier degrĂ©, ce qui permet certaines facilitĂ©s. Cette linĂ©aritĂ© implique des reprĂ©sentations par des lignes droites, Ă  l'exclusion de toutes autres.

Arts

La ligne et le trait

En dessin, on appelle ligne une trace d'instrument allongée et fine[4], voir tire-ligne (dessin technique). L'esthétique et la critique d'art donnent le plus souvent à la ligne une épaisseur qui permet l'expression de nuances, mais qui appartient plus proprement au trait[5].

Outre cet aspect matĂ©riel, le mot ligne s'emploie frĂ©quemment dans son sens abstrait, gĂ©omĂ©trique. Notamment, la ligne d'un objet est son contour[6] ou son allure gĂ©nĂ©rale[7]. En peinture la ligne n'est pas toujours un trait de crayon ou de pinceau, elle se trouve Ă  la transition entre deux teintes ; elle existe abstraitement mĂȘme si la limite est floue comme dans le sfumato. On parle aussi, de la mĂȘme façon, des lignes de force d'une composition picturale graphique, alors que le spectateur imagine ces lignes qui en organisent la disposition Ă  partir de ce qu'il croit savoir de la mĂ©thode de l'artiste.

À la limite entre gĂ©omĂ©trie et beaux-arts, la perspective se met en Ɠuvre autour de lignes : ligne d'horizon, de fuite, d'aplomb.

On pousse la métonymie plus loin quand la ligne désigne un style, comme la ligne claire en bande dessinée[8]. Une série télévisée d'animation italienne diffusée à partir de 1971 s'intitule ainsi La Linea.

Esthétique

Dans les beaux-arts, la querelle du coloris a opposé, du XIVe siÚcle au XIXe siÚcle au moins et dans l'Europe entiÚre, les partisans de la primauté de la ligne, au sens de contour, et ceux qui préféraient le clair-obscur et la couleur.

Au milieu du XVIIIe siÚcle, William Hogarth, dans L'Analyse de la beauté investit la ligne serpentine d'une valeur esthétique supérieure[9], accueilli avec scepticisme, mais traduit en français dÚs 1805[10].

En France, l'éloge d'Ingres montre la méfiance dans lequel on tient les enseignements basés sur la ligne : « nul n'a su comme lui vivifier et poétiser cette chose si froide qui s'appelle la ligne[11] ».

À la fin du XIXe siĂšcle, Henry Van de Velde construit sur la ligne-force une thĂ©orie de la BeautĂ©. À cette Ă©poque, l'Art nouveau rĂ©pudie la ligne droite au profit de courbes inspirĂ©es du vĂ©gĂ©tal[12].

Le canon de beauté de l'Europe contemporaine veut des corps sveltes, « dessinés », et on exprime cette exigence par l'expression « avoir la ligne ». Le mot ligne acquiert ainsi une acception nouvelle, plus lié aux esthéticiens qu'aux esthÚtes[13].

Lignes du dessin

Une ligne brisée est un tracé continu composé de segments de droite. En informatique, une polyligne est un tracé continu composé d'une suite de segments de droite, tandis qu'une spline est composée de courbes polynomiales, souvent des courbes de Bézier.

La reprĂ©sentation des contours seuls prĂ©sentant souvent insuffisamment le relief, les graveurs ont ajoutĂ© des rĂ©seaux de lignes comme les hachures, pour donner une impression de la bosse. Pour plus de prĂ©cision, les cartes prĂ©sentent des lignes de niveau dites aussi courbe de niveau, et plus gĂ©nĂ©ralement isoplĂšthes, quand elles figurent une grandeur diffĂ©rente de l'altitude. La ligne de flottaison d'un navire, qui sĂ©pare la partie immergĂ©e de la partie Ă©mergĂ©e quand la coque est dans son assiette normale, est une ligne de la mĂȘme espĂšce.

Musique

Par métonymie, en musique, la ligne mélodique, dite aussi contour mélodique est la succession des hauteurs relatives des notes d'une mélodie[5].

Topologie

Le systÚme d'écriture en lignes s'oppose à celui en colonnes. Une ligne de texte est une unité pratique pour indiquer la quantité.

En imprimerie, on compose le texte par lignes, voir linotype (« line of type »), justification (typographie).

Dans la tactique militaire ancienne, une ligne est ligne est une formation de soldats disposĂ©s face Ă  l'adversaire sans interruption, tandis qu'une colonne, aussi plus mobile, se dĂ©place dans le sens de sa plus petite dimension. De cette distinction dĂ©coule la dĂ©nomination, courante jusqu'Ă  la premiĂšre Guerre mondiale, d'infanterie de ligne, par opposition aux chasseurs, aux tirailleurs et Ă  l'infanterie de forteresse. Une ligne peut ĂȘtre aussi un ensemble de fortifications comme la ligne Maginot.

Voir aussi

Références

    1. Trésor de la langue française, « Ligne ».
    2. Edmond PĂąris et Pierre-Marie-Joseph de Bonnefoux, Dictionnaire de la marine Ă  voiles, Layeur, (1re Ă©d. 1847)
    3. Euclide, f.l. c. 300 av. J.-C. ; ÉlĂ©ments: Livre 1er - DĂ©finitions, Postulats, et Notions Communes Trad. Peyrard, Paris, 1804.
    4. SĂ©golĂšne Bergeon-Langle et Pierre Curie, Peinture et dessin, Vocabulaire typologique et technique, Paris, Editions du patrimoine, , 1249 p. (ISBN 978-2-7577-0065-5), p. 721, BĂ©guin 1995.
    5. Anne Souriau (dir.), Vocabulaire d'esthĂ©tique : par Étienne Souriau (1892-1979), Paris, PUF, coll. « Quadrige », , 3e Ă©d. (1re Ă©d. 1990), 1493 p. (ISBN 978-2-13-057369-2).
    6. Jules Adeline, Lexique des termes d'art, nouvelle, (1re Ă©d. 1884) (lire en ligne), p. 265.
    7. André Béguin, Dictionnaire technique du dessin, MYG, , 2e éd., p. 358 « Ligne ».
    8. Jan Baetens et Hilde Van Gelder, « Permanences de la Ligne claire. Pour une esthĂ©tique des trois unitĂ©s dans L’ascension du Haut-Mal de DavidB », Media et information, no 26,‎ (lire en ligne).
    9. Analysis of Beauty, 1852.
    10. Analyse de la beauté sur Gallica.
    11. Louis de Loménie, M. Ingres, coll. « Galerie des contemporains illustres » (no 19), (lire en ligne), p. 31.
    12. Alexandre Kostka, « Un Don Quichotte contre la Laideur : Henry Van de Velde », Germanica, no 37,‎ , p. 51-66 (lire en ligne).
    13. VĂ©ronique Nahoum-Grappe, « La ligne: un dessin de l'esthĂ©tique contemporaine », Information (International Social Science Council), vol. 23, no 2,‎ , p. 369-379 (lire en ligne).
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