Synecdoque
La synecdoque (du grec ÏÏ ÎœÎ”ÎșÎŽÎżÏÎź / sunekdokhĂȘ, « comprĂ©hension simultanĂ©e ») est une mĂ©tonymie particuliĂšre pour laquelle la relation entre le terme donnĂ© et le terme Ă©voquĂ© constitue une inclusion ou une dĂ©pendance matĂ©rielle ou conceptuelle.
Différentes formes
Dans l'Ă©criture
La synecdoque est essentiellement qualitative, alors que la métonymie est quantitative[1].
Lorsqu'elle exprime « le plus pour le moins », elle est habituellement dite généralisante, croissante ou expansive (ex. : le tout pour la partie). Dans le cas inverse (ex. : la partie pour le tout), elle est dite particularisante, décroissante ou restrictive. Stylistiquement, la synecdoque généralisante tend vers l'abstraction, alors que la synecdoque particularisante tend vers le pittoresque.
- N.B. â Les termes dĂ©crivant la direction de l'inclusion sont cependant souvent employĂ©s dans le sens exactement opposĂ©, comme chez Henri Morier[2], ce qui ne simplifie pas la comprĂ©hension du concept⊠On s'en tiendra ici aux dĂ©finitions ci-dessus.
La synecdoque peut exploiter divers types de relations conceptuelles, dont la liste varie selon les auteurs. On peut mentionner, avec Fontanier[3], les types suivants (les exemples ont été ajoutés) :
Type de relation | Synecdoque généralisante (Sg) | Synecdoque particularisante (Sp) |
---|---|---|
Partie â tout (synecdoque rĂ©fĂ©rentielle) |
On nomme le tout pour signifier la partie (« totum pro parte » en latin) EX. : Son vélo a crevé. |
On nomme la partie pour signifier le tout (« pars pro toto » en latin) EX. : Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur[4] |
EspĂšce â genre (synecdoque sĂ©mique) |
On nomme le genre pour signifier l'espĂšce EX. : L'arbre tient bon, le roseau plie.[5] |
On nomme l'espĂšce pour signifier le genre EX. : Refuser du pain Ă quelqu'un |
MatiĂšre â ĂȘtre ou objet | On nomme l'ĂȘtre ou l'objet pour signifier la matiĂšre ou substance constituante EX. : La noisette est plus chĂšre que le colza. |
On nomme la matiĂšre ou substance pour signifier l'ĂȘtre ou l'objet constituĂ© EX. : Il porte des verres correcteurs. |
Nombre âą Singulier â pluriel âą DĂ©terminĂ© â indĂ©terminĂ© |
On utilise le pluriel lĂ oĂč on attendrait le singulier EX. : Les soleils marins[6] |
On utilise le singulier pour signifier le pluriel EX. : Nous avons défait l'ennemi. |
Concret â abstrait | On utilise un terme abstrait pour Ă©voquer un concept concret EX. : Le fer ne connaĂźtra ni le sexe ni l'Ăąge.[10] |
On utilise un terme concret pour Ă©voquer un concept abstrait EX. : Respectez ses cheveux blancs. |
Nom propre â nom commun (antonomase) |
On utilise un nom commun ou un syntagme nominal à la place d'un nom propre EX. : l'hexagone ; l'ßle de beauté |
On utilise un nom propre à la place d'un nom commun EX. : Il nous faudrait un Cicéron. |
Dans le dessin
Plus rarement, la synecdoque est Ă©voquĂ©e lors d'une « ReprĂ©sentation abrĂ©gĂ©e dâun contour animal permettant, par seulement quelques tracĂ©s, de le reconnaĂźtre. »[12].
Remarques
- C'est le contexte qui oriente l'interprétation de la synecdoque.
- La synecdoque rĂ©fĂ©rentielle est parfois symbolisĂ©e par le symbole â (donc : Sgâ et Spâ), et la synecdoque sĂ©mique par le symbole â (Sgâ et Spâ). Pour l'emploi de cette notation, voir Paul RicĆur dans La MĂ©taphore vive : Les auteurs appellent mode ÎŁ le mode de dĂ©composition dâune classe en espĂšces, parce que la classe est la somme (ÎŁ) de ses espĂšces ; ils appellent mode Î le mode de dĂ©composition en arbres disjonctifs, parce que lâobjet est le produit logique (Î ) qui rĂ©sulte de la dĂ©composition distributive.
- L'antonomase peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme un cas particulier de synecdoque particularisante sĂ©mique (Spâ).
- Berne a protestĂ© Ă©nergiquement contre l'attaque d'un vĂ©hicule diplomatique. (Berne = les autoritĂ©s officielles de la Suisse, localisĂ©es Ă Berne, la capitale Spâ).
- Les mortels (= les hommes : Sgâ).
Une large tradition range dans la mĂȘme catĂ©gorie la mĂ©tonymie, trope complexe obtenu par la conjonction de deux synecdoques, et les tropes simples que sont les synecdoques â. Dans le cas de la mĂ©tonymie, les deux termes sont en effet unis par un rapport de contiguĂŻtĂ© Ă l'intĂ©rieur d'un mĂȘme ensemble logique (causeâeffet, contenantâcontenu, abstraitâconcret, auteurâĆuvre, etc.).
Notes et références
- « Métonymie - Figure de style [définition et exemples] », sur La Langue française, (consulté le )
- Henri Morier, Dictionnaire de poétique et de rhétorique, PUF, 1998 (5e édition) (ISBN 2-13-049310-6).
- Bernard Dupriez, Gradus - Les procédés littéraires (Dictionnaire), Union générale d'éditions, coll. 10/18, 1984 (ISBN 2-264-00587-4).
- Victor Hugo.
- La Fontaine.
- Baudelaire.
- Rimbaud.
- Voltaire.
- Boileau.
- Racine.
- Renaud, dans la chanson Hexagone.
- Archéologie. Grotte Chauvet, glossaire