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Les Habits neufs du président Mao

Les Habits neufs du président Mao. Chronique de la Révolution culturelle est un livre de Simon Leys, nom de plume de Pierre Ryckmans, publié en 1971 par Champ libre. Il fait partie de sa série d'essais sur la Chine. Le titre renvoie au conte de Hans Christian Andersen, Les Habits neufs de l'empereur.

Les Habits neufs du président Mao
Auteur Simon Leys
Pays Drapeau de la Belgique Belgique
Genre Essai politique
Éditeur Champ libre
Date de parution 1971
Couverture Hou Bo (la photographe officielle de Mao Zedong)
ISBN 2-85184-043-6
Chronologie

La chronique traite des événements qui se sont déroulés en république populaire de Chine de février 1967 à octobre 1969, au plus fort de la révolution culturelle, alors que l'auteur se trouvait à Hong Kong, à l'époque colonie britannique.

À contre-courant de la vogue du maoĂŻsme en France, ce texte a mis en avant, comme explication de la rĂ©volution culturelle, les luttes de pouvoir entre factions dirigeantes, et plus particuliĂšrement la volontĂ© de Mao de dĂ©truire le Parti communiste chinois afin de reprendre le pouvoir qui lui avait Ă©chappĂ© depuis plusieurs annĂ©es.

Présentation

Le titre est une rĂ©fĂ©rence au conte de Hans Christian Andersen, Les Habits neufs de l'empereur, oĂč un enfant dit candidement ce qu'il voit quand passe le grand-duc dans ses fameux habits neufs : « Mais le grand duc est tout nu ! »[note 1].

Pour Simon Leys : « De gĂ©nĂ©ration en gĂ©nĂ©ration, l’Occident a systĂ©matiquement ignorĂ© les forces rĂ©volutionnaires qui se manifestaient en Chine, prĂ©fĂ©rant Ă  chaque fois soutenir l’ordre pourri contre lequel ces forces s’insurgeaient. ». Il prĂ©sente plusieurs situations montrant que le monde occidental exprima son hostilitĂ© aux mouvements contestataires chinois entre le milieu du XIXe siĂšcle jusqu’au dĂ©but des annĂ©es 1970, indiqua constamment son hostilitĂ© aux mouvements contestataires chinois. À partir de cette date, Mao Zedong ayant rĂ©vĂ©lĂ© « sa nature essentiellement archaĂŻque et rĂ©actionnaire Â», ils le vĂ©nĂ©rĂšrent[1].

Pour le journaliste David Caviglioli, Simon Leys « montre la RĂ©volution culturelle comme la fin sanglante et pathĂ©tique d’un coup d’Etat manquĂ©, et Mao comme un vieil homme paniquĂ©, incapable de construire ce grand Etat moderne qu’il a promis au peuple, craignant d’ĂȘtre Ă©vincĂ© par l’élite compĂ©tente du pays, dĂ©cidant donc de la massacrer. »[2]. Pour Simon Leys, « la RĂ©volution culturelle, qui n'eut de rĂ©volutionnaire que le nom, et de culturel que le prĂ©texte tactique initial, fut une lutte pour le pouvoir menĂ©e au sommet entre une poignĂ©e d'individus derriĂšre le rideau de fumĂ©e d'un fictif mouvement de masses »[3] - [4] - [5].

Peng Dehuai et Mao Zedong en 1953 (photographie de Hou Bo)

Lettre ouverte Ă  Mao Zedong

de Peng Dehuai le

Dans cette Lettre, tout en feignant de reconnaßtre le succÚs du Grand Bond en avant de 1958, Peng Dehuai ne manque pas une occasion d'en souligner les échecs et les méfaits. Il feint également de n'en accuser que les camarades, en usant du nous pour désigner les coupables dont l'expérience est incomplÚte, la compréhension superficielle. Et surtout,

« l'exaltation petite-bourgeoise qui nous rend trop aisĂ©ment enclins aux erreurs gauchistes : en 1958, pendant le Grand Bond, beaucoup de camarades et moi-mĂȘme nous sommes laissĂ© enivrer par les rĂ©sultats du grand bond et par la ferveur du mouvement de masse. Beaucoup de tendances gauchistes ont pris un dĂ©veloppement considĂ©rable, dans notre impatience Ă  trouver un raccourci vers le communisme... »

Simon Leys, d'aprĂšs l'Ă©dition Ding Wang : Peng Duhai Wenti Zhuan ji-Zhongong ennuya da geming zilia huitain, vol. 3, Hong Kong, 1969..

Lettre d'excuses Ă  Mao Zedong

De Peng Dehuai aprĂšs sa disgrĂące le .

Semonce Ă  l'Empereur

par Hai Rui. Article de Wu Han[6].

L'article Ă©crit sous forme de conte de sagesse est une allusion directe Ă  l'injuste disgrĂące qui frappe Peng Dehuai. Il sera ensuite adaptĂ© en un opĂ©ra classique : La Destitution de Hai Rui, Ɠuvre qui sera elle-mĂȘme Ă  l'origine de la disgrĂące de Wu Han[7]. Le rĂ©cit a lieu sous l'empereur Ming Jiajing (1507 – PĂ©kin, 1567), onziĂšme empereur de la dynastie Ming. Cet empereur « jouissait d'une inviolabilitĂ© absolue, son nom mĂȘme (昉靖) Ă©tait tabou, tout caractĂšre qui se retrouvait dans la composition de son nom devait ĂȘtre Ă©crit avec l'un ou l'autre jambage en moins Â» (
) Donc cet homme inaccessible reçoit une semonce sĂ©vĂšre d'un de ses sujets qui l'accuse de pressurer son peuple jusqu'au dernier sou et de perdre son temps Ă  adresser des lettres aux esprits. Hai Rui accompagne sa lettre d'un mĂ©moire sur la situation politique du pays, et somme le souverain de rĂ©pondre Ă  cette question : « Valez-vous mieux que l'empereur Wendi des Han ? Â». Furieux, Jiajing s'apprĂȘte Ă  punir l'insolent, mais l'eunuque Huang Jin lui annonce que Hai Rui attend tranquillement la mort chez lui. Et Jiajing de s'exclamer « Cet homme est vraiment de la trempe de Bi Gan (en) Â»[8]. La rĂ©putation de Hai Rui lui vaut une trĂšs grande sympathie populaire, et lorsqu'il est calomniĂ© auprĂšs de l'empereur, des Ă©rudits prennent sa dĂ©fense. Pour finir, Hai Rui est adorĂ© des masses ; il s'oppose Ă  la corruption et au gaspillage, il soulage les misĂ©rables, abolit les privilĂšges. il combat les forces obscurantistes de la rĂ©action. Et Wu Han (alias Liu Mianzhi) considĂšre qu'on ferait bien de l'imiter.

Fragments de la déposition de Peng Dehuai durant son procÚs

-

Interrogatoire de Pu Anxiu

Femme de Peng Dehuai, Pu Anxiu est interrogée pendant le procÚs de l'accusé.

Sources de l'ouvrage

Simon Leys n'indique ses sources qu'en 1972, aprÚs la parution de la premiÚre édition de son livre. Dans la presse communiste chinoise, ce sont : Renmin ribao (Le Quotidien du Peuple), Hong qi (Drapeau rouge), Jiefang jun bao (journal de l'Armée populaire de libération), Wenhui bao. Simon Leys utilise aussi les publications des Gardes rouges. Pour la presse de Hong Kong, il lit Da gong bao, journal officiel du régime communiste, Ming bao (Gauche indépendante), Xingdao ribao (droite)... Simon Leys cite aussi les sources des annexes, avec de nombreux documents relatifs à l'affaire Peng Dehuai. Pour les biographies, Simon Leys utilise le Biographical Dictionary of Republican China de Boorman, le Who's Who in communist China, Huang Zhenxia , Zhonggong junren zhi et China News Analysis, un bulletin d'informations rédigé et publié à Hong Kong par le pÚre jésuite Låszló Ladåny dont Leys fait un vif éloge :« Grùce aux voyageurs réguliers, aux immigrants clandestins, aux anciens gardes rouges ayant échappé à la répression, aux habitants gardant des contacts familiaux, aux journalistes ou aux chercheurs comme le pÚre Ladany, ce jésuite d'une science extraordinaire qui faisait paraßtre le périodique China News Analysis, à Hong Kong on disposait vraiment de données précises et variées sur la réalité chinoise »[9].

À propos de cette pĂ©riode, Simon Leys dira : « Le Monde m'accusa de rĂ©pandre des mensonges fabriquĂ©s par la CIA[10] ». Dans son ouvrage LibĂ©ration, un moment d’ivresse : 1973-1981, le journaliste Alain Dugrand, un des crĂ©ateurs de LibĂ©ration, considĂšre que ces accusations ont pour origine les « maos de la gauche prolĂ©tarienne »[11].

Dans sa dĂ©nonciation de la rĂ©volution culturelle et, entre autres choses, du sort rĂ©servĂ© par celle-ci aux milliers de chrĂ©tiens, catholiques comme protestants, Pierre Ryckmans s'est inspirĂ© du bulletin hebdomadaire China News Analysis publiĂ© Ă  Hong Kong par le sinologue jĂ©suite hongrois LĂĄszlĂł LadĂĄny, directeur d'un centre recueillant et analysant les informations sur la situation en Chine Ă  l'Ă©poque : « Le fait est que c’est le P. Ladany qui a inspirĂ© Ă  Pierre Ryckmans, lui qui Ă©tait un spĂ©cialiste de la littĂ©rature classique chinoise, toute sa vision de la RĂ©volution culturelle par le biais de China News Analysis. » Toutes les ambassades et consulats Ă©taient abonnĂ©s Ă  ce bulletin, « remarquablement bien informĂ© et de trĂšs haut niveau » selon l'agence de presse Églises d'Asie, et qui professait que la rĂ©volution culturelle Ă©tait « un conflit de personnes et une immense lutte pour le pouvoir ». Pierre Ryckmans, qui a reconnu — tardivement — s'ĂȘtre inspirĂ© des numĂ©ros 759, 761, 762, 763 (mai Ă  ) pour Ă©crire Les habits neufs du prĂ©sident Mao, est parvenu Ă  relayer en Europe et aux États-Unis les propos du pĂšre LadĂĄny qui, jusque-lĂ , prĂȘchait dans le dĂ©sert[12]. Pour l'universitaire et Ă©crivain nĂ©erlandais Ian Buruma, Pierre Ryckmans, Ă  Hong Kong, n'a fait qu'Ă©couter des amis chinois et « lire chaque jour un ou deux quotidiens chinois au petit dĂ©jeuner » (comme il le dit lui-mĂȘme) mais aussi puiser dans les informations du bulletin hebdomadaire en anglais China News Analysis du pĂšre jĂ©suite LĂĄszlĂł LadĂĄny[13]. Le journaliste hongkongais Alex Lo, dans un article d'opinion publiĂ© sur le site du South China Morning Post, explique le regard lucide que porte Ryckmans sur la rĂ©volution culturelle par le fait que celui-ci observait la Chine depuis Hong Kong et Ă©tait fervent lecteur de l'hebdomadaire China News Analysis du pĂšre Ladany[14]. En 1991, dans The New York Review of Books, Simon Leys lui-mĂȘme rapporte que tous les spĂ©cialistes de la Chine dĂ©voraient le bulletin hebdomadaire du pĂšre Ladany et que beaucoup le pillaient mais qu'en gĂ©nĂ©ral ils faisaient bien attention Ă  ne pas dĂ©clarer leur dette Ă  son Ă©gard ni Ă  mentionner son nom. Le pĂšre Ladany, narquois, observait tout ce cirque avec dĂ©tachement[15].

Le journaliste Francis Deron du Monde indique Ă  propos de ces sources qu'il s'agit : « Des dĂ©marquages de poncifs sur des feuilles de papier calque fournies par des services de propagande de PĂ©kin eux-mĂȘmes dĂ©boussolĂ©s.[...] En fait, Leys ne faisait que lire sans lunettes dĂ©formantes la presse du rĂ©gime et ses Ă©manations, toutes bien assez Ă©loquentes pour permettre de dresser de premiers constats. »[3].

Accueil de l'Ɠuvre

La dénonciation par Simon Leys du régime maoïste lui a valu quelques inimitiés. « On a entendu s'élever, en France, des clameurs stridentes lorsque Simon Leys, un des plus grands sinologues contemporains, a osé soutenir, piÚces en main, qu'un tournant obscur s'accomplissait dans le secret de la Cité interdite, que la lutte pour le pouvoir faisait rage au sommet »[16], écrit l'écrivain Claude Roy.

Hervé Hamon et Patrick Rotman décrivent dans quel état d'esprit se trouvaient les maoïstes parisiens au moment de la publication du livre de Simon Leys. Maria Antonietta Macciocchi venait de faire paraßtre un ouvrage sur une Chine idyllique, De la Chine : « Impossible d'admettre à l'automne 1971, que l'armée soit capable, en Chine, de massacrer des gardes rouges. La vraie, l'unique Révo-Cu, c'est celle qu'a rencontrée lors de sa visite guidée, l'ambassadrice italienne »[17]

« Le livre De la Chine est accueilli dĂ©votement par une intelligentsia prompte Ă  chercher du cĂŽtĂ© de PĂ©kin une patrie de rechange. Selon la dĂ©putĂ©e italienne de Naples, ce qui Ă©tait en Ɠuvre, lĂ  bas, (
) Ă©tait l'accomplissement d'une authentique rĂ©volution prolĂ©tarienne. Lorsque l'ancien situationniste RenĂ© ViĂ©net (Ă©galement sinologue), fait paraĂźtre aux Ă©ditions Champ libre l'ouvrage de Simon Leys, le cƓur des maoĂŻstes français ne balance pas une seconde : on lui prĂ©fĂšre Macciocchi[18]. »

Ce n'est que vers la fin des annĂ©es 1980 que les virulents Ă©crits de Simons Leys sont enfin saluĂ©s, surtout au moment des massacres de Tian'anmen, comme une entreprise visionnaire et salutaire, mĂȘme par ses plus ardents dĂ©tracteurs, qui pourtant, comme l'indique Philippe Forest, n'exprimeront jamais le moindre regret : « Oubliant les tonitruantes dĂ©clarations de l’automne 1971, c’est avec une grande discrĂ©tion que Tel Quel prendra ses distances Ă  l’égard du maoĂŻsme ». Le numĂ©ro 66 de l’étĂ© 1976 voit encore la publication de deux poĂšmes du Grand Timonier, traduits par Philippe Sollers, ainsi que d’un article d’Alain Peyraube sur la rĂ©volution de l'enseignement en Chine. Le numĂ©ro 68 de l’hiver 1976 se conclut par une note lapidaire sur le maoĂŻsme[19].

« Des informations continuent Ă  paraĂźtre, ici et lĂ , sur le “maoĂŻsme” de Tel Quel. PrĂ©cisons donc que si Tel Quel a en effet, pendant un certain temps, tentĂ© d’informer l’opinion sur la Chine, surtout pour s’opposer aux dĂ©formations systĂ©matiques du PCF, il ne saurait en ĂȘtre de mĂȘme aujourd’hui. Cela fait longtemps, d’ailleurs, que notre revue est l’objet d’attaques de la part des “vrais maoĂŻstes”. Nous leur laissons volontiers ce qualificatif. Les Ă©vĂ©nements qui se dĂ©roulent actuellement Ă  PĂ©kin ne peuvent qu’ouvrir dĂ©finitivement les yeux des plus hĂ©sitants sur ce qu’il ne faut plus s’abstenir de nommer la “structure marxiste”, dont les consĂ©quences sordides sur le plan de la manipulation du pouvoir et de l’information sont dĂ©sormais vĂ©rifiables. Il faudra y revenir, et en profondeur. Il faut en finir avec les mythes, tous les mythes[20]. »

Le journaliste du Monde Francis Deron indique, en 2008, Ă  propos des sources utilisĂ©es par les auteurs occidentaux pro-maoĂŻstes de l'Ă©poque qu'il s'agissait de « dĂ©marquages de poncifs sur des feuilles de papier calque fournies par des services de propagande de PĂ©kin eux-mĂȘmes dĂ©boussolĂ©s.[...] En fait, Leys ne faisait que lire sans lunettes dĂ©formantes la presse du rĂ©gime et ses Ă©manations, toutes bien assez Ă©loquentes pour permettre de dresser de premiers constats. »[3].

Réactions négatives

Dans les annĂ©es 1970, la publication des ouvrages de Simon Leys sur la Chine provoque l'hostilitĂ© des milieux maoĂŻstes français, reprĂ©sentĂ©s notamment par la revue Tel Quel, et suscite des attaques dans des quotidiens comme Le Monde[21]. À l'universitĂ© de Vincennes, le stand de la maison d'Ă©dition est dĂ©moli par des militants maoĂŻstes, qui dĂ©truisent Ă©galement tous les exemplaires du livre, raconte GĂ©rard GuĂ©gan, alors directeur littĂ©raire chez Champ libre[22].

Simon Leys donne lui-mĂȘme une liste non exhaustive des intellectuels admirateurs de Mao qui Ă©crivaient en toute mĂ©connaissance de la rĂ©alitĂ© du rĂ©gime chinois : Maria Antonietta Macciocchi, Philippe Sollers, Julia Kristeva, Michelle Loi, Alain Bouc, Charles Bettelheim. Il note que « l'idĂ©e de rĂ©imprimer leurs essais chinois ne pourrait venir qu'Ă  leurs ennemis[23] ».

Mais alors que l'intelligentsia parisienne compte de nombreux admirateurs de Mao (Jean-Paul Sartre, Roland Barthes, Michel Foucault, Benny LĂ©vy, Jean-Claude Milner, AndrĂ© Glucksmann, l'homme politique Alain Peyrefitte, le philosophe Alain Badiou, le pĂšre Jean Cardonnel, les sinologues Lucien Bianco, Jean-Luc Domenach et LĂ©on Vandermeersch), aucune Ă©minente personnalitĂ© ne souhaite dĂ©battre avec lui, tant elle serait sĂ»re d'ĂȘtre rapidement contredite par ce spĂ©cialiste incontestĂ© de l'Asie. De ce fait, ce sont des intellectuels secondaires qui lui rĂ©pondent, souvent sur le registre de la calomnie ou du mĂ©pris[22].

Alain Bouc

Le journaliste et Ă©conomiste Alain Bouc, qui a sĂ©journĂ© 32 mois en Chine comme correspondant du quotidien Le Monde[24], qualifiĂ© de « maoĂŻsant aveugle » par le sinologue Claude Hudelot[25], Ă©crit Ă  propos du livre de Simon Leys : « Une nouvelle interprĂ©tation de la Chine par un « China watcher » français de Hongkong travaillant Ă  la mode amĂ©ricaine. Beaucoup de faits, rapportĂ©s avec exactitude, auxquels se mĂȘlent des erreurs et des informations incontrĂŽlables en provenance de la colonie britannique. Les sources ne sont d'ordinaire pas citĂ©es, et l'auteur n'a manifestement pas l'expĂ©rience de ce dont il parle. La RĂ©volution culturelle est ramenĂ©e Ă  des querelles de cliques ».

Selon Pierre Boncenne, l'expérience des affaires chinoises d'Alain Bouc se limitait à la lecture de Pékin Information en version française, car ce proche du dominicain Jean Cardonnel, adepte de la théologie de la libération, ne pratiquait pas la langue chinoise[26].

Jean Daubier

Interrogé par la revue Tel Quel à l'été 1972, le sinologue et journaliste du Monde diplomatique Jean Daubier, qui a vécu et travaillé en Chine pendant la révolution culturelle (de 1966 à l'été 1968) et qui est l'auteur d'une Histoire de la révolution culturelle prolétarienne en Chine, parue en 1970 (qualifié de « promaoïste » par l'historienne Camille Boullenois[27]), estime, pour sa part, que Les Habits neufs du président Mao « a été écrit par un de ces censeurs "de gauche" du maoïsme » et « qu'il n'est pas des meilleurs ». Et d'expliquer : « C'est une anthologie de ragots circulant à Hong-Kong depuis des années et qui ont une source américaine trÚs précise. Il est significatif que l'auteur n'ose guÚre citer ses sources [...] Cela frise le charlatanisme »[28] - [22].

Toujours selon Daubier, « La thĂšse selon laquelle Mao avait perdu le pouvoir n'est pas dĂ©montrĂ©e et paraĂźt fort contestable. » Il ajoute, dans un compte rendu du livre de Leys publiĂ© le dans Le Nouvel Observateur, que cette thĂšse « sert de fondement Ă  une autre thĂ©orie, selon laquelle la rĂ©volution culturelle fut un coup d'État de Mao contre le Parti appuyĂ© par l'armĂ©e », thĂ©orie reprise par Simon Leys. Il relĂšve des « erreurs factuelles » Ă  cĂŽtĂ© de ces « affirmations gratuites », par exemple que le plan de Pen Cheng () avait Ă©tĂ© approuvĂ© par le ComitĂ© central ou qu'un commandement unifiĂ© avait Ă©tĂ© imposĂ© aux gardes rouges. Il affirme aussi que les cadavres dĂ©capitĂ©s trouvĂ©s dans les eaux de Hong-Kong en 1968 Ă©taient non pas ceux d'activistes cantonais, comme le soutient Leys, mais le rĂ©sultat des exactions de groupes de civils divisĂ©s en factions antagonistes[29].

Philippe Sollers

DĂšs la parution du livre Les habits neufs du prĂ©sident Mao, Simon Leys est critiquĂ© par les membres de la revue Tel Quel, dont Philippe Sollers[25] est un des principaux animateurs[30]. Simon Leys qualifiait ces contradicteurs de « maoĂŻstes mondains Â»[31]. Ce n'est que trente ans plus tard que Philippe Sollers reconnaĂźtra la justesse des analyses de Simon Leys[32] : « Trente ans ont passĂ©, et la question reste fondamentale. Disons-le donc simplement : Leys avait raison, il continue d’avoir raison, c’est un analyste et un Ă©crivain de premier ordre, ses livres et articles sont une montagne de vĂ©ritĂ©s prĂ©cises... Â».

Patrice GĂ©lard

Écrivant en 1973 dans la Revue de l'Est, Patrice GĂ©lard, professeur Ă  l'universitĂ© de Lille II, voit dans Les Habits neufs du prĂ©sident Mao « une thĂšse [...] qui bien que non convaincante demeure amusante (insolente diraient mĂȘme certains)[33] ».

Edward Friedman

Dans un article intitulĂ© « Simon Leys hates China, America loves Simon Leys », paru en 1978 dans le bulletin du Committee of Concerned Asian Scholars (en), le politologue amĂ©ricain Edward Friedman, professeur Ă  l'universitĂ© du Wisconsin Ă  Madison, se livre a une critique dĂ©taillĂ©e des idĂ©es avancĂ©es par Leys sur la rĂ©volution culturelle dans The Chairman's New Clothes et Chinese Shadows. Selon Friedman, Leys, en fonction de ce qu'il veut dĂ©montrer, dĂ©fend avec la mĂȘme vĂ©hĂ©mence des points de vue contradictoires lorsqu'il affirme 1/ que Mao a repris la totalitĂ© du pouvoir, ou 2/ que les militaires ont pris le pouvoir au moyen d'un coup d'État, ou encore 3/ qu'une poignĂ©e de membres du parti sont les vrais maĂźtres du rĂ©gime. Il en dĂ©duit que la logique et la cohĂ©rence ne sont pas les points forts de Leys[34].

Toujours d'aprĂšs Friedman, Leys traite de la modernisation de la Chine comme s'il s'agissait d'un crime contre sa civilisation, il veut donner au lecteur l'impression que le maoĂŻsme est rĂ©solu Ă  dĂ©truire la culture chinoise. Pourtant, la vĂ©racitĂ© de certaines de ses affirmations sur des destructions est mise en doute par les tĂ©moignages d'un visiteur ultĂ©rieur. Ainsi, alors que Leys prĂ©tend qu'Ă  Hangzhou la tombe de Su Hsiao-hsiao « a complĂštement disparu sans laisser la moindre trace », un chercheur australien, l'historien Ross Terrill (en), se rend sur place et dĂ©crit l'Ă©difice. De mĂȘme, alors que Leys dĂ©clare qu'il ne reste de la SociĂ©tĂ© de gravure des sceaux que le pavillon, le mĂȘme Ross Terrill, qui se transporte sur place, dĂ©crit cette sociĂ©tĂ© comme continuant ses activitĂ©s « malgrĂ© les coups de la rĂ©volution culturelle »[35].

Se saisissant du fait que Leys assimile l'arasement des remparts de PĂ©kin et l'ouverture de grands boulevards rectilignes Ă  « des atrocitĂ©s dignes de Hitler ou de Genghis Khan » – il faut savoir, ainsi que l'indique Isabel Hilton (en), que lors de son sĂ©jour de six mois Ă  PĂ©kin, Leys passa une journĂ©e Ă  chercher les anciennes portes de la ville avant de constater, incrĂ©dule et effondrĂ©, qu'elles n'Ă©taient plus[36], Friedman fait valoir que les Chinois acquis Ă  la modernisation, mĂȘme parmi ceux hostiles au rĂ©gime, ne ressentent pas la chose ainsi. Pour le critique, contrairement Ă  Leys, les Chinois voient de la beautĂ© dans les lignes droites et les angles droits et essaient de rebĂątir leurs villes en consĂ©quence[37].

RĂ©actions favorables

Toutefois, Leys est soutenu immĂ©diatement par des intellectuels comme Jean-François Revel et RenĂ© Étiemble. Pierre Boncenne rĂ©sume quelques-uns de ces soutiens : « On imagine mal le discrĂ©dit et les insultes ayant suivi la publication d’un diagnostic aussi lucide. Le journal Le Monde – oui, Le Monde
 – qualifia Simon Leys de colporteur de piĂštres ragots et d’agent de la CIA (sic) et jamais n’a fait amende honorable tout en le cĂ©lĂ©brant, maintenant, comme l’un des grands esprits de notre temps
 A l’époque, seuls des intellectuels indĂ©pendants et, du reste, pour la plupart venus d’une gauche non contaminĂ©e par le stalinisme et la servilitĂ© devant le communisme, Ă  savoir RenĂ© ViĂ©net, Jean-François Revel ou Etiemble, ont tout de suite compris que Simon Leys disait tout simplement la vĂ©ritĂ©. De mĂȘme, quelqu’un comme Raymond Aron. Mais l’ensemble de la droite, dans sa version gaulliste ou son versant giscardien, cĂ©lĂ©brait aussi le « Grand Timonier »[38] ».

Jean-François Revel

Dans la prĂ©face Ă©crite pour l’un des livres de Simon Leys et que l’on trouve dans Essais sur la Chine (collection « Bouquins », Robert Laffont, 1998), Revel Ă©crivait : « Observateur, historien, et penseur, Leys reste au long de ces pages surtout un homme, et un Ă©crivain chez qui la science et la clairvoyance se mĂȘlent merveilleusement Ă  l’indignation et Ă  la satire. Ne cessons pas de relire ces Ɠuvres, pour constater qu’au siĂšcle du mensonge, parfois, la vĂ©ritĂ© relĂšve la tĂȘte et Ă©clate de rire. »[39].

RenĂ© Étiemble

L'universitaire RenĂ© Étiemble dĂ©fend Simon Leys « en face de tous les intellectuels maoĂŻstes Â»[40]. Il fait l'Ă©loge de l'ouvrage : « c'est un passionnĂ© de la culture chinoise qui analyse, jour par jour, les pĂ©ripĂ©ties de la soi-disant, de la prĂ©tendue « rĂ©volution culturelle ». [...] Depuis L'Aveu de London, je n'ai rien lu de plus bouleversant dans l'ordre du politique[41] - [42]. RenĂ© Étiemble, soutien de la rĂ©volution culturelle Ă  ses dĂ©buts, s'adresse aux lecteurs bienveillants pour celle-ci, il estime que Simon Leys prĂ©sente deux avantages : « Trop pondĂ©rĂ© pour partager les illusions des jeunes gens intelligents et gĂ©nĂ©reux, mais qui ne connaissent rien au maoĂŻsme; trop Ă©tranger aux sectes politiques pour adopter aveuglĂ©ment le maoĂŻsme comme le font les transfuges du parti communiste français »[43].

Pourtant, si René Etiemble remet un compte rendu de lecture enthousiaste du livre au Nouvel Observateur, celui-ci est censuré en partie et le journal demande à Daubier, considéré comme un « véritable ami du peuple chinois », de démolir le livre de Simon Leys[22].

Pierre Souyri

De façon plus mitigĂ©e, en 1973, l'Ă©crivain marxiste Pierre Souyri, spĂ©cialiste de la Chine et qui voit dans le rĂ©gime communiste sous Mao Zedong une « manipulation bureaucratique des foules et instrument du remodelage Ă©tatique des consciences, dans le totalitarisme le plus extrĂȘme », trouve que si Leys, dans Les Habits neufs du PrĂ©sident Mao, « a Ă©crit une chronique souvent minutieusement informĂ©e sur certains des aspects de la crise chinoise ». « Il sait restituer l'atmosphĂšre de ruses et d'intrigues sournoises qui empoisonne les rĂ©gimes bureaucratiques, dĂ©tecter les rĂ©alitĂ©s qui se cachent derriĂšre les paravents idĂ©ologiques, dĂ©masquer les manƓuvres que dissimulent les querelles doctrinales, montrer les incohĂ©rences et l'inauthenticitĂ© des accusations forgĂ©es contre tel ou tel des adversaires Ă  abattre », en revanche son « interprĂ©tation des Ă©vĂ©nements n'est pas convaincante », et l'« on n'est pas du tout persuadĂ© qu'il ait identifiĂ© les vĂ©ritables dĂ©terminations des antagonismes qui ont dĂ©chirĂ© les milieux dirigeants de la Chine ». Si Mao n'avait Ă©tĂ© que le « fĂ©tiche de bois Â» rĂ©duit Ă  l'impuissance dont parle Leys, comment aurait-il pu mettre en place, se demande Souryi, un appareil de coup d'État Ă  l'insu de ses adversaires et dĂ©clencher un mouvement de masse aussi ample pour satisfaire ses ambitions personnelles ? Pour Souyri, il se pourrait bien que l'irrationalitĂ© des comportements d'une nation tout entiĂšre que supposent les explications fournies par Leys, « ne tienne qu'aux interprĂ©tations insuffisantes et probablement erronĂ©es » de ce dernier[44].

Réactions ultérieures et posthumes

Un ouvrage de référence

Francis Deron, journaliste du Monde, qualifie cet essai, d'ouvrage rĂ©aliste, une « Ă©poustouflante vivisection » d'une Chine inconnue de ceux-lĂ  mĂȘmes qui la considĂ©raient comme un exemple. Ainsi, Simon Leys prĂ©voit la chute de Lin Biao, le successeur dĂ©signĂ© de Mao Zedong[45].

Le sinologue Alain Roux considĂšre que des ouvrages comme La Vie privĂ©e du prĂ©sident Mao de Li Zhisui ou Les Habits neufs du prĂ©sident Mao de Simon Leys, ont permis « de sortir la biographie de Mao du genre hagiographique et de faire de Mao un objet d’histoire »[46].

Pour les universitaires Roderick Mac Farquhar et Michael Schoenhals, auteurs de La DerniÚre Révolution de Mao. Histoire de la Révolution culturelle 1966-1976, Simon Leys fut le seul des intellectuels occidentaux à « appeler un chat un chat »[47].

Pierre Boncenne indique qu'à l'opposé de l'idolùtrie ambiante envers Mao, Simon Leys évoque le « gigantesque massacre » de la révolution culturelle[4].

Le sinologue François Danjou estime que Simon Leys révÚle dans l'ouvrage, la volonté de Mao Zedong de détruire les « traces de l'ancienne culture chinoise systématiquement qualifiée de « féodale », attisant sans retenue la fureur du peuple et sa rage meurtriÚre contre les livres, les temples [...][48] ».

Le journaliste Bernard Pivot se dit stupĂ©fait par l'accueil du livre de Simon Leys, surtout Ă  Paris : « mĂ©pris, calomnies, accusations de charlatanisme, de corruption par l'AmĂ©rique
 ». Cet essai « brisait le mythe d'une Chine enchantĂ©e par la RĂ©volution culturelle ». Ses dĂ©tracteurs s'employĂšrent donc Ă  discrĂ©diter ou rĂ©duire au silence Simon Leys[49]. Bernard Pivot qualifie Simon Leys d'« homme de vĂ©ritĂ©, de courage, intellectuel intransigeant avec le crime, l'imposture et la bĂȘtise »[50].

Pour le sinologue Jean-Philippe BĂ©ja, Ă  l'Ă©poque il Ă©tait bien vu dans les « cercles intellectuels parisiens » d'idolĂątrer Mao Zedong. Il fallait du « courage » pour Ă©crire que la rĂ©volution culturelle n'avait rien de rĂ©volutionnaire, son objectif Ă©tant de conforter le « culte du Grand Timonier », et qu'elle Ă©tait sans rapport avec la culture, rien n'ayant Ă©tĂ© produit dans ce domaine : « Il ne laissait pas la possibilitĂ© de persĂ©vĂ©rer dans la maolĂątrie, d’autant plus que ce n’était pas l’Ɠuvre d’un « rĂ©actionnaire » : Simon Leys ne cessait de montrer que la RĂ©volution culturelle n’avait rien eu de rĂ©volutionnaire puisqu’elle avait renforcĂ© le culte du « Grand Timonier », et rien de culturel puisqu’elle n’avait rien crĂ©Ă© dans ce domaine. Et Ă  l’époque oĂč il Ă©tait de bon ton de professer l’amour de Mao Zedong dans les cercles intellectuels parisiens (n’est-ce pas Philippe Sollers, Julia Kristeva ?) il fallait un certain courage pour publier un tel texte[51]. »

Selon Pierre Haski, Simon Leys voit dans le « Grand Timonier » « un empereur autocrate rompu aux intrigues et aux manipulations, obsĂ©dĂ© par la destruction frĂ©nĂ©tique de toutes les traces de l’ancienne culture chinoise systĂ©matiquement qualifiĂ©e de fĂ©odale », Mao Zedong veut dĂ©truire « les livres, les temples et d’innombrables Chinois de la classe moyenne, professeurs, fonctionnaires et intellectuels accusĂ©s d’ĂȘtre les suppĂŽts de l’ancienne Chine impĂ©riale ». Des cadres du Parti sont Ă©liminĂ©s dont le prĂ©sident de la RĂ©publique Liu Shaoqi et le gĂ©nĂ©ral Peng Dehuai : « Sous la plume de Simon Leys, le « Grand Timonier » apparaĂźt pour ce qu’il est : un empereur autocrate rompu aux intrigues et aux manipulations, obsĂ©dĂ© par la destruction frĂ©nĂ©tique de toutes les traces de l’ancienne culture chinoise systĂ©matiquement qualifiĂ©e de « fĂ©odale », attisant sans retenue la fureur du peuple et sa rage meurtriĂšre contre les livres, les temples et d’innombrables Chinois de la classe moyenne, professeurs, fonctionnaires et intellectuels accusĂ©s d’ĂȘtre les suppĂŽts de l’ancienne Chine impĂ©riale qui ont accompagnĂ© dans leur chute aux abĂźmes quelques hauts dirigeants du Parti dont le prĂ©sident de la RĂ©publique lui-mĂȘme Liu Shaoqi et le gĂ©nĂ©ral Peng Deng Huai, hĂ©ros de la guerre civile contre Chang Kai Chek dans le Jiangxi puis au Xinjiang, commandant militaire en CorĂ©e puis ministre de la dĂ©fense. »[52].

Philippe Paquet, journaliste Ă  La Libre Belgique et sinologue, souligne le « rĂŽle prĂ©curseur et central » de Simon Leys dans la description de la gouvernance maoĂŻste et de ses suites jusqu’aux manifestations de la place Tian'anmen de 1989. Ses dĂ©nonciations des « tyrans » de PĂ©kin sont l'expression des droits de l'homme. Simon Leys critique « leurs courtiers » occidentaux pour leur ignorance du rĂ©gime maoĂŻste. Si « Nixon et Kissinger, S.A. Le Shah d’Iran, les philosophes de Tel Quel » considĂšrent Mao comme un « gĂ©nie », ils doivent connaĂźtre leur sujet. Son dĂ©cryptage de la rĂ©volution culturelle et des pratiques du rĂ©gime communiste chinois lui attira la « haine tenace » de ses contradicteurs europĂ©ens, notamment parisiens. Mais son talent littĂ©raire permet Ă  ses Essais sur la Chine d’ĂȘtre toujours estimĂ©s[53].

Un contenu toujours controversé

Le philosophe maoĂŻste Alain Badiou voit dans Simon Leys, « l'organisateur principal de la sinologie anti-maoĂŻste », dont l'essai de 1971, Les Habits neufs du prĂ©sident Mao, « fit figure de bombe iconoclaste ». Et d'ajouter : « Que Simon Leys soit honorĂ© comme l'avant-garde courageuse de l'esprit renĂ©gat et contrerĂ©volutionnaire rend certes justice au courage d'opinion qui fut le sien, et dont ses sectateurs, tous maoĂŻstes repentis, ne firent jamais preuve – ni Ă  l'Ă©poque, quand « tout le monde » Ă©tait maoĂŻste, et eux aussi, ni aujourd'hui, quand ce mĂȘme « tout le monde » n'est composĂ© que de repentis, ce qu'ils s'empressent d'ĂȘtre –, mais ne peut convaincre que ses livres soient excellents. Que le lecteur s'y reporte, et juge »[54]. Pour Badiou, Les Habits neufs du prĂ©sident Mao est une « brillante improvisation idĂ©ologique de Simon Leys dĂ©pourvue de tout rapport au rĂ©el politique » et « le prototype presque dĂ©finitif » de « libelles propagandistes » sur la rĂ©volution culturelle, libelles qu'il oppose aux « Ă©tudes sĂ©rieuses » qui « existent bel et bien, souvent en tant que travaux acadĂ©miques dans les universitĂ©s amĂ©ricaines », Ă  savoir La Commune de Shanghai de Hongsheng Jiang (La Fabrique, 2014), The Politics of the Chinese Cultural Revolution de Hong Yung Lee (University of California Press, 1978) et Shanghai Journal, an Eyewitness Account of the Cultural Revolution de Neale Hunter (Frederick A. Praeger, Publishers, 1969)[55] - [56].

À propos d'une citation d'Alain Badiou ; « S’agissant de figures comme Robespierre, Saint-Just, Babeuf, Blanqui, Bakounine, Marx, Engels, LĂ©nine, Trotski, Rosa Luxemburg, Staline, Mao TsĂ©-toung, Chou En-lai, Tito, Enver Hoxha, Guevara et quelques autres, il est capital de ne rien cĂ©der au contexte de criminalisation et d’anecdotes Ă©bouriffantes dans lesquelles depuis toujours la rĂ©action tente de les enclore et de les annuler », Simon Leys rappelle le proverbe chinois « Ne prenez jamais la bĂȘtise trop au sĂ©rieux » tout en regrettant l'absence de Pol Pot de ce panthĂ©on[57]. Dans les annĂ©es 1970, Alain Badiou avait effectivement affichĂ© sa sympathie pour le rĂ©gime de Pol Pot et des Khmers rouges[58].

En 2013, Marianne Bastid-BruguiÚre, membre de l'Institut de France, dans sa préface au livre de l'historienne Camille Boullenois, La révolution culturelle chinoise sous le regard des Français (1966-1971), fait remarquer que l'auteur des Habits neufs s'est trompé en affirmant que Mao avait été dépouillé de tout pouvoir entre 1959 et 1965, « comme le prétendait la propagande chinoise »[59]. Marianne Bastid-BruguiÚre rappelle en outre, que Simon Leys annonçait qu'« une révolution prolétarienne se prépar[ait] en Chine et [qu']un pouvoir rouge finira[it] bien par y exister ». Elle ajoute qu'« on ne saurait lui tenir rigueur que sa prophétie ne se soit point encore réalisée, mais elle révÚle quelques présupposés théoriques ». Elle trouve que l'essentiel du livre est occupé par « une chronique assez indigeste des événements politiques chinois depuis 1965, qui ne pouvait guÚre captiver que des experts » et qui, « à l'expérience du temps, se révÚle moins fiable que celle des diplomates en Chine ». Elle voit Les Habits neufs moins comme « un tournant, une rupture, comme on l'a souvent prétendu » que comme « une des figures successives des savoirs sur la Chine ». Elle trouve par contre le deuxiÚme essai, Ombres chinoises, « d'une facture trÚs supérieure à l'ouvrage précédent » et celui qui fit connaßtre Leys hors d'Europe et notamment outre-Atlantique[60]. Pour Camille Boullenois, les ouvrages Les Habits neufs du président Mao et Ombres chinoises « constituent sans doute le témoignage le plus lucide de l'époque »[61].

Pour le journaliste et Ă©crivain Ian Buruma, au fil des ans, Leys a essuyĂ© les attaques de critiques qui lui reprochaient d'ĂȘtre Ă©litiste, la copie conforme occidentale du lettrĂ© chinois, un esthĂšte qui se prĂ©occupe moins des gens que de la belle culture, plus des remparts et des temples que des pauvres PĂ©kinois forcĂ©s de vivre dans des ruelles sombres et sordides sous le joug d'autocrates et de superstitions moyenĂągeuses[62].

Au contraire, pour le sinologue Gregory B. Lee (en), Simon Leys ne s'est pas limitĂ© « Ă  la seule observation et critique de la Chine », mais comme « socialiste » et « humaniste », il s'est intĂ©ressĂ© aux Chinois en tant qu'ĂȘtres humains. Il voit dans la Chine une « partie intĂ©grale de l'histoire vĂ©cue et du prĂ©sent de notre propre humanitĂ© »[63].

Pour le philosophe Jean-Claude MichĂ©a, c'est la « libertĂ© d’esprit » de Simon Leys qui a « conduit la police de la pensĂ©e de l’époque » Ă  lui faire ces procĂšs. Jean-Claude MichĂ©a cite l'Ă©crivain anglais George Orwell qui Ă©voquait « ces petites idĂ©ologies malodorantes qui rivalisent maintenant pour le contrĂŽle de notre Ăąme » [...] « On ne doit pas chercher plus loin les raisons qui ont conduit la police de la pensĂ©e de l’époque - elle se renouvelle malheureusement de gĂ©nĂ©ration en gĂ©nĂ©ration - Ă  lui faire si chĂšrement payer le prix de cette indomptable libertĂ© d’esprit. Pour autant, la certitude dĂ©primante qu’un esprit libre devra toujours affronter, tĂŽt ou tard, les calomnies et les manƓuvres de tous les partisans de «ces petites idĂ©ologies malodorantes qui rivalisent maintenant pour le contrĂŽle de notre Ăąme» (Orwell) ne devrait dissuader personne de servir honnĂȘtement la vĂ©ritĂ©. AprĂšs tout, qui se souvient encore, aujourd’hui, des Alain Bouc ou des Michelle Loi? Pas mĂȘme leurs innombrables clones devenus pourtant plus puissants que jamais[64]. »

Pour GĂ©rard Leclerc, philosophe royaliste, « Simon Leys avait pulvĂ©risĂ© la lĂ©gende dĂšs 1971 avec un grand livre intitulĂ© Les habits neuf du prĂ©sident Mao. En pleine surchauffe idĂ©ologique, c’était plus qu’un pavĂ© dans la mare, c’était la rĂ©vĂ©lation crue d’une immense imposture, celle qui avait transformĂ© un monstrueux bain de sang en Ă©popĂ©e absolue. » [65].

L'homme politique australien Kevin Rudd, dĂ©peint Simon Leys comme pouvant ĂȘtre « des plus dogmatiques » : lorsque, Ă  partir de 1978, Deng Xiaoping, mettant un terme dĂ©finitif Ă  la rĂ©volution culturelle, changea fondamentalement la Chine, Pierre Ryckmans eut du mal Ă  admettre que des changements authentiques, pĂ©rennes et positifs aient pu intervenir pendant cette pĂ©riode de « rĂ©forme et d'ouverture »[66].

RĂ©compense

Prix Jean Walter, prix d’histoire et de sociologie, de l'AcadĂ©mie française en 1975[67].

Publication

Photographie de couverture

La photographie de la couverture Ă©tait celle du PrĂ©sident Mao avec son grand manteau prise, en 1954, sur la plage de Beidaihe, lieu de villĂ©giature de l'Ă©lite chinoise. Il s'agit de l'Ɠuvre de la photographe officielle de Mao entre 1949 et 1962, madame Hou Bo. Celle-ci sera Ă©liminĂ©e par Jiang Qing, femme de Mao, et passera trois ans en laogai[25].

Édition

Le texte des Habits neufs du président Mao est repris dans les Essais sur la Chine.

Notes et références

Notes

  1. D'une maniÚre générale, la formule Le Roi est nu ou L'Empereur est nu est passée dans le langage courant pour souligner des apparences trompeuses ou un manque de pouvoir inavoué.
    Il y a de longues annĂ©es vivait un empereur qui aimait par-dessus tout ĂȘtre bien habillĂ©. Il avait un habit pour chaque heure du jour. Un beau jour, deux escrocs arrivĂšrent dans la grande ville de l’empereur. Ils prĂ©tendirent savoir tisser une Ă©toffe que seules les personnes sottes et incapables dans leurs fonctions ne pouvaient pas voir et proposĂšrent au souverain de lui confectionner des vĂȘtements. L’empereur pensa que ce serait un habit exceptionnel et qu’il pourrait ainsi repĂ©rer les personnes intelligentes de son royaume. Les deux charlatans se mirent alors au travail. Quelques jours plus tard, l’empereur, curieux, vint voir oĂč en Ă©tait le tissage de ce fameux tissu. Il ne vit rien car il n’y avait rien. TroublĂ©, il dĂ©cida de n’en parler Ă  personne, car personne ne voulait d’un empereur sot.
    Il envoya plusieurs ministres inspecter l’avancement des travaux. Ils ne virent pas plus que le souverain, mais n’osĂšrent pas non plus l’avouer, de peur de paraĂźtre pour un imbĂ©cile.Tout le royaume parlait de cette Ă©toffe extraordinaire. Le jour oĂč les deux escrocs dĂ©cidĂšrent que l’habit Ă©tait achevĂ©, ils aidĂšrent l’empereur Ă  l’enfiler. Ainsi « vĂȘtu » et accompagnĂ© de ses ministres, le souverain se prĂ©senta Ă  son peuple qui, lui aussi, prĂ©tendit voir et admirer ses vĂȘtements. Seul un petit garçon osa dire la vĂ©ritĂ© : « Mais il n’a pas d’habit du tout ! ». [ou dans une traduction plus habituelle : « le roi est nu ! »]. Et tout le monde lui donna raison. L’empereur comprit que son peuple avait raison, mais continua sa marche sans dire un mot.

Références

  1. Pierre Haski Comment Pierre Ryckmans est devenu Simon Leys,Rue89, août 2014.
  2. David Caviglioli Mort de Simon Leys, le sinologue qui a vu la Chine sombrer dans la barbarie, L'Obs, 11 août 2014.
  3. Francis Deron "Les Habits neufs du président Mao", par Francis Deron, Le Monde, 6 août 2008.
  4. Pierre Boncenne, Connaisez vous Simon Leys? Institut des libertés, avril 2013
  5. (en) Michael Scott Christofferson, French Intellectuals Against the Left: The Antitotalitarian Moment of the 1970s, Berghahn Books, 2004, 294 p., p. 64 : « Simon Leys's Les Habits neufs du Président Mao (1971), which interpreted the Cultural Revolution as a power struggle within the Chinese Communist Party. »
  6. Paru dans le journal Renmin ribao du sous le pseudonyme de Liu Mianzhi.
  7. Simon Leys, Essais sur la Chine, p. 221.
  8. Simon Leys, Essais sur la Chine, p. 204 : Bi Gan avait osĂ© critiquer le dernier souverain de la dynastie Shang, Zhouxin, qui lui avait fait arracher le cƓur.
  9. Simon Leys, Essais sur la Chine, pages 223 et suivantes.
  10. Entretien avec Simon Leys, Le Figaro, no 20309, lundi 16 novembre 2009, p. 19.
  11. Alain Dugrand, Libération 1973-1981 un moment d'ivresse, Fayard, 2013, 350 p.
  12. A propos de Pierre Ryckmans, alias Simon Leys, et des sources qui ont inspirĂ© 'Les Habits neufs du prĂ©sident Mao', Églises d'Asie, 21 aoĂ»t 2014 : « DĂšs le dĂ©but de la RĂ©volution culturelle, le P. Ladany avait compris que cette agitation Ă©tait un conflit de personnes et une immense lutte pour le pouvoir. Il a voulu le dire haut et fort. Cependant, ses affirmations n’atteignaient pas les intellectuels d’Europe et des États-Unis et le P. Ladany avait le sentiment de prĂȘcher dans le dĂ©sert, jusqu’à ce que Pierre Ryckmans s’intĂ©resse Ă  ses Ă©crits et les rĂ©percute dans le monde entier. Ce dernier a reconnu bien volontiers avoir puisĂ© dans China News Analysis, notamment ses numĂ©ros 759, 761, 762, 763 (mai Ă  juillet 1969) pour Ă©crire son livre ».
  13. Ian Buruma, The Man Who Got It Right, op. cit. : « All he did was listen to Chinese friends and “every day
read a couple of Chinese newspapers over breakfast.” The information he gleaned was freely available in English as well, in the superb China News Analysis, for example, published weekly in Hong Kong by the Jesuit scholar Father Laszlo Ladany, to whom Leys pays tribute in one of his essays. Ladany’s publication was read by every serious follower of Chinese affairs at the time ».
  14. (en) Alex Lo, Rights and wrongs of observing China, sur le site du South China Morning Post, 21 août 2014 : « Ryckmans is usually credited as one of the first Western writers to warn against the totalitarian terror of Maoism and the Cultural Revolution. He did so at a time when the doyens of China studies such as Han Suyin, Ross Terrill and John King Fairbank were singing their praises. Why did he, as he once put it, see clearly where others didn't? He was observing from Hong Kong during those turbulent years and became an avid reader of the weekly China News Analysis, published in the British colony over almost four decades by the Reverend Laszlo Ladany, a Hungarian-born Jesuit. »
  15. (en) Simon Leys, The Art of Interpreting Nonexistent Inscriptions Written in Invisible Ink on a Blank Page, compte rendu du livre de Laszlo Ladany, The Communist Party of China and Marxism, 1921––1985: A Self Portrait (Hoover Institution Press), in The New York Review of Books, October 11, 1990 Issue : « [...] Father Ladany, the Jesuit priest and scholar based in Hong Kong who for many years published the weekly China News Analysis. Far away from the crude limelights of the media circus, he has enjoyed three decades of illustrious anonymity: all “China watchers” used to read his newsletter with avidity; many stole from it — but generally they took great pains never to acknowledge their indebtedness or to mention his name. Father Ladany watched this charade with sardonic detachment [...] ».
  16. Claude Roy, Sur la Chine, réédition 1983, p. 85-86.
  17. Génération, vol. II, p. 363.
  18. Génération, vol. II, p. 364.
  19. Philippe Forest, Histoire de Tel Quel, p. 523.
  20. « À propos du maoĂŻsme », Tel Quel, n° 68, p. 104.
  21. Luc Rosenzweig, Simon Leys quitte la Chine pour l’éternitĂ©, causeur.fr, 14 aoĂ»t 2014.
  22. SĂ©bastien Lapaque, « Simon Leys / maoĂŻstes français : un visionnaire au royaume des aveugles Â», Le Figaro Magazine, semaine du 25 aoĂ»t 2017, p. 20-23.
  23. Corpet Olivier. Simon Leys et la fable totalitaire. In: Autogestions, NS N°17, 1984. La démocratie souterraine, Chili 1973-1984. pp. 26-27.
  24. Tche-hao Tsien. Alain Bouc, La Chine à la mort de Mao. In: Revue d'études comparatives Est-Ouest, vol. 8, 1977, n°4. L'Asie socialiste, sous la direction de Georges H. Mond. pp. 204-206.
  25. Claude Hudelot, Simon Leys, pourfendeur clairvoyant de Mao et du maoïsme, blog La Cina Ú vicina sous Mediapart, 11 août 2014.
  26. Le Parapluie de Simon Leys, page 72.
  27. Camille Boullenois, La révolution culturelle chinoise sous le regard des Français (1966-1971), page 27.
  28. Pascal Bruckner, Le Sanglot de l'homme blanc. Tiers Monde, culpabilité, haine de soi (livre numérique Google, n. p.), Seuil, 1983 et 2002 pour la préface, 350 p.
  29. Jean Daubier, compte rendu des Habits neufs du président Mao, Le Nouvel Observateur, du 13 décembre 1971.
  30. L'écrivain et sinologue Pierre Ryckmans est mort, Le Monde, 11 août 2014 : « Sa critique précoce de la Révolution culturelle (Les habits neufs du président Mao, 1971) lui a valu les foudres de ceux qu'il appela les « maoïstes mondains », en particulier les animateurs de la revue Tel Quel. Une prise de position trÚs éloignée celle de ses pairs à l'époque : ces derniers louant généralement le Grand Timonier. »
  31. La disparition de Simon Leys, France culture, 11 aoĂ»t 2014 : « Le sinologue est alors l'un des premiers EuropĂ©ens Ă  souligner le caractĂšre rĂ©pressif du rĂ©gime communiste chinois, ce qui lui vaut les foudres des milieux maoĂŻstes français de l’époque, et notamment l’inimitiĂ© de la revue Tel Quel. Le journal « Le Monde » l’accuse de diffuser des mensonges fabriquĂ©s par la CIA. « Je pense
 que les idiots disent des idioties, c’est comme les pommiers produisent des pommes, c’est dans la nature, c’est normal. » jugeait ainsi l’écrivain Ă  propos de ceux qu’il qualifiait de « maoĂŻstes mondains ». »
  32. Philippe Sollers, Deux et deux font quatre, Le Monde, 3 avril 1998.
  33. Patrice Gélard, Notice bibliographique élémentaire, en langue française, sur les problÚmes politiques et juridiques de la république populaire de Chine, in Revue de l'Est, vol. 4, 1973, No 4, pp. 237-243, p. 238.
  34. (en) Edward Friedman, [PDF] Simon Leys Hates China, America Loves Simon Leys, compte rendu de The Chairman's New Clothes et de Chinese Shadows, in Bulletin of Concerned Asian Scholars, Vol. 10, No 3, July-September 1978, p. 19-26, en part. p. 24 : « In his history of the Cultural, Revolution, Leys, depending on what he wants to argue, contends with equal vehemence that (1) Mao took back total power or that (2) the military took power in a coup or that (3) "a handful of party individuals ... are the real masters of the regime." 30 Consistency and coherence are not Ley's strong point ».
  35. Edward Friedman, op. cit., p. 21 : « Leys treats Chinese modernization as a crime against its civilization. [...] Leys wants the reader left with the misleading impression that in culture everything is for the worse, that Maoism is out to destroy Chinese culture. Leys writes for effect, not truth. When one compares Ross Terrill's report of subsequent visits to cultural treasures described by Leys, one is forced to ponder Ley's veracity. Whereas Leys claims that in Hangchow the tomb of Su Hsiao-hsiao "has disappeared completely and no trace of it is left,"14 the respected scholar Ross Terrill subsequently visited it and described the "quaint tomb." 15 In like manner, Leys finds that only the pavilion remains of the Seal Carving Society, whereas Terrill subsequently visits it and describes it as continuing "even through the buffetings of the Cultural Revolution."16 »
  36. Ian Buruma, Isabel Hilton (en), Perry Link, op. cit. : (« the poignant chain of metro stations on line Number 2, a roll call of the magnificent gates for which Leys spent a day in a fruitless search, before his mounting despair and disbelief overwhelmed him ».
  37. Edward Friedman, op. cit., pp. 22-23 : « Leys equates the leveling of city walls and the building of broad and straight boulevards with atrocities whose horror can be equated with such as Hitler or Genghis Khan. But that is not how modern-minded Chinese experience it. For them - even for opponents of the regime - when "workers tore down most of the inner and outer city walls ... Peking emerged transformed and radiant, with renewed splendor." 2 While Leys prefers a different aesthetic, people in China see beauty in straight lines and right-angle corners and try to rebuild their towns accordingly ».
  38. Pierre Boncenne, Connaisez vous Simon Leys? Institut des libertés, avril 2013.
  39. Pierre Assouline, Pour saluer Pierre Ryckmans et Simon Leys.
  40. Etiemble ne tempĂȘtera plus, LibĂ©ration, 8 janvier 2002 : « C'est vraiment l'empĂȘcheur de tourner en rond qui perdure, celui qu'on n'appelle plus qu'Etiemble et n'a plus de prĂ©nom, celui qui Ă©crit comme on a des coups de gueule, celui qui dĂ©fend Les Habits neufs du prĂ©sident Mao de Simon Leys, en 1971, seul en face de tous les intellectuels maoĂŻstes ».
  41. Étiemble, « Les Habits neufs du prĂ©sident Mao », Le Nouvel Observateur, 13 dĂ©cembre 1971, repris dans Quarante ans de mon maoĂŻsme, Gallimard, 1976.
  42. Simon Leys le pourfendeur de la RĂ©volution culturelle, Franceinfo, 11 aoĂ»t 2014 : « "Les habits neufs du prĂ©sident Mao" Ă©tait un pavĂ© incendiaire. [...] Une critique trĂšs vive, et de la RĂ©volution culturelle - dont le bilan humain est aujourd'hui Ă©valuĂ© Ă  plusieurs centaines de milliers de morts - et des intellectuels rendus aveugles par ce « rideau de fumĂ©e Â» au point de juger « diffamatoires Â» les moindres critiques. Simon Leys se fera traiter de traĂźtre et de rĂ©nĂ©gat. Mais il recevra le soutien d'un autre spĂ©cialiste de la Chine, RenĂ© Étiemble : « Depuis L'Aveu de London, je n'ai rien lu de plus bouleversant dans l'ordre du politique Â». »
  43. Le Parapluie de Simon Leys, page 74.
  44. Pierre Souyri, « La « RĂ©volution culturelle » ou le serpent qui se mord la queue » (compte rendu de Les habits neufs du PrĂ©sident Mao par Simon Leys), in Annales, Économie, SociĂ©tĂ©s, Civilisations, 1973, vol. 28, No 4, p. 923-931, en part. p. 931.
  45. "Les Habits neufs du président Mao", par Francis Deron Le Monde, 6 août 2008.
  46. Mao, objet historique Cairn, VingtiÚme SiÚcle. Revue d'histoire 2009 numéro 101
  47. Roderick Mac Farquhar et Michael Schoenhals, La DerniÚre Révolution de Mao. Histoire de la Révolution culturelle 1966-1976 Gallimard, 2009, Préface à l'édition française page 10
  48. François Danjou, Hommage à Simon Leys et à la liberté de penser Question Chine, septembre 2014
  49. Bernard Pivot À la fureur des maoïstes Le Journal du dimanche, 4 juin 2015
  50. Bernard Pivot Bernard Pivot: «Il connaissait les dérives de la révolution culturelle» Le Soir, 14 août 2014
  51. Jean-Philippe Béja, Simon Leys, un regard lucide sur la Chine contemporaine, Le blog de Jean-Philippe Béja, Médiapart, 13 août 2014.
  52. François DanjouHommage à Simon Leys et à la liberté de penser Questionchine;net, septembre 2014
  53. Nicolas Idier, « Paquet (Philippe), Simon Leys. Navigateur entre les mondes », Textyles [En ligne, 52 | 2018]
  54. Alain Badiou, Le SiÚcle, Seuil, 2005, 270 p. (livre numérique Google).
  55. Un Alain Badiou n'est possible qu'en France, propos du sinologue Lucien Bianco recueillis par Eric Conan et Alexis Lacroix, revue en ligne Marianne, 13 dĂ©cembre 2014. Ces journalistes indiquent que Badiou, dans LibĂ©ration du 26 octobre 2014, cite comme « Ă©tudes sĂ©rieuses » trois ouvrages : La Commune de Shanghai, de Hongsheng Jiang, traduit de l'anglais par Eric Hazan, prĂ©facĂ© par Alain Badiou, publiĂ© par les Éditions La Fabrique en 2014 ; The Politics of the Chinese Cultural Revolution, de Hong Yung Lee, publiĂ© en 1978 par University of California Press ; Shanghai Journal. An Eyewitness Account of The Cultural Revolution, de Neale Hunter, publiĂ© en 1969 par Praeger Publishers.
  56. Alain Badiou, L'antique Badiou répond au fringant Joffrin, sur le site de Libération, 26 octobre 2014.
  57. Simon Leys, Le génocide cambodgien août 2009
  58. L'aveuglement des intellectuels face au génocide khmer rouge, Pierre-Emmanuel Dauzat, L'Express, 10 janvier 2012.
  59. Selon Camille Boullenois, cette thĂšse est « disqualifiĂ©e par des recherches rĂ©centes qui montrent que Mao n'a jamais cessĂ© d'exercer un trĂšs grand pouvoir et que son influence politique Ă©tait toujours immense aprĂšs 1959 » : les travaux d'un Philip Short ont montrĂ© que c'est Mao lui-mĂȘme qui invita ses collĂšgues Ă  la critique du Grand Bond en avant et qui promut Liu Shaoqi Ă  la PrĂ©sidence de la RĂ©publique contre son grĂ© ; cf Camille Boullenois, La rĂ©volution culturelle chinoise sous le regard des français (1966-1971), L'Harmattan, 2013, 215 p., p. 52-53.
  60. Marianne Bastid-BruguiÚre, préface à Camille Boullenois, La révolution culturelle chinoise sous le regard des français (1966-1971), L'Harmattan, 2013, 215 p., p. 14-15.
  61. Camille Boullenois, La révolution culturelle chinoise sous le regard des Français (1966-1971) 2013
  62. Ian Buruma, The Man Who Got It Right, op. cit. : « Critics over the years have attacked Leys for being an elitist, a Western mimic of Chinese literati, an aesthete who cares more about high culture than people, more about walls and temples than the poor Beijingers who had to live in dark and primitive alleys, oppressed by absolute rulers and feudal superstition ».
  63. Gregory B. Lee (en), AprÚs Simon Leys: Lettre ouverte aux sinologues et défenseurs des droits humains, Rue89, 16 août 2014.
  64. Jean-Claude Michéa, Le Nouvel Observateur du 31 août 2014.
  65. « Simon Leys, né Pierre Ryskmans », article paru dans Royaliste page 11, 30 juin 2015
  66. (en) Michael Forsythe, Remembering Pierre Ryckmans, The New York Times, 15 août 2014 (Kevin Rudd, parlant de Ryckmans) : « Of course Pierre also could be extraordinarily dogmatic, and when Deng fundamentally changed China after 1978, including the comprehensive repudiation of the Cultural Revolution, it was difficult to get Pierre to accept that real, sustainable and positive changes had occurred in China in this period of "reform and opening" ».
  67. Prix Jean Walter de l'Académie française

Annexes

Bibliographie

Article connexe

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