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Le Grand Lac de Clairvaux

Le Grand Lac de Clairvaux est un regroupement de plus de 18 sites palafittiques préhistoriques datant du Néolithique, répartis autour du Grand Lac de Clairvaux, situé en France, dans le département du Jura, sur la commune de Clairvaux-les-Lacs. Ce site regroupe un ensemble de cités lacustres réparties autour du Grand Lac de Clairvaux. Il a été inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO le avec 110 autres sites palafittiques répartis autour de l'arc alpin en Allemagne, en Autriche, en France, en Italie, en Slovénie et en Suisse[2] - [3].

Le Grand Lac de Clairvaux
Image illustrative de l’article Le Grand Lac de Clairvaux
Localisation
Pays Drapeau de la France France
Région Franche-Comté
DĂ©partement Jura
Commune Clairvaux-les-Lacs
Massif Jura
Type Cités lacustres
Protection Logo monument historique ClassĂ© MH (1979, 1980)
Logo monument historique Inscrit MH (2022)
Patrimoine mondial Patrimoine mondial (2011)
CoordonnĂ©es 46° 34′ 18″ nord, 5° 44′ 57″ est
Altitude 525-530 m
GĂ©olocalisation sur la carte : Jura
(Voir situation sur carte : Jura)
Le Grand Lac de Clairvaux
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(Voir situation sur carte : France)
Le Grand Lac de Clairvaux
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Géolocalisation sur la carte : Bourgogne-Franche-Comté
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Le Grand Lac de Clairvaux
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GĂ©olocalisation sur la carte : Alpes
(Voir situation sur carte : Alpes)
Le Grand Lac de Clairvaux
Le Grand Lac de Clairvaux
Histoire
NĂ©olithique
Sources
IGN[1]
Panorama sur le grand lac et sur le bourg de Clairvaux-les-Lacs. Jura.
Plage et rive Nord-Est du grand lac de Clairvaux-les-Lacs. Jura.

GĂ©ographie

Situation

Le Grand Lac de Clairvaux est situĂ© Ă  vol d'oiseau Ă  20 km au sud-est de Lons-le-Saunier et Ă  50 km au nord-ouest de Genève.

Le site du Grand Lac de Clairvaux est situĂ© au cĹ“ur du massif du Jura, dans les marais et tourbières bordant les lacs de Clairvaux. Le site est implantĂ© dans une petite vallĂ©e, large de km et longue de 3,5 km creusĂ©e par le glacier jurassien lors de la dernière glaciation, Ă  une altitude comprise entre 525 et 530 m et entourĂ©e par des montagnes et collines culminant Ă  environ 600 m d'altitude. Le village de Clairvaux-les-Lacs forme un arc autour du Grand Lac et encercle la partie nord du site ; le village est situĂ© Ă  100 m minimum de la partie nord du site, situĂ©e au nord du Grand Lac, et Ă  km de la partie sud, comprise entre le Grand Lac au nord et le Petit Lac au sud[1].

GĂ©ologie

Le site est situĂ© dans une rĂ©gion qui a Ă©tĂ© modelĂ©e principalement par le passage du glacier jurassien, lors de la glaciation de WĂĽrm (de 115 000 Ă  11 700 AP). Ceci explique le fait que les sols de l'environnement du site sont en très large majoritĂ© des dĂ©bris glaciaires jurassiens. On remarque cependant sur les hauteurs autour de la vallĂ©e l'affleurement local de calcaires du Jurassique, vestiges de l'ancien plateau qui se trouvait lĂ  et qui devait culminer Ă  environ 650 m d'altitude avant d'ĂŞtre Ă©rodĂ© par le glacier wĂĽrmien. Cette rĂ©gion nommĂ© la combe d'Ain correspond Ă  la limite maximale du glacier jurassien wĂĽrmien comme en tĂ©moignent les moraines frontales situĂ©e autour de la vallĂ©e des lacs de Clairvaux. Lors d'une première phase de retrait du glacier, ce dernier abandonne des croissants morainiques qui forment une barrière devant la vallĂ©e, ce qui permet la formation d'un lac, grâce aussi Ă  l'impermĂ©abilitĂ© des sols chargĂ©s de dĂ©bris glaciaires. Au fil des siècles, ce lac se comble par des marais et des tourbières qui l'entourent et le sĂ©parent en deux pour donner les deux lacs de Clairvaux actuels[4]. Les sols oĂą sont implantĂ©s les sites palafittiques sont des tourbières et marais humides permĂ©ables très acides qui ralentissent la dĂ©composition de la matière organique, ce qui a permis un Ă©tat de conservation exceptionnel des vestiges lacustres[5] - [6].

Histoire

Hydrologie

Au cours de la pĂ©riode d'occupation nĂ©olithique, le niveau du Grand Lac de Clairvaux a subi plusieurs fluctuations qui ont pu ĂŞtre Ă©tudiĂ©es lors des fouilles rĂ©centes, principalement sur la station de Clairvaux IX et sur les bords du Petit Lac, Ă  l'aide de la datation par le carbone 14. Durant la pĂ©riode de l'Atlantique ancien (vers 6 500 BP[note 1]), le niveau du lac est similaire au niveau actuel ; la couche sĂ©dimentaire de cette pĂ©riode se caractĂ©rise par un dĂ©pĂ´t carbonatĂ© d'origine lacustre riche en oncolithes. Ă€ l'Atlantique rĂ©cent, vers 6 350 BP, on assiste Ă  une rĂ©gression du niveau du lac pendant une pĂ©riode relativement courte qui s’ensuit rapidement d'une remontĂ©e au-dessus du niveau actuel. Le dĂ©but du SubborĂ©al (v. 4 925 BP) se caractĂ©rise par une nouvelle courte rĂ©gression plus forte que la prĂ©cĂ©dente[a 1] qui est suivie d'une transgression. Entre 4 585 et 3 520 BP, le Grand Lac connaĂ®t une pĂ©riode de rĂ©gression qui concorde avec une phase de retrait prolongĂ© des glaciers alpins, ainsi que du niveau des lacs jurassiens et prĂ©alpins, bien que l'on remarque chez ces derniers quelques courtes pĂ©riodes de transgression qui n'apparaissent pas dans la sĂ©rie stratigraphique du Grand Lac. Il est cependant possible que cette phase eut connu de courtes pĂ©riodes de transgression qui ne furent cependant pas suffisamment importantes pour arrĂŞter le processus de tourbification caractĂ©risant les pĂ©riodes de rĂ©gression et mettre en place un processus de dĂ©pĂ´t carbonatĂ©. PostĂ©rieurement Ă  cette phase, on retrouve une pĂ©riode de transgressions sĂ©parĂ©es par de courtes rĂ©gressions (2 915 BP, 2 885 BP et 2 560 BP)[7].

Malgré les différences de faciès sédimentaires entre les périodes de transgression (dépôts carbonatés) et de régression (tourbe), il apparaît que l'amplitude des variations du niveau du Grand Lac est relativement faible : de l'ordre de m. Cela a été déterminé par l'alternance d'un lithofaciès de tourbe littorale et d'un abondant lithofaciès d'oncolithes et d'autres concrétions carbonatées qui se forment dans la zone eulittorale du lac, à très faible profondeur. Cette amplitude de m correspond aussi à la différence moyenne de nivellement entre les périodes de crue et les périodes d'étiage. Les phases de transgression lacustre se caractérisent également par une coïncidence avec un renforcement du ruissellement et du processus d'érosion des pentes riveraines du lac. Ce phénomène explique ainsi la présence de débris de lithoclastes et de fragments de tufs allochtones[note 2] dans les niveaux carbonatés autochtones. Inversement, de tels débris ne sont pas présents dans les niveaux de tourbe caractérisant les périodes de régression, ce qui montre une faiblesse de l'intensité des phénomènes de ruissellement et d'érosion durant ces phases[7].

Recherche archéologique

Découvertes du XIXe siècle

Les premières trouvailles fortuites de vestiges archéologiques sur le site du Grand Lac de Clairvaux remontent à 1835. À la suite de la découverte en 1858 de deux haches en pierre polie, dans un fossé à proximité du lac, fait pressentir au conservateur du Musée de Lons-le-Saunier de l'époque, Zéphyrin Robert, l'existence probable d'une station lacustre dans le secteur du lac. Dans le secteur de la Motte-aux-Magnins, le creusement de fossés d'assainissement met régulièrement au jour des objets divers :

« des objets d'époques diverses, des fragments de bois de cerf portant des traces de sections faits à main d'homme, des hachettes en silex et en jadéite, des défenses de sanglier, des fragments de poteries, etc. puis des hachettes en bronze ; enfin des ornements de l'époque gauloise et romaine. »

— Le Mire, 1872.

Le Mire précise par ailleurs qu'avant la découverte des stations lacustres néolithiques, la présence de ces objets était interprétée par les savants de l'époque comme des témoignages de l'époque druidique et des cérémonies religieuses de ce culte[a 2].

Fouilles de Jules Le Mire

Le 27 juin 1870, le maĂ®tre de forges de Pont-de-Poitte et propriĂ©taire du lac, Jules Le Mire, identifie les tĂŞtes de pieux en bois de chĂŞne dĂ©passant de la craie lacustre, au niveau de la Motte-aux-Magnins, comme des vestiges de stations lacustres prĂ©historiques. Cette dĂ©couverte eut un grand retentissement en France, il s'agissait en effet de la toute première dĂ©couverte d'un site nĂ©olithique d'ambiance humide dans le pays[8] - [9]. Elle fut notamment favorisĂ©e par une sĂ©cheresse exceptionnelle, au cours de la pĂ©riode allant de mars Ă  aoĂ»t 1870, qui provoqua une très importante baisse des eaux du lac (plus de 1,5 m)[a 2].

Entre les mois de juin et d'août 1870, Le Mire effectue plusieurs sondages avec l'aide de deux ouvriers « intelligents et soigneux, qui n'ont à peu près rien brisé », selon ses propres termes. Au préalable, il établit une carte du Grand Lac en y reportant les emplacements des groupes de pieux qui émergent largement alors des sédiments lacustres. Il dénombre ainsi sept regroupements comprenant plusieurs centaines de pieux chacun. Le maître de forges effectue ensuite des sondages dans la partie haute des niveaux lacustres de ces stations en creusant de courtes tranchées d'exploration et en sondant à la tarière. Se référant aux découvertes précédentes sur les bords des lacs suisses, Le Mire s'attend à trouver des couches organiques riches en mobilier archéologique, mais les résultats sont décevants, du fait que les sondages ont été effectués dans la partie haute des villages où les effets de l'érosion se font sentir[b 1].

N'ayant rien trouvĂ© dans la zone mise au jour par l'Ă©tiage exceptionnel du lac, Le Mire lance ses recherches sur la rive actuelle. Il y effectue deux nouvelles sĂ©ries de sondages : l'un dans le canal du dĂ©versoir de la Motte-aux-Magnins qui ne rĂ©vèle que peu de matĂ©riel et une autre Ă  la Motte-aux-Magnins oĂą il fouille sur une surface de plus de 100 m2, non loin du rivage. LĂ , il met au jour un fumier lacustre d'une Ă©paisseur de plus de 80 cm qui se rĂ©vèle très riche en matĂ©riel archĂ©ologique bien conservĂ©, dans une configuration proche des lacs suisses, ce qui confirme son hypothèse de dĂ©part. Cependant, le brutal changement d'un environnement humide et anaĂ©robique Ă  un environnement plus sec dĂ©truit rapidement les objets mis au jour. En 25 jours, Le Mire fouille un are de terrain sur un mètre d'Ă©paisseur, une cadence de fouille qui ne pourrait ĂŞtre suivie au XXIe siècle. MalgrĂ© ce rythme Ă©levĂ©, la dĂ©marche de Le Mire n'est pas tant de dĂ©couvrir des objets, mais plus de comprendre la nature du site dans sa globalitĂ© et la vie quotidienne des habitants du NĂ©olithique. Par ailleurs, Ă  l'instar de ses collègues suisses, il propose une reconstitution des villages de cette Ă©poque : une maison bâtie sur pilotis Ă  plancher rehaussĂ© situĂ©e au-dessus de l'eau et accessible via des radeaux ou des passages Ă©troits qui auraient Ă©tĂ© facilement dĂ©truits par la suite. Malheureusement, il ne peut pas pousser ses recherches plus loin : le dĂ©clenchement de la guerre de 1870 et la remontĂ©e des eaux du lac le contraignent Ă  abandonner rapidement ses prospections[a 2] - [b 2].

Premières fouilles et analyses

En 1872, Jules Le Mire publie un mĂ©moire sur ses recherches au Grand Lac de Clairvaux ; la communautĂ© scientifique a Ă  prĂ©sent connaissance du site nĂ©olithique dĂ©crit comme une citĂ© lacustre, particulièrement en raison de l'abondance du site en termes de matĂ©riel archĂ©ologique dans un Ă©tat de conservation exceptionnelle. Dans les annĂ©es qui suivent, le site de La Motte-aux-Magnins est exploitĂ© dans le but d'alimenter les collections privĂ©es et publiques, ainsi que le commerce d'antiquitĂ©s. La raretĂ© des pĂ©riodes d'Ă©tiage freine cette exploitation, car elles sont indispensables pour accĂ©der aux zones les plus riches en objets : entre 1 et 1,5 m sous la nappe phrĂ©atique. Ă€ la suite de Le Mire, Émile Chantre entreprend quelques fouilles en 1890 sur le mĂŞme site pour le compte du MusĂ©um d'Histoire Naturelle de Lyon, mais aucune publication ne nous est parvenue pour divulguer le dĂ©roulement et les rĂ©sultats de ses investigations. En 1897, G. d'Ault du Mesnil et Louis Capitan effectuent quelques recherches sur les bords du Grand Lac pour complĂ©ter la collection de l'École d'Anthropologie de Paris, mais les rĂ©sultats n'ont jamais Ă©tĂ© publiĂ©s[b 2].

Dans les années 1880, l'abbé Bourgeat analyse les vestiges découverts par Le Mire en 1870 et publie le résultat de ses travaux en 1890. Il relève ainsi la présence de plusieurs espèces animales qui témoignent de la faune de l'époque (blaireau, sanglier, chien, bœuf, chevreuil...) et émet l'hypothèse de l'existence d'un commerce de longue distance pour la fourniture en matériel lithique[a 2].

Controverse de la typologie de « citĂ©s lacustres Â» des villages nĂ©olithiques

Les premières cités découvertes sur les bords du Grand Lac de Clairvaux au XIXe siècle furent interprétées comme des « palafittes », c'est-à-dire de véritables villages bâtis au-dessus de l'eau. Cette interprétation était due au fait que les préhistoriens français ont repris les théories des archéologues suisses, notamment F. Keller, de cités palafittiques bâties sur les bords des lacs au Néolithique, où des cités similaires furent découvertes durant les années 1850. Cette théorie s'appuyait notamment sur le fait que les vestiges étaient découverts sous le niveau de l'eau des lacs subalpins et était influencée par les images, ramenées à l'époque par les explorateurs, de cités avec des maisons sur pilotis bâties sur l'eau sous les tropiques. Une théorie alternative, formulée par H. Reinerth, apparaît dans les années 1920 : la plupart des habitats néolithiques auraient été construits sur la terre ferme et leur surélévation aurait permis aux habitants d'être à l'abri des crues. Cette théorie supposait alors que le niveau des lacs subalpins avait fluctué au cours du temps, ce qui entrait en contradiction avec la théorie de Keller qui elle suppose que le niveau des lacs n'a pas varié durant plusieurs millénaires.

Au cours des annĂ©es 1950, les archĂ©ologues E. Vogt et O. Paret approfondissent la thĂ©orie de Reinerth et affirment que les villages nĂ©olithiques subalpins et jurassiens, dont les vestiges sont situĂ©s sous le niveau de l'eau des lacs, ont Ă©tĂ© construits sur la terre ferme Ă  la faveur d'une baisse du niveau des lacs qui aurait Ă©tĂ© favorisĂ©e par un assèchement du climat au cours du NĂ©olithique et de l'Ă‚ge du Bronze ; ils relèguent les citĂ©s lacustres de Keller au rang de « mythe ». Pour le cas du Grand Lac de Clairvaux, les Ă©tudes menĂ©es sur la station de Clairvaux IX ont montrĂ© que l'Ă©tablissement des villages nĂ©olithiques s'est fait au cours des pĂ©riodes de rĂ©gression du niveau du lac ou au dĂ©but des pĂ©riodes de transgression ; cependant, cela n'est pas systĂ©matique Ă©tant donnĂ© que les relevĂ©s montrent qu'aucun Ă©tablissement n'a Ă©tĂ© effectuĂ© durant la pĂ©riode de rĂ©gression de l'Atlantique rĂ©cent (6 350 BP). Il faut d'autant plus considĂ©rer que ces villages ont probablement pu avoir les pieds dans l'eau lors des hautes eaux saisonnières[a 1].

Découvertes archéologiques

Tout comme sur le lac de Chalain, les campagnes de recherche successives Ă  Clairvaux ont permis d’exhumer plusieurs centaines d'objets de nature organique (notamment en bois), parfois en très bon Ă©tat de conservation. L'un des grands caractères de ces objets est leur composition en une association de diffĂ©rents matĂ©riaux. Sur le site de la Motte-aux-Magnins, une petite pirogue datant du dĂ©but du XXXe siècle av. J.-C. a Ă©tĂ© dĂ©couverte ; taillĂ©e dans une partie d'un tronc de hĂŞtre, elle mesure 52 cm de long et serait un jouet d'enfant.

Le traitement des objets en bois gorgé d'eau a été confié durant les années 1990 et les années 2000 à l'atelier régional de conservation Nucléart (ARC-Nucléart) de Grenoble. Le traitement et la restauration des objets s'est faite par l'utilisation de polyéthylènes glycols (PEG) comme produit consolidant, dont la très bonne pénétration est entre-autres permise par le fort taux de dégradation de ces objets datant de plusieurs millénaires. Après l'imprégnation dans les PEG, les objets ont subi un séchage par lyophilisation. En raison de la nature des sédiments (principalement des tourbes et des fumiers compacts), les objets de Clairvaux présentent une coloration davantage prononcée que ceux de Chalain où les sédiments dominants sont de nature crayeuse et sont plus déformés de par l'action de la pression des sols[10].

Menaces et préservation du site

Menaces

Contrairement au site du lac de Chalain, le site du Grand Lac de Clairvaux ne connaît pas de risques de dégradations en raison d'une trop grande variation du niveau de l'eau, puisque celles-ci au Grand Lac de Clairvaux sont de l'ordre de m par an seulement. Cependant, les remblaiements sauvages dans la zone nord menacent toute cette partie de la zone archéologique. Dans la zone sud, c'est la multiplication des drainages artificiels pour tenter d'assécher le bas-marais qui menacent toute la zone archéologique située entre le Grand Lac et le Petit Lac[11]. Une autre menace qui plane sur les sites les plus orientaux est l'extension du tourisme et des campings voisins. Ainsi, l'extension du camping proche du site de Clairvaux IX s'arrête à la limite même du site archéologique[12]. C'est aussi en raison de l'extension des installations touristiques sur la rive orientale du Grand Lac que le site de Clairvaux XVII se trouve actuellement sous les déblais modernes du parking et de la plage. Ces infrastructures provoquent un danger de compaction et d'écrasement des vestiges présents dans un milieu humide[13].

Préservation et protection du site

Une partie des sites de fouilles qui composent le site du Grand Lac de Clairvaux a été protégée par les monuments historiques, en raison notamment de l'excellent état de conservation des vestiges retrouvés. Il s'agit des sites de Clairvaux III et de Clairvaux IV, classés le 17 septembre 1979, du site de La Motte-aux-Magnins classé le 29 février 1980 et de la totalité des sites palafittiques situés au nord et au sud du Grand Lac inscrits le 9 mars 2022[14] - [15].

Entre 2007 et 2010, le site du Grand Lac de Clairvaux est sélectionné parmi les 111 sites palafittiques préhistoriques autour des Alpes qui présentent une candidature commune à l'entrée au patrimoine mondial de l'UNESCO, sous l'égide de la Suisse. Lors de la 35e séance du comité du patrimoine qui s'est déroulée à Paris du 19 au 29 juin 2011, la candidature des 111 sites palafittiques a été validée le 27 juin, ce qui a permis au site du Grand Lac de Clairvaux d'entrer au patrimoine mondial[2] - [16]. La protection du site au titre du patrimoine mondial couvre une surface de 15,2 ha entourée d'une zone tampon de plus de 103,05 ha[17].

Notes et références

Notes

  1. Soit environ 4 550 av. J.-C.
  2. Il s'agit d'apports de l'Ă©rosion des pentes de la cuvette lacustre.

Références

  1. Cartes IGN consultées sur Géoportail.
  2. Annonce de l'entrée des sites palafittiques préhistoriques autour des Alpes sur le site de l'UNESCO.
  3. Liste des sites palafittiques entrés au patrimoine mondial de l’UNESCO.
  4. Vincent Bichet et Michel Campy, Montagnes du Jura • Géologie et Paysages, Besançon, NÉO éditions, , 304 p. (ISBN 978-2-914741-61-3).
  5. Carte géologique de la France consultée sur InfoTerre.
  6. Les conditions de fouilles au bord des lacs de Chalain et Clairvaux.
  7. Michel Magny, « Changements hydrologiques holocènes enregistrés sur le site de la station IX du grand lac de Clairvaux (Jura, France) », Quaternaire, vol. 14, no 2,‎ , p. 105-112 (DOI 10.3406/quate.2003.1734).
  8. Pierre et Anne-Marie Pétrequin, « La Motte-aux-Magnins », sur http://www.culture.gouv.fr/culture/arcnat/chalain/fr/index2.html (consulté le ).
  9. Centre de Recherche Archéologique de la Vallée de l'Ain, Chalain & Clairvaux : 4000 ans d'habitat lacustre, Jura, Paris, Éditions du Patrimoine, coll. « Itinéraires du patrimoine » (no 224), , 32 p. (ISBN 2-84601-688-7, ISSN 1159-1722, BNF 38978626), p. 2.
  10. Pierre Pétrequin, Christophe Bontemps et Xavier Hiron, « Chalain et Clairvaux (Jura), du lac à la forêt, vie quotidienne dans un village néolithique », dans Henri Bernard-Maugiron, Philippe Cœuré, Magdeleine Clermont-Joly et al., Sauvé des eaux : le patrimoine archéologique en bois, histoires de fouilles et de restaurations, Grenoble, ARC-Nucléart, , 240 p. (ISBN 978-2-9529035-0-9, BNF 41326867), p. 51 à 55.
  11. Les menaces sur les sites de Chalain et Clairvaux.
  12. Présentation du site de Clairvaux IX.
  13. Présentation du site de Clairvaux XVII.
  14. Les mesures de protection pour les sites de Chalain et Clairvaux.
  15. « Sites palafittiques », notice no PA00101835, base Mérimée, ministère français de la Culture
  16. Le déroulement de la candidature des 111 sites palafittiques
  17. UNESCO, centre du patrimoine mondial, « Sites palafittiques préhistoriques autour des Alpes (Carte interactive) », sur http://whc.unesco.org/, (consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie

  • MusĂ©e des beaux-arts de Lons-le-Saunier. Section d'archĂ©ologie (prĂ©f. Marie-Jeanne Roulière-Lambert), Chalain : Clairvaux : fouilles anciennes, t. 1, Lons-le-Saunier, coll. « PrĂ©sentation des collections du musĂ©e de Lons-le-Saunier », , 243 p. (ISBN 2-905584-00-6 (Ă©ditĂ© erronĂ©), BNF 36629757).
  1. Michel Magny, « La question du niveau des lacs jurassiens pendant la Préhistoire : L'apport des recherches sédimentologiques récentes à la compréhension des habitats lacustres de Chalain et Clairvaux-les-Lacs », dans , p. 239-243.
  2. Marie-Jeanne Roulière-Lambert, « Des fouilles anciennes à Clairvaux et Chalain à la constitution des collections du Musée Municipal de Lons-le-Saunier », dans , p. 9-22.
  1. p. 13
  2. p. 14
  • Anne-Marie et Pierre PĂ©trequin, Le NĂ©olithique des lacs. PrĂ©histoire des lacs de Chalain et de Clairvaux (4000-2000 av. J.-C.), Paris, Errance, 1988, 288 p. (ISBN 978-2-903442-77-4)

Articles connexes

Liens externes

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