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La-grande-rue

Le la-grande-rue[4] est un vin français d'appellation d'origine contrÎlée produit sur le climat de La Grande Rue à Vosne-Romanée, en CÎte-d'Or. Il est classé parmi les grands crus de la cÎte de Nuits.

CĂŽte de Nuits
Image illustrative de l’article La-grande-rue
La Grande Rue, Ă  l'automne.

DĂ©signation(s) CĂŽte de Nuits
Appellation(s) principale(s) la-grande-rue
Type d'appellation(s) AOC
Reconnue depuis 1992
Pays Drapeau de la France France
RĂ©gion parente vignoble de Bourgogne
Sous-région(s) vignoble de la cÎte de Nuits
Localisation CĂŽte-d'Or
Climat tempéré océanique à tendance continentale
Sol argilo-calcaire
Superficie plantée 1,65 hectare en 2008[1]
CĂ©pages dominants pinot noir
Vins produits 100 % rouges
Production 47 hectolitres en moyenne, soit 6 251 bouteilles[2]
Rendement moyen Ă  l'hectare 35 Ă  49 hl/ha[3]

Histoire

Antiquité

L’édit de l'empereur romain Domitien, en 92, interdisait la plantation de nouvelles vignes hors d’Italie ; il fit arracher partiellement les vignes en Bourgogne afin d’éviter la concurrence. Le vignoble rĂ©sultant suffisait aux besoins locaux[5]. Mais Probus annula cet Ă©dit en 280[6]. En 312, un disciple d'EumĂšne[7] rĂ©digea la premiĂšre description du vignoble de la CĂŽte d'Or[8].

Moyen Âge

Philippe II le Hardi

DĂšs le dĂ©but du VIe siĂšcle, l’implantation du christianisme avait favorisĂ© l’extension de la vigne par la crĂ©ation d’importants domaines rattachĂ©s aux abbayes. Ainsi l'abbaye de CĂźteaux (crĂ©Ă©e en 1098) avec des plantations en CĂŽte-d'Or[9]. Les moines de Saint-Vivant de Vergy (Cluny) et les cisterciens de Citeaux ont entrepris de mettre en valeur ces terroirs d'exception. En l'an 1395, Philippe le Hardi dĂ©cida d’amĂ©liorer la qualitĂ© des vins et interdit la culture du gamay au profit du pinot noir dans ses terres[9]. Enfin en 1416, Charles VI fixa par un Ă©dit les limites de production du vin de Bourgogne[10]. En 1422, d'aprĂšs les archives, les vendanges eurent lieu en CĂŽte de Nuits au mois d'aoĂ»t[11]. A Ă  la mort de Charles le TĂ©mĂ©raire, le vignoble de Bourgogne fut rattachĂ© Ă  la France, sous le rĂšgne de Louis XI.

PĂ©riode moderne

Aussi, en 1700, l'intendant Ferrand rédigea-t-il un « Mémoire pour l'instruction du duc de Bourgogne » lui indiquant que dans cette province les vins les meilleurs provenaient des « vignobles [qui] approchent de Nuits et de Beaune »[12].

PĂ©riode contemporaine

Phylloxéra

XIXe siĂšcle

Dans les dĂ©cennies 1830-1840, la pyrale survint et attaqua les feuilles de la vigne. Elle fut suivie d'une maladie cryptogamique, l'oĂŻdium[13]. Le millĂ©sime 1865 a donnĂ© des vins aux teneurs naturelles en sucres trĂšs Ă©levĂ©es et des vendanges assez prĂ©coces[11]. À la fin de ce siĂšcle arrivĂšrent deux nouveaux flĂ©aux de la vigne. Le premier fut le mildiou, autre maladie cryptogamique, le second le phylloxĂ©ra. Cet insecte tĂ©rĂ©brant venu d'AmĂ©rique mis trĂšs fortement Ă  mal le vignoble[13]. AprĂšs de longues recherches, on finit par dĂ©couvrir que seul le greffage permettrait Ă  la vigne de pousser en prĂ©sence du phylloxĂ©ra.

XXe siĂšcle

Le mildiou provoqua un dĂ©sastre considĂ©rable en 1910. Henri Gouges avait rejoint au niveau national le combat menĂ© par le sĂ©nateur Joseph Capus et le baron Pierre Le Roy de BoiseaumariĂ© qui allait aboutir Ă  la crĂ©ation des appellations d'origine contrĂŽlĂ©e. Il devint le bras droit du baron Ă  l'INAO[14]. Ainsi cette AOC fut crĂ©Ă©e en 1936 mais classĂ© en premier cru de l'appellation Vosne-romanĂ©e. Apparition de l'enjambeur dans les annĂ©es 1960-70, qui remplace le cheval. ClassĂ© en appellation grand cru en 1992[15]. Les techniques en viticulture et Ɠnologie ont bien Ă©voluĂ© depuis 50 ans (vendange en vert, table de triage, cuve en inox, pressoir Ă©lectrique puis pneumatique etc.).

Situation géographique

GĂ©ologie et orographie

Sols bruns calcaires, fortement argileux, peu épais en haut de coteaux et plus profond en bas (rendzines). 250 à 310 mÚtres d'altitude. Exposé au levant. Soubassement : le calcaire dur de Premeaux. L'origine géologique : jurassique (175 millions d'années).

Climatologie

C'est un climat tempéré à légÚre tendance continentale.

Pour la ville de Dijon (316 m), les valeurs climatiques jusqu'Ă  1990 :

Relevés Dijon ????-1990
Mois jan. fév. mars avril mai juin jui. août sep. oct. nov. déc. année
TempĂ©rature minimale moyenne (°C) −1 0,1 2,2 5 8,7 12 14,1 13,7 10,9 7,2 2,5 −0,2 6,3
Température moyenne (°C) 1,6 3,6 6,5 9,8 13,7 17,2 19,7 19,1 16,1 11,3 5,6 2,3 10,5
Température maximale moyenne (°C) 4,2 7 10,8 14,7 18,7 22,4 25,3 24,5 21,3 15,5 8,6 4,8 14,8
Précipitations (mm) 49,2 52,5 52,8 52,2 86,3 62,4 51 65,4 66,6 57,6 64,2 62 732,2
Source : Infoclimat : Dijon (????-1990)[16]

Vignoble

La grande rue

Présentation

Situé sur la commune de Vosne-Romanée, ce grand cru couvre une surface de 1,6525 hectare en monopole[15]. Le cépage utilisé est le pinot noir. La production représente environ 56 hectolitres[17] (soit 7465 bouteilles)[15].

Situation

Elle est située entre les climats Romanée-Conti et La Tùche. Commune de Vosne-Romanée Section AM

N° 1 "La Grande Rue" 1 ha 42 a 07 ca

N° 2 "Les Gaudichots" 0 ha 20 a 96 ca

N° 8 "Les Gaudichots" 0 ha 02 a 22 ca

Encépagement

Le cépage principal de l'appellation est le pinot noir N ; sont autorisés également des cépages accessoires : chardonnay B, pinot blanc B, pinot gris G. Pour mémoire : les cépages accessoires sont autorisés uniquement en mélange de plants dans les vignes. Leur proportion totale est limitée à 15 % au sein de chaque parcelle. Mais le pinot noir compose exclusivement les vins rouges de l'AOC. Il est constitué de petites grappes denses, en forme de cÎne de pin[18] composées de grains ovoïdes, de couleur bleu sombre[18]. C'est un cépage délicat, qui est sensible aux principales maladies et en particulier au mildiou, au rougeot parasitaire, à la pourriture grise (sur grappes et sur feuilles), et au cicadelles[19]. Ce cépage, qui nécessite des ébourgeonnages soignés, a tendance à produire un nombre important de grapillons[19]. Il profite pleinement du cycle végétatif pour mûrir en premiÚre époque. Le potentiel d'accumulation des sucres est élevé pour une acidité juste moyenne et parfois insuffisante à maturité. Les vins sont assez puissant, riches, colorés, de garde[20]. Ils sont moyennement tanniques en général.

MĂ©thodes culturales

Pied de vigne taillé en Guyot simple

Travail manuel

Ce travail commence par la taille, en « guyot simple », avec une baguette de cinq Ă  huit yeux et un courson de un Ă  trois yeux[21]. Le tirage des sarments suit la taille. Les sarments sont enlevĂ©s et peuvent ĂȘtre brĂ»lĂ©s ou mis au milieu du rang pour ĂȘtre broyĂ©s. On passe ensuite aux rĂ©parations. Puis vient le pliage des baguettes. Éventuellement, aprĂšs le pliage des baguettes, une plantation de nouvelles greffes est rĂ©alisĂ©e. L'Ă©bourgeonnage peut dĂ©buter dĂšs que la vigne a commencĂ© Ă  pousser. Cette mĂ©thode permet, en partie, de rĂ©guler les rendements[21]. Le relevage est pratiquĂ© lorsque la vigne commence Ă  avoir bien poussĂ©. En gĂ©nĂ©ral, deux Ă  trois relevages sont pratiquĂ©s. La vendange en vert est pratiquĂ©e de plus en plus dans cette appellation. Cette opĂ©ration est faite dans le but de rĂ©guler les rendements et surtout d'augmenter la qualitĂ© des raisins restants[21]. Pour finir avec le travail manuel Ă  la vigne, se rĂ©alise l'Ă©tape importante des vendanges.

Travail mécanique

L'enjambeur est d'une aide prĂ©cieuse. Les diffĂ©rents travaux se composent du broyage des sarments, rĂ©alisĂ© lorsque les sarments sont tirĂ©s et mis au milieu du rang. De trou fait Ă  la tariĂšre, lĂ  oĂč les pieds de vignes sont manquants, en vue de planter des greffes au printemps. De labourage ou griffage, rĂ©alisĂ© dans le but d'aĂ©rer les sols et de supprimer des mauvaises herbes. De dĂ©sherbage fait chimiquement pour tuer les mauvaises herbes. De plusieurs traitements des vignes, rĂ©alisĂ©s dans le but de les protĂ©ger contre certaines maladies cryptogamiques (mildiou, oĂŻdium, pourriture grise, etc.) et certains insectes (eudĂ©mis et cochylis)[21]. De plusieurs rognages consistant Ă  reciper ou couper les branches de vignes (rameaux) qui dĂ©passent du systĂšme de palissage.

Rendements

Les rendements sont de l'ordre de 42 hectolitres par hectare[22].

Vins

Titres alcoométriques volumique minimal et maximal

AOC Rouge Rouge
Titre alcoométrique volumiqueminimalmaximal
Grand cru[22]11,5 %14,5 %

Vinification et Ă©levage

Voici les méthodes générales de vinification de cette appellation. Il existe cependant des petites différences de méthode entre les différents viticulteurs et négociants.

Vinification en rouge

La rĂ©colte des raisins se fait Ă  maturitĂ© et de façon manuelle. La vendange manuelle est le plus souvent triĂ©e, soit Ă  la vigne soit Ă  la cave avec une table de tri, ce qui permet d'enlever les grappes pourries ou insuffisamment mĂ»res[21]. La vendange manuelle est gĂ©nĂ©ralement Ă©raflĂ©e puis mise en cuve. Une macĂ©ration prĂ©-fermentaire Ă  froid est quelquefois pratiquĂ©e. La fermentation alcoolique peut dĂ©marrer, le plus souvent aprĂšs un levurage. Commence alors le travail d'extraction des polyphĂ©nols (tanins, anthocyanes) et autres Ă©lĂ©ments qualitatifs du raisin (polysaccharides etc.)[21]. L'extraction se faisait par pigeage, opĂ©ration qui consiste Ă  enfoncer le chapeau de marc dans le jus en fermentation Ă  l'aide d'un outil en bois ou aujourd'hui d'un robot pigeur hydraulique. Plus couramment, l'extraction est conduite par des remontages, opĂ©ration qui consiste Ă  pomper le jus depuis le bas de la cuve pour arroser le chapeau de marc et ainsi lessiver les composants qualitatifs du raisin. Les tempĂ©ratures de fermentation alcoolique peuvent ĂȘtre plus ou moins Ă©levĂ©es suivant les pratiques de chaque vinificateur avec une moyenne gĂ©nĂ©rale de 28 Ă  35 degrĂ©s au maximum de la fermentation[21]. La chaptalisation est rĂ©alisĂ©e si le degrĂ© naturel est insuffisant : cette pratique est rĂ©glementĂ©e[21]. À l'issue de la fermentation alcoolique suit l'opĂ©ration de dĂ©cuvage qui donne le vin de goutte et le vin de presse. La fermentation malolactique se dĂ©roule aprĂšs mais est dĂ©pendante de la tempĂ©rature. Le vin est soutirĂ© et mis en fĂ»t ou cuve pour son Ă©levage. L'Ă©levage se poursuit pendant plusieurs mois (12 Ă  24 mois)[21] puis le vin est collĂ©, filtrĂ© et mis en bouteilles.

Terroir et vins

Rubis sombre, carminé avec l'ùge. Diversifié et ample au nez avec arÎmes de petits fruits rouges et noirs, de violette, d'épices, de sous-bois. Bouche puissante, délicate, franche, complÚte, subtil, flambloyante.

Gastronomie, garde et température de service

S'accorde bien avec du gibier Ă  poil ou Ă  plume, de la viande aux goĂ»ts relevĂ©s, des volailles (canards, oies, pintades, chapons), du bƓuf rĂŽti, du fromage type cĂźteaux.

Se sert entre 15 et 17 degrés Celsius. Se garde entre 10 et 25 ans, voire plus.

Économie

Bibliographie

  • Christian Pessey : Vins de Bourgogne (Histoire et dĂ©gustations), Ă©dition : Flammarion, Paris, 2002, Histoire (91 pages) et DĂ©gustations (93 pages) (ISBN 2080110179)
  • Le Figaro et La Revue du Vin de France : Les vins de France et du monde (20 volumes), no 6 (Chablis), 96 pages, ÉditĂ© par La sociĂ©tĂ© du Figaro, Paris, 2008, (ISBN 978-2-8105-0060-4)
  • Le Figaro et La Revue du Vin de France : Les vins de France et du monde (20 volumes), no 11 (CĂŽtes de Beaune), 96 pages, ÉditĂ© par La sociĂ©tĂ© du Figaro, Paris, 2008, (ISBN 978-2-8105-0065-9)
  • Marcel Lachiver, Vins, vignes et vignerons. Histoire du vignoble français, Éd. Fayard, Paris, 1988, pp. 289, 367, 368, 372, 374. (ISBN 2-213-02202-X)

Notes et références

  1. Un hectare = 10 000 mÂČ = 24 ouvrĂ©es. Source pour la superficie : www.vins-bourgogne.fr
  2. Un hectolitre (hl) = 100 litres = 133 bouteilles ; moyenne des récoltes sur cinq ans entre 2004 et 2008. Source pour le volume : www.vins-bourgogne.fr
  3. DĂ©cret du 2 octobre 2009
  4. Références sur la façon d'orthographier les appellations d'origine
  5. Marcel Lachiver, op. cit., p. 37-38.
  6. Henri Cannard : AOC Mercurey, Le vignoble d'hier, p. 27.
  7. Marcel Lachiver, op. cit., p. 39.
  8. Les plaintes des vignerons du Pagus Arebrignus in Docteur Morelot, Statistique de la vigne dans le département de la CÎte-d'Or, Dijon-Paris, 1831., consulté le 25 novembre 2008.
  9. Le Figaro et La Revue du vin de France (2008) : Vins de France et du monde (Bourgogne : Chablis), L'histoire, p. 26.
  10. Site du BIVB : Historique, consulté le 24 novembre 2008.
  11. La Revue du vin de France no 482S : Le Millésime 2003 en Bourgogne, p. 109
  12. Marcel Lachiver, op. cit., p. 370.
  13. Le Figaro et La Revue du vin de France (2008) : Vins de France et du monde (Bourgogne : CĂŽte de Beaune), L'histoire, p. 26.
  14. Constant Bourquin, op. cit., p. 94.
  15. Site du BIVB
  16. Archives climatologiques mensuelles - Dijon (????-1990)
  17. Passion vin
  18. Christian Pessey, Vins de Bourgogne, La vigne et le vin « Pinot noir », p. 12
  19. Catalogue des variĂ©tĂ©s et clones de vigne cultivĂ©s en France ENTAV, Éditeur
  20. Christian Pessey, Vins de Bourgogne, La vigne et le vin « Pinot noir », p. 13
  21. Conduite et gestion de l'exploitation agricole, cours de viticulture du lycĂ©e viticole de Beaune (1999-2001). BaccalaurĂ©at professionnel option viticulture-Ɠnologie.
  22. « Site de l'INAO (page : Cahier des Charges de l'AOC « La Grande Rue ») », consulté le 17 novembre 2018.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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