Richebourg (AOC)
Le richebourg[5] est un vin français d'appellation d'origine contrÎlée produit sur le climat du Richebourg à Vosne-Romanée, en CÎte-d'Or. Il est classé parmi les grands crus de la cÎte de Nuits.
CĂŽte de Nuits | |
Le Richebourg en automne. | |
DĂ©signation(s) | CĂŽte de Nuits |
---|---|
Appellation(s) principale(s) | richebourg |
Type d'appellation(s) | AOC |
Reconnue depuis | 1936 |
Pays | France |
RĂ©gion parente | vignoble de Bourgogne |
Sous-région(s) | vignoble de la cÎte de Nuits |
Localisation | CĂŽte-d'Or |
Climat | tempéré océanique à tendance continentale |
Sol | argilo-calcaire |
Superficie plantée | 7,68 hectares en 2011[1] - [2] |
CĂ©pages dominants | pinot noir |
Vins produits | 100 % rouges |
Production | 246 hectolitres en moyenne, soit 32 718 bouteilles[3] - [2] |
Rendement moyen Ă l'hectare | 42 Ă 49 hl/ha[4] |
Histoire
Antiquité
LâĂ©dit de l'empereur romain Domitien, en 92, interdisait la plantation de nouvelles vignes hors dâItalie ; il fit arracher partiellement les vignes en Bourgogne afin dâĂ©viter la concurrence. Le vignoble rĂ©sultant suffisait aux besoins locaux[6]. Mais Probus annula cet Ă©dit en 280[7]. En 312, un disciple d'EumĂšne[8] rĂ©digea la premiĂšre description du vignoble de la CĂŽte d'Or[9].
Moyen Ăge
DĂšs le dĂ©but du VIe siĂšcle, lâimplantation du christianisme avait favorisĂ© lâextension de la vigne par la crĂ©ation dâimportants domaines rattachĂ©s aux abbayes. Ainsi l'abbaye de CĂźteaux (crĂ©Ă©e en 1098) avec des plantations en CĂŽte-d'Or[10]. Le moines de Saint-Vivant de Vergy (Cluny) et les cisterciens de Citeaux ont entrepris de mettre en valeur ces terroirs d'exception. En l'an 1395, Philippe le Hardi dĂ©cida dâamĂ©liorer la qualitĂ© des vins et interdit la culture du gamay au profit du pinot noir dans ses terres[10]. Enfin en 1416, Charles VI fixa par un Ă©dit les limites de production du vin de Bourgogne[11]. En 1422, d'aprĂšs les archives, les vendanges eurent lieu en CĂŽte de Nuits au mois d'aoĂ»t[12]. A Ă la mort de Charles le TĂ©mĂ©raire, le vignoble de Bourgogne fut rattachĂ© Ă la France, sous le rĂšgne de Louis XI.
PĂ©riode moderne
Aussi, en 1700, l'intendant Ferrand rédigea-t-il un « Mémoire pour l'instruction du duc de Bourgogne » lui indiquant que dans cette province les vins les meilleurs provenaient des « vignobles [qui] approchent de Nuits et de Beaune »[13].
PĂ©riode contemporaine
XIXe siĂšcle
Dans les décennies 1830-1840, la pyrale survint et attaqua les feuilles de la vigne. Elle fut suivie d'une maladie cryptogamique, l'oïdium[14]. Le millésime 1865 a donné des vins aux teneurs naturelles en sucres trÚs élevées et des vendanges assez précoces[12]. à la fin de ce siÚcle arrivÚrent deux nouveaux fléaux de la vigne. Le premier fut le mildiou, autre maladie cryptogamique, le second le phylloxéra. Cet insecte térébrant venu d'Amérique mis trÚs fortement à mal le vignoble[14]. AprÚs de longues recherches, on finit par découvrir que seul le greffage permettrait à la vigne de pousser en présence du phylloxéra.
XXe siĂšcle
Le mildiou provoqua un dĂ©sastre considĂ©rable en 1910. Henri Gouges avait rejoint au niveau national le combat menĂ© par le sĂ©nateur Joseph Capus et le baron Pierre Le Roy de BoiseaumariĂ© qui allait aboutir Ă la crĂ©ation des appellations d'origine contrĂŽlĂ©e. Il devint le bras droit du baron Ă l'INAO[15]. Ainsi cette AOC fut crĂ©Ă©e en 1936[2]. Apparition de l'enjambeur dans les annĂ©es 1960-70, qui remplacent le cheval. Les techniques en viticulture et Ćnologie ont bien Ă©voluĂ© depuis 50 ans (vendange en vert, table de triage, cuve en inox, pressoir Ă©lectrique puis pneumatique...).
XXIe siĂšcle
Avec la canicule de 2003, les vendanges débutÚrent pour certains domaines cette année-là à la mi-août, soit avec un mois d'avance, des vendanges trÚs précoces qui ne s'étaient pas vues depuis 1422 et 1865 d'aprÚs les archives[12].
En 2015, le Richebourg Grand Cru d'Henri Jayer est, selon le site en ligne Wine Searcher, le vin le plus cher vendu au monde avec un prix de 14 254 euros[16].
Situation géographique
Le vignoble couvre les lieux-dits Le Richebourg et Les VĂ©roilles ou Richebourg. InstallĂ© Ă mi-versant, au nord de la RomanĂ©e Conti, le vignoble est exposĂ© en direction de lâEst, voire est/nord-est sur Les Verroilles.
GĂ©ologie et orographie
Sols bruns calcaires, peu épais en haut, plus profond en bas. 250 à 310 mÚtres d'altitude. Exposé au levant.
Climatologie
C'est un climat tempéré à légÚre tendance continentale.
Pour la ville de Dijon (316 m), les valeurs climatiques jusqu'Ă 1990 :
Mois | jan. | fév. | mars | avril | mai | juin | jui. | août | sep. | oct. | nov. | déc. | année |
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TempĂ©rature minimale moyenne (°C) | â1 | 0,1 | 2,2 | 5 | 8,7 | 12 | 14,1 | 13,7 | 10,9 | 7,2 | 2,5 | â0,2 | 6,3 |
Température moyenne (°C) | 1,6 | 3,6 | 6,5 | 9,8 | 13,7 | 17,2 | 19,7 | 19,1 | 16,1 | 11,3 | 5,6 | 2,3 | 10,5 |
Température maximale moyenne (°C) | 4,2 | 7 | 10,8 | 14,7 | 18,7 | 22,4 | 25,3 | 24,5 | 21,3 | 15,5 | 8,6 | 4,8 | 14,8 |
Précipitations (mm) | 49,2 | 52,5 | 52,8 | 52,2 | 86,3 | 62,4 | 51 | 65,4 | 66,6 | 57,6 | 64,2 | 62 | 732,2 |
Vignoble
Présentation
Situé sur la commune de Vosne-Romanée, ce grand cru couvre une surface de 7,68 hectares[2]. Le cépage utilisé est le pinot noir. La production représente 246 hectolitres (soit 32 718 bouteilles)[2].
Encépagement
Le pinot noir compose exclusivement les vins rouges de l'AOC. Il est constitué de petites grappes denses, en forme de cÎne de pin[18] composées de grains ovoïdes, de couleur bleu sombre[18]. C'est un cépage délicat, qui est sensible aux principales maladies et en particulier au mildiou, au rougeot parasitaire, à la pourriture grise (sur grappes et sur feuilles), et au cicadelles[19]. Ce cépage, qui nécessite des ébourgeonnages soignés, a tendance à produire un nombre important de grapillons[19]. Il profite pleinement du cycle végétatif pour mûrir en premiÚre époque. Le potentiel d'accumulation des sucres est élevé pour une acidité juste moyenne et parfois insuffisante à maturité. Les vins sont assez puissant, riches, colorés, de garde[20]. Ils sont moyennement tanniques en général.
MĂ©thodes culturales
Travail manuel
Ce travail commence par la taille, en « guyot simple », avec une baguette de cinq Ă huit yeux et un courson de un Ă trois yeux[21]. Le tirage des sarments suit la taille. Les sarments sont enlevĂ©s et peuvent ĂȘtre brĂ»lĂ©s ou mis au milieu du rang pour ĂȘtre broyĂ©s. On passe ensuite aux rĂ©parations. Puis vient le pliage des baguettes. Ăventuellement, aprĂšs le pliage des baguettes, une plantation de nouvelles greffes est rĂ©alisĂ©e. L'Ă©bourgeonnage peut dĂ©buter dĂšs que la vigne a commencĂ© Ă pousser. Cette mĂ©thode permet, en partie, de rĂ©guler les rendements[21]. Le relevage est pratiquĂ© lorsque la vigne commence Ă avoir bien poussĂ©. En gĂ©nĂ©ral, deux Ă trois relevages sont pratiquĂ©s. La vendange en vert est pratiquĂ©e de plus en plus dans cette appellation. Cette opĂ©ration est faite dans le but de rĂ©guler les rendements et surtout d'augmenter la qualitĂ© des raisins restants[21]. Pour finir avec le travail manuel Ă la vigne, se rĂ©alise l'Ă©tape importante des vendanges.
Travail mécanique
L'enjambeur est d'une aide prĂ©cieuse. Les diffĂ©rents travaux se composent du broyage des sarments, rĂ©alisĂ© lorsque les sarments sont tirĂ©s et mis au milieu du rang. De trou fait Ă la tariĂšre, lĂ oĂč les pieds de vignes sont manquants, en vue de planter des greffes au printemps. De labourage ou griffage, rĂ©alisĂ© dans le but d'aĂ©rer les sols et de supprimer des mauvaises herbes. De dĂ©sherbage fait chimiquement pour tuer les mauvaises herbes. De plusieurs traitements des vignes, rĂ©alisĂ©s dans le but de les protĂ©ger contre certaines maladies cryptogamiques (mildiou, oĂŻdium, pourriture grise, etc.) et certains insectes (eudĂ©mis et cochylis)[21]. De plusieurs rognages consistant Ă reciper ou couper les branches de vignes (rameaux) qui dĂ©passent du systĂšme de palissage.
Rendements
Les rendements visés sont de 42 à 49 hl/ha au maximum[4].
Vins
Titres alcoométriques volumique minimal et maximal
AOC | Rouge | Rouge |
Titre alcoométrique volumique | minimal | maximal |
Grand cru[4] | 11,5 % | 14,5 % |
Vinification et Ă©levage
Voici les méthodes générales de vinification de cette appellation. Il existe cependant des petites différences de méthode entre les différents viticulteurs et négociants.
Vinification en rouge
La rĂ©colte des raisins se fait Ă maturitĂ© et de façon manuelle. La vendange manuelle est le plus souvent triĂ©e, soit Ă la vigne soit Ă la cave avec une table de tri, ce qui permet d'enlever les grappes pourries ou insuffisamment mĂ»res[21]. La vendange manuelle est gĂ©nĂ©ralement Ă©raflĂ©e puis mise en cuve. Une macĂ©ration prĂ©-fermentaire Ă froid est quelquefois pratiquĂ©e. La fermentation alcoolique peut dĂ©marrer, le plus souvent aprĂšs un levurage. Commence alors le travail d'extraction des polyphĂ©nols (tanins, anthocyanes) et autres Ă©lĂ©ments qualitatifs du raisin (polysaccharides etc.)[21]. L'extraction se faisait par pigeage, opĂ©ration qui consiste Ă enfoncer le chapeau de marc dans le jus en fermentation Ă l'aide d'un outil en bois ou aujourd'hui d'un robot pigeur hydraulique. Plus couramment, l'extraction est conduite par des remontages, opĂ©ration qui consiste Ă pomper le jus depuis le bas de la cuve pour arroser le chapeau de marc et ainsi lessiver les composants qualitatifs du raisin. Les tempĂ©ratures de fermentation alcoolique peuvent ĂȘtre plus ou moins Ă©levĂ©es suivant les pratiques de chaque vinificateur avec une moyenne gĂ©nĂ©rale de 28 Ă 35 degrĂ©s au maximum de la fermentation[21]. La chaptalisation est rĂ©alisĂ©e si le degrĂ© naturel est insuffisant : cette pratique est rĂ©glementĂ©e[21]. Ă l'issue de la fermentation alcoolique suit l'opĂ©ration de dĂ©cuvage qui donne le vin de goutte et le vin de presse. La fermentation malolactique se dĂ©roule aprĂšs mais est dĂ©pendante de la tempĂ©rature. Le vin est soutirĂ© et mis en fĂ»t ou cuve pour son Ă©levage. L'Ă©levage se poursuit pendant plusieurs mois (12 Ă 24 mois)[21] puis le vin est collĂ©, filtrĂ© et mis en bouteilles.
Terroir et vins
Rubis sombre, carminĂ© avec l'Ăąge. DiversifiĂ© et ample au nez avec arĂŽmes de petits fruits rouges et noirs, de violette, d'Ă©pices, de sous-bois. Une bouche puissante, dĂ©licate, franche, complĂšte, subtile, flambloyante. Dans sa jeunesse, "c'est peut-ĂȘtre le plus violent et le plus intense de tous les grands crus de Bourgogne"âŠ
Gastronomie, garde et température de service
S'accorde bien avec du gibiers à poils et à plumes, de la viande aux goûts relevés, des volailles sauvage (canard), un tournedos rossini... Naturellement avec le choix du millésime et de l'origine (propriétaire ou ...).
Se sert entre 15 et 17 degrés. Se garde entre 15 et 25 ans, voire plus pour les grands millésimes.
Ăconomie
Commercialisation
Selon le site en ligne spécialisé Wine Searcher, un Richebourg Grand Cru d'Henri Jayer a été classé en 2015 "vin le plus cher du monde" avec un prix moyen à la bouteille de 15 195 dollars (14 254 euros) à la mi-2012[22].
Bibliographie
- Christian Pessey : Vins de Bourgogne (Histoire et dégustations), édition : Flammarion, Paris, 2002, Histoire (91 pages) et Dégustations (93 pages) (ISBN 2080110179)
- Le Figaro et La Revue du Vin de France : Les vins de France et du monde (20 volumes), no 6 (Chablis), 96 pages, ĂditĂ© par La sociĂ©tĂ© du Figaro, Paris, 2008, (ISBN 978-2-8105-0060-4)
- Le Figaro et La Revue du Vin de France : Les vins de France et du monde (20 volumes), no 11 (CĂŽtes de Beaune), 96 pages, ĂditĂ© par La sociĂ©tĂ© du Figaro, Paris, 2008, (ISBN 978-2-8105-0065-9)
- Marcel Lachiver, Vins, vignes et vignerons. Histoire du vignoble français, Ăd. Fayard, Paris, 1988, pp. 289, 367, 368, 372, 374. (ISBN 2-213-02202-X)
Notes et références
- Un hectare = 10 000 mÂČ = 24 ouvrĂ©es.
- Site du BIVB - Richebourg
- Un hectolitre (hl) = 100 litres = 133 bouteilles ; moyenne des récoltes sur cinq ans entre 2007 et 2011
- « Site de la CAVB (page : Cahier des charges de l'AOC « Richebourg ») », consulté le 18 novembre 2018 [PDF]
- Références sur la façon d'orthographier les appellations d'origine
- Marcel Lachiver, op. cit., p. 37-38.
- Henri Cannard : AOC Mercurey, Le vignoble d'hier, p. 27.
- Marcel Lachiver, op. cit., p. 39.
- Les plaintes des vignerons du Pagus Arebrignus in Docteur Morelot, Statistique de la vigne dans le département de la CÎte-d'Or, Dijon-Paris, 1831., consulté le 25 novembre 2008.
- Le Figaro et La Revue du vin de France (2008) : Vins de France et du monde (Bourgogne : Chablis), L'histoire, p. 26.
- Site du BIVB : Historique, consulté le 24 novembre 2008.
- La Revue du vin de France no 482S : Le Millésime 2003 en Bourgogne, p. 109
- Marcel Lachiver, op. cit., p. 370.
- Le Figaro et La Revue du vin de France (2008) : Vins de France et du monde (Bourgogne : CĂŽte de Beaune), L'histoire, p. 26.
- Constant Bourquin, op. cit., p. 94.
- Le romanĂ©e-conti nâest plus le vin le plus cher du monde, lemonde.fr, 9.08.2015
- Archives climatologiques mensuelles - Dijon (????-1990)
- Christian Pessey, Vins de Bourgogne, La vigne et le vin « Pinot noir », p. 12
- Catalogue des variĂ©tĂ©s et clones de vigne cultivĂ©s en France ENTAV, Ăditeur
- Christian Pessey, Vins de Bourgogne, La vigne et le vin « Pinot noir », p. 13
- Conduite et gestion de l'exploitation agricole, cours de viticulture du lycĂ©e viticole de Beaune (1999-2001). BaccalaurĂ©at professionnel option viticulture-Ćnologie.
- « Les 50 vins les plus chers dans le monde sont majoritairement bourguignons », sur www.vitisphere.com (consulté le )
Voir aussi
Articles connexes
- Le vignoble de Bourgogne
- La commune de Vosne-Romanée
- Les autres grands crus de la commune : romanée-conti, la-tùche, la-romanée, romanée-saint-vivant et la-grande-rue