L'Île rouge (film)
L'Île rouge est un film dramatique franco-belgo-malgache réalisé par Robin Campillo, sorti en 2023.
Réalisation | Robin Campillo |
---|---|
Scénario |
Robin Campillo Gilles Marchand |
Musique | Arnaud Rebotini |
Acteurs principaux |
Nadia Tereszkiewicz |
Sociétés de production |
Les Films de Pierre France 3 Cinéma Memento Production Playtime Scope Pictures DDC Madagascar |
Pays de production |
France Belgique Madagascar |
Genre | Drame |
Durée | 117 minutes |
Sortie | 2023 |
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution
Le film — dont le titre est un des noms associés à la « Grande Île » de Madagascar et fait référence à la latérite qui colore ses plateaux — met en image l'histoire, vue à hauteur d'enfant, de l'entre-soi de familles de militaires d'une base aérienne française peu d'années après l'indépendance de Madagascar. Le néocolonialisme encore en cours dans les années 1970 est marqué par les révoltes contre l'ordre établi[1] - [2].
Synopsis
À Madagascar, au début des années 1970, sur la base aérienne de l’armée française d'Ivato, le petit Thomas, curieux de tout, surtout des conversations des adultes, mène sa vie d'enfant avec ses deux frères, auprès de son père militaire et de sa mère, femme au foyer. Les familles de militaires « mènent une vie tranquille entre expatriés, une vie faite de grandes tablées, de soirées arrosées, mais aussi de commérages et de médisance. Une vie d'où les Malgaches sont quasi-absents, relégués au rôle de domestiques, de petites mains ou de prostitués » [3].
Les militaires et leurs proches sont les représentants des derniers moments de la présence française à Madagascar. En filigrane, la révolte paysanne, et le soulèvement de la jeunesse malgache contre l'ordre établi viennent rappeler en contrepoint la répression de l'insurrection de 1947.
Fiche technique
Sauf indication contraire ou complémentaire, les informations mentionnées dans cette section peuvent être confirmées par la base de données d'Unifrance.
- Titre original et francophone : L'Île rouge
- Réalisation : Robin Campillo
- Scénario : Robin Campillo, Gilles Marchand et Jean-Luc Raharimanana
- Musique : Arnaud Rebotini
- Décors : Emmanuelle Duplay
- Costumes : Isabelle Pannetier
- Photographie : Jeanne Lapoirie
- Son : Julien Sicart
- Montage : Robin Campillo, Stéphanie Léger et Anita Roth
- Production : Marie-Ange Luciani
- Production exécutive : Diego Urgoity-Moinot
- Sociétés de production : Les Films de Pierre ; France 3 Cinéma, Memento Production et Playtime (coproductions françaises) ; Scope Pictures (Belgique) ; DDC Madagascar[4] (Madagascar)
- Société de distribution : Memento Distribution
- Budget : 7,2 million d'euros[5]
- Pays de production : France, Belgique, Madagascar
- Langue originale : français, malgache
- Format : couleur — 1,37:1 — son Dolby Digital 5.1
- Genre : drame
- Durée : 117 minutes
- Dates de sortie :
- France, Madagascar[6] :
- Belgique : [7] Date sujette à modification
Distribution
- Nadia Tereszkiewicz : Colette Lopez
- Quim Gutiérrez : Robert Lopez
- Charlie Vauselle : Thomas Lopez
- Amely Rakotoarimalala : Miangaly
- Hugues Delamarlière : Bernard Huissens
- Sophie Guillemin : Mme Guedj
- David Serero : M. Guedj
- Luna Carpiaux : Odile Huissens
- Mitia Ralaivita : Andry, serveur au mess
- Cathy Pham : Suzanne
- Mathis Piberne : Alain Lopez
- Sacha Cosar-Accaoui : Michel Lopez
- Calissa Oskal-Ool : Fantômette
- François-Dominique Blin : le toubib
Production
Génèse et développement
En , concernant l'avance sur recettes avant réalisation, le CNC révèle le prochain film de Robin Campillo, cependant intitulé École de l'air[8] — à l'origine, il avait pour titre Vazaha, qui signifie « Les Blancs », « Les Français » en malgache[9]. Le scénario est co-signé par le réalisateur avec Gilles Marchand, ainsi qu'avec l'écrivain malgache Jean-Luc Raharimanana, et porte sur le soulèvement de Madagascar au début des années 1970[3]. Le film est produit par Marie-Ange Luciani pour Les Films de Pierre, et le tournage devrait débuter en juillet de l'année suivante[10]. Le réalisateur y livre ses souvenirs et ses anecdotes d'enfance : « C'est une façon de retourner à Madagascar, mais aussi de retourner la nostalgie post-coloniale, d'aller chercher ce qu'il y avait dans les coulisses. (…) Je voyais bien que quelque chose clochait », explique-t-il, plus tard[3]. Il est également coproduit par France 3 Cinéma, Memento Films Production et Scope Pictures (Belgique)[11].
En , alors que la production recherche un petit garçon débutant pour interpréter Thomas dans le Pays-de-la-Loire, le tournage est annoncé pour juillet et août[12], avec Nadia Tereszkiewicz et Quim Gutiérrez[13]. En mai, bien que les frontières à Madagascar restent fermées « quasiment sans interruption depuis le »[14], la date du tournage est modifiée à cause de la pandémie de Covid-19[15] : il a lieu entre août et octobre, en Provence-Alpes-Côte d'Azur, au Pays-de-la-Loire et à Madagascar[16].
Attribution des rôles
Pour incarner Robert et Colette Lopez, les parents de Thomas dans le film, Robin Campillo souhaitait un acteur espagnol pour « retrouver ses origines », parce que, surtout, il aime « bien travailler avec des acteurs étrangers », avant de tomber sur Quim Gutiérrez sur Internet après une longue recherche[17]. Quant à l'épouse, le réalisateur a reçu Nadia Tereszkiewicz avec qui il a fait des essais pour le personnage d'Odile Huissens, avant d'en faire un autre avec Quim Gutiérrez, et assiste à « une alchimie qui s'est produite tout de suite ». Après dans les « trois cents perruques et trois cents de tenues, plus un certain nombre de maquillage »[18], elle incarne parfaitement le rôle de la maman, et « porte, en elle, une mélancolie qui la connectait instinctivement à Thomas »[17].
Robin Campillo a longtemps cherché le personnage de Thomas en région parisienne, puis en région Pays-de-la-Loire où il a trouvé Charlie Vauselle, originaire de Corsept (Loire-Atlantique)[19].
Tournage
Bien que les frontières à Madagascar sont fermées en raison de la pandémie de Covid-19[14], le tournage commence fin [20] en France[15], dont en région parisienne, où l'équipe a restauré la maison familiale dans un pavillon, non loin d'Orly[15] (Val-de-Marne), ainsi qu'à Montreuil. Il a également lieu à Salon-de-Provence (Bouches-du-Rhône) pour utiliser les hangars de l’école de l’air[15] de la base aérienne 701[21], d'où les scènes des pliages de parachutes et de Noël dans l'avion Noratlas[15]. En octobre, l'équipe part à Madagascar[22], notamment à la base aérienne 181 Ivato[3]. En mi-décembre, elle retrouve la France pour joindre à La Roche-sur-Yon (Vendée), dans l’usine Michelin transformé en studio de cinéma afin de filmer quelques scènes[20]. Il s'achève en décembre[23].
Musique
La musique du film est composée par Arnaud Rebotini, qui retrouve Robin Campillo après Eastern Boys (2014) et 120 battements par minute (2017), dont la bande originale sort au label Blackstrobe[24].
Les chansons, telles que In-A-Gadda-Da-Vida de Iron Butterfly, Stranger in Paradise de Martin Denny et Acércate más de Nat King Cole, font partie du film[24].
Le film se termine avec la chanson Veloma — « Au revoir » en malgache — de Mahaleo, car « c’est vraiment une chanson à la fois jubilatoire et mélancolique qui a accompagné la révolution malagasy. Elle a trouvé tout naturellement sa place à la fin du film car elle parle de la révolution comme un adieu à l’enfance[4] », explique le réalisateur.
- Liste de pistes[24]
- The Red Island (3:43)
- L'île rouge (générique) (1:14)
- Thomas et Suzanne (3:05)
- Flute, interlude 1 (0:34)
- Colonial Party (5:34)
- Harp, Interlude 1 (0:19)
- L'île rouge - variation (4:53)
- Madgascar ballade (2:10)
- Harpsichord Interlude (0:58)
- La marche nocture (2:36)
- Harp, Interlude 2 (0:19)
- L'île rouge (générique de fin) (3:54)
- Flute, interlude 2 (0:22)
- The Red Island - variation 2 (3:42)
- Thomas et Suzanne - variation 1 (1:32)
- L'île rouge - variation 2 (0:29)
- Thomas et Suzanne - variation 2 (0:36)
- Tropical Dance 1 (2:38)
- Tropical Dance 2 (2:36)
Accueil
Accueil critique
Le site Allociné donne la note de 3,5⁄5, après avoir recensé et interprété 25 critiques de presse[25].
« Film sensationnel sur la fin du colonialisme », la critique du Masque et la plume met l'accent sur la réussite de la mise en scène originale du film, dont Jean-Marc Lalanne qui « applaudit un film génial, absolument magnifique[26]. ».
Gérard Lefort des Inrockuptibles donne raison au film, « un récit d’apprentissage qui exhausse l’autobiographie de son auteur pour dessiner un bien commun : les raisons de se révolter, hier comme aujourd’hui, toujours et partout[27]. ». Marie-José Sirach de L'Humanité applaudit le réalisateur qui « dresse une peinture délicate et sensible d’un moment clé de cette histoire peu connue et peu racontée qui marque la fin de l’Empire colonial, portée par une belle distribution[28]. ». François Forestier de L'Obs considère le film comme « à la fois une recherche poétique du temps perdu et un cliché cruel de l’idiotie coloniale[29]. ». Selon Adrien Gombeaud des Échos, Robin Campillo signe « une œuvre intime et magnifique[30]. »
Guillemette Odicino de Télérama estime qu'« avec ce film proustien, le réalisateur de 120 Battements par minute livre une magnétique et universelle histoire d’émancipation [...] un récit initiatique des plus délicats sur la naissance d’un œil de cinéma[31]. ». Sandrine Bajos du Parisien estime qu'« avec ce quatrième long métrage, Robin Campillo nous met de nouveau KO[32]. ». Selon Laurent Cambon d'aVoir-aLire, « Robin Campillo a composé son film le plus personnel mais aussi le moins tapageur de tous. C’est une œuvre subtile, très profonde, filmée comme un roman[33]. ».
Côté négatif ou presque, Maroussia Dubreuil du Monde souligne que, « malgré des images de toute beauté – entre ciel et terre, quelque part entre Monsieur Hulot et un film d’apocalypse – et la musique d’Arnaud Rebotini, le projet trébuche sur des détails pratiques qui en sabotent les ambitions[34]. » Quant à Étienne Sorin du Figaro, plus sévère, il semble assurer que « rien n'accroche dans cette évocation moins sensorielle que flottante, dépourvue d'enjeu véritable – Madagascar n'est pas la tragédie de l'Algérie[35]. ».
Box-office
Pays ou région | Box-office | Date d'arrêt du box-office | Nombre de semaines |
---|---|---|---|
France | 132 230 entrées[36] | en cours | 4
|
Pour son premier jour d'exploitation en France, L'Île rouge a réalisé 10 022 entrées, dont 2 663 en avant-premières, pour un total de 552 séances proposées[37]. En comptant pour ce premier jour les avant-premières, le film se positionne en troisième place du box-office des nouveautés pour sa journée de démarrage, derrière Le Croque-mitaine (14 315) et devant Mon père et moi (5 084)[38]. Avec ces chiffres, le long métrage se situe dans la fourchette de productions équivalentes comme Enquête sur un scandale d'État (18 000), mais reste assez nettement inférieur au précédent film de Robin Campillo, 120 Battements par minute (45 000)[37].
Au bout d’une première semaine d’exploitation dans les salles françaises, le long métrage totalise 55 090 entrées, pour une neuvième place au box-office hebdomadaire, derrière Omar la fraise (71 383) et devant Super Mario Bros. le film (49 896)[39].
Notes et références
- L'Île rouge, 2023, p. 3.
- Yannick Vely, « Robin Campillo : « "L’île rouge" n’est ni un film autobiographique ni un film historique » », sur Paris Match, (consulté le ).
- « "L'île rouge" : le cinéaste Robin Campillo filme la fin d'une époque à Madagascar », sur TV5 Monde, (consulté le ).
- L'Île rouge, 2023, p. 7.
- « L'Île rouge », sur Playtime (consulté le ).
- « CINEMA | « L’Ile rouge » sera en salle le 31 mai », sur madagascarnewsroom.com, (consulté le ).
- « L'Île rouge », sur cinebel.dhnet.be (consulté le ).
- « Avance sur recettes avant réalisation : résultats de la commission du 25 février 2020 », sur CNC, (consulté le ).
- Damien Leblanc, « Robin Campillo : « J’ai fait ce film pour balayer ma nostalgie, pour la brûler » », sur Trois couleurs, (consulté le ).
- Fabien Lemercier, « L'avance sur recettes du CNC pour L’île rouge de Robin Campillo », sur Cineuropa, (consulté le ).
- Fabien Lemercier, « Robin Campillo tourne L’île rouge », sur Cineuropa, (consulté le ).
- Maïwenn Bordron, « Pays-de-la-Loire : le réalisateur Robin Campillo cherche un garçon entre 7 et 10 ans pour son prochain film », sur France Bleu, (consulté le ).
- Cécile Rossin, « Casting en Pays de la Loire : un réalisateur césarisé recherche des enfants de 5 à 14 ans », sur actu.fr, (consulté le ).
- Laure Verneau, « À Madagascar, le secteur du tourisme est laminé par la crise sanitaire », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
- « L'Île rouge », sur AFC, (consulté le ).
- « #casting #enfants filles et garçons 6/13 ans, divers profils, pour un film avec Quim Gutiérrez », sur figurants.com, (consulté le ).
- L'Île rouge, 2023, p. 5.
- [vidéo] We Love Cinema, Échange avec Nadia Tereszkiewicz et Robin Campillo - L'ÎLE ROUGE sur YouTube, .
- Julie Charrier-Jégo, « À 11 ans, Charlie fait ses premiers pas d’acteur dans le film de Robin Campillo « L’île rouge » » , sur Ouest-France, (consulté le ).
- « Un jeune comédien ligérien à l'affiche de L'Île rouge, le nouveau film de Robin Campillo », sur solutions-tournages-paysdelaloire.fr, (consulté le ).
- Achille Dupas, « Loire-Atlantique : à 6 ans, Mathilde a joué dans le film d'un grand réalisateur », sur actu.fr, (consulté le ).
- Pauline Baumer, « À 6 ans, Mathilde a joué dans L’île rouge, le film de Robin Campillo qui sortira le 31 mai », sur Ouest-France (consulté le ).
- Nicolas Colle, « Robin Campillo achève le tournage de "École de l'air" », sur Écran total, (consulté le ).
- « L'Île rouge (2023) », sur cinezik.org, (consulté le ).
- « L'Île rouge (2023) - Critique presse », sur Allociné (consulté le ).
- Jérôme Garcin, « "L'Île rouge" de Robin Campillo : un film sensationnel sur la fin du colonialisme à Madagascar », sur Radio France,France Inter, via Le Masque et la plume, (consulté le ).
- Gérard Lefort, « Six ans après “120 Battements par minute”, Robin Campillo signe un superbe récit d’apprentissage », sur Les Inrockuptibles, (consulté le ).
- Marie-José Sirach, « L’Île rouge, de Campillo : derniers battements coloniaux » , sur L'Humanité, (consulté le ).
- François Forestier, « « L’Ile rouge », « l’Improbable Voyage d’Harold Fry », « Lynch/Oz »... Les films à voir (ou pas) cette semaine », sur L'Obs, (consulté le ).
- Adrien Gombeaud, « « L'Ile rouge » : un roman malagasy », sur Les Échos, (consulté le ).
- Guillemette Odicino, « “L’Île rouge” : la fin d’une époque magnifiquement filmée par Robin Campillo », sur Télérama, (consulté le ).
- Sandrine Bajos, « « L’Île rouge » de Robin Campillo, un film sublime et bouleversant », sur Le Parisien, (consulté le ).
- Laurent Cambon, « « L’Île rouge - Robin Campillo - critique », sur aVoir-aLire, (consulté le ).
- Maroussia Dubreuil, « « L’Ile rouge », de Robin Campillo : une enfance à Madagascar dans les années 1970 », sur Le Monde, (consulté le ).
- Étienne Sorin, « Sick of myself, Renfield, Spider-Man across the Spider-Verse... Les films à voir ou à éviter cette semaine », sur Le Figaro, (consulté le ).
- « L'Île rouge — Box-office en France », sur Allociné, (consulté le ).
- Tanguy Colon, « Box-office 1er jour : Spider-Man : Across the Spider-Verse prend de la hauteur », sur boxofficepro.fr, (consulté le ).
- Vincent Formica, « Box-office : Spider-Verse démarre-t-il mieux que Spider-Man New Generation ? », sur Allociné, (consulté le ).
- Brigitte Baronnet, « Box-office France : Spider-Man Across The Spider-Verse démarre plus fort que New Generation », sur Allociné, (consulté le ).
Voir aussi
Articles connexes
Bibliothèque
- « L'Île rouge : Dossier de presse » [PDF], sur Unifrance
- Rebecca Manzoni, « Robin Campillo pour le film "L'Île rouge" », sur France Inter, ;
- Laurence Houot, « "Ce qui m'intéresse, c'est le rapport entre l'intime et le collectif" : Robin Campillo réalisateur de "120 battements par minute", de retour avec un film sur la fin de l'illusion coloniale », sur France Info, .
Liens externes
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