L'Époque (1865)
Histoire
Le journal L’ÉPOQUE a été fondé en 1845[1] au 3 rue du Coq Héron, Paris (voisin du journal La Lanterne et du Petit Figaro, siégeant tous deux au 5) sous le patronage de François Guizot, le directeur de la publication Bernard-Adolphe Granier de Cassagnac[2] et dirigé par Félix Solar jusqu’au 1847.
Cette feuille dynastique et ultra-conservatrice aurait concerné "La Presse" qui s'était tournée contre le Ministère. De grand format (75 x 50 cm)[3], le journal traite de politique, mais aussi de sciences, droit, commerce et littérature.
À la fin de l'année 1864[4], l'écrivain Ernest Feydeau décide de fonder un journal politique, modéré et indépendant, dont il voit un modèle dans le Times britannique[5]. Il envisage de l'intituler Le Bon Sens avant d'opter finalement pour L’Époque[4]. Le nouveau journal est financé et administré par une société au capital de 400 000 francs, installée au no 5 de la rue Coq-Héron, créée par Feydeau et un associé, le rentier Jules Giraudeau. Ce dernier devient cogérant du journal, tandis que Feydeau se réserve les fonctions de rédacteur en chef et de directeur politique[6].
Le premier numéro de L’Époque, quotidien du soir, paraît le [4]. Sa ligne éditoriale, qui se veut totalement indépendante, est libérale en ce qui concerne les droits de la presse et des citoyens mais conservatrice sur certains grands sujets politiques et sociaux. L’Époque prend ainsi le contre-pied des journaux d'opposition (L'Avenir national, L'Opinion nationale, Le Siècle et Le Temps) sur la question romaine et sur l'enseignement primaire gratuit et obligatoire[7].
En , Feydeau est condamné à payer une amende pour avoir publié, dans le numéro du , une fausse nouvelle « de nature à troubler la paix publique » au sujet d'un risque d'épidémie de peste[8].
Le , Feydeau revend L’Époque à Frédérick Terme, qui devient ainsi le nouveau rédacteur en chef et gérant du journal[9].
Le , alors que le journal est en grande difficulté financière[4], Terme le revend pour 100 000 francs à Auguste Dusautoy, ancien tailleur de Napoléon III[11]. L'arrivée de ce partisan inconditionnel de l'empereur inquiète le chroniqueur Jules Richard, qui y voit une menace à l'encontre de l'indépendance et du libéralisme de L’Époque, et qui préfère par conséquent partir à La Situation d'Antoine Grenier[12].
Napoléon III, secondé par le général Fleury, semble bien avoir été non seulement l'inspirateur de L’Époque de Dusautoy mais également son financeur, si l'on en croit les documents comptables retrouvés aux Tuileries après la chute du régime impérial[13]. Sous cette influence, L’Époque devient le journal officieux de l'Empire libéral[14] grâce à Clément Duvernois, directeur politique à partir du [15], Terme ayant quant à lui conservé le poste de rédacteur en chef[16].
Terme ayant publié le un article d'Arthur Arnould critiquant la brutalité des sergents de ville parisiens[18], les deux hommes sont condamnés à une amende[19]. Terme et un autre journaliste, Xavier Eyma, écopent d'une nouvelle amende quelques semaines plus tard en raison d'un article du qui annonçait la signature d'un traité militaire franco-italien à Biarritz. Cette information ayant été démentie, Terme et Eyma avaient par conséquent été accusés de publier de fausses nouvelles « de nature à troubler la paix publique »[20].
Au début de l'année 1868, L’Époque connaît quelques mutations, en devenant un journal du matin. Duvernois, tout d'abord démissionnaire, garde son poste[21] et devient propriétaire du journal le 1er avril après avoir racheté les parts de Dusautoy[22]. Cependant, déçu par l'échec de sa campagne pour la suppression des candidatures officielles[23], il démissionne définitivement le [24]. Terme doit par conséquent réorganiser le journal, dont le tirage est alors de 2 900 exemplaires[25].
Le , le journal cesse de paraître quotidiennement[26] et devient un hebdomadaire avant de disparaître. Terme et Duvernois fondent alors Le Peuple[27], ré-intitulé Le Peuple français en juillet suivant afin de se différencier d'un journal homonyme[28].
Collaborateurs notoires
- Henri de KĂ©rillis
- André Pironneau
- Jean-Louis Vigier
- Gérard Bauër
- Roger Giron
- Henry Bordeaux
- Jean-Jacques Gautier
- Louis-Gabriel Robinet
- Raymond Cartier
- Jean Sennep
D'autre collaborateurs
- Arthur Arnould[18]
- Alfred Assollant[16]
- Arthur-Alexandre Behaghel[29]
- Auguste de Belloy[30]
- Fernand Boudeville
- Adolphe de Carfort (faits divers)[29]
- Jules-Antoine Castagnary (critique théâtrale)[31]
- Anatole Claveau[16]
- Jules Denizet[17]
- Clément Duvernois (directeur politique de 1867 à 1868)[15]
- Xavier Eyma[20]
- Paul FĂ©val[32]
- Ernest Feydeau (rédacteur en chef de 1865 à 1866)
- Paul Foucher[17]
- Charles Gaumont[30]
- Charles Gonet (d)[17]
- Paschal Grousset[17]
- Jacques HĂ©brard[17]
- Édouard Hervé[16]
- Henri de Lacretelle[30]
- Romary Leguevel de La Combe[18] (secrétaire de la rédaction)[33]
- André Léo[30]
- Adrien Marx[34]
- FĂ©lix Mornand[30]
- Victor Noir[29]
- Joseph Perrin (secrétaire de la rédaction[35], pseudonyme partagé par Hervé et Weiss)
- Hector Pessard[15]
- N. Reymond[30]
- Jules Richard[34]
- Francisque Sarcey[16]
- Edmond Tarbé des Sablons (critique musicale)[36]
- Frédérick Terme (rédacteur en chef à partir de 1866)
- Louis Ulbach[30]
- Jules Vallès[34]
- Jean-Jacques Weiss[16]
Références
- Bibliothèque Nationale de France, « L'Époque (Paris. 1845) » [doc], sur Bibliothèque Nationale de France
- Bibliothèque Nationale de France - Catalogue Générale, « L'Époque (Paris. 1845) -1er oct. 1845-25 févr. 1847 » [doc], sur Bibliothèque Nationale de France
- Numistoria, « L'ÉPOQUE - Numistoria »
- Journal des débats, 20 avril 1868, p. 2.
- Le Figaro, 5 mars 1865, p. 4.
- Le Moniteur universel, 5 mars 1865, p. 4.
- La Presse, 5 mai 1865, p. 1.
- Journal des villes et campagnes, 13 novembre 1865, p. 2.
- Le Moniteur universel, 16 juin 1866, p. 10.
- Taxile Delord, Histoire illustrée du Second Empire, t. 6, Paris, 1883, p. 22.
- Le Siècle, 26 avril 1867, p. 3.
- Le Figaro, 6 juillet 1867, p. 3.
- Le Moniteur universel, 28 janvier 1871, p. 4.
- Le Français, 17 octobre 1868, p. 2.
- La Presse, 10 juin 1867, p. 2.
- Le Figaro, 26 novembre 1868, p. 2.
- Le Philosophe, 7 septembre 1867, p. 4.
- Journal des débats, 6 septembre 1867, p. 2.
- Le Constitutionnel, 26 septembre 1867, p. 3.
- Journal des débats, 19 octobre 1867, p. 3.
- Le Figaro, 18 mars 1868, p. 2.
- Le Figaro, 21 avril 1868, p. 2.
- Le Figaro, 7 septembre 1868, p. 2.
- Le Moniteur universel, 16 octobre 1868, p. 2.
- Le Diable Ă quatre, 17 octobre 1868, p. 34.
- Le Figaro, 3 février 1869, p. 2.
- Le Figaro, 5 février 1869, p. 2.
- Le Français, 5 juillet 1869, p. 1.
- Le Soleil, 16 juillet 1891, p. 1.
- Le Siècle, 30 septembre 1866, p. 4.
- Le Figaro, 2 mai 1868, p. 2.
- Le Tintamarre, 26 mai 1867, p. 6.
- Le Figaro, 3 décembre 1867, p. 2.
- Le Figaro, 9 juillet 1865, p. 5.
- Journal des débats, 15 juin 1865, p. 2.
- La Presse, 24 août 1867, p. 3.
Notes
- ↑ Revenir plus haut en :a b et c Michaël Fœssel, , 2021 (ISBN 978-2-13-082888-4), p. 56
- ↑ Revenir plus haut en :a et b Boulic, , Rennes, Presses universitaires de Rennes, 1997 (ISBN 9782753524941), chap. 9 (« Adieu l'Écho, bonjour l'Époque ! »), p. 133-149