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La Situation (journal)

La Situation est un journal français commandité par le roi Georges V de Hanovre et publié entre 1867 et 1868.

La Situation
Pays France
Langue français
Périodicité quotidien
Prix au numéro 15 centimes
Date de fondation
Date du dernier numéro
Ville d’édition Paris

Directeur de publication Ernest Hollander puis Antoine Grenier
RĂ©dacteur en chef Antoine Grenier

Histoire

La montĂ©e en puissance de la Prusse, manifeste au lendemain de la guerre austro-prussienne et de la signature du traitĂ© de Prague (1866), inquiète de plus en plus l'empereur NapolĂ©on III, dont la « politique des pourboires Â» est contrecarrĂ©e par le ministre-prĂ©sident prussien, Otto von Bismarck[1].

Afin de préparer l'opinion publique française à un futur conflit franco-prussien, la création d'un nouveau journal officieux est envisagée. Pour donner à cette propagande anti-prussienne l'apparence d'une politique de justice en faveur des États allemands vaincus par Guillaume Ier, il est décidé de solliciter l'aide financière du roi Georges V de Hanovre[2]. Celui-ci vit alors en exil à Hietzing, près de Vienne, et compte employer d'importants moyens à la reconquête de son royaume, annexé par la Prusse, qui l'a également privé d'une part importante de sa fortune (les « fonds guelfes »).

Cette mission est confiĂ©e Ă  LĂ©on Pujol, auparavant chef du bureau de la presse au ministère de l'IntĂ©rieur, actif dans les journaux officieux et originaire d'un autre État annexĂ© par la Prusse, le duchĂ© de Holstein. Il arrive ainsi Ă  Hietzing en fĂ©vrier 1867, discrètement appuyĂ© par l'ambassadeur de France, le duc de Gramont, et muni d'une lettre de recommandation Ă©crite par Maximilian von Gagern (en), haut fonctionnaire du ministère autrichien des Affaires Ă©trangères, Ă  destination de son ami le comte Adolf von Platen-Hallermund (d), ministre des Affaires Ă©trangères du gouvernement en exil hanovrien. MalgrĂ© les hĂ©sitations du comte de Platen, Georges V accepte de financer le journal Ă  hauteur de 1 500 000 francs, transfĂ©rĂ©s via la banque Hottinguer en vertu d'un traitĂ© signĂ© peu de temps après entre Hollander et l'homme de paille du roi, Hattensauer, ex-diplomate de la lĂ©gation hanovrienne en France[2].

Caricature d'Antoine Grenier, rédacteur en chef de La Situation (L'Indépendance parisienne, 29 mars 1868)

Le premier numĂ©ro de La Situation, journal politique quotidien du soir, devait paraĂ®tre le 1er juillet 1867, mais l'enchaĂ®nement des Ă©vĂ©nements, notamment pendant la crise luxembourgeoise, pousse son directeur-gĂ©rant, Hollander, Ă  avancer ce lancement[2] au 9 juin[3]. Dans son programme, Hollander dĂ©clare que le quotidien a pour but de « dĂ©fendre le droit contre la force Â» et de protester, « au nom de l'Allemagne elle-mĂŞme, contre le système de M. de Bismarck, si bien baptisĂ© par son auteur la politique de fer et de sang, contre l'annexion violente de Francfort, de Nassau, du Hanovre et de la Hesse Â»[4].

Phtisique, Hollander peine à diriger efficacement la Situation, dont la politique anti-prussienne est quelquefois jugée excessive et contreproductive par l'entourage de Georges V[2], qui n'est pas enchanté de constater la présence, au sein de la rédaction, de journalistes socialistes tels que Jules Vallès ou Ganeras, ami de Louis Blanc[5]. Malgré un feuilleton commandé à Alexandre Dumas et intitulé La Terreur prussienne[6], le journal ne rencontre pas le succès escompté et compte moins de 200 lecteurs et abonnés[7]

Après la mort de Hollander, survenue le 26 septembre, la gĂ©rance est provisoirement confiĂ©e Ă  LĂ©on Pujol (d)[8], secrĂ©taire de la rĂ©daction. Le comte de Platen envoie alors Oskar von Meding Ă  Paris, avec pour mission de liquider le journal. Cependant, les engagements pris par Hollander ainsi que la crainte du scandale que pourrait provoquer leur rupture, contraignent les Hanovriens Ă  permettre la continuation du quotidien, placĂ© dès le 16 octobre[9] sous la direction d'Antoine Grenier, jusqu'alors rĂ©dacteur en chef[5]. Ce n'est donc que le 9 avril 1868 que le journal cesse de paraĂ®tre[7]. Sur les 1 500 000 de francs investis par le roi, seuls 700 000 ont pu ĂŞtre rĂ©cupĂ©rĂ©s[5].

Collaborateurs

Notes et références

  1. Pierre Milza, Napoléon III, Paris, Perrin, 2004, p. 542-543.
  2. Oskar von Meding, De Sadowa à Sedan. Mémoires d'un ambassadeur secret aux Tuileries, feuilleton de L'Événement du 4 février 1885, p. 2.
  3. La Gazette de France, 4 juin 1867, p. 4.
  4. Le Temps, 10 juin 1867, p. 2.
  5. Oskar von Meding, De Sadowa à Sedan. Mémoires d'un ambassadeur secret aux Tuileries, feuilleton de L'Événement du 5 février 1885, p. 2.
  6. Paul Peltier, « La Terreur prussienne et Dumas père Â», Mercure de France, 1er mars 1917, p. 66-75.
  7. MĂ©morial de la Loire et de la Haute-Loire, 8 avril 1868, p. 1.
  8. Le Figaro, 29 septembre 1867, p. 2.
  9. L'Univers, 20 octobre 1867, p. 4.
  10. Le Petit journal, 6 juin 1867, p. 4.
  11. Le Gaulois, 23 septembre 1883, p. 2.
  12. Audebrand, chap. 2.
  13. Angelo De Gubernatis, Dictionnaire international des Ă©crivains du jour, t. 3, Florence, 1891, p. 1794.
  14. Comœdia, 1er décembre 1927, p. 1.

Voir aussi

Bibliographie

Liens externes

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