José Villalba Riquelme
JosĂ© Villalba Riquelme (Cadix, 1856 - Madrid, 1944) Ă©tait un militaire, auteur, homme politique et pĂ©dagogue espagnol, connu pour avoir ĆuvrĂ© Ă moderniser lâinstruction militaire en Espagne et Ă introduire lâĂ©ducation physique dans le cursus des officiers et dans les Ă©coles espagnoles.
José Villalba Riquelme | ||
José Villalba photograpié en 1920 | ||
Naissance | Cadix |
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DĂ©cĂšs | (Ă 88 ans) Madrid |
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Origine | Espagnole Espagne | |
Allégeance | Monarchie espagnole ; dictature de Primo de Rivera ; République espagnole. |
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Arme | Armée de terre | |
Grade | Général de division | |
AnnĂ©es de service | 1870 â 1933 | |
Commandement | RĂ©giment Ăfrica no 68 (Ă partir de 1912) | |
Conflits | TroisiÚme Guerre carliste ; Révolution philippine ; Guerre hispano-américaine ; Guerre du Rif |
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Faits d'armes | Campagne du Kert | |
Distinctions | e.a. : Grand-Croix de lâOrdre de Saint-HermĂ©nĂ©gilde ; Chevalier-commandeur de la lâOrdre de Saint-Michel et Saint-Georges ; Grand-Croix dâofficier de la LĂ©gion dâhonneur de la RĂ©publique française |
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Autres fonctions | Ministre de la Guerre (décembre 1919-mai 1920) ; Sénateur du Royaume (1921-1923) ; Gouverneur militaire de Campo de Gibraltar (1919) |
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Fils dâun mĂ©decin militaire, Villalba suivit une formation Ă lâAcadĂ©mie militaire de TolĂšde, puis servit dans des unitĂ©s combattantes, dâabord sur le front carliste et ensuite dans les derniĂšres colonies espagnoles (Cuba, Philippines et Maroc), avant de se vouer, Ă partir de 1882, Ă des missions dâenseignement, occupant des postes de professeur et de directeur dâĂ©tudes dans les deux AcadĂ©mies de TolĂšde. Ă ce titre, il sâefforça de rehausser la qualitĂ© des Ă©tudes pour les cadets et de perfectionner leurs aptitudes pratiques, notamment par lâintroduction de lâĂ©ducation physique dans la formation, et composa Ă lâusage des futurs officiers un ensemble de traitĂ©s et de manuels didactiques (sur divers sujets : tactique, tir, logistique etc.) qui connurent une vogue durable. En 1912, il sâengagea au Maroc dans la guerre du Rif, oĂč il fut promu gĂ©nĂ©ral de division pour mĂ©rites de guerre et oĂč il eut notamment pour subordonnĂ© le futur Caudillo Francisco Franco. NommĂ© en 1917 gouverneur militaire Ă AlgĂ©siras, il fit montre de doigtĂ© face Ă la vive agitation sociale de cette annĂ©e-lĂ en Espagne, ce qui lui valut dâĂȘtre honorĂ© par les autoritĂ©s tant espagnoles que britanniques. Entre 1919 et 1920, il se vit confier le portefeuille de la Guerre dans le gouvernement Allendesalazar, mandat pendant lequel il sâattela Ă rĂ©former en profondeur lâinstitution militaire, y compris lâinstruction des officiers, et permit la crĂ©ation de la LĂ©gion Ă©trangĂšre. Sous la dictature primorivĂ©riste, il joua encore un rĂŽle politique comme membre de lâAssemblĂ©e nationale consultative.
Biographie
Origines familiales et carriĂšre militaire
JosĂ© Villalba Riquelme Ă©tait le fils de Rafael de Villalba Aguayo, mĂ©decin-assistant dans le corps sanitaire militaire, alors en poste Ă Porto Rico, et dâAdelaida Riquelme OâCrowley (parfois appelĂ©e erronĂ©ment O'Cruley, O'Crouley ou Veranley dans certains documents), native de Cadix et directrice des Ă©coles normales de plusieurs villes espagnoles[1]. Sa fratrie se composait Ă©galement de ses frĂšres Carlos et Ricardo et de sa sĆur Isabel[2]. Carlos Villalba Riquelme, nĂ© Ă MontalbĂĄn (province de Cordoue) en 1854, Ă©pousa Luisa Escudero Requejo Ă SĂ©ville en 1879 et pĂ©rit pendant son service Ă Surigao (Philippines) en 1893. Isabel prit lâhabit et entra au couvent des Comendadoras de Santiago Ă TolĂšde en 1893.
Ă lâĂąge de 14 ans, JosĂ© Villalba fut emmenĂ© par son pĂšre â alors porteur du grade de commandant dans le bataillon sanitaire espagnol (Sanidad Militar Española) â Ă lâĂźle de Porto Rico, oĂč il sâinscrivit comme cadet dâinfanterie le [3] - [4]. Promu au grade dâenseigne en , il sâenrĂŽla en 1875 dans lâarmĂ©e de la mĂ©tropole espagnole, en mĂȘme temps quâil montait au grade de lieutenant[4].
Il contracta mariage avec Luz Rubio Rivas, avec qui il aura quatre filles : Luz, Adela (qui Ă©pousera VĂctor MartĂnez Simancas), MarĂa Luisa et Isabel, en plus de six fils, tous futurs militaires de lâarmĂ©e espagnole : Ricardo Villalba Rubio, Antonio Villalba Rubio, JosĂ© Villalba Rubio, Ălvaro Villalba Rubio, Fernando Villalba Rubio et Carlos JosĂ© Villalba. Câest par ces six fils que JosĂ© Villalba Riquelme, dĂ©jĂ liĂ© Ă deux dynasties ayant fourni des militaires Ă lâEspagne, devint Ă son tour le fondateur dâune dynastie qui a fait don Ă lâEspagne de plusieurs gĂ©nĂ©rations de militaires. Lui-mĂȘme Ă©tait aussi le cousin du gĂ©nĂ©ral JosĂ© Riquelme y LĂłpez-Bago.
AprĂšs avoir pris part Ă quelques actions sur le front carliste, il sollicita, et obtint, sa mutation vers Cuba, oĂč se dĂ©roulait Ă ce moment-lĂ la dĂ©nommĂ©e Petite Guerre (Guerra Chiquita). Le jeune lieutenant Villalba participa activement, Ă partir de , aux opĂ©rations militaires de la quatriĂšme et ultime phase du conflit, jusquâĂ la signature de la paix de ZanjĂłn le . De retour dans la mĂ©tropole, il prit du service dans diffĂ©rentes unitĂ©s, avant dâĂȘtre appelĂ© en 1882 Ă accomplir la mission qui avait pour lui le plus grand attrait : lâenseignement[4].
LâAcadĂ©mie dâinfanterie de TolĂšde
En 1882, JosĂ© Villalba Riquelme reçut pour la premiĂšre fois une affectation Ă lâAcadĂ©mie dâinfanterie de TolĂšde, dont il allait finir par devenir le directeur[5] et oĂč il eut le loisir de mettre en Ćuvre ses idĂ©es sur lâĂ©ducation physique, laquelle Ă©tait vue par lui en premier lieu comme Ă©lĂ©ment constitutif de lâinstruction militaire, mais plus largement aussi de lâinstruction scolaire en gĂ©nĂ©ral[6]. NommĂ© dâabord professeur de gĂ©ographie et histoire militaires Ă lâAcadĂ©mie dâinfanterie de TolĂšde, il rejoignit ensuite, dans la mĂȘme ville, le corps professoral de lâAcadĂ©mie gĂ©nĂ©rale militaire, pour enfin, Ă partir de 1893, Ă la suite de la rĂ©organisation dĂ©cidĂ©e par le gĂ©nĂ©ral LĂłpez DomĂnguez, revenir Ă lâAcadĂ©mie dâinfanterie. Ainsi, entre 1882 y 1898, Villalba Riquelme voua-t-il â abstraction faite de quelques courts intervalles de temps â seize annĂ©es Ă lâenseignement militaire, dispensant des cours dans quasi toutes les matiĂšres (tactique militaire, tir, gĂ©ographie et histoire militaires, comptabilitĂ©, chemins de fer etc.). Câest lĂ aussi quâil composa la plus grande partie de son Ćuvre technique, en particulier son traitĂ© TĂĄctica de las tres armas, assorti dâun atlas, paru en 1887, maĂźtre-ouvrage en trois tomes, qui connut une douzaine dâĂ©ditions, servit de manuel dâĂ©tude Ă lâAcadĂ©mie pendant environ quarante ans, fut applaudi dans toute lâEspagne et Ă lâĂ©tranger, et valut Ă son auteur une promotion Ă capitaine dâinfanterie en [4]. Quelques annĂ©es auparavant dĂ©jĂ , il avait Ă©crit son premier livre, Nociones de fortificaciĂłn de campaña Ă© idea de la permanente (1882), lui aussi largement apprĂ©ciĂ© et rĂ©compensĂ©, et utilisĂ© comme manuel de lâAcadĂ©mie pendant de longues annĂ©es. LâamĂ©lioration des services de lâAcadĂ©mie, la hausse de la qualitĂ© des Ă©tudes pour les cadets, et le perfectionnement de leurs aptitudes pratiques, notamment par lâintroduction de lâĂ©ducation physique dans la formation, furent les trois grands axes des prĂ©occupations professionnelles de Villalba Riquelme, tant durant sa pĂ©riode initiale comme professeur que dans sa pĂ©riode comme directeur dâĂ©tudes[7], puis de directeur dâĂ©tablissement[8], et ultĂ©rieurement encore en tant que ministre de la Guerre.
Tandis quâil sâoccupait des destinĂ©es de lâAcadĂ©mie de TolĂšde, Villalba Riquelme fut nommĂ© aide de camp auprĂšs du capitaine gĂ©nĂ©ral et (Ă©phĂ©mĂšre) ministre de la Guerre Camilo GarcĂa de Polavieja, avec qui il noua une durable amitiĂ©[4]. AprĂšs la dĂ©mission de Polavieja comme ministre, celui-ci, sans doute favorablement impressionnĂ© par Villalba, le reprit en 1901 Ă son service comme aide de camp, auquel titre Villalba accompagna son maĂźtre dans ses fonctions successives de directeur gĂ©nĂ©ral de la Garde civile, de chef de la Maison militaire de S. M. le Roi, de chef de lâĂ©tat-major central, et de prĂ©sident suprĂȘme de la Guerre et de la Marine, et ce jusquâen 1907. Durant cette pĂ©riode madrilĂšne, il prit intensĂ©ment part au bouillonnement intellectuel qui animait alors le Centro del EjĂ©rcito y la Armada, et sâintĂ©gra dans le corps professoral de lâEscuela de Estudios Militares (littĂ©r. Ăcole des Ă©tudes militaires), dispensant les cours de tactique et dâinstruction Ă lâintention de lâinfanterie. Enfin, en , il fut nommĂ© directeur dâĂ©tudes Ă lâAcadĂ©mie dâinfanterie de TolĂšde, poste quâil occupera jusquâĂ son ascension au grade de colonel le [4].
Ses bons rĂ©sultats furent rĂ©compensĂ©s par une bourse d'Ă©tudes, quâil cĂ©da Ă deux capitaines, de sorte que ceux-ci puissent se rendre en SuĂšde pour y Ă©tudier les mĂ©thodes dâĂ©ducation physique appliquĂ©es dans ce pays. Câest lâĂ©poque aussi oĂč sâinscrivit comme cadet le futur Caudillo Francisco Franco, qui devait par la suite se souvenir de Villalba comme de la personne qui avait exercĂ© la plus forte influence sur son instruction militaire et comme celui qui lui donna la possibilitĂ© â Ă lui et Ă quelques-uns de ses camarades de promotion â de faire ses premiĂšres armes au Maroc, dans la guerre du Rif, Franco sâĂ©tant en effet adressĂ© Ă lui en 1912 pour solliciter dâĂȘtre versĂ© dans son rĂ©giment Ăfrica no 68, qui combattait en Afrique du Nord[9] - [10] - [11].
Sa deuxiĂšme pĂ©riode dâenseignant Ă lâAcadĂ©mie, de 1907 Ă 1912, oĂč il exerça comme « lieutenant-colonel chef dâĂ©tudes » et plus tard comme « colonel directeur », est celle oĂč son activitĂ© fut la plus fĂ©conde, avec notamment la rĂ©forme et la rĂ©organisation des plans dâĂ©tudes de ladite institution. Sa volontĂ© dâintroduire dans lâAcadĂ©mie les techniques militaires les plus rĂ©centes et de mettre en application les nouveaux plans dâĂ©tudes rendus nĂ©cessaires par les Ă©volutions contemporaines Ă©tait le moteur de son travail dâenseignant et de son action de rĂ©novation, de lâAcadĂ©mie dâinfanterie dâabord, de lâarmĂ©e dans son ensemble ensuite[6]. PlacĂ© Ă la tĂȘte de lâAcadĂ©mie entre avril 1909 et janvier 1912, Villalba Riquelme, portant une attention particuliĂšre Ă la condition physique des cadets, favorisa les compĂ©titions sportives et imposa des Ă©preuves physiques prĂ©alables Ă lâadmission dans lâĂ©tablissement. Dâautre part, pĂ©nĂ©trĂ© de lâimportance de la formation pratique, il dĂ©veloppa plus avant (e.a. en Ă©rigeant des baraquements en maçonnerie) le campement de los Alijares, sis Ă l'est de la ville, oĂč les Ă©lĂšves pouvaient accomplir des manĆuvres pratiques[4] - [12].
Câest Ă©galement vers cette Ă©poque que Villalba se proposa de doter lâAcadĂ©mie dâun hymne. Ayant Ă©tĂ© informĂ© que parmi ses cadets se trouvait un musicien, Fernando DĂaz Giles[13], Villalba lui confia cette tĂąche, que le jeune homme remplit Ă la faveur d'un sĂ©jour dâune semaine au cachot sur ordre du lieutenant Fausto GarcĂa PĂ©rez, Ă©pisode anecdotique[14] ; lâhymne composĂ© par lui Ă cette occasion[15] fut exĂ©cutĂ© pour la premiĂšre fois le et deviendra par la suite l'hymne de toute lâinfanterie espagnole.
Il lui fut donnĂ© d'assister Ă des manĆuvres militaires françaises, dont il tira quelques idĂ©es qui lui seront dâutilitĂ© dans la future rĂ©forme militaire entreprise par lui aprĂšs sa nomination comme ministre de la Guerre. Il se vit dĂ©cerner la lĂ©gion dâhonneur française et confĂ©rer le titre de « Gentilhomme de la Chambre avec exercice » (Gentilhombre de cĂĄmara con ejercicio) par S. M. le roi don Alphonse XIII.
Guerre du Rif
En 1912, Villalba Riquelme fut versĂ© comme colonel dans le rĂ©giment Ăfrica no 68, cantonnĂ© au Maroc espagnol, et dans lequel Francisco Franco lui demanda, et obtint, de pouvoir occuper le poste de lieutenant en second, amorce de la carriĂšre dâofficier africaniste du futur Caudillo[16] - [17]. La plus grande partie de son unitĂ© stationnait dans le campement de Tifasor, trĂšs proche dâune zone peu sĂ»re, la vallĂ©e du fleuve Kert, oĂč sĂ©vissait le redoutable El Mizzian[18]. La mission des militaires au Maroc consistait alors Ă interdire aux rebelles rifains de prĂȘter main-forte aux hommes dâEl Mizzian[19], ce qui se traduisait par une succession de batailles et dâescarmouches de faible ampleur, qui constituaient la dĂ©nommĂ©e campagne du Kert et qui se prolongĂšrent jusquâĂ la mort dâEl Mizzian en . Ayant participĂ© Ă nombre de ces combats[4], le colonel Villalba et son rĂ©giment sâĂ©taient bientĂŽt acquis la reconnaissance de leurs supĂ©rieurs[20]. Ă un certain moment, il fut requis par le commandement de sâentretenir avec le chef de tribu RaĂŻssouni, qui, aprĂšs avoir Ă©tĂ© ami de lâEspagne, sâĂ©tait mis Ă la combattre. Villalba Riquelme obtint lors de cette entrevue qu'El Raisouni reconduise son alliance avec les Espagnols, ce qui coĂ»tera la vie au chef rifain, le meneur rebelle Abd el-Krim nâayant en effet de cesse dorĂ©navant quâil ne lâeĂ»t capturĂ© et assassinĂ©[21].
En octobre de cette mĂȘme annĂ©e 1912, Villalba fut promu gĂ©nĂ©ral de brigade pour mĂ©rites de guerre, puis chef dâĂ©tat-major de la capitainerie gĂ©nĂ©rale de la SixiĂšme RĂ©gion, sous-inspecteur de troupes du Commandement gĂ©nĂ©ral de Melilla[22], et le jour de NoĂ«l 1912, sous-inspecteur des troupes au Commandement gĂ©nĂ©ral de Melilla[4]. Plus tard enfin, il assuma la prĂ©sidence de la Junta de Arbitrios (ComitĂ© dâarbitrage, organe de lâadministration militaire) de cette mĂȘme ville[23].
Ă la tĂȘte de la 1re Brigade de Melilla, il rĂ©alisa Ă partir de 1914 une sĂ©rie dâopĂ©rations visant Ă la mise en place de communications tĂ©lĂ©graphiques, Ă la protection des convois et Ă la consolidation des positions espagnoles. Dans le cadre de cette affectation, il dĂ©ploya un intense travail de reconnaissance de terrain et conseillait le haut commandement en matiĂšre de positions Ă occuper et sur dâautres aspects, en plus de prendre personnellement Ă sa charge le passage en revue et lâinstruction des troupes sous son commandement[4].
En , il fut affectĂ© Ă Larache comme commandant gĂ©nĂ©ral[24], y dĂ©veloppant de nombreuses actions dâoccupation de territoire, et en fut Ă©levĂ©, en reconnaissance de son activitĂ© sur le sol africain, au grade de gĂ©nĂ©ral de division[4].
Gouverneur militaire de Gibraltar
En 1917, Villalba Riquelme fut nommĂ© gouverneur militaire de Campo de Gibraltar, Ă un moment oĂč cette zone en particulier Ă©tait secouĂ©e par de frĂ©quents mouvements de protestation et de grĂšve[25] - [4]. Il sut, sous le regard des autoritĂ©s britanniques du Rocher, manĆuvrer avec diplomatie, ce qui lui valut dâĂȘtre fĂ©licitĂ© par le roi Alphonse XIII et dâĂȘtre dĂ©corĂ© par le roi George V dâAngleterre de lâOrdre de Saint-Michel et Saint-Georges, avec le droit de placer devant son prĂ©nom le prĂ©dicat honorifique Sir.
Il dĂ©ploya le mĂȘme tact et la mĂȘme prudence dans les conflits sociaux dont AlgĂ©siras fut le thĂ©Ăątre tout au long de lâannĂ©e 1919, en particulier dĂ©but fĂ©vrier, avec la grĂšve des ouvriers du port, et en mars, avec le mouvement de grĂšve gĂ©nĂ©rale dĂ©clenchĂ© Ă Barcelone et Madrid, qui entraĂźna la proclamation de lâĂ©tat de guerre sur lâensemble du territoire espagnol[4].
Ministre de la Guerre et sénateur
En 1919, le gouvernement de Manuel Allendesalazar nomma Villalba Riquelme ministre de la Guerre, amorçant une nouvelle pĂ©riode dans son curriculum qui, si elle fut brĂšve, se rĂ©vĂ©la fructueuse, puisquâelle le plaça en position de mettre en pratique ses idĂ©es en matiĂšre de rĂ©novation militaire[26], lui permettant en particulier de fonder lâĂcole centrale dâĂ©ducation physique de TolĂšde[27] et dâentamer une rĂ©organisation en profondeur de lâarmĂ©e[28].
En fut ainsi crĂ©Ă© par DĂ©cret royal dans la ville de TolĂšde un Ă©tablissement dâĂ©ducation physique et dâinstruction militaire, lâEscuela Central de EducaciĂłn FĂsica, rebaptisĂ© plus tard Escuela Central de Gimnasia, qui parallĂšlement stimula aussi la formation dâenseignants en cette matiĂšre[29], tant dans la sphĂšre strictement militaire que dans celle Ă©ducative[30].
Lâune des premiĂšres mesures dĂ©cidĂ©es par Villalba Riquelme dans le cadre de sa rĂ©forme des armĂ©es fut de mettre sur pied le Tercio de Extranjeros, dĂ©nomination par laquelle Ă©tait dĂ©signĂ©e dans ses dĂ©buts la LĂ©gion Ă©trangĂšre espagnole. Le fut promulguĂ© le DĂ©cret royal y affĂ©rent, lequel Ă©nonçait notamment : « Sous la dĂ©nomination de Tercio de Extranjeros sera crĂ©Ă©e une unitĂ© militaire armĂ©e, dont les effectifs, les Ă©quipements et le rĂšglement appelĂ© Ă le rĂ©gir seront fixĂ©s par le ministre de la Guerre »[31]. Ensuite, le , le gouverneur militaire dâOviedo reçut un tĂ©lĂ©gramme du ministre de la Guerre, câest-Ă -dire du gĂ©nĂ©ral Villalba, lâinformant quâen vertu du R.O. (Real Orden, RĂšglement royal) du , il avait Ă©tĂ© disposĂ© que le lieutenant-colonel JosĂ© MillĂĄn-Astray, sans prĂ©judice de son lieu dâaffectation, sâĂ©tait vu confier la mission dâorganiser le Tercio de Extranjeros nouvellement crĂ©Ă©[32].
Villalba Riquelme fit parvenir Ă S. M. le roi une note dans laquelle il lâinformait des carences dont souffrait au Maroc le dispositif du gĂ©nĂ©ral Silvestre et plus gĂ©nĂ©ralement toute lâarmĂ©e espagnole dâAfrique et lui indiquait les mesures quâil y aurait lieu de prendre pour y remĂ©dier â mesures quâil ne fut plus en Ă©tat de mettre Ă exĂ©cution aprĂšs que la chute du gouvernement Allendesalazar eut bientĂŽt rendu caducs sa fonction et son projet[33]. La rĂ©alitĂ© des dĂ©faillances mises au jour dans le copieux exposĂ© de Villalba put ĂȘtre vĂ©rifiĂ©e dĂšs lâannĂ©e suivante, lors du dĂ©sastre dâAnoual, consĂ©quence directe des carences dĂ©noncĂ©es par Villalba.
Il lui incomba Ă©galement de rĂ©soudre le problĂšme posĂ© par les dĂ©nommĂ©es Juntas de Defensa, porteuses de revendications non seulement catĂ©gorielles, mais aussi politiques. Villalba eut Ă tĂąche de transformer lesdites Juntas en Comisiones Informativas, dans le but d'offrir une plate-forme lĂ©gale aux aspirations sociales des militaires des diffĂ©rents corps et armes. Le , Ă lâissue dâĂąpres nĂ©gociations avec les prĂ©sidents des Juntas, fut publiĂ© le DĂ©cret royal portant crĂ©ation des Comisiones, au moyen duquel le gouvernement escomptait la dissolution des Juntes de DĂ©fense intrusives et difficilement contrĂŽlables. Cependant, le , Villalba prĂ©senta sa dĂ©mission, sous la pression de ses camarades militaires mais aussi de ses confrĂšres au Conseil des ministres[4].
En 1923, il fut dĂ©signĂ© sĂ©nateur du Royaume en reprĂ©sentation dâAlicante pour les lĂ©gislatures 1921-1922 et 1923[34]. Câest en cette qualitĂ© quâil se vit confrontĂ© au dĂ©sastre dâAnoual et quâil se signala par un vibrant plaidoyer devant la Chambre des reprĂ©sentants en faveur du gĂ©nĂ©ral Juan Picasso GonzĂĄlez[35], quâon accusait de « tĂ©mĂ©ritĂ© imprudente ».
Entre 1920 et 1924, il siĂ©gea au sein du Conseil supĂ©rieur de la guerre et de la marine[36] et prĂ©sida Ă©galement la Commission pour la rĂ©forme de lâenseignement militaire[37] - [38].
Sous la dictature de Primo de Rivera
En 1925, en reconnaissance de son travail dans le domaine de lâĂ©ducation physique, Villalba Riquelme fut nommĂ© prĂ©sident de la Commission interministĂ©rielle pour lâĂ©tude et la rĂ©glementation de lâĂ©ducation physique et de lâinstruction prĂ©militaire[39], puis, plus tard, du ComitĂ© pour la culture physique[40]. La mĂȘme annĂ©e, dans le but de lui permettre de mieux remplir sa mission dans ladite commission, il put bĂ©nĂ©ficier dâune annĂ©e sabbatique pour Ă©tudier les derniĂšres avancĂ©es de lâĂ©ducation physique en France, en Allemagne, en Italie, en Belgique, en SuĂšde et en Autriche[41].
En 1927, par disposition de Miguel Primo de Rivera, le gĂ©nĂ©ral Villalba fut dĂ©signĂ© membre de lâAssemblĂ©e nationale consultative, rĂ©cemment mise en place, en reprĂ©sentation de lâĂtat aux termes de lâarticle 18 du DĂ©cret royal, charge quâil remplit jusquâen 1930[42] - [43].
En 1929, Primo de Rivera le nomma directeur du Servicio Nacional de EducaciĂłn FĂsica, Ciudadana y Premilitar (littĂ©r. Service national dâĂ©ducation physique, citoyenne et prĂ©militaire), qui venait dâĂȘtre crĂ©Ă©.
DerniÚres années
En retrait de toute activitĂ© militaire depuis 1933, Villalba Riquelme vit en 1936, Ă lâĂąge de prĂšs de quatre-vingts ans, un groupe de miliciens rĂ©publicains se prĂ©senter Ă son domicile dans lâintention de lâemmener Ă la « TchĂ©ca » (police secrĂšte rĂ©publicaine pendant la Guerre civile). Pour lây soustraire, la mission diplomatique britannique confĂ©ra au logis de Villalba le rang de lĂ©gation diplomatique, et une sentinelle militaire anglaise veilla ensuite sur lui tout au long de la Guerre civile.
Ă partir de 1943 et jusquâĂ sa mort lâannĂ©e suivante, il occupa la prĂ©sidence du ComitĂ© supĂ©rieur des patronages dâorphelins de militaires (en espagnol : Junta Superior de Patronatos de HuĂ©rfanos de Militares)[4].
Ćuvre Ă©crite
Si la production Ă©crite de Villalba Riquelme est essentiellement composĂ©e dâouvrages de tactique militaire, dont un bon nombre ont servi de manuels dâenseignement Ă lâAcadĂ©mie militaire jusque bien avant dans la pĂ©riode franquiste, elle se signale Ă©galement par une quantitĂ© importante dâĂ©crits sur lâĂ©ducation physique, soit quâils ont Ă©tĂ© rĂ©digĂ©s directement par lui, tels que son rapport intitulĂ© Necesidades de los ejercicios fĂsicos en los elementos armados del paĂs (littĂ©r. NĂ©cessitĂ© des exercices physiques dans les Ă©lĂ©ments armĂ©s du pays), soit quâils ont Ă©tĂ© impulsĂ©s ou diffusĂ©s par ses soins, comme le Reglamento provisional de Gimnasia para la infanterĂa (RĂšglement provisoire de gymnastique pour lâinfanterie, 1911), le Reglamento de instrucciĂłn fĂsica para el EjĂ©rcito (RĂšglement dâinstruction physique pour lâarmĂ©e, 1927), la Cartilla para la instrucciĂłn fĂsica del soldado (Carnet pour lâinstruction physique du soldat, 1927) et aussi la Cartilla GimnĂĄstica Infantil (1924), cette derniĂšre destinĂ©e Ă lâĂ©ducation physique dans les Ă©coles.
Les cours de spécialisation en éducation physique pour maßtres qui ont été organisés sous son mandat sur la base de la doctrine pédagogique véhiculée par la Cartilla constituent le premier plan de formation permanente en éducation physique jamais mis en place en Espagne.
- Nociones de fortificación de campaña (1882)[44].
- Tiro Nacional : Cartilla del Tirador (Carnet du tireur, 1901).
- TĂĄctica de las tres Armas (1903, 1923 et 1928)[45].
- La maniobra de Liao-Yang (Guerra Ruso-Japonesa) (1905, conférence prononcée au Centro Militaire)[46].
- Elementos de logĂstica: marcha, reposo, exploraciĂłn, seguridad (1908)[47].
- Ensayo de un mĂ©todo para la instrucciĂłn de los reclutas en armonĂa con el reglamento tĂĄctico (1911)[48].
- Instrucciones para las pråcticas del servicio en campaña (1912)[49].
- Apuntes de literatura militar (1894)[50].
- Concepto sobre enseñanza militar (1906)[51].
- Fogatas y Pedreras (1904)[52].
- TĂĄctica de InfanterĂa y mĂ©todo de instrucciĂłn (1905)[53].
- Juego de la guerra. Ensayo de unas instrucciones para su exécution y ejercicios pråcticos (1912)[54].
- ConstrucciĂłn de un juego de la guerra (escala 1:5,000 ). Contiene piezas para representar en azul y rojo, una columna de las tres armas (1898)[55].
- Instrucciones para maniobras con cuadros (1907)[56].
- La movilizaciĂłn nacional en caso de guerra (1907)[56].
- Armamento y organizaciĂłn de la InfanterĂa (1922)[57].
- OrganizaciĂłn de la educaciĂłn fĂsica e instrucciĂłn premilitar en Francia, Suecia, Alemania e Italia (1927)[58].
- Aparato para la punterĂa automĂĄtica de las armas de fuego (1900)[59].
- La InfanterĂa en los sucesos de Melilla (1911)[48].
- Enseñanzas del médico militar en campaña (1912)[49].
Insignes, décorations et titres honorifiques
Villalba Riquelme fut plusieurs fois dĂ©corĂ© tant par son pays lâEspagne que par des pays Ă©trangers[60].
- Chevalier-commandeur de la lâOrdre de Saint-Michel et Saint-Georges.
- Croix-Rouge de 1re classe du Mérite militaire, avec décoration blanche.
- Médaille commémorative de la Campagne de Cuba avec décoration rouge.
- Grand-Croix de lâOrdre d'Isabelle la Catholique.
- Grand-Croix de lâOrdre de Saint-HermĂ©nĂ©gilde.
- Croix de lâOrdre de Saint-HermĂ©nĂ©gilde.
- Croix de 2e classe du Mérite militaire, avec décoration blanche, pour son ouvrage Tåctica de las tres Armas.
- Grand-Croix dâofficier de la LĂ©gion dâhonneur de la RĂ©publique française.
- MĂ©daille de los sitios de Zaragoza.
- Commandeur de l'Ordre civil d'Alphonse XII.
- MĂ©daille d'or de la Croix-Rouge espagnole
- Croix de 3e classe du Mérite militaire, avec décoration rouge.
- MĂ©daille dâAfrique.
- Grand-Croix du Mérite militaire, avec décoration rouge.
- Distinction du Professorat.
- MĂ©daille dâAlphonso XII avec ruban de GuipĂșzcoa.
- Titre de Gentilhomme de chambre de S. M. don Alphonse XIII avec exercice.
- Plaque dâhonneur de la Croix rouge espagnole.
- Croix de 3e classe du MĂ©rite naval.
- MĂ©daille dâor de lâInstitut national de prĂ©voyance.
- Collier de lâOrdre portugais de Santiago.
- Grand-Croix du Mérite naval avec décoration blanche.
- Croix de premiĂšre classe de lâOrdre du TrĂ©sor sacrĂ©, dĂ©cernĂ© par S. M. lâEmpereur du Japon.
Notes et références
- (es) MarĂa Teresa LĂłpez del Castillo, « Una notable iniciativa del municipio madrileño: creaciĂłn de la inspecciĂłn escolar femenina en el siglo XIX », Anales del Instituto de Estudios Madrileños, Madrid, no 54,â , p. 143-180
- (es) « Blanco y Negro », ABC, Madrid,â , p. 17 (lire en ligne)
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Bibliographie
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- BartolomĂ© Bennassar, Franco. Enfance et adolescence, Paris, Ăditions Autrement, coll. « Naissance dâun destin », , 193 p. (ISBN 2-7028-3307-1)
Liens externes
- (es) « Hemos de pasar y pasaremos »
- (es) Tåctica de las tres armas, premier ouvrage rédigé par le général Villalba
- (es) Fundador de la Legión Española
- (es) Sur la légion espagnole
- (es) Fondation de l'Escuela Central de EducaciĂłn FĂsica de TolĂšde
- (es) Initiateur de l'Ă©ducation physique dans les Ă©coles espagnoles
- (es) Paroles de l'hymne de l'Infanterie espagnole
- (es) GenĂšse de l'hymne de l'Infanterie
- (es) Pablo Gonzålez-Pola de la Granja, « José Villalba Riquelme », sur Diccionario biogråfico español, Madrid, Real Academia de la Historia, (consulté le )