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John Waters (réalisateur)

John Waters, né le à Baltimore (Maryland), est un réalisateur, acteur américain et également professeur de cinéma.

John Waters
John Waters en 2014.
Biographie
Naissance
Nom de naissance
John Samuel Waters Jr.
Nationalité
Formation
Calvert School (en)
Boys' Latin School of Maryland (en)
Calvert Hall College High School (en)
Université de New York
Activités
Période d'activité
depuis
Père
John Samuel Waters (d)
Mère
Patricia Ann Whitaker (d)
Autres informations
Parti politique
Mouvement
Représenté par
Marianne Boesky Gallery (en)
Genres artistiques
Installation (en), art figuratif
Distinction
Films notables

Biographie

Fils de Patricia Ann (née Whitaker) et John Samuel Waters, il grandit à Lutherville dans la banlieue de Baltimore (Maryland). Il rentre dans une école catholique dont il ressort plus provocateur que jamais. Sa grand-mère lui offre sa première caméra à l’âge de 16 ans. Parce que ses études de cinéma l’ennuient, il quitte l’université NYU et réalise deux films en mm : Hag in a Black Leather Jacket et Roman Candles (1964) ; ses influences sont Jean-Luc Godard, Walt Disney, Andy Warhol, Russ Meyer, Kenneth Anger, Ingmar Bergman et Herschell Gordon Lewis.

Carrière

Tous les films de Waters se passent à Baltimore, où il fait jouer des acteurs aussi différents que Divine, David Lochary, Mary Vivian Pearce, Mink Stole et Edith Massey. Il a aussi noué des liens avec des personnes telles que le décorateur Vincent Eriano, le créateur de costumes Van Smith et le directeur de casting Pat Moran ; tous l’aideront à donner à ses films le « Waters Look ».

Signature autographe de
John Waters

Au début des années 1970, Waters signe ses deux pamphlets les plus violents : Pink Flamingos, pour lequel il devra payer une amende pour obscénité, et Female Trouble dans lequel la drag queen Divine réussit la performance de se violer elle-même. Mais son œuvre commence à être reconnue, au point que le musée d’art moderne de New York (MoMA) inclut Pink Flamingos dans sa collection permanente[1]. Considéré comme un cinéaste culte, grand représentant du film underground (film expérimental, indépendant, produit sans l’aide des grands studios), Waters se fait connaître internationalement avec Polyester, le premier film en « odorama » (un sticker avec des pastilles à gratter était remis à l’entrée de la salle). Hairspray marque un tournant dans une filmographie se tournant vers un public plus large mais gardant un esprit caustique.

En 1988, la disparition de son acteur-fétiche Divine afflige Waters. Vient ensuite Cry-Baby dans lequel il révèle le talent de Johnny Depp. Mais c’est en 1994 que le réalisateur entre dans la fameuse « A-list » (film produit par une major) avec Serial Mother dans lequel Kathleen Turner tue à tour de bras, comédie noire qui sera présentée hors compétition à Cannes. Entre ce film et Pecker, Waters a introduit son cinéma dans l’art contemporain en accolant des images extraites de ses films et saisies sur un écran de télévision – comme un « story-board photographique ». Il a également rénové la copie de Pink Flamingos pour son 25e anniversaire, ajoutant certaines scènes coupées au montage et présentant le film « neuf » au Festival du cinéma américain de Deauville. En 2020 il était l'invité d'honneur du festival Écrans Mixtes à Lyon qui a rendu hommage à sa carrière à travers une rétrospective[2].

Parallèlement à sa carrière cinématographique, John Waters a écrit plusieurs livres.

Analyse de l'Ĺ“uvre

Sujets

Cinéaste atypique, cassant les genres par un cinéma résolument « trash », ses premiers films du genre sont Pink Flamingos, Female Trouble et Desperate Living. Des films en totale rupture avec les conventions et le bon goût, comme en témoigne une scène culte de Pink Flamingos dans laquelle Divine, acteur fétiche de John Waters, mange des excréments de chien.

John Waters fait souvent place aux femmes fortes dans ses films. Nombreuses sont ses héroïnes aux formes généreuses. Divine dans la plupart de ses films, mais aussi Ricki Lake dans Hairspray, où elle vampe les hommes et remporte un concours de danse devant toutes les autres candidates minces.

À partir de Hairspray, on notera un assagissement, du point de vue « trash », même si ses films auront toujours cette touche anti-conventionnelle qui caractérise John Waters. Que ce soit dans le choix des acteurs, aux physiques en totale opposition avec les acteurs américains conventionnels, que ce soit par l'humour qui caractérise ses œuvres, humour bien souvent noir ou décalé, voire de mauvais goût. Mais également au niveau des scénarios, qui nous emmènent dans des situations complément ahurissantes : ses films, même moins provocants qu’à ses débuts, seront toujours caractérisés par une vraie rupture avec le cinéma américain conventionnel.

À la différence de ses premiers films caractérisés par son mauvais goût, il utilisera une image plus « douce », plus « propre » dans les années 1980-90 mais son discours sera d'autant plus virulent et la perversion d'autant plus efficace : utiliser les conventions d'un teen movie (Hairspray) ou d'un soap opéra (Polyester) pour mieux les détourner est une des meilleures réussites du style Waters.

La ville de Baltimore selon John Waters

Tous les films de John Waters se passent à Baltimore, ville où il est né. Il accorde un attachement particulier à cette ville et sa population. « À Baltimore aujourd'hui — le maire va me reprocher de ne pas faire un portrait flatteur — toutes les classes moyennes sont parties. Il ne reste que des pauvres, Blancs et Noirs, et des riches. Les bars sont sympas mais mieux vaut éviter de traîner dans la rue. À Baltimore, les gens ont beaucoup d'humour. Ils se croient normaux, mais ils sont complètement barrés. Ils refusent de quitter la ville et ne comprennent pas ceux qui le font. Mais ce qui les fait rire, c'est en général ce qui choque n'importe qui d'autre. Les gens sont tous obèses, c'est la capitale de la mayonnaise. On a de chouettes fripperies, de chouettes bars. On excelle dans tout ce qui est minable. Le chic, un peu moins. Le seul truc chic de Baltimore, ce sont des éleveurs de purs-sangs dans leurs superbes cottages. J'ai grandi à Baltimore en vouant un culte à tout ce que la ville tentait de cacher. Dans mes films, je disais du bien de ce que les gens détestaient »[3].

Influences cinématographiques et littéraires

John Waters a avoué avoir été marqué par des films comme Fuego d'Armando Bo, ou par « des films cochons qui se passent dans des prisons pour femmes. »

« Jean Genet m'a aussi beaucoup influencé. La beauté du crime, c'est tout le propos du film Polyester. Le fait de croire à ça, c'est venu de Genet, un type avec assez de style et de génie pour dépeindre l'envers du décor. Genet m'a sauvé la vie, j'ai adoré tous ses livres. Ils me dispensaient de me farcir tous ceux que je n'aimais pas. Cela m'a donné la certitude que je pouvais continuer sur cette voie. »

John Waters apprécie les films français : « J'ai grandi avec eux et j'en regarde encore ». Il a déclaré préférer « les films d'art et d'essai aux films hollywoodiens qui pratiquent le terrorisme. Dans tous les pays du monde, ils flinguent le cinéma ».

Au sujet des films de Blaxploitation : « j'ai essayé de mélanger leurs idées avec celles des films d'art qui étaient les seuls à briser les tabous avec leur contenu sexuel. C'est en mélangeant tous ces genres que j'ai trouvé le style de mes films. J'ai voulu réinventer ce que je voyais. »

Divine, acteur fétiche de John Waters

Divine par Origa.

Divine reste l'acteur fétiche de John Waters. Dans ses premiers films, Divine n'avait jamais le premier rôle. Il a interprété Jackie Kennedy dans son film Eat Your Makeup. Divine s'est imposé dans des rôles plus importants, au fur et à mesure.

Divine (Glenn) et John se sont connus en 1963 par une amie commune. Les parents de Divine ont emmĂ©nagĂ© dans le quartier de John Waters. Glen Ă©tait fils unique. Selon les dires de John Waters, « c'Ă©tait un tocard au lycĂ©e. Ă€ 16 ans il ne sortait toujours pas. Il se faisait toujours taper dessus. Je me suis servi plus tard de la colère qu'il y avait en lui pour faire naĂ®tre cette beautĂ© insolite qu'il est devenu. En temps normal, il ne se travestissait pas. Il n'Ă©tait Divine que dans mes films, ou pour sa carrière musicale. Il ne se baladait pas comme ça. On s'entendait très bien car il Ă©tait parfait pour devenir le porte-parole de ce que j'avais Ă  dire. J'ai mis sa colère Ă  profit pour crĂ©er cette chose monstrueuse. Il Ă©tait ma crĂ©ature en quelque sorte, grâce Ă  qui je pouvais tirer sur les hĂ©tĂ©ros comme sur les homos. Les drag-queens dĂ©testaient Divine. Elles voulaient toutes ressembler Ă  des reines de beautĂ© ou Ă  de vraies femmes. Divine dĂ©barquait avec de fausses cicatrices, ses 150 kg engoncĂ©s dans une minijupe et une tronçonneuse Ă  la main ! Il se payait leur tĂŞte. Divine savait comme moi qu'il Ă©tait devenu un monstre. Plus tard, il a commencĂ© Ă  jouer une vraie femme dans mes films, une mère de famille obèse et alcoolique (Polyester) ou une ouvrière repasseuse de linges (Hairspray), une pauvre mĂ©nagère avec ses bigoudis sur la tĂŞte. C'est lĂ  que c'est devenu gĂ©nial. Divine maltraitait et dĂ©naturait totalement son image. »

Citations

Source : The Baltimore illustrated Gossip, (plaquette de présentation du film Serial mother)

« J'ai toujours trouvé passionnant qu'un sujet tragique — ou considéré comme tel en général — acquière un potentiel comique, comme par enchantement, lors de son passage à l'écran. »

« J'ai toujours été fasciné par la vie secrète des gens, je pense que chacun d'entre nous a une vie secrète. Je pense que la société continue à fonctionner grâce à nos plus mauvais côtés. »

Ses collaborateurs et partenaires

Derrière la caméra

Au fur et à mesure de sa carrière, John Waters s'est entouré d'une équipe de collaborateurs qu'il retrouve à chaque nouveau film (les Dreamlanders).

Devant la caméra

Pour les acteurs, John Waters a également ses « habitués ».

John Waters a participĂ©, en 2006, au film Jackass 2 oĂą nous le voyons dans un hĂ´tel de luxe, poussant Steve-O et Chris Pontius dans les escaliers sur un chariot Ă  bagages, tout en les traitant de petits batards. Il a Ă©galement pris le rĂ´le d'un magicien en faisant disparaĂ®tre Wee-Man, un autre membre de Jackass, sous une Ă©norme femme, de plus de 200 kilos, qui se jette dĂ©libĂ©rĂ©ment sur lui, sur le lit de sa chambre d'hĂ´tel.

Filmographie

Courts et moyens métrages

Longs métrages

Film inachevé

  • 1968 : Dorothy Kansas City Pothead : Le Magicien d’Oz version dĂ©fonce (ou Dorothy, la fumeuse de joint du Kansas). Seul film inachevĂ© de John Waters. Avec Pat Moran (Dorothy), George Figgs (l’épouvantail) et Maelcum Soul (la sorcière)[4].

Cinéma

Télévision

Documentaire

Autres participations

  • This Filthy World (en) : one-man show (2006)[6]
  • A John Waters Christmas : Compilation de chansons de NoĂ«l[7]
  • A Date with John Waters : Compilation de chansons romantiques[8]
  • Christmas Evil (1980) : commentaire audio sur le DVD (2006)
  • Maman très chère (1981) : commentaire audio sur le DVD ("Hollywood Royalty Edition" - 2006)
  • La Petite Sirène (1989) : interview dans le making of Ă  propos d'Howard Ashman et de l'inspiration derrière le personnage d'Ursula, Divine ("Special Edition DVD" - 2006)
  • Art:21 - Art in the 21st Century : introduction de l'Ă©pisode "Stories" de la saison 2 (PBS DVD series - 2007)
  • The Creep : clip vidĂ©o de The Lonely Island feat. Nicki Minaj : le prĂ©sentateur (2011)

Bibliographie

  • John Waters, 'Shock Value : A Tasteful Book About Bad Taste', New York, Delta Book, , 243 p. (ISBN 978-0-4405-5067-9)
    Publié en français sous le titre Provocation, Paris, Clancier-Guénaud, 1984, 307p (ISBN 2-86215-064-9), traduit par Jean-Pierre et Françoise Jackson.
  • John Waters, ''Crackpot : The Obsessions of John Waters'', New York, Scribner, (ISBN 978-0-7432-4627-9)
  • John Waters et Bruce Hainley, 'Art : A Sex Book', New York, Thames & Hudson, , 207 p. (ISBN 978-0-500-28435-3)
  • John Waters, 'Role Models', New York, Farrar, Straus and Giroux, (ISBN 978-0-374-53286-4)
  • John Waters, 'Carsick : John Waters Hitchhikes Across America', New York, Farrar, Straus and Giroux, , 336 p. (ISBN 978-0-374-29863-0)
  • John Waters, 'Make Trouble', New York, Algonquin Books, (ISBN 978-1-61620-635-2)
  • John Waters, 'Mr. Know-it-all : The Tarnished Wisdom of a Filth Elder', New York, Farrar, Straus and Giroux, , 384 p. (ISBN 978-0-3742-1496-8)
    Publié en français sous le titre M. Je-Sais-Tout: Conseils impurs d'un vieux dégueulasse, Paris, Actes Sud, 2021, 368p (ISBN 978-2-330-14880-5), traduit par Laure Manceau.
  • John Waters, 'Liarmouth: A Feel-Bad Romance', New York, Farrar, Straus and Giroux, (ISBN 978-0-37418-572-5)
    Publié en français sous le titre Sale menteuse. Une romance feel-bad, Paris, Gaïa, 2023 (ISBN 978-2-330-17838-3), traduit par Laure Manceau.


Scénarios

  • John Waters, 'Trash Trio: Three Screenplays: Pink Flamingos, Desperate Living, Flamingos Forever', New York, Vintage Books, , 258 p. (ISBN 978-0-394-75986-9)
  • John Waters, 'Hairspray, Female Trouble, and Multiple Maniacs : Three More Screenplays', New York, Thunder's Mouth Press, , 224 p. (ISBN 978-1-56025-702-8)

Livres de photographies

  • John Waters, 'Director's Cut', New York, Scalo, (ISBN 978-3-931141-56-1)
  • John Waters, 'Unwatchable', New York, Marianne Boesky Gallery, (ISBN 978-0-9779503-0-0)
  • John Waters, 'Indecent Exposure', New York, University of California Press, (ISBN 978-0-5203004-7-7)

Divers

  • John G. Ives, "John Waters : american originals", New York, Thunder's Mouth Press, (ISBN 978-1-56025-033-3)
  • Jack Stevenson, "Desperate Visions : The films of John Waters and the Kutchar Brothers", New York, Creation Books, (ISBN 978-1-87159-234-4)
  • "Entretien de John Waters avec Charles Esche". In Friends & family: Lily van der Stokker: wallpaintings and drawings, 1983-2003. [Dijon] : les Presses du rĂ©el, 2003, 487 p. Coll. "Art contemporain" no 6.
  • Marvin Heiferman, Gary Indiana et Lisa Phillips, "John Waters : Change Of Life", New York, Harry N. Abrams, (ISBN 978-0-8109-4306-3)
  • Todd Oldham et Cindy Sherman, "John Waters : Place Space", New York, AMMO Books, , 64 p. (ISBN 978-1-934429-02-0)
  • James Egan, "John Waters : Interviews", New York, University Press of Mississippi, (ISBN 978-1-61703-181-6)

Autres

Références

  1. https://www.moma.org/calendar/exhibitions/893
  2. « Festival Ecrans Mixtes, le festival de cinéma Queer de Lyon et de la Métropole de Lyon - Édition 2020 », sur festival-em.org (consulté le )
  3. Interview de John Watersn, supplément au DVD Polyester, éd. Metropolitan, 2006.
  4. https://www.youtube.com/watch?v=GHPDVGyrOx4
  5. (en) John Waters sur l’Internet Movie Database
  6. Neil Genzlinger, « This Filthy World - John Waters - Review - Movies », sur The New York Times, (consulté le )
  7. Guy Trebay, « John Waters Offers Season's Greeting With a Wink », sur The New York Times, (consulté le )
  8. Geoffrey Himes, « A Date With John Waters - Music », sur The New York Times, (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • La Revue du cinĂ©ma no 439, .
  • Première no 135, .
  • Première no 246, .
  • CinĂ© Live, no 25, .
  • Première no 267, .
  • CinĂ© Live no 37, .
  • Première no 281, .
  • RepĂ©rages no 13, .
  • Première no 340, .

Film documentaire sur John Waters

  • Divine Trash. RĂ©al. Steve Yeager. ScĂ©nario : Kevin Heffernan et Steve Yeager. Film rĂ©compensĂ© par le TrophĂ©e du meilleur documentaire au Festival du film de Sundance 1998

Liens externes

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