Traci Lords
Traci Lords [ËtÉčeÉȘsi lÉÉčdz][1] nĂ©e Nora Louise Kuzma (elle changea ultĂ©rieurement d'Ă©tat civil), est une actrice amĂ©ricaine, nĂ©e le Ă Steubenville (Ohio).
Nom de naissance | Nora Louise Kuzma |
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Alias |
Traci Elizabeth Lords |
Naissance |
Steubenville, Ohio, Ătats-Unis |
Nationalité | Américaine |
Traci Lords fut lâune des plus grandes stars du cinĂ©ma pornographique amĂ©ricain des annĂ©es 1980. Elle est restĂ©e cĂ©lĂšbre pour le scandale quâelle provoqua en 1986 lorsque le FBI dĂ©couvrit quâelle avait tournĂ© la quasi-totalitĂ© de ses films alors qu'elle Ă©tait mineure, ce qui mit fin Ă sa carriĂšre. Elle a par la suite rĂ©ussi Ă se reconvertir avec un certain succĂšs dans le cinĂ©ma et le show business « traditionnels », apparaissant assez rĂ©guliĂšrement dans des tĂ©lĂ©films et films de sĂ©rie B depuis 1988.
Biographie[2]
DeuxiĂšme enfant dâune famille de quatre filles, elle naĂźt en 1968 Ă Steubenville, petite ville de lâOhio. Elle reçoit une Ă©ducation conservatrice et religieuse et chante tous les dimanches dans le chĆur de lâĂ©glise. Elle mĂšne toutefois une enfance difficile au sein d'une famille pauvre et obligĂ©e de dĂ©mĂ©nager rĂ©guliĂšrement.
Son enfance est bouleversĂ©e lorsquÂŽĂ l'Ăąge de dix ans, elle est violĂ©e dans un champ par un voisin ĂągĂ© de seize ans qui Ă©tait aussi son petit ami de l'Ă©poque (plus tard, durant son adolescence, elle sera Ă©galement abusĂ©e par son beau-pĂšre). Cet Ă©vĂ©nement, quâelle tiendra secret jusquâen 1994 et quâelle exorcisera ensuite par une chanson, Father's Field (Champ paternel), incluse dans lâalbum 1000 Fires, fut peut-ĂȘtre Ă lâorigine du basculement de sa vie :
« Tout Ă©tait beau avant cet instant. Quand cela se produit, vous ĂȘtes fascinĂ©e, puis embarrassĂ©e, horrifiĂ©e et, pour finir, honteuse. Ce genre dâĂ©vĂ©nement vous fait mĂ»rir vite, trĂšs vite. Vous nâavez plus votre place Ă lâĂ©cole, vous nâĂȘtes plus comme les autres, vous en savez trop. »
Peu de temps aprĂšs, sa mĂšre divorce et emmĂšne les quatre petites filles vivre Ă Redondo Beach en Californie. LĂ , Traci se mĂ©tamorphose. Elle sâhabille de vĂȘtements sexy, sort avec des garçons, consomme de lâalcool et commence Ă poser pour des photos de charme. Le rĂ©sultat ne se fait pas attendre. Elle provoque un scandale et quitte l'Ă©cole aprĂšs que l'un de ses camarades eut dĂ©couvert et dĂ©noncĂ© son activitĂ©. En 1984, elle a recours Ă son premier avortement.
Le saut vers le cinéma pornographique se produit ensuite avec une évidence toute naturelle :
« Jâen avais assez de coucher avec des mecs horribles pour obtenir des sĂ©ances photos minables. CâĂ©tait finalement beaucoup plus rentable de se taper de vrais mecs devant des camĂ©ras »
Comme elle n'a que seize ans, elle prend l'identité d'une de ses amies, Christy Lee Nussman, qui en a vingt-deux. Elle adopte alors le pseudonyme de Traci Lords en hommage à Jack Lord, acteur de séries télévisées, qui lui valut son premier orgasme en se masturbant devant la photo accrochée au mur de sa chambre. Elle tourne son premier film, What Gets Me Hot!, de Richard Mailer qui est un succÚs immédiat.
Elle devient une trĂšs grande star du cinĂ©ma pornographique, la mieux payĂ©e du mĂ©tier, ce qui lui permet de poser ses exigences : elle ne tourne que huit heures par jour, a sa maquilleuse personnelle, choisit ses partenaires et les scĂšnes dans lesquelles elle apparaĂźt. Elle exclut strictement certaines pratiques, la sodomie et le sado-masochisme notamment. MalgrĂ© ces restrictions, Christy Canyon, lâune des actrices avec qui elle a tournĂ©, nâhĂ©site pas Ă dire dâelle :
« Cette fille en savait plus sur le sexe que toute lâindustrie du porno rĂ©unie. »
En 1986, Traci Lords va avoir dix-huit ans et elle est riche de plusieurs millions de dollars, possĂšde sa maison Ă Malibu et sa propre maison de production : la Traci Lords Company. Cette maison de production a produit un seul film, Traci, I Love You (Traci, je t'aime), en 1987 ; Traci Lords en possĂ©dait l'intĂ©gralitĂ© des droits. Tout sâeffondre lorsque le FBI dĂ©couvre sa minoritĂ© lĂ©gale. ArrĂȘtĂ©e puis relĂąchĂ©e sous caution, Traci Lords est obligĂ©e de confesser devant une AmĂ©rique Ă©bahie que la plus cĂ©lĂšbre actrice pornographique du moment Ă©tait mineure. L'effet immĂ©diat est l'interdiction Ă la vente et Ă la dĂ©tention des films pornographiques qu'elle a tournĂ©s, car ils proviennent de l'exploitation sexuelle d'une enfant mineure (Ă l'exception de Traci, I love you), et de provoquer un vĂ©ritable sĂ©isme dans toute l'industrie pornographique amĂ©ricaine.
Les poursuites judiciaires qui ont suivi Ă l'encontre des producteurs et distributeurs ont coĂ»tĂ© des millions de dollars en rappel des vidĂ©os et photos de charme publiĂ©es, tout cela afin d'Ă©viter d'ĂȘtre accusĂ©s de pĂ©dopornographie. Toutefois, dans d'autres pays, le fait que le tournage de ces films serait interdit n'empĂȘche pas leur vente (par exemple en France, oĂč l'Ăąge lĂ©gal en matiĂšre de pornographie est Ă©galement de 18 ans, mĂȘme si la majoritĂ© sexuelle est de 15 ans)[3]. Dans son livre, Lords accuse les producteurs de films pornographiques d'hypocrisie, arguant du fait que de nombreuses personnes se sont enrichies grĂące Ă la publicitĂ© faite autour du scandale, mĂȘme si ce dernier a aussi coĂ»tĂ© trĂšs cher Ă la suite de la destruction des produits incriminĂ©s. Lords pense Ă©galement qu'elle a Ă©tĂ© exploitĂ©e par les mĂ©dias qui se sont servis de certaines scĂšnes censurĂ©es issues de ses films interdits pour faire leur publicitĂ©.
L'actrice elle-mĂȘme n'a jamais Ă©tĂ© poursuivie pour crime car Ă©tant mineure, elle Ă©tait considĂ©rĂ©e comme incapable de donner son consentement pour interprĂ©ter des actes sexuels dans des films afin de gagner de l'argent. Les agences et producteurs, qui ont acceptĂ© son mensonge concernant son identitĂ©, ont par contre Ă©tĂ© poursuivis pendant des annĂ©es.
En 1987 sort Traci's Big Trick, une « biographie non autorisée » réalisée par Jane Waters avec la française Jacqueline Lorains dans le rÎle de l'ex-star à l'origine du plus grand scandale dans l'histoire de l'industrie pornographique.
Comme la plupart des actrices de cette époque, Lords touche un salaire pour ses prestations dans les productions pornographiques sans percevoir de droits sur les films. D'aprÚs son livre autobiographique, elle a touché en tout un salaire de 35 000 $ incluant les 5 000 $ qu'elle a perçus du magazine Penthouse. La plus grande partie de cet argent a été dépensée en loyers et drogues ainsi que dans l'achat d'une Chevrolet Corvette noire que son amant a accidentée par la suite.
Pour ses derniers films, elle crée, avec un de ses amants beaucoup plus ùgé qu'elle[4], une compagnie de production[5] au sein de laquelle il est le coproducteur et le réalisateur. Le salaire de Lords est moindre mais elle perçoit des droits sur ses films.
Une seule de ses productions, Traci, I Love You, a Ă©tĂ© tournĂ©e aprĂšs qu'elle eut atteint l'Ăąge de 18 ans. Elle est donc disponible aux Ătats-Unis. Lords a cĂ©dĂ© ses droits sur le film pour 100 000 $ aprĂšs son arrestation. D'autres de ses films sont disponibles, en version coupĂ©e (sans les scĂšnes de sexe impliquant Lords) ou retouchĂ©e (une autre actrice la remplace).
Une fois arrĂȘtĂ©e, elle prĂ©tend n'avoir jamais Ă©tĂ© consciente de ses activitĂ©s car elle Ă©tait sous l'emprise de la drogue. Toutefois, ses proches de l'Ă©poque la trouvent trop intelligente et manipulatrice pour ĂȘtre victime d'une telle ignorance. Ătant donnĂ© le bĂ©nĂ©fice marketing du scandale obtenu sur la vente de son dernier film, ses anciens producteurs la soupçonnent mĂȘme d'ĂȘtre Ă l'origine de la dĂ©nonciation.
Traci Lords tente ensuite une seconde carriÚre et prend des cours de comédie à cet effet. Elle décroche un premier rÎle au cinéma dans un film de série B, Le Vampire de l'espace (1988), puis obtient le rÎle de sa vie, celui de Wanda Woodward dans le film Cry-Baby de John Waters, aux cÎtés de Johnny Depp. Son visage orné d'une auréole apparaßt sur la pochette du disque Disappearer du groupe de rock alternatif Sonic Youth.
Mais câest la tĂ©lĂ©vision qui la ramĂšne vĂ©ritablement sur le devant de la scĂšne grĂące Ă plusieurs sĂ©ries : Melrose Place en 1995, oĂč elle tient le rĂŽle d'une psychopathe, Profiler en 1997, oĂč elle incarne avec brio la nĂ©mĂ©sis d'Ally Walker, et enfin First Wave en 2000 dans le rĂŽle de Jordan Radcliffe.
GrĂące Ă ces succĂšs, elle participe Ă de grands talk-shows amĂ©ricains comme le cĂ©lĂšbre Late night de Larry King. Dans le mĂȘme temps, elle se lance dans le rock et la techno en 1995 avec lâalbum 1000 Fires (un classique pour les pionniers de la scĂšne rave de Los Angeles) qui est un succĂšs critique car jugĂ© « l'un des albums Techno-dance-trip-hop les plus aboutis de son Ă©poque ».
Elle sâest mariĂ©e depuis et vit Ă Los Angeles avec son mari. En , elle accouche de son premier enfant, Joseph Gunnar.
Filmographie
Cinéma
- 1988 : Le Vampire de l'espace (Not of this Earth) : Nadine Story
- 1990 : Cry-Baby : Wanda Woodward
- 1991 : Shock 'Em Dead : Lindsay Roberts (vidéo)
- 1991 : Meurtres sous tensions (Raw Nerve) : Gina Clayton
- 1991 : A Time to Die : Jackie Swanson
- 1992 : The Nutt House : Miss Tress
- 1993 : Skinner : Heidi
- 1994 : Serial Mother : Le rendez-vous de Carl
- 1994 : Ice : Ellen Reed
- 1995 : Programmé pour tuer (Virtuosity) : La chanteuse du Media Zone
- 1996 : Underworld : Anna
- 1996 : Blood Money : Wendy Monroe
- 1997 : Nowhere : Val-Chick 1
- 1998 : Extramarital : Elizabeth (vidéo)
- 1998 : Blade : Racquel
- 2002 : Black Mask 2: City of Masks : Chameleon
- 2008 : Zack & Miri tournent un porno (Zack and Miri Make a Porno) : Bubbles
- 2012 : Excision : Phyllis
Téléfilms
- 1994 : Dragstrip Girl : Blanche
- 1994 : Fausse identité (As Good as Dead) : Nicole Grace
- 2002 : Vengeance trompeuse (They Shoot Divas, Don't They?) : Mira
- 2003 : Deathlands : Le Chemin du retour (Deathlands: Homeward Bound) : Lady Rachel Cawdor
- 2007 : Dangereuse Convoitise (Point of Entry) : Brianna Fine
- 2016 : Une infirmiĂšre trop parfaite (Nightmare Nurse) : Barb
Séries télévisées
- 1990 : MacGyver : Jenny (saison 6 Ă©pisode 8)
- 1989-1991 : Mariés, deux enfants : T.C. / Vanessa Van Pelt (saison 4 épisode 4 / saison 6 épisode 11)
- 1993 : Highlander : Greta (saison 2 Ă©pisode 4)
- 1993 : Les Tommyknockers : Nancy Voss
- 1993 : Les Contes de la crypte : Emma Conway (saison 5 Ă©pisode 6)
- 1995 : Roseanne : Stacy Flagler (saison 7 Ă©pisodes 7, 17 & 18)
- 1995 : Melrose Place : Rikki Abbott (saison 3 Ă©pisodes 17 Ă 20)
- 1997-1998 : Profiler : Sharon Lesher / Jill of All Trades
- 1999 : Hercule : Luscious Deluxe (saison 6 Ă©pisode 5)
- 2000-2001 : First Wave : Jordan Radcliffe
- 2005 : Will et Grace : Rose (saison 8 Ă©pisode 7)
- 2013-2018 : EastSiders : Valerie (websérie)
- 2016-2018 : Swedish Dicks : Jane McKinney
Vidéos érotiques
Films pornographiques
- 1984 : What Gets Me Hot! (Qu'est-ce qui me met en chaleur ?) de Richard Mailer
- 1984 : Irrésistible sirÚne de Ned Morehead
- 1984 : Those Young Girls de Myles Kidder
- 1984 : The Sex Goddess de Roy Karch
- 1984 : Breaking it (La toute premiĂšre fois) de David J. Frazer et Svetlana
- 1985 : Passion Pit (39°5 le soir) de Duck Dumont
- 1985 : Sister Dearest (Ma petite sĆur chĂ©rie) de Jonathan Ross
- 1985 : Love Bites (Les morsures de l'amour) de Victor Nye
- 1985 : It's My Body (La rage de jouir) de JĂ©rome Bronson
- 1985 : New Wave Hookers de Gregory Dark
- 1985 : Harlequin Affair de Bruce Seven
- 1985 : The Grafenberg Spot d'Artie Mitchell
- 1985 : Educating Mandy (L'initiation de Mandy) de Royce Shepard
- 1987 : Traci, I love you (Traci, je t'aime) de Jean-Pierre Floran
Distinctions
- U.S. Comedy Arts Festival 2001 : Lauréate du prix de la meilleure actrice dans une comédie romantique pour Chump Change (2000)
- Fright Meter Awards 2012 : Lauréate du prix de la meilleure actrice dans un second rÎle pour Excision (2012)
- Fangoria Chainsaw Awards 2013 : Lauréate du prix de la meilleure actrice dans un second rÎle pour Excision (2012)
- Indie Series Awards 2012 : Nominée au prix de la meilleure actrice dans une série dramatique pour EastSiders (2012-)
Bibliographie
- Autobiographie de Traci Lords, Traci Lords: Underneath It All, Ed. HarperEntertainment (2003)
- « Le monde rond de Traci Lords » (p. 11 à 26) dans le roman Ladies in the dark de Christophe Fiat (éditions Al Dante, Paris, 2001)
Musique
Traci Lords a inspiré le monde du rock, puisqu'elle apparaßt sur un titre du groupe punk new-yorkais Ramones (reprise de Somebody to Love de Jefferson Airplane sur l'album Acid Eaters). Elle chante également sur l'album Generation Terrorists du groupe anglais Manic Street Preachers. Son visage orné d'une auréole apparaßt sur la pochette du disque Disappear de Sonic Youth.
Notes et références
- Prononciation en anglais américain retranscrite selon la norme API.
- Certains éléments présentés ici, notamment ceux relatifs à son enfance, ont pour source l'autobiographie de l'intéressée.
- Ecrans - Traci Lords en mode mineure
- Stewart Dell
- Traci Lords Company sur IMDb
Liens externes
- Ressources relatives Ă l'audiovisuel :
- Allociné
- (en) AllMovie
- (pl) Filmweb.pl
- (en) IMDb
- (en) Rotten Tomatoes
- Ressources relatives Ă la pornographie :
- (en) Site officiel