JoaquĂn Campana
JoaquĂn Campana (Montevideo, 1783 â Buenos Aires, 1847), Ă©tait un avocat et homme politique rioplatense. Originaire de la bande Orientale (grosso modo le territoire de lâactuel Uruguay), il sâĂ©tablit pourtant dans la province de Buenos Aires et fut en 1811 pour quelques mois Ă la tĂȘte de la Grande Junte de gouvernement des Provinces-Unies du RĂo de la Plata.
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(Ă 74 ans) Buenos Aires |
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Biographie
Fils dâun immigrant irlandais, il obtint le titre dâavocat Ă lâuniversitĂ© de CĂłrdoba, puis sâinstalla Ă Buenos Aires. Durant la premiĂšre des invasions britanniques du RĂo de la Plata, il participa aux combats de rue sous les ordres de MartĂn de Ălzaga, Ă qui il devait par la suite, cette mĂȘme annĂ©e 1806, donner son appui durant le cabildo ouvert qui visait, et obtint, la suspension du vice-roi Rafael de Sobremonte. Il sâenrĂŽla dans le RĂ©giment de Patriciens, au sein duquel il se battit pendant la deuxiĂšme offensive anglaise en 1807.
Lors de la rĂ©volution de Mai, il fut secrĂ©taire du politicien populiste et conservateur Cornelio Saavedra, et se fit lâennemi du groupe centrĂ© autour de la figure de Mariano Moreno, de tendance jacobine et plus radicale, que Campana accusait de penchants tyranniques. Il constitua, contre le groupe morĂ©niste, un noyau dâagitateurs avec lequel il organisa notamment une manifestation pour protester contre la mainmise de ses rivaux sur le gouvernement.
Il fut lâun des protagonistes de lâinsurrection du , laquelle, dĂ©clenchĂ©e la veille au soir, Ă©tait emmenĂ©e par le maire de quartier (alcalde de barrio) TomĂĄs Grigera, grand fermier des confins de Buenos Aires, jouissant dâune grande popularitĂ©, qui sut entraĂźner les orilleros (litt. banlieusards, de orillas, 'lisiĂšre') Ă investir le centre de Buenos Aires. Le lendemain, il reçut lâappui de la plupart des rĂ©giments de la ville, et prĂ©senta une supplique Ă la Grande Junte.
Le gouvernement accĂ©da Ă cette supplique et rĂ©solut de proscrire vers lâintĂ©rieur du pays les morĂ©nistes Miguel de AzcuĂ©naga, Gervasio Antonio de Posadas, NicolĂĄs RodrĂguez Peña, Juan Larrea, HipĂłlito Vieytes, Domingo French et Antonio Luis Beruti. Campana fut ensuite nommĂ© secrĂ©taire dâun exĂ©cutif remaniĂ© (la Junte exĂ©cutive), dominĂ© dorĂ©navant par lui, par Saavedra et par les dĂ©putĂ©s des provinces intĂ©rieures.
Au cours de son gouvernement, lâon sâappliqua Ă attĂ©nuer les politiques extrĂ©mistes menĂ©es jusque-lĂ par la faction morĂ©niste et Ă adopter une position modĂ©rĂ©e et socialement conservatrice ; entre autres choses, les liens avec la Grande-Bretagne furent distendus. Lâinfluence de Campana dura jusque vers , puis fut contrecarrĂ©e par la loge lautarienne, laquelle, Ă©paulĂ©e par la Grande-Bretagne, parvint Ă dĂ©terminer la dissolution de la Grande Junte et son remplacement par une commission exĂ©cutive de trois membres, dite premier triumvirat. Depuis lors, les Ă©lites portĂšgnes prirent coutume de renverser ou changer les gouvernements Ă leur guise, sans consulter les provinces de lâintĂ©rieur, fournissant ainsi les prĂ©misses dâune polarisation politique violente entre un parti unitaire et un parti fĂ©dĂ©raliste.
Campana fut assignĂ© Ă rĂ©sidence Ă San Antonio de Areco, oĂč il vĂ©cut pendant quelques annĂ©es. LâAssemblĂ©e de l'an XIII, constituante convoquĂ©e en 1813 par le second triumvirat, dĂ©crĂ©ta une amnistie gĂ©nĂ©rale, dont seuls furent cependant exclus Saavedra et Campana. Il recouvra sa libertĂ© de mouvement Ă la suite de la chute du Directeur suprĂȘme Carlos MarĂa de Alvear en 1815. Peu avant, il avait fait paraĂźtre un Manual del Agricultor, qui a pu ĂȘtre rĂ©digĂ© par son ami Grigera.
En 1829, il dĂ©mĂ©nagea pour le jeune Ătat oriental de lâUruguay, oĂč il fut Ă©lu sĂ©nateur Ă plusieurs reprises, et nommĂ© membre du Tribunal supĂ©rieur de Justice.
Hommages
Le nom de Campana fut donné en son honneur à une rue de la ville de Buenos Aires[1].
En revanche, la croyance que ses descendants rĂ©ussirent Ă faire baptiser de son nom la ville de Campana, centre industriel et port sur le fleuve ParanĂĄ dans la province de Buenos Aires, est une mĂ©prise ; en rĂ©alitĂ©, ce nom dĂ©rive du patronyme de lâancien propriĂ©taire de la localitĂ©, Francisco Alvarez Campana[2].
Notes et références
- Buenos Aires: Historia de las calles y sus nombres. Vicente Osvaldo Cutolo. Ăditions Elche. Buenos Aires, 1994. Vol. I et II. (ISBN 950-99212-0-3).
- Cf. Jorge P. Fumiere, " El origen del nombre de la ciudad de Campana." Publié par la BibliothÚque municipale, 1947