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Jean-Marie RĂ©gnier

Jean-Marie Régnier (1911 - 1990) fut, pendant la Seconde Guerre mondiale, un agent secret français du Special Operations Executive, qui dirigea le réseau action MASON dans le nord de la Saône-et-Loire et le sud de la Côte-d'Or.

Identités

  • État civil : Jean-Marie RĂ©gnier
  • Comme agent du SOE, section F :
    • Nom de guerre (field name) : « Porthos »
    • Nom de code opĂ©rationnel : MASON (en français MAÇON)

Parcours militaire : SOE, section F ; grade : captain ;

Éléments biographiques

Jean-Marie Régnier naît le à Lyon (2e).

1939-1940. Mobilisé le au 81e bataillon d'artillerie de Forteresse, il connaît une « drôle de guerre » contre les Italiens, au-dessus de Modane. Il est démobilisé le à Bourg-en-Bresse et regagne son domicile à Lyon.

1941. Il rencontre Jean-Pierre Lévy et s'occupe de la diffusion des journaux clandestins de la Résistance[1], travail facilité par son emploi de représentant de commerce. Joseph Marchand, le propriétaire de l'une des firmes représentées (les laboratoires Récamia, produits de parfumerie, 107, rue Pierre-Corneille), qui est un ami dont il connaît bien les sentiments et les idées politiques, reçoit quelques exemplaires, et souhaite pouvoir ne pas s'en tenir à la propagande et jouer un rôle plus actif. Joseph Marchand fait voir à Régnier qu'il a également une quantité importante de journaux Coq Enchaîné à distribuer. Début juin, Joseph Marchand lui demande de trouver un lieu discret pour organiser une réunion de dix à douze personnes, à laquelle participeraient deux officiers britanniques. Régnier accepte, en pensant à une pension de famille située rue Puits-Gaillot, au quatrième étage, avec pour enseigne Pension Trianon, dont le propriétaire, d'origine basque, se nomme Pierre Lairé. La réunion a donc lieu là au jour indiqué par Joseph Marchand. Le rassemblement pour la réunion a lieu au café-bar de la rue Puits-Gaillot fréquenté par les soyeux lyonnais du secteur. Sont présents : les deux officiers Alain (dont le vrai nom est Georges Duboudin) et Nicolas (dont le vrai nom est Robert Boiteux), Joseph Marchand, Louis Pradel, futur maire de Lyon, Séran, grand mutilé de 1914-1918 et ex-chef de service à la préfecture du Rhône, Hotton, originaire de Lille et représentant sur Lyon et la région de firmes de textiles du Nord, un jeune préparateur en pharmacie du quartier des Brotteaux, Jean-Marie Régnier, et peut-être une ou deux autres personnes. À la réunion, il est question de s'organiser pour réceptionner des parachutages d'armes. La séance est levée à l'heure du passage du dernier tramway (car à cette époque il n'est pas question de circuler en voiture). Plusieurs terminent la soirée chez Louis Pradel, dans son appartement du cours Vitton, notamment Alain et Nicolas, le jeune préparateur en pharmacie, et Régnier qui, apprenant que Nicolas est l'un des parachutistes parachutés peu auparavant à Anse, lui propose de l'accompagner jusqu'à la rue Burdeau. Au moment de se séparer au bas de la rue Burdeau, côté rue de l'Annonciade (Nicolas ne tient pas à ce que Régnier connaisse l'immeuble où il loge), Nicolas fixe rendez-vous pour le lendemain, en fin de matinée, place des Terreaux. À l'heure dite, Régnier conduit Nicolas chez Joseph Marchand, au 2, quai Perrache, où ils sont invités à déjeuner. La conversation leur donne des indications sur la mission de Nicolas : d'abord, prendre la succession d'Alain, qui doit rejoindre Londres dès que possible ; ensuite, prendre contact avec les organisations de résistance pour leur faire parachuter des armes et leur faire l'instruction ; enfin, faire exécuter les ordres de Londres pour des missions spéciales et des sabotages. Nicolas devient un habitué de l'appartement des Marchand et un ami de la famille et de Régnier. La relève d'Alain se présente de façon difficile. Alain n'est pas d'accord pour quitter Lyon et ses amis de la résistance lyonnaise. Un jour, Nicolas demande à Régnier de l'accompagner à un rendez-vous avec Alain dans le bureau de Louis Pradel, aux Établissements Bouvard situés rue Dugas-Montbel. Très rapidement, Régnier et Pradel se retirent du bureau, car la conversation entre Alain et Nicolas prend un caractère confidentiel et animé, Alain acceptant mal les instructions transmises par Nicolas… Régnier commence à collaborer étroitement avec Nicolas pour des actions de résistance : réceptions de parachutages d'armes, transports de ces armes dans les caches de groupes clandestins (en majorité pour le mouvement Coq Enchaîné, et plus tard, pour Franc-Tireur).

1943. L'activité du réseau Nicolas sur la région Rhône-Alpes provoque des remous et malheureusement des arrestations de membres actifs des organisations et groupements de ce grand secteur. Des amis de la police lyonnaise leur font savoir que la Gestapo a établi une circulaire avec signalements (heureusement erronés) pour Robert Boiteux (« Nicolas »), Joseph Marchand (« Ange ») et Jean-Marie Régnier, avec promesse d'une importante récompense à toute personne fournissant des renseignements permettant d'effectuer leur arrestation. Aussitôt Nicolas communique par radio ce renseignement à Londres. La réponse, par retour : arrêter toute activité en attendant des instructions pour organiser le départ et le voyage en Angleterre. Les instructions annoncées ne tardent pas à arriver. Nicolas et Joseph Marchand doivent prendre contact à Paris avec un certain « Gilbert » (il s'agit d'Henri Déricourt), pour qu'il les fasse partir par avion. Régnier doit rejoindre Londres par l'Espagne, via Gibraltar. Nicolas espère pouvoir faire partir Régnier par avion, mais le rendez-vous avec Gilbert est manqué. Donc retour à Lyon.

Jean-Marie Régnier rentre à Londres via les Pyrénées et Gibraltar.

Ă€ Londres, RĂ©gnier est d'abord retenu quelque temps Ă  Patriotic School.

Jean-Marie Régnier est recruté par le SOE, section F.

Il est alors envoyé à l'entraînement.

1944.

  • Mars. Dans la nuit du 3 au 4, Jean-Marie RĂ©gnier est parachutĂ©, en mĂŞme temps que son opĂ©rateur radio Marcel Jaurant-Singer « Flavian », près de Roanne, avec la mission de mettre sur pied une organisation de sabotage autour de Chalon-sur-SaĂ´ne et d’attaquer le trafic routier et ferroviaire allemand. RĂ©gnier et Jaurant-Singer prennent contact avec Joseph Marchand qui les met en relation avec Jean-Louis Delorme dans la rĂ©gion de Chalon-sur-SaĂ´ne.
  • Juin. Le 6 (D-day), RĂ©gnier a Ă©tabli l’un des rĂ©seaux de sabotage les plus efficaces en France. Quand les messages d’action sont diffusĂ©s par la BBC, toutes les lignes de chemin de fer de la rĂ©gion sont attaquĂ©es, et le trafic ennemi est rĂ©duit de 80 %. Les tĂ©lĂ©communications entre Paris et Marseille et entre Lyon et Mulhouse sont maintenues hors service presque en permanence. Une importante raffinerie est mise hors service aux ThĂ©lots. Six importants ponts routiers et ferroviaires sont dĂ©truits, notamment Ă  Étang-sur-Arroux, Ă  Blanzy et Ă  Louhans. RĂ©gnier approvisionne l’ArmĂ©e secrète et les FTP en armes, Ă  condition qu’ils se conforment aux directives. Les relations avec l’ArmĂ©e secrète sont harmonieuses, mais il faut toute la diplomatie et la conviction de RĂ©gnier pour pousser les FTP dans l’action. Finalement il y parvient, et en une opĂ©ration, ils mettent hors service plus de 650 km de voies ferrĂ©es.
  • AoĂ»t. RĂ©gnier et Jaurant-Singer se consacrent Ă  l’organisation de la guĂ©rilla, en coopĂ©ration avec les FFI. RĂ©gnier prend part Ă  l’action contre les Allemands Ă  Laives et dans les combats pour la libĂ©ration de Chalon-sur-SaĂ´ne. Il est l’un des premiers Ă  entrer dans la ville.
  • Septembre. Le 13, considĂ©rant leur mission comme terminĂ©e, RĂ©gnier et Jaurant-Singer rentent Ă  Londres par avion.
  • De retour en France quelques semaines plus tard, puis une seconde fois dĂ©mobilisĂ©, Jean-Marie RĂ©gnier reprend son mĂ©tier de reprĂ©sentant.

1990. Il meurt le Ă  Villeurbanne (RhĂ´ne).

Reconnaissance

Jean-Marie Régnier a reçu les distinctions suivantes :

Annexes

Notes

  1. Franc-Tireur, Coq Enchîné, Combat, Libération, Petites Ailes, Témoignage Chrétien.
  2. Ruby, p. 68-70.
  3. Ruby, p. 75-77.
  4. Ruby, p. 77-79.

Sources et liens externes

  • Fiche Jean-Marie RĂ©gnier : voir le site Special Forces Roll of Honour.
  • Michael R. D. Foot, Des Anglais dans la RĂ©sistance. Le Service Secret Britannique d'Action (SOE) en France 1940-1944, annot. Jean-Louis CrĂ©mieux-Brilhac, Tallandier, 2008, (ISBN 978-2-84734-329-8) / (EAN 9782847343298). Traduction en français par Rachel Bouyssou de (en) SOE in France. An account of the Work of the British Special Operations Executive in France, 1940-1944, London, Her Majesty's Stationery Office, 1966, 1968 ; Whitehall History Publishing, in association with Frank Cass, 2004.
    Ce livre présente la version « officielle » britannique de l’histoire du SOE en France. Une référence essentielle sur le sujet du SOE en France.
  • Lt. Col. E.G. Boxshall, Chronology of SOE operations with the resistance in France during world war II, 1960, document dactylographiĂ© (exemplaire en provenance de la bibliothèque de Pearl Witherington-Cornioley, consultable Ă  la bibliothèque de Valençay). Voir sheet 50, MASON CIRCUIT.
  • Marcel Ruby, La Guerre secrète - Les RĂ©seaux Buckmaster, Éditions France-Empire, 1985. Ce livre reprend le tĂ©moignage de Jean-Marie RĂ©gnier remis Ă  la commission d'Histoire de la Guerre 1939-1945 (C.H.R.), s.d., p. 17 et suivantes.
  • AndrĂ© Jeannet (prĂ©f. Robert Guyon, postface Simone Mariotte), MĂ©morial de la RĂ©sistance en SaĂ´ne-et-Loire : biographie des rĂ©sistants, Mâcon, JPM Ă©ditions, , 443 p. (ISBN 2-84786-037-1), p. 335-337.
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