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Jappeloup

Jappeloup, né le dans la ferme équestre d'Henry Delage à Saint-Savin en Gironde et mort le , est un cheval Selle français né d'un père trotteur et d'une mère Pur-sang, champion de saut d'obstacles.

Jappeloup
Image illustrative de l’article Jappeloup
Jappeloup monté par Pierre Durand au Pavarotti International 1991 à Modène.

Race Enregistré Selle français
Père Tyrol II (TF)
Mère Vénérable
Père de mère Oural
Taille 1,58 m
Sexe Mâle hongre
Robe noir (« bai brun foncĂ© Â»)
Naissance
Pays de naissance Drapeau de la France France
Mort (Ă  16 ans)
Éleveur Henry Delage
Propriétaire Henry Delage puis Pierre Durand
Cavalier Pierre Durand

Il Ă©volue deux ans sous la selle de Françoise Terrier-Thuault, puis le cavalier Pierre Durand l'acquiert en 1981 et remporte de très nombreux titres, dont ceux de champion olympique, de champion d'Europe et de champion de France[1]. Jappeloup est considĂ©rĂ© comme l'un des chevaux de saut d'obstacles les plus performants de tous les temps, malgrĂ© ses origines modestes et sa hauteur au garrot de seulement 1,58 m, relativement faible pour concourir dans cette discipline.

Il laisse une trace indélébile dans l'histoire du sport français, et devient l’un des chevaux les plus connus du pays. C'est le dernier cheval français à avoir remporté la médaille d'or olympique en saut d'obstacles (Jeux olympiques de Séoul en 1988). Il est reçu sur un plateau comme l'invité d’honneur au journal télévisé d’Yves Mourousi, Pierre Durand le qualifie de « cheval de sa vie ». Pour son arrêt de la compétition en septembre 1991, un jubilé est organisé au pied de la tour Eiffel en son honneur et pour remercier ses supporters. Deux mois plus tard, à seulement 16 ans, Jappeloup meurt d'un arrêt cardiaque. Il est enterré sur la commune de Saint-Seurin-sur-l'Isle.

Histoire

Jappeloup naît le [2] dans la ferme équestre d'Henry Delage à Saint-Savin, en Gironde. Son père est un Trotteur français peu connu du nom de Tyrol II, sa mère une vieille jument Pur-sang de course s’appelant Vénérable. Ce type de croisement n'ayant jamais rien donné d'intéressant, il est parfois qualifié d'« accident de pâture ». Son éleveur fait toutefois savoir que ce croisement ne doit rien au hasard, et qu'il s'agissait d'allier le sang à la puissance de l'arrière-main[3].

Il est élevé et révélé par Henry Delage, qui le destine originellement aux courses hippiques d'obstacles. La jeune cavalière Françoise Terrier-Thuault « supplie » toutefois l'éleveur de le garder pour le saut d'obstacles, ce qui permet de révéler les aptitudes de Jappeloup à ce sport[4]. Henry Delage présente Jappeloup, âgé de 4 ans, à Pierre Durand. Le cavalier refuse d'abord de l'essayer, l'annonçant « trop petit ». Le cheval montre de très grandes facilités malgré sa taille modeste, mais Jappeloup est si petit que cette caractéristique aurait pu l'empêcher de faire une carrière internationale. Pierre Durand revient sur sa décision un an plus tard, en voyant Jappeloup sauter : le cheval est caractériel et désobéissant, mais possède un extraordinaire coup de saut[5]. Il contacte aussitôt l'éleveur et Jappeloup ne l'a depuis plus quitté[6]. Au cours de sa carrière, il est sponsorisé par la maison « De Luze », d'où une modification de son nom en Jappeloup de Luze[7].

Carrière

Jappeloup accompagné de son propriétaire Henry Delage aux Jeux équestres mondiaux de 1990, à Stockholm en Suède.

Avec Pierre Durand, Jappeloup gagne de nombreux titres : champion de France en 1982, champion d'Europe en 1987, 11 mĂ©dailles d'or en grands prix dont cinq en Coupe du monde et trois en coupe des nations de saut d'obstacles, et champion olympique aux Jeux olympiques de SĂ©oul en 1988. En 1984, aux Jeux olympiques de Los Angeles, pendant l'Ă©preuve par Ă©quipes, le cheval, alors âgĂ© de neuf ans, refuse un obstacle. Son cavalier se retrouve projetĂ© Ă  terre de l'autre cĂ´tĂ© de l'obstacle, les rĂŞnes et la bride lui restent dans les mains et Jappeloup s'enfuit vers les Ă©curies sous l’œil des camĂ©ras du monde entier. Après sa chute, Pierre Durand est la cible de nombreuses critiques, mais conserve son cheval et poursuit l'entraĂ®nement. En 1986, Jappeloup de Luze, bien que castrĂ© et ne pouvant donc pas avoir de descendance, est estimĂ© Ă  3 750 000 francs français[8]. En 1988, aux Jeux olympiques de SĂ©oul, après avoir gagnĂ© la mĂ©daille d'or avec un parcours sans faute, Pierre Durand lui accroche la mĂ©daille sur une bride passant sur le poitrail pour le remercier, devant les camĂ©ras de tĂ©lĂ©vision du monde entier. Jappeloup sera aussi reçu sur le plateau, comme invitĂ© d’honneur du journal tĂ©lĂ©visĂ© d’Yves Mourousi.

Même à l'entraînement, Jappeloup est mis au pré au minimum deux heures par jour pour se détendre[9]. Il fait un malaise lors des premiers jeux équestres mondiaux en Suède, après les épreuves par équipes en 1990. Pierre Durand décide de le mettre enfin à la retraite, bien mérité.

Retraite et mort

Pour la mise Ă  la retraite de Jappeloup en 1991, un jubilĂ© est organisĂ© au Champ-de-Mars Ă  Paris, au pied de la Tour Eiffel avec une compĂ©tition de saut d'obstacles, rĂ©unissant les 25 meilleurs cavaliers du moment[10]. Le cheval meurt le (soit deux mois plus tard) âgĂ© de seulement 16 ans, des suites d'un arrĂŞt cardiaque. Le cavalier recevra de très nombreuses lettres de soutien, et va enterrer son cheval dans son prĂ©, sur sa propriĂ©tĂ©[11]. Un peu plus tard, Pierre Durand sera accusĂ© de l'avoir tuĂ©, pour toucher l'argent de l'assurance. Le cavalier obtiendra gain de cause après un procès en diffamation, mais la persistance de la rumeur de sa culpabilitĂ© freinera sa carrière politique[12].

La tombe de Jappeloup, sur la commune de Saint-Seurin-sur-l'Isle, reçoit régulièrement des visiteurs émus[13].

Description

Jappeloup avec Henry Delage.

Jappeloup est un cheval hongre bai brun foncĂ© de petite taille, soit 1,58 m, pour environ 470 kg[11]. Il n’a ni le physique, ni les allures, ni les origines des chevaux rencontrĂ©s sur les terrains de CSO internationaux[5]. Pierre Durand confie qu'il est plutĂ´t laid, ingrat et dĂ©gingandĂ© vu de près comme de loin. Il avance d'une dĂ©marche chaloupĂ©e propre aux trotteurs[14]. C'est sur son dos que la diffĂ©rence se fait sentir, Jappeloup rĂ©vĂ©lant une très grande Ă©nergie sous la selle[15]. Il montre un profond respect des barres et multiplie les efforts pour ne jamais les toucher, mais cette attitude provient en rĂ©alitĂ© de sa peur des obstacles[16].

Doté d’un caractère indiscipliné et fantasque[17], Jappeloup est surtout réputé pour sa fougue, sa rapidité et son impatience en concours[5]. Il n’a pas eu de descendance puisqu'il est castré.

Palmarès

Liste non exhaustive des titres de Jappeloup avec Pierre Durand[1].

Origines

Jappeloup a pour père un Trotteur Français et pour mère une jument Pur-sang. Il est enregistré par les haras nationaux français comme un Selle français de la section A, c'est-à-dire sans croisement étrangers. Il s'agit de son stud-book de naissance[2]. Sur son site officiel, Pierre Durand le cite également comme Selle français[18].

Origines de Jappeloup[1]
Père
Tyrol II TF
Feal TF Kairos TF
Passaka TF
Ide Panache TF Totiron TF
Sidonie Panache TF
Mère
Vénérable PS
Oural PS Balmoral PS
Sournoise PS
Velours PS Foxlight PS
Vitoria PS


HĂ©ritage

Statue grandeur nature de Jappeloup, parc du musée olympique de Lausanne, sculpteur Gabriël Sterk.

Pierre Durand qualifie sans hĂ©siter Jappeloup de « cheval de sa vie »[11]. En 1997, le magazine Ă©questre L'AnnĂ©e Hippique a dĂ©signĂ© Jappeloup comme Ă©tant le deuxième cheval le plus performant en saut d'obstacles depuis la Seconde Guerre mondiale[19]. Il est Ă©lu par un vote de 37 experts du monde des sports Ă©questres. Le public a particulièrement retenu la lutte sur les terrains de CSO entre Jappeloup et son concurrent gris, Milton, sous la selle de l'anglais John Whitaker.

Films

Un film documentaire est réalisé en 1993 par Christian Chevreuse, sur la vie de Jappeloup et sa carrière sportive avec Pierre Durand. Ce documentaire est édité en VHS le par Hachette. En débute le tournage d'un film sur ce cheval, réalisé par Christian Duguay[20]. Guillaume Canet, qui en signe le scénario, y incarne Pierre Durand. Plusieurs chevaux ont été utilisés pour incarner Jappeloup[21]. Le film est sorti le .

Bataille juridique

« Jappeloup Â» est une marque dĂ©posĂ©e par Henry Delage depuis de nombreuses annĂ©es, pour commercialiser du vin et des vĂŞtements. En , au moment de la sortie du film de Christian Duguay, le cavalier Pierre Durand assigne l'Ă©leveur de Jappeloup en justice, pour rĂ©cupĂ©rer les droits d'exploitation du nom du cheval[22]. D'après Sud Ouest, qui a rĂ©vĂ©lĂ© l'affaire, une partie du conflit porte sur la « lĂ©gende populaire » que Pierre Durand aurait crĂ©Ă©e concernant les origines du cheval, qui dĂ©nigre le travail de l'Ă©leveur tout en donnant au cavalier plus d'importance qu'il n'en a rĂ©ellement[3].

Les journalistes de L'Express ont rĂ©vĂ©lĂ© que Pierre Durand a assignĂ© Acajou Films, PathĂ© et Nathan, concernant la commercialisation de produits dĂ©rivĂ©s issus du film Jappeloup. D'après l'avocat de Pierre Durand, ce dernier Ă©tant le propriĂ©taire du cheval, il est Ă©galement « le garant de son patrimoine ». Henry Delage y voit plutĂ´t un motif financier, prĂ©cisant que Pierre Durand Ă©tait prĂŞt Ă  vendre Jappeloup Ă  des AmĂ©ricains, et que seul l'examen vĂ©tĂ©rinaire l'en a empĂŞchĂ©[23] - [24]. En , Pierre Durand a Ă©galement assignĂ© les Ă©ditions du Moment[25]. D'après l'Ă©diteur, cette assignation fait suite au refus de la maison d'Ă©dition de lui verser 5 000 euros pour le droit de rĂ©utilisation du nom de « Jappeloup », qu'il a dĂ©posĂ© comme marque[26] - [27].

Notes et références

  1. Sandrine Amour, « La Légende de Jappeloup » dans Sports équestres, décembre 2007, no 21
  2. « Informations générales Jappeloup », sur Haras nationaux (SIRE) (consulté le ).
  3. Jérôme Jamet, « Jappeloup : le cavalier Pierre Durand a assigné l'éleveur du cheval au tribunal », Sud Ouest,
  4. Terrier-Thuault 2013, p. Quatrième de couverture.
  5. Lhermite 2011, p. 28
  6. Jappeloup de Luze, consulté le 21 août 2008
  7. Durand et Fradet 2012.
  8. L'express international, Numéros 1825-1833, , p. 35.
  9. Durand et Fradet 2012, p. 147.
  10. Autres activités sur jappeloup.com (page consultée le 22 juin 2007)
  11. Durand et Fradet 2012, p. Chap. 26.
  12. Durand et Fradet 2012, p. Chap. 27 : Le Revers de la médaille
  13. « Gironde : ici repose Jappeloup, le fameux destrier », sur SudOuest.fr (consulté le ).
  14. Durand et Fradet 2012, p. 62
  15. Durand et Fradet 2012, p. 64.
  16. Durand et Fradet 2012, p. 65
  17. Cheval Jappeloup. Historique, palmarès de ce cheval de saut d’obstacles
  18. « Palmarès Jappeloup », sur jappeloup.com (consulté le )
  19. Présentation sur jappeloup.com, consulté le 5 mai 2007.
  20. Casting du film
  21. : Guillaume Canet et le tournage de Jappeloup
  22. « Jappeloup : Le torchon brûle entre Pierre Durand et l'éleveur Henri Delage », Cheval Savoir, no 41.,‎ (lire en ligne)
  23. « Le cavalier de Jappeloup attaque les producteurs du film », L'Express.
  24. « Pierre Durand attaque les producteurs de Jappeloup », Cheval Savoir, no 41,‎ (lire en ligne)
  25. « Pierre Durand poursuit les éditions du Moment pour un livre sur Jappeloup », Métro France, (consulté le )
  26. Amélie Tsaag Valren, « Affaire Jappeloup : Pierre Durand attaque cette fois les Editions du Moment », Cheval Savoir, 2013.
  27. « Pierre Durand assigne les éditions du Moment en justice », ActuaLitté, (consulté le )

Annexes

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • Karine Devilder, Crin noir : Pierre Durand et Jappeloup de Luze, DenoĂ«l, , 197 p. (ISBN 978-2-207-23517-1), Ă©dition enrichie en 1989 sous le titre de Crin-noir : Pierre Durand et Jappeloup de Luze, mĂ©daille d'or Ă  Seoul, DenoĂ«l, , 221 p. (ISBN 978-2-207-23569-0)
  • Pierre Durand et Daniel Mermet, Jappeloup, le conquĂ©rant, Robert Laffont, (ISBN 978-2-221-06923-3)
  • Pierre Durand - John Whitaker, entretiens avec Alban Poudret, Jappeloup et Milton, deux chevaux de lĂ©gende, Robert Laffont, (ISBN 978-2-221-08389-5)
  • MĂ©lina Lhermite, « Quarante destins : Jappeloup de Luze et Milton, le yin et le yang », Cheval Magazine, no 480,‎ , p. 28
  • Pierre Durand et Michel Fradet, Jappeloup, Michel Lafon, , 257 p. (ISBN 978-2-7499-1825-9 et 2-7499-1825-1, lire en ligne)
  • Gudule, Jappeloup : le roman du film, Paris, Nathan, , 167 p. (ISBN 978-2-09-254413-6)
  • Françoise Terrier-Thuault (prĂ©f. Henri Delage), Les jeunes annĂ©es de Jappeloup par sa première cavalière, Paris, Ă©ditions du Moment, , 235 p. (ISBN 978-2-35417-209-1)
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