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Janjucetus

Janjucetus hunderi

Janjucetus
Description de cette image, également commentée ci-après
Crâne fossile de Janjucetus hunderi, exposé au musée de Melbourne, en Australie.
28.1–23.03 Ma
2 collections

Genre

† Janjucetus
Fitzgerald (d), 2006

Espèce

† Janjucetus hunderi
Fitzgerald (d), 2006

Janjucetus est un genre Ă©teint de cĂ©tacĂ©s mysticètes basaux ayant vĂ©cu durant l'Oligocène supĂ©rieur, il y a environ 25 millions d'annĂ©es, dans ce qui est actuellement le sud-est de l'Australie. Une seule espèce est connue, Janjucetus hunderi, dĂ©crite par le palĂ©ontologue Erich Fitzgerald en 2006 Ă  partir de restes fossiles dĂ©couverts sur la plage de Jan Juc, près de Melbourne, un lieu dĂ©jĂ  connu pour la dĂ©couverte d'autres cĂ©tacĂ©s fossiles, tels que Mammalodon, Prosqualodon et Waipatia. Contrairement aux mysticètes actuels, Janjucetus possède de grandes dents au lieu de fanons. Il est donc susceptible d'avoir Ă©tĂ© un prĂ©dateur qui saisissait et dĂ©chiquetait de grandes proies individuelles plutĂ´t que de se nourrir par filtration. Cependant, ses dents peuvent s'imbriquer les unes dans les autres, un peu comme celles du Phoque crabier, qui se nourrit Ă©galement par filtration, ce qui aurait permis un mode d'alimentation similaire. Son comportement de chasse Ă©tait probablement semblable Ă  celui du LĂ©opard de mer, et ses proies pouvaient ĂŞtre des poissons de grande taille. Comme les autres mysticètes, Janjucetus n'utilisait pas l'Ă©cholocalisation pour se dĂ©placer ou chasser, mais ses yeux exceptionnellement grands indiquent qu'il devait avoir une bonne vue.

DĂ©couverte et nommage

Les seuls fossiles connus de Janjucetus ont Ă©tĂ© dĂ©couverts dans le sud-est de l'Australie Ă  la fin des annĂ©es 1990 par un adolescent nommĂ© Staumn Hunder, sur la plage de Jan Juc, au sud-ouest de Melbourne (État de Victoria), dans un dĂ©pĂ´t de sĂ©diments marins datant de la fin de l'Oligocène, c'est-Ă -dire de 27 Ă  23,9 millions d'annĂ©es. Hunder rapporte avoir aperçu les fossiles de couleur brune sur un rocher alors qu'il surfait. Peu de temps après la dĂ©couverte du site, Hunder et son père prĂ©lèvent le rocher et l'apportent Ă  l'universitĂ© Monash pour de plus amples recherches. Les restes fossiles bien conservĂ©s du spĂ©cimen cataloguĂ© NMV P216929 comportent un crâne presque complet, des mandibules, des vertèbres, des cĂ´tes, des omoplates et un radius, et ont Ă©tĂ© versĂ©s Ă  la collection de palĂ©ontologie du musĂ©e de Victoria (en), Ă  Melbourne. Janjucetus est officiellement dĂ©crit par le palĂ©ontologue Erich Fitzgerald (d) en 2006 dans un article publiĂ© par la revue scientifique Proceedings of the Royal Society B, dans lequel il prĂ©sente le fossile de cĂ©tacĂ© du PalĂ©ogène le plus complet d'Australie[1] - [2].

Le nom générique Janjucetus vient de Jan Juc, la localité proche de Melbourne où a été découvert le spécimen holotype, et du grec ancien κῆτος / kêtos, signifiant « cétacé », l'ensemble voulant littéralement dire « cétacé de Jan Juc »[1]. L'épithète spécifique hunderi honore le nom de Staumn Hunder, le surfeur ayant découvert les premiers fossiles de l'animal[1].

Description

Reconstitution en 3D de Janjucetus hunderi par Nobu Tamura, représenté en noir et en blanc au centre de l'image.
Reconstitution en image de synthèse de Janjucetus hunderi par Nobu Tamura.

La taille estimĂ©e de Janjucetus est d'environ 3,5 m de longueur, soit Ă  peu près la taille du Grand dauphin, et beaucoup moins que n'importe quel mysticète actuel. Le large museau, de forme triangulaire, n'est pas aplati ou allongĂ© comme celui des baleines Ă  fanons modernes. La mâchoire supĂ©rieure constitue environ 79 % du museau. Le crâne mesure environ 50 cm. Les deux moitiĂ©s de la mâchoire infĂ©rieure sont fusionnĂ©es, contrairement Ă  la symphyse mandibulaire flexible des baleines Ă  fanons actuelles qui leur permet d'augmenter considĂ©rablement la taille de leur bouche. Par rapport aux archĂ©ocètes, qui sont des cĂ©tacĂ©s plus primitifs, le museau est plus large, ce qui peut avoir Ă©tĂ© prĂ©curseur des grandes bouches des baleines Ă  fanons modernes[1] - [3] - [4].

Comme les autres mysticètes, Janjucetus ne possède pas la capacité d'écholocalisation, mais aurait eu une large ligne de graisse le long de la mâchoire inférieure, comme les baleines à dents modernes, ce qui signifierait qu'il pourrait détecter les signaux ultrasonores. L'animal a également des orbites oculaires inhabituellement grandes pour les mysticètes par rapport à sa taille corporelle, qui sont positionnées plus haut sur le crâne, ce qui signifie qu'il s'appuyait probablement sur une bonne vue au lieu de l'écholocalisation pour naviguer ou traquer des proies[1] - [3] - [4].

Formule dentaire
mâchoire supérieure
2 4 1 3 3 1 4 2
3 4 1 2 2 1 4 3
mâchoire inférieure
Total : 40
Denture permanente de Janjucetus

Janjucetus n'avait pas de fanons mais de grandes dents. Les incisives et les canines forment une rangée de dents coniques tranchantes, tandis que les prémolaires et les molaires ont la forme de lames dentelées. Les dents sont profondément enracinées et les dents jugales ont deux racines, peut-être des adaptations facilitant la manipulation de grosses proies. Les dents diminuent en taille vers l'arrière de la mâchoire. Les fossiles montrent que l'animal a des muscles temporaux développés, indiqués par leur emplacement sur le dessus de la tête, ce qui signifie qu'il aurait eu une morsure puissante. Sur la mâchoire supérieure, il y a six incisives, deux canines, huit prémolaires et quatre molaires. Sur la mâchoire inférieure, il y a six molaires et quatre incisives, l'ensemble formant un total de 40 dents. Celles-ci ont un émail fortement strié et les dents supérieures sont plus espacées que les dents inférieures[1]. Ces dents montrent peut-être à quel point Janjucetus était spécialisé dans sa niche écologique, ou indiquent qu'il s'agissait d'une adaptation écologique (en) compte tenu du succès évolutif ultérieur des mysticètes à fanons[5].

Classification

Bien que Janjucetus ne possède pas de fanons, le genre est classé dans les mysticètes en raison de synapomorphies clés présentes dans l'anatomie du crâne, notamment la façon dont les os nasaux rencontrent les os du neurocrâne. Janjucetus est l'un des deux genres de la famille des Mammalodontidae, avec Mammalodon, également éteint, qui vivait aussi dans le sud-est de l'Australie. Dans l'article publié en 2006 par Fitzgerald, Janjucetus était initialement attribué à sa propre famille monotypique, que le paléontologue nommait Janjucetidae, mais une analyse cladistique ultérieure menée par le même auteur en 2010 l'a reclassé dans les Mammalodontidae, faisant de Janjucetidae un synonyme junior[6].

Le plus ancien mysticète à fanons identifié à ce jour, Eomysticetus (en), date du Chattien, soit de la même époque que Janjucetus, ce qui indique que l'apparition des fanons serait antérieure à Janjucetus et que ce dernier est un cousin plutôt qu'un ascendant des mysticètes à fanons[1].

Janjucetus est l'un des six mysticètes à dents de l'Oligocène, les autres étant Mammalodon colliveri, Mammalodon hakataramea, Chonecetus (en), Aetiocetus et Llanocetus[6].

Ci-dessous, un cladogramme montrant le positionnement de Janjucetus Ă  la base des Mysticeti, selon Berta et al., 2016[4] :

Cetacea

Odontoceti (cétacés à dents)


Mysticeti
†Mammalodontidae

†Janjucetus



†Mammalodon







Paléobiologie

Comparaison en trois dimension entre les dents d'un Dingo (A, en haut de l'image), d'un Phoque crabier (B, en centre de l'image) et d'un Janjucetus (C, en bas de l'image).
Comparaison entre les dents du dingo, du phoque crabier et de Janjucetus à l'aide de modèles de surface tridimensionnels.

Contrairement aux mysticètes plus dérivés, Janjucetus n'utilisait pas de fanons pour filtrer les aliments, mais utilisait des dents pour attraper de grandes proies telles que des poissons, dont des requins[2]. Sa morphologie crânienne montre une convergence évolutive avec celle du Léopard de mer, ce qui signifie qu'il pourrait avoir utilisé une méthode d'alimentation similaire par capture et déchiquètement[1] - [7].

Cependant, il est possible que les dents de devant se soient imbriquées et que les dents de la joue aient produit un cisaillement lorsque la mâchoire était fermée, ce qui aurait peut-être permis au cétacé de filtrer les aliments comme le Phoque crabier. Une telle morphologie aurait pu précéder l'évolution vers des fanons, un trait commun aux mysticètes plus dérivés[1] - [7]. La tête de Janjucetus est similaire aux têtes larges et émoussées des cétacés à dents actuels qui se nourrissent par succion, ce qui indique qu'il aurait pu se nourrir comme ces derniers[1] - [7].

Paléoécologie

La plage de Jan Juc, où Janjucetus a été découvert, a également livré des fossiles fragmentaires de vertébrés, tels que des requins, des raies et des poissons téléostéens. Quelques fossiles d'oiseaux non décrits ont aussi été trouvés. Outre Mammalodon, les autres genres de cétacés qui y ont été trouvés sont Prosqualodon et Waipatia[1].

Notes et références

Notes

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Janjucetus » (voir la liste des auteurs).

Références

  1. (en) Erich M. G. Fitzgerald, « A bizarre new toothed mysticete (Cetacea) from Australia and the early evolution of baleen whales », Proceedings of the Royal Society B, vol. 273, no 1604,‎ , p. 2955–2963 (PMID 17015308, PMCID 1639514, DOI 10.1098/rspb.2006.3664, S2CID 24670908, lire en ligne [archive du ] [PDF])
  2. (en) R. V. Noorden, « Ancient Whale 'Truly Weird' », Nature News,‎ (DOI 10.1038/news060814-6 Accès libre, lire en ligne [archive du ] [PDF])
  3. (en) E. M. G. Fitzgerald, « Archaeocete-like jaws in a baleen whale », Biology Letters, vol. 8, no 1,‎ , p. 94–96 (PMID 21849306, PMCID 3259978, DOI 10.1098/rsbl.2011.0690, S2CID 37127485, lire en ligne [archive du ] [PDF])
  4. (en) A. Berta, A. Lanzetti, E. G. Ekdale et T. A. Deméré, « From teeth to baleen and raptorial to bulk filter feeding in mysticete cetaceans: the role of paleontological, genetic, and geochemical data in feeding evolution and ecology », Integrative and Comparative Biology, vol. 56, no 6,‎ , p. 1271–1284 (PMID 27940618, DOI 10.1093/icb/icw128 Accès libre, S2CID 31059645)
  5. (en) Olivier Hampe et Sven Baszio, « Relative warps meet cladistics: a contribution to the phylogenetic relationships of baleen whales based on landmarks analyses of mysticete crania », Bulletin of Geosciences, vol. 85, no 2,‎ , p. 212 (DOI 10.3140/bull.geosci.1166 Accès libre, S2CID 84919781, lire en ligne [archive du ] [PDF])
  6. (en) Erich M. G. Fitzgerald, « The morphology and systematics of Mammalodon colliveri (Cetacea: Mysticeti), a toothed mysticete from the Oligocene of Australia », Zoological Journal of the Linnean Society, vol. 158, no 2,‎ , p. 367–476 (DOI 10.1111/j.1096-3642.2009.00572.x Accès libre, S2CID 86326413)
  7. (en) David Philip Hocking, Felix Georg Marx, Erich M. G. Fitzgerald et Alistair Robert Evans, « Ancient whales did not filter feed with their teeth », Biology Letters, vol. 13, no 8,‎ , p. 20170348 (PMID 28855416, PMCID 5582114, DOI 10.1098/rsbl.2017.0348 Accès libre)

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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