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Jacques Decour

Daniel Decourdemanche, dit Jacques Decour, est un écrivain et résistant communiste français, né le à Paris et mort pour la France, fusillé par les nazis, le au fort du Mont-Valérien à Suresnes.

Jacques Decour
Biographie
Naissance
Décès
SĂ©pulture
Nom de naissance
Daniel Decourdemanche
Pseudonyme
Jacques Decour
Nationalité
Formation
Activités
Autres informations
Parti politique
Distinctions

Biographie

Daniel Decourdemanche naît dans le 17e arrondissement de Paris[1], rue Brunel[2], en 1910 : il est le fils de Jules Decourdemanche, associé d’un agent de change, et de Marie-Madeleine Dassier ; il est aussi le neveu de l’orientaliste Alphonse Decourdemanche[2]. Il fait ses études à Paris au lycée Carnot, où il reste six ans, puis au lycée Pasteur de Neuilly[2]. Il commence des études de droit, mais change rapidement d'orientation : il étudie la littérature allemande et devient, en 1932, le plus jeune agrégé d'allemand de France[3].

Il épouse en 1929 Jacqueline Bailly, la fille d'un professeur du lycée Pasteur. Le couple a une fille, Brigitte, en [4].

En 1930, il publie son premier roman, Le Sage et le Caporal, chez Gallimard, sous le pseudonyme de Jacques Decour[3]. Il est nommé, en 1931, assistant de français en Prusse au lycée de Magdebourg[3]. Là, il rédige Philisterburg, un récit qui décrit la montée du nazisme et « le mythe inadmissible de la race »[5]. Depuis 1930, il publie des critiques littéraires et des traductions d'œuvres allemandes[4].

Il est nommé au lycée de Reims[3] de 1932 à 1936 et adhère au mouvement des jeunesses communistes. En 1936, il fait paraître chez Gallimard son roman, Les Pères. Il enseigne ensuite pendant un an au lycée Descartes à Tours où il entre au Parti communiste. Il rédige des articles pour le journal communiste La Voix du Peuple de Touraine et déploie une grande activité militante[2].

En 1937, il devient professeur d'allemand à Paris au lycée Rollin (lycée qui, à la Libération, sera renommé « lycée Jacques-Decour » en son honneur [6]). En , il devient rédacteur en chef de la revue Commune, éditée par l'Association des écrivains et artistes révolutionnaires, dont le directeur est Louis Aragon[2].

En , à la déclaration de guerre, il est mobilisé comme simple soldat à Vernon[3]. À la démobilisation, il est chauffeur du général de Lattre de Tassigny à Clermont-Ferrand et rejoint Paris où il retrouve le lycée Rollin[2]. Il entre dans la Résistance en créant deux revues : en novembre 1940 L'Université libre et en février 1941 La Pensée libre (avec Georges Politzer et Jacques Solomon[2]), qui sera la plus importante publication clandestine de la France occupée.

Sépulture de Jacques Decour au cimetière de Montmartre.

En 1941, Decour devient le responsable du Comité national des écrivains qui projette la publication d'une nouvelle revue, Les Lettres françaises qu'il ne verra pas paraître, puisque le , Decour est arrêté par la police française. Remis aux Allemands, il est jugé par le tribunal militaire allemand. Son avocat est Me Fernand Mouquin. Condamné à mort, il est fusillé le à 14 h[3], une semaine après Georges Politzer et Jacques Solomon. De sa cellule au Mont-Valérien, le jour de son exécution, il écrit à sa famille une lettre particulièrement émouvante, message d'adieu d'un condamné à ceux qu'il aime. Il y exprime notamment sa confiance dans la jeunesse, persuadé que son sacrifice ne sera pas vain[3] :

« Vous savez que je m’attendais depuis deux mois à ce qui m’arrive ce matin, aussi ai-je eu le temps de m’y préparer ; mais comme je n'ai pas de religion, je n'ai pas sombré dans la méditation de la mort : je me considère un peu comme une feuille qui tombe de l'arbre pour faire du terreau — la qualité du terreau dépendra de celle des feuilles — je veux parler de la jeunesse française en qui je mets tout mon espoir »[7] - [8].

Il est inhumé dans le caveau familial au cimetière de Montmartre[2].

Distinctions

Publications

Ĺ’uvres de Jacques Decour

Jacques Decour, Comme je vous en donne l'exemple..., brochure publiée en 1945, préfacée par Aragon.
  • Le Sage et le Caporal, Gallimard, Paris, 1930 ; rĂ©Ă©dition Farrago, Tours, 2002 (Le Sage et le Caporal suivi de Les Pères et de sept nouvelles inĂ©dites).
  • Philisterburg, Gallimard, Paris, 1932 ; rĂ©Ă©dition Farrago, Tours, 2003.
  • La RĂ©volte, article de La Nouvelle Revue française, no 246, , repris dans Comme je vous en donne l'exemple... et dans Le Sage et le Caporal suivi de Les Pères et de sept nouvelles inĂ©dites, Farrago, 2002.
  • La Religion romantique en Allemagne, dĂ©pĂ´t de sujet de thèse de doctorat, 1934.
  • Les Pères, Gallimard, 1936 ; rĂ©Ă©dition Farrago, Tours, 2002 ; (Le Sage et le Caporal suivi de Les Pères et de sept nouvelles inĂ©dites).
  • Pages choisies de Jacques Decour, Les Éditions de Minuit, Paris, (publiĂ© dans la clandestinitĂ© pour le ComitĂ© national des Ă©crivains), prĂ©face non signĂ©e de Jean Paulhan.
  • Comme je vous en donne l'exemple..., textes de Jacques Decour prĂ©sentĂ©s par Aragon, Les Éditions sociales, Paris, 1945 ; rĂ©Ă©dition Les Éditeurs français rĂ©unis, 1974 [lire en ligne]
  • Nos jeunes morts sont secrets. LittĂ©rature et rĂ©sistance, Ă©ditions Farrago, 2003.
  • La Faune de la collaboration. Articles 1932-1942, Ă©ditions La ThĂ©baĂŻde, 2012
  • Quand vous voudrez de mes nouvelles..., textes et photos de Jacques Decour, publiĂ© Ă  l'occasion du 75e anniversaire de sa mort, Ă©dition Ă©tablie par Emmanuel Bluteau, La ThĂ©baĂŻde, 2017.

Traductions de l'allemand

  • Le Triomphe de la sensibilitĂ©, in Théâtre complet de Goethe, Bibliothèque de la PlĂ©iade, Ă©ditions de La Nouvelle Revue française, 1942.
  • Les Mystères de la maturitĂ© de Hans Carossa, Ă©ditions Stock, 1941 (sous le nom de Daniel Decourdemanche).
  • L'Art gothique de Wilhelm Worringer, Paris, Gallimard, 1941 (sous le nom de Daniel Decourdemanche).
  • La Carrière de Doris Hart de Vicki Baum, 1948.
  • Les Dessous de la diplomatie de Hans Rudolf Berndorff, 1932.
  • Suivi de l’élaboration de la pensĂ©e par le discours de Heinrich von Kleist.
  • Le Roman d’un coup d’État d'Alfred Neumann, 1935.
  • Les DĂ©sordres sexuels de Richard Schauer, 1934.
  • La SexualitĂ© dans l’univers de Curt Thesing, 1933.
  • Le Fils d’Hannibal de Ludwig Ernst Wolff, 1938.

Hommages

National

Jacques Decour est cité à l'ordre de la Nation le [2]. Son nom est gravé au Panthéon sur une plaque citant la liste des « écrivains morts pour la France » pendant la guerre de 1939-1945.

La mention « Mort pour la France » lui est attribuée par le secrétariat général aux Anciens Combattants le [1].

Jacques Decour au présent

Dix-huit villes en France et deux en Allemagne honorent le nom de Jacques Decour :

  • Bobigny (Seine-Saint-Denis) : Ă©cole Ă©lĂ©mentaire Jacques-Decour ;
  • Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne) : groupe scolaire Jacques-Decour, maternelle et Ă©lĂ©mentaire. Ligne de bus no 201, arrĂŞt Jacques-Decour. MusĂ©e de la RĂ©sistance nationale, panneau « Jean Paulhan », Jacques Decour y est citĂ© ;
  • Combes et Rosis (HĂ©rault) : forĂŞt domaniale des Écrivains combattants, stèle « AllĂ©e Jacques-Decour ». Écrivains qui « ont versĂ© peu d’encre, mais tout leur sang » (Roland Dorgelès). Stèle rĂ©novĂ©e, ainsi que les soixante-quatre autres. Inauguration le par le sous-prĂ©fet de BĂ©ziers en prĂ©sence de l’Association des Ă©crivains combattants (AEC) ;
  • Fleury-MĂ©rogis (Essonne) : rue Jacques-Decour ;
  • Garges-lès-Gonesse (Val-d’Oise) : ligne de bus no 31, arrĂŞt Jacques-Decour. Rue Jacques-Decour ;
  • Lanester (Morbihan) : rue Jacques-Decour ;
  • Le Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis) : boulevard Jacques-Decour. CitĂ© Jacques-Decour. Gymnase Jacques-Decour. Groupe scolaire Jacques-Decour, maternelle et Ă©lĂ©mentaire. DĂ©cision du conseil municipal du . Inauguration le par Mme Denise Decourdemanche, sa sĹ“ur. Ligne de bus no 620, arrĂŞt « CitĂ© Jacques-Decour ». Square Jacques-Decour ;
  • Magdebourg (Allemagne) : Stolperstein « Hier lehrte Daniel Decourdemanche, gen. Jacques Decour, Jg.1910, Resistance, verhaftet 17.2.1942, ermordet 30.5.1942, Paris ». PavĂ© de mĂ©moire inaugurĂ© le devant le Domgymnasium oĂą Jacques Decour fut professeur d’échange en 1930-1931 ;
  • Montataire (Oise) : groupe scolaire Jacques-Decour, maternelle et Ă©lĂ©mentaire. Rue Jacques-Decour. DĂ©cision du conseil municipal du ;
  • Nanterre (Hauts-de-Seine) : club d’échecs Jacques-Decour. Groupe scolaire Jacques-Decour, maternelle et Ă©lĂ©mentaire. PMI (protection maternelle infantile) Jacques-Decour. Rue Jacques-Decour. Salle de quartier polyvalente Jacques-Decour. Square Jacques-Decour ;
  • Paris (Ville de Paris) : citĂ© scolaire Jacques-Decour (9e), collège et lycĂ©e. Plaque « Aux Ă©crivains morts pour la France » au PanthĂ©on (5e arrondissement), Jacques Decour y est citĂ©. SĂ©pulture au cimetière de Montmartre (18e arrondissement), division 25, ligne 19, tombe 13 ;
  • Pierrefitte-sur-Seine (Seine-Saint-Denis) : fonds Jacques-Decour, Archives nationales. Don de Mme Brigitte Decourdemanche, sa fille, le . PĂ´le Seconde Guerre mondiale ;
  • Reims (Marne) : plaque « Aux morts pour la France 1939-1945 », collège UniversitĂ©, Jacques Decour y est citĂ©. Plaque « Guerre de 1939-1945, morts en dĂ©portation et dans les Territoires d’Outre-mer », dans le lycĂ©e Georges-Clemenceau (hall du bâtiment administratif), inaugurĂ©e en 1958, Jacques Decour y est citĂ©. Plaque « Honneur Ă  tous les maĂ®tres de l’école laĂŻque victimes de la barbarie nazie tombĂ©s pour la dĂ©fense de la libertĂ©. Honneur Ă  nos hĂ©ros marnais », square des Victimes-de-la-Gestapo, Jacques Decour y est citĂ© ;
  • Saint-Cyr-l'École (Yvelines) : rue Jacques-Decour. InaugurĂ©e en 1958 ;
  • Saint-Pierre-des-Corps (Indre-et-Loire) : collège Jacques-Decour. Lignes de bus no 5, 16 et 50, arrĂŞt Jacques-Decour (terminus de la ligne 16) ;
  • Sevran (Seine-Saint-Denis) : allĂ©e Jacques-Decour. Ligne de bus no 618, arrĂŞt Jacques-Decour ;
  • Suresnes (Hauts-de-Seine) : cloche des FusillĂ©s, Mont-ValĂ©rien, Daniel Decourdemanche y est citĂ©. Domicile familial 19, rue Jacques-Decour (ex rue des Verjus)[9] - [10]. Ligne de bus AS, arrĂŞt Jacques-Decour. Rue Jacques-Decour ;
  • Tours (Indre-et-Loire) : plaque commĂ©morative, lycĂ©e Descartes (hall d’honneur), dĂ©voilĂ©e le . Rue Jacques-Decour, inaugurĂ©e le et cĂ©rĂ©monie de l’Amicale des vĂ©tĂ©rans du PCF 37, Tours-Nord ;
  • TĂĽbingen (Allemagne) : Wildermuth-Schule, construite en 1927. RenommĂ©e « collège Decourdemanche » (1945-1955) par les militaires français alors en poste dans la zone sud de la ville ;
  • Vierzon (Cher) : rue Jacques-Decour. DĂ©cision du Conseil municipal du .

Notes et références

  1. « Daniel Decourdemanche alias Jacques Decour », base des fusillés du Mont-Valérien, sur memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr (consulté le )
  2. Nicole Racine, « Decour Jacques [Decourdemanche Daniel, dit] - Maitron », sur fusilles-40-44.maitron.fr (consulté le )
  3. « Notes sur Jacques Decour », sur web.archive.org, académie d'Orléans-Tours, (consulté le )
  4. Cécile Hochard, « Daniel Decourdemanche dit Jacques Decour », sur museedelaresistanceenligne.org, .
  5. Claire Richet, « Jacques Decour. L'oublié des Lettres françaises. 1910-1942. Biographie. Pierre Favre [compte rendu] », sur fondationresistance.fr.
  6. Association Sauvons le Patrimoine de Jacques-Decour, « Association Sauvons le Patrimoine de Jacques-Decour » Accès libre, sur Association Sauvons le Patrimoine de Jacques-Decour
  7. La vie à en mourir : lettres de fusillés, 1941-1944 p. 174-176, Taillandier, 2003.
  8. Original de la lettre, sur mont-valerien.fr
  9. Michel Hebert et Guy Noël, Suresnes. Mémoire en images, t. 1, Éditions Alan Sutton, 1995, p. 60.
  10. Suresnes, ses lieux dits et ses rues vous parlent, Société historique de Suresnes, 1968, p. 28.

Voir aussi

Bibliographie

  • Anthologie des Ă©crivains morts Ă  la guerre (1939-1945), publiĂ©e par l'Association des Ă©crivains combattants, 1960.
  • Konrad F. Bieber, L’Allemagne vue par les Ă©crivains de la rĂ©sistance française, prĂ©face d'Albert Camus, 1954.
  • Pierre Favre, Jacques Decour : l'oubliĂ© des Lettres françaises, Farrago, 2002, (ISBN 2-84490-099-2).
  • Bertrand Matot, La guerre des cancres : un lycĂ©e au cĹ“ur de la RĂ©sistance et de la collaboration, Perrin, 2010 (ISBN 978-2262033347).
  • Jean Paulhan, Jacques Decour, Éditions de Minuit, 1945.
  • Quand vous voudrez de mes nouvelles..., publiĂ© Ă  l'occasion du 75e anniversaire de la mort de Jacques Decour, La ThĂ©baĂŻde collection Histoire, 2017 (ISBN 9791094295120).
  • Pierre Seghers, La RĂ©sistance et ses poètes : France, 1940-1945, 1974 (ISBN 9782232122422).

Articles connexes

Liens externes

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