Institut de linguistique et phonétique générales et appliquées
L'Institut de linguistique et phonétique générales et appliquées en abrégé ILPGA est une institution de recherche et d'enseignement en linguistique, destinée à l'enseignement et à la recherche dans le domaine général du langage (traité comme objet d'études pluridisciplinaires) et des langues, étudiées de façon synchronique et diachronique. Il a précédemment porté le nom d'Institut d'études linguistiques et phonétiques.
Fondation |
1911 : Archives de la Parole 1921 : Institut de linguistique 1928 : Institut de phonétique 1966 : Institut de phonétique et de recherches sur le fonctionnement du langage 1970 : Institut d'études linguistiques et phonétiques (IELP) 1984 : Institut de linguistique et phonétique générales et appliquées 2011 : Département ILPGA |
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Type |
Département |
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Nom officiel |
Institut de phonétique et de recherches sur le fonctionnement du langage (- |
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L'institut est connu notamment dans les domaines de la phonétique et de la phonologie car il fut historiquement l'un des lieux pionniers de la phonétique[6] - [7] en France.
Il héberge aujourd'hui le laboratoire de phonétique et phonologie, unité mixte de recherche du CNRS et de l'université Sorbonne-Nouvelle.
En outre, d'autres spécialités de la linguistique y sont également représentées de longue date. telles que l'études des langues africaines, l'étude des Langues finno-ougriennes[8], et le traitement automatique des langues)[9].
Il a depuis 2011 le statut de département de l'UFR Littérature, linguistique et didactique de l'université Paris 3 - Sorbonne Nouvelle.
Histoire
Fondation des Archives de la Parole
L'Institut de linguistique et phonétique générales et appliquées est l'héritier des Archives de la parole créées par Ferdinand Brunot, le [10], au sein de la Sorbonne[1] - [11] - [12] - [13] - [2], grâce à un don de matériel des frères Pathé[14].
Influencé par les recherches en phonétique expérimentales de l'abbé Rousselot, Ferdinand Brunot a pour ambition de collecter des échantillons de parlers de toutes les régions de France afin de constituer un atlas de ces "patois", basé non plus sur des transcriptions écrites, mais directement sur l'enregistrement phonographique. Brunot est également inspiré par les Phonogrammarchiv de Vienne fondées par Siegmund Exner en 1899, dont il reprend le système d'organisation. Il entreprend alors la collecte de données en collaboration avec son élève, Charles Bruneau[10].
Entre 1911 et 1914, plus de trois-cents enregistrements sont produits[2], pour les besoins des études linguistiques de Brunot, mais aussi des enregistrements dont l'intérêt est plutôt culturel ou patrimonial. Par exemple, une lecture par Émile Verhaeren de son poème Le Passeur d'eau[13], ou des enregistrements d'Alfred Dreyfus et de Guillaume Apollinaire[15].
Le Musée de la parole et du geste et l'Institut de phonétique
Les Archives de la parole deviennent, après la première guerre mondiale, le cœur de l'Institut de phonétique de l'Université de Paris, nouvellement créé et doté de statuts[12] - [16].
En 1928, archives et laboratoire s'installent au 19 rue des Bernardins sous le nom d'Institut de Phonétique - Musée de la Parole et du Geste[11] - [12], nom toujours visible sur la façade du bâtiment en 2022 accompagné des deux dates de fondation, 1911 et 1928[15].
L'Institut de phonétique, rattaché à la faculté des lettres mais également à la faculté de médecine, dispense alors des enseignements relevant aussi bien de la phonétique pure et de la linguistique historique, des enseignements de prononciation du français à destination d'élèves étrangers, et des enseignements d'orthoépie visant à rééduquer les personnes souffrant de troubles du langage (tels que par exemple le bégaiement)[17] - [18]. Le laboratoire de langue de l'institution nationale des Sourds-Muets lui est alors rattaché.
La séparation entre le versant « Institut de phonétique » et le versant « Musée de la parole » commence à voir le jour dans les années 1930, lorsque les deux organismes ne sont plus dirigés par la même personne : Pierre Fouché garde la direction de l'institut, le musée de la parole étant dirigé par Roger Dévigne[11].
En 1938, sous la direction de Dévigne, le musée de la parole devient « phonothèque nationale » et est chargé de recevoir les dépôts légaux pour les enregistrements en application de la loi de 1925[19] - [14] - [2].
Ces missions de conservation des documents sonores se rapprochent de celles de la Bibliothèque nationale. La phonothèque nationale prend place au sein de la Bibliothèque nationale dont elle devient un département spécialisé en 1977[20], devenu par la suite le département de l'audiovisuel de la Bibliothèque nationale, tandis que l'Institut de phonétique se focalise désormais sur la recherche et l'enseignement.
L'institut de linguistique de Paris
De manière parallèle, un institut de linguistique est fondé au sein de la faculté des lettres de la Sorbonne, par décret du [21], autour des linguistes Antoine Meillet, Joseph Vendryes, Oscar Bloch et Paul Boyer[22] - [23].
Brunot, en tant que doyen de la faculté des lettres, siège également au comité directeur de cet institut[24].
Cet institut est le lieu d'enseignements, de séminaires et de conférences et sporadiquement adossé à des publications, les conférences de l'institut de Linguistique[25] dans les années 1930, et les Travaux de l'institut de Linguistique[alpha 1], parus chez Klinksieck après la seconde guerre mondiale.
Fusion des instituts de linguistique et de phonétique
L'Institut de phonétique et l'Institut de linguistique générale et appliquée de l'Université de Paris fusionnent en 1966[26] pour donner naissance à l'« Institut de phonétique et de recherches sur le fonctionnement du langage »[alpha 2]. Outre des enseignements de linguistique générale, on y dispense des enseignements de linguistique française[27], et aussi de perfectionnement en français pour les apprenants étrangers[28].
Il devient par la suite Institut de linguistique et phonétique générales et appliquées (ILPGA).
Lors de la division de l'Université de Paris en 1969, l'institut rejoint l'Université Sorbonne-Nouvelle (Paris-3), dont il constitue une unité d'enseignement et de recherche (UER)[26].
Changement de statut et déménagement
En 2011, l'ILPGA cesse d'être une UFR de Paris III et devient un simple département de l'UFR Littérature, linguistique et didactique.
En 2022, l'ILPGA quitte son siège historique du 19 rue des Bernardins pour intégrer le nouveau Campus Nation de la Sorbonne-Nouvelle, déménagement contesté par de nombreux anciens étudiants et chercheurs[15] - [29]. Une association est même formée à cette occasion pour protester contre le déménagement[30].
Liste de chercheurs de l'institut
Institut de phonétique et Musée de la parole
Phonothèque nationale
Institut de Linguistique
Institut de linguistique et phonétique générales et appliquées
Autres chercheurs
Phonétique et phonologie
Anciens élèves
Formations
L'ILPGA, en tant que composante de l'université Sorbonne-Nouvelle, dispense les enseignements pour un ensemble de diplômes nationaux et de diplômes d'université.
Diplômes nationaux
- Licence de Sciences du Langage
- Master de Sciences du Langage mention Sciences du Langage ; Didactique des langues
- Spécialité Langage, Langues, Parole
- Spécialité Ingénierie linguistique[alpha 3]
- Doctorat de Sciences du Langage
Diplômes d'université
- Diplôme de phonétique générale
- Certificat de phonétique appliquée à la langue française
Localisation
Jusqu'en mai 2022, l'ILPGA se situait au 19 rue des Bernardins dans le 5e arrondissement de Paris, près de la station de métro Maubert-Mutualité sur la ligne 10 ainsi que près de l'arrêt de bus Maubert-Mutualité sur la ligne 47. Il occupait ainsi toujours les locaux de l'ancien Musée de la Parole et du Geste, bâtiment de l'ancien Institut de phonétique de l'Université de Paris.
Désormais l'ILPGA se situe au 8, avenue de Saint-Mandé, dans le 12e arrondissement de Paris.
Notes
- (SUDOC 037457942)
- Autrement appelé UER d'études linguistiques et phonétiques
- En partenariat avec l'Université Paris X et l'INALCO.
Références
- ILPGA : L’histoire... par Aliette Lucot
- Baude, Dugua et Bergounioux 2016.
- « Département : Institut de linguistique et phonétique générales et appliquées (ILPGA) », sur univ-paris3.fr (consulté le )
- Selon les listes électorales publiées lors des élections des représentants des étudiants aux conseils de gestion des composantes de l'Université Paris 3 - scrutin du mardi 23 mars 2010
- Le laboratoire de phonétique et phonologie et son histoire
- Brock et al. Hirsch.
- France - Finlande : regards linguistiques et culturels - p9
- Présentation vidéo sur la chaîne youtube de la Sorbonne Nouvelle
- Cordereix 2001.
- Pascal Cordereix, « Musée de la parole et du geste », dans Catalogue, Comité d'Histoire de la BNF, (lire en ligne)
- Historique du fond des Archives de la parole
- « Encyclopédie sonore », L'Information universitaire : journal hebdomadaire, no 838, , p. 1 et 3 (lire en ligne)
- Roger Décollogne, « La phonothèque nationale », Bulletin des bibliothèques de France (BBF), no 2, , p. 35-60 (ISSN 1292-8399, lire en ligne)
- Élodie Soulié, « Jusqu'en Amérique on veut sauver le temple de la phonétique », Le Parisien, (lire en ligne)
- Pierre Fouché, novembre 1935
- Fouché Novembre 1935.
- Fouché Décembre 1935.
- Cordereix 2005.
- Calas 1980.
- https://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/rechercheconsultation/consultation/ir/pdfIR.action?irId=FRAN_IR_023379
- Daniel Coste, « Note sur la création de l’École de préparation des professeurs de français à l’étranger », Documents pour l’Histoire du Français Langue Étrangère ou Seconde, no 44, (DOI 10.4000/dhfles.2739, lire en ligne)
- « Séance du 5 mars 1922 », Bulletin de la Société de Linguistique de Paris, no 23, (lire en ligne)
- Jorge 2018.
- Conférences de l'institut de linguistique de l'université de Paris, année 1933
- Moreau 2011.
- « Quelques programmes de linguistique française dans les Universités », Langue Française, no 14, , p. 117-136 (lire en ligne)
- Danielle Laroche-Bouvy, « La langue orale : le perfectionnement en phonétique », Les Langues modernes : bulletin mensuel de la Société des professeurs de langues vivantes de l'enseignement public, (lire en ligne)
- Vœu de Danielle Simonnet relatif à la sauvegarde de l'ILPGA
- Présentation des Amis de l'ILPGA sur le site du CTHS
- Les Langues modernes : bulletin mensuel de la Société des professeurs de langues vivantes de l'enseignement public - 1 janvier 1957
- https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5831906n/f14.image.r=%2219,%20rue%20des%20Bernardins%22?rk=343349;2
- Jean-Claude Chevalier et Pierre Encrevé, « Entretien avec Antoine Culioli », dans Combats pour la linguistique, de Martinet à Kristeva, (lire en ligne)
- Version archivée de la page web de l'ILPGA -14 janvier 2012
- Version archivée de la page web de l'ILPGA - 1 juin 2013
- CV d'Isabelle Tellier sur le site du laboratoire Langues, Textes, Traitements Informatiques, Cognition (d)
- page personnelle de Didier Demolin sur le site laboratoirephonetiquephonologie.fr
- David Cohen et Aziza Boucherit, Le Langage, les Langues et les Nécessités de la Communication : Conversations à Censier, Lambert-Lucas, , 360 p. (ISBN 978-2-915806-82-3, lire en ligne)
- Laurence Lentin, Recherches sur l'acquisition du langage, Volume 1 (lire en ligne)
- « Boris Rybak », dans Who's who in France, (lire en ligne)
- Michel Dessaint, « Biographie de Bernard Pottier », Cahiers d'Études Hispaniques Médiévales, (lire en ligne)
Bibliographie
- Jean-Luc Moreau, « Jean Perrot (1925-2011) », Études Finno-Ougriennes, (lire en ligne)
- Pascal Cordereix, « Les fonds sonores du département de l'Audiovisuel de la Bibliothèque nationale de France », Le Temps des Média, no 5, (lire en ligne)
- Dan Savatovsky (dir.) et Muriel Jorge, Philologie, grammaire historique, histoire de la langue : constructions disciplinaires et savoirs enseignés (1867-1923) (thèse de doctorat), (lire en ligne)
- Olivier Baude, Céline Dugua et Gabriel Bergounioux, « Jean Zay et la mémoire orale. : Du politique au scientifique, de l’État à la ville, d’hier à aujourd’hui », dans Jean Zay Invention, Reconnaissance, Postérité, Presses universitaires François-Rabelais, (DOI 10.4000/books.pufr.11546, lire en ligne)
- (fr + en) Pierre Fouché, « L'institut de phonétique et le musée de la parole de l'Université de Paris », The French Review, (ISSN 0016-111X et 2329-7131, JSTOR 379318)
- (fr + en) Pierre Fouché, « L'institut de phonétique et le musée de la parole de l'Université de Paris (suite) », The French Review, (ISSN 0016-111X et 2329-7131, JSTOR 379299)
- Gilbert Brock, Caroline Buffoni, Josiane Clarenc, Pierre-Olivier Gaumin, Fabrice Hirsch, « Les laboratoires de phonétique français dans la première moitié du XXe siècle : instrumentations, corpus et thématiques de recherche », dans Histoire de la description de la parole : de l'introspection à l'instrumentation, Honoré Champion, (ISBN 978-2-7453-5595-9, ISSN 1278-3889)
- Pascal Cordereix, « Ferdinand Brunot, le phonographe et les « patois » », Le Monde alpin et rhodanien,
- Marie-France Calas, « Le Département de la Phonothèque nationale et de l'Audiovisuel de la Bibliothèque nationale », La Gazette des archives, (ISSN 0016-5522 et 2647-7572, OCLC 1570478)
Liens externes
- Notices d'autorité (pour Archives de la parole) :
- Notices d'autorité (pour Institut de phonétique) :
- Notices d'autorité (pour Musée de la parole et du geste) :
- site officiel du Laboratoire de phonétique et phonologie
- (fr) [vidéo] Bibliothèque nationale de France BnF, Le Pathégraphe, maître de langues sur YouTube, (consulté le )
- "Archive exceptionnelle : écoutez l'accent parisien en 1912" - France Culture
- Archives de la parole Ferdinand Brunot (1911-1914)
- Archives de la Parole, Jean Poirot (1920-1924)
- Archives de la Parole - Musée de la Parole et du Geste, Hubert Pernot (1924-1930)