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Houillères de Cublac

Les houillères de Cublac sont des mines de charbon exploitées sur le territoire de Cublac, dans le département français de la Corrèze en région Nouvelle-Aquitaine, entre 1781 et 1914 par plusieurs compagnies. Le charbon est découvert le grâce à l'initiative de l'intendant de la généralité de Limoges, Anne Robert Jacques Turgot.

Carte des départements français.
Localisation du gisement sur la carte des bassins houillers français.

La production est faible, gĂ©nĂ©ralement comprise entre 1 000 et 3 500 tonnes par an pour un total cumulĂ© de 100 000 tonnes. Après plusieurs tentatives infructueuses dans les annĂ©es 1780, en 1817 puis en 1819, une première vĂ©ritable pĂ©riode d'exploitation a lieu entre 1830 et 1845 par deux compagnies diffĂ©rentes. Entre 1848 et 1885, le charbon de Cublac est consommĂ© par la verrerie du Lardin ce qui assure des dĂ©bouchĂ©s financiers et une pĂ©riode de relative stabilitĂ©. La fermeture de la verrerie entraĂ®ne une pĂ©riode plus instable avec plusieurs tentatives de relances jusqu’en 1900, annĂ©e marquant le dĂ©but de la dernière pĂ©riode productive qui s’achève au commencement de la Première Guerre mondiale.

Au début du XXIe siècle, des vestiges miniers de l'exploitation (emplacements de puits, ruines, outils et corons) sont mis en valeur par des sentiers de découvertes agrémentés de panneaux explicatifs dont cinq sont installés sous la halle publique du village.

Localisation

Carte des communes de Corrèze.
Localisation de Cublac dans le département de la Corrèze.

Le gisement se situe sur le territoire de la commune française de Cublac en Corrèze et région Nouvelle-Aquitaine.

GĂ©ologie

Au Carbonifère, la région de Cublac est traversée par plusieurs cours d'eau qui forment des deltas où des végétaux se sont fait recouvrir par des sédiments. Plusieurs couches de charbon s'intercalent alors entre les micaschistes, grès triasique et du calcaire du Jurassique. Le gisement est entrecoupé par des failles post-permienne[1].

Coupe du bassin houiller de Cublac.

Histoire

Chronologie des différents exploitants des houillères de Cublac
  • Fournier et Cie
  • MM. Lavech, Missery et Cie
  • Festugière et Cie
  • Marcet, Richard et Cie (verrerie du Lardin)
  • Renard Cie (verrerie du Lardin)
  • Frères Delas (verrerie du Lardin)
  • SociĂ©tĂ© Anonyme des charbonnages de Cublac
  • Autres tentatives Ă©phĂ©mères

DĂ©couverte

Une association de chercheurs amateurs de science est réunie à l'initiative de l'intendant de la généralité de Limoges, Anne Robert Jacques Turgot. Elle est officiellement créée le et a pour but de développer les transports, l'industrie, et l’agriculture tout en prospectant les ressources contenues dans le sous-sol de la province[2].

En , des bergers ayant allumé un feu découvrent un affleurement de charbon à Saint-Pantaléon-de-Larche, au mois de juin suivant, un autre filon est découvert à La Cabane (Cublac) puis un autre à La Charlerie de Cublac. Le gisement intéresse alors des industriels bordelais. Le , l’intendant Turgot signale la découverte du gisement du Cublac au ministre Henri Bertin[2].

Des ingénieurs des mines sont envoyés sur place, mais les habitants qui craignent que la découverte de cette ressource n'augmentent leurs impôts dissimulent la houille. Une récompense de 15 livres est alors proposée à toute personne qui révélerait l’emplacement des affleurements[2].

Succession des compagnies

Un groupement de personnalités locales constitue une première société dite « Bosredon et Cie » en 1778 et demande une concession provisoire en espérant obtenir le privilège d’être les seuls exploitants du charbon de Cublac mais c'est un échec. Les droits d’exploitation sont acquis en 1781 par l’abbé de Lubersac qui est un important propriétaire terrien du Limousin. L'année suivante, il s'entoure d'autres personnalités notamment des abbés et des curés pour créer la société « Fournier et Cie ». Cette compagnie obtient la concession le pour une période de trente ans. En contrepartie la compagnie s’engage à rendre la Vézère navigable. Ces engagements ne seront pas tenus puisque la compagnie est mise en liquidation en 1785[2].

Peu avant 1817, Jean-Baptiste Constant Meunier reprend les travaux de la compagnie de Bosredon sur les coteaux de Loubignac. Le , trois hommes d'affaires parisiens rachètent pour 4 000 francs les droits d'exploitation de la concession d'une superficie de 3 ha et 64 a mais cette association est Ă©phĂ©mère[2].

En 1828, les houillères de Cublac font l'objet de deux demandes de concession : la première en avril par MM. Lavech, Missery et Cie, la seconde par la société Festugière et Cie le . C'est la première compagnie qui obtient la concession par ordonnance royale du . Le puits Vieux est approfondi et le fonçage du puits Malivert commence. L'exploitation est abonnée en 1834 et c'est finalement MM. Festugière et De Marcillac qui rachètent l'exploitation. Jean Festugière est un maître de forges qui possède déjà les mines de charbon du Lardin qui alimentent ses fonderies des Eyzies[2].

Le domaine de La cabane en ruine en 2018.

Le , le principal puits en exploitation arrive Ă  Ă©puisement. Le suivant, un puits est creusĂ© mais arrĂŞtĂ© Ă  38 mètres de profondeur en raison d’infiltrations d'eau. La mĂŞme annĂ©e, la compagnie achète le domaine de La Cabane situĂ© au cĹ“ur du bassin minier pour 32 225 francs. Elle y Ă©tablit les logements du directeur, de l’ingĂ©nieur et du comptable[2].

En , la compagnie Ă©met une demande d'extension de concession de 791 ha sur les communes de Cublac et Brignac-la-Plaine, celle-ci est accordĂ©e le . Au cours de cette pĂ©riode, les puits Vieux et Malivert sont remis en Ă©tat tandis que quatre nouveaux puits sont foncĂ©s : les puits Marcillac, EspĂ©rance, Festugière et Bosredon. Le puits EspĂ©rance est interrompu Ă  137 mètres de profondeur en raison infiltrations d'eau. Le puits Marcillac rencontre une couche de charbon de 50 cm Ă  124 mètres de la surface, il est exploitĂ© jusqu’en 1843. Le puits Festugière exploite une couche de charbon Ă  91 mètres de profondeur, mais il est approfondi jusqu’à 150 mètres sans rencontrer d'autres couches. Le puits Bosredon, profond de 136 mètres, est particulièrement exploitĂ© en 1844. L’ingĂ©nieur en chef des mines conclu que le bassin houiller de Cublac ne comporte qu'une seule couche de charbon exploitable d'une cinquantaine de centimètres et que les travaux de prospection et d'exploitations doivent ĂŞtre concentrĂ©s sur cette dernière. MalgrĂ© ces recommandations, le puits Marcillac est approfondi jusqu’à 265 mètres. Après ces travaux inutiles, les mines ferment en 1845 et la compagnie est liquidĂ©e[2].

Exploitation pour la verrerie du Lardin

La verrerie du Lardin, principale consommatrice du charbon de Cublac.

La concession est rachetée par MM. Richard et Marcet, propriétaires de la verrerie du Lardin à Saint-Lazare en Dordogne. Les travaux sont relancés en 1848 par la société Marcet, Richard et Cie pour alimenter la verrerie du Lardin. L'exploitation se concentre alors sur les puits Festugière et de la Cabane. Les travaux miniers connaissent des interruptions au cours de l'été 1850 en raison d'un aérage insuffisant. En 1851, l’ingénieur Renard rend les houillères de Cublac et la verrerie du Lardin qu'il regroupe sous la responsabilité d'une seule entreprise, la société Renard et Cie. Entre 1851 et 1860, les puits existant (puits Festugière, de la Cabane, de la Valade, Neuf et Renard) sont équipés de machines à vapeur, ce qui augmente la production. En 1864, Pierre-François Renard vend la concession aux frères Delas, il conserve toutefois la propriété des terrains et des puits[2].

Dans la seconde moitiĂ© des annĂ©es 1860, la production dĂ©jĂ  faible diminue passant de 3 400 tonnes en 1866 Ă  2 150 tonnes en 1868, la production est insuffisante et la qualitĂ© du charbon est mauvaise. le travail, pour les ouvriers est pĂ©nible, si bien que plusieurs mineurs partent pour les mines de la Creuse (houillères d'Ahun-Lavaveix et de Bosmoreau-les-Mines). En 1874, la production tombe Ă  1 448 tonnes produites avec un effectif de 29 mineurs. Le puits Sainte-Barbe est forĂ© jusqu’à 197 mètres sans rencontrer de charbon. Un travers-banc de 147 mètres est creusĂ© pour faciliter l'aĂ©rage du puits Neuf qui est le seul puits productif en 1879 avec sa machine d'extraction Ă  vapeur horizontale[2].

La mort de Pierre-François Renard, le , permet aux frères Delas de racheter les puits. Le puits Neuf arrive à épuisement en 1883. La compagnie demande une extension de la concession vers le sud. La fermeture de la verrerie du Lardin en 1885 prive les mines de Cublac de leur unique débouché ce qui stoppe la production et oblige la recherche de clients. Le , Jean-Théodore Delas meurt et son frère Paul-Bernard hérite de ses parts dans la société[2].

Faute de rentabilitĂ©, les mines sont saisies par la justice et mises en vente le avec une clause obligeant l'exploitant des mines Ă  fournir au propriĂ©taire de la verrerie le charbon dont il besoin et inversement, au propriĂ©taire de la verrerie d'acheter son charbon Ă  l'exploitant de Cublac. La concession est acquise en 1887 par la sociĂ©tĂ© Loqueyssie et Delas qui compte comme actionnaire le fils de Paul-Bernard Delas. La production reste insuffisante et les pertes financières s'accumulent si bien que les mines sont de nouveau saisies par la justice le et remises en vente avec une mise Ă  prix de 5 000 francs. Les saisies et rachats se poursuivent jusqu’en 1900[2].

Le , Albert Renard, industriel versaillais créé la Société Anonyme des charbonnages de Cublac avec des actionnaires belges et parisiens. Le siège social de la compagnie est à Bruxelles. Le conseil d'administration présente une rentabilité record avant de s'apercevoir de leurs erreurs. La compagnie est dissoute et l'extraction cesse définitivement en 1914, avec le début de la Première Guerre mondiale[2].

  • Puits des annĂ©es 1900.
  • Le puits de la Valade.
    Le puits de la Valade.
  • Le puits Festugière en fin de construction.
    Le puits Festugière en fin de construction.
  • Vue gĂ©nĂ©rale du puits Festugière.
    Vue générale du puits Festugière.
  • Le criblage au puits Festugière.
    Le criblage au puits Festugière.

Puits de mine

Carte des puits.
Liste des principaux puits[1]
FonçageNomProfondeur
XVIIIe sièclePuits Vieux32 m
1830Puits Malivert / puits Mauvaism
1837Puits EspĂ©rance137 m
1837Puits Marcillac265 m
1837Puits Festugière208 m
1837Puits de la Cabane / Bosredon136 m
1851Puits Renard126 m
1855Puits Neuf174 m
1872Puits Sainte-Barbe197 m
1900Puits Albert40 m
1903Puits de la Valade>190 m

Production

Évolution de l’exploitation charbonnière[2] - [1]
18661867186818741875188318851890189719061912
Production en tonnes3 4002 5002 1501 4483 0002 9371 5302 2001 0492 611125
Effectifs---2945--15---

La production est faible, gĂ©nĂ©ralement comprise entre 1 000 et 3 500 tonnes par an[2] - [1]. La quantitĂ© totale de charbon extraite Ă  Cublac avoisine les 100 000 tonnes[1].

Vestiges et patrimoine

Sentier des mines.

Les vestiges miniers de l'exploitation (emplacements de puits, ruines, outils et corons) sont inventoriés et mis en sécurité par le BRGM dans les années 2009-2011[3]. La commune décide alors de les mettre en valeur, le long de sentiers de découvertes agrémentés de panneaux explicatifs. Cinq grands panneaux consacrés à l'histoire du village et des mines sont installés sous la halle publique inaugurée le [4] - [5].

  • Les panneaux sousla halle publique.
    Les panneaux sous
    la halle publique.
  • Outils de mineurs.
    Outils de mineurs.
  • Les corons.
    Les corons.
  • Le puits de la Valade.
    Le puits de la Valade.
  • Les ruines du puits de la Valade.
    Les ruines du puits de la Valade.
  • Le puits Festugière.
    Le puits Festugière.
  • La poudrièredu puits Festugière.
    La poudrière
    du puits Festugière.
  • Le puits EspĂ©rance.
    Le puits Espérance.
  • Le puits Vieux.
    Le puits Vieux.

Notes et références

  1. Tables de lectures de la halle et du sentier minier sur site.
  2. Auteur inconnu, Le patrimoine de notre village : Petra et Ignis : la pierre et le feu, la pierre qui brûle : le charbon, Commune de Cublac (lire en ligne [PDF]).
  3. M. Deroualle 2011, p. 17-21.
  4. Angélique Martinez, « Les mines de charbon corréziennes ... un patrimoine méconnu » [vidéo], sur France 3 Limousin, (consulté le ).
  5. Alain Rassat, « Cublac : la halle inaugurée », sur EWANews, (consulté le ).

Voir aussi

Articles connexes

Lien externe

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • M. Deroualle, Compte-rendu d'activitĂ©s DPSM annĂ©e 2010 - Limousin, BRGM, (lire en ligne [PDF]), p. 17-21. Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
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