Histoire de Cesena
Histoire de la commune de Cesena, parfois connue sous le nom francisé archaïque de CésÚne.
PĂ©riode Ă©trusque du VIIe au IXe siĂšcle av. J.-C.
Aujourd'hui il existe au moins quatre hypothĂšses sur l'origine du nom de Cesena :
- La fondation de Cesena viendrait des Celtes en 391 av. J.-C., et prĂ©cisĂ©ment de Brenno, leur capitaine, qui aurait tirĂ© le nom « Cesena » de la technique utilisĂ©e par les BoĂŻens pour travailler les forĂȘts voisines : « CAESURA » (cĂ©sure, abattage ou coupe de la forĂȘt).
- Le nom de la ville dĂ©riverait d'un radical Ă©trusque : Kesna ou Caizna, mĂȘme racine que le nom du torrent Cesuola, qui avec le Savio dĂ©limitaient la citĂ© vers le VIIe siĂšcle av. J.-C. et qui sont Ă l'origine de son dĂ©veloppement.
- Mais dâautres le rapportent Ă l'illustre famille de Sarsina ; les Caesii, connue dĂšs l'Ă©poque romaine, mais d'origine plus ancienne.
- Pour d'autres le nom viendrait du latin Caedo.
Cesena, comme l'ancien centre urbain de Sarsina, se trouvait le long de lâitinĂ©raire qui menait de la vallĂ©e du Savio Ă celle Tibre et donc au versant tyrrhĂ©nien. Les territoires de la vallĂ©e du Savio en effet ont Ă©tĂ© frĂ©quentĂ©s par lâhomme depuis au moins 15 000 ans, c'est-Ă -dire Ă partir de la fin du palĂ©olithique supĂ©rieur. La documentation archĂ©ologique la plus ancienne, relative Ă des installations, remonte au NĂ©olithique rĂ©cent, pendant qu'ils tendent Ă sâintensifier dans lâĂ©poque du bronze. Si les dĂ©couvertes semblent se rarĂ©fier sur les dĂ©buts de l'Ăąge du fer (IXe siĂšcle av. J.-C.), les fouilles dues aux rĂ©centes urbanisations ont mis en Ă©vidence une large frĂ©quentation Ă partir du second Ăąge du fer (?e av. J.-C.), caractĂ©risĂ©e par la prĂ©sence dâune population de culture Ă©trusque, les Umbri Sapinates, qui s'Ă©tabliront dans la haute vallĂ©e du Savio (Sapis) avec comme centre la citĂ© de Sarsina, en parallĂšlement avec la ville de Mevaniola (aujourd'hui Galeata) dans la haute vallĂ©e du Bidente. La phase celtique, dont nous font Ă©cho certaines sources littĂ©raires, n'est pas Ă©tayĂ©e pour l'instant de preuves archĂ©ologiques[alpha 2] - [1] - [2] - [3].
Domination romaine
« Castro Civitati Cesene » fut le nom de la cité durant la domination romaine. Se développant sur les rive du Savio, elle devint importante par le tracé de la Via Emilia qui traverse cette riche région agricole et facilite les échanges commerciaux. La qualité du fameux vin de la région fut notée par Pline le Jeune.
Un des exemples de centuriation romaine les mieux conservĂ©s dâEurope est celui de la rĂ©gion de Cesena, dont le tracĂ© est vraisemblablement datĂ© aprĂšs 268 av.J.-C. (annĂ©e de la fondation de Rimini) et avant 187 av.J.-C. (annĂ©e oĂč les consul Marcus Aemilius Lepidus et Paullus Emilius menĂšrent la construction de la via Emilia). La centuriation de Cesena, comme celle de Rimini, dont elle est la suite, est orientĂ©e secundum coelum, câest-Ă -dire en direction Nord-Sud, pourtant non alignĂ©e Ă la via Emilia, contrairement Ă ce qui est rĂ©alisĂ© sur les territoires Ă lâOuest de la plaine du PĂŽ. La zone entre Rimini et Cesena fut organisĂ©e ensuite selon un projet qui la destinait Ă ĂȘtre prolongĂ©e vers lâOuest. Actuellement les zones de Cesena et Rimini sont sĂ©parĂ©es par des zones apparemment non centurisĂ©es Ă cause des mouvements de terrains dus aux changements climatiques et mouvements fluviaux (lit des torrents saisonniers sâĂ©panchant en plaine comme le Rubicon-Pisciatello).
Le secteur de Cesena conserve sa forme de triangle rectangle dont la base est constituĂ©e de routes orientĂ©es Est-Ouest, alors que les routes cĂŽtĂ© vertical sont orientĂ©es Nord-Sud, parallĂšlement au fleuve Savio ; l'hypotĂ©nuse correspond Ă la ligne de fermeture du secteur de centuriation (actuelle via del Confine, entre Villalta et Pisignano), et celle ligne constitue la base postĂ©rieure de la centuriation de Cervia. Toute cette zone est traversĂ©e par une bissectrice, lâactuelle via Cervese qui, de Cesena, coupe transversalement des centuries pour rejoindre la via del Confine.
PĂ©riodes byzantine, gothique et lombarde
Avec la chute de lâempire romain, Cesena fut fidĂšle Ă Odoacre (434-493), chevalier germain au service de lâEmpire, qui subit lâascension de ThĂ©odoric le Grand. Ă ce moment, en 1371, selon le cardinal Angelico, Cesena comptait environ 2 500 Ă 3 000 habitants rĂ©partis en 5 Ă 600 foyers.
Cesena passe sous domination byzantine à la fin de la guerre gothique et fit partie de l'exarchat de Ravenne (en italien « Esarcato »). Les périodes de paix et de guerre entre Exarchat et Lombards alternaient.
La commune de Cesena
Aux XIe et XIIe siĂšcles, Cesena sâĂ©rige en commune et subit de frĂ©quentes luttes avec les communes voisines, alimentĂ©es par la division entre Guelfes et Gibelins. La « Rocca », forteresse de la ville, fut munie de nouvelles dĂ©fenses et tours par FrĂ©dĂ©ric Barberousse puis par FrĂ©dĂ©ric II.
Les Ordelaffi
En 1338, Ă la suite de lâinsurrection contre Bertrando del Paggetto (lĂ©gat du pape), Cesena nomma « Capitaine du peuple », Francesco Ordelaffi, seigneur de ForlĂŹ.
Afin de ramener Cesena dans le giron de lâĂ©tat pontifical, le pape Innocent VI envoya en Italie le cardinal Egidio Albornoz pour lutter contre les Ordelaffi et les Manfredi (seigneur de Faenza). Câest en cette pĂ©riode que Francesco II Ordelaffi confia la dĂ©fense de la ville Ă son Ă©pouse, Marzia degli Ubaldini, dite « Cia », femme Ă©nergique et rĂ©solue, qui sut dĂ©fendre la citĂ© avec un courage lĂ©gendaire (et cruautĂ© dit-on), mais le 21 juin 1357 dut se rendre et Cesena retourna sous administration papale.
La cardinal Albornoz, personnage sage, se montra utile Ă la citĂ© en faisant construire un nouveau palais pour le gouverneur, rĂ©forma les lois et Ă©quilibra plus justement les impĂŽts. Mais Ă sa mort en 1367, les luttes reprirent avec plus de fĂ©rocitĂ© et que les gouverneurs successifs ne firent quâamplifier par leur incompĂ©tence.
La ruine de Cesena, fut provoquĂ©e par le cardinal Robert de GenĂšve, fidĂšle au pape GrĂ©goire XI qui l'avait nommĂ© comme lĂ©gat et lui avait attribuĂ© une armĂ©e de mercenaires bretons et français, dirigĂ©e pat John Hawkwood, qui aprĂšs avoir assiĂ©gĂ© Bologne, arrivĂšrent Ă Cesena quâils saccagĂšrent et en y perpĂ©trant un massacre gĂ©nĂ©ral, du 1er au 3 juillet 1377, assassinant sans distinction de sexe ou dâĂąge, des milliers dâhabitants et en incendiant la ville, la rĂ©duisant Ă lâĂ©tat de ruines (environ 4000 victimes).
Seigneurie Malatestiana
- Galeotto Malatesta fut le premier seigneur de Cesena, issu de la fameuse famille des Malatesti de Rimini. La cité fut reconstruite et connut enfin une période de paix et de développement (abolition des impÎts pour 5 années).
- Avec AndrĂ©a Malatesta en 1416, Cesena sâagrandit des domaines de Bertinoro, Meldola et Cervia.
- Puis Carlo Malatesta restaure la « Rocca » et y construit un nouveau chùteau.
- Pandolfo Malatesta entoure Cesena dâune nouvelle enceinte.
- Puis ce fut Ă Domenico Malatesta, dit Novello, grand mĂ©cĂšne et homme sage, que fut attribuĂ©e la reconstruction et la fortification de la « Rocca » et de la ceinture de muraille, la construction dâĂ©glises, de couvents, d'un hĂŽpital, la rĂ©paration du pont sur le Savio, le creusement dâun canal pour lâalimentation des moulins et son Ćuvre principale : la bibliothĂšque Malatestiana.
Novello dut reprendre les armes en 1462 pour prendre part Ă la lutte de son frĂšre Sigismondo contre Federico di Montelfetro. Cet Ă©pisode marque la fin des Malatesta et Novello se retira Ă Bertinoro oĂč il mourut le 20 novembre 1465.
La peuple refusant la domination de lâĂ©tat pontifical, les seigneurs reprirent les luttes intestines pour la domination du territoire.
Les Borgia
Avec lâarrivĂ©e de CĂ©sar Borgia (1475-1507), le 2 aoĂ»t 1500, la paix revint enfin comme au temps des Malatesta. MalgrĂ© sa renommĂ©e dâhomme cruel, CĂ©sar Borgia (fils du pape Alexandre VI), sut se monter Ă©quitable, tant auprĂšs des notables que de la plĂšbe. AprĂšs son action pour faire la paix entre les deux familles rivales des Tiberti et des Martinelli, CĂ©sar Borgia chargea LĂ©onard de Vinci dâentreprendre de grands travaux Ă Imola, puis Ă Cesenatico avec la construction dâun port-canal (port actuel) qui doit rĂ©sister Ă lâensablement et aux coups de boutoir de la mer (lâoriginal du plan se trouve Ă la BibliothĂšque Nationale de Paris). Puis le projet, qui nâaboutit pas, dâun canal reliant Cesena Ă Cesenatico (14 km).
LucrĂšce Borgia, sĆur de CĂ©sar, aprĂšs deux mariages (avec Giovanni Sforza, seigneur de Pesaro en 1493, puis avec Alphonse d'Aragon, prince de Bisceglie, Ă©tranglĂ© en 1500 sur ordre de CĂ©sar), fut envoyĂ©e vers Alphonse Ier d'Este, fils dâHercule Ier d'Este (duc de Ferrare), pour consolider le pouvoir de la famille Borgia sur lâĂmilie-Romagne. Le pacte de mariage conclu, LucrĂšce quitta Rome avec une escorte de 150 personnes et 200 cavaliers, pour arriver Ă Cesena le 2 juin 1502, oĂč elle fut accueillie par Don Ramiro De Lorqua (prince espagnol nommĂ© gouverneur de Romagne par CĂ©sar Borgia pour sa fidĂ©litĂ©, mais qui le fit assassiner et dĂ©capiter peu de temps aprĂšs).
Le 24 juin une grande fĂȘte fut organisĂ©e Ă Cesena avec la participation de la population de la citĂ© et des contrĂ©es voisines. LucrĂšce rejoint la cour dâEste escortĂ©e par 700 fantassins, en protections des bandes de « mesnardiere » rassemblĂ©es Ă Cervia.
AprĂšs une rencontre fortuite et accidentelle avec un groupe armĂ© sous les ordres du chevalier Beaumont, qui ne reconnut pas CĂ©sar Borgia ; celui-ci mourut le 11 mars 1507 aprĂšs une lutte acharnĂ©e. Cesena retourna, une fois de plus, sous la domination de lâĂ©tat pontifical.
Lâoccupation française
En 1796, les français occupent la ville, crĂ©ant des incidents avec la population. La situation se calma avec lâarrivĂ©e de NapolĂ©on Ier au dĂ©but de fĂ©vrier 1797 et la crĂ©ation de « commissions communales » et de lois favorables pour le peuple ; qui suscita chez celui-ci lâamour de la libertĂ© et lâindĂ©pendance de la Patrie.
Le Risorgimento
Avec la dĂ©faire de NapolĂ©on Ă la bataille de Leipzig Ă la fin de lâannĂ©e 1813, les troupes autrichiennes occupĂšrent Cesena. AprĂšs quelques Ă©popĂ©es politiques, la rĂ©gion passa sous la coupe du pape ClĂ©ment Pie VII.
Ă partir des annĂ©es 1820-21, des troubles reprirent et lâidĂ©e dâindĂ©pendance fit son chemin malgrĂ© lâintervention des troupes papales. Le 1er dĂ©cembre 1859 fut signĂ© Ă Bologne, par lâassemblĂ©e de Romagne, la fin du pouvoir papale sur la rĂ©gion. En mars 1860, Cesena plĂ©biscite son entrĂ©e dans le Royaume d'Italie.
Le Royaume d'Italie
Cesena et toute la Romagne entrĂšrent dans une Ăšre de rĂ©volution et de passion patriotique, refusant lâadministration monarchique et disposĂ©s Ă suivre Giuseppe Mazzini et Giuseppe Garibaldi dans leur aventure et pour lâinstauration de lâunitĂ© nationale.
Bibliographie
- (it) Antonio Saltini, Via Emilia : Percorsi inconsueti fra i comuni dell'antica strada consolare, Bologne, Calderini/IlSole 24 Ore, , 224 p. (ISBN 978-88-506-4958-7)
- (it) Umberto Diotti, La CiviltĂ Romana, Nocera, De Agostini, (ISBN 88-415-8119-0)
- (it) Denis Capellini, Guida di Cesena, CittĂ Malatestiana, Cesena, Il Ponte Vecchio, (ISBN 88-8312-175-9)
- (it) Marino Mengozzi, Storia della Chiesa di Cesena,
Notes et références
Notes
- Ici : les vestiges de fondations et de soubassements de « Caizna ».
- Ce complexe urbain est signalé par des vestiges de fortifications, un groupement de sépultures dont l'ensemble une nécropole et des restes de taxons matérialisant l'exploitation et la production d'un vignoble étrusque. L'ensemble de ces éléments, attribués pour une période allant du début du VIe siÚcle av. J.-C. jusqu'à la fin du IVe siÚcle av. J.-C., se développent au sein d'un territoire compris entre Cesena, Forli et Forlipompoli.
Références
- (it) Pierre Grimal, « Michelangelo Cagiano de Azevedo, Interamna Lirenas uel Sucasina (Collection Italia Romana : Municipi e Colonie, Ser. II, vol. II). Istituto di Studi Romani, 1947 ;Guido Achille Mansuelli, Caesena, Forum Popili, Forum Liui (mĂȘme Collection, Ser. II, vol. III). Istituto di Studi Romani, 1948 ; Mario Moretti, Ancona (mĂȘme Collection, Ser. I, vol. VIII). Istituto di Studi Romani, 1945. », Revue des Ătudes Anciennes, vol. Tome 52, nos 1 et 2,â , pages 169-171 (lire en ligne, consultĂ© le )
- Christine Delplace, « Dix ans de recherches (1975-1985) sur l'Adriatique antique (IIIe siĂšcle av. J.-C. - IIe siĂšcle ap. J.C) : TroisiĂšme partie. L'Adriatique romaine », dans Christine Delplace, MĂ©langes de l'Ecole française de Rome, vol. tome 100, n°2, Rome, Ăcole française de Rome, coll. « AntiquitĂ© », (DOI 10.3406/mefr.1988.1613, lire en ligne), p. 983-1088
- (it) Mario Zucchi, Scritti di archeologia, L'ErmĂ di Breteicher, (lire en ligne), pages 212-412 et 213-413
Voir aussi
Liens externes
- L'histoire de Cesena sur site University Rooms Cesena