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Rubicon-Pisciatello

Le Rubicon-Pisciatello est l’objet d’une polémique, surtout vivace au XVIIIe siècle, qui a divisé les Romagnols sur le lit de l’antique Rubicon, que le cours des siècles et l’œuvre de l’homme ont profondément modifié.

Époque romaine

Extrait de la table de Peutinger entre Ravenne et Rimini
  • La première trace littĂ©raire du Rubicon-Pisciatello apparaĂ®t Ă  la suite de l’affaire du Alea jacta est lorsque Jules CĂ©sar le –49 traversa la rivière, frontière entre la Gaule cisalpine et la RĂ©publique romaine donnant le dĂ©part de la guerre civile.
  • la première trace Ă©crite sur le Rubicon apparaĂ®t sur la Tabula Peutingeriana. Cette table rĂ©alisĂ©e au XIIIe siècle et une copie des itinĂ©raires et routes romaines du IIIe – IVe siècle environ. Un extrait de cette table est dĂ©crit par l’ingĂ©nieur A. Veggiani[1] :

La Table rapporte divers noms de localitĂ©s et de fleuves avec les distances relatives en milles (qui correspond Ă  1,48 km).

    • Sur la Popilia Ravenne-Rimini: Ă  12 milles d’Arimino (17,76 km de Rimini) il y l’embouchure du fl.Rubico (le fleuve Rubicon), Ă  3 milles (4,44 km) du fl.Rubico : il y a l'habitât de Ad Novas (Cesenatico), Ă  11 milles (16,28 km) de Ad Novas : le fl.Sabis (fleuve Savio), Ă  11 milles du fl.Sabis : Ravenna.
    • Sur la Via Emilia de Piacenza Ă  Rimini : Ă  12 milles d’Arimino (17,76 km de Rimini) : l’habitât de Ad Confluentes et Ă  8 milles (11,84 km) de Ad Confluentes : Curva Cesena (Cesena).

En supposant que, sur la Tabola Peutigeriana, Ad Confluentes correspond à la confluence de la Via Emilia et du fl.Rubico ; ces positions correspondent à peu près à la position du Rigoncello (aujourd’hui la Rigossa), le torrent qui traverse Gambettola et qui rejoint le Pisciatello et le Fiumicino à Gatteo a Mare.

  • Le cours des anciens fleuves qui traversaient les zones a Ă©tĂ© dĂ©fini ainsi par Veggiani :
    • le fleuve Savio au nord de Cesena avec un parcours semblable Ă  l'actuel ;
    • Le Pisciatello nĂ© des confluences des rii Marano et Donegaglia, au sud-est de Cesena qui aboutissait près de Ad Novas, après avoir reçu les eaux du Cesuola-Mesola.
    • Le Rubicon (Urgon en dialecte) qui descendait de Strigara, Monteleone, Montiano jusqu'Ă  Calisese et de lĂ  s'orientait au Nord-Est le long du lit, qui est aujourd'hui celui du Rigoncello et allait aboutir près de Gatteo a Mare après avoir reçu de droite la Rigossa et le Fiumicino provenant de Savignano
    • Le torrent Luso (Uso) avait un cours semblable Ă  l'actuel.

Haut Moyen Ă‚ge

Bouleversement climatique

  • Il est Ă©tabli qu’à l’époque du haut Moyen Ă‚ge, entre les annĂ©es 400 et 750, y eut une aggravation climatique considĂ©rable, avec des tempĂ©ratures plus basses, une avancĂ©e des glaciers et l'augmentation de la pluviositĂ©, sans oublier quelques sĂ©ismes. Ă€ ces bouleversements mĂ©tĂ©orologiques coĂŻncident les invasions barbares ; il s’ensuivit la dĂ©cadence de la vie civile et des connaissances techniques. Il est aisĂ© de comprendre que ceux-ci furent des siècles de grands bouleversements hydrogĂ©ologiques avec de violents dĂ©bordements fluviaux, de l'Ă©rosion des sols et des dĂ©pĂ´ts alluvionnaires qui ont bouleversĂ© tout le territoire[2].
  • Un autre tĂ©moignage est apportĂ© par Procope de CĂ©sarĂ©e, historien byzantin du VIe siècle, dans ses rĂ©cits de la guerre entre l’empereur Justinien et les Goths, Ă©crivit que le gĂ©nĂ©ral Narsès (552-553) descendant vers Ravenne pour affronter le roi Totila avec les troupes byzantines, connut de grandes difficultĂ©s pour avancer dans cette zone très marĂ©cageuse situĂ©e entre Ravenne et Rimini (zone occupĂ©e par quelques habitations sur des terres surĂ©levĂ©es du rivage adriatique)[3].

Le cours des torrents

  • Notre Rubicon, Ă  Calisese, Ă  la suite d'une violente crue, sortit de son lit et, plutĂ´t que poursuivre en direction du Nord-Est, comme avant, se dĂ©plaça au nord jusqu'Ă  s'introduire dans le lit du Pisciatello et de poursuivre, avec autres dĂ©viations, jusqu'Ă  Cesenatico, en crĂ©ant ainsi un nouveau fleuve Rubicon-Pisciatello.
  • L’ancien lit dans la vallĂ©e de Calisese, abandonnĂ© par le Rubicon et restĂ© avec peu d'eau, prit le nom de Rigoncello, en recevant encore Ă  droite les eaux de la Rigossa.
  • Le Pisciatello, Ă  Villa Casone, est dĂ©viĂ© au nord dans la Mesola afin d’éviter les territoires trop marĂ©cageux Ă  l’Est de Ad Novas.
  • Au Sud de Cesena, le Cesuola est dĂ©viĂ© de son cours normal pour rejoindre le Savio (ex Sabis).

Le réseau routier

Même le système routier fut bouleversé. La voie romaine Popilia fut remplacée par une nouvelle route côtière, la Via Littorale (aujourd’hui la Romea), plus près de la mer, pendant que la via del Confine, provenant de Pisignano, s'interrompait à la hauteur de Villalta et déviait au sud, en passant par Sala, S. Angelo et Gatteo pour joindre la Via Emilia entre Savignano et Compito.

XIIIe siècle

Une documentation relative à un litige (1268) entre l’abbaye de Classe et la commune de Cesena, relate l’existence d’un Pissatellus vetus et d’un Pissatellus novum[4] : Après un nouveau processus climatique négatif des XIe et XIIe siècles, le Pisciatello reprit son ancien parcours romain jusqu’au hameau de Bagnarola pour s’ouvrir un autre lit plus au sud, en direction de Ponte Rosso, via un canal de bonification[5]. Le Pisciatello prit le nom de Pissatellus novum.

XVe siècle

Boccaccio (1313-1375), au XIVe siècle, dans son traité (De montibus, silvis, fontibus, lacubus, fluminibus, stagnis seu paludis, et de nominibus maris liber, 1360) identifiait le Rubicon dans le Pisatellum, celui qui aujourd’hui est connu comme le torrent Pisciatello.

À la fin du XVe siècle (1496), le Rubicon-Pisciatello fut éloigné artificiellement de Cesenatico, où il provoquait des dommages aux salines et à Porto Cesenatico avec ses débordements, et est dévié dans son ancienne, et actuelle, fosse, celle du Fiumicino-Rigoncello-Rigossa.

XVIIe et XVIIIe siècles

Pour le fleuve Uso

Pendant ces deux siècles, une série d’actions est portée par les gens de Rimini pour faire admettre que le fleuve Luso (Uso aujourd’hui) est le véritable Rubicon.

  • DĂ©jĂ  en 1641, monseigneur Giovanni Villani[6]avair soutenu les raisons de l'Uso, le rĂ©pĂ©tant en 1647 avec la « Dissertatio de Rubocone Antiquo ».
  • En 1743, le mathĂ©maticien Domenico Vandelli de Modène avait soutenu «la correspondance de l’Uso au Rubicone »[7].
  • Le chercheur et polygraphe Giovanni Bianchi (Iano Planco, 1693-1775) identifie le « Rubicon des Anciens » dans la rivière Luso (Uso), en 1746, il confirme que Luso ne devait pas ĂŞtre confondu avec l’« Aprusa de Pline », c'est-Ă -dire l’Ausa, comme prĂ©tendait Cesena et qu'il Ă©tait « le vĂ©ritable Rubicon des Ancient »[8].

En 1748, Bianchi relance la polémique avec une nouvelle, du style de Boccace, dans laquelle le fleuve Uso, par prosopopée, confesse « soutenir que tous les érudits sont et seront toujours pour le vrai Rubicon ».

  • Luso (Uso) passe dans la paroisse de la « riche chapelle de SS. Vito e Modesto » Ă  San Vito[9]d’oĂą est titulaire depuis le Giovanni Paolo Giovenardi (Ă©lève de G. Bianchi)[10], celui-ci en novembre de la mĂŞme annĂ©e, fait mettre sur la rive orientale du fleuve, sur le terrain du cimetière de la mĂŞme Ă©glise, une plaque avec l'inscription portant les mots repris Ă  Pline : «Finis Heic Italiae Quondam Rubicon ». La pierre tombale suscita un diffĂ©rend juridique issu de Cesena en 1750 et qui dura jusqu'au .

Pour le Pisciatello

  • Tableau qui indique le cours du fleuve Rubicon de G. Braschi, De vero Rubicone, Roma, 1733.
  • Tableau de la cĂ´te romagnole entre Ravenne et Rimini de G. Braschi, De vero Rubicone, Roma, 1733.
  • Tableau de l’antique Rubicon de Gabriello Maria Guastuzzi (1749)
  • Tableau dĂ©montrant l’impossibilitĂ© que le fleuve Uso fĂ»t l’antique Rubicon, de S. Sassi, 1757.
  • Tableau « Flaminia » musĂ©e du Vatican (couloir des cartes).

Sources et Références

  • Livre « Da S.Agata a Macerone », Banca di credite cooperativo di macerone, Claudio RIVA, 1994
  • Livre « Cesenatico, da porto di Cesena Ă  Comune » da Francesco Santucci, edit. « Il Ponte Vecchio » 1995.
  1. Il Rubicone di Antonio Veggiani – Società Editrice Il Ponte Vecchio
  2. A.VEGGIANI, L’uomo e le vicende della natura in Storia di Cesena III. La dominazione pontificale, Rimini, 1969, p.520
  3. PROCOPIO, le guerre persiana, vandala, gotica, Torino, 1977, p.740
  4. M.FANTUZZI, doc. n.LXVII : Divisione di terreni fra la cittĂ  di Cesena ed il Monastero di S. Apollinare in Classe di Ravenne (22 novembre 1268)
  5. A.VEGGIANI, Origine ed evoluzione del territorio di Cesenatico, in « la Marineria Romagnola, l’uomo, l’ambiente », 1978, p.20
  6. G. Villani, Ariminesis Rubicon in Cæsenam Claramontii, Arimini 1641
  7. A. Pecci, Note storico-bibliografiche intorno al Fiume Rubicone, Bologna 1889, p. 25.
  8. Cfr. Nov., tomo VII, n. 50, 16 dicembre 1746, col. 790.
  9. G. Urbani, Raccolta di Scrittori e Prelati Riminesi, SC-MS. 195, BGR, p. 764.
  10. le biografie di G. P. Giovenardi (1708-1789) in SC-MS 227, Miscellanea Ariminensis Garampiana, Apografi, BGR

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