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Exarchat

« Exarchat » (/ɛgzaʁka/[1]), mot d'origine grecque, peut prendre deux sens. Le premier, politique et administratif, est propre Ă  l'Empire romain d'Orient. L'autre, ecclĂ©siastique, est propre Ă  l'Église orthodoxe et aux Églises catholiques orientales.

L'exarchat, autorité civile et militaire des marges de l'Empire

En rose plus foncé, les exarchats de Ravenne et de Carthage en 560, avec les langues vernaculaires.

L’exarchat est une organisation de certains territoires pĂ©riphĂ©riques de l’Empire byzantin, mise en place au VIe siĂšcle pour faire face Ă  la menace d’envahisseurs. L’exarchat est dirigĂ© par un « exarque » qui concentre les pouvoirs civils et militaires[2].

Le nom « exarque » vient du grec exarchos par l’intermĂ©diaire du latin exarchus. Il est synonyme de gouverneur, d’aprĂšs le verbe exarchein, « diriger, gouverner ». L’exarque Ă©tait un haut fonctionnaire, dĂ©lĂ©guĂ© dans un territoire Ă©loignĂ© de la capitale, dĂ©tenant simultanĂ©ment les pouvoirs civil et militaire, lesquels Ă©taient sĂ©parĂ©s dans le reste de l’empire.

Cette organisation visait Ă  rĂ©agir de façon optimale aux dangers menaçant l’empire dans ses rĂ©gions pĂ©riphĂ©riques, sans devoir attendre les ordres venus de Constantinople. Ils bĂ©nĂ©ficiaient d’un plus grand degrĂ© d’indĂ©pendance que les autres gouverneurs provinciaux.

Seuls deux exarchats furent constituĂ©s, Ă  Ravenne contre l'invasion des Lombards, et Ă  Carthage. Les autres provinces de l’empire byzantin reçurent progressivement une organisation semblable, mais sous le nom de « thĂšmes ».

Les exarques civils Ă©taient de vĂ©ritables vice-rois, Ă  qui l'on confiait le gouvernement de plusieurs provinces tandis que les exarques ecclĂ©siastiques Ă©taient des dĂ©lĂ©guĂ©s du patriarche de Constantinople ou du Saint-Synode, chargĂ©s de visiter les diocĂšses, et de surveiller la discipline et les mƓurs du clergĂ©.

L'exarchat, représentation d'un primat en dehors de son territoire

Dans les Églises d'Orient, un exarque est un Ă©vĂȘque qui a reçu pour mission de reprĂ©senter un patriarche auprĂšs d'un autre patriarche ou dans un lieu qui n'est le territoire d'aucune Église orthodoxe autocĂ©phale.

Le vicaire impĂ©rial (gouverneur d'un diocĂšse politique) s'appelait souvent « exarque Â» dans les parties orientales et grecques de l'Empire. Par consĂ©quent, il est courant chez les mĂ©tropolites des capitales diocĂ©saines (ÉphĂšse dans le diocĂšse d'Asie, Heraclea en Thrace et CĂ©sarĂ©e en Cappadoce ) d'utiliser le titre « exarque Â» Ă  leur Ă©gard afin de souligner leur prĂ©Ă©minence et la primautĂ© de leur statut sur les mĂ©tropolites des autres diocĂšses politiques locaux[2].

Le Concile de ChalcĂ©doine qui accorde en 451 une autoritĂ© spĂ©ciale Ă  Constantinople, comme Ă©tant «la rĂ©sidence de l'empereur et du SĂ©nat», place les exarques diocĂ©sains sous la juridiction de l'archevĂȘque de Constantinople. Les mĂ©tropolitains — exarques d'ÉphĂšse — essayĂšrent de rĂ©sister Ă  la juridiction suprĂȘme de Constantinople, mais Ă©chouĂšrent finalement en raison du soutien du gouvernement impĂ©rial Ă  la crĂ©ation d'un Patriarcat centralisĂ©[2].

Lorsque la proposition de former un gouvernement de la chrĂ©tientĂ© universelle autour de cinq patriarcats (Rome, Constantinople, Alexandrie, Antioche et JĂ©rusalem, connue sous le nom de la pentarchie) a Ă©tĂ© formulĂ©e dans la lĂ©gislation de l'empereur Justinien I (527-565), le nom « patriarche Â» devint officiel afin de dĂ©signer les chefs des grandes Ă©glises autocĂ©phales, et le titre d'« exarque », par rĂ©trogradation, fut utilisĂ© pour dĂ©signer les mĂ©tropolites comme les « exarques patriarcaux Â» des provinces ecclĂ©siastiques. La prĂ©Ă©minence de Constantinople mit fin aux privilĂšges des trois anciens exarchats originaux, qui retombĂšrent dans leur statut de mĂ©tropolites ordinaires[3].

L'exarchat est Ă  la fois la dignitĂ© de l'exarque, l'ensemble des paroisses et des fidĂšles placĂ©s sous sa responsabilitĂ© ainsi que l'Ă©glise et les bĂątiments qui en constituent le siĂšge. C'est en quelque sorte un Ă©vĂȘchĂ© sans diocĂšse et sans structure prĂ©vue pour durer. C'est une façon de s'adapter Ă  des circonstances particuliĂšres : absence d'une Ă©glise locale organisĂ©e, nĂ©cessitĂ© d'assurer une vie liturgique Ă  un personnel diplomatique.

Un exarchat possĂšde un statut dĂ©rogatoire par rapport au principe de la territorialitĂ© de l'organisation ecclĂ©siastique. L'Ă©vĂȘque mentionnĂ© dans les diptyques n'est pas l'Ă©vĂȘque du lieu mais le primat reprĂ©sentĂ© par l'exarque. On peut comparer l'exarchat ecclĂ©siastique Ă  l'extra-territorialitĂ© de bĂątiments diplomatiques.

Les mĂ©tropolites des « Nouvelles Terres Â» du Nord et de l'Est de la GrĂšce (nord du continent, Ăźles Ă©gĂ©ennes, CrĂšte) ne dĂ©pendent pas du patriarcat d'AthĂšnes mais sont des exarques du Patriarcat ƓcumĂ©nique de Constantinople.

Articles connexes

Notes et rĂ©fĂ©rences 

  1. Exarchat, CNRTL.
  2. Meyendorff, John (1989). Imperial unity and Christian divisions: The Church 450-680 A.D. The Church in history. 2. Crestwood, NY: St. Vladimir's Seminary Press.
  3. A. Fortescue, Orthodox Eastern Church, 21-25.
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