Exarchat
« Exarchat » (/ÉgzaÊka/[1]), mot d'origine grecque, peut prendre deux sens. Le premier, politique et administratif, est propre Ă l'Empire romain d'Orient. L'autre, ecclĂ©siastique, est propre Ă l'Ăglise orthodoxe et aux Ăglises catholiques orientales.
L'exarchat, autorité civile et militaire des marges de l'Empire
Lâexarchat est une organisation de certains territoires pĂ©riphĂ©riques de lâEmpire byzantin, mise en place au VIe siĂšcle pour faire face Ă la menace dâenvahisseurs. Lâexarchat est dirigĂ© par un « exarque » qui concentre les pouvoirs civils et militaires[2].
Le nom « exarque » vient du grec exarchos par lâintermĂ©diaire du latin exarchus. Il est synonyme de gouverneur, dâaprĂšs le verbe exarchein, « diriger, gouverner ». Lâexarque Ă©tait un haut fonctionnaire, dĂ©lĂ©guĂ© dans un territoire Ă©loignĂ© de la capitale, dĂ©tenant simultanĂ©ment les pouvoirs civil et militaire, lesquels Ă©taient sĂ©parĂ©s dans le reste de lâempire.
Cette organisation visait Ă rĂ©agir de façon optimale aux dangers menaçant lâempire dans ses rĂ©gions pĂ©riphĂ©riques, sans devoir attendre les ordres venus de Constantinople. Ils bĂ©nĂ©ficiaient dâun plus grand degrĂ© dâindĂ©pendance que les autres gouverneurs provinciaux.
Seuls deux exarchats furent constituĂ©s, Ă Ravenne contre l'invasion des Lombards, et Ă Carthage. Les autres provinces de lâempire byzantin reçurent progressivement une organisation semblable, mais sous le nom de « thĂšmes ».
Les exarques civils Ă©taient de vĂ©ritables vice-rois, Ă qui l'on confiait le gouvernement de plusieurs provinces tandis que les exarques ecclĂ©siastiques Ă©taient des dĂ©lĂ©guĂ©s du patriarche de Constantinople ou du Saint-Synode, chargĂ©s de visiter les diocĂšses, et de surveiller la discipline et les mĆurs du clergĂ©.
L'exarchat, représentation d'un primat en dehors de son territoire
Dans les Ăglises d'Orient, un exarque est un Ă©vĂȘque qui a reçu pour mission de reprĂ©senter un patriarche auprĂšs d'un autre patriarche ou dans un lieu qui n'est le territoire d'aucune Ăglise orthodoxe autocĂ©phale.
Le vicaire impĂ©rial (gouverneur d'un diocĂšse politique) s'appelait souvent « exarque » dans les parties orientales et grecques de l'Empire. Par consĂ©quent, il est courant chez les mĂ©tropolites des capitales diocĂ©saines (ĂphĂšse dans le diocĂšse d'Asie, Heraclea en Thrace et CĂ©sarĂ©e en Cappadoce ) d'utiliser le titre « exarque » Ă leur Ă©gard afin de souligner leur prĂ©Ă©minence et la primautĂ© de leur statut sur les mĂ©tropolites des autres diocĂšses politiques locaux[2].
Le Concile de ChalcĂ©doine qui accorde en 451 une autoritĂ© spĂ©ciale Ă Constantinople, comme Ă©tant «la rĂ©sidence de l'empereur et du SĂ©nat», place les exarques diocĂ©sains sous la juridiction de l'archevĂȘque de Constantinople. Les mĂ©tropolitains â exarques d'ĂphĂšse â essayĂšrent de rĂ©sister Ă la juridiction suprĂȘme de Constantinople, mais Ă©chouĂšrent finalement en raison du soutien du gouvernement impĂ©rial Ă la crĂ©ation d'un Patriarcat centralisĂ©[2].
Lorsque la proposition de former un gouvernement de la chrétienté universelle autour de cinq patriarcats (Rome, Constantinople, Alexandrie, Antioche et Jérusalem, connue sous le nom de la pentarchie) a été formulée dans la législation de l'empereur Justinien I (527-565), le nom « patriarche » devint officiel afin de désigner les chefs des grandes églises autocéphales, et le titre d'« exarque », par rétrogradation, fut utilisé pour désigner les métropolites comme les « exarques patriarcaux » des provinces ecclésiastiques. La prééminence de Constantinople mit fin aux privilÚges des trois anciens exarchats originaux, qui retombÚrent dans leur statut de métropolites ordinaires[3].
L'exarchat est Ă la fois la dignitĂ© de l'exarque, l'ensemble des paroisses et des fidĂšles placĂ©s sous sa responsabilitĂ© ainsi que l'Ă©glise et les bĂątiments qui en constituent le siĂšge. C'est en quelque sorte un Ă©vĂȘchĂ© sans diocĂšse et sans structure prĂ©vue pour durer. C'est une façon de s'adapter Ă des circonstances particuliĂšres : absence d'une Ă©glise locale organisĂ©e, nĂ©cessitĂ© d'assurer une vie liturgique Ă un personnel diplomatique.
Un exarchat possĂšde un statut dĂ©rogatoire par rapport au principe de la territorialitĂ© de l'organisation ecclĂ©siastique. L'Ă©vĂȘque mentionnĂ© dans les diptyques n'est pas l'Ă©vĂȘque du lieu mais le primat reprĂ©sentĂ© par l'exarque. On peut comparer l'exarchat ecclĂ©siastique Ă l'extra-territorialitĂ© de bĂątiments diplomatiques.
Les mĂ©tropolites des « Nouvelles Terres » du Nord et de l'Est de la GrĂšce (nord du continent, Ăźles Ă©gĂ©ennes, CrĂšte) ne dĂ©pendent pas du patriarcat d'AthĂšnes mais sont des exarques du Patriarcat ĆcumĂ©nique de Constantinople.
Articles connexes
- Exarchat impérial :
- Italie byzantine
- Espagne byzantine
- Exarchat ecclésiastique :
Notes et références
- Exarchat, CNRTL.
- Meyendorff, John (1989). Imperial unity and Christian divisions: The Church 450-680 A.D. The Church in history. 2. Crestwood, NY: St. Vladimir's Seminary Press.
- A. Fortescue, Orthodox Eastern Church, 21-25.