Hexactinellida
Les éponges hexactinellides ou éponges siliceuses ou encore éponges hyalines ou éponges de verre forment une classe d'éponges appartenant au groupe des Métazoaires (animaux) d’organisation très simple, mais pouvant néanmoins prendre des formes complexes et parfois constituer des récifs (autrefois sur les milliers de km²).
Tout comme les Demosponges, elles n'ont pas de véritables tissus. Ce sont des Parazoaires.
Structure
Le squelette des éponges hexactinellides est composé de spicules siliceux à 6 pointes suivant 3 axes : les hexactines. Certains spicules sont de grande taille (les mégasclères), d’autres sont plus petits (les microsclères). Les mégasclères s’agencent en un réseau siliceux complexe, sans matrice protéique.
Le feuillet organique des éponges hexactinellides est en grande partie composé d'un « syncytium » (cellules indépendantes faisant la jonction entre le squelette et l'éponge elle-même)[2]. Ainsi il n’existe pas de pinacoderme (une couche cellulaire externe), ni de choanoderme (constitué normalement par une couche de choanocytes). Ce dernier est remplacé par un choanosyncytium qui bourgeonne des structures semblables à des choanocytes.
Habitat
Les représentants contemporains de ces éponges vivent préférentiellement dans les eaux marines profondes (à plus de 200 m et jusqu'à 6 000 m[2]) ainsi que dans les eaux polaires, mais quelques espèces sont parfois trouvées à quelques dizaines de mètres, notamment en Colombie Britannique[3]. Elles sont plutôt associées à des eaux très froides, mais il en existe en zone tropicale et par exemple au moins une petite dizaine d'espèces en mer Ionienne au cœur de la mer Méditerranée (en profondeur toutefois dans les eaux plus froides ; à environ 2000 mètres de profondeur dans le cas de la mer Ionienne)[4].
Des éponges de verre ont aussi été trouvées dans des champs profonds de nodules polymétalliques dans le nord-est du Pacifique dans la zone dite Clipperton Fracture Zone[5].
RĂ©cifs fossiles vivant...
De 2014 à 2017 d’extraordinaires communautés de grandes éponges du genre Hexactinellida ont été découverts par le Dr Glen Dennison qui a combiné l’utilisation d’un sonar et d’un ROV[6] - [7]. Ses premières observations ont été faites en Mer des Salish en Colombie-Britannique, et par chance à une profondeur permettant d’envoyer un engin habité (alors que ces animaux filtreurs vivent habituellement entre 500 et 3 000 m. Sous réserve de confirmation, ces assemblages pourraient s'être maintenus en place depuis plus de 10 000 ans. On les pensait disparu depuis le jurassique (-65/70 millions d'années). Ils sont actuellement explorés avec l’aide d’un petit sous-marin habité par l’Aquarium de Vancouver et la Marine Life Sanctuary Society (ONG de biologistes marins et de science citoyenne». Discovery Channel a pu utiliser le sous-marin de l’expédition pour filmer ces éponges en direct. C’est la première fois que des humains contemplent de tels écosystèmes[8]. L'utilisation d'hydrophone a montré que plus un récif est en bonne santé, plus il est bruyant (bruit émis par les crevettes). Ces récifs, dont la croissance est supposée être très lente[9] - [10] et qui sont vulnérables à la mise en suspension des sédiments périphériques[11], pourraient jouer un rôle important pour la biodiversité[12] mais en quelques décennies la moitié du grand récif récemment découvert a probablement été détruit par la pêche[13]. Des scientifiques ont demandé des mesures de protection.
Reproduction
Les hexactinellides s'opposent aux calsisponges par leurs hermaphrodismes. Une reproduction asexuée est aussi possible par bourgeonnement et formation de gemmules.
Éthologie
De nombreuses éponges de verre offrent un refuge voire un habitat à un cortège d'espèces associées[2].
Euplectella est une espèce abritant souvent un couple de crevettes entrant dans l’éponge quand elles sont petites, pour y chercher refuge. En grandissant, elles se trouvent emprisonnées dans celle-ci et y vivent toute leur vie. Au Japon, cette association constitue un cadeau traditionnel lors de mariage.
Liste des ordres
Selon World Register of Marine Species (22 juin 2015)[14] :
- sous-classe Amphidiscophora Schulze, 1886
- ordre Amphidiscosida Schrammen, 1924
- sous-classe Hexasterophora Schulze, 1886
- ordre Aulocalycoida Tabachnick et Reiswig, 2000
- ordre Hexactinosida Schrammen, 1912
- ordre Lychniscosida Schrammen, 1903
- ordre Lyssacinosida Zittel, 1877
- Aphrocallistes vastus, une Hexactinosida.
- Farrea sp., une Hexactinosida.
- Staurocalyptus sp., une Lyssacinosida.
Annexes
Articles connexes
Bibliographie
Références taxinomiques
- (en) Référence World Register of Marine Species : taxon Hexactinellida Schmidt, 1870 (+ liste ordres + liste familles)
- (en) Référence Paleobiology Database : Hexactinellida Schmidt 1870
- (fr+en) Référence ITIS : Hexactinellida Schmidt, 1870
- (en) Référence Tree of Life Web Project : Hexactinellida
- (en) Référence Animal Diversity Web : Hexactinellida
- (en) Référence uBio : site déclaré ici indisponible le 7 avril 2023
- (en) Référence Catalogue of Life : Hexactinellida Schmidt, 1870 (consulté le )
Liens externes
- (en) Christopher Mah, « Deep-Sea Glass Sponges of the Hawaiian Islands : Okeanos Explorer Sponge Digest », sur Echinoblog, .
- (en) Référence NCBI : Hexactinellida (taxons inclus)
- Ressources relatives au vivant :
- Global Biodiversity Information Facility
- (en) Animal Diversity Web
- (en) Australian Faunal Directory
- (en) Paleobiology Database
- (mul + en) iNaturalist
- (en) Interim Register of Marine and Nonmarine Genera
- (en + en) New Zealand Organisms Register
- (en) Système d'information taxonomique intégré
- (en) World Register of Marine Species
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
Notes et références
- Integrated Taxonomic Information System (ITIS), www.itis.gov, CC0 https://doi.org/10.5066/F7KH0KBK, consulté le 22 juin 2015
- (en) Christopher Mah, « Deep-Sea Glass Sponges of the Hawaiian Islands : Okeanos Explorer Sponge Digest », sur Echinoblog, .
- Krautter, M, Conway, K.W., and Barrie, V.J. 2006. Recent Hexactinosidan sponge reefs (silicate mounds) off British Columbia, Canada: frame-building processes. J. Paleont. 80(1):38-48.
- Zibrowius H (1985). Spongiaires hexactinellides vivant en mer Ionienne par 2000 m de profondeur. Rapport de la Commission internationale de la Mer Méditerranée, 29, 335-338.
- Kersken, D., Janussen, D., & Arbizu, P. M. (2017). Deep-sea glass sponges (Hexactinellida) from polymetallic nodule fields in the Clarion-Clipperton Fracture Zone (CCFZ), northeastern Pacific: Part I–Amphidiscophora. Marine Biodiversity, 1-29.
- Ash Kelly & Carolina de Ryk (2017) Looking for signs of life in B.C's rare glass sponge reefs The recently discovered reefs act as 'condos of glass' for sea life CBC News, mis en ligne le 22 aout 2017
- Megan Thomas (2017) Rare glass sponge reefs on B.C. Coast to star in live streamed expedition Scientists' remotely operated exploration of reefs deep underwater in Hecate Strait to be live streamed, CBC, mis en ligne le 11 mai 2017
- http://www.marketwire.com/library/MwGo/2017/3/30/11G134577/Images/20170309-P3090159-b24080239d9da7af84675000577667a1.jpg
- Leys, S.P. and Lauzon, N.R.J. (1998), Hexactinellid sponge ecology: growth rates and seasonality in deep water sponges. Ecology. 230(1): 111-12
- Kahn, A.S., Vehring, L.J., Brown, R.R., and Leys, S.P. (2016). Dynamic change, recruitment and resilience in reef-forming glass sponges. JMBA. 96(2):429-436.
- Leys, S.P. (2011), Effects of Sediment on Glass Sponges (Porifera, Hexactinellida) and projected effects on Glass Sponge Reefs. DFO Can. Sci. Advis. Sec. Res. Doc. 2013/074. vi + 23 p.
- Hogg, M.M., Tendal, O.S., Conway, K.W., Pomponi, S.A., Van Soest, R.W.M., Gutt, J., Krautter, M., and Robers, J.M. 2010. Deep-sea sponge grounds: reservoirs of biodiversity. UNEP-WCMC Biodiversity Series No. 32.
- Conway, K.W., Krautter, M., Barrie, J.V., and Neuweiler, M. 2001. Hexactinellid sponge reefs on the Canadian continental shelf: a unique “living fossil”. Geoscience Canada. 28(2):71-78.
- World Register of Marine Species, consulté le 22 juin 2015