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Grand BĂ©

Le Grand Bé, ou Grand Bey, est une île inhabitée de Saint-Malo située à l'embouchure de la Rance, au pied des remparts de Saint-Malo. Elle devient presqu'île à marée basse et l'on peut ainsi y accéder à pied depuis la plage de Bon-Secours. Selon son propre vœu, l'écrivain François-René de Chateaubriand y a été inhumé.

ĂŽle de Grand BĂ©
Le Grand Bé vu du fort d'Aleth avec le môle du port de Saint-Malo au premier plan, et le fort de la Conchée en arrière-plan à gauche.
Le Grand Bé vu du fort d'Aleth avec le môle du port de Saint-Malo au premier plan, et le fort de la Conchée en arrière-plan à gauche.
GĂ©ographie
Pays Drapeau de la France France
Localisation Manche (océan Atlantique)
CoordonnĂ©es 48° 39′ 08″ N, 2° 02′ 00″ O
GĂ©ologie ĂŽle continentale
Administration
RĂ©gion Bretagne
DĂ©partement Ille-et-Vilaine
Commune Saint-Malo
DĂ©mographie
Population Aucun habitant
Autres informations
Fuseau horaire UTC+01:00
GĂ©olocalisation sur la carte : Saint-Malo
(Voir situation sur carte : Saint-Malo)
ĂŽle de Grand BĂ©
ĂŽle de Grand BĂ©
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
ĂŽle de Grand BĂ©
ĂŽle de Grand BĂ©
GĂ©olocalisation sur la carte : Bretagne
(Voir situation sur carte : Bretagne)
ĂŽle de Grand BĂ©
ĂŽle de Grand BĂ©
ĂŽles en France

Toponymie

Il existe plusieurs hypothèses pour l'étymologie de l'île :

  • Le terme BĂ© est employĂ© pour dĂ©signer deux Ă®lots contigus, ici le Grand BĂ© et le Petit BĂ©. Ce terme pourrait venir du latin vadum (« guĂ© »), dont dĂ©rive la forme vĂ© et dont bĂ© est une dĂ©formation. Ă€ noter que les deux Ă®les Ă©taient accessibles Ă  marĂ©e basse, elles Ă©taient aussi sur le passage Ă  guĂ© vers les « prairies de CĂ©zembre » (prĂ© salĂ© qui existèrent jusqu'Ă  la fin du XVe siècle).
  • La forme Bey — le Grand Bey et le Petit Bey — est Ă©galement utilisĂ©e pour dĂ©signer les deux Ă®les. Vu la tradition voyageuse de la population locale, le nom pourrait faire allusion au titre du dignitaire de l'Empire Ottoman, le Bey Ă©quivalent de gouverneur. Le Grand gouverneur et le Petit gouverneur gardent ici l'entrĂ©e du port malouin.
  • La lĂ©gende d'un gĂ©ant endormi qui garde un trĂ©sor : le terme Be, signifiant tombe en breton, lui est associĂ©.
  • Le nom BĂ© pourrait avoir une Ă©tymologie commune avec la rue du Boyer, qui en est proche et dont l’extrĂ©mitĂ© la plus proche de l’île est appelĂ©e “rue des BĂ©s”, bien que la “poterne des BĂ©s” qui y mène n’ait Ă©tĂ© percĂ©e dans la muraille qu’en 1884[1].

GĂ©ographie

L'embouchure de la Rance avec au premier plan l'usine marémotrice, au centre la cité d'Aleth, la tour Solidor et le port de plaisance des Bas-Sablons, au centre et juste derrière, après la digue du môle, le Petit Bé et le Grand Bé et en arrière-plan Cézembre (à gauche) et la Conchée à droite.

Le Grand BĂ© se situe Ă  environ 500 m Ă  l’ouest de la plage de Bon-Secours, au pied des remparts de la ville.

Une dépression naturelle sépare l’île de la ville et est rarement sèche, même à marée basse. Une chaussée cimentée surélevée permet d’y accéder. Celle-ci est récente.

Au XIXe siècle, on arrivait au Grand Bé par une passerelle en bois et, plus anciennement, en marchant sur des pierres roulantes.

Depuis , lors des grandes marées, le « sonneur des Bés » avertit les touristes de la marée montante à l'aide d'une corne de brume, pour éviter qu'ils ne se retrouvent pris au piège[2].

Histoire

La découverte d’un silex sur l’îlot lors de la Seconde Guerre mondiale laisse supposer que le Grand Bé était habité dès la Préhistoire.

l’îlot du Bé fut utilisé pour la mise en quarantaine avant d’être fortifié au XVIe siècle. En 1689, Vauban utilisera à son tour le site, et l’ouvrage défensif sera agrandi vers 1697 par Garangeau[3].

Au cours de la Seconde Guerre mondiale, les Allemands prirent possession de l'Ă®lot et ils dĂ©cidèrent d'y implanter une batterie d'artillerie cĂ´tière afin de protĂ©ger la baie de Saint-Malo, en faisant un des Ă©lĂ©ments de la Festung Saint-Malo (« forteresse Saint-Malo »). Un important point d'appui y fut alors construit ; il comprenait des bunkers pour les quatre canons de 105 mm, un poste de direction de tir, des bunkers pour la dĂ©fense rapprochĂ©e, des cuves pour canons antiaĂ©riens, des abris pour le personnel, des soutes Ă  munitions et de nombreuses tranchĂ©es. Un projecteur antiaĂ©rien fut Ă©galement installĂ© Ă  proximitĂ© immĂ©diate de la tombe de Chateaubriand. Le point d'appui fut pris en charge par la 2e batterie du bataillon d'artillerie de marine 608.

Bombardement du Grand Bé par des B-24 Liberators de la 8th Air Force américaine en .

Pendant la libĂ©ration de Saint-Malo durant le mois d', les artilleurs allemands tirèrent Ă  de nombreuses reprises sur les troupes amĂ©ricaines, ce qui amena celles-ci Ă  bombarder l'Ă®lot afin d'y faire taire les canons allemands. La position fut donc pilonnĂ©e par l'aviation et par l'artillerie de nombreuses fois. Après la prise du château de Saint-Malo et du bastion de la Hollande le , l'intra-muros Ă©tait aux mains des AmĂ©ricains. Il ne restait plus que 3 positions fortifiĂ©es sous contrĂ´le allemand : la citĂ© d'Aleth, l'Ă®le de CĂ©zembre et le Grand BĂ©.

Le , les AmĂ©ricains dĂ©cidèrent d'attaquer le Grand BĂ© et demandèrent au responsable du port des informations au sujet des marĂ©es. Vers 13 h, malgrĂ© une marĂ©e montante, l'attaque fut menĂ©e par la compagnie G du 3e bataillon du 329e rĂ©giment d'infanterie, qui prit la position par un assaut Ă  la grenade sous le couvert de fumigènes. La rĂ©sistance allemande fut sporadique et la garnison se rendit en masse peu après l'attaque. La prise de la batterie allemande avait coĂ»tĂ© quelques blessĂ©s aux AmĂ©ricains ; ceux-ci avaient nĂ©anmoins rĂ©duit un des points importants de la dĂ©fense allemande de Saint-Malo et avaient fait 154 prisonniers. La citĂ© d'Aleth se rendit le lendemain, après une rĂ©sistance plus acharnĂ©e et sept jours et six nuits de bombardements amĂ©ricains. Il ne restait plus alors que la position fortifiĂ©e de l'Ă®le de CĂ©zembre, encore redoutable. Les AmĂ©ricains bombardèrent celle-ci sans relâche. Le , des artilleurs amĂ©ricains prirent possession des canons allemands encore intacts sur le Grand BĂ© et commencèrent Ă  tirer sur CĂ©zembre qui riposta en tirant violemment sur l'Ă®lot. Cette terrible rĂ©plique stoppa les tirs amĂ©ricains du Grand BĂ©, qui ne recommencèrent plus. La garnison de CĂ©zembre ne se rendit que le .

Le plus gros remorqueur du port malouin sera baptisé au nom de l’îlot en 1979[4].

Sites de l’îlot

  • Vue des Petit et Grand BĂ©s depuis la plage de Bonsecours.
    Vue des Petit et Grand BĂ©s depuis la plage de Bonsecours.
  • Ă®le du Grand BĂ©, vue depuis les remparts de Saint-Malo.
    île du Grand Bé, vue depuis les remparts de Saint-Malo.
  • Tombeau de Chateaubriand sur le Grand BĂ©, face Ă  la mer, avec la pointe de la Varde en arrière-plan.
    Tombeau de Chateaubriand sur le Grand Bé, face à la mer, avec la pointe de la Varde en arrière-plan.
  • Vue des Petit et Grand BĂ©s depuis les remparts de Saint-Malo, au coucher du soleil.
    Vue des Petit et Grand BĂ©s depuis les remparts de Saint-Malo, au coucher du soleil.

La chapelle de Notre-Dame-des-Lauriers

Cette chapelle de la seconde moitié du XIVe siècle, aujourd’hui ruinée, s’appela ultérieurement la chapelle Saint-Ouen dédiée au culte de la sainte Dwynwen ou Santez Twina ar Mor en breton. C’est vers elle que se déroulait la procession religieuse où la fête populaire malouine de la Sainte-Ouine trouve son origine[5].

Tombeau de Chateaubriand

Sur un promontoire à l’ouest de l’îlot on peut voir la tombe de François-René de Chateaubriand, écrivain et homme politique, né à Saint-Malo en 1768 et mort à Paris en 1848. C’est en 1823 que celui-ci conçoit l’idée d’être inhumé sur le Grand Bé, mais il ne fait part de ses intentions à la municipalité qu’en 1828, en sollicitant la cession d’« un petit coin de terre ». La mairie oppose un refus pour des raisons de politique locale. C’est l’intervention d’Hippolyte Michel de la Morvonnais qui permettra de faire avancer la demande. Sous l’impulsion du nouveau maire de Saint-Malo, Louis-François Hovius (1788-1873), la municipalité finit par accéder à la demande de Chateaubriand. Ce dernier ne demande aucune inscription sur sa tombe, une croix seulement. « Point d’inscription, ni nom, ni date, la croix dira que l’homme reposant à ses pieds était un chrétien : cela suffira à ma mémoire » (Chateaubriand). La dépouille de l’écrivain quitte Paris le et, via Dol-de-Bretagne, arrive à Saint-Malo le . La messe en la cathédrale de la ville est grandiose. À 14 h 10, le cercueil est placé dans sa tombe.

Une plaque posée devant la tombe porte les inscriptions suivantes :

Un roc battu par la tempĂŞte
Vaut mieux qu'un Panthéon
Quand le mort est un poète
Et que ce poète est breton[citation inexacte, à priori vers de Théodore Botrel)

« Un grand écrivain français a voulu reposer ici pour n’y entendre que la mer et le vent. Passant, respecte sa dernière volonté[6][citation exacte de l’épitaphe[7]] »

« Il dormira là-dessous, la tête tournée vers la mer ; dans ce sépulcre bâti sur un écueil, son immortalité sera comme fut sa vie, déserte des autres et tout autres et tout entourée d'orages. » (Flaubert)[8]

La chapelle de Notre-Dame-des-Lauriers

Cette chapelle de la seconde moitié du XIVe siècle, aujourd’hui ruinée, s’appela ultérieurement la chapelle Saint-Ouen. C’est vers elle que se déroulait la procession religieuse où la fête populaire malouine de la Sainte-Ouine trouve son origine[5].

Notes et références

  1. « Saint-Malo, parcours historique : Rue du Boyer », sur mairie-saintmalo.blogspot.com (consulté le )
  2. Isa-Marie, « Le Passage du Grand Bé à Saint Malo, Tombe de Chateaubriand », sur grelinettecassolettes.com, (consulté le )
  3. « Fort de l’îlot du Grand Bé (Saint-Malo) », sur patrimoine.bzh, (consulté le )
  4. « remorqueur Grand Bé », sur bateaux-de-saint-malo.com (consulté le ).
  5. « Patrimoine de Saint-Malo », sur infobretagne.com (consulté le ).
  6. Bertrand Beyern, « Saint-Malo, île du Grand Bé », sur bertrandbeyern.fr (consulté le )
  7. « Saint-malo, le Grand Bé : la tombe de François-René de Chateaubriand face au large »
  8. « Saint-Malo : le Grand Bé, le Petit Bé et l’île de Cézembre », sur tentations-voyages.com (consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie

  • Paul Aubry, L'agonie de Saint-Malo, Ă©dition La Voix de l'Ouest, 1945.
  • Éric Rondel, ÉtĂ© 1944 : la 3e armĂ©e de Patton en Bretagne, Ă©dition Club 35, 1994.

Articles connexes

Liens externes

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