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La Conchée

La Conchée est un îlot rocheux fortifié situé au large dans la baie de Saint-Malo. Construit par Vauban, le fort recouvre la quasi-totalité de l'îlot situé face à la grande plage de Rochebonne.

Fort de la Conchée
Le fort de la Conchée.
Présentation
Type
Fort militaire
Destination initiale
Protection de la baie de Saint-Malo
Destination actuelle
En restauration
Architecte
Ingénieur
Construction
1692-1730 (28 ans)
Propriétaire
Propriété privée
Patrimonialité
Localisation
Pays
RĂ©gion
DĂ©partement
Commune
Emplacement
Baie de Saint-Malo (d)
Coordonnées
48° 41′ 01″ N, 2° 02′ 39″ O
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
GĂ©olocalisation sur la carte : Ille-et-Vilaine
(Voir situation sur carte : Ille-et-Vilaine)
GĂ©olocalisation sur la carte : Saint-Malo
(Voir situation sur carte : Saint-Malo)

Ressemblant Ă  un vaisseau de granit, difficilement accessible mĂŞme par temps calme, le fort est en cours de restauration.

Le fort de la ConchĂ©e se situe en baie de Saint-Malo Ă  deux milles marins (3 700 m) au nord du port. Il fut Ă©difiĂ© par Vauban Ă  partir de 1692 pour s’opposer aux attaques des navires anglais.

À cette époque, Saint-Malo était le mouillage abrité dans l’entrée de la Rance d’une importante flotte de navires corsaires qui traquait dans toute la Manche, la mer du Nord et même en Atlantique, les navires marchands, pour s’approprier leurs cargaisons. Ces butins constituaient un commerce florissant, « un véritable coup de couteau au cœur des négociants anglais. » Aussi réclamaient-ils la protection de leur souverain pour ces pratiques qu’ils « assimilaient purement à de la piraterie. » Les vaisseaux de guerre anglais pourchassaient sans relâche les corsaires français et se rassemblaient en d’importantes flottes de guerre, pour attaquer les ports où s’abritaient les corsaires. Saint-Malo était le plus important et les Anglais ne songeaient qu’à le détruire.

En 1689, dans la ligue d’Augsbourg, la guerre Ă©tant dĂ©clarĂ©e avec l’Angleterre et les Pays-Bas, Louis XIV confia Ă  Vauban, commissaire gĂ©nĂ©ral des fortifications du Royaume, la mission de renforcer les vieux remparts de Saint-Malo et de construire trois nouveaux ouvrages : le fort Royal (aujourd’hui le Fort National), le Petit BĂ© et le fort Harbour. Mais ces dĂ©fenses ne pouvaient empĂŞcher l’entrĂ©e dans la fosse aux Normands des vaisseaux ennemis qui venaient y mouiller pour bombarder la citĂ©. Aussi imagina-t-il de construire, sur la roche isolĂ©e de QuincĂ©, le fort de la ConchĂ©e armĂ© de six canons de 48 livres, les plus puissants de l’époque, pour prendre Ă  revers la flotte ennemie.

Mais pour faire face à une centaine de vaisseaux et de galiotes, il fallait protéger les canonniers des boulets et disposer d’une large autonomie en munitions et vivres car une fois le combat engagé, il n’y aurait plus aucune possibilité de venir secourir la garnison encerclée. Siméon de Garrengeau, l’architecte adjoint de Vauban, dessina huit salles de tirs sous des voûtes de près de m d’épaisseur et aménagea dans les logis de vastes greniers pour emmagasiner un mois de vivres.

Histoire

Choix de l'îlot de la Conchée

Le fort de la Conchée à marée basse avec les rochers des Haies de la Conchée à droite, vu de la plage de Rochebonne.

En 1689, Saint-Malo était alors un centre corsaire actif ouvert sur la Manche. Une attaque maritime massive menée par les ennemis du royaume de France devenait très probable. Lors de l'inspection des fortifications côtières, Vauban, architecte du roi Louis XIV, décide de renforcer et d'améliorer ses défenses.

Sous ses ordres, l'ingénieur-militaire Siméon Garangeau restaure les remparts de la ville et construit le fort Royal (actuel Fort National), le fort du Petit Bé, le fort Harbour et le fort de la Conchée.

Le choix de ce petit Ă®lot de la ConchĂ©e (70 m de long pour 25 m de large, et n'Ă©mergeant que de 5 Ă  6 m Ă  marĂ©e haute), cernĂ© par de violents courants et recouvert par les vagues Ă  chaque coup de vent, est une gageure.

Mais, entre ce roc et la côte, il y a la fosse aux Normands. Dans cette zone dépourvue de récifs dangereux, les fonds de sable sont de bonne tenue et il y a toujours assez d'eau pour que de gros navires de guerre puissent mouiller leurs ancres à portée de canons de la ville fortifiée.

PĂ©riode de la construction

Pour protéger la garnison dans un ouvrage isolé, Vauban décide de construire un fort-casemate unique en son genre. Des voûtes « à l'épreuve de la bombe » et des murs très épais percés de larges embrasures permettent aux canonniers de couvrir la fosse aux Normands.

La réalisation de ces salles intérieures voûtées est un témoignage incomparable de l'extraordinaire maîtrise des ingénieurs militaires du XVIIe siècle.

Dès le début de la construction du fort en 1692, Vauban fier des premières réalisations, écrivait au roi :

« La Conchée sera cy après, la meilleure forteresse du royaume, la plus petite es la mieux entendue comme elle aura été la plus difficile à bastir car jamais ouvrage ne le fut tant »

— Sébastien Le Prestre, marquis de Vauban

Il ne se trompait guère, car une première attaque anglaise eut lieu le où les maçons furent emmenés dans les prisons anglaises.

Maquette du premier projet avec un bâtiment à deux étages sur la terrasse, Paris, musée des Plans-reliefs.

Une nouvelle attaque en , lors de la guerre de la Ligue d'Augsbourg, démontra la remarquable résistance de la Conchée aux boulets pilonnant la terrasse, bien que seule la demi-partie sud du fort fût alors en service. Bien abrités sous les voûtes, les canonniers pouvaient ajuster avec précision les tirs de leurs gros canons et pour leur éviter l’asphyxie par les fumées de poudre noire, Vauban avait même fait aménager dans l’épaisseur des remparts des conduits de ventilation.

Le , après deux jours de combat acharnĂ©s contre une flotte anglo-hollandaise d’une centaine de navires comprenant plusieurs galiotes Ă©quipĂ©es de mortier de 200 livres, deux brĂ»lots ayant explosĂ© sans succès contre le rempart Est, les vaisseaux anglais durent battre en retraite. Le fort, ayant prouvĂ© son efficacitĂ©, a rempli son rĂ´le et il n'y aura plus d'incursion dans la fosse aux Normands.

Le fort de la ConchĂ©e, long de 65 Ă— 32 m, fut construit sur deux niveaux qui n’ont guère changĂ© en trois siècles. Le premier, Ă  m au-dessus des plus hautes eaux, donne accès par un portail Ă©troit Ă  un couloir long de 27 m desservant le magasin Ă  poudre et deux casernements ainsi que le grand escalier de pierre conduisant au niveau supĂ©rieur. Sur la droite, un second couloir dessert le corps de garde dotĂ© de deux canons de 48 livres, et d’une embrasure pour surveiller l’entrĂ©e dans le cas d’une attaque surprise de nuit. Au nord de la plus vaste pièce du fort, (96 m2) dans la courbure du rempart se situent deux autres salles de tir Ă  voĂ»te tore que Vauban considĂ©rait comme les plus belles de la chrĂ©tientĂ©. Un rĂ©fectoire pouvant faire office de chapelle, accolĂ© Ă  la cuisine et Ă  une fontaine alimentĂ©e par une citerne de 200 m3 complètent le plan du premier niveau.

En 1705, tous les souterrains étaient achevés mais la terrasse restait une simple surface empierrée. Vauban avait imaginé d’y édifier treize pièces sur deux étages avec une toiture en voûtes, mais par souci d’économie, le bâtiment fut ramené à une grande longère à toit d’ardoise divisée en six logis pour les officiers. Tout le reste de la terrasse formait une vaste plate-forme pour une dizaine de canons de 18 et 24 ainsi que deux mortiers.

En , une maquette du fort fut présentée à Philippe d'Orléans, frère du Roi. Conservée au musée des Plans-reliefs aux Invalides à Paris, cette maquette présente le premier projet avec un bâtiment à deux étages sur la terrasse.

Pour l'essentiel, l'ouvrage est achevé vers 1705 puis remanié et amélioré par la suite.

La Conchée fut définitivement achevée en 1730. Plus aucun vaisseau ennemi ne vint désormais attaquer directement le fort.

Après 1730

La destruction en 1758 d’une grande partie de la flotte corsaire au mouillage dans la Rance n’a pu se faire par les troupes anglaises qu’en débarquant des troupes et des canons à Cancale et en contournant la ville par l’intérieur des terres.

Au fil des ans, le fort n’eut à souffrir que des attaques de la mer, en particulier en 1820 où une exceptionnelle tempête détruisit toute l’avancée en barbette en avant du portail au niveau des souterrains, tempête qui emporta également le pont-levis et l’escalier d’accès à deux volées.

Le fort est démilitarisé en 1889, abandonné pendant des décennies et fortement endommagé pendant la libération de Saint-Malo à l'été 1944 par des artilleurs allemands qui l'utilisaient comme cible de réglage puis, lors de la libération de Saint-Malo, par des tirs de l'artillerie américaine.

Pendant l’occupation allemande, les artilleurs effectuaient chaque semaine des tirs d’entraĂ®nement avec pour cible les roches des haies de la ConchĂ©e, juste en arrière du fort. Des obus vinrent par erreur endommager quelque peu les remparts mais des documents amĂ©ricains dĂ©couverts assez rĂ©cemment, ont prouvĂ© que les dĂ©gâts sur le fort, contrairement aux rĂ©cits repris pendant 40 ans, ont une tout autre origine.

En , la garnison de l’île de CĂ©zembre refusait de se rendre aux AmĂ©ricains qui avaient libĂ©rĂ© le port et la ville de Saint-Malo. Trois gros canons de 240 mm furent amenĂ©s le Ă  la pointe de la Varde en vue de pilonner une nouvelle fois les blockhaus de CĂ©zembre. Une escadrille de forteresses volantes venue en renfort passait au-dessus du fort lorsque l’un des avions s’écrasa dans la mer. Les observateurs en dĂ©duisirent qu’une batterie anti-aĂ©rienne installĂ©e sur le fort avait abattu l’avion. Ordre fut donnĂ© de bombarder la ConchĂ©e pour dĂ©truire la batterie. Le fort n’était pas armĂ© et fut terriblement endommagĂ© par ces tirs de gros obus. La terrasse avec ses logis n’était plus qu’un champ de ruines, une large partie du rempart ouest Ă©tait Ă©ventrĂ©e et toute la poterne au sud avait disparu avec l’avancĂ©e qui protĂ©geait l’escalier d’accès. Par mĂ©prise, le fier ouvrage de Vauban n’était plus qu’un tas de ruines qui allait ĂŞtre abandonnĂ© pendant 25 ans aux seuls oiseaux de mer.

Il devient vers 1946 la propriété d'un architecte, M. Raymond Cornon (Architecte des Monuments historiques chargé de la restauration de Saint Malo), puis celle de M. De Quenetain.

Le site a été inscrit par décret en 1935 et le fort classé au titre des monuments historiques en 1984[1].

La restauration du fort

Généralités

La qualité de la construction est telle que le parement interne des murs frappés de plein fouet par un tir lors de la libération de Saint-Malo, à la hauteur d'un impact au milieu de la face est, n'a pas bougé d'un millimètre. Par contre, les logements des officiers sur la terrasse et la pointe sud n'ont pas résisté et n'existent plus. Des infiltrations d'eau de mer et de pluie à partir de la plate forme délitèrent peu à peu la maçonnerie : malgré sa robustesse, l'ouvrage courait alors à la ruine.

En 1989, la Compagnie du Fort de la Conchée, un groupe d'une vingtaine d'amoureux des vieilles pierres, en fait l'acquisition dans la seule intention de le restaurer.

Permettre le débarquement du personnel et du matériel est la première étape pour la restauration.

En 1993, une passerelle métallique est installée à la pointe sud mais elle est trop exposée. Une seconde est mise en place sur le flanc est, réutilisant quelques marches de l'escalier en granit originel. L'accès reste délicat, voire impossible lorsque le ressac dépasse un mètre.

En 2005, sur la terrasse, une grande partie des logements des Officiers est reconstruite et un rejointoiement soigneux permet, peu à peu, l'assèchement des intérieurs.

Tous ces travaux de qualité sont exécutés sous le contrôle d'un architecte des monuments historiques. La sauvegarde du fort est en bonne voie mais il reste encore beaucoup de travaux pour restaurer cet ouvrage.

Historique de la restauration

En 1947, au lendemain de la guerre, le fort de la Conchée, bien qu’en ruine, fut racheté par Raymond Cornon, architecte des Bâtiments de France, dans le dessein de le préserver. Il le revendit en 1984 à la famille de Quenetin, originaire de Saint-Malo. Elle obtint en 1984 le classement comme monument historique de la totalité du fort. Une estacade en bois fut construite pour remplacer l’escalier de pierre disparu. Mais à la première grosse tempête, l’estacade fut démantelée par la violence des vagues. Le décès du chef de famille entraîna l’abandon du projet de restauration et le fort fut remis en vente en .

Le journaliste Alain Rondeau, spĂ©cialisĂ© dans le nautisme, venu par curiositĂ© visiter le fort, dĂ©couvrit sous les ruines de la terrasse, la beautĂ© des grandes salles de tir qui, bĂ©nĂ©ficiant de la protection des Ă©paisses voĂ»tes, n’avaient souffert que d'infiltration d’eau. Il dĂ©cida de racheter le fort pour tenter un dĂ©but de restauration des logis, sans se fixer toutefois d’autre d’objectif. Il rĂ©unit 20 passionnĂ©s comme lui d’histoire et de monuments historiques et constitua une sociĂ©tĂ© civile immobilière qui devint propriĂ©taire du fort.

1990 : dès le début de la restauration, il apparut évident qu’avec un financement très limité de particuliers, les travaux ne pourraient être menés que lentement et sans gros moyens techniques. Heureusement les logis n’avaient pour étage que les combles et un simple cordage sur une poulie permettait de hisser les matériaux à l’aide du treuil du bateau assurant l’approvisionnement du chantier au départ de Saint-Malo.

Le mur bordant les logis du cĂ´tĂ© de la terrasse fut reconstruit sur 20 m en utilisant parmi les ruines, les pierres en bon Ă©tat. Mais les dĂ©barquements des maçons se faisant très difficilement dans les rochers, un point d’accostage s’avĂ©rait indispensable.

Une étude amena à concevoir un ponton flottant roulant sur une rampe en poutrelles métalliques à la pointe sud où la profondeur de la mer est la plus grande.

1991–1992 : trois robustes pylônes, boulonnés dans la roche, devaient supporter la rampe qui serait remorquée comme un radeau jusqu’au pied du fort sur des bidons de 200 l. Il fallut près de deux ans pour construire et mettre en place les deux parties de la rampe ainsi que le ponton flottant qui pesait plus d’une demi-tonne. La conception était parfaite. Un bateau d’une dizaine de mètres pouvait s’amarrer et faciliter grandement les débarquements des visiteurs. Mais en dépit d’une construction très solide, avec des roulements en acier inoxydable, le ponton soumis aux mouvements incessants de la houle se détériorait rapidement. Il aurait fallu construire un dispositif capable de soulever le ponton au-dessus des plus hautes eaux. La réalisation étant trop coûteuse, le ponton roulant fut abandonné et les maçons durent se contenter de débarquer par l’étroit escalier parallèle à la rampe.

1993 : les travaux de reconstruction du premier logis se poursuivaient en revanche avec plus de succès que le ponton flottant. Les murs achevĂ©s, un hĂ©licoptère vint dĂ©poser depuis la pointe de la Varde distante de 3 000 m, les poutres et les solives de la charpente ainsi que les paquets d’ardoises. Ce transport par les airs pouvait sembler très coĂ»teux par rapport au bateau mais il Ă©conomisait en rĂ©alitĂ© bien des heures de main-d’œuvre. Suspendue Ă  un câble, chaque poutre venait se mettre exactement Ă  sa position sur le haut des murs du logis et en s’emboĂ®tant les unes avec les autres, toute la charpente Ă©tait mise dĂ©finitivement en place en 4 ou 5 heures. Il aurait d’ailleurs Ă©tĂ© impossible de hisser des poutres de près de 800 kg Ă  20 m au-dessus de la mer et de les mettre en place sur le faĂ®te des murs sans utiliser une grande grue de chantier.

1994 : les murs du second logis, la chambre du commandant avec son conduit de cheminĂ©e dĂ©passant les 10 m de hauteur, furent relevĂ©s ainsi que ceux voisins entourant la grande cage de l’escalier en pierre menant aux combles.

1995 : la charpente recouvrant le second logis et le vide de l’escalier, fut à nouveau déposée par hélicoptère et les éléments en bois du grand escalier copié sur un modèle relevé à l’hôtel des Invalides, furent mis en place. Les travaux avançaient lentement mais il ne faut pas oublier que tout dans ce fort est gigantesque et pèse des poids énormes.

1996 : la séparation entre le 3e et 4e logis, épais de près d’un mètre, fut supprimé afin de disposer d’une vaste salle pour les repas pris en commun sur deux grandes tables. Les premières pièces du futur mobilier qui fut complété par la suite par une belle armoire bretonne mise en valeur par les feux de bois dans la cheminée monumentale. De lourdes portes de chêne fermaient désormais toutes les salles et des châssis vitrés les fenêtres.

1997 : au fur et à mesure des travaux, la plate-forme se dégageait peu à peu des pierres qui depuis 50 ans l’encombraient. Le dallage n’était pas très endommagé car les tirs des canons en 1944 n’avaient pas creusé de cratères. En revanche, presque toutes les bordures des assises des canons construites en 1850 pour prévenir une attaque anglaise, étaient en majeure partie écornées. Restaurer toutes ces surfaces représentait une dépense importante. L’entrepreneur heureusement eut la bonne idée de scier en deux les pierres endommagées et de les disposer sous leur meilleure face afin de doubler la superficie restaurée. La plate-forme retrouva ainsi toute la beauté de sa vaste surface.

1998 : si cinq logis avaient pu ĂŞtre parfaitement restaurĂ©s, au sud s’ouvrait une Ă©norme brèche qui creusait le rempart est sur plus de la moitiĂ© de la hauteur du fort. Mais sur ce fort cernĂ© par la mer, il n’existait pas la moindre surface de roche pour qu’un Ă©chafaudage tubulaire puisse prendre assise. Dès la première tempĂŞte d’hiver, l’échafaudage aurait d’ailleurs Ă©tĂ© disloquĂ© par la violence des vagues venant battre le pied du rempart. Il fallait installer un Ă©chafaudage suspendu et disposer d’un solide point d’appui pour, Ă  l’aide d’un palan, soulever les pierres de plus de 100 kg. Les maçons avec habiletĂ© mirent en place d’étroites passerelles fixĂ©es sur des Ă©querres mĂ©talliques jusqu’au niveau du boudin.

2000-2002 : la brèche entièrement refermée, la restauration du parapet percé des ouvertures des fausses meurtrières des salles basses et de la fenêtre du 5e logis permit de mettre en place la charpente et la couverture en ardoises terminant toute la toiture des logis. Ne restaient que la charpente et la couverture en croupe du dernier logis.

2003-2005 : le rempart nord était surmonté d’une échauguette, une petite tourelle de vigie disparue lors des tirs d’obus de 1944. La section des tailleurs de pierre du lycée de Quintin près de Saint-Brieuc s’était proposée de restituer l’échauguette à partir d’un dessin de l’époque de Vauban. Toutes les pierres furent taillées par les élèves dont une bonne partie à la main. La coupole avec ses formes très arrondies fut la partie la plus complexe à réaliser. L’assemblage de tout le corps de l’échauguette fut renforcé par des tiges et des agrafes en acier inoxydable Avec la restitution de cette échauguette remarquablement bien réalisée visible de loin au sommet du rempart, toute l’avancée nord du fort retrouva sa silhouette ancienne.

2006–2008 : les salles basses des casemates n’avaient pas subi de rĂ©els dĂ©gâts du fait de la remarquable soliditĂ© des voĂ»tes mais la destruction des logis sur la plate-forme avait entraĂ®nĂ© d’importantes infiltrations d’eau de pluie qui, en dissolvant la chaux du mortier liant les pierres des voĂ»tes, avaient crĂ©Ă© de grosses concrĂ©tions, des stalactites. Les belles voĂ»tes du XVIIe siècle s’étaient transformĂ©es après cinquante ans de ruines en de vĂ©ritables grottes marines oĂą mĂŞme les dallages prĂ©sentaient de grosses bosses de dĂ©pĂ´ts calcaires. Grâce au soutien de la Fondation d'entreprise Total et de la fondation du Patrimoine, la grande casemate de 96 m2 du cĂ´tĂ© est et la salle nord en virage purent ĂŞtre entièrement restaurĂ©es. Une pulvĂ©risation sous haute pression de poudre permit de dĂ©caper les concrĂ©tions des parois de granit. Le dallage qui avait souffert du tressautement des roues des affĂ»ts lors des tirs fut Ă©galement remis en Ă©tat. Après six mois de travaux, ces deux casemates retrouvèrent leur aspect d’origine, particulièrement la salle en voĂ»te tore que Vauban considĂ©rait comme la plus belle salle de la chrĂ©tientĂ©.

2009 à 2010 : par suite d’un changement d’architecte en chef, joint aux difficultés de plus en plus grande pour obtenir des subventions, la restauration du fort subit un arrêt complet des travaux pendant quatre ans d’autant plus que le choix d’une option dans la reconstruction du massif sud entraînait des discussions avec les Affaires culturelles.

La restauration du fort était en 2009 achevée aux trois quarts en suivant exactement les documents des archives de Vincennes. Mais tout le massif sud, entièrement démoli lors des combats de 1944, ne présentait aucune trace de sa construction à l’époque de Vauban. Seuls quelques détails restaient encore visibles de la modification intervenue en 1830 pour renforcer la protection de l’entrée par une bretèche sur le parapet. En dépit de la difficulté à recréer la poterne entourée de moulures et surmontée d’une sculpture ainsi que d'une élégante échauguette, cette option bien que d’un coût plus élevé, fut retenue afin de conserver au fort une architecture homogène du XVIIe siècle.

2014 : la reprise des nouveaux travaux de restauration va dĂ©buter au printemps 2014 avec pour la première fois des moyens techniques importants. Une grue tĂ©lescopique dĂ©ployant une flèche de 12 m va permettre de soulever les blocs de pierre amenĂ©s par bateau de Saint-Malo et de les dĂ©poser aisĂ©ment sur les assises du rempart ce qui limitera au maximum le coĂ»t de la main d’œuvre qui, au fil des annĂ©es, a pris une importance de plus en plus grande. Si le planning des travaux est respectĂ©, le fort devrait retrouver dans deux ou trois ans exactement sa silhouette des annĂ©es 1730 oĂą il fut mis en service.

2017 : les travaux continuent, avec, en avril, livraison par hélicoptère des matériaux[2].

Notes et références

Voir aussi

Bibliographie

  • Alain Rondeau, Le Fort de la ConchĂ©e, le chef-d'Ĺ“uvre le plus audacieux de Vauban, Saint-Malo 1689–2006, Ă©ditions Praxys Marine.

Articles connexes

Liens externes

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