Gabriel CĂscar
Gabriel CĂscar y CĂscar (Oliva, province de Valence, 1760 -Gibraltar, 1829) Ă©tait un officier de marine, mathĂ©maticien, enseignant, homme politique et poète espagnol, connu pour avoir Ă©tĂ© le promoteur d’une formation scientifique approfondie pour les officiers de la marine espagnole.
(Musée naval de Madrid)
Ministre de la Marine | |
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Nicolás Ambrosio Garro y Arizcun (d) José Vázquez de Figueroa (d) | |
Gouverneur militaire de Carthagène (d) | |
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Francisco Javier de Uriarte y Borja (d) |
Naissance | |
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Décès | |
Nationalité | |
Formation |
École de Marine de Carthagène |
Activités | |
Famille |
Neveu de Gregorio Mayans ; mariage avec Ana Agustina Berenguer de Marquina y Ansoátegui (dĂ©cĂ©dĂ©e en 1816) ; remariage en 1817 avec Teresa CĂscar de Oriola |
Conflit |
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Se destinant d’abord aux Ă©tudes de droit, il s’inscrivit en octobre 1777 Ă l’AcadĂ©mie des gardes-marines de Carthagène, alors rĂ©cemment crĂ©Ă©e, puis, versĂ© dans la marine de guerre, participa Ă des opĂ©rations militaires contre l’Angleterre. Vers le milieu de la dĂ©cennie 1785, il fut chargĂ© par la marine espagnole de mettre sur pied un Cursus de hautes Ă©tudes (Curso de Estudios Mayores) Ă Carthagène, afin de pouvoir constituer (selon une idĂ©e conçue au milieu des annĂ©es 1770, mais qui n’aboutit pas alors) un groupe choisi d’officiers de marine scientifiquement formĂ©s dans les principes de la navigation et dans les matières connexes, et aptes ainsi Ă intĂ©grer les diffĂ©rentes commissions scientifiques nĂ©cessaires Ă la marine espagnole. Ledit cursus, qui avait recours aux meilleurs ouvrages europĂ©ens de l’époque et dans le cadre duquel Ă©taient enseignĂ©es toutes matières scientifiques utiles (physique thĂ©orique et expĂ©rimentale, mĂ©canique, hydrostatique, optique, astronomie, etc., sans dĂ©laisser les fondamentaux mathĂ©matiques, dont l’algèbre), se prolongera de dĂ©but 1785 jusqu’en fĂ©vrier 1789, selon un plan d’études fixĂ© par CĂscar lui-mĂŞme. Celui-ci, qui avait pris en 1788 la direction de l’AcadĂ©mie des gardes-marines, se vouait dĂ©sormais Ă plein temps Ă l’enseignement des mathĂ©matiques, faisant paraĂ®tre en mĂŞme temps divers travaux dans sa spĂ©cialitĂ©. En particulier, il rĂ©digea, pour les besoins de son enseignement, trois manuels consacrĂ©s, respectivement, Ă l’arithmĂ©tique (1795), Ă la cosmographie (1796) et Ă la trigonomĂ©trie sphĂ©rique (1796). Pourtant, son Ĺ“uvre didactique principale allait ĂŞtre son Curso de Estudios elementales de Marina, qui fut rendu obligatoire dans toutes les Ă©coles de navigation du royaume et connaĂ®tra au total sept Ă©ditions, la dernière en 1873. Par ailleurs, il s’attela Ă achever et actualiser un traitĂ© connu de Jorge Juan, de qui il Ă©tait l’admirateur.
CĂscar prĂ©sida la commission espagnole chargĂ©e de participer Ă Paris en 1798 Ă l’établissement du système mĂ©trique dĂ©cimal. RentrĂ© en Espagne, il publia un MĂ©moire pour faire connaĂ®tre les nouveaux Ă©talons, en soulignant la rationalitĂ© du système nouvellement Ă©tabli et proposant, pour en facilitĂ©r l’acceptation en Espagne, des dĂ©nominations espagnoles pour les nouvelles unitĂ©s.
La Campagne de NapolĂ©on Ier en Espagne poussa CĂscar Ă s’engager dans la politique et Ă accepter en janvier 1810 le poste de ministre de la Marine dans le Conseil de rĂ©gence mis en place pour rĂ©sister Ă l’envahisseur, et accessoirement pour mener des rĂ©formes libĂ©rales. Après le coup d’État de mai 1813, par lequel Ferdinand VII reprit le pouvoir absolu, CĂscar, inquiĂ©tĂ© par les nouvelles autoritĂ©s, fut condamnĂ© au confinement intĂ©rieur. Au lendemain du pronunciamiento libĂ©ral de 1820, il vint de nouveau Ă occuper de hautes fonctions politiques, ce qu’il paya, après la restauration absolutiste de 1823, par une condamnation Ă mort, Ă laquelle il rĂ©chappa de justesse. Toute amnistie lui Ă©tant refusĂ©e, il mourut en exil Ă Gibraltar, oĂą il avait trouvĂ© refuge.
Biographie
Origines et carrière d’enseignant
Gabriel CĂscar y CĂscar Ă©tait le deuxième enfant masculin de Pedro CĂscar Fernández de Mesa et de Rosa CĂscar Pascual, tous deux issus d’une famille de hidalgos, et le neveu de l’illustre savant Gregorio Mayans y CĂscar.
Il fréquenta l’École de grammaire de sa ville natale, puis le Collège-séminaire andrésien de Valence, et entreprit ensuite des études de droit à l’université ; cependant, il abandonna ces études pour entrer en octobre 1777 à l’Académie des gardes-marines de Carthagène alors récemment créée. S’étant embarqué, à l’issue de son cursus, en voyage d’apprentissage en 1788, il lui fut donné de participer à plusieurs missions s’inscrivant dans le contexte de la guerre avec l’Angleterre, dont notamment le blocus de Gibraltar et l’expédition de José Solano en Amérique. Il monta au grade d’enseigne de vaisseau en 1782, puis, l’année suivante, la guerre terminée, fut requis de retourner à l’Académie des gardes-marines de Carthagène afin d’y suivre, aux côtés de neuf autres officiers, un cursus d’études avancées.
Ce cursus, dĂ©nommĂ© « Cours de hautes Ă©tudes » (Curso de Estudios Mayores), mis en place en 1783 dans les trois AcadĂ©mies espagnoles de gardes-marines, datait de l’arrivĂ©e de Jorge Juan au commandement de ce qui Ă©tait alors l’unique Compagnie de gardes-marines, Ă©tablie Ă Cadix, oĂą il procĂ©da Ă une rĂ©forme des Ă©tudes et s’efforça de former un groupe choisi d’officiers de marine « scientifiques », très versĂ©s dans les principes de la navigation et dans les matières connexes, telles que la mĂ©canique et l’astronomie, et aptes ainsi Ă intĂ©grer les diffĂ©rentes commissions scientifiques nĂ©cessaires Ă la marine espagnole. Cependant, vers le milieu de la dĂ©cennie 1770, le projet de Jorge Juan ne prit pas forme, et la marine continuait ainsi de manquer d’un organisme consultatif en matière scientifique et technologique. De surcroĂ®t, la navigation venait de connaĂ®tre cette importante innovation que constituaient les deux mĂ©thodes de dĂ©termination de la longitude du navire en mer, dĂ©termination jusque-lĂ impraticable, par l’usage de chronomètres marins et par la mĂ©thode dite « des distances lunaires ». Aussi, en un moment oĂą Ă©tait devenue patente l’urgente nĂ©cessitĂ© de contrĂ´ler les frontières de l’Empire espagnol et les itinĂ©raires de navigation face Ă l’irruption d’expĂ©ditions françaises et anglaises dans le Pacifique, le susdit cursus fut-il enfin organisĂ© et inaugurĂ© Ă l’AcadĂ©mie de Carthagène par son directeur Jacinto Ceruti, puis dispensĂ© de fin aoĂ»t 1783 jusqu’en mai 1786. CĂscar, quant Ă lui, avait Ă©tudiĂ© en autodidacte, s’étant appropriĂ© par lui-mĂŞme un savoir, ce qui rendait superflu sa frĂ©quentation du cours ; ce fut mĂŞme Ă lui (qui venait d’être nommĂ© adjudant de la Compagnie de gardes-marines) que l’on fit appel pour diriger le deuxième Cursus de hautes Ă©tudes Ă Carthagène, qui se prolongera de dĂ©but 1785 jusqu’en fĂ©vrier 1789, selon un plan d’études fixĂ© par lui qui lui valut l’approbation unanime des directeurs des trois AcadĂ©mies. Essentiellement, il s’agissait d’un plan qui, sans dĂ©laisser les fondamentaux mathĂ©matiques, Ă©tait axĂ© sur la physique, tant thĂ©orique qu’expĂ©rimentale, et sur l’astronomie, en recourant Ă des manuels figurant parmi les meilleurs ouvrages europĂ©ens de l’époque ; Ă©taient enseignĂ©s Ă©galement l’algèbre finie et le calcul infinitĂ©simal, la mĂ©canique et l’hydrostatique, et leurs applications Ă la construction navale, et enfin l’optique. CĂscar se vouait dĂ©sormais Ă plein temps Ă l’enseignement et fit paraĂ®tre divers travaux dans sa spĂ©cialitĂ©, mais Ă©galement dans le domaine nautique, tout en frĂ©quentant aussi les milieux littĂ©raires de Carthagène et en publiant des Ĺ“uvres de littĂ©rature.
Lorsque plus tard, en 1807, Manuel Godoy eut Ă©tĂ© dĂ©signĂ© amiral gĂ©nĂ©ral de la marine, CĂscar fut nommĂ© capitaine de la Compagnie des gardes-marines de Carthagène et chargĂ© de rĂ©diger un nouveau plan d’études en vue de restaurer le cursus d’Études majeures, interrompu en 1793 par suite de la guerre avec la France. Il achèvera la mise au point de ce plan l’annĂ©e suivante, toutefois la situation politique empĂŞchera sa mise en Ĺ“uvre.
CĂscar Ă©pousa en septembre 1787 Ă Carthagène Ana Agustina Berenguer de Marquina y Ansoátegui, fille de don FĂ©lix Berenguer de Marquina, ancien gouverneur des Philippines et futur vice-roi de Nouvelle-Espagne, avec qui il eut sept enfants, dont deux seulement atteindront l’âge adulte.
En avril 1788, il prit la direction de l’AcadĂ©mie des gardes-marines, et dans le mĂŞme temps devint professeur en premier de mathĂ©matiques, occupant ce poste pendant dix ans. Pour les besoins de son enseignement, il rĂ©digea trois manuels consacrĂ©s, respectivement, Ă l’arithmĂ©tique (1795), Ă la cosmographie (1796) et Ă la trigonomĂ©trie sphĂ©rique (1796). Pourtant, son Ĺ“uvre didactique principale allait ĂŞtre son Curso de Estudios elementales de Marina ; compte tenu des qualitĂ©s didactiques de CĂscar, la rĂ©daction lui en avait Ă©tĂ© confiĂ©e par la marine espagnole après qu’à partir de 1790 celle-ci eut dĂ©cidĂ© d’avoir dĂ©sormais la haute main sur les enseignements dispensĂ©s dans toutes les Ă©coles de navigation d’Espagne, fixant Ă cette fin un plan d’études obligatoire, et après qu’était du mĂŞme coup apparue la nĂ©cessitĂ© d’un manuel Ă©lĂ©mentaire, d’usage gĂ©nĂ©ral, mais nĂ©anmoins complet, couvrant ces matières. Des six traitĂ©s qu’il Ă©tait prĂ©vu que compterait l’ouvrage, seuls ceux traitant d’arithmĂ©tique, de gĂ©omĂ©trie, de cosmographie et de pilotage seront publiĂ©s, et leur utilisation dĂ©crĂ©tĂ©e obligatoire en 1805. RĂ©Ă©ditĂ© en 1811, le Curso connut au total sept Ă©ditions, la dernière en 1873. CĂscar, admirateur dĂ©clarĂ© de l’œuvre de Jorge Juan, inclut son Examen marĂtimo (de 1771) dans le Cursus de hautes Ă©tudes. NommĂ© capitaine de frĂ©gate cette mĂŞme annĂ©e, il fut encouragĂ© Ă achever l’ouvrage de Jorge Juan, Ă l’effet de quoi on le dispensa fin dĂ©cembre 1791 de ses tâches d’enseignement. En 1793 parut son Ă©dition annotĂ©e du premier volume de Jorge Juan, laquelle Ă©dition, davantage qu’un simple traitĂ© de mĂ©canique, avait la particularitĂ© de viser Ă appliquer la mĂ©canique Ă la construction navale, ce qui laisse supposer une bonne part de recherches de la part de CĂscar et revenait en pratique, vu les multiples annotations, corrections et ajouts de CĂscar, Ă rĂ©diger un traitĂ© nouveau. Dans son livre ExplicaciĂłn de varios mĂ©todos gráficos de 1803, il plaida pour l’adoption en Espagne de la mĂ©thode de dĂ©termination de la longitude dite « des distances lunaires », mise au point Ă la fin du XVIIIe siècle.
Action en faveur du système décimal
CĂscar prĂ©sida la commission espagnole chargĂ©e de participer Ă Paris en 1798 Ă l’établissement du système mĂ©trique dĂ©cimal, ce dont il tirera orgueil tout le reste de sa vie. La nĂ©cessitĂ© d’un ensemble unifiĂ© de poids et mesures, Ă usage le plus large possible, Ă©tait devenue pressante vers la fin du XVIIIe siècle, pour des raisons politiques et Ă©conomiques, mais aussi scientifiques, Ă©videntes. Quand en 1798, une tentative fut entreprise par la France de diffuser internationalement un tel système, des reprĂ©sentants des nations alors neutres ou alliĂ©es furent conviĂ©es Ă se rendre Ă Paris pour assister Ă une rĂ©union que l’on a pu qualifier de premier congrès scientifique international. Au nom de l’Espagne, le ministère de la Marine dĂ©signa CĂscar comme son reprĂ©sentant, quoique peu après le ministère d’État nomma en plus un autre dĂ©lĂ©guĂ©, le mathĂ©maticien AgustĂn de Pedrayes, professeur au SĂ©minaire royal des Nobles. CĂscar arriva Ă Paris le 7 octobre 1798, et alla faire partie quelques jours plus tard d’une commission appelĂ©e Ă examiner les travaux effectuĂ©s en vue de fixer les Ă©talons, Ă procĂ©der aux calculs dĂ©finitifs et Ă diriger la confection des prototypes. Après que le travail eut Ă©tĂ© rĂ©parti sur plusieurs sous-commissions, CĂscar intervint dans celle chargĂ©e de fixer la longueur dĂ©finitive du mètre. Les travaux s’achevèrent par la prĂ©sentation officielle des nouveaux Ă©talons le 22 juin 1799, encore que la commission eĂ»t Ă prolonger ses rĂ©unions pendant le mois de juillet. CĂscar termina son sĂ©jour Ă Paris en s’occupant Ă superviser la confection de quatre jeux supplĂ©mentaires des nouveaux Ă©talons.
Ă€ son retour Ă Madrid, CĂscar se vit dĂ©cerner l’ordre de Charlos III et publia un MĂ©moire pour faire connaĂ®tre les nouveaux Ă©talons, dĂ©fendant la rationalitĂ© du système nouvellement Ă©tabli et proposant des dĂ©nominations espagnoles pour ses unitĂ©s, question tout sauf anodine car, abstraction faite des considĂ©rations linguistiques, une nomenclature mal acceptĂ©e Ă©tait susceptible de compliquer davantage encore l’implantation, dĂ©jĂ fort malaisĂ©e, dans la vie publique espagnole d’un nouvel ensemble de poids et mesures. Ces considĂ©rations le portèrent Ă proposer, bien que prĂ©fĂ©rant les termes dĂ©rivĂ©s du grec et du latin, d’autres termes prĂ©sentant une ressemblance avec les vieilles mesures existantes. De fait, le système mĂ©trique ne sera lĂ©galement adoptĂ© en Espagne qu’en 1849, et son caractère obligatoire devra ĂŞtre rĂ©itĂ©rĂ© en 1892.
Activité politique
Guerre de l’Indépendance
Les Ă©vĂ©nements de 1808 incitèrent Gabriel CĂscar Ă quitter le milieu scolaire et Ă s’engager dans la politique. Au lendemain des dĂ©nommĂ©es abdications de Bayonne, survenues le 23 mars 1808, le peuple de Carthagène se souleva en faveur de Ferdinand VII, et un ComitĂ© de gouvernement (Junta Gubernativa) fut instituĂ© composĂ© d’autoritĂ©s civiles et militaires et de reprĂ©sentants du peuple, comitĂ© duquel CĂscar alla faire partie. Il fut membre Ă©galement de la Junta de Guerra mise sur pied quelques jours après, puis participa Ă la Junta General Militar, crĂ©Ă©e au sein de la Junta Central. Fin fĂ©vrier 1809, il fut promu chef d’escadre et alla siĂ©ger dans le Supremo Consejo de Guerra y Marina (Conseil suprĂŞme de guerre et de marine) rĂ©cemment crĂ©Ă©, mais dut peu de jours après se transporter Ă Carthagène Ă la suite de sa nomination comme gouverneur militaire et politique de cette ville. Le 10 janvier 1810, il fut nommĂ© ministre de la Marine, poste dont il resta titulaire jusqu’au 23 octobre 1811, encore que durant tout ce laps de temps il fĂ»t restĂ© Ă Carthagène et qu’il n’en vĂ®nt jamais Ă une prise de fonction effective. Son retrait de ce poste sera suivi d’une nouvelle nomination comme membre du deuxième Conseil de rĂ©gence mis en place entre 1811 et 1812 par les Cortes de Cadix, oĂą il siĂ©gea aux cĂ´tĂ©s du gĂ©nĂ©ral Blake, alors chef de l’ArmĂ©e du centre, et de l’officier de marine Pedro Agar y Bustillo, commandant des Compagnies de gardes-marines. Il remplit cette fonction jusqu’à la dissolution du Conseil en janvier 1812. Il fut alors intĂ©grĂ© dans le Conseil d’État et Ă partir du 8 mars 1813 fit partie de la quatrième RĂ©gence, conjointement avec Pedro Agar et le cardinal Louis Marie de Bourbon.
Restauration monarchique
Ferdinand VII franchit la frontière le 13 mars 1813, et, bĂ©nĂ©ficiant bientĂ´t de manifestations d’allĂ©geance en grand nombre, se prĂ©para Ă reprendre le pouvoir absolu, ce Ă quoi il parvint au moyen du coup d’État du 4 mai. Les Cortès et leur lĂ©gislation furent annulĂ©es et les libĂ©raux poursuivis, y compris Pedro Agar et Gabriel CĂscar, qui furent mis en dĂ©tention le 11 mai. Dans un premier temps, on ne trouva aucun motif Ă faire passer CĂscar en jugement, et on se borna Ă le frapper d’une mesure de proscription Ă Murcie, changĂ© en proscription Ă Carthagène sur les instances de l’intĂ©ressĂ©. Entre-temps cependant, on prĂ©parait le dossier d’accusation, et CĂscar fut arrĂŞtĂ© le 29 octobre et transfĂ©rĂ© Ă Madrid, oĂą il dut faire face, au mĂŞme titre que les autres libĂ©raux, Ă une sĂ©rie d’accusations de nature politique et Ă peu près sans fondement. Le 15 dĂ©cembre, il fut finalement condamnĂ© par le roi au bannissement intĂ©rieur, Ă savoir dans sa ville natale d’Oliva, oĂą il rĂ©sidera jusqu’à 1820. Sur ces entrefaites, en mai 1816, son Ă©pouse Ana Agustina Ă©tait dĂ©cĂ©dĂ©e, et CĂscar convola en secondes noces l’annĂ©e suivante avec Teresa CĂscar de Oriola, de qui il aura deux filles.
Période libérale et exil
Ă€ la suite du pronunciamiento libĂ©ral de 1820, CĂscar, qui s’était retirĂ© de la politique, fut nommĂ© le 18 mars conseiller d’État. Le 17 juin 1820, il fut promu lieutenant-gĂ©nĂ©ral, point culminant de sa carrière dans la marine, et se vit octroyer le 6 novembre la Grande Croix de Saint-HermĂ©nĂ©gilde. Vers la mĂŞme Ă©poque, sa santĂ© commença Ă se dĂ©tĂ©riorer, ce qui le porta Ă retourner Ă Oliva en dĂ©cembre 1820, oĂą il demeura près d’un an.
L’intervention militaire française de 1823, qui visait Ă restaurer le pouvoir de Ferdinand VII et prit la forme des dĂ©nommĂ©s Cent mille fils de Saint-Louis, ne rencontra guère d’opposition lors de son avancĂ©e en Espagne, obligeant les Cortes, et avec elles le roi, Ă se transporter Ă SĂ©ville. Face au refus du roi de se rendre de lĂ Ă Cadix, oĂą les Cortes escomptaient pouvoir renouveler la rĂ©sistance de la guerre d’indĂ©pendance, Ferdinand VII fut dĂ©clarĂ© se trouver dans un Ă©tat d’aliĂ©nation transitoire, tandis que l’on nomma un Conseil de rĂ©gence, dont Ă nouveau CĂscar se fit membre, cette fois aux cĂ´tĂ©s de Cayetano ValdĂ©s et de Gaspar de Vigodet. La très Ă©phĂ©mère RĂ©gence, qui n’exista que du 11 au , n’eut que le loisir d’arranger le transfert du roi vers Cadix, mesure qui de toute manière resta sans effet, puisque la ville sera bientĂ´t assiĂ©gĂ©e, et devant l’impossibilitĂ© de rĂ©sister, les Cortes n’eurent d’autre choix que de pactiser avec le roi. Après qu’il eut ainsi recouvrĂ© le pouvoir, Ferdinand VII fera fi de ses engagements et persĂ©cuta durement les libĂ©raux. CĂscar, informĂ© par les chefs militaires français de sa condamnation Ă mort, put se sauver grâce Ă un simulacre d’arrestation manigancĂ© par les Français, qui le conduisirent Ă un navire britannique, qui Ă son tour l’emporta le 7 octobre Ă Gibraltar.
De Gibraltar, CĂscar entreprit plusieurs dĂ©marches, d’abord auprès des autoritĂ©s militaires, puis auprès du roi lui-mĂŞme, afin de solliciter — tout en assumant ses actes, motivĂ©s, dit-il, par le sens du devoir — la permission de revenir en Espagne, mais sans obtenir de rĂ©ponse. En mai 1824 une mesure d’amnistie fut finalement promulguĂ©e, mais CĂscar, en tant qu’il avait Ă©tĂ© membre de la dernière RĂ©gence, en resta exclu. Une nouvelle requĂŞte introduite auprès de l’Audiencia de SĂ©ville eut pour seul rĂ©sultat, le , de susciter une confirmation de sa condamnation Ă mort. Une modeste pension de 1000 rĂ©aux mensuels, octroyĂ©e par le duc de Wellington, avec qui il Ă©tait restĂ© en bons rapports depuis le traitĂ© de Valençay, est ce qui permit Ă CĂscar d’assurer sa subsistance.
Au cours de cet ultime exil, ayant renoncĂ© Ă la politique, CĂscar fit paraĂ®tre en 1825 des Ensayos poĂ©ticos et, trois ans plus tard, un Poema FĂsico-AstronĂłmico, Ă©crit sur un ton didactique, dans lequel il exposait les connaissances du moment en ces matières, en indiquant pour chacune d’elles la contribution des scientifiques les plus importants ; on y note par ailleurs son souci de crĂ©er un vocabulaire scientifique en espagnol, au dĂ©triment des termes français.
La réhabilitation ultérieure de sa mémoire donna lieu en 1860 à la translation de ses restes vers le Panthéon des marins illustres à San Fernando, près de Cadix.
Ĺ’uvres
Gabriel CĂscar, considĂ©rĂ© comme le mathĂ©maticien espagnol le plus Ă©minent de son Ă©poque, est l’auteur de plusieurs ouvrages dans son domaine de spĂ©cialitĂ©, mais aussi sur des sujets marins, ainsi que de quelques Ĺ“uvres littĂ©raires.
- Tratado de cosmografĂa para la instrucciĂłn de los Guardias Marinas (1796)
- Tratado de trigonometrĂa esfĂ©rica para la instrucciĂłn de los Guardias Marinas (1796)
- Memoria elemental sobre los nuevos pesos y medidas fundados en la naturaleza (1800)
- Apuntes sobre medidas, pesos y monedas, que pueden considerarse como una segunda parte de la Memoria Elemental
- Curso de Estudios Elementales de Marina, Tome Ier, comprenant le Tratado de AritmĂ©tica, et le Tomo IIe, comprenant le Tratado de GeometrĂa.
Source
- (es) Manuel SellĂ©s, « Gabriel CĂscar y CĂscar (dans Diccionario Biográfico Español) », Madrid, Real Academia de la Historia, (consultĂ© le )
Corrélats
Liens externes
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- (es) « Gabriel CĂscar », BiografĂas y Vidas, 2004-2019 (consultĂ© le )
- (es) MarĂa Teresa Blanco Torres, « Ciscar y Ciscar, Gabriel, 1760-1829 », Madrid, Biblioteca Virtual de PolĂgrafos de la FundaciĂłn Ignacio Larramendi (consultĂ© le )