Fritz Stern
Fritz Stern, nĂ© le Ă Breslau et mort le Ă New York, est un historien amĂ©ricain dâorigine allemande.
Naissance | |
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DĂ©cĂšs |
(Ă 90 ans) New York |
Nom dans la langue maternelle |
Fritz Richard Stern |
Noms de naissance |
Fritz Richard Stern, Ś€ŚšŚŚ„ ŚšŚŚŚšŚ ŚŚŚĄŚ§Śš Ś©ŚŚšŚ |
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MĂšre |
KĂ€the Brieger (en) |
Conjoint |
Elisabeth Sifton (d) (Ă partir de ) |
ParentĂšle |
Peter Brieger (en) (oncle maternel) Reinhold Niebuhr (beau-pĂšre) Dagmar Nick (d) (cousine germaine) |
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Distinctions | Liste dĂ©taillĂ©e Prix Leopold-Lucas () Docteur honoris causa de l'universitĂ© d'Oxford () Ordre Pour le MĂ©rite pour les sciences et arts (d) () Prix de la paix des libraires allemands () Docteur honoris causa de l'universitĂ© de WrocĆaw () MĂ©daille Leo Baeck (en) () Deutscher Nationalpreis () Grand commandeur de l'ordre du MĂ©rite de la RĂ©publique fĂ©dĂ©rale d'Allemagne () Prix ââpour la comprĂ©hension et la tolĂ©rance (d) () Docteur honoris causa de l'universitĂ© de Princeton () Prix Marion-Dönhoff () Bourse Guggenheim |
D'origine juive, sa famille doit fuir lâAllemagne nazie en 1938 et sâinstalle Ă New York, oĂč Fritz Stern fait des Ă©tudes en histoire et devient un historien de rĂ©putation internationale. Ses recherches et publications portent avant tout sur lâhistoire allemande des XIXe et XXe siĂšcles, notamment sous le rapport des origines du national-socialisme.
Biographie
Enfance et jeunesse
Fritz Richard Oskar Stern naĂźt en 1926 Ă Breslau en province de Basse-SilĂ©sie, aujourdâhui ville polonaise de WrocĆaw, qui appartenait alors au Reich. Comptant plus dâun demi-million dâhabitants, Breslau Ă©tait une ville moyenne connaissant cependant une brillante vie intellectuelle et scientifique. La famille bourgeoise de Stern y jouait un rĂŽle Ă©minent depuis des gĂ©nĂ©rations. Ses grands-pĂšres et son pĂšre, Rudolf Stern (1895-1962), Ă©taient des mĂ©decins estimĂ©s au niveau international pour leurs performances scientifiques[1] ; sa mĂšre, KĂ€the, nĂ©e Brieger (1894-1973), avait passĂ© un doctorat de physique pour devenir ensuite une didacticienne dâenfants remarquĂ©e[2]. La famille maintenait des liens voire certaines amitiĂ©s avec divers scientifiques illustres de lâĂ©poque. Ainsi se fit-il que Fritz Haber, prix Nobel de chimie en 1918, assuma le parrainage de baptĂȘme du petit Fritz â deuxiĂšme enfant de la famille aprĂšs sa sĆur Toni nĂ©e en 1920 â et lui donna son premier prĂ©nom (le baptĂȘme fut cĂ©lĂ©brĂ© en 1926)[3].
Les grands-parents paternels de Stern sâĂ©taient dĂ©jĂ convertis au protestantisme, contrairement aux parents de sa mĂšre ; mais elle fut baptisĂ©e immĂ©diatement aprĂšs sa naissance[4]. Tout cela ne prĂ©servait pas les Stern, bien entendu, dâĂȘtre concernĂ©s eux aussi par les campagnes antisĂ©mitiques des nazis dĂšs leur accession au pouvoir en 1933. Les parents reconnurent tout de suite le danger mortel en train de se nouer alors pour des personnes comme eux[5] ; et quant Ă leur fils, Ă lâĂ©cole, il subissait toujours plus de harcĂšlements et dâexclusion Ă cause de ses racines juives[6]. Il fut mis en 1936 au lycĂ©e Sainte-Marie-Madeleine de Breslau, plus tolĂ©rant. NĂ©anmoins, ce ne fut quâen 1938 que le pĂšre trouve des (vagues) perspectives professionnelles aux Ătats-Unis, ce qui rend finalement possible lâĂ©migration en septembre de lâannĂ©e ; la famille s'Ă©tablit Ă New York[7].
CarriÚre académique
Ă New York, Fritz Stern, en apprenant lâanglais assez vite, termine sa formation scolaire et sâinscrit alors, en 1943, Ă lâuniversitĂ© Columbia, Ă un programme en mĂ©decine, suivant la tradition familiale. Or, pendant la premiĂšre annĂ©e, il dĂ©couvre de plus en plus son intĂ©rĂȘt pour lâhistoire et la politique, de sorte quâil les choisit comme matiĂšres principales en 1944[8] ; dĂ©cision qui se rĂ©vĂ©lera la bonne. En 1946, Stern obtient son premier diploĂŽme, le baccalaurĂ©at. Pendant les Ă©tudes du second, son universitĂ© lâemploie dĂ©jĂ comme maĂźtre de confĂ©rences en civilisation contemporaine (jusquâen 1951)[9]. En 1948, il obtient le diplĂŽme de Master ; en 1953, il passe sa thĂšse de doctorat (PhD) en histoire contemporaine sous la direction de Jacques Barzun. Entre-temps, il travaille, depuis 1951, comme professeur assistant Ă l'universitĂ© Cornell. En 1953, il accepte de nouveau une offre de l'universitĂ© Columbia pour y devenir professeur dâhistoire contemporaine â poste qu'il occupe jusquâĂ sa retraite en 1996. De 1953 Ă 1957, il est professeur assistant, puis, de 1957 Ă 1963, devient professeur associĂ©, avant d'ĂȘtre, de 1963 Ă 1967, professeur titulaire ; de 1967 Ă 1992, professeur de la chaire prestigieuse de Seth Low, de 1992 Ă 1996, University Professor ; et enfin, Ă partir de 1997, professeur Ă©mĂ©rite[10]. De 1980 Ă 1983, il accepte aussi la charge de chancelier (provost) de l'universitĂ© Columbia[11]. Pendant sa carriĂšre de professeur, Stern encadre une trentaine de thĂšses de doctorat[12].
Pour enseigner et faire des recherches, il voyage beaucoup, le plus frĂ©quemment en Europe, et avant tout en Allemagne (c'est en 1950 quâil visite le continent et l'Allemagne pour la premiĂšre fois aprĂšs son Ă©migration[13]). Ă titre de sommitĂ© en histoire, il est, par exemple, professeur invitĂ© Ă lâuniversitĂ© libre de Berlin plusieurs fois Ă partir de 1954[14] et professeur invitĂ© Ă lâuniversitĂ© dâIĂ©na en 2007. Ă partir de 1966, il est professeur invitĂ© permanent Ă lâuniversitĂ© de Constance[15]. Quant Ă dâautres pays europĂ©ens, de 1966 Ă 1967, par exemple, Stern travaille Ă lâuniversitĂ© dâOxford[16] ; de 1972 Ă 1973 au Netherlands Institute for Advanced Study (Wassenaar)[17] ; en 1979, chez la Fondation nationale des sciences politiques de Paris[18]. Il est Ă©galement membre de nombreuses organisations scientifiques aussi bien aux Ătats-Unis quâen Allemagne (voir la liste ci-dessous). De temps en temps, il fait en plus fonction de conseiller politique pour les premiers ; surtout de 1993 Ă 1994, quand il est Senior Adviser de lâambassade amĂ©ricaine en Allemagne (pendant que son ami Richard Holbrooke est ambassadeur)[19].
Ćuvre historique
LâĆuvre dâhistorien et la biographie de Fritz Stern sont intrinsĂšquement liĂ©es lâune Ă lâautre. Ătant nĂ© et ayant passĂ© ses premiers douze ans de vie en Allemagne, comme fils dâune famille allemande, ce pays est demeurĂ© pour lui sa patrie. AprĂšs quâon lâen ait chassĂ©, il Ă©prouve, pendant la Seconde Guerre mondiale et les premiĂšres annĂ©es de l'aprĂšs-guerre une « deep repugnance for almost all things German »[20]. Dâautre part, il se dĂ©couvre bientĂŽt hantĂ© par une question Ă©thique : « [W]hy and how did the universal human potential for evil become an actuality in Germany? »[21], câest-Ă -dire : Quelles furent les causes du national-socialisme et de son succĂšs en Allemagne ? Ainsi Ă©crit-il son mĂ©moire de maĂźtrise (1948) sur Arthur Moeller van den Bruck, un influent auteur allemand de la fin du XIXe et du dĂ©but du XXe siĂšcle qui lutta contre le libĂ©ralisme[22]. Dans sa thĂšse de doctorat (1953, publiĂ©e en 1961 sous le titre The Politics of Cultural Despair. A Study in the Rise of the Germanic Ideology), Stern poursuit cette thĂ©matique en traitant du mĂȘme personnage et deux autres auteurs allemands de la mĂȘme Ă©poque et de la mĂȘme orientation politique : Paul de Lagarde et Julius Langbehn[23]. En 1951, Stern vit en outre « the more or less accidental start of my work as a German historian »[24] en tant que tel, lorsque l'universitĂ© Cornell le charge de donner des cours d'histoire allemande contemporaine, ce qu'il accepte. Or, ce domaine, au dĂ©but des annĂ©es 1950, est encore relativement peu explorĂ©[25]), mais pour Stern, il devient dĂšs lors et est toujours restĂ© le centre de son travail dâhistorien, lui permettant d'acquĂ©rir rapidement la rĂ©putation internationale dâen ĂȘtre l'un des meilleurs experts. Sa problĂ©matique prĂ©fĂ©rĂ©e rĂ©side tout entiĂšre dans l'interrogation du « Pourquoi ? ». Les deux ouvrages dĂ©jĂ citĂ©s illustrent quâil s'en approche tout particuliĂšrement selon le point de vue culturel. Celui-ci est Ă©galement au centre de son ouvrage intitulĂ© The Failure of Illiberalism. Essays on the Political Culture of Modern Germany (1972). Dans des publications ultĂ©rieures, Stern inclut dâautres aspects de la rĂ©alitĂ© allemande, tels la politique et la sociologie, notamment dans Dreams and Delusions. The Drama of German History (1987), Verspielte GröĂe. Essays zur deutschen Geschichte (1996) et Das feine Schweigen: Historische Essays (1999).
Lâouvrage Gold and Iron. Bismarck, Bleichröder, and the Building of the German Empire (1977) sâinscrit lui aussi, quoique plus indirectement, dans la recherche de ce « Pourquoi ? ». Gerson von Bleichröder fut le banquier personnel dâOtto von Bismarck, du chancelier du Reich allemand, et il fut juif. Son histoire permet donc Ă Stern, qui se souvenait bien sĂ»r de sa propre descendance juive, dâexplorer la vie des Juifs dans la sociĂ©tĂ© allemande de cette Ă©poque et lâattitude trop souvent nĂ©gative des Allemands chrĂ©tiens envers eux. Avant Stern et son collĂšgue David S. Landes, qui avait d'abord proposĂ© ce projet de recherches historiques avant de lâabandonner aprĂšs quelques annĂ©es, faute de temps, personne nâavait travaillĂ© sur Bleichröder parce que les documents le concernant Ă©taient dispersĂ©s dans des archives françaises et allemandes[26]. Lâouvrage de Stern, achevĂ© en 1976, aprĂšs 16 ans de labeur, est toujours considĂ©rĂ© comme un ouvrage notoire. Un autre ouvrage de Stern, publiĂ© en 1999, sâattache Ă un autre Juif allemand, Albert Einstein, que Stern rencontra personnellement Ă Princeton en 1944[27], et qui lâintĂ©ressait comme sujet dâĂ©tude depuis 1978, quand lâhistorien accepta lâoffre de parler sur Einstein lors dâun congrĂšs lâannĂ©e suivante[28]. Einsteinâs German World, ouvrage paru en 1999, prend en compte la vie du physicien comme axe dâune analyse de la sociĂ©tĂ© allemande de son Ă©poque.
Le fait que Fritz Stern choisit comme problĂ©matique fondamentale de son Ćuvre historique la recherche des origines du national-socialisme souligne combien l'historien et toutes ses recherches sont imprĂ©gnĂ©s dâune forte intention didactique en faveur de la libertĂ© et de la dĂ©mocratie. Stern est convaincu que « there is no inevitability in history »[29], plus prĂ©cisĂ©ment : « German roads to perdition, including National Socialism, were neither accidental nor inevitable. National Socialism had deep roots, and yet its growth could have been arrested » [30]. Il en dĂ©coule que si une sociĂ©tĂ© semble courir le risque de prendre une Ă©volution nĂ©faste â soit vers la droite, soit vers la gauche ; soit en Allemagne, soit ailleurs â, il est « possible » de lâen empĂȘcher Ă lâaide de certaines mesures. Et il est aussi « nĂ©cessaire » de le faire parce que, comme lâest lâautre conviction de Stern, « no country is immune to the temptations of pseudo-religious movements of repression such as those to which Germany succumbed. The fragility of freedom, dit-il, is the simplest and deepest lesson of my life »[31]. Par consĂ©quent, Stern est historien pour tirer les fameuses leçons de lâhistoire et pour contribuer Ă ce quâelles soient observĂ©es ; entreprise professionnelle pour laquelle les propres expĂ©riences biographiques de cet homme avec le nazisme lui donnent Ă la fois la motivation et la lĂ©gitimation par excellence.
Ses ultĂ©rieurs sĂ©jours professionnels dans des pays sous une dictature[32], tels que lâUnion soviĂ©tique, lâArgentine ou la Chine, ont aiguisĂ© sa conscience que « the past isnât dead »[33]. Ă cet Ă©gard, il raffermit dans les annĂ©es 1950 son attitude didactique par lâĂ©tude intensive de lâhistoriographie depuis Voltaire, une Ă©tude qui donne lieu, en 1956, Ă la publication de l'essai The Varieties of History. From Voltaire to the Present, une compilation dâextraits significatifs des Ćuvres de divers historiens importants[34]. Selon Stern, « The book validated, my own private, unarticulated predisposition to live in several worlds, to be an engaged citizen »[35]. Ces « several worlds », ce sont dâune part, lâhistoriographie acadĂ©mique et le passĂ© ; dâautre part, le public actuel et tout ce qui constitue le monde contemporain : la politique, la culture, la sociĂ©tĂ©. Dans cette derniĂšre sphĂšre, Stern veut ĂȘtre un « citoyen engagĂ© » pour y faire appliquer de maniĂšre trĂšs concrĂšte les leçons de cette premiĂšre sphĂšre. Câest pourquoi il est rĂ©guliĂšrement apparu â dĂ©jĂ Ă partir des annĂ©es 1960 â dans le dĂ©bat public, voire dans les comitĂ©s de conseillers dâhommes politiques importants aussi bien aux Ătats-Unis quâen Allemagne. Il nâest, bien entendu, jamais directement entrĂ© en politique ; il se qualifie en effet de « spectateur engagĂ© » (dâaprĂšs la formule de Raymond Aron) [30] : Il tient, semble-t-il, Ă garder ses distances, lâobjectivitĂ© convenant mieux pour lui Ă un historien professionnel. Ce qui ne lâa quand mĂȘme pas empĂȘchĂ© de dĂ©ployer un engagement politique important. En 1968 et 1969, par exemple, il critique finalement, dans un article publiĂ© dans le New York Times, la rĂ©volte Ă©tudiante, qui envahit l'UniversitĂ© Columbia de façon particuliĂšrement dramatique. Il considĂšre certes beaucoup des prĂ©occupations Ă©tudiantes avec comprĂ©hension et sympathie, mais lâarrogance et la dĂ©mesure du mouvement le rebute : avant tout, ce qui le dĂ©concerte, c'est la comparaison Ă©tablit par les rĂ©voltĂ©s Ă©tudiants entre leur situation d'exploitĂ©s des sociĂ©tĂ©s bourgeoises-capitalistes en Occident et la condition des Juifs dans lâAllemagne nazi. Stern tente donc dâempĂȘcher les Ă©tudiants de mĂ©connaĂźtre la signification rĂ©elle de la non-libertĂ© et dâainsi faire du tort Ă lâOccident[36]. En effet, l'Occident, avance-t-il, « stands [âŠ] for the Enlightenment and for liberalism tout court »[37]. Câest pourquoi lâhistorien mĂ©prise non seulement le fascisme, mais Ă©galement, malgrĂ© sa biographie, le communisme[38]. Dâautre part, Stern critique, en 1967, la guerre des Ătats-Unis au Vietnam par des lettres au prĂ©sident amĂ©ricain Lyndon B. Johnson[39]. Et, en 1988, il organise une pĂ©tition dans le New York Times, signĂ©e par une soixantaine dâintellectuels amĂ©ricains, pour protester contre le dĂ©nigrement du libĂ©ralisme que pratiquait le Parti rĂ©publicain lors de la campagne Ă©lectorale prĂ©sidentielle cette annĂ©e-lĂ [40].
En ce qui concerne les rapports de Stern avec lâAllemagne, ils sont devenus, Ă partir des annĂ©es 1950, de plus en plus Ă©troits, voire cordiaux. Certes, lâhistorien continue de rĂ©sider aux Ătats-Unis et se proclame amĂ©ricain[41]. NĂ©anmoins, il nâa jamais pu oublier ses origines allemandes, de sorte quâil Ă©prouve, une fois la Guerre mondiale terminĂ©e, le dĂ©sir de revenir en Allemagne. Plus tard, lâĂ©volution de la RĂ©publique fĂ©dĂ©rale lui permet en effet d'ĂȘtre optimiste et de croire que les Allemands ont rĂ©ellement changĂ©. Innombrables sont les sĂ©jours, parfois trĂšs longs, que Stern a passĂ© en Allemagne (y compris en RDA avant sa chute), Ă des fins acadĂ©miques et pour des raisons plus personnelles. Quelques notables personnages allemands sont devenus de proches amis de lâhistorien, tel que le sociologue et homme politique Ralf Dahrendorf[42], la journaliste Marion von Dönhoff[43] et lâex-chancelier Helmut Schmidt[44] (avec qui Stern publie en 2010 Unser Jahrhundert: Ein GesprĂ€ch). Ă partir de 1996, Stern rĂ©dige mĂȘme quelques livres en allemand (voir la liste des publications ci-dessous). Et, en 1990, lorsque le Premier ministre britannique Margaret Thatcher lui demande conseil, ainsi qu'Ă dâautres historiens, sur la question de lâunification allemande, Stern tente assez habilement de dissiper les rĂ©serves de la femme politique et se prononce encore Ă dâautres occasions pour accorder « une seconde chance » Ă lâAllemagne[45].
Il sâest donc rĂ©conciliĂ© avec son ancienne patrie, voire il « gradually acquired another German life, parallel and subordinate to my American life »[30] (en consĂ©quence, son autobiographie [2006] porte le titre Five Germanys I Have Known). Il cherche d'autant plus Ă se comporter en citoyen engagĂ© lorsqu'il se trouve en Allemagne. Cette attitude culmine en 1987, quand il assume, comme premier Ă©tranger, le discours du 17 juin, en ce temps-lĂ date de la fĂȘte nationale de la RFA, devant le Bundestag[46]. Et encore en 2010, il se charge, en Allemagne, du discours officiel en mĂ©moire de lâattentat sur Adolf Hitler du 20 juillet 1944 (voir liens ci-dessous).
Vie privée
En 1947, Fritz Stern Ă©pouse lâAmĂ©ricaine Margaret J. (« Peggy ») Bassett[47]. Un fils, Fred, naĂźt lâannĂ©e suivante ; une fille, Katherine, en 1951[48]. En 1948, Stern adopte la citoyennetĂ© amĂ©ricaine[49]. En 1992, il divorce dâavec Margaret Bassett pour Ă©pouser, en 1996, lâAmĂ©ricaine Elisabeth Sifton[50], la fille du thĂ©ologien Reinhold Niebuhr.
Publications principales
- (en) (Ed.), The Varieties of History. From Voltaire to the Present, New York : Meridian, 1956 (ISBN 0-394-71962-X).
- (en) The Politics of Cultural Despair. A Study in the Rise of the Germanic Ideology, Berkeley : University of California Press, 1961 (ISBN 0520026268).
Traduction française : (fr) Politique et Désespoir. Les ressentiments contre la modernité dans l'Allemagne préhitlérienne, Paris : Armand Colin, 1990 (ISBN 2-200-37188-8).
- (en) The Failure of Illiberalism. Essays on the Political Culture of Modern Germany, New York : Knopf, 1972 (ISBN 0394460871).
- (en) Gold and Iron. Bismarck, Bleichröder, and the Building of the German Empire, New York : Knopf, 1977 (ISBN 0-394-49545-4).
Traduction française : (fr) LâOr et le Fer : Bismarck, Bleichröder et la construction de lâEmpire allemand, Paris : Fayard, 1990 (ISBN 9782213023229).
- (en) Dreams and Delusions. The Drama of German History, New York : Knopf, 1987 (ISBN 0-394-55995-9).
Traduction française : (fr) RĂȘves et Illusions : Le drame de lâhistoire allemande, Paris : Albin Michel, 1989 (ISBN 9782226036612).
- (de) Verspielte GröĂe. Essays zur deutschen Geschichte, Munich : C. H. Beck, 1996 (ISBN 3-406-41328-5).
- (de) Das feine Schweigen: Historische Essays, Munich : C. H. Beck, 1999 (ISBN 978-3-406-45674-9).
- (en) Einsteinâs German World, Princeton, NJ : Princeton University Press, 1999 (ISBN 978-0691059396).
Traduction française : (fr) Grandeurs et DĂ©faillances de l'Allemagne du XXe siĂšcle : le cas exemplaire dâAlbert Einstein, Paris : Fayard, 2001 (ISBN 978-2213609546).
- (en) Five Germanys I Have Known, New York : Farrar, Straus and Giroux, 2006 (ISBN 0-374-15540-2).
- (de) Der Westen im 20. Jahrhundert. Selbstzerstörung, Wiederaufbau, GefÀhrdungen der Gegenwart, Göttingen : Wallstein, 2008 (ISBN 978-3-8353-0254-9).
- (de) Avec Helmut Schmidt, Unser Jahrhundert: Ein GesprÀch, Munich : C.H. Beck, 2010 (ISBN 978-3406601323).
Affiliations (sélection)
- Depuis 1969 : Académie américaine des arts et des sciences
- 1988 : Membre de la Société américaine de philosophie
- 1988 : membre correspondant de l'Académie allemande pour la langue et la littérature
- 1993-1997 : German-American Academic Council
- Depuis 1993 : sénateur de la Deutsche Nationalstiftung
Distinctions (sélection)
- 1977 : Lionel Trilling Book Award
- 1984 : Dr. Leopold-Lucas-Preis de l'universitĂ© de TĂŒbingen[52]
- 1985 : docteur honoris causa de lâuniversitĂ© dâOxford
- 1994 : Ordre Pour le MĂ©rite
- 1996 : Kulturpreis Schlesien des Landes Niedersachsen
- 1997 : docteur honoris causa de la New School for Social Research, New York
- 1998 : docteur honoris causa de lâuniversitĂ© Columbia, New York
- 1999 : Prix de la paix des libraires allemands
- 1999 : Alexander-von-Humboldt-Forschungspreis
- 2002 : docteur honoris causa de lâuniversitĂ© de Breslau[53]
- 2002 : Bruno-Snell-Medaille de l'université de Hambourg
- 2004 : Leo Baeck Medal
- 2005 : Deutscher Nationalpreis
- 2006 : Grand commandeur de l'ordre du Mérite de la République fédérale d'Allemagne
- 2007 : Preis fĂŒr VerstĂ€ndigung und Toleranz du musĂ©e juif de Berlin
- 2008 : Internationaler BrĂŒckepreis
- 2009 : Marion-Dönhoff-Preis
Notes
- Cf. Stern, Five Germanys, p. 29-30.
- Cf. id., passim.
- Cf. id., p. 67.
- Cf. id., p. 23.
- Cf. id., p. 125.
- Cf. id., p. 116-119.
- Cf. id., p. 124-130.
- Cf. id., p. 163-165.
- Cf. id., p. 173.
- Cf. Elster, Whoâs Who, p. 2096.
- Cf. Stern, Five Germanys, p. 402-403 ; 414.
- Cf. id., p. 229.
- Cf. id., p. 199-203.
- Cf. id., p. 206-215.
- Cf. id., p. 270-272.
- Cf. id., p. 241-245.
- Cf. id., p. 276-286.
- Cf. id., p. 364-367.
- Cf. id., p. 481-498.
- Id., p. 195 ; cf. p. 170 ; 200.
- Id., p. 4 ; cf. p. 198-199.
- Cf. id., p. 191.
- Cf. id., p. 226-228.
- Id., p. 203.
- Cf. id., p. 203.
- Cf. id., p. 228-231 ; 295-299.
- Cf. id., p. 164.
- Cf. id., p. 299-303 ; 367-371.
- Id., p. 10.
- Id., p. 4.
- Id.
- Cf. id., p. 344-398.
- Id., p. 401.
- Cf. id., p. 220-223.
- Id., p. 223.
- Cf. id., p. 245-261.
- Id., p. 339.
- Cf. par exemple id., p. 314-343.
- Cf. id., p. 247-249.
- Cf. id., p. 451-454.
- Cf. par exemple id., p. 4.
- Cf. id., p. 225-226.
- Cf. entre autres id., p. 261-267 ; 515-516.
- Cf. entre autres id., p. 411-420.
- Cf. id., p. 467-475.
- Cf. id., p. 440-451.
- Cf. id., p. 172-174.
- Cf. id., p. 173-174.
- Cf. id., p. 165.
- Cf. id., p. 475.
- Dâautres affiliations citĂ©es sur : .
- Cf. Stern, Five Germanys, p. 423-430.
- Cf. id., p. 516-520.
Annexes
Bibliographie
- (en) Elster, Robert J. (Ă©d.), The International Whoâs Who 2008, Londres / New York : Routledge, 2007, p. 2096 (ISBN 978-1857434156).
- (en) Mitchell, Allan, Fleeing Nazi Germany. Five Historians Migrate to America, Bloomington, IN : Trafford Publishing, 2011, Chapter 5 : Fritz Stern (ISBN 978-1426955365).
Références
- (en) Elster, Robert J. (Ă©d.), The International Whoâs Who 2008, Londres / New York : Routledge, 2007, p. 2096.
- (en) Stern, Fritz, Five Germanys I Have Known, New York : Farrar, Straus and Giroux, 2006.
Documentaires
- (de) Fritz Stern â Mein Leben, documentaire de Jean BouĂ©, 2008.
- (de) Die BrĂŒckenbauer Henry Kissinger, Fritz Stern und Lord George Weidenfeld. JĂŒdische Emigranten und die Wiedervereinigung, documentaire dâEvi Kurz, 2010.
Liens externes
- (en) (Fritz Stern, discours dâacceptation de la Leo Baeck Medal, New York, 2004) (consultĂ© le )
- (de) (Interview avec Fritz Stern par le journal allemand Stern, 2007) (consulté le )
- (de) (Fritz Stern, discours Ă lâoccasion du 66e anniversaire du , Berlin, 2010) (consultĂ© le )
- (de) (Fritz Stern, exposĂ© historique Ă lâInstitut suisse de recherches internationales, 2011, audio tĂ©lĂ©chargeable) (consultĂ© le ).