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Friedrich Robert von Beringe

Friedrich Robert von Beringe (également connu sous le nom erroné d'Oscar von Beringe), né le à Aschersleben et mort le à Stettin, est un officier militaire allemand connu pour avoir été le premier Occidental à observer et tuer un gorille de l'Est (plus précisément un gorille des montagnes) le .

Friedrich Robert von Beringe
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  74 ans)
Stettin
Nationalité
Activité
Autres informations
Unités
1er régiment de hussards du Corps (-)
Premier régiment de dragons du prince Albert de Prusse (en) (-)
Grades militaires
Archives conservées par
Museum fĂĽr Naturkunde Berlin, Archive (d) (MfN, HBSB, ZM S III, Beringe, R. v.)

Biographie

Dessin en noir et blanc d'un paysage arboré où déambulent de nombreux promeneurs, avec une bourgade formée de nombreuses maisons en arrière-plan.
Vue d'Aschersleben, ville de naissance de von Beringe, en 1850.

Friedrich Robert von Beringe[1] — ultérieurement appelé par erreur Oscar[2] ou Oskar[3] - [note 1] — naît le dans la petite ville d'Aschersleben, dans le royaume de Prusse (aujourd'hui en Saxe-Anhalt). Son père, le capitaine de cavalerie Karl Robert von Beringe, est chef d'escadron dans le deuxième régiment de hussards de Magdebourg, qui stationne alors dans la ville. Avec son épouse Mathilde Luise, ils auront trois ans plus tard un autre fils, Gottlieb (également né à Aschersleben), puis une fille née en et qui ne survivra que deux mois[1].

À la suite de son père, Friedrich Robert von Beringe embrasse une carrière militaire. De 1894 à 1906, il appartient au premier régiment de hussards, les Totenkopfhusaren (« hussards tête-de-mort ») ; il y côtoie notamment August Mackensen, le futur maréchal von Mackensen. Par souhait personnel, von Beringe rejoint à cette époque les troupes coloniales de l'Afrique orientale allemande (Tanzanie, Burundi et Rwanda actuels) en tant que lieutenant : en poste à Kilwa, sur le littoral de l'océan Indien, il s'illustre en en menant une expédition punitive contre la tribu montagnarde révoltée des Watumbi[1]. L'année suivante, il est également le premier Occidental à explorer le mont Visoke[5]. Il commande ensuite le poste militaire d'Usumbura (aujourd'hui Bujumbura, au Burundi) de 1902 à 1904[1] - [6].

Vue plongeante des forĂŞts brumeuses couvrant les flancs fortement pentus d'une montagne.
ForĂŞt sur les pentes du mont Sabyinyo.

Le , il entreprend depuis ce poste une expĂ©dition vers le nord Ă  destination d'avant-postes allemands au Ruanda-Urundi (Rwanda et Burundi actuels), dans le but de renforcer les liens des autoritĂ©s coloniales allemandes avec les chefs locaux[7] et d'Ă©tablir les frontières de l'Afrique orientale allemande[6]. AccompagnĂ© de l'officier mĂ©decin Engeland, du sergent Ehrhardt, de vingt askaris (soldats indigènes) et de porteurs, von Beringe rend d'abord visite au sultan Msinga du Rwanda, puis se dirige vers les montagnes des Virunga (plus prĂ©cisĂ©ment la partie aujourd'hui situĂ©e dans le parc national des Volcans). Du 16 au , l'expĂ©dition entreprend la première ascension du mont Sabyinyo. Au deuxième jour de cette ascension, alors que von Beringe, le docteur Engeland, les askaris et les porteurs campent sur une crĂŞte Ă  3 100 m d'altitude après une longue journĂ©e passĂ©e Ă  se frayer un chemin dans la vĂ©gĂ©tation, ils assistent Ă  un spectacle que von Beringe dĂ©crira plus tard dans le journal Deutsches Kolonialblatt[7] :

« De notre camp, nous aperçûmes une bande de grands singes noirs qui tentait de gravir le plus haut pic du volcan. Nous rĂ©ussĂ®mes Ă  en abattre deux grands spĂ©cimens ; ils Ă©taient tombĂ©s avec grand fracas dans un profond cratère qui s'ouvrait vers le nord-est. Après cinq heures de dur labeur, nous arrivâmes Ă  hisser l'un des animaux avec une corde. Il s'agissait d'un grand singe mâle Ă  allure humaine, mesurant environ 1-1,5 m et pesant plus de 200 livres. Aucun poil sur la poitrine, mais des mains et des pieds immenses. Malheureusement, je ne pus dĂ©terminer l'espèce Ă  laquelle ce singe appartenait. S'il s'agissait d'un chimpanzĂ©, il Ă©tait sans nul doute d'une taille encore jamais observĂ©e, et la prĂ©sence de gorilles [d'ici] aux lacs n'a pas Ă©tĂ© Ă©tablie Ă  ce jour[2]. »

Von Beringe emporte avec lui la dĂ©pouille de ce mystĂ©rieux singe pour l'envoyer au musĂ©e d'histoire naturelle de Berlin, mais l'animal est endommagĂ© près d'Usumbura par une hyène qui lui dĂ©vore la peau et une main. Le crâne et une partie du squelette parviennent finalement Ă  Berlin, oĂą le professeur Paul Matschie l'identifie comme une nouvelle espèce de gorille, qu'il nomme en son honneur Gorilla beringei[8] ; par la suite, elle sera temporairement considĂ©rĂ©e comme une sous-espèce de Gorilla gorilla avant d'ĂŞtre de nouveau reconnue comme une espèce Ă  part entière[6]. L'annonce de cette dĂ©couverte entraĂ®ne au cours des annĂ©es suivantes une forte activitĂ© de chasse, de sorte qu'entre 1902 et 1925, quelque 54 spĂ©cimens sont abattus et exportĂ©s des montagnes des Virunga[3].

Poursuivant son expĂ©dition, von Beringe se voit proposer divers cadeaux de la part des chefs de tribu qu'il rencontre, dont une jeune femme (sa rĂ©action Ă  cette offre est inconnue) et un pichet de bière, qu'il dĂ©cline par crainte qu'il ne soit empoisonnĂ© (ce qui est le cas)[6]. De retour au poste d'Usumbura, oĂą il est promu capitaine, il mène en une importante campagne militaire contre le chef rebelle Muezi Kisabo : Ă  la tĂŞte d'une troupe composĂ©e de huit EuropĂ©ens, 115 askaris, deux mitrailleuses et environ 300 guerriers auxiliaires, il attaque Kisabo qui parvient Ă  s'Ă©chapper par deux fois, pour finalement capituler en juillet et se soumettre Ă  la souverainetĂ© allemande[9]. Von Beringe reste en Afrique jusqu'en 1906, date Ă  laquelle il rentre en Allemagne ; il Ă©pouse le Johanna Caroline Luise Edith Lademann, fille d'un commerçant de Steglitz rencontrĂ©e lors d'une promenade Ă  cheval, en l'Ă©glise du Souvenir de Berlin. Ils auront un fils et une fille. Sa carrière militaire se poursuit au sein du onzième rĂ©giment de dragons de Wedel (en) (rĂ©giment de PomĂ©ranie), oĂą il est promu major en 1908, puis au premier rĂ©giment de dragons du prince Albert de Prusse (rĂ©giment de Lituanie) de 1912 Ă  1913[8], date Ă  laquelle il doit prendre sa retraite après une chute de cheval causĂ©e par son diabète[6]. Jusqu'au dĂ©but de la Seconde Guerre mondiale, il vit Ă  Dresde avec sa famille ; son diabète finit par l'emporter le Ă  Stettin, lors d'un sĂ©jour chez la belle-famille de sa fille Ursula[8] - [6].

Notes et références

Notes

  1. Cette erreur sur le prénom, répandue au point d'être répercutée sur la plaque commémorative installée en son honneur à l'entrée du parc national des Virunga, semble provenir d'une méprise du journal colonial allemand dans lequel von Beringe décrit son expédition de 1902 ; il s'y voit attribuer le prénom Oscar[4].

Références

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Bo Beolens, Michael Watkins et Michael Grayson, « Beringe », dans The Eponym Dictionary of Mammals, The Johns Hopkins University Press, (ISBN 978-0-8018-9304-9, lire en ligne), p. 40
  • Andreas von Beringe, « Sur les traces de l'homme qui dĂ©couvrit les gorilles de montagne », Gorilla Journal, no 24,‎ , p. 6-8 (lire en ligne [PDF], consultĂ© le )
  • (en) John E. Cooper et Gordon Hull, Gorilla Pathology and Health, with a Catalogue of Preserved Materials, Elsevier, (ISBN 978-0-12-802039-5, lire en ligne), p. 367-368
  • (en) Ted Gott et Kathryn Weir, Gorilla, Reaktion Books Ldt, (ISBN 978-1-78023-029-0, lire en ligne), p. 50
  • (en) James L. Newman, Encountering Gorillas : A Chronicle of Discovery, Exploration, Understanding, and Survival, Rowman & Littlefield Publishers, Inc., (ISBN 978-1-4422-1955-7, lire en ligne), p. 52
  • (en) Bill Weber et Amy Vedder, In the Kingdom of Gorillas : Fragile Species in a Dangerous Land, Simon & Schuster, (ISBN 0-7432-0006-3, lire en ligne), p. 94

Articles connexes

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