Accueil🇫🇷Chercher

Français de souche

Français de souche (FDS) est une expression désignant, dans son sens le plus communément admis, les personnes de nationalité française n'ayant pas d'ascendance étrangère immédiate. Elle est souvent opposée à l'expression Français de papier, expression polémique, ou à Français d'origine étrangère.

Sa définition varie et ne fait l'objet d'aucune norme ni d'aucun consensus scientifique et son utilisation même est sujette à polémique.

D'abord historiquement employée par l'extrême droite française à partir du début du XIXe siècle, l'expression est parfois reprise malgré les polémiques dans le cadre de discussions sur l'intégration, le communautarisme et le multiculturalisme en France.

Des définitions multiples et contestées

Sa dĂ©finition, en particulier le nombre de gĂ©nĂ©rations qu'il faut prendre en compte pour dĂ©finir cette classe statistique, est variable et controversĂ©e suivant les Ă©tudes et les auteurs[1]. Elle peut dĂ©signer des personnes nĂ©es en France dont les parents sont Ă©galement nĂ©s en France[2], ou des personnes de nationalitĂ© française dont les ascendants — cette dĂ©finition pouvant, selon les interprĂ©tations, concerner uniquement les ascendants immĂ©diats[3] - [4], ou au contraire s'Ă©tendre Ă  plusieurs gĂ©nĂ©rations[5] - [6], — sont Ă©galement français, ou des personnes dont la famille possède depuis « longtemps Â» la nationalitĂ© française.

L'expression peut aussi être utilisée en tant que synonyme des mots autochtone et indigène. Le terme est également utilisé pour définir les Français n'ayant pas d'ascendance étrangère récente, par rapport aux personnes d'origine étrangère, issues de l'immigration ou ayant acquis récemment la nationalité française[7] - [8] - [9] - [10] - [11]. L'expression Français de souche peut designer aussi historiquement un français dont les ascendants sont français suivant le principe de primauté de la filiation paternelle (droit du sang ou jus sanguinis) instauré par le Code Napoléon en 1804 : « La nationalité est désormais un attribut de la personne, elle se transmet comme le nom de famille, par la filiation. Elle est attribuée une fois pour toutes à la naissance, et ne dépend plus de la résidence sur le territoire de la France »[12].

Histoire

L'expression est utilisée pour la première fois au XIXe siècle[1]. Le Trésor de la langue française informatisé en attribue la paternité au critique littéraire et écrivain français Charles-Augustin Sainte-Beuve[13]. C'est en effet chez Sainte-Beuve que se trouve la plus ancienne occurrence connue de l'expression « français de bonne souche »[13] : elle figure dans un article dédié à l'écrivain et auteur suisse de bande dessinée Rodolphe Töpffer et paru dans la Revue des deux Mondes[14] le [15]. Sainte-Beuve commence ainsi son portrait de Töpffer : « Il est de Genève, mais il écrit en français, en français de bonne souche et de très légitime lignée, il peut être dit un romancier de la France ».

Selon le dĂ©mographe HervĂ© Le Bras, l'anthropologue raciste Georges Vacher de Lapouge l'utilisait avec une acception diffĂ©rente[16] ainsi que l'Ă©crivain nationaliste et antisĂ©mite Maurice Barrès dans son thème de la « terre et des morts »[17]. Selon ce dernier « pour qu'un Français soit Français, il faut qu'il soit issu d'un Français et d'une Française, et de siècle en siècle Â»[18]. Pour le journaliste politique Laurent de Boissieu, Édouard Marchand est le premier Ă  thĂ©oriser l'expression dans son livre antisĂ©mite La France aux Français ! publiĂ© en 1892 et qui reprend la mĂŞme distinction actuelle entre « français de souche Â» et « français de papier Â» (juifs et français d'origine Ă©trangère) qui ne doivent pas selon lui bĂ©nĂ©ficier des mĂŞmes droits[19].

L'historien Emmanuel Debono relève que « depuis les annĂ©es 1930, il est arrivĂ© Ă  la presse antiraciste de parler de « vieille souche » pour mettre l’accent sur l’anciennetĂ© de l’implantation sur un territoire d’un individu ou d’une population. [ â€¦ ] L’expression contient une dimension culturelle sans avoir de connotation nĂ©gative ». Cependant, dans les annĂ©es 1930 Ă©galement, « la propagande antisĂ©mite utilise parfois le terme « souche » comme un substitut au mot « race », pour faire le distinguo entre les « vrais Français » et les autres »[20].

Durant la pĂ©riode de l'AlgĂ©rie française, le terme signifie « Français de souche europĂ©enne Â» (et non « de souche française Â») la très forte majoritĂ© d'entre eux Ă©tant issue de l'immigration mĂ©diterranĂ©enne, notamment, d'Espagne (Minorque et de sa capitale, Port Mahon), d'Italie et de ses Ă®les (Sicile) ou encore, de Malte[21]. L'historien Jacques Valette, dans sa recension du livre La guerre d’AlgĂ©rie : une histoire apaisĂ©e ? (de RaphaĂ«lle BacquĂ©) emploie l'expression « Françaises de souche » : « Djemila Amrane, nĂ©e Danielle Minne, sur les femmes dans l’ALN [ â€¦ ] y voit mĂŞme la volontĂ© de « revaloriser les engagements de celles qui ont Ă©tĂ© considĂ©rĂ©es comme traĂ®tres par la communautĂ© pied-noire Â». Elle ne prĂ©cise pas combien de Françaises de souche avaient gagnĂ© les maquis »[22]. Selon l'analyse de l'historien Nicolas Lebourg, la formule rĂ©pond Ă  la construction de la notion juridique de nationalitĂ©, et la « nĂ©cessitĂ© de faire coĂŻncider le droit et les rĂ©alitĂ©s de l’empire colonial »[23]. Ă€ partir de 1958, l'administration française distingue officiellement en AlgĂ©rie française, les « Français de souche europĂ©enne (FSE) » et les « Français de souche nord-africaine (FSNA) ». Dans le contexte de la guerre d'AlgĂ©rie, le terme est Ă©galement utilisĂ© par Charles de Gaulle pour dĂ©signer la population europĂ©enne de l'AlgĂ©rie et la distinguer des « Musulmans »[24]. Le 29 janvier 1960, Charles de Gaulle promeut l'expression en direction de l'AlgĂ©rie française, lors d'un discours tĂ©lĂ©visĂ©[25]. Pour Laurent de Boissieu, « c'est dans ce contexte historique et juridique particulier que Charles de Gaulle a utilisĂ© durant la guerre d'AlgĂ©rie l'expression « Français de souche Â» : il ne s'agissait pas d'un tri personnel entre les Français Ă  partir de je ne sais quel critère fumeux, mais d'une inĂ©galitĂ© Ă  l'Ă©poque juridiquement rĂ©elle bien qu'antirĂ©publicaine. Â»[19].

En 1947, A. Juret, dans un article de la revue de l'Institut national d'études démographiques Population, après avoir constaté que l'équipe de France de football ne comptait que « cinq vrais Français », déplorait « les effets négatifs de tant de noms « barbares » pour l’image de marque du pays, [et] envisageait diverses solutions pour les rendre plus agréables à l’oreille du Français de souche »[26].

Par la suite, d’après Jean-Luc Richard, maĂ®tre de confĂ©rences en sociologie et dĂ©mographie, il est rĂ©utilisĂ© en 1979 dans Le National, journal politique du Front national, terme selon lui « associĂ© Ă  la première expression politique de l’idĂ©e fausse de la mesurabilitĂ© d’un coĂ»t de l’immigration en France ». Pour lui « le concept de « Français de souche Â» n'est pas un acquis de la recherche, mais au contraire, un terme qui a un lourd passĂ© et une ambiguĂŻtĂ© propice Ă  toutes les variations possibles de dĂ©finition, changeante pour les besoins de la cause. Â»[27].

Un rapport de l'INED en 1991 emploie pour la première fois l'expression « Français de souche » dans un cadre scientifique[1]. L'un des auteurs de ce document, la démographe Michèle Tribalat, la définit pour sa part comme désignant une personne née en France, de deux parents eux-mêmes nés en France[3] - [4]. Un autre rédacteur de ce rapport, l'historien Jacques Dupâquier, estime pour sa part que cette expression est une « notion importante mais difficile à saisir »[28] - [1].

Pour Nicolas Lebourg, le Front National se réapproprie l'expression dans les années 1990 : les mégrétistes, qui prennent un temps le pouvoir au sein du parti, « réutilisent le concept d’identité, en son sens ethno-culturel qui provient du nationalisme allemand des années 1960, et en font un des fondements idéologiques du parti »[23]. La formule est particulièrement utilisée au sein de la mouvance identitaire, en lien avec le concept de grand remplacement, et a notamment donné son nom au site d'extrême droite Fdesouche[17].

Pour Jean-Yves Le Gallou, cofondateur de l'Institut Iliade, un organisme de formation de l'extrême droite qui publie par ailleurs du matériel de propagande, la promotion de ce mot s'inscrit dans une « bataille du vocabulaire » afin de faire progresser les positions identitaires : « Race blanche, Français de souche, grand remplacement et remigration sont les mots qu'il faut utiliser »[29].

Critiques du concept

Utilisation politique

Progressivement, l'expression s'ancre dans le discours politique général selon Nicolas Lebourg qui relativise son utilisation et dénonce « une grande hypocrisie, parce que les thématiques identitaires sont désormais au centre du débat politique, elles ont été popularisées. N’oublions pas que le ministère de l’identité nationale a existé (de 2007 à 2010, sous la présidence de Nicolas Sarkozy) »[23]. Pour le journaliste Rémi Noyon également « à force de répétitions, la formule est presque passée dans le langage courant. Dans les débats de l’Assemblée nationale, on la retrouve de temps en temps et elle ne vient pas nécessairement des bancs les plus à droite. L’impression de la nouveauté, alimentée par l’existence du site Fdesouche et la montée d’un discours identitaire, cache d’ailleurs une généalogie plutôt ancienne. »[17].

Les consĂ©quences politiques de la crĂ©ation d'une catĂ©gorie de Français de souche sont Ă©galement Ă©voquĂ©es. Dans le cadre de la dĂ©chĂ©ance de la nationalitĂ© française contre les dĂ©linquants d'origine Ă©trangère prĂ´nĂ©e en 2010 par le prĂ©sident Nicolas Sarkozy, celui-ci selon le quotidien Le Monde « s'attaque Ă  deux principes juridiques considĂ©rĂ©s comme intangibles depuis la LibĂ©ration: le droit Ă  la nationalitĂ© et le refus de toute distinction entre les « Français de souche Â» et ceux ayant acquis rĂ©cemment la nationalitĂ© »[9]. Pour l'ancien ministre de la justice, Robert Badinter « Tous les Français sont Ă©gaux devant la loi, quelle que soit leur origine Â», qu'ils soient Français de souche ou d'origine Ă©trangère. L'article premier de la Constitution dit que [ â€¦ ] la France assure l'Ă©galitĂ© devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine »[11]. Pour l'hebdomadaire Marianne, Ă  force de s'adresser politiquement Ă  des Français de souche et des Français issus de l'immigration rĂ©cente, « le risque d'une telle politique est la promotion d’une lecture ethnique de la sociĂ©tĂ©, que l’on parle Ă  des communautĂ©s et non Ă  des citoyens, la dĂ©finition mĂŞme du communautarisme »[8].

Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'intĂ©rieur, prĂ´ne pourtant en 2006 la disparition de l'expression dans une Ă©galitĂ© entre Français : « Cette France [qu'il faut construire] est un pays rĂ©conciliĂ©. [ â€¦ ] C'est une France oĂą l’expression « Français de souche » a disparu. OĂą la diversitĂ© est comprise comme une richesse. OĂą chacun accepte l'autre dans son identitĂ© et le respecte. OĂą la surenchère des mĂ©moires s'incline devant l'Ă©galitĂ© devenue enfin rĂ©alitĂ© »[30].

En 2015, François Hollande emploie l'expression lors du dĂ®ner du CRIF, pour contredire les propos de Roger Cukierman selon lesquels les actes antisĂ©mites sont commis par les seuls Français musulmans. Cet usage suscite la polĂ©mique dans la classe politique ; Marine Le Pen rĂ©cuse notamment l'expression. Pour le quotidien Le Monde « le chef de l’État a utilisĂ© une expression devenue un Ă©tendard pour la mouvance identitaire de l’extrĂŞme droite Â»[31]. Après son dĂ©part du FN, Florian Philippot dĂ©nonce la prĂ©sence de l'expression dans les communiquĂ©s du FN « alors qu'elle avait Ă©tĂ© formellement bannie par Marine Le Pen »[32].

En démographie

La pertinence du terme et de son utilisation dans les études démographiques a été l'occasion de vives polémiques entre experts de l'INSEE et de l'INED[33].

Hervé Le Bras, l'un des principaux critiques de l'expression parmi les démographes, précise que c'est seulement depuis 1833 que les recensements en France sont possibles grâce à Alexandre Moreau de Jonnès, qui a alors effectué un recensement et un classement des Français selon les « races françaises », réduisant le concept de racine unique de la population française à une notion statistique inopérante[34]. Le Bras souligne que « la politisation de la question de l'immigration a conduit le Front National à utiliser le terme pour opposer des Français de référence aux Français d'origine étrangère ». Même si en 1991 l’Institut national d'études démographiques (INED) réutilise le terme en lui donnant une définition « a contrario comme résidu subsistant après qu’on a distingué quatre générations successives d’origine étrangère », l'usage politique de ce terme resterait pour Le Bras « mal défini »[1]. Selon lui, le choix effectuée par cette étude « suppose en effet que les descendants d'étrangers installés en France depuis 1900 sont encore perçus dans leur étrangeté au même titre que des migrants arrivés en 1985 et donc qu'aucune durée ne résorbera la différence de nationalité initiale ». Le travail sur les générations est selon Le Bras un élément central des théories racistes [35]. Pour lui, l'outil démographique et le racisme jouent le même rôle au service du nationalisme, mais la démographie est un outil « plus propre et moins disqualifié que le racisme » [36]. L'opinion de Le Bras étant que les Français « descendent tous d'immigrants à un certain horizon temporel », l'étude de l'INED, en mettant une barrière à l'année 1900, empêche de remonter plus loin, et permet donc d'utiliser le terme de Français « de souche ». Cet usage n'aurait pour Hervé Le Bras « aucun sens même si l'on tient compte des généalogies de chaque individu puisqu'elles feraient réapparaître la multiplicité des origines de chacun une fois considérées simultanément les ascendances maternelles et paternelles »[1]. Par ailleurs, lorsque l'on définit un « Français de souche » comme une personne née en France de parents eux-mêmes nés en France, cela implique que des personnages français de premier plan comme Philippe Séguin ou encore Édouard Balladur sont exclus de cette classification car « de nombreux Français sont nés à l'étranger du fait de l'empire colonial. Un comptage dans le Who is who 1997-98 donne par exemple 7 % de naissances à l'étranger »[37].

Dans un entretien en février 2015, Michèle Tribalat revient sur la difficulté dans les études démographiques se rapportant aux questions d'immigration et d'intégration de désigner ce qui est diversement noté par « population majoritaire », « Français de souche » ou personne « d'origine française ». Elle explique la déclaration de François Hollande utilisant les termes de « Français de souche » en raison du fait qu'il n'existerait pas « de substitut facile qui parle autant de lui-même »[38]. En lieu et place de l'expression, Michèle Tribalat utilise désormais l'expression « natif au carré »[17].

Utilisation dans les médias

Éric Zemmour dĂ©finit ainsi le concept : « Français de souche veut dire qu'on est lĂ  depuis mille ans […]. Tu deviens Français de souche par l'assimilation de l'Histoire de France et de la culture française. »[39].

Selon Claude Allègre et Denis Jeambar, « Il n'y a pas de Français de souche… Tout tient en une idée « braudélienne » simple : l'identité nationale est un ensemble de valeurs, fruits d'une histoire associée à un territoire, c'est-à-dire une géographie. Une telle définition exclut toute référence ethnique. Le vocable « Français de souche » n'a aucun sens. Il y a belle lurette que la biologie de l'ADN nous a appris que nous étions tous métis et uniques. L'unité d'une nation ne passe pas par son uniformité ou son uniformisation, car la diversité est la règle de la nature. C'est en la respectant que l'on peut rassembler des individus autour de principes qui ne sont pas pour autant des références immuables, des textes sacrés qu'il faut vénérer nec varietur. Les valeurs ne cessent, en effet, d'évoluer avec le temps au gré des migrations et immigrations successives, du jeu de forces entre un peuple aux contours mouvants et son milieu »[40].

Justice

Le 25 janvier 2012, Houria Bouteldja poursuivie pour injure raciale par l'Alliance gĂ©nĂ©rale contre le racisme et pour le respect de l'identitĂ© française et chrĂ©tienne (AGRIF), une association proche de l'extrĂŞme-droite, pour avoir employĂ© le terme de « souchien » dans une Ă©mission de tĂ©lĂ©vision, est relaxĂ©e par le tribunal correctionnel de Toulouse[41], qui dĂ©clare que l'expression « Français de souche », utilisĂ©e « dans les discours officiels roboratifs Ă  l’attention des Français installĂ©s Ă  l’étranger, colons ou expatriĂ©s, et plus particulièrement Ă  ceux d’AlgĂ©rie », a pris « son essor dans les annĂ©es 1980 sur un mode nĂ©o-raciste avec la politisation de la question de l’immigration et des enfants de l’immigration que cet artifice de langage tend Ă  matĂ©rialiser en race dĂ©finie en creux, avec en toile de fond cette idĂ©e de la disparition de la grande race ou de la revendication d’un type supĂ©rieur d’humanitĂ© ». Le tribunal ajoute que « les recherches de la gĂ©nĂ©tique nous ont appris par ailleurs que nous sommes tous mĂ©tissĂ©s bien qu’uniques, et que la diversitĂ© est une règle de la nature ». Le tribunal rapporte Ă©galement les propos de Nicolas Sarkozy de 2006 et considère que les personnes prĂ©tendument visĂ©es n'Ă©tant pas identifiables, la plainte doit ĂŞtre rejetĂ©e. Le , Ă  la suite de l'AGRIF et du parquet[42], la cour d'appel de Toulouse confirme la relaxe[43]. La Cour ne suit pas l'analyse de l'avocat gĂ©nĂ©ral, selon laquelle le terme « souchien(s) Â» constituerait une injure Ă  caractère raciste[44]. Le pourvoi de l'AGRIF est rejetĂ© le par la Cour de cassation, qui prĂ©cise « qu'il est constant que le nĂ©ologisme « souchien Â» est d'usage courant dans la classe politique »[45].

La catĂ©gorie « Français de souche » est considĂ©rĂ©e par la justice comme n'ayant pas d'existence juridique. Ă€ la suite d'une plainte de l'AGRIF, association proche de l'extrĂŞme droite, contre SaĂŻd Bouamama et SaĂŻdou, chanteur du groupe de rap Zone d'expression populaire pour leur morceau « Nique la France », la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris les relaxe le 19 mars 2015 et dĂ©clare que l'expression « Français de souche Â», « pour banalisĂ©e qu'elle puisse paraĂ®tre Â», « ne recouvre aucune rĂ©alitĂ© lĂ©gale, historique, biologique ou sociologique Â», et que « la “blancheur” ou la “race blanche” Â» n'est « en aucune manière une composante juridique de la qualitĂ© des Français Â»[46]. Elle considère par ailleurs que les « Français blancs dits de souche Â» ne constituent pas un « groupe de personnes »[47]. L'AGRIF fait appel au civil, seule, le parquet acceptant la dĂ©cision du tribunal, mais la cour d'appel de Paris la dĂ©boute le , puis la cour de cassation rejette, le , son pourvoi en ce qui concerne SaĂŻd Bouamama alors que SaĂŻdou est lui renvoyĂ© devant la cour d'appel de Lyon[48] qui le condamne le 12 janvier 2018 Ă  une peine d'un euro symbolique et 3 000 euros de dĂ©dommagement Ă  l'AGRIF[49]. Cet arrĂŞt de la cour d'appel de Lyon est finalement cassĂ© sans renvoi le par la Cour de cassation qui dĂ©boute dĂ©finitivement l'AGRIF de toutes ses demandes[50].

Notes et références

  1. Hervé Le Bras, « Les Français de souche existent-ils ? », Quaderni, no 36 « L'immigration en débat (France / Europe) »,‎ , p. 83-96 (DOI 10.3406/quad.1998.1365, lire en ligne [PDF], consulté le ).
  2. Tribalat 1996, p. 271.
  3. Éric Taïeb, Immigrés : l'effet générations. Rejet, assimilation, intégration d'hier à aujourd'hui, L'Atelier, 1998, page 293
  4. Manuel Boucher, Les théories de l'intégration : entre universalisme et différentialisme, L'Harmattan, 2000, page 98
  5. Gilles Martinet, Le réveil des nationalismes français, Seuil, 1994, page 85
  6. Bruno Laffort, Les couples mixtes chez les enfants de l'immigration algérienne, L'Harmattan, 2003, page 15
  7. Baba Diawara, Portraits de douze noirs de France : Ni éboueurs, ni sportifs, ni vigiles, ni musiciens…, L'Harmattan, 2009, page 41
  8. Dahmane ou le communautarisme en version Sarkozy, Marianne, 15 février 2011
  9. Nicolas Sarkozy met la déchéance de nationalité au cœur de sa politique sécuritaire, 30 juillet 2010
  10. Le New York Times critique vivement la politique sécuritaire de Sarkozy, Le Monde, 6 août 2010
  11. Politique SÉCURITÉ - Badinter rappelle Ă  Sarkozy que « tous les Français sont Ă©gaux devant la loi Â», Le Point, 2 aoĂ»t 2010
  12. « L'accès à la citoyenneté : une comparaison de vingt-cinq lois sur la nationalité »
  13. Informations lexicographiques et étymologiques de « souche » (sens B, 2, a ) dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales (consulté le 7 avril 2017).
  14. Charles-Augustin Sainte-Beuve, « M. Rodolphe Töpffer », dans Revue des deux Mondes : quatrième série, t. XXV, , série « Poètes et romanciers modernes de la France », XLIII, p. 838-865 [lire en ligne (page consultée le 7 avril 2017)].
  15. Revue des deux Mondes : table générale (1831-1874), Paris, (lire en ligne), p. 198 [lire en ligne (page consultée le 7 avril 2017)] et p. 225 [lire en ligne (page consultée le 7 avril 2017)].
  16. Citation Hervé Le Bras, Michèle Tribalat, Statistiques ethniques, une querelle bien française, L'artilleur, 2016, p. 88.
  17. Rémi Noyon, « « Français de souche » : généalogie d’un concept manipulé par l’extrême droite », sur http://blogs.rue89.nouvelobs.com/les-mots-demons/, (consulté le )
  18. Georges Vacher de Lapouge, préface dans Le déclin de la Grande Race (1916), Madison Grant, L'Homme Libre, 2002, p. 24
  19. Laurent de Boissieu, « Français de souche: késako? », sur ipolitique.fr, (consulté le )
  20. Emmanuel Debono, « À la recherche du Français de souche sans guillemets », sur antiracisme.blog.lemonde.fr, (consulté le )
  21. Jean-Jacques Deldyck, Le processus d'acculturation des Juifs d'Algérie, L'Harmattan, 2000, page 35-36
  22. « Comptes rendus », Guerres mondiales et conflits contemporains, vol. n° 221,‎ , p. 117-126 (ISSN 0984-2292, lire en ligne, consulté le )
  23. Alexis Duval, « Français de souche » : « De facto, tout le monde utilise cette expression », sur lemonde.fr, (consulté le )
  24. René Rémond, 1958, le retour de De Gaulle, Complexe, 1999, page 175
  25. Ch. de Gaulle Discours du 29 janvier 1960 http://fresques.ina.fr/de-gaulle/fiche-media/Gaulle00049/discours-du-29-janvier-1960.html
  26. A. Juret, « La francisation des noms de personnes », Population, 1947. Cité par Stéphane Beaud et Gérard Noiriel, « L’immigration dans le football », Vingtième Siècle. Revue d’Histoire, numéro spécial : « Le football, sport du siècle », avril-juin 1990, p. 93.
  27. Analyse du terme par Jean-Luc Richard, ined, mars 1999.
  28. Jacques Dupâquier, Naissance d’un peuple : l’histoire démographique de la France, in : Renaissance catholique, Qui a peur du baptême de Clovis ? Actes de l’université d’été 1996, Issy-les-Moulineaux : Renaissance catholique, 1997, p. 105-134, repris sous le titre “La démographie française : vérités et mensonges”, National Hebdo, no 685, 4-10 septembre 1997, p. 11-13.
  29. Éric Dupin, La France identitaire : enquête sur la réaction qui vient, La Découverte, (lire en ligne).
  30. Nicolas Sarkozy, TĂ©moignages, XO, 2006, page 280
  31. « Français de souche » : polémique autour d'un mot utilisé par Hollande, lemonde.fr, 24 février 2015.
  32. « Philippot dénonce la place accordée aux identitaires au sein du FN », sur bfmtv.com, (consulté le ).
  33. Jacques Boucher, Joseph Yvon Thériault, Anne Gilbert, Svetla Koleva, Petites sociétés et minorités nationales : Enjeux politiques et perspectives comparées, Presses de l'Université du Québec, 2005, page 199
  34. Hervé Le Bras, Le retour de l'ethnie française.
  35. Les Français de souche existent-ils ? (p. 91)
  36. Les Français de souche existent-ils ? (p. 92)
  37. Hervé Le Bras, Le démon des origines, démographie et extrême droite, Éditions de l'Aube, 1998, p. 209-210.
  38. «Français de souche, comme on dit» : le décryptage de Michèle Tribalat, lefigaro.fr, 24 février 2015
  39. Zemmour et Naulleau – Paris Première – 5/04/17 : 1 h 34 min 00 s
  40. Claude Allègre et Denis Jeambar, « Il n’y a pas de Français de souche (Tribune) », Le Figaro, 30 janvier 2010.
  41. "Souchiens" n'est pas une injure anti-blancs, Houria Bouteldja relaxée, Huffpost, 25/1/2012
  42. Les Indigènes relaxĂ©s, il n'existe pas de « Souchiens Â», Backcich, 2/2/2012
  43. Houria Bouteldja relaxée en appel, Le Figaro, 19 novembre 2012.
  44. L'avocat général retient l'injure raciale, sur La Dépêche
  45. Chambre criminelle, 14 janvier 2014, 12-88.282, Inédit, Cour de cassation
  46. Pour la justice, le concept de «Français de souche» n'existe pas, Le Figaro, 20/3/2015
  47. « "Racisme anti-blanc" : la justice rejette le concept de « Français de souche Â» », Franceinfo,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  48. Chambre criminelle, 28 février 2017, 16-80522, publié au bulletin - cour de cassation, Légifrance.
  49. La Cour d'appel de Lyon condamne “Nique la France”, valeursactuelles.com, 16 janvier 2018.
  50. Chambre criminelle, 11 décembre 2018, 18-80525, non publié au bulletin - cour de cassation, Légifrance.

Voir aussi

Bibliographie

  • HervĂ© Le Bras, « Les Français de souche existent-ils ? », Quaderni, no 36,‎ , p. 83-96 (lire en ligne).
  • HervĂ© Le Bras, Le dĂ©mon des origines, dĂ©mographie et extrĂŞme droite, Westport (Conn.), Editions de l'Aube, , 260 p. (ISBN 0-313-29421-6)
  • Michèle Tribalat (dir.), De l'immigration Ă  l'assimilation : enquĂŞte sur les populations d'origine Ă©trangère en France, INED, coll. « Recherches », , 302 p. (ISBN 978-2-7071-2543-9, lire en ligne)

Articles connexes

Lien externe

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.