ForĂȘt de Cinglais
La forĂȘt de Cinglais qui s'Ă©tend sur 1 475 hectares est l'une des forĂȘts les plus importantes du dĂ©partement du Calvados. Elle englobait autrefois la forĂȘt de Grimbosq et le bois de l'ObĂ©lisque. Elle est situĂ©e entre la vallĂ©e de l'Orne et celle de la Laize. Elle est classĂ©e en zone naturelle d'intĂ©rĂȘt Ă©cologique, faunistique et floristique[1].
ForĂȘt de Cinglais | |||
La forĂȘt domaniale de Cinglais et l'AllĂ©e Ducale. | |||
GĂ©ographie | |||
---|---|---|---|
Pays | France | ||
Commune | Boulon (Calvados) | ||
Localisation | |||
CoordonnĂ©es | 49° 02âČ 00âł nord, 0° 22âČ 00âł ouest | ||
GĂ©olocalisation sur la carte : France
GĂ©olocalisation sur la carte : Basse-Normandie
| |||
Une grande partie du domaine forestier de Cinglais est privĂ©. La promenade et le ramassage de champignons sont interdits et sont passibles de poursuite. Seule une partie, au sud, sur la commune de Saint-Laurent-de-Condel, le long de la route de Fontaine GuĂ©ret, est une forĂȘt domaniale.
Toponymie
Le Cinglais (petite rĂ©gion aux portes de Caen et Falaise) est mentionnĂ© sous la forme latine Cingalensis, la forme normande Chinguelez et française Cinguelez au Moyen Ăge et reprĂ©sente un dĂ©rivĂ© en -ensis du nom de localitĂ© Cingal[2].
Histoire
Une voie romaine partant de Vieux-la-Romaine vers Jublains entrait dans la forĂȘt au sud de Boulon par la coupe de la Souillarde[3].
Le Cinglais est mentionné pour la premiÚre fois en 846 dans une charte de Charles le Chauve[4].
Ă l'Ă©poque gallo-romaine, la forĂȘt est bien plus Ă©tendue et trĂšs peu peuplĂ©e[4]. Le dĂ©frichement commence pendant le haut Moyen Ăge. Du XIe au XIIIe siĂšcles, le peuplement continue et la forĂȘt prend plus ou moins ses limites actuelles[4].
De tout temps, les seigneurs de la région se partagÚrent sa possession.
Durant la guerre de Cent Ans, la forĂȘt Ă©tait parcourue par des brigands qui pillaient les alentours.
En 1376, Charles V donna la baronnie du Thuit et la forĂȘt de Cinglais qui en dĂ©pendait Ă Bertrand Du Guesclin[5].
En 1632, la bĂȘte de Cinglais, terrorisa la population en dĂ©vorant une trentaine de personnes. Une gigantesque battue de plus de 5 000 personnes fut organisĂ©e et la bĂȘte fut abattue. On l'identifia Ă un loup roux de grande taille et trĂšs agile.
En 1793, la forĂȘt fut dĂ©clarĂ©e bien national mais restituĂ©e Ă ses anciens propriĂ©taires en 1814[6].
En 1944, l'aviation alliée attaqua les troupes allemandes qui tentaient de s'y dissimuler.
Ăconomie
La forĂȘt constitua de tout temps une rĂ©serve de bois de chauffage pour toute la rĂ©gion [7]. Son bois alimenta la chaudiĂšre du train qui reliait Caen Ă Falaise.
La forĂȘt servit Ă fournir en tan, issu des Ă©corces de chĂȘne, les nombreuses tanneries de la vallĂ©e de la Laize du XIIIe siĂšcle au XXe siĂšcle. Chaque printemps, les pelards Ă©corçaient les jeunes chĂȘnes avec une serpe et un os. Les Ă©corces mises en bottes Ă©taient sĂ©chĂ©es puis Ă©crasĂ©es dans les moulins Ă tan oĂč l'on traitait les peaux importĂ©es dâAmĂ©rique du Sud, via le port de Caen.
Dans le massif minier (Soumont-Saint-Quentin, Saint-RĂ©my), lâĂ©tayage des galeries et la construction des infrastructures dâextraction ont Ă©galement « rĂ©clamĂ© » leur tribut Ă la forĂȘt[8].
Traditions
Chaque annĂ©e, lors du « jeudi ardent » (premier jeudi du CarĂȘme), avait lieu la fĂȘte des bĂ»cherons de la forĂȘt de Cinglais. PropriĂ©taires et marchands de bois avaient coutume d'offrir Ă leurs ouvriers et Ă leurs familles un repas champĂȘtre au milieu des bois. Assis sur des fagots « les bourrĂ©es», hommes, femmes et enfants festoyaient joyeusement autour d'un grand feu. Plusieurs photos ou cartes postales du dĂ©but du XXe siĂšcle tĂ©moignent de cette fĂȘte traditionnelle qui s'est maintenue jusqu'Ă la Seconde Guerre mondiale[9].
Flore
Les chĂȘnes sessiles et les chĂȘnes pĂ©donculĂ©s composent les futaies alors que tilleuls, bouleaux et noisetiers dominent les taillis. Ă la suite de la grande opĂ©ration de reboisement entreprise dans les annĂ©es 1950, douglas, sapins de Vancouver, mĂ©lĂšzes du Japon et Ă©picĂ©as s'alignent en rangs serrĂ©s[10].
On note une grande diversité végétale dont l'isopyre faux-pigamon[11] (espÚce protégée au niveau régional) et le muguet.
- Une hĂȘtraie.
- Une allée forestiÚre.
- Le carrefour des Cinq Chemins.
- L'isopyre.
Faune
La forĂȘt constitue une rĂ©serve de chasse importante: sangliers, chevreuils, bĂ©casses, liĂšvres, perdrix et renards [12].
On signale quelques espÚces d'oiseaux remarquables comme la bondrée apivore, le busard Saint-Martin, le pic noir, le rougequeue à front blanc, le pouillot siffleur, le gros-bec[13].
On note la présence de la martre des pins.
- Le pic noir.
- La martre des pins.
Lieux et monuments
- Menhir de la Pierre Tournante, pierre de lĂ©gendes situĂ©e en limite nord de la forĂȘt, au lieu-dit le Champ BĂ©rot (propriĂ©tĂ© privĂ©e).
- Vestiges d'une petite enceinte dite de la Bijude sur la commune de Bretteville-sur-Laize qui fait l'objet d'un recensement à l'inventaire général du patrimoine culturel[14] (propriété privée).
- Vestiges d'une autre enceinte de plus grande taille dite de l'Herbage au lieu-dit La VignonniÚre[15] sur la commune de Boulon qui fait l'objet d'un recensement à l'inventaire général du patrimoine culturel[16] (propriété privée).
- Vestiges d'une fortification de terre dite enceinte de la Souillarde qui fait l'objet d'un recensement à l'inventaire général du patrimoine culturel[17].
- Pierre des Trois Seigneurs[18]. Il y a au milieu de la forĂȘt, dans un lieu bien connu des gardes, une borne triangulaire appelĂ©e aussi Devise aux trois seigneurs oĂč se rencontraient aux retours des chasses les propriĂ©taires des bois d'Alençon, d'Harcourt et de Barbery. Ils pouvaient dresser une table, manger et boire ensemble en se tenant assis chacun sur son terrain [19] (propriĂ©tĂ© privĂ©e).
- Ruines de l'abbaye Notre-Dame de Barbery en lisiĂšre de forĂȘt (propriĂ©tĂ© privĂ©e).
- Chùteau de Saint-Hubert construit en 1850 pour remplacer un rendez-vous de chasse sur la commune de Saint-Laurent-de-Condel qui fait l'objet d'un recensement à l'inventaire général du patrimoine culturel[20] (propriété privée).
- Source ferrugineuse Yvette « Eau minérale du Cinglais » dans la vallée du Beffeux [21] (propriété privée).
- Ătang en amont de la source Yvette (propriĂ©tĂ© privĂ©e).
- La Pierre Tournante.
- L'enceinte de la Bijude.
- La Pierre des Trois Seigneurs
- L'abbaye de Barbery.
- L'Ă©tang de la source Yvette.
- Un petit pont de bois.
Notes et références
- Carte de la forĂȘt de Cinglais et du bois de l'ObĂ©lisque
- Joseph DecaĂ«ns, « La motte d'Olivet Ă Grimbosq (Calvados). RĂ©sidence seigneuriale du XIe siĂšcle », ArchĂ©ologie mĂ©diĂ©vale, vol. 11,â , p. 167-168 (lire en ligne, consultĂ© le )
- Cours d'antiquités monumentales, 1831, Arcisse de Caumont Lire en ligne
- Joseph Decaens, « Les enceintes d'Urville et de Bretteville-sur-Laize (Calvados) », Annales de Normandie, 1968, Volume 18, no 18-4, p. 311â375
- Revue anglo-française destinée à recueillir toutes les données historiques et autres, se rattachant aux points de contact entre la France, l'Aquitaine et la Normandie, la Grande-Bretagne et l'Irlande, La Fontenelle de Vaudoré, 1837 Lire en ligne
- Le Calvados à pied, Fédération française de la randonnée pédestre
- Inventaire RĂ©gional des paysages bas-normands
- DĂ©couverte des bois de la Normandie armoricaine, Charles-Ărick Labadille, 1998
- Enchantements en pays de cinglais, Association Val de Laize, Philippe Ponsot, 2003
- Randonnées au sud de Caen, Conseil général du Calvados
- Inventaire du Patrimoine Naturel de Basse-Normandie
- Chasse en forĂȘt de Cinglais
- ZNIEFF 250013243 - FORET DE CINGLAIS ET BOIS DE L'OBELISQUE
- MinistÚre de la Culture, Notice n° IA00000246
- Les Fortifications de terre et les origines féodales dans le Cinglais, Michel Fixot, Publications du CRAHM, 1968 Lire en ligne
- MinistÚre de la Culture, Notice n° IA00000151
- MinistÚre de la Culture, Notice n° IA00000150
- Mémoires de la Société des antiquaires de Normandie, 1837, Volume 10, Société des antiquaires de Normandie Lire en ligne
- Statistique de l'arrondissement de Falaise, Fred Galeron, 1829 Lire en ligne
- MinistÚre de la Culture, Notice n° IA00000899
- Les Eaux minérales de la France, études chimiques et géologiques, 1894 Lire en ligne