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Arcisse de Caumont

Arcisse de Caumont, né le à Bayeux[1] et mort le à Caen[2], est un historien et archéologue français.

Il a été le premier à organiser l'histoire de l'architecture en périodes chronologiques spécifiques et il est considéré comme le père de l'archéologie médiévale en France.

Biographie

Arcisse de Caumont est le fils de François de Caumont et Marie-Louise Hue de Mathan. En 1810, il fut envoyé au collège de Falaise, dont l’abbé Hervieu était le principal. Celui-ci lui confia la tâche d’entretenir les appareils de physique, ce qui enthousiasma le jeune de Caumont qui avait un penchant naturel pour l’étude des sciences. À 15 ans, il donnait des leçons à ses condisciples. En 1817, il entra au collège de Bayeux, passa son baccalauréat de lettres et se fit inscrire à la faculté de droit. Il obtint le diplôme de bachelier le 30 décembre 1822 et celui de licencié le 28 août 1824, ayant traité le sujet de thèse Du rang que les hypothèques ont entre elles, du mode de leur inscription et de leur radiation.

Tout en faisant ses études de droit, Caumont suivait les cours de la faculté des lettres et de la faculté des sciences, et plus spécialement ceux d’histoire romaine. La même année que sa licence, il rédigea un Essai sur l’architecture religieuse du Moyen Âge[3] et ouvrit, à Caen, un cours d’archéologie monumentale, qui sera publié en 6 volumes sous le titre Histoire de l’architecture religieuse, civile et militaire[4]. Caumont rapporta dans ses souvenirs que les professeurs lui ayant demandé un jour de lire ses notes du cours de la veille, il leur lut ce qu’il avait littéralement copié dans un livre d’histoire de la bibliothèque. Il reçut des compliments pour ce secret qu’il ne dévoila pas[5].

Arcisse de Caumont fonda la SociĂ©tĂ© des antiquaires de Normandie et la SociĂ©tĂ© linnĂ©enne de Normandie en 1824, la SociĂ©tĂ© française d'archĂ©ologie en 1834, l’Association normande et la SociĂ©tĂ© pour la conservation des monuments. Non content d’avoir trouvĂ© de nombreux adhĂ©rents Ă  ces diverses associations, Caumont s’occupa de mettre en relations directes les divers membres qui les composaient et de donner Ă  chacun l’occasion d’exprimer ses opinions et de dĂ©velopper ses idĂ©es. Son dessein d'Ă©veiller les curiositĂ©s et la crĂ©ativitĂ© par une saine Ă©mulation est visible dans le compte rendu de la sĂ©ance gĂ©nĂ©rale de 1862 par la SociĂ©tĂ© française d'archĂ©ologie[6], oĂą il encourage les uns et les autres Ă  partager leurs observations individuelles sur un mode Ă©clectique enrichissant. Il y sollicite par exemple de Jacques-Ferdinand PrĂ©vost, commandant du GĂ©nie militaire Ă  Saumur et amateur Ă©clairĂ© d’archĂ©ologie, une prĂ©sentation des rĂ©sultats des investigations personnelles de celui-ci sur les murs de forteresses vitrifiĂ©s que ce dernier a pu observer Ă  Saumur et Ă  Sainte-Suzanne, sur les tombes gallo-romaines inexplorĂ©es du vallon de Lacune près de Beaune, sur la ville perdue d’Armançon aux sources de la rivière du mĂŞme nom[6]. En plus des congrès archĂ©ologiques, il fut Ă©galement Ă  l'origine d'une vaste entreprise de congrès scientifiques, les « Congrès scientifiques de France Â», visant Ă  rĂ©veiller les talents de province, qui donnèrent lieu Ă  une collection d'ouvrages du mĂŞme nom et connurent un grand succès.

Les travaux d’Arcisse de Caumont ont permis à la renaissance gothique de débuter en France sur des bases intellectuelles fiables. L’Encyclopédie du Moyen Âge[7] le note comme le premier à diviser l’architecture rationnellement en phases chronologiques différentes.

Reprenant l'idée d'un de ses mentors, l’autre archéologue normand, Charles de Gerville, inventeur du mot « roman »[4], il contribue notamment à la popularisation en architecture du terme « roman », jusque-là utilisé par les linguistes[8]. Ses ouvrages fort recherchés lui ont valu d’être nommé membre correspondant de l’Académie des inscriptions et belles-lettres. L’Abécédaire ou rudiment de l’archéologie (en trois tomes, chacun sur une période d’architecture majeure) fut un outil de vulgarisation qu’on a pu qualifier de vulgate de l’architecture médiévale[4]. Il donne ainsi un essor à un mouvement intellectuel qui se propage dans la France tout entière et se traduit par la fondation d’une foule de sociétés savantes ou littéraires, dont chacune possède aujourd’hui une bibliothèque, des archives et quelques-unes même un musée.

Arcisse de Caumont a composé plus de trente volumes sur l’archéologie et il a activement concouru à la publication d’environ deux cents volumes de comptes-rendus et de mémoires des congrès des sociétés dont il était le fondateur. Son grand œuvre est le monumental Cours d’antiquités monumentales : histoire de l’art dans l’ouest de la France, depuis les temps les plus reculés jusqu’au XVIIe siècle couvrant les architectures religieuse, civile et militaire de l’ère gallo-romaine au Moyen Âge, publié de 1830 à 1841.

Il est élu le à l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Savoie, avec pour titre académique Agrégé[9].

Ce philanthrope, marié le 15 février 1832[10], qui avait doté sa ville natale d’un jardin botanique et d’une école primaire, fut inhumé, à sa mort, dans le cimetière Saint-Jean à Vaucelles, un faubourg de Caen[11].

Hommages, postérité

  • Ă€ Bayeux :
    • Une plaque commĂ©morative est sur sa maison natale, situĂ©e au 17 rue des Chanoines.
    • Une rue porte son nom.
    • Un lycĂ©e polyvalent porte son nom.
    • Une statue le reprĂ©sentant rĂ©alisĂ©e par Victor-Edmond Leharivel-Durocher et inaugurĂ©e en 1876 Ă  l'intersection du boulevard d'Eindhoven et de la rue Baron GĂ©rard, dans le parc du lycĂ©e.
  • Une rue Ă  Bernières-sur-Mer porte son nom.
  • Une rue Ă  Caen porte son nom.
  • Une rue Ă  Luc-sur-Mer porte son nom.
  • Une rue au Manoir porte son nom.
  • Un portrait le reprĂ©sentant peut ĂŞtre aperçu dans le musĂ©e archĂ©ologique de Vieux-la-romaine

Iconographie

Une médaille à son effigie a été exécutée par le graveur André Vauthier-Galle en 1861. Un exemplaire en est conservé au musée Carnavalet (ND 204).

Publications

  • MĂ©moire gĂ©ologique : sur quelques terrains de la Normandie occidentale, Caen, Chalopin Fils, 1825 ;
  • Essai sur la topographie gĂ©ognostique du dĂ©partement du Calvados, Caen, Chalopin, 1828.
  • MĂ©moires de la SociĂ©tĂ© linnĂ©enne de Normandie, Paris, Lance, 1829.
  • Cours d’antiquitĂ©s monumentales professĂ© Ă  Caen, en 1830, (1re partie : AntiquitĂ©s celtiques ; 2e partie et 3e partie : AntiquitĂ©s gallo-romaines ; 4e partie : Architecture religieuse du Moyen Ă‚ge ; 5e partie : Architecture militaire ; 6e partie : État de la peinture, de la calligraphie, de l’orfèvrerie et autres arts Ă  l’époque du Moyen Ă‚ge), Caen, Lange, 1830-41.
  • Histoire sommaire de l’architecture religieuse, civile et militaire au Moyen Ă‚ge, Caen, Lance, 1836.
  • Histoire de l’architecture religieuse au Moyen Ă‚ge, Caen, Derache, 1841.
  • Rapport verbal fait Ă  la SociĂ©tĂ© française pour la conservation des monuments dans la sĂ©ance administrative du 7 dĂ©c. 1844, sur quelques antiquitĂ©s du midi de la France, Caen, [s.n.], 1845.
  • Statistique monumentale du Calvados sur Gallica, Caen, Le Blanc-Hardel, 1846-67.
  • Statistiques routières de la Basse-Normandie, Caen, Derache, 1855..
  • AbĂ©cĂ©daire hĂ©raldique, ou Notions gĂ©nĂ©rales sur le blason, Caen, A. Hardel, 1861.
  • Inauguration d’un monument Ă  Dives en mĂ©moire du dĂ©part de l’armĂ©e de Guillaume-le-Bâtard pour la conquĂŞte de l’Angleterre en 1066, Caen, A. Hardel, 1861.
  • Bulletin monumental ou collection de memoires et de renseignements sur la statistique monumentale de la France, ÉditĂ© par Française. 1865.
  • ArchĂ©ologie des Ă©coles primaires, Caen, Le Blanc-Hardel, 1868.
  • Le Mur de Laudunum, Caen, [s.n.], 1868.
  • AbĂ©cĂ©daire ou rudiment d’archĂ©ologie, Caen, F. Le Blanc-Hardel, 1869.
  • Le Beurre d’Isigny Ă  Monaco : rĂ©sumĂ© d'une communication verbale faite au Congrès de l'Association normande Ă  Isigny en juin 1869, Caen, F. Le Blanc-Hardel, , 14 p., in-8°
  • La VallĂ©e de la Dives : statistique ripuaire Caen, Res Universis, 1853, reprint 1992.

Notes et références

  1. « Acte de naissance », sur Archives du Calvados
  2. « Acte de décès », sur Archives du Calvados
  3. Arcisse de Caumont, « Essai sur l'architecture religieuse du Moyen Âge, particulièrement en Normandie », Mémoires de la Société des Antiquaires de la Normandie, t. 1 , 1824, p. 535-677
  4. Éliane Vergnolle, vice-présidente de la Société, « La Société française d’archéologie, de sa fondation en 1834 à nos jours », sur sf-archeologie.net, (consulté le ).
  5. « La Jeunesse studieuse d’Arcisse de Caumont », Association normande, congrès de Falaise, 1936.
  6. Congrès Archéologique de France : Séances générales tenues par la Société française d’archéologie pour la conservation des monuments. Compte-rendu complet, xxive session, 1862 (lire en ligne).
  7. André Vauchez, Richard Barrie Dobson et Michael Lapidge (trad. Adrian Walford), Encyclopédie du Moyen Âge, Londres, Routledge, , 2 vol., illust., 29 cm (ISBN 978-1-57958-282-1, OCLC 44070157, lire en ligne), p. 1215.
  8. Normandie romane, Collection du Zodiaque Paris 1975
  9. « État des Membres de l'Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Savoie depuis sa fondation (1820) jusqu'à 1909 », sur le site de l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Savoie et « Académie des sciences, belles-lettres et arts de Savoie », sur le site du Comité des travaux historiques et scientifiques - cths.fr.
  10. « Acte de mariage », sur Archives du Calvados
  11. Emmanuel Luis et Sandrine Berthelot, Service de l'inventaire de la région Normandie, Ici repose… : À la découverte des cimetières de Caen, Lyon, Lieux dits, coll. « Parcours du patrimoine », , 80 p., illust. 23 cm (ISBN 978-2-36219-156-5, OCLC 2362191567).

Sources bibliographiques

  • Vincent Juhel (Ă©d.), Arcisse de Caumont (1801-1873), Ă©rudit normand et fondateur de l’archĂ©ologie française : actes du colloque international organisĂ© Ă  Caen du 14 au 16 juin 2001, Caen, SociĂ©tĂ© des antiquaires de Normandie, , 515 p., 158 ill. (OCLC 57637046, lire en ligne).
  • Bulletin du bibliophile et du bibliothĂ©caire, Caen, Giraud-Badin, 1873, p. 421-2.

Liens externes

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