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ForĂȘt d'Aulnay

La ForĂȘt domaniale d'Aulnay, qui s'Ă©tend sur la limite de deux dĂ©partements, les Deux-SĂšvres et la Charente-Maritime, est avant tout une forĂȘt de feuillus, issue de l'antique sylve d'Argenson[1]. Il s’agit donc du vestige d'une trĂšs ancienne forĂȘt, qui s’étend aujourd'hui sur environ 2 870 hectares, dont 947 hectares sont situĂ©s en Charente-Maritime.

Le rond-point au cƓur de la forĂȘt d'Aulnay

L'originalitĂ© de cette forĂȘt domaniale rĂ©side dans l'importance de sa hĂȘtraie qui en Ă©tait l'une des plus remarquables de la rĂ©gion, avant que la terrible tempĂȘte Martin, de l'hiver 1999, ne vienne la dĂ©vaster dans sa presque totalitĂ©.

Ce massif est depuis en complĂšte reconstruction et fait partie des sites Natura 2000 de la Charente-Maritime.

Situation géographique

Le pavillon des officiers du rond-point
La maison forestiĂšre du rond-point

La forĂȘt domaniale d'Aulnay est situĂ©e sur le canton d'Aulnay au Nord-Est du dĂ©partement de la Charente-Maritime, correspondant Ă  la partie centrale de l'Anticlinal d'Argenson. Ce dernier constitue un secteur gĂ©ographique particulier oĂč se situent les points les culminants du dĂ©partement ainsi que les villages les plus Ă©levĂ©s, comme Vinax, Saleignes, ContrĂ©. Le massif boisĂ© d'Aulnay se situe donc sur un plateau assez Ă©levĂ©, dont les altitudes moyennes sont en gĂ©nĂ©ral supĂ©rieures Ă  120 mĂštres et dont les sols calcaires et argileux conviennent particuliĂšrement bien aux feuillus qui composent l'essentiel de cette forĂȘt.

La forĂȘt domaniale d'Aulnay est sĂ©parĂ©e de celle de ChizĂ©, qui se trouve au nord-ouest, par la Route DĂ©partementale 950 ; cette route correspond Ă  l'ancien trajet de la Route nationale 150 et reprend en grande partie l'antique voie gallo-romaine de Mediolanum Santonum - Lemonum, ex Via Turonensis, par laquelle transitaient au Moyen Âge les pĂšlerins en partance pour Saint-Jacques-de-Compostelle.

En Charente-Maritime, quatre communes sont bordĂ©es par la forĂȘt domaniale d'Aulnay, ce sont d'est en ouest les communes de Saleignes, Vinax, Saint-MandĂ©-sur-BrĂ©doire et La Villedieu.

Elle couvre une superficie totale de 2 870 hectares[2], comprenant la forĂȘt d'Aulnay proprement dite qui s'Ă©tend sur environ 2 000 hectares, dont une partie dans le dĂ©partement voisin des Deux-SĂšvres, la forĂȘt de Chef-Boutonne (plus de 800 hectares) et la forĂȘt d'EnsignĂ© (plus de 100 hectares). Ces deux derniĂšres appartiennent entiĂšrement au dĂ©partement des Deux-SĂšvres, mais font partie du massif forestier domanial d'Aulnay, auquel il convient d'ajouter le Bois de ChantemerliĂšre, dont la propriĂ©tĂ© forestiĂšre est entiĂšrement privĂ©e. Ce bois de plusieurs centaines d'hectares est entiĂšrement situĂ© en Charente-Maritime et s'Ă©tend sur les communes de Saleignes, Vinax et ContrĂ©. C'est dans cette derniĂšre partie boisĂ©e que se situe le point culminant de la Charente-Maritime.

La forĂȘt domaniale d'Aulnay s’étend dans sa plus grande longueur sur environ une vingtaine de kilomĂštres, du Bois d'EnsignĂ©, au nord-ouest, jusqu’au village de Villiers-Couture, au sud-est, et dans sa grande largeur, sur plus de cinq kilomĂštres entre le village d'EnsignĂ©, au nord, et le village de Vinax, au sud. Au cƓur de ce massif, se trouve le « rond-point », une intersection de huit routes Ă  cheval sur les communes d'EnsignĂ© et de Saint-MandĂ©-sur-BrĂ©doire.

Historique

Avec la forĂȘt domaniale de ChizĂ©, la forĂȘt d'Aulnay faisait partie de l'antique sylve d'Argenson[3] qui s'Ă©tendait des rives mĂ©ridionales du golfe des Pictons, englobant la forĂȘt de Benon, jusqu'en Angoumois dans les forĂȘts de Boixe et de la Braconne, de part et d'autre de la vallĂ©e de la Charente. Cette immense forĂȘt servit longtemps de dĂ©limitation gĂ©ographique, comme de frontiĂšre naturelle, entre les peuples celtes des Pictons, au nord, et des Santons, au sud.

L’ancienne sylve, alors composĂ©e essentiellement de hĂȘtres et de chĂȘnes, fut entaillĂ©e dans sa partie centrale Ă  l'Ă©poque de l'occupation romaine, dĂšs le Ier siĂšcle de l'Ăšre chrĂ©tienne, pour relier les capitales rĂ©gionales qui Ă©taient alors Mediolanum Santonum, actuelle ville de Saintes, Ă  Lemonum, actuelle ville de Poitiers. La forĂȘt Ă©tait beaucoup plus vaste qu'elle ne l'est aujourd'hui et dut nĂ©cessiter l'implantation de forts romains pour assurer la sĂ©curitĂ© de la contrĂ©e. Ces derniers Ă©taient chargĂ©s de veiller sur la nouvelle route d'intĂ©rĂȘt stratĂ©gique et militaire afin aussi de permettre le dĂ©placement rapide des lĂ©gions romaines en cas de menace ou de rĂ©bellion des populations nouvellement soumises. Ainsi s'explique la crĂ©ation d'Aulnay-de-Saintonge, l'antique Aunedonnacum, alors siĂšge d'une garnison militaire, puis aprĂšs son dĂ©mantĂšlement vers le milieu du Ier siĂšcle, important vicus et carrefour routier dont l'activitĂ© se perpĂ©tua au Moyen Age. C'est de ce bourg, que provient le nom de la forĂȘt actuelle qui, alors, se nommait la forĂȘt d'Aunay[4].

La sylve d'Argenson fut considĂ©rablement dĂ©frichĂ©e Ă  la fin du Moyen Âge. DĂ©jĂ , Ă  cette Ă©poque, les forĂȘts de ChizĂ© et d'Aulnay ne se touchaient plus. Dans les vastes clairiĂšres gagnĂ©es sur l’antique forĂȘt, des villages, des hameaux et des fermes furent Ă©difiĂ©s pour les cultures et la vigne. La plupart des villages sont nĂ©s pendant la pĂ©riode des grands dĂ©frichements mĂ©diĂ©vaux, attestĂ©e par la crĂ©ation concomitante des Ă©glises romanes entre les XIe et XIIe siĂšcles dans leur grande majoritĂ©.

Au dĂ©but du XVIe siĂšcle, la "forĂȘt d'Aunay" passa aux mains de la VicomtĂ© d'Aulnay, alors en terre poitevine, et fut rĂ©unie au domaine royal en 1531.

Cette forĂȘt royale connut une forte dĂ©gradation pendant le XVIIe siĂšcle, oĂč les chĂȘnes et les hĂȘtres, particuliĂšrement recherchĂ©s furent sans discernement systĂ©matiquement exploitĂ©s soit pour les besoins militaires et industriels (arsenal militaire de Rochefort), soit pour la viticulture (pour alimenter notamment les "brĂ»leries" d'eaux de vie de cognac), soit encore pour le bois de chauffage.

La "ForĂȘt d'Aunay" appartient Ă  l'État en 1789 et devint la "ForĂȘt domaniale d'Aulnay" Ă  partir de l'an VI de la RĂ©publique. Bien que la commune d'Aulnay-de-Saintonge ait donnĂ© son nom Ă  cette forĂȘt, aucune fraction du domaine boisĂ© n'est prĂ©sent aujourd'hui dans la commune Ă©ponyme. Ce nom ferait rĂ©fĂ©rence au VicomtĂ© d'Aulnay, ce qui est un paradoxe dans cette pĂ©riode rĂ©volutionnaire.

Dans le courant du XIXe siĂšcle, des fours Ă  chaux et des tuileries furent implantĂ©s dans les villages situĂ©s aux abords immĂ©diats de la forĂȘt d'Aulnay, notamment Ă  Saleignes et Ă  Villiers-Couture, ainsi que dans ce dernier village des carriĂšres d'extraction de calcaires et de marnes argileuses[5]. Ces diverses industries empiĂ©tĂšrent sur le domaine boisĂ© et contribuĂšrent Ă  y crĂ©er de nouveaux dĂ©frichements.

Durant l'hiver 1932-33, qui correspondit Ă  un hiver particuliĂšrement rigoureux, le dernier loup Ă  avoir Ă©tĂ© observĂ© en Charente-Maritime a Ă©tĂ© repĂ©rĂ© dans la commune de Vinax, aux abords immĂ©diats de la forĂȘt d'Aulnay[6].

AprĂšs le passage de la tempĂȘte Martin, qui eut lieu dans la nuit du 27 au , la forĂȘt domaniale d'Aulnay a subi une trĂšs grave dĂ©vastation, oĂč "tous les peuplements les plus anciens ainsi que les jeunes futaies de hĂȘtres de 20 Ă  25 cm de diamĂštre ont Ă©tĂ© abattus. Ce qui signifie qu'il ne devrait plus y avoir ou trĂšs peu de hĂȘtre exploitĂ© Ă  Aulnay pendant 50 ans. Le chĂȘne a Ă©galement Ă©tĂ© trĂšs touchĂ©"[7].

Les diffĂ©rents peuplements de la forĂȘt domaniale d'Aulnay

Tout d’abord, cette forĂȘt relĂšve du rĂ©gime de l'Administration forestiĂšre, c’est-Ă -dire qu’elle est gĂ©rĂ©e directement par l’ONF. Ceci a favorisĂ© son classement en ZNIEFF (Zone naturelle d'intĂ©rĂȘt Ă©cologique, faunistique et floristique).

De plus, la forĂȘt domaniale d'Aulnay a pu obtenir le classement du HĂȘtre d'Aulnay comme espĂšce remarquable Ă  la suite de la directive europĂ©enne Natura 2000. En effet, le hĂȘtre d'Aulnay « constitue non seulement une relique de la sylve primitive mais encore un Ă©lĂ©ment dĂ©terminant du milieu biologique du sud de la forĂȘt Â»[8].

S'Ă©tendant sur des sols calcaires superficiels, donc peu profonds, la forĂȘt d'Aulnay se caractĂ©rise majoritairement par un peuplement de feuillus, Ă  plus de 92 % et 8 % seulement sont composĂ©s de rĂ©sineux, dont l'implantation est relativement rĂ©cente.

Parmi les peuplements de feuillus, les chĂȘnes reprĂ©sentent largement les deux tiers des essences prĂ©sentes dans la forĂȘt d'Aulnay.

  • Parmi ceux-ci, se trouvent les chĂȘnes nobles, occupant de prĂ©fĂ©rence les sols profonds, il s'agit des chĂȘnes pĂ©donculĂ©s. Les chĂȘnes rouvres (Quercus petraea) et les chĂȘnes pubescents (Quercus pubescens) se sont facilement accommodĂ©s des sols superficiels. Ce sont des arbres qui aiment les sols calcaires.
  • Mais l'arbre remarquable de cette forĂȘt demeure sans conteste le hĂȘtre. Avant la tempĂȘte dĂ©vastatrice de l'hiver 1999, les hĂȘtraies reprĂ©sentaient 37 % des peuplements de la forĂȘt domaniale d'Aulnay, soit 1 070 hectares. Ils Ă©taient associĂ©s assez souvent aux charmes, notamment dans les parties les plus fraĂźches.
  • Les autres feuillus notables qui constituent la forĂȘt d'Aulnay sont les Ă©rables de Montpellier, le merisier, l'alisier torminal, le frĂȘne et quelques cormiers.
  • L'orme champĂȘtre, qui fut prĂ©servĂ© en forĂȘt d'Aulnay de la graphiose de l'orme, a totalement disparu depuis le passage de l'ouragan dans la nuit du 27 au .

Pour permettre la rĂ©gĂ©nĂ©ration de la forĂȘt d'Aulnay, des plants de rĂ©sineux ont Ă©tĂ© introduits. Les succĂšs sont variables d'une espĂšce Ă  l'autre.

  • Les pins noirs d'Autriche ont laissĂ© la place aux pins laricio de Corse, Ă  la suite d'un dĂ©pĂ©rissement inexorable.
  • Les pins maritimes qui avaient Ă©galement fait l'objet de plantations au XIXe siĂšcle sont aussi remplacĂ©s par le pin laricio de Corse.
  • Les pins sylvestres, plus habituĂ©s pourtant au relief de montagne, se sont acclimatĂ©s dans la forĂȘt d'Aulnay, mais leur peuplement tend Ă  ĂȘtre dĂ©laissĂ©.
  • Le Douglas, arbre originaire d'AmĂ©rique du Nord, a Ă©tĂ© introduit en 1950 et s'est bien adaptĂ© aux sols calcaires. À la mĂȘme Ă©poque, des mĂ©lĂšzes y ont Ă©tĂ© plantĂ©s.

Notes et références

  1. La sylve d'Argenson
  2. source : CRPF
  3. La forĂȘt d’Argenson sur le site Histoire Passion
  4. Ouvrage collectif sous la direction de Jean Louis NEVEU, ForĂȘts charentaises, Le CroĂźt vif, 2001, p.384
  5. M. de La Torre, Guide de l'art et de la nature en Charente-Maritime, Ă©ditions Nathan, 1982 (monographies communales de Saleignes et de Villiers-Couture)
  6. Jean Louis NEVEU (Ouvrage collectif sous la direction de), ForĂȘts charentaises, Le CroĂźt vif, 2001, p.336
  7. citĂ© dans ForĂȘts charentaises, ouvrage collectif sous la direction de J-L. NEVEU, Le CroĂźt vif, 2001, p.390
  8. citĂ© dans forĂȘts charentaises, ouvrage collectif sous la direction de J-L. NEVEU, Le CroĂźt vif, 2001, p.386

Pour approfondir

Bibliographie (ouvrage de référence)
  • Jean Louis Neveu (Ouvrage collectif sous la direction de), ForĂȘts charentaises, Le CroĂźt vif, 2001, 510 pages.

Liens externes

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