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Financement des partis politiques français

Le financement des partis politiques français est un ensemble de moyens permettant d'assurer les ressources financières nécessaires à l'activité des partis politiques français. Le financement des partis politiques a fait l'objet de nombreux et graves scandales dans l'histoire de la démocratie francaise[1] - [2].

Sous la pression de l'opinion publique et de nombreuses associations, l'encadrement par l’État du financement des partis politiques francais est renforcé progressivement depuis 30 ans.

Depuis 1988, un financement public des partis est prévu, en fonction des résultats aux élections législatives et du nombre de parlementaires. Depuis 1995, le financement des partis par les entreprises est strictement interdit. Depuis 2013, la loi sur la transparence de la vie publique, qui fait suite au scandale Cahuzac, limite les dons maximum par personne, et non-plus par parti. Depuis 2017, les lois pour la confiance dans la vie politique interdisent le financement de partis politiques par des banques non-européennes et créent le médiateur du crédit.

La Commission nationale des comptes de campagne et financements politiques (CNCCFP) est chargée du contrôle des comptes des partis politiques. L'encadrement du financement des partis est plus important en France que dans d'autres pays, mais, malgré plusieurs évolutions très positives, la vie politique française reste marquée par l'influence de l'argent[3] - [4].

Lors de l'élection présidentielle 2017, seulement 800 personnes, soit 0,01% des électeurs francais, contribuent jusqu’à 50% du financement de certaines campagnes[5]. Toujours en 2017, certains candidats ont levé plus d'argent à Londres, que dans les villes de Lyon, Marseille, Lille, Toulouse et Bordeaux réunies[5].

Historique

Les lois du et du mettent en place le financement public des partis politiques.

Elles sont progressivement renforcées jusqu’à l’interdiction du financement par les personnalités morales par la loi du [6]. La loi du réduit les financements de partis qui ne respectent pas la parité lorsqu’ils présentent des candidats aux élections. En 2017, les lois pour la confiance dans la vie politique encadrent les prêts aux partis politiques et aux campagnes électorales, et créent le médiateur du crédit aux candidats et aux partis politiques.

Mandataire financier

Un parti politique ne peut recevoir de financement directement sur ses comptes. L'ensemble des ressources doit être recueilli par un mandataire financier, qui peut être soit une association de financement distincte du parti politique, soit une personne physique[7]. L'association de financement doit être agréée par la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques[8].

Types de financements

Financement public

Le montant des crédits inscrits dans le projet de loi de finances de l’année pour être affecté au financement des partis et groupements politiques est divisé en deux fractions égales

  • une première fraction destinĂ©e au financement des partis et groupements en fonction de leurs rĂ©sultats aux Ă©lections lĂ©gislatives ;
  • une seconde fraction spĂ©cifiquement destinĂ©e au financement des partis et groupements reprĂ©sentĂ©s au Parlement[9].

Pour l’année 2022, les aides publiques sont de soixante six millions d’euros.

En plus de cette aide directe, les partis politiques bénéficient d’un « droit d’antenne » leur permettant de s’exprimer sur les chaînes publiques de radio et de télévision (Expression directe), et d’allègements fiscaux sur certains de leurs revenus propres[10].

Première partie (résultats électoraux)

Cette fraction des aides est attribuée :

  • soit aux partis et groupements politiques qui ont prĂ©sentĂ© lors des dernières Ă©lections lĂ©gislatives des candidats ayant obtenu chacun au moins 1 % des suffrages exprimĂ©s dans au moins cinquante circonscriptions ;
  • soit aux partis et groupements politiques qui n’ont prĂ©sentĂ© des candidats lors des dernières Ă©lections lĂ©gislatives que dans une ou plusieurs collectivitĂ©s territoriales parmi les dĂ©partements d’outre-mer, collectivitĂ©s d’outre-mer, Nouvelle-CalĂ©donie et dont les candidats ont obtenu chacun au moins 1 % des suffrages exprimĂ©s dans l’ensemble des circonscriptions dans lesquelles ils se sont prĂ©sentĂ©s.

La répartition est effectuée proportionnellement au nombre de suffrages obtenus au premier tour de ces élections par chacun des partis et groupements[11]. Lorsque l’écart entre le nombre de candidats de chaque sexe dépasse 2 % du nombre total de ces candidats, le montant de la première fraction qui lui est attribué est diminué d’un pourcentage égal aux trois quarts de cet écart rapporté au nombre total de ces candidats. Cette diminution n’est pas applicable aux partis et groupements politiques ayant présenté des candidats exclusivement outre-mer lorsque l’écart entre le nombre de candidats de chaque sexe qui s'y sont rattachés n’est pas supérieur à un[12].

En 2022, cette fraction reprĂ©sente 32 081 868,13 €, dĂ©taillĂ©e dans le tableau suivant[13].

Partis et groupements politiques bénéficiaires de la première fraction de l’aide publique pour 2022 (métropole)
Partis et groupement Nombre de voix prises en compte Modulation parité Aide publique
La RĂ©publique en marche 6 152 527 -0 € 10 097 659,82 €
Les RĂ©publicains 3 478 875 -1 787 354,47 € 3 922 250,10 €
Rassemblement national 2 973 612 -0 € 4 880 356,06 €
La France insoumise 2 438 734 -252 443,04 € 3 750 059,72 €
Parti socialiste 1 594 942 -0 € 2 617 653,16 €
Mouvement dĂ©mocrate 1 120 897 -0 € 1 839 640,30 €
Europe Écologie Les Verts 773 738 -0 € 1 269 875,47 €
Union des dĂ©mocrates et indĂ©pendants 635 204 -0 € 1 042 510,49 €
Parti communiste français 634 340 -0 € 1 041 092,47 €
Debout la France 247 480 -13 244,66 € 392 924,85 €
RĂ©gions et peuples solidaires 167 838 -0 € 275 459,34 €
Lutte ouvrière 158 866 -0 € 260 734,30 €
Parti radical de gauche 140 156 -0 € 230 027,05 €
Alliance Ă©cologiste indĂ©pendante 97 792 -54 610,46 € 105 887,88 €
La France qui ose 90 270 -34 286,85 € 113 866,22 €
Parti animaliste 63 679 -37 325,48 € 67 185,87 €

Seconde partie (nombre de parlementaires)

Cette fraction des aides est attribuée aux partis et groupements politiques bénéficiaires de la première fraction proportionnellement au nombre de membres du Parlement qui ont déclaré au bureau de leur assemblée, au cours du mois de novembre, y être inscrits ou s’y rattacher. Chaque membre du Parlement ne peut indiquer qu’un seul parti ou groupement politique[11].

En 2022, cette fraction reprĂ©sente 34 037 738,28 €, dĂ©taillĂ©e dans le tableau suivant[13].

Partis et groupements politiques bénéficiaires de la seconde fraction de l’aide publique pour 2022
Partis et groupement Députés Sénateurs Aide publique
La RĂ©publique en marche 272 19 10 884 077,10 €
Les RĂ©publicains 103 141 9 126 167,74 €
Parti socialiste 26 63 3 328 807,08 €
Union des dĂ©mocrates et indĂ©pendants 22 56 2 917 381,49 €
Mouvement dĂ©mocrate 68 18 3 216 600,10 €
Parti communiste français 14 16 1 122 069,80 €
La France insoumise 17 0 635 839,56 €
Parti radical de gauche 3 7 374 023,27 €
Parti progressiste martiniquais 2 4 224 413,96 €
Rassemblement national 7 1 299 218,61 €
RĂ©gions et peuples solidaires 13 1 523 632,58 €
Europe Écologie Les Verts 12 12 897 655,84 €
Tapura huiraatira 1 2 112 206,98 €
Debout La France 3 0 112 206,98 €
CalĂ©donie ensemble 2 1 112 206,98 €
Le Rassemblement 0 2 74 804,65 €
Archipel demain 0 1 37 402,33 €
Cap sur l'avenir 1 0 37 402,33 €
Tavini huiraatira 1 0 37 402,33 €

Financement privé

Les dons privĂ©s sont limitĂ©s Ă  7 500 € annuels par personne physique de nationalitĂ© française ou rĂ©sidant en France, et les personnes morales Ă  l’exception des partis ne peuvent contribuer au financement des partis[14]. Les dons peuvent donner lieu Ă  une rĂ©duction d’impĂ´t[15].

Les personnes morales à l’exception des partis ou groupements politiques ne peuvent contribuer au financement des partis ou groupements politiques, ni en consentant des dons, sous quelque forme que ce soit, à leurs associations de financement ou à leurs mandataires financiers, ni en leur fournissant des biens, services ou autres avantages directs ou indirects à des prix inférieurs à ceux qui sont habituellement pratiqués.

Institutions financières

Les établissements de crédit et sociétés de financement ayant leur siège social dans un Etat membre de l'Union européenne ou partie à l'accord sur l'Espace économique européen peuvent consentir à des prêts aux partis et groupements politiques[14]. Les emprunts sont déclarés et sont rendus publics[16].

Limites géographiques

Aucune association de financement ou aucun mandataire financier d’un parti politique ne peut recevoir, directement ou indirectement, des contributions ou aides matérielles d’un État autre que la France ou d’une personne morale de droit extérieur à la France

Adhérents

En pratique, ces contributions des adhérents ne représentent souvent qu’une très faible part des ressources du parti et la cotisation perçue auprès des élus locaux et des parlementaires adhérents est généralement plus élevée[10] - [14]

Comptes des partis

Les comptes des partis politiques pour l’exercice 2017[17]
Partis et groupements Cotisation des adhérents Dettes bancaires Aide publique
Les RĂ©publicains 2 758 480 € 54 907 873 € 18 657 558 €
Front national 1 857 394 € 9 399 030 € 5 074 684 €
Union populaire rĂ©publicaine 1 064 763 € 0 € 0 €
Parti socialiste 3 788 426 € 32 199 054 € 24 819 060 €
Parti communiste français 3 997 561 € 793 887 € 2 948 398 €
Lutte ouvrière 1 155 712 € 262 € 0 €
Mouvement dĂ©mocrate 229 436 € 181 026 € 0 €
Debout la France 187 270 € 0 € 357 362 €
Europe Écologie Les Verts 676 847 € 763 386 € 2 803 975 €
Parti de gauche 632 594 € 1 728 342 € 0 €
Union des dĂ©mocrates et indĂ©pendants 90 406 € 1 778 € 0 €
Les Patriotes 65 720 € 0 € 0 €
Nouveau parti anticapitaliste 552 993 € 1 886 € 0 €
Mouvement rĂ©publicain et citoyen 36 102 € 0 € 0 €
RĂ©sistons ! 3 600 € 0 € 0 €
SolidaritĂ© et Progrès 6 220 € 0 € 0 €
La République en marche 0 € 0 € 0 €
La France insoumise 0 € 0 € 0 €
Génération.s 0 € 0 € 0 €
Exemple

Pour exemple, les comptes du parti socialiste en 2015 se présentent sous la forme suivante[18] :

ContrĂ´le

Les partis bĂ©nĂ©ficiant du financement public ont l’obligation de tenir une comptabilitĂ©. Les comptes sont arrĂŞtĂ©s chaque annĂ©e et sont certifiĂ©s par un commissaire aux comptes (deux si les ressources du parti dĂ©passent 230 000 €) et dĂ©posĂ©s Ă  la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques, qui assure leur publication sommaire au Journal officiel de la RĂ©publique française. Si la commission constate un manquement aux obligations prĂ©vues au prĂ©sent article, le parti perd le financement public ou la possibilitĂ© de rĂ©duction fiscale pour les dons[16].

Notes et références

  1. Fabrice Arfi et Karl Laske, « Sarkozy-Kadhafi : la preuve du financement », sur Mediapart,
  2. « L'argent russe du Rassemblement national », sur Mediapart,
  3. « L’économiste Julia Cagé : “Plus vous avez de l’argent, plus vous pouvez peser sur le débat démocratique” », sur Telerama.fr,
  4. « Le prix de la démocratie : entretien avec Julia Cagé », sur ENS Lyon,
  5. « Campagne Macron : les vrais chiffres d'une levée de fonds hors norme », sur Radio France,
  6. Gérard Davet, « Les lois sur le financement des partis politiques », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  7. « C.N.C.C.F.P. - Le financement de la vie politique », sur www.cnccfp.fr (consulté le )
  8. « C.N.C.C.F.P. - Le mandataire », sur www.cnccfp.fr (consulté le )
  9. Article 8 de la loi no 88-227 du 11 mars 1988 relative à la transparence financière de la vie politique, en vigueur au 16 janvier 1990, consulté le 11 décembre 2016
  10. Fiche Le financement de la vie politique : partis et campagnes Ă©lectorales
  11. Article 9 de la loi du 11 mars 1988
  12. Article 9-1 de la loi du 11 mars 1988
  13. Décret no 2022-94 du 31 janvier 2022 pris pour l'application des articles 8, 9 et 9-1 de la loi no 88-227 du 11 mars 1988 modifiée relative à la transparence financière de la vie politique
  14. Article 11-4 de la loi du 11 mars 1988 , en vigueur au 15 septembre 2017, consulté le 24 septembre 2017
  15. Article 200 3. du code des impĂ´ts
  16. Article 11-7 de la loi du 11 mars 1988
  17. Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques, « Comptes des partis et groupements politiques », sur data.gouv.fr,
  18. Comptes publiés sur data.gouv.fr

Annexes

Articles connexes

Liens externes

Décrets de répartition

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