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FUSE (télescope spatial)

Le télescope spatial FUSE, acronyme en anglais de Far Ultraviolet Spectroscopic Explorer (Explorateur spectroscopique en ultraviolet lointain) est un télescope spatial de la NASA, développé et géré par l’université Johns Hopkins (Baltimore, Maryland, États-Unis) avec une petite participation de l’Agence spatiale canadienne et du CNES français. De 1999 à 2007, le spectrographe de FUSE a été utilisé pour produire des spectres électromagnétiques dans le domaine de l’ultraviolet lointain (de 90 à 120 nanomètres). Ces mesures ont permis notamment d’évaluer le rapport deutérium/hydrogène caractéristique importante du modèle cosmologique, de mesurer les caractéristiques et la distribution des gaz chauds de la Voie lactée ainsi que de l'hydrogène moléculaire présent dans l'espace interstellaire. Le satellite, lancé le , s'est arrêté de fonctionner en 2007 à la suite de la défaillance de son système de contrôle d'attitude.

Description de cette image, également commentée ci-après
Le télescope FUSE en cours de préparation.
Données générales
Organisation NASA, APL, CNES (5%), ASC (5%)
Programme Explorer - Midex
Domaine TĂ©lescope ultraviolet
Statut Mission achevée
Autres noms Far Ultraviolet Spectroscopic Explorer, Explorer 77
Lancement
Lanceur Delta II 7320
Fin de mission
Identifiant COSPAR 1999-035A
Site
Caractéristiques techniques
Masse au lancement 1 400 kg
Orbite
Orbite Orbite basse
Altitude 746 Ă  760 km
PĂ©riode 99,9 min
Inclinaison 25°
TĂ©lescope
Type Miroir parabolique
Diamètre ~ 39 cm x 35 cm (x4)
Superficie De 20 à 80 cm²
Focale 2,245 m
Champ 4" x 20" Ă  0,5"
Longueur d'onde Ultraviolet lointain (90,5-119,5 nm)
Principaux instruments
FUVS Spectrographe

Contexte scientifique

Les transitions électroniques des atomes et molécules les plus abondants dans l'univers (hélium, hydrogène) se traduisent par l'émission de photons dans la partie du spectre électromagnétique située dans l'ultraviolet. C'est dans cette partie du spectre que se trouvent notamment les transitions du deutérium, de grande importance dans le domaine de la cosmologie, la majeure partie de celles de l'hydrogène moléculaire qui permettent de tracer les phases initiales de la formation des étoiles et des planètes ainsi que les transitions de l'ion oxygène VI qui permettent de détecter les gaz chauds éjectés par les explosions de supernovae noyées dans le halo galactique[1].

Le rayonnement ultraviolet est filtrĂ© par l'atmosphère et ne peut donc ĂŞtre observĂ© que par des instruments positionnĂ©s dans l'espace. Or les tĂ©lescopes spatiaux qui existaient dans les annĂ©es 1990, comme le tĂ©lescope spatial Hubble, sont pratiquement insensibles aux longueurs d'onde infĂ©rieures Ă  1150 Ă…. De 1972 Ă  1982, le satellite Copernicus a explorĂ© avec des capacitĂ©s limitĂ©es ce domaine spectral en fournissant des donnĂ©es essentielles sur le milieu interstellaire diffus. Par la suite, des observations limitĂ©es ont Ă©tĂ© effectuĂ©es avec des instruments embarquĂ©s sur les sondes spatiales Voyager ou dans le cadre de missions de la navette spatiale amĂ©ricaine (instruments HUT, ORFEUS et IMAPS). Le tĂ©lescope FUSE a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ© pour couvrir ce domaine peu Ă©tudiĂ© jusque-lĂ  avec une sensibilitĂ© 10 000 supĂ©rieure Ă  celle de Copernicus[1].

Objectifs

FUSE est rattaché au programme Origins de la NASA dont l'objectif est d'étudier les processus physiques associés à la naissance et à l'évolution des étoiles, des galaxies et de l'univers. Les principaux objectifs assignés à FUSE sont[2] :

DĂ©veloppement

FUSE est 77e mission du programme Explorer, qui regroupe les missions spatiales scientifiques à cout modéré de l'agence spatiale américaine, la NASA. Au sein de ce programme il s'agit d'une mission de la classe Medium-class Explorers (MIDEX) dont le cout ne doit pas dépasser théoriquement 180 M$. La NASA a confié le développement du satellite au laboratoire APL de l'Université Johns Hopkins situé à Baltimore. Celui-ci gère également le centre de contrôle du satellite. L'université de Berkeley réalise le système de détection et l'Université du Colorado le spectrographe. L'agence spatiale française, le CNES, fournit les réseaux de diffraction du spectrographe tandis que l'Agence spatiale canadienne développe le senseur fin d'erreur du télescope. France et Canada reçoivent en échange 5 % du temps total d'observation (250 orbites d'observation au cours de la première année, sur un total de 850 pour trois ans pour la France[3], le Canada ayant produit pour sa part, en décembre 2008, environ 17 % de toutes les publications scientifiques portant sur la mission[4].). La station de réception au sol sera à Warren Moos dans l'ile de Porto Rico. Le cout final du projet est évalué à 250 millions de dollars américains.

Caractéristiques techniques

FUSE comprend deux sous-ensembles : la plateforme qui regroupe les Ă©quipements permettant de faire fonctionner le satellite et la charge utile qui doit remplir les objectifs assignĂ©s au satellite. FUSE a une masse totale de 1 360 kg dont 580 kg pour la plateforme et 780 kg pour la charge utile. Le satellite a la forme d'un parallĂ©lĂ©pipède de 1,2 m x 1,8 m x 5,5 m.

Charge utile

L'instrument de FUSE couvre l'ensemble du spectre de l'ultraviolet lointain de 905 Ă  1195 Ă…. Il comprend un système optique constituĂ© de quatre miroirs paraboliques qui fait converger la lumière, un spectrographe utilisant un rĂ©seau de diffraction. Dans le domaine spectral de l'ultraviolet lointain, les systèmes optiques ne rĂ©flĂ©chissent les photons très Ă©nergĂ©tiques que lorsque ceux-ci arrivent sous des incidences rasantes. FUSE utilise des miroirs recouverts de nouveaux revĂŞtements de surface qui amĂ©liorent la rĂ©flectivitĂ© des miroirs utilisĂ©s pour faire converger les photons ultraviolets. Quatre miroirs paraboliques primaires sont utilisĂ©s pour obtenir une surface collectrice suffisamment importante (de 20 Ă  80 cm2 en fonction de la longueur d'onde). Deux sont recouverts d'un revĂŞtement de carbure de silicium qui permet une rĂ©flectivitĂ© de 32 % sur pratiquement l'ensemble du spectre observĂ© tandis que les deux autres reçoivent un revĂŞtement combinant aluminium et fluorure de lithium avec une rĂ©flectivitĂ© doublĂ©e mais limitĂ©e aux longueurs d'onde supĂ©rieures Ă  1030 Ă…. La longueur focale est de 2,245 m.

Les photons réfléchis par les miroirs primaires passent ensuite par une des quatre fentes d'entrée disponibles :

  • 1,25 Ă— 20 " (seconde d'arc) permettant une rĂ©solution maximale mĂŞme lorsque l'image du tĂ©lescope est de mauvaise qualitĂ©, avec une transmission de 65% (HIRS) ;
  • 4" Ă— 20" avec surface effective maximale et une transmission de 95 % (MDRS);
  • 30" Ă— 30" pour l'Ă©tude des objets Ă©tendus Ă  plus faible rĂ©solution (LWRS) ;
  • 0,5" pour les objets extrĂŞmement brillants, avec une transmission de 10 % (PINH)

Le faisceau lumineux traverse ensuite quatre rĂ©seaux de diffraction (autant que de miroirs primaires) qui transforment la lumière incidente en un spectre Ă©lectromagnĂ©tique avec une rĂ©solution spectrale proche de 30 000. Les rĂ©seaux de diffraction sont montĂ©s sur un cercle de Rowland de 1 652 mm de diamètre et sont tracĂ©s par holographie sur des substrats sphĂ©riques pour corriger les aberrations du spectrographe. Les rĂ©seaux de diffraction reçoivent des revĂŞtements similaires Ă  ceux des miroirs primaires. La lumière issue des quatre canaux arrive sur deux dĂ©tecteurs. La lumière qui ne passe par les fentes est exploitĂ©e par des senseurs fins FES (Fine Error Sensor) ayant un champ optique de 20' Ă— 20' capables de dĂ©tecter des Ă©toiles de magnitude apparente Ă©gale Ă  16 et qui sont chargĂ©s du pointage fin du tĂ©lescope avec une prĂ©cision de 0,5 seconde d'arc.

Vie opérationnelle

Le satellite est placé en orbite, le , par une fusée Delta II 7320 lancée depuis Cape Canaveral. La durée de la mission fixée initialement à 3 ans est prolongée. En décembre 2004, un problème touchant le système de contrôle d'orientation (panne de la troisième roue de réaction) interrompt les opérations, qui reprennent courant 2005 mais le satellite subit une série de nouvelles pannes. En mai 2007, la dernière roue de réaction cesse de fonctionner et après l'échec des tentatives de réparation, le satellite est mis hors service le . Il devrait effectuer sa rentrée atmosphérique vers 2037[5].

RĂ©sultats scientifiques

Parmi les résultats obtenus par FUSE au bout de 6 années d'observation en 2006 :

  • mesure de la quantitĂ© de deutĂ©rium prĂ©sente en diffĂ©rents endroits de la Voie lactĂ©e ce qui a permis de mettre au point une thĂ©orie concernant l’hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© observĂ©e (la quantitĂ© observĂ©e va de 5 et 23 parts par million) qui contredisait les hypothèses du modèle cosmologique[6]
  • première observation d'azote molĂ©culaire dans l'espace interstellaire[7]
  • observation de millions de comètes en cours d'Ă©vaporation dans le disque stellaire de l'Ă©toile Beta Pictoris avec une surabondance de carbone[8].
  • mesure de la quantitĂ© d'hydrogène molĂ©culaire prĂ©sente dans l'atmosphère de Mars ainsi que les ratios des combinaisons molĂ©cules associĂ©es (hydrogène, eau lourde, DeutĂ©rure d'hydrogène, vapeur d'eau) permettent d'Ă©mettre l'hypothèse qu'un ocĂ©an profond a pu exister sur la planète il y a 3,5 milliards d'annĂ©es (cette hypothèse n'a pas Ă©tĂ© corroborĂ©e par les observations de Mars rĂ©alisĂ©es ultĂ©rieurement par d'autres instruments)[8].

Notes et références

  1. Institut d’astrophysique de Paris, « Présentation de la mission FUSE », sur http://www2.iap.fr (consulté le )
  2. (en) Warren Moos, Kenneth Sembach et Luciana Bianchi, « Far Ultraviolet Astronomy and Origins: The Far Ultraviolet Spectroscopic Explorer (FUSE) Mission », sur http://fuse.pha.jhu.edu, APL (consulté le )
  3. Jean-François Desessard, « Mission "FUSE" : l'Univers observé dans l'ultraviolet lointain », sur Bulletins électroniques, (consulté le )
  4. « FUSE lève le voile sur quelques-uns des mystères de l'univers », sur Agence spatiale canadienne, (consulté le )
  5. Institut d’astrophysique de Paris, « Actualités », sur http://www2.iap.fr (consulté le )
  6. (en) J. Linsky et al., « The Deuterium Puzzle Solved ? Astronomers Trace "Fossil" of Big Bang Across our Galaxy », sur http://archive.stsci.edu,
  7. (en) G Andersson et David Knauth, « irst Detection of Molecular Nitrogen », sur http://archive.stsci.edu,
  8. (en) George Sonneborn, « Six Years of Astrophysics with the Far Ultraviolet Spectroscopic Explorer », sur http://archive.stsci.edu,

Bibliographie

  • (en) Brian Harvey, Discovering the cosmos with small spacecraft : the American Explorer program, Cham/Chichester, Springer Praxis, (ISBN 978-3-319-68138-2)
    Histoire du programme Explorer.

Voir aussi

Articles connexes

  • Copernicus TĂ©lescope ultraviolet prĂ©dĂ©cesseur de FUSE

Liens externes

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