Entérobactine
L'entĂ©robactine, ou entĂ©rochĂ©line, est le plus puissant sidĂ©rophore connu, produit notamment par des bactĂ©ries Ă Gram nĂ©gatif telles quâEscherichia coli et Salmonella typhimurium[2] : elle chĂ©late les cations Fe3+ avec une affinitĂ© valant K = 1052 M-1[3], c'est-Ă -dire bien supĂ©rieure Ă celle de chĂ©lateurs synthĂ©tiques tels que l'EDTA (Kf,Fe3+ ~ 1025 Mâ1)[4]. Cette affinitĂ© remarquablement Ă©levĂ©e permet aux microorganismes qui sont capables d'utiliser ce composĂ© de concentrer le fer ferrique mĂȘme lorsqu'il n'est prĂ©sent qu'Ă trĂšs faible concentration molaire dans le milieu extracellulaire. Des bactĂ©ries sont ainsi capables d'absorber le fer dissous au sein d'autres organismes, chez lesquels la concentration en fer demeure toujours trĂšs faible en raison de la toxicitĂ© du fer libre.
Entérobactine | |
Structure de l'entérobactine |
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Identification | |
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Nom UICPA | N,Nâ,Nââ-[(3S,7S,11S)-2,6,10-trioxo-1,5,9-trioxacyclododĂ©cane-3,7,11-triyl]tris(2,3-dihydroxybenzamide) |
Synonymes |
entérochéline |
No CAS | |
PubChem | 34231 |
ChEBI | 28855 |
SMILES | |
InChI | |
Propriétés chimiques | |
Formule | C30H27N3O15 [IsomĂšres] |
Masse molaire[1] | 669,546 5 ± 0,031 g/mol C 53,82 %, H 4,06 %, N 6,28 %, O 35,84 %, |
Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire. | |
La biosynthĂšse de l'entĂ©robactine commence par la conversion d'un prĂ©curseur, l'acide chorismique, en acide 2,3-dihydroxybenzoĂŻque (DHB) par une sĂ©rie d'enzymes appelĂ©es EntA, EntB et EntC. Une liaison amide est alors formĂ©e entre le DHB et une molĂ©cule de L-sĂ©rine par les enzymes EntD, EntE, EntF et EntB. Trois molĂ©cules de DHB-Ser formĂ©es subissent alors une cyclisation intermolĂ©culaire conduisant Ă l'entĂ©robactine[5]. Bien que de nombreux stĂ©rĂ©oisomĂšres soient possibles en raison de la chiralitĂ© des rĂ©sidus de sĂ©rine, seul l'isomĂšre Î-cis est mĂ©taboliquement actif[4].
Lorsque les cellules bactériennes viennent à manquer d'ions ferriques, elles sécrÚtent de l'entérobactine dans le milieu extracellulaire afin d'y chélater les cation Fe3+. Chez E. coli, la protéine FepA de la membrane externe permet au complexe ferrientérobactine (FeEnt) d'entrer dans le périplasme. Les protéines FepB, FepC, FepD et FepG interviennent ensuite pour transporter le complexe FeEnt à travers la membrane interne de la bactérie (membrane plasmique) à l'aide d'un transporteur ABC[6].
En raison de la trĂšs forte affinitĂ© de l'entĂ©robactine pour les cations Fe3+, il est nĂ©cessaire de cliver le complexe FeEnt afin d'en libĂ©rer l'ion ferrique. Cela est rĂ©alisĂ© par une enzyme, la ferrientĂ©robactine estĂ©rase, qui libĂšre trois unitĂ©s 2,3-dihyroxybenzoyl-L-sĂ©rine et un ion ferreux Fe2+ : la rĂ©duction du fer ferrique Fe3+ en fer ferreux Fe2+ est concomitante au clivage mais aucune rĂ©ductase bactĂ©rienne du complexe ferrientĂ©robactine n'a Ă©tĂ© identifiĂ© et le mĂ©canisme de cette rĂ©action demeure obscur[5]. Le potentiel d'oxydorĂ©duction du complexe Fe3+/Fe2+-entĂ©robactine dĂ©pend du pH et varie entre â0,57 V par rapport Ă l'ESH Ă pH = 6 et â0,99 V Ă pH > 10,4 en passant par â0,79 V Ă pH = 7,4[7].
Notes et références
- Masse molaire calculĂ©e dâaprĂšs « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
- (en) Emily A. Dertz, Jide Xu, Alain Stintzi et Kenneth N. Raymond, « Bacillibactin-Mediated Iron Transport in Bacillus subtilis », Journal of the American Chemical Society, vol. 128, no 1,â , p. 22-23 (lire en ligne) DOI 10.1021/ja055898c
- (en) Carl J. Carrano et Kenneth N. Raymond, « Ferric ion sequestering agents. 2. Kinetics and mechanism of iron removal from transferrin by enterobactin and synthetic tricatechols », Journal of the American Chemical Society, vol. 101, no 18,â , p. 5401-5404 (lire en ligne) DOI 10.1021/ja00512a047
- (en) Christopher T. Walsh, Jun Liu, Frank Rusnak et Masahiro Sakaitani, « Molecular studies on enzymes in chorismate metabolism and the enterobactin biosynthetic pathway », Chemical Reviews, vol. 90, no 7,â , p. 1105-1129 (lire en ligne) DOI 10.1021/cr00105a003
- (en) Thomas R. Ward, Andreas Lutz, Serge P. Parel, JĂŒrgen Ensling, Philipp GĂŒtlich, PĂ©ter BuglyĂł, et Chris Orvig, « An Iron-Based Molecular Redox Switch as a Model for Iron Release from Enterobactin via the Salicylate Binding Mode », Inorganic Chemistry, vol. 38, no 22,â , p. 5007-5017 (lire en ligne) DOI 10.1021/ic990225e
- (en) Kenneth N. Raymond, Emily A. Dertz et Sanggoo S. Kim, « Enterobactin: An archetype for microbial iron transport », Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America, vol. 100, no 7,â , p. 3584-3588 (lire en ligne) DOI 10.1073/pnas.0630018100
- (en) Chi Woo Lee, David J. Ecker et Kenneth N. Raymond, « Coordination chemistry of microbial iron transport compounds. 34. The pH-dependent reduction of ferric enterobactin probed by electrochemical methods and its implications for microbial iron transport », Journal of the American Chemical Society, vol. 107, no 24,â , p. 6920â6923 (lire en ligne) DOI 10.1021/ja00310a030