Division cuirassée
Une division cuirassée est un type de grande unité militaire de l'armée de terre française qui furent constituées à partir de janvier 1940 et qui participèrent à la bataille de France au début de la Seconde Guerre mondiale. Durant la bataille, quatre unités de ce type verront le jour, et ont eu une existence éphémère.
Division cuirassée | |
Création | Janvier 1940 |
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Dissolution | Juin 1940 |
Pays | France |
Branche | Armée de terre |
Type | division blindée |
Guerres | Seconde Guerre mondiale |
Nomenclature
Initialement désignées par le général Gamelin divisions lourdes mécaniques, ces unités sont nommées cuirassées pour bien marquer la différence avec les divisions légères mécaniques de la cavalerie. L'abréviation DC étant utilisée pour les divisions de cavalerie, le sigle DCu est d'abord utilisé avant d'être abandonné car peu pertinent quand prononcé à l'oral. Le sigle adopté est finalement DCR, reprenant le R de cuiRassée[1]. Le sigle est expliqué dans une note du général Doumenc du en précisant division cuirassée (de réserve générale)[2]. Pour éviter les confusions qui ont donné naissance à l'appellation erronée division cuirassée de réserve, le sigle DCr est, par convention, utilisé dans les études récentes[1] - [2].
Historique
Elles sont initialement créés comme brigades cuirassées, dont le principe est établi en 1937[3]. En 1939, est étudiée au groupement d'instruction de Nancy de nouvelles tactiques visant la mise en place d'une division cuirassée[1]. Au début de la Seconde Guerre mondiale, afin d'être en mesure de percer la Ligne Siegfried, la division cuirassée en cours de formation est scindée, à la demande du général Georges, en deux brigades cuirassées, la 1re et la 2e, qui donneront naissance aux 1re et 2e DCR en [4].
La 3e DCR est formée en mars 1940. Les éléments de la 4e DCR sont en formation au déclenchement de l'attaque allemande et la division sera renforcée par diverses unités, dont les unités de cavalerie prévues pour une quatrième division légère mécanique[5].
En mai, la 1re DCR est détruite lors de la bataille de Flavion. Les 2e et 3e sont dispersées mi-mai pour s'opposer à la percée allemande et se replient avec de lourdes pertes matérielles. La 2e DCR est reconstituée rapidement et est engagée avec la 4e DCR dans la bataille d'Abbeville de fin mai à début juin[6], pendant que la 1re et la 3e DCR sont également remises sur pied à l'arrière[7].
Les quatre DCR font face à l'attaque allemande sur la Ligne Weygand. La 2e et la 4e DCR, dans la Somme, sont regroupées depuis fin mai dans le 1er groupement cuirassé tandis que la 3e DCR, sur l'Oise, est rattachée au 2e groupement cuirassé avec la 7e DLM. Ces deux groupements n'ont qu'une existence opérationnelle limitée. La 1re DCR est elle engagée entre la Somme et l'Oise[7].
Les DCR reculent avec l'Armée française vers le sud, absorbant les restes des divers bataillons de chars indépendants. La 3e DCR est encerclée à partir du 17 juin dans l'Est et doit se rendre aux Allemands. Les autres divisions parviendront à se replier jusqu'à l'arrêt des combats le 25 juin. La 2e et la 4e DCR comptent encore une soixantaine de chars chacune tandis que la 1re est réduite à dix chars[8].
Organisation des DCR
Les deux premières DCR, constituées début 1940, avaient approximativement le format suivant[4] - [4] :
- Un Ă©tat major
- Une demi-brigade de chars lourds
- 1 BCC de chars B (34 + 1)
- 1 BCC de chars B (34)
- Une demi-brigade de chars légers
- 1 BCC de chars H39 (45)
- 1 BCC de chars H39 (45)
- Un bataillon de chasseurs portés
- Le train divisionnaire
- L'artillerie divisionnaire
- un Ă©tat major
- 2 groupes d'obusiers de 105[N 2]
- 1 batterie de DCA
- 1 batterie antichar
- Un bataillon de génie à 2 compagnies
- Les transmissions
- Les services
- 1 groupe d'exploitation (intendance)
- 1 groupe sanitaire
Véhicules et blindés
Le présent paragraphe donne les matériels en dotation dans les différentes unités de la DCR. Il s'agit d'une dotation théorique car les évènements de mai vont précipiter la constitution de la 4e DCR et le remaniement des trois premières largement éprouvées par les conflits.
Bataillons de chars
Les chars lourds sont principalement des chars B1 bis, certaines unités étant ensuite rééquipées avec des B1 plus vieux.
Les chars légers sont au départ des Hotchkiss H39 qui seront complétés au fil des combats par des R35[9] et R40, et même des chars D2 et S35 de cavalerie à la 4e DCR[10].
Le ravitaillement des chars était dévolue aux TRC Lorraine 37L dont la dotation théorique était respectivement de 18 et 12 par bataillons de chars lourds et légers. En complément, les unités pouvaient également percevoir des tracteurs d'infanterie Unic TU 1.
Chasseurs portés
Les bataillons de chasseurs portés sont à l'époque constitués de[11] :
- 1 compagnie de commandement
- 1 compagnie hors rang
- 3 compagnies de fusiliers voltigeurs
- 1 compagnie d'engins
Les principaux véhicules sont :
- 43 VBCP Lorraine 38L
- 18 tracteurs de canon Latil M7 T1
- 15 VDP Lorraine 28 (it)
- 6 VLTT Laffly S15 R
- 5 chenillettes de ravitaillement Renault UE
- 2 voitures blindées de commandement (1 Renault YS et 1 Lorraine 28)
- 1 tracteur de dépannage Laffly S15 T
- motocyclettes 800 AX 2 Gnome et RhĂ´ne.
En mai 1940, la dotation réelle en VBCP est inférieure de moitié à la dotation théorique[12].
Artillerie
Bien que le canon de 75, plus maniable, soit préféré par les généraux Condé et Gamelin[13], les DCR reçoivent finalement des groupes d'artillerie équipés de canons de 105, dont deux modèles coexistent, l'obusier modèle 1934 Schneider et l'obusier modèle 1935 Bourges[14]. Seule la 4e DCR est finalement équipée de canons de 75 modèle 1897 modifié tout terrain[15].
Les canons sont tractés sur trains rouleurs par des semi-chenillés Citroën/Unic P107 (78 dans le régiment type). Les régiments comptent aussi, hors batterie antichar, six tracteurs de dépannage tous terrains SOMUA MCG et six tracteurs de dépannage routier Latil TAR H2, ainsi que 19 Laffly S 15 R[15].
Pour la lutte antichar, les DCR disposent théoriquement d'une batterie divisionnaire de quatre section de deux canons de 47 modèle 1937[16]. Les pièces antichars de 47 sont tractées par des Citroën-Kégresse P17. La batterie dispose également de deux SOMUA MCG et de deux Latil TAR H2[15]. Pendant la campagne de 1940, plusieurs batteries automotrices de chasseurs de chars sont affectées à certaines DCR. Elles comptent une section de cinq Laffly W15 TCC, soutenus par trois Unic TU1 de transport de munitions et une VLTT Laffly V15 R, une section de trois canons antiaériens de 25 modèle 39, tractés par trois Laffly W15 T plus un quatrième de transport de munition et dépannage et enfin un tracteur de dépannage Laffly S25 T (it)[17]. La 4e DCR est la seule à recevoir une unité anti-aérienne dédiée, avec six canons de 25 CA modèle 1938[16].
Transport
Les DCR utilisent deux modes de transport pour les déplacements stratégiques : les chars sont acheminés par trains et les éléments de soutien sur leurs véhicules légers. Ce principe sera un réel problème pour les DCR. Ainsi, les blindés de la 2e DCR combattront mi-mai 1940 sur l'Oise séparés des éléments à roues de la division[12].
Sources et bibliographie
- François Vauvillier, « La division cuirassée en France en 1940 et ses perspectives : 1 - Les chars et les chasseurs portés », Histoire de guerre, blindés et matériel, Histoire & Collections, no 79,‎ , p. 38-49.
- François Vauvillier, « La division cuirassée en France en 1940 et ses perspectives : 2 - l'artillerie d'accompagnement, l'artillerie antichars et la défense contre avions », Histoire de guerre, blindés et matériel, Histoire & Collections, no 80,‎ , p. 40-49.
Notes et références
Notes
- Avec le canon court SA modèle 1918, qui équipe une partie des chars des DCR de 1940 malgré son âge.
- Le rédacteur de l'ordre de bataille indique trois, incluant peut-être le projet d'un 3e groupe d'obusiers automoteurs (Vauvillier 2008, p. 41)
Références
- Vauvillier 2007, p. 38.
- François Vauvillier, « Division cuirassée : l'abréviation officielle », Histoire de guerre, blindés et matériel, no 134,‎ , p. 55
- François Vauvillier, « Les voitures tous terrains Lorraine 28 de l'armée française 1934-1940 », Histoire de guerre, Blindés et Matériel, Histoire & Collections, no 74,‎ , p. 63-64
- Vauvillier 2007, p. 40.
- Capitaine Bonal, « Les divisions cuirassées », sur defense.gouv.fr,
- Jacques Belle, « Près de 2 800 blindés perdus en 26 jours », Histoire de guerre, blindés et matériels, Histoire & Collections, no 133,‎ , p. 33-44
- Jacques Belle, « De nouvelles unités mécaniques pour la Ligne Weygand », Histoire de guerre, blindés et matériel, Histoire & Collections, no 135,‎ , p. 53-64
- Jacques Belle, « Les unités blindées dans la retraite générale », Histoire de guerre, blindés et matériel, Histoire & Collections, no 136,‎ , p. 75-80
- Vauvillier 2007, p. 45.
- Vauvillier 2007, p. 46.
- Vauvillier 2007, p. 48.
- Pierre Vasselle, « Les divisions cuirassées françaises en mai 1940 », Revue militaire suisse,‎ (DOI 10.5169/SEALS-343791, lire en ligne, consulté le )
- Vauvillier 2008, p. 41.
- Vauvillier 2008, p. 44.
- Vauvillier 2008, p. 45.
- Vauvillier 2008, p. 49.
- Eric Denis et François Vauvillier, « Le chasseur de chars Laffly W15 TCC et les batteries antichars automotrices », Histoire de guerre, blindés et matériel, no 85,‎ , p. 6-21